Je vais râler sur un sujet qui me dérange depuis longtemps. Je l’ai mentionné pour la première fois dans un article qui est par ailleurs très positif. Mais je veux faire un argument sincère, alors je ne dirai pas tout de suite où je vais. Et si je vous disais que j’ai écrit ça le 4 juillet, est-ce peut-être un indice ?

Commençons par une observation sur une différence entre le français et l’anglais. Je dirais que les deux langues ont suivi deux chemins très différents en ce qui concerne les noms d’endroits. Disons qu’il y a deux principes en tension : le droit d’une culture à définir sa propre langue, et le droit des autres cultures à choisir comment ils se nomment. On commence avec deux exemples impersonnels.
Pendant mes premiers vingt ans, on connaissait des cités de la Chine et de l’Inde sous les noms « Peking » et « Bombay ». Mais après les années 90s, elles sont devenues « Beijing » et « Mumbai ». Dans les deux cas, les gouvernements des deux ont demandé ces changements. Mais en français, Bombay n’est pas devenu Mumbai, Pékin reste Pékin.
On peut voir les différences dans les journaux. Au site du Monde, il y a environ 560 résultats pour Beijing ; plus de 10 000 pour Pékin. En même temps, environ 280 résultats pour Mumbai ; 7 800 pour Bombay. Au Figaro, il y a 35 462 Pékin contre 797 Beijing ; 458 Mumbai contre 2 794 Bombay. Par comparaison, au site du New York Times, il y a 47 195 Peking contre 56 179 Beijing, et 9 968 Bombay contre 7 033 Mumbai — mais leurs archives datent jusqu’au début du 20e siècle. Chez le Los Angeles Times, il y a 3 030 Peking contre 26 838 Beijing et 2 583 Bombay contre 2 284 Mumbai.
Je ne vous dirais qu’un choix est meilleur que l’autre, mais je dirais que les anglophones font plus d’efforts de s’adapter aux vœux des autres en ce qui concerne leurs noms. Et c’est ici où on arrive au mot que je n’aime pas, « états-unien ».
Ne soyons pas perplexes. Ce mot a son origine dans l’attitude des sud-américains que nous n’avons pas le droit au mot « américains » car c’est également le nom de deux continents. Ne le croyez pas sur ma parole — voici deux sources en espagnol qui vous diront qu’américain « n’est pas précis » (le dernier étant du gouvernement d’Espagne). Mais cherchez n’importe quel journal sud-américain — les journaux conservateurs, comme La Prensa en Argentine disent « americanos » pour parler de nous, mais les journaux gauchistes, comme Diario Democracia nous appellent « estadosunidenses ». Ce n’est pas une description neutre — c’est pour se foutre de la gueule de l’Oncle Sam.
Vous ne trouverez jamais ce mot dans aucun dictionnaire bilingue publié aux États-Unis, dont le Larousse, et le Collins, fait en collaboration avec les éditeurs du Robert. Voici trois exemples avec leurs couvertures ; il y a des écarts exactement où on trouverait « états-unien » :






Certains d’entre vous utilisent régulièrement ce mot ; je ne veux pas du tout que vous pensiez que je suis en colère. J’ai un tempérament très académique et en plus, je n’ai jamais — même une fois — anathématisé personne pour ne pas être d’accord avec moi. Mais je veux tellement que vous compreniez exactement ce que ce mot veut dire, et pourquoi je ne l’utilise pas sauf en tant qu’une insulte contre mes compatriotes.
Mais vous connaissez le truc le plus drôle sur cette insulte ? C’est quoi le nom de mon voisin au sud ? Le Mexique ? Non, vous avez tort. C’est en fait, en espagnol, los « Estados Unidos Mexicanos » — c’est-à-dire les États-Unis mexicains. « États-unien » pourrait également les désigner. Ça devrait vous dire exactement à quel point c’est une question d’être précis.
Tu es bien gentil avec nous parce qu’on ne fait aucun effort à ce niveau. Je ne savais même pas pour Mumbai…
Et si j’utilise le mot que tu n’aimes pas dans un article, n’hésite pas à me le signaler.
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Honnêtement, je crois que les français ont emprunté ce mot aux hispanophones sans vraiment comprendre la source. Pendant mes 7 ans d’études d’espagnol, et même un mois de voyages en Espagne, je n’ai jamais rencontré « estadosunidense ». C’est vraiment pas difficile non plus de voir quand on croit que c’est juste un synonyme, et quand on veut faire de la polémique.
Il me semble en plus qu’il n’y a pas trop de monde qui me lisent en détestant vraiment les américains. Je ne le cache pas. Ceux qui me fréquentent sont mes amis.
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Je confirme, avant toi, je n’avais jamais entendu parler de l’origine de ce mot…
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Bonjour,
Texte bien intéressant et inspirant ! je l’ai recopié et j’y reviendrai
https://www.blogger.com/blog/posts/4786821041261746668
Bonne journée ! Cordialement
Jean Marchal
06 07 96 92 43
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D’accord, l’adjectif « états-unien » a une connotation le plus souvent hostile, mais quel adjectif pourrait qualifier les habitants des États-Unis d’Amérique ? Même Wikipedia n’en propose aucun : https://fr.wikipedia.org/wiki/États-Unis . Il y a un débat enflammé dans l’onglet « discussion »…
Sachant que « américain du nord » pourrait désigner un Canadien, et que « américain » pourrait aussi désigner un habitant du continent (nord ou sud), comme « africain » ou « asiatique ».
Cela dit, j’utilise plutôt « américain » en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’ambiguité sur la nationalité.
De toute manière, jusqu’à sa mort, Christophe Colomb croyait que le Costa Rica était en Asie ! 😉 (Il avait une évaluation totalement fausse du périmètre terrestre.) Donc vous ne serez jamais rien d’autre que des « Indiens » ! 🙂
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Il me semble vraiment que le fait que l’on s’appelle « américains » suffit pour l’utiliser en qualifiant les habitants des États-Unis. C’est pourquoi j’ai mentionné les choix des indiens et des chinois.
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J’ai dû vous fâcher et j’en suis navré. Mais je reconnais que j’aimerais qu’on ne dise pas les « Américains » pour les habitants des USA. Ce n’est qu’un tout petit avis
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