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La musique de Noël américaine

C’est la veille de Noël, et pendant que j’écris, je n’ai toujours pas fini d’emballer les cadeaux dont on a parlé. J’ai eu une super idée pour une farce, mais vu que les centres commerciaux seront des zoos aujourd’hui, je ne la ferai probablement pas. Alors je vous la raconterai afin de ne pas la gaspiller complètement.

Vous savez déjà qu’il n’y a pas de vêtements dans la liste du Père Noël cette année. Il n’y en a jamais, car je me souviens du point auquel c’était décevant. En plus, qui veut s’habiller toute l’année comme si on était toujours hiver ? (Même en Californie on porte des manches longues en hiver. Pour aller avec notre short.) Cependant…et si j’allais chez Macy’s et demandais une boîte pour faire semblant que les contenus étaient des vêtements ?

Rudolphe le renne au nez rouge dans sa première apparition dans un dessin animé de 1948 par Max Fleischer
Rudolphe, le renne au nez rouge, Dessin animé de Max Fleischer, Domaine public

Revenons à nos Rudolphe. Si tout le monde a une plainte sur les américains, c’est… probablement que nous nous attendons à ce que le reste du monde parle l’anglais. Ou les guerres, mais nous faisons parfois du bon travail là, alors je vais m’en tenir à l’anglais. Mais si on a le droit à deux plaintes, pas mal de monde se plaindra que nous détournons toutes les autres cultures une fois ici. Nous ne respectons l’authenticité de rien. C’est pas les italiens qui ont mis de l’ananas sur les pizzas. (C’était un grec au Canada, mais tout le monde s’en prend à nous, car il l’a appelé « hawaïen ».) C’est pas les japonais qui ont mis de l’avocat dans les sushis. (Au moins, pas ceux au Japon.) C’est pas les chinois en Chine qui a cuisiné le poulet du général Tao.

C’est donc naturel que nos tubes pour Noël… ont été écrits par des juifs.

Non, pas la bêtise de Mme Carey. C’est du complotisme de blâmer les juifs pour tout comme ça. Dans ce cas, c’était Walter Afanasieff, un immigré russo-chinois-brésilien. Ça mérite tout autre genre de complotisme, je suppose. (Qui dit russe, dit forcément Poutine, après tout. On est nuancés comme ça.) Mais en fait, je suis complètement sérieux. Presque tous les classiques du pays, ceux qui ont le statut d’un Petit Papa Noël (voici ma version), sont les produits de compositeurs juifs. Par exemple :

D’exactement la même époque que Petit Papa Noël, « White Christmas » a été écrite en 1942 par Irving Berlin, pour un film intitulé Holiday Inn. M. Berlin, né Israel Isidore Beilin, était le grand géant de la chanson américaine pendant la première moitié du XXe siècle. Pourtant, la chanson ouvre avec « Je rêve d’un Noël blanc, comme ceux que je connaissais. »

« Walking in a Winter Wonderland », par compositeur Felix Bernard (lien en anglais) et parolier Richard Smith (idem), date de 1934, mais la version entendue la plus souvent dans nos centres commerciaux, est celle de 1946 par Perry Como. Celui raconte une balade romantique et imagine que le couple se marie devant un bonhomme de neige habillé comme un pasteur :

« It’s the Most Wonderful Time of the Year » (C’est le temps le plus merveilleux de l’année), tube de 1963 pour chanteur Andy Williams, était écrit par Edward Pola, né Sidney Edward Pollacsek, fils de deux immigrés juifs hongrois, et George Wyle, né Bernard Weissman (liens en anglais). Peut-être que vous vous souvenez que M. Descarottes a détourné cette chanson pour ses propres buts il y a des mois :

Mais sans doute le compositeur le plus étonnant de tout à cet égard est Johnny Marks, qui a écrit pas moins de 4 chansons iconiques de la saison, toutes des années 40 et 50, dont une que vous connaissez sans doute — « Rockin’ Around the Christmas Tree » (Rockin autour du sapin de Noël), « A Holly, Jolly Christmas » (Un Noël joyeux de houx — désolé, impossible de faire mieux avec ce jeu de mots anglais), « Silver and Gold » (Argent et Or) et…Le petit renne au nez rouge. Ouaip.

J’arrête ici, car je ne prétends pas à épuiser le sujet, mais en fait, il y a plein d’autres que je saute. Ce sont les produits d’une époque peu susceptible de se répéter aux États-Unis, mais qui reprend un des thèmes du blog, celui de s’intégrer à la société. Au-delà du mariage imaginaire mentionné en haut, il n’y a pas de contenus sectaires dans n’importe quelles paroles ici. Dans le contexte des États-Unis du mi-siècle, quiconque qui voulait réussir dans le monde du spectacle pouvait le faire sur talent, pas selon croyance ni couleur de peau, tant que l’on poursuivait un grand public. Quelle meilleure preuve de cela que parler des chansons de Noël juives ?

Tout ça pour ça

À mon avis, il n’y a que deux albums complètement parfaits que j’ai écoutés de ma vie : Moving Pictures, par Rush, et The No Comprendo, par Les Rita Mitsouko. Pourtant, j’étais prêt à laisser tout tomber et voler en France juste pour voir Indochine, alors évidemment il n’y a pas besoin que j’aime tout afin d’être fan. Cependant

Je m’inquiète pour cet album depuis longtemps. Très peu après ma découverte d’Indochine, le groupe a sorti une reprise de « 3e sexe » avec la personne qui s’appelle « Christine and the Queens » (malgré le fait de n’être qu’une seule personne). Je l’ai trouvée beaucoup trop électronique, une chanson moins à la recherche de l’Ombre jaune qu’à la recherche des fans d’un autre genre de musique. Puis Nico a sorti une chanson avec Moby, un musicien également connu pour sa production 100 % électronique. C’était donc très évident où sont allées ses pensées.

