Capture d'écran qui dit : « Merci et au revoir. Le site Keldelice.com a fermé ses portes après 17 belles années et 32 millions de visites. Merci à tous les producteurs et amoureux de produits de terroir pour votre confiance au fil des années. Et merci à l’équipe qui a développé ce site en 2008. »

Adieu, Keldelice

En novembre 2020, j’ai demandé pour la première fois, « Mais quelles sont les spécialités du département ? » J’ai dû rechercher quelque chose comme « recettes locales Ain » — je ne sais plus — et heureusement, j’ai vite trouvé Keldelice, un site consacré aux producteurs et à la cuisine des régions. On pouvait y rechercher non seulement par département mais même par commune, un niveau de détail inestimable pour mes besoins.

La toute première recette du blog, la soupe bressane au potiron, venait du site. La dernière recette d’Un Coup de Foudre qui venait de Keldelice a été le dessert du même département, le gâteau de courge. La vérité sur cette catastrophe, c’est que je l’ai échouée plusieurs fois, puis décidé que c’était une ressource excellente pour « quoi faire », mais une mauvaise idée pour « comment faire ». Cependant, presque tout article du Tour contient au moins un lien vers Keldelice, et souvent beaucoup plus.

Avec la fin de Mayotte (et il n’y a pas de lien vers Keldelice dans cet article-là — autant qu’en Creuse, le site n’a pas eu de données pour le département), j’ai mis le site de côté pendant des mois. Puis, en mars, quelque chose de bizarre est arrivé quand j’ai commencé à vérifier des liens pour ma bibliographie — seulement l’accueil marchait. Tout autre lien produisait des erreurs. Cette situation a duré pendant 5, peut-être 6 semaines. Il n’y avait pas de moyen pour contacter les admins, et je n’avais aucune idée de quoi faire. Puis, en mai, le site était de retour sans explication. Je ne m’en plaignais pas !

Lundi, je pouvais toujours visiter des liens là pour vérifier des détails. Mais hier, en vérifiant pourquoi le correcteur sur mon ordinateur n’aimait pas « brocciù » avec un accent grave sur le « u », j’ai reçu un message tout différent d’avant du côté de Keldelice :

Capture d'écran qui dit : « Merci et au revoir. Le site Keldelice.com a fermé ses portes après 17 belles années et 32 millions de visites. Merci à tous les producteurs et amoureux de produits de terroir pour votre confiance au fil des années. Et merci à l’équipe qui a développé ce site en 2008. »

Évidemment, quelque chose n’allait pas déjà — c’était incroyable que personne n’ait rien fait pour restaurer le site avant. Mais une disparition totale ? Je n’étais pas du tout prêt pour cette nouvelle, même si la bibliographie est autrement prête.

La question du brocciu est un bon exemple de comment il me fallait souvent trouver une deuxième source en ce qui concernait Keldelice. Une fois que je me suis rendu compte qu’il y avait une erreur d’orthographe, j’ai vérifié le bon « Je découvre », vu que c’était ma pratique à l’époque, et l’ai recherché. Et je croyais — brièvement — que je devenais soit fou soit aveugle ([Soit ? Ce n’est pas comment s’écrit « et ». — M. Descarottes]). Pour la deuxième fois cette semaine, il me semblait qu’une erreur d’orthographe ailleurs m’avait trompé de façon durable. Si vous recherchez « brocciu » tous les résultats n’ont pas d’accent sur le « u » : pas du Ministère d’Agriculture, ni du site officiel des producteurs, ni le site officiel de tourisme. Mais en insistant avec des guillemets, j’ai trouvé d’autres exemples avec l’accent : Marie Claire, un resto corse, le magazine Taste France (une publication du Ministère d’Agriculture !).