Le premier single de l’album est sorti il y a des mois, Le Chant des cygnes, et c’était exactement ce à quoi je m’attendais — une chanson qui venait presque complètement des synthétiseurs :

J’ai enfin reçu mon colis avec les disques (il y en a deux) vers midi hier, et je vous rassure, je suis allé directement vers mon ordinateur pour copier le tout à mon portable. Puis, j’ai commencé à écouter (avec mon casque tout français). Je ne vais pas en parler piste par piste, car ce serait ennuyeux.

Il y a deux gros problèmes avec cet album. Le premier problème, et le pire, est le point auquel il est homogène. Il y a de forts rythmes générés par des ordinateurs qui font la base de presque toutes les chansons. Au passé, il y aurait une chanson bruyante et à grande vitesse telle qu’Alice et June ou La sécheresse du Mékong, puis quelque chose de plus lent et pensif, Le lac ou J’ai demandé à la Lune. Babel Babel nous offre « Le garçon qui rêve », ainsi que « Seul au paradis », mais c’est autrement un album caféiné.

L’autre problème, et je sais que c’est juste l’époque, c’est que cet album frappe l’auditeur encore et encore sur la tête avec ses messages. Inutile de faire semblant qu’il n’y a pas de thèmes politiques le long de la carrière d’Indochine, mais…une de ces choses n’est pas comme les autres, dans « Tokyo Boy » :

Moi je suis amoureux d’une fille qui aime les filles
C’est comme passer Noël en famillе
Ça va très mal se passer
Comme dе croire et d’écouter Poutine

On aurait pu écrire une chanson très intéressante sur la première ligne — ça m’est arrivé au lycée — mais il y a plusieurs références à Poutine dans celle-ci, qui gâchent vraiment l’ambiance. Bon, je comprends, Nico, vous vouliez mépriser le gars — mais ça ne tient pas avec le reste. C’est quand même moins….affreux (je veux dire « creepy » en anglais)…que son hymne à Sanna Marin, ancienne première ministre de la Finlande, qui il imagine sur une croix en disant « ils ne te méritent pas ». Nico, elle a démissionné en 2023, à l’âge de 37 ans, et pris un boulot bien payant avec la fondation de Tony Blair. Elle n’est pas une martyre. La chanson n’est pas mal en tant que morceau, mais je me demande vraiment ce qu’il pensait.

Ce qui m’énerve le plus avec cet accent sur les rythmes électroniques, c’est que si on écoute tous les albums d’Indochine, Ludwig Dahlberg est de loin le batteur le plus talentueux de l’histoire du groupe. Il n’y avait même pas un batteur au début, juste une boîte à rythmes. Avec cet album, il est souvent réduit à garder le temps. Il n’y a pas de moment de virtuosité pour Boris Jardel et sa guitare tel que mon moment préféré d’Alice et June non plus.

Je sais qu’il est souvent le cas qu’un fan des vieilles œuvres d’un groupe n’aime pas les nouveautés. Mais dans mon cas, j’ai tout découvert en même temps. Dans leur concert à la Tour Montparnasse en ligne, 9/13 chansons venaient d’albums sortis après 2000, et je suis tombé amoureux du tout à la première écoute. Cet album manque les refrains de légende que l’on trouve le long de leur carrière — « Bob Morane contre tout chacal », « On se prend la main », « Quand je suis cerné, je rêve d’un été français ». Chacune de ces paroles comptent sur des mélodies mémorables, et bien que beaucoup soient agréables, je galère à identifier celle que je fredonnerai demain.

Mais je veux être clair. Il ne m’était pas important que cet album soit à la hauteur de 13, ou 3, ou L’Aventurier. C’est quand même meilleur que le dernier album de Rush (un de ces quatre, on en parlera, mais pas bientôt). J’ai déjà ce que j’appelle « la trinité » — Un Jour Dans Notre Vie, Un Été Français, et Nos Célébrations — et toute la raison du voyage fou était que je voulais, une fois de la vie, voir L’Aventurier joué dans un stade, pas un Zénith, en live. J’espérais que l’on aurait un album avec au moins un autre « La Vie Est Belle » ou « Black City Parade », mais ce n’était pas l’album que Nico voulait sortir.

On est de retour

Hier — et peut-être que vous en avez déjà entendu parler — Indochine était sur TMC, d’abord sur le plateau de Quotidien pour une interview avec Yann Barthès, puis pour un concert (enregistré plus tôt) de 10 chansons du nouvel album.

Je dois vous dire, même après 4 ans, je le trouve mignon, qu’à chaque fois où quel que ce soit arrive chez Indochine, plusieurs personnes en France m’envoient des messages pour me rappeler « Regarde cette chaîne/Commande ce disque/etc ». Sincèrement, vous êtes les meilleurs. Mais honnêtement, je le savais déjà.

Vous pouvez vous rassurer sur ce point, car notre gros-titre vient de quelque chose que Nico a dit pendant le concert en ligne du 20 juin 2020. En présentant « Song for a Dream », il a dit « We’re back. On est de retour. » Il n’y a aucune raison pour laquelle quiconque s’en souvienne, mais j’ai l’enregistrement sur mon portable, et je n’oublierai jamais rien de ce jour-là. Voici la preuve :

D’abord, Quotidien. Je ne l’ai jamais vu avant. Je pense que je ne la rajouterai pas à ma liste d’émissions préférées. Il n’y avait rien de mauvais quant à l’interview en soi. Mais bien que le « Kids Club » soit mignon, ce monsieur Yann Marguet ne sait pas du tout de quoi il parle en ce qui concerne les actualités chez moi, même s’il est humoriste, et moins je dis sur Mme Mazaurette, plus nous serons tous heureux. On est loin de C à vous, c’est certain.

Je vais prendre l’opportunité pour vous montrer le plus gros problème de vivre à 9 000 km. Non, au-delà du manque total de Carrefours et de francophones de mon âge. Voici un court extrait de ce qui se passe quand la connexion est bonne :

Et voici ce qui se passe entre 10-20 % du temps :

En fait, c’est bizarre, mais j’observe ce dernier presque seulement quand j’enregistre ce que je regarde. Je ne serais pas surpris à apprendre qu’il y avait quelque chose pour gâcher les enregistrements, mais si c’était vraiment le cas, ça devrait opérer à temps plein, n’est-ce pas ?

Quant au concert, j’ai des avis mitigés. Il vous surprendra, mais je n’aime pas toute la musique d’Indochine. Les albums Paradize et Le Baiser ne font pas grand-chose pour moi, et la moitié de « La République des Meteors » non plus. Je n’ai rien entendu qui m’ait stupéfié comme Nos Célébrations, ou Un Été français, ou Alice & June. Tout ça m’a frappé la première fois où je l’ai écouté. Cette fois, je me disais « Ça sonne comme plus de République ou Black City Parade. Pas mal, mais pas de tubes non plus. »

Peut-être que je changerai d’avis avec l’album entier. Je me suis réveillé hier à cette nouvelle :

Mais quand je l’ai vérifié chez DHL, j’ai dû demander ce qui veut dire « remettre » chez la FNAC :

En fait, tous les expéditeurs aux États-Unis font la même chose. Mais si vous avez vu « Princess Bride », vous saurez ce que je veux dire par « Tu emploies toujours ce mot. Je ne sais pas s’il veut dire ce que tu penses. » Pour ce qu’il vaut, en ce moment DHL me dit que mon colis est en Allemagne, pas loin d’un camp de la SGM (je l’ai vérifié ; Leipzig-Thekla). Super.

Alors, la dernière chose. À la fin du concert, Indochine a annoncé les dates du prochain tour. Il est possible que je puisse assister à certains, notamment Aix-en-Provence, Toulouse, ou Strasbourg. Quand je dis « assister », je pense à un voyage de 5 jours, pas un autre aller-retour de con, mais tout seul car ces dates sont pendant l’année scolaire. Pourtant, il me semble peu probable que ça arrive. Je m’attends à de grosses dépenses bientôt, et si le budget ne le permet pas, il faut que je l’accepte. Peut-être que j’essaierai d’acheter un billet pour une de ces dates et prendrai la décision plus tard.

Et honnêtement, je n’ai aucune envie d’y aller tout seul encore une fois. S’il s’avère que ce serait le seul problème, j’irais, mais j’ai déjà vécu le rêve de voir L’Aventurier dans un grand stade, le plus grand de tous. Si je retourne pour un autre concert, j’aimerais que ce soit aussi un rêve.

La magie de Sandrine Mallick

Je vous ai dit avant que depuis des mois, je mets de la musique dans tous mes posts sur Instagram, car personne ne les voit autrement. Mais j’essaie quand même d’utiliser uniquement de la musique française et en plus, liée à ce que je fais. C’est comment j’ai découvert Nicolas Moro — je cherchais les noms de villes en Vienne jusqu’à ce que j’aie trouvé quelque chose d’intéressant. Cette fois, nous sommes ici pour parler de l’artiste que j’ai découverte pour Seine-Saint-Denis, Sandrine Mallick. Voici le post, avec un extrait de la chanson dont je suis obsédé depuis une semaine, « Swing à La Villette » (il faut le voir sur Instagram pour écouter le clip) :

Vous êtes chanceux car j’ai passé toute la semaine jusqu’à hier en l’écoutant sur son site web, où il y a un lecteur avec quelques extraits :

Mais je viens de découvrir qu’elle est disponible sur VousTube :

Peu importe ; quand je veux qu’un morceau soit dans ma médiathèque, j’achète le disque afin que je puisse l’avoir à sa plus haute résolution. Il est arrivé hier aprèm :

En attendant, j’ai écouté rien que Swing à La Villette, dont toutes les 3 minutes dans ma voiture pendant l’aller-retour à San Diego le week-end dernier. Il n’y a aucun doute que je l’ai écouté plus de 100 fois à ce point. On va y revenir, mais d’abord qu’est-ce que c’est que cet album ?

Il s’agit d’un de seulement 2 albums sortis par Mme Mallick, celui-ci étant du jazz manouche. Au-delà la dernière piste, une reprise de Léo Ferré, elle a écrit toutes les paroles, et la musique est par l’accordéoniste Ludovic Beier. Publié par la maison de disques Frémeaux et Associés, les stocks sont épuisés, mais il reste disponible en version numérique, et il y a toujours des exemplaires chez la FNAC.

J’ai maintenant écouté tout l’album et je l’adore. Sandrine Mallick a la voix d’un ange. C’est vrai que je suis accro à vous tous, mais vous n’êtes pas tous égaux à cet égard non plus — j’ai mes préférés. Écoutez « Job alimentaire » — toujours cette élocution parfaite et un sens de l’humour en plus :

Un morceau de plus ? « Intermititte aiguë » est bien dans la tradition du jazz où le chanteur dit des choses en aparté au fur et à mesure de la progression de la chanson :

Je recommande tout cet album sans la moindre hésitation. Mais maintenant, vous allez m’aider avec quelque chose. Il n’y a aucune parole disponible nulle part, et bien que je puisse comprendre la grande majorité de « Swing à La Villette », il me reste quelques lacunes. Vous allez remplacer les points d’interrogation pour moi. J’ai écrit ce que j’entends, avec le temps des choses que j’ai ratées entre parenthèses. Où les ? sont entre parenthèse, je ne suis pas sûr que la phrase soit correct, mais j’ai quelque chose pour chaque mot :

J’avoue que ça ne va pas

J’ai des éclats de mascara

Autour des yeux et puis des blues

Plein les ??? (0:18-20)

J’ai tenté les cours de yoga

L’ayurveda ne ne m’aide pas

Toujours je me ? partout (0:26-27)

Je crois que j’ai les mers à bu (?) (0:29)

Je suis trop stressée beaucoup trop flippée

Je suis vraiment trop beaucoup trop parée

Je veux profiter de ce bel été

Pour me lâcher, m’abandonner

À mes envies devant (?) de minuit (0:42)

À La Villette que c’est beau la vie

C’est la fête, on est entr’amis

Une dînette en plein Paris

Je n’en peux plus d’être gênée

Par le planning et le boulet

Je veux te voir et te parler

En live en illimité 

Quitter les murs de mon quartier

Partager ton intimité

Mais ??? se cacher (1:07-1:08)

Tu es toujours un petit peu trop pressé

Je ne suis pas sûr non plus du refrain — est-ce « C’est la fête », comme j’ai écrit, ou « C’est le fait » ? Tout se répète plusieurs fois après ça,

En écrivant ce billet, je crois que je comprends finalement pourquoi je suis tombé si amoureux de cette chanson. Je tuerais pour que l’on me parle comme ça, et le voilà, en boucle. Sandrine Mallick est très convaincante !

Je découvre Thomas Dutronc

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des musiciens qui a apparu sur scène avec Eddy Mitchell, Thomas Dutronc. Ça fait deux mois depuis notre dernière entrée dans cette série, pas du tout attendu !

(Attention aux lecteurs hors France : j’ai dû utiliser un logiciel VPN pour regarder la majorité des clips en me faisant passer pour un résident de France — non, encore plus que d’hab. Il y a un risque qu’ils ne soient pas disponibles dans votre région sans de l’aide.)

Thomas Dutronc (à droite), Photo par
Benoît Derrier, CC BY-SA 2.0

Thomas Dutronc est à une couronne près d’être de la noblesse dans la musique française, étant le fils de deux légendes, Françoise Hardy et Jacques Dutronc. On penserait que ses parents auraient tout préparé pour lui, mais en fait, il n’a pas appris la guitare, son instrument principal, jusqu’à ses 18 ans, inspiré non pas par ses parents, mais par Django Reinhardt.

J’étais absolument fixé par sa voix pendant « La Dernière Séance » des 30 Ans de Taratata, alors j’avais plus hâte d’écrire ce billet que les délais ne suggéraient. C’est intéressant à noter que ses premiers pas dans « l’industrie » ont été en tant qu’écrivain pour son père avec « À part ça » en 1995. Il me semble q’il n’a pas joué ni chanté pour l’enregistrement. Pendant la décennie à suivre, il a écrit de la musique pour plusieurs films, dont Toutes les filles sont folles en 2003 (gagnant du prix de meilleur bande originale au Festival de Paris-Île de-France, et Les Enfants en 2005. Il a aussi joué sur des albums de sa mère, notamment 4 pistes de l’album Tant de belles choses en 2004. Si j’ai bien compris les crédits, c’est Thomas en tant que soliste sur la guitare électrique de 1:00-1:20 dans « La folie ordinaire » :

Mais c’est seulement en 2007 où un album enregistré sous son nom voit le jour, Comme une manouche sans guitare. C’est une réussite absolue — 425 000 exemplaires vendus, 2 fois nominé aux Victoires de la musique en 2008, et gagnant d’une Victoire en 2009 pour la chanson du titre. La voilà :

J’adore. Si les choix de production me semblent un peu bizarres — il y a trop d’échos pour sa voix — la mélodie est séduisante et son travail avec sa guitare est de première classe. Écoutez son solo à partir de 0:50 — fortement dans la tradition du jazz et à haut niveau technique. J’aime aussi « J’aime plus Paris », qui n’a pas d’effets bizarres pour sa voix, et tous les mêmes points forts :

Il suit cet album en 2011 avec Silence on tourne, on tourne en rond. Si c’est moins d’une réussite que son début, il vend quand même 185 000 exemplaires. C’est un album un peu plus électrique, à ne pas dire électronique (on ne parle pas de synthétiseurs), que son prédécesseur.

Je n’ai absolument aucune idée de ce qui se passe dans le clip pour « Turlututu », mais la musique reste très agréable :

Par rapport aux deux premiers albums, son Éternels, jusqu’à demain doit être considéré un échec, même s’il reste quand même un disque d’or de 55 000 exemplaires. « Croc madam », écrit pour lui par Matthieu Chedid, est simplement bizarre :

Chez les yé-yé, une reprise d’une chanson de Serge Gainsbourg, est bien fait — et oh là là, mais la batterie sonne en direct des années 60 — mais ça ne sonne pas comme le Thomas Dutronc des deux premiers albums. Mais je suis paradoxalement fier de lui pour celle-ci ; on en reparlera à la fin.

Même quand il sonne comme lui-même, avec son titre original « J’me fous de tout », il y a un manque de l’énergie des deux premiers albums. C’est agréable, mais l’expression « je t’emmerde » n’est pas censée être aussi agréable que ça !

En 2020, il sort Frenchy, un album de reprises de chansons françaises, souvent en duo ou en trio avec des collaborateurs inattendus. Voici Iggy Pop et Diana Krall — les deux autrement déjà dans ma collection — avec lui pour « C’est si bon » :

J’ai halluciné « La Vie en Rose » avec Billy Gibbons, non ? Le M. Gibbons de ZZ Top qui a chanté La Grange :

Sur le même album, il fait pour Daft Punk ce que Paul Anka a fait pour Nirvana :

Je ne peux pas mentir, j’ai le même sentiment ici qu’ailleurs — à mon avis, vous avez les plus belles voix au monde, mais je préfère vous écouter en français.

Son dernier album est en duo avec son père, Dutronc et Dutronc, sorti en 2022. Je dois avouer que je me trompe depuis 4 ans déjà — je croyais que « L’opportuniste » était à Indochine ! Ça m’apprendra à lire les crédits !

Je n’ai pas envie de critiquer cet album, qui a vendu seulement 50 000 exemplaires aussi. Quand on voit les deux ensemble, comme sur Taratata, il est évident qu’ils ont dû le faire en ce moment-là ou jamais — Dutronc père n’a pas âgé comme Eddy Mitchell.

Mais c’est ça la raison pour laquelle j’ai dit que j’étais fier de Thomas Dutronc pour « Chez les yé-yé ». S’il voulait être l’enfant de népotisme, il aurait enregistré un album en 1995 intitulé « Yé-yé moderne », en duo avec chacun de ses parents, une chanson en trio, le tout aurait vendu 1 million d’exemplaires, et vous n’auriez plus jamais entendu parler de lui. Il a fait son tout pour gagner sa propre place, dans un style très différent de ses parents, et il n’a pas revisité leurs carrières jusqu’au moment où il a vraiment eu la sienne. J’ai tout le respect au monde pour son parcours.

Que dire enfin ? Si je suis honnête, sa voix est plus plaisante que puissante, mais en tant que guitariste et auteur, il ne doit d’excuses à personne. J’ai profité énormément de cette expérience, j’irais à ses concerts avec plaisir, et si « je ne prendrais pas l’avion », je serais ravi de le retrouver pendant un voyage d’une semaine.

Ma note : J’achète l’intégrale.

La légende, M. Eddy Mitchell

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des deux articles pour lesquels j’ai conçu tout le projet. D’habitude, j’intitule ces articles de même façon que le Tour des Départements, mais ce titre est lié à l’expérience de le découvrir. Revenons sur le plateau de Taratata ce soir-là :

©️France TV/Air Productions

Écoutez les introductions des 4 chanteurs. Les trois premiers sont les bienvenus, mais l’approbation de la foule dès qu’elle reconnaît Eddy Mitchell est tout autre chose. En général, si 40 000 Français se montrent enthousiastes pour quelque chose, je fais attention. (Il y a des limites. Si Jul remplissait le Stade de France, je secouerais la tête.) Mais les 8 minutes qui ont suivi, elles étaient magiques, et j’ai eu des larmes aux yeux durant toute la représentation.

©️France TV/Air Productions

Ce que j’ai vu ce soir-là a dépassé l’interprétation de deux chansons. Il faut vraiment écouter M. Mitchell quand il présente les solistes. Il a du charisme. À Hollywood, on parle d’une certaine qualité de présence sur scène qui commande l’attention au public, « it » (ça, mais non pas le clown de M. Stephen King). Le magazine Cosmopolitan l’a défini comme ça :

That quality possessed by some which draws all others with its magnetic force.

Cette qualité possédée par certains qui attire tous les autres avec sa force magnétique. (Ma traduction)

It, Wikipedia en anglais

Seulement 3-4 personnes m’ont frappé avec « it » dans toute ma vie. Nicola Sirkis, absolument ; Geddy Lee, le chanteur de Rush ; l’actrice américaine Miki Yamashita, peut-être. Puis, Eddy Mitchell.

Passons à la musique. Eddy Mitchell, de son vrai nom Claude Moine, est né en 1942 à Paris. Jeune, il travaillait pour une agence de Crédit Lyonnais près du célèbre club Golf-Drouot (mentionné dans Les 7 Jours de Pékin). C’est là où il lance sa carrière de chanteur, avec un groupe dit Les Chaussettes noires. Il adopte son nom de scène d’après l’acteur Eddie Constantine, et l’idée que Mitchell sonne plus américain que Moine (quoi, il n’a jamais entendu parler de la capitale de l’Iowa ?) Et pourquoi avait-il besoin d’un tel nom ? Parce qu’à l’époque, en 1961, il chantait du rock américain traduit en français, tel qu’Eddy sois bon, traduction hyper-littérale de Johnny B. Goode par Chuck Berry :

Il serait impossible de passer par chacun de ses 39 albums de studio, peu importe ses 16 albums en live. J’ai essayé de sélectionner des chansons représentantes, mais à vous de me corriger.

Ses premières années en tant que soliste, 1961-64, voient la sortie de 3 albums de reprises de la musique d’artistes américains, les Gene Vincent et les Elvis du monde. Même avec son 4e album, Toute la ville en parle…Eddy est formidable, où il y a enfin plusieurs de ses propres textes, son plus grand tube est une reprise de Burt Bacharach :

En 1966, il sort enfin un album qui est largement de sa propre musique. Perspective 66. Voici un de ses singles de l’album, écrit par Eddy lui-même. En tant qu’anglophone qui a grandi avec les versions originales de ses albums précédents en boucle grâce à deux parents qui ne connaissaient que la radio nostalgique, je me sens quand même tout à l’aise avec celle-ci — il comprend très bien le style et n’a plus besoin de copier :

Fin 1966, Eddy Mitchell sort un des plus grands tubes de sa carrière, J’ai oublié de l’oublier. La représentation ici est de 2000, et montre exactement pourquoi je suis tombé amoureux de lui aussi vite — il n’a pas la voix la plus spectaculaire, mais il a de l’autorité :

Au début des années 70, on le retrouve pleinement dans le style de l’époque ; C’est facile, son tube de 1971 sonne comme une centaine d’autres choses, Soulful Strut avec des paroles. Je regrette de vous dire que « Le coup de foudre » ne m’en a pas donné un. Mais le meilleur est à venir.

En 1974, il sort Rocking in Nashville, selon Rolling Stone le 59e meilleur album de rock français, même si c’est largement des reprises de Chuck Berry. 1976 voit Sur la route de Memphis, ce que Rolling Stone met à la 18e place. Avec de telles chansons que Je suis parti de rien, celle du titre, et Je me fais mon Western, il adopte pleinement le style du genre country.

Je dois vous dire, cet album est en français, mais c’est peut-être la chose la plus américaine que j’aie entendu. Je n’ai pas parfaitement compris les paroles — j’ai toujours besoin de l’aide pour ça, même en anglais — mais je ne les ai pas cherchées. Pas besoin. Eddy, où étiez-vous toute ma vie ?

En 1977, il sort son plus grand tube, La dernière séance, ce qui deviendra le générique d’une émission à la télé pendant 17 ans. J’aime bien la version originale. Mais avec sa voix âgée, accompagnée par Personne, Bauer et Dutronc, cette chanson frappe avec le son de l’expérience, de la vraie nostalgie — et j’ai été fixé pendant le tout. Voici un extrait, ou vous pouvez tout regarder sur le site de Taratata à partir de 27:25.

Après son tour vers la télé, il continuait d’enregistrer de nouvelle musique. Happy Birthday Rock’n’Roll, de 1981, me rappelle énormément Old Time Rock & Roll de Bob Seger, Mais ce n’est pas du tout une reprise. Et je l’adore autant que son équivalent américain :

On va sauter par le reste pour conclure avec quelque chose d’extraordinaire, La même tribu, sorti en 2017. 17 artistes, dont Johnny, Laurent Voulzy, Pascal Obispo, les Dutronc, et Alain Souchon, l’ont rejoint pour une chanson qui est un résumé de sa carrière, et même de la chanson française pendant les 50 dernières années. Très peu de monde auraient pu attirer la participation de ce groupe de légendes.

Je vous ai dit avant qu’il y avait deux chemins que j’aurais pu suivi, celui des bilingues, la France qui est tellement influencée par le monde anglophone, ou un autre — j’hésite à dire plus pur — inaccessible aux étrangers sans se donner corps et âme au projet. Sur le premier chemin, on trouve Paris, Pierre Hermé, La classe américaine, et Johnny. Sur le deuxième, on trouve la Lozère, Maïté, Ni vu ni connu, et Georges Brassens. Eddy Mitchell est le symbole ultime du premier chemin — la langue est différente, mais j’y reconnais mon passé plus que nulle part ailleurs. Pourtant, quand il ne copie pas, sa musique escalade les hauteurs, et il commande tout le respect dû à une légende.

Ma note : JE PRENDS L’AVION ! (Au moins, je l’aurais fait s’il n’avait pas déjà pris sa retraite.)

Le Montmorillon swing de Nicolas Moro

Ceux qui me suivent sur « The Gram », comme on dit en anglais, ou mon compte Insta, comme on dit en français, savent qu’il y a des mois, j’ai enfin jeté l’éponge et commencé à utiliser de la musique avec chacun de mes posts là-bas. Mais je reste 100 % consacré à mon but de tout faire au maximum en français, alors on n’y trouve aucun tube venant de 192 des 193 membres de l’ONU. Que ce soit Yvette Horner pour aller avec mon Paris-Brest ou la Marche des Gendarmes pour mon dîner varois, je ne choisis que de la musique française, et de façon liée à mon sujet tant que possible. Alors, pour mon dîner viennois la semaine dernière, je cherchais de la musique du département, et c’est comment je suis tombé sur Le Montmorillon swing. Écoutez :

Ô. M. D. D’habitude, quand je cherche de telle musique, je m’attends à trouver quelque chose avec un accordéon, ou une chansonnette traditionnelle, genre « Sur le pont d’Avignon ». Mais ici, on trouve une chanson en même temps 100 % française ainsi que dans la tradition rockabilly la plus pure. Je me suis dit, « C’est parfait pour Un Coup de Foudre », ai publié mon post, puis me suis mis à vous lire tous comme d’hab à 1h du matin. (Honnêtement, il faut que je me couche plus tôt.)

Mais je me suis réveillé en pensant toujours à cette chanson. Les paroles font référence à beaucoup d’autres artistes qui ont joué dans ce style et ses suites — Fats Domino, Otis Redding, Eddie Cochran, etc. — et j’ai dû en savoir plus. (Il y a une longue tradition d’exactement ça dans le rock américain — voici des exemples par Arthur Conley, The Ramones, et Simon & Garfunkel.) Quel vendredi ! J’ai écouté ce clip en boucle pendant des heures, puis me suis lancé dans d’autres morceaux de son catalogue.

La première chose à savoir sur Nicolas Moro, c’est que beaucoup de styles de rock, de jazz, et de blues lui sont familiers. J’écoute une chanson telle que « Le melon », et elle me rappelle une nuit chez Preservation Hall à la Nouvelle-Orléans (écoutez surtout les percussions à cet égard) :

J’écoute une chanson telle que Twist à mourir, et ça pourrait être sur le même disque que Rock Around the Clock de Bill Haley and His Comets :

Mais la deuxième chose à savoir, c’est que M. Moro est drôle. Il y a un moment dans Le Montmorillon swing où il chante « C’est pas la peine de chanter Memphis Tennessee, Si tu parles anglais avec l’accent du Berry», ce qui est drôle en soi, mais voici ce qui arrive dans le clip :

L’accent du Berry ! Au-delà de mes connaissances expatriées qui habitent ici, je ne peux raconter ça à personne, mais je mourais !

Je ne sais même pas que dire sur une chanson avec le refrain « Tout va pour le mieux, Le monde tourne encore, La vie continue depuis que je suis mort ». ([Alléluia ! Ô, vous ne parliez pas de vous-même. — Mon ex]) Mais avec une si joyeuse mélodie, c’est hilarant :

Pourtant, on n’est pas chez Weird Al Yankovic ici. Il a aussi son côté sérieux, et vous le trouverez dans de telles chansons que « Le baron », sur la mort d’un noble :

Évidemment, j’ai passé du temps avec sa chaîne YouTube. Mais bien que je n’utilise pas mon échelle du Projet 30 Ans de Taratata, si vous aviez le moindre doute sur ma recommandation : cher lecteur, j’ai acheté l’album.

Le top 100 selon qui ?

Cette semaine sera, un peu par hasard, consacrée grosso modo à la musique. Entre deux articles que j’avais déjà planifié et une polémique si stupide qu’elle ne pouvait venir que de chez moi, la musique prend la parole ici cette semaine. On va commencer avec la polémique.

Depuis que j’ai eu mon permis de conduire, je n’ai jamais écouté de la musique diffusée à la radio. Je ne m’intéresse pas du tout à ce que mes goûts soient imposés par les autres. Il est vrai que ça a rendu la tâche de découvrir des nouveautés plus difficile, mais en revanche, il n’y a presque rien dans ma collection que je n’aime vraiment pas. (L’intégrale de l’émission pour enfants, Sesame Street, est une concession malheureuse à la réalité d’être père célibataire et ne compte pas.)

Alors quand j’ai entendu que les génies chez Apple ont sorti leur liste des « 100 meilleurs albums de tous les temps » (lien en français), j’ai déjà su qu’il n’allait pas y avoir trop de chevauchement entre leur liste et ma collection. Mais je dois avouer, ils ont réussi à échouer même mes pires attentes.

Qu’une telle collection soit concentrée sur le monde anglophone me dérange moins que ce à quoi vous vous attendiez. Apple n’a fait aucun effort pour la publier au-delà des pays anglophones. Et je suppose que toutes telles listes seront écrites afin de flatter leurs lecteurs. Mais c’est quand même une blague pourrie.

Personne n’a signé la liste finale, mais selon des articles en anglais, au-delà de quelques employés d’Apple pas nommés, le jury a compris les musiciens Maren Morris (country), Pharrell Williams (rap), J Balvin (reggaeton), Charli XCX (musique électronique), Mark Hoppus (rock), Honey Dijon (musique électronique), Nia Archives (rap/électronique — lien en anglais) et Nile Rodgers (R&B). Tout de suite, on voit que ce jury n’est pas qualifié, parce que le biais est entièrement vers le rap et des genres associés. Et franchement, croyez-vous que ces gens se soucient de la culture générale au-delà de la partie où ils gagnent leur vie ?

Hahahahaha, c’est si mignon que l’un d’entre vous le pense ! Ça fait chaud au cœur, vraiment. Mais aucune chance, hormis M. Rodgers, qui a produit de nombreux albums pour d’autres artistes au-delà de son genre.

Alors, selon une analyse des titres sur Wikipedia en anglais, voici les genres qui prennent plus de 4 % des places (le tableau original contient tous) :

Capture d’écran

Pensez-vous dans vos pires cauchemars que le rap prendrait 21 % d’une liste des 100 meilleurs albums français, peu importe mondial ? Nom de Gims, mais non ! Pourtant, quel est le seul album français de la liste ? Discovery de Daft Punk. Pas des Rita Mitsouko, Charles Aznavour, ou Édith Piaf, à ne pas mentionner Indochine.

Mais même selon ses propres termes, c’est un échec. Si on veut dire que la musique américaine n’est que du rap, il faut absolument avoir The Sugarhill Gang pour l’album du même nom avec leur chanson « Rapper’s Delight », à laquelle même Las Ketchup a emprunté des paroles ! Parmi 285 qui ont fait ça autour du monde. Ils ne sont pas là, mais un album de 2018 par Travis Scott, qui ne parle qu’aux rappeurs, l’est. On est censés croire qu’un album de 2016 par le rappeur Frank Ocean — qui ? — est #5, mais que Snoop Dogg (qui je déteste mais dont je reconnais son influence) ne vaut qu’une mention à la 84e place avec l’album qui était partout pendant mes années lycéens. L’histoire a commencé hier pour ces types.

Les gestes vers la diversité mondiale sont une autre blague pourrie. Voici la liste complète par pays :

Qui sont les canadiens de la liste ? Neil Young, Alanis Morissette, Joni Mitchell, et…Drake. Alanis Morissette est dans les dictionnaires à côté de « coup étonnant », et Drake est juste plus de l’excès de rap. Qu’ils ignorent Rush, je l’excuse (malgré 42 millions d’albums vendus), mais pas de Céline Dion ? L’album suédois de la liste ne vient pas du groupe de légende ABBA, mais de quelqu’un qui n’a jamais connu tant de succès, Robyn. L’album « irlandais » est de U2, et celui de la Barbade est à Rihanna — c’est-à-dire écrits pour les États-Unis. (Au moins celui de U2 mérite sa place.)

S’ils voulaient de la diversité, comment ignorer Louie Armstrong, Duke Ellington, et Count Basie, les géants du jazz ? Ou des blues, Howling Wolf ou Willie Dixon ? C’est incompréhensible. Peut-être que vous ne connaissez pas ces noms, mais les géants du rock des années 60, les Beatles, les Rolling Stones, Eric Clapton — ils les ont tous connus très bien. Et leur seul choix parmi tout le genre de country, c’est quelque chose de très récent par une jeune chanteuse, Kacey Musgraves. Pensez-vous que Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell la connaissait ? Nan, ils écoutaient Johnny Cash, Elvis Presley et Eddie Cochran — tous omis de la liste. Pour donner des places à Frank Ocean et Taylor Swift.

J’étais quand même surpris qu’il n’y avait qu’un seul point en commun entre la liste et ma collection, Rumours de Fleetwood Mac. Pas de Genesis ou la carrière soliste de Phil Collins, pas de Sergio Mendes, pas de Motörhead, pas d’Iggy Pop, pas d’a-ha, pas de Lynyrd Skynyrd. Oui, je n’ai rien en commun avec leur jury.

Je sais que certains d’entre vous sont déçus que Mme Nakamura va représenter la France aux JO. Moi aussi, même si elle chantera du Édith Piaf au lieu de Djadjapookienimportequoi. Mais honnêtement, elle est plus populaire parmi plus de la population française — et mondialement — que beaucoup de ces gens chez moi.

Mais pour finir sur une note plus positive, je vous ai laissé pas mal d’indices à mon idée d’une meilleure liste de musique américaine — même parmi des gens que je n’aime pas. Un de ces quatre, je vous donnerai cette liste !

Je découvre Juliette Armanet

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la dernière de la trio avec Jain et Jeanne Added qui a chanté une chanson de No Doubt pendant le spectacle. Cette fois, c’est Juliette Armanet.

Juliette Armanet, Photo par Selbymay, CC BY-SA 4.0

Je dois avouer que je trouve ce choix un peu bizarre de la part de Nagui. Les deux autres chanteuses travaillent largement en anglais, alors une chanson en anglais pour eux est logique. Il n’y a rien de mal chez Mme Armanet, qui est bien capable en tant que chanteuse, c’est juste que l’on va voir que son catalogue ne suggère pas qu’elle aurait choisi ce matériel elle-même. En revanche, Nagui a un talent pour mettre des artistes inattendus ensemble et produire quelque chose de spécial.

Juliette Armanet et né en 1984 à Lille, dans une famille de musiciens. Cependant, après des études de littérature, elle est devenue journaliste qui apparaissait sur Arte, France Culture, et TF1. Mais en 2014, elle est finaliste dans un concours organisé par Les Inrockuptibles, magazine consacré à des virelangues (vu son nom). Ça suffit pour lui gagner un contrat avec la maison de disques Barclay, où elle sort son premier album, Petite Amie, en 2017.

Les critiques sont épatées. Libération fait la comparaison à Voulzy, Balavoine et Gall ; Paris Match dit qu’elle prend sa « place dans l’orbite de Véronique Sanson, William Sheller ou Alain Souchon ». Si on veut attirer mon attention, « l’orbite de Véronique Sanson » est sans doute la meilleure expression pour le faire. J’ai donc commencé avec L’Amour en Solitaire, parue avant l’album dans Marie et les Naufragés, un film de 2016 où elle joue une chanteuse de karaoké (et chante sa propre chanson inédite) :

La comparaison avec Mme Sanson est facile à voir. Elle a une jolie voix et joue de son propre piano, mais pour moi, tout arrête là. « Chanson sur ma drôle de vie », le monument contre lequel toute telles comparaisons seront jugées, a une mélodie inoubliable et des paroles de génie. L’Amour en Solitaire est agréable, mais loin de grimper cette montagne-là ; 10 secondes après la fin, je ne pouvais plus me souvenir du refrain.

Pourtant, avec de telles critiques, elle allait avoir toute opportunité pour me convaincre. L’Indien pourrait peut-être survivre une comparaison avec la chanson « De l’autre côté de mon rêve » ; il y a un thème qui propulse la chanson de même façon, mais encore une fois, la musique n’est simplement pas à cette hauteur. Sous la pluie et À la folie sont agréables mais pas plus. Cavalier seule, en revanche, joue avec une mélodie dissonante, et c’est intéressant pour ça :

Alexandre me rappelle juste un peu Lorelei de Véronique Sanson avec sa structure, mais…impossible qu’elle haïsse quelqu’un assez