J’ai supprimé l’accent du livre. Cet article n’est pas sur le brocciù, c’est sur Keldelice, et ceci est un exemple de comment j’ai appris quelque chose là qui n’était pas complètement faux, mais peut-être pas la bonne chose à citer. D’autres fois, des erreurs du site m’ont dit que le Bleu de Gex était un produit antillais, ou que le nougat de Montélimar venait des Hauts-de-France. Je ne crois pas que ces choses aient été faites exprès, mais que l’on ne faisait pas assez d’attention aux fautes de frappe avec certaines données.

Ça dit, c’était souvent mon meilleur outil pour me lancer sur la bonne voie. À défaut d’une référence telle que le Larousse gastronomique — un livre qui ne se concentre pas sur la cuisine paysanne comme le Tour — Keldelice était un point de départ largement fiable, et souvent plus utile que les sites de tourisme, qui ne proposaient que de « bonnes adresses ». Vraiment, sans faire un tel projet, vous ne comprenez pas pourquoi j’apprécie tant les Berry Province et Réunion Tourisme du pays — trouver même juste les bons noms de plats était souvent un défi.

Alors, malgré ses défauts, Keldelice me manquera. J’écris dans le livre sur l’expérience de quitter Duolingo — quand quelque chose fait partie de sa vie pendant des années, c’est difficile de le quitter. Mais j’avais vraiment épuisé Duolingo. Keldelice était une ressource vivante, et un modèle pour tout ce que j’essaye de faire ici. Je n’ai jamais pleuré un site web avant, mais il y a des larmes pour Keldelice.

29 réflexions au sujet de « Adieu, Keldelice »

      1. Avatar de AnagrysAnagrys

        Ça pourrait encore être pire… Vous pouvez regarder sur l’ancienne URL du site NylonPur (ousontlesbas.com) : le domaine a disparu en 2014, mais le site a été squatté en gros entre 2006/2007 et 2014 pour servir de plate-forme publicitaire. Publicités en flash, donc plus lisibles aujourd’hui sur l’archive, mais croyez-moi, on ne perd pas grand-chose !

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  1. Avatar de FilimagesFilimages

    Des milliers de sites se créent et disparaissent tous les jours. Le mien et le tien sont aussi voués à disparaître un jour, en même temps que leur créateur ou avant. Il n’y a pas de conservatoire des sites Internet, à ma connaissance. Je ne sais même pas si WordPress propose de télécharger une sauvegarde totale de nos sites pour les conserver et les ressusciter plus tard, les transmettre à autrui…
    Les créations des anonymes comme nous ne peuvent survivre que sur des supports physiques.
    C’est pour cela que tu as raison d’écrire un livre. 😉

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      1. Avatar de FilimagesFilimages

        Merci pour cette information. Le volume de données à archiver est gigantesque. Je me demande comment tout cela est financé.
        J’ai vérifié pour mon site et tout n’est pas sauvegardé, loin de là. Peut-être parce qu’il s’agit principalement de photos, et non pas de texte.

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    1. Avatar de AnagrysAnagrys

      Il est possible, dans l’interface de WordPress, de récupérer une image d’un site — il y a deux parties, une pour les textes (pages, articles…) et une pour les média. On s’en sert pour migrer un site, et je me suis demandé, dans la mesure où le résultat est un XML, s’il n’est pas possible de sauvegarder un site sur un repo Git. Le problème, c’est que tout hébergement a un coût…
      De mon côté j’ai utilisé la chose pour réaliser une sauvegarde de mon site sur un NAS, pour avoir une installation où je pourrais mettre quelques plugins (je trouve que de base, la gestion de images et vraiment basique…), j’ai pu refaire un site fonctionnel assez facilement.

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      1. Avatar de AnagrysAnagrys

        Ça fonctionne assez bien. Après, je n’ai pas des centaines de photos donc dans mon cas la fonction d’export / import basique fait l’affaire.
        Peut-être qu’avec un grand nombre de photos, l’utilisation d’un plugin complémentaire peut aider.
        Le mieux serait de tester, la fonction est accessible dans le menu Outils > Export de l’interface de gestion du site en version ordinateur (dans l’appli mobile ça semble moins fonctionnel). L’export fonctionne en arrière plan et génère un fichier à télécharger.

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      2. Avatar de FilimagesFilimages

        Encore merci ! Oui, il faudrait que je teste la chose. Il est vrai que je ne m’y suis pas vraiment intéressé car je n’ai pas l’intention de disparaitre pour le moment, et j’estime que WP est une plateforme fiable. 😉

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    2. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

      Je doute que même les sites qui nous semblent « importants » soient préservés d’ici un siècle. Il me fait plaisir de penser que le livre existerait après moi, mais je ne m’attends pas à ce que l’on l’étudie au futur !

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      1. Avatar de Bernard BelBernard Bel

        Quand j’étais archiviste il y avait souvent des discussions entre collègues sur ce qui « vaut le coup » d’être préservé. Certains voulaient supprimer les ressources jamais consultées. Au contraire, je disais que certaines données deviennent intéressantes après quelques décennies, entre autres pour les historiens et les linguistes qui s’intéressent aux « langues en extinction ».

        Les collègues allemands étaient obsédés de « tout préserver ». Je crois qu’ils sont motivés par le « devoir de mémoire » et le souvenir de la destruction de documents pendant la 2nde guerre mondiale.

        Aujourd’hui c’est moins problématique, car le coût du stockage numérique a fortement diminué. S’il continue à diminuer (ce qui n’est pas garanti) il ne sera pas surprenant de trouver des archives anciennes d’un siècle.

        Ne vous inquiétez pas, Justin, les Allemands se feront un plaisir de préserver vos écrits ! 😉

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      2. Avatar de AnagrysAnagrys

        Trouver des anciennes archives, sans doute. Mais j’ai l’impression que le principal défi sera de pouvoir encore les lire !
        Sans même aller jusqu’au support (est-ce que quelqu’un, aujourd’hui, peut encore lire des anciennes disquettes zip, ou des cassettes de TO7 ?), les encodages, les algorithmes de compression évoluent aussi. Pour l’instant, on a réussi à garder une compatibilité (je pense qu’un BMP sauvegardé avec le Paint de Windows 3.0 est encore lisible, et 7-zip est sans doute capable de décompresser une archive ARJ), mais pour combien de temps…?
        Un fichier vidéo, si on ne sait plus le décoder, n’est qu’une suite de bits sans grand intérêt. Voir par exemples les vidéos Flash, difficiles à lire aujourd’hui…

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      3. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

        Connaissez-vous l’auteur de science-fiction Vernor Vinge ? Il a écrit une séquence de deux livres, qui se déroulent quelques millénaires après nous, où presque toute activité humaine consiste à savoir fouiller dans la diversité d’archives !

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      4. Avatar de Bernard BelBernard Bel

        « Trouver des anciennes archives, sans doute. Mais j’ai l’impression que le principal défi sera de pouvoir encore les lire ! »

        Ce qu’on désigne comme « archivage pérenne » est la préservation d’un document sur plus de 30 ans. Or il y a des règles précises à suivre, imposées en France par le CINES et la Bibliothèque Nationale (https://www.cines.fr/archivage/comment-archiver-au-cines/). Ils autorisent certains formats de fichiers qu’ils s’engagent à mettre à jour quand ces formats seront vraiment devenus obsolètes. Par exemple, pour la vidéo, MP4 codec H264. Les formats « propriétaires » comme le MP3 ne sont pas acceptés, on doit donc convertir en WAV ou AIFF… Pour les textes, c’est du formatage Open Source, exclus MS-Word etc. Et PDF à partir de certaines versions et dans certaines conditions (j’ai oublié).

        À noter que sur un site WordPress (et la plupart des CMS) on utilise par défaut des formats qui répondent à ces conditions. Signe que les développeurs prennent au sérieux cette idée d’archivage pérenne.

        Du côté des archivistes, le travail consiste essentiellement à créer des métadonnées qui renseignent sur l’origine et le contenu du document. Ainsi que (en France) les droits d’accès conformément au Code du patrimoine…

        Donc oui, on pourra lire les documents anciens, car ils auront été convertis à des formats lisibles.

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    3. Avatar de Bernard BelBernard Bel

      « Mon site étant un photo-blog où les images sont l’essentiel du contenu, je crains une sauvegarde très imparfaite. »

      Avec le plugin All-in-One WP Migration (https://wordpress.org/plugins/all-in-one-wp-migration/) (même gratuit) on sauvegarde tout, y compris les sons et vidéos, plus la base de données, les plugins, etc. Et ça se fait en un seul clic.

      De sorte qu’on peut réinstaller le site WordPress à l’identique sur un autre hébergement, en un seul clic aussi. Je l’utilise pour des sauvegardes presque chaque jour afin de prévoir une destruction accidentelle ou malveillante.

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  2. Avatar de Bernard BelBernard Bel

    Je suis toujours triste d’apprendre la disparition d’un site. Surtout maintenant que le stockage d’un tel volume de données est devenu facile… Ils ne pouvaient peut-être plus assurer la continuation du site, mais ils pouvaient au minimum le garder comme une archive statique, ou proposer à d’autres de le faire. Bref, une cinquantaine d’euros par an pour l’hébergemeent…

    Il reste l’archive Internet (https://web.archive.org/) pour accéder aux pages archivées qui existent probablement. Cela vous obligerait juste à transformer un peu les liens.

    Dans des cas similaires j’ai utilisé un service de récupération de site pour reconstruire une version « statique » de site disparu, par exemple https://ciane.net/archive/egn2006/about-egn-2006/ qui a été republié en WordPress.

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    1. Avatar de AnagrysAnagrys

      L’archive internet est vraiment bien, mais elle fonctionne assez mal quand le site est un peu dynamique — comme des sites hébergés sur WordPress, par exemple.
      Mes articles de la catégorie NylonPur ont été récupérés de cette manière, mais pour tous ceux que j’ai publiés cette année j’ai bénéficié de l’aide du créateur du site original qui en a remis en ligne une version : ceux-là n’avaient pas été archivés…

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      1. Avatar de Justin BuschJustin Busch Auteur de l’article

        L’archive Internet a aussi tendance de faire disparaître des choses si on change le fichier robots.txt d’un site. À mon avis, ces changements devraient vouloir dire « désormais », mais j’ai vu des cas où les archives sont supprimés des ans plus tard, car le propriétaire a changé la politique du site. Et ça comprend des changements de propriétaire, avec des sites qui n’ont rien en commun sauf le domaine. L’archive n’a aucun moyen pour le reconnaître, mais ça a parfois des effets lamentables.

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  3. Avatar de scriiiptor (pour scriiipt.com)scriiiptor (pour scriiipt.com)

    Oups… Décidément les disparitions volontaires ou involontaires de sites et blogs sont d’actualité en ce moment.
    En effet, rien n’est totalement éternel sur le web. Entre les soucis personnels des administrateurs qui peuvent plus ou moins proprement mettre fin au site, et tout ce qui est indépendant de la volonté des auteurs (accident, décès, fermeture de l’hébergeur, piratage, etc…).
    Il est très intéressant de se poser la question de la mémoire universelle ici.
    La disparition d’un site ou d’un blog qui compile des recettes de cuisine n’est pas à prendre à la légère. Même si ça semble très anecdotique (en apparence).
    Concernant les recettes de cuisine sur le web en général on peut remarquer une sale tendance à faire du copier-coller d’un site à l’autre. Et on y perd au passage la vraie source, les subtilités locales et régionales. Des recettes familiales pourraient aussi se perdre comme ça au lieu d’être transmises et propagées.
    Je n’ai pas de bonnes réponses.

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  4. Ping : Saison 4, Épisode 17 — Des fins et des commencements | Un Coup de Foudre

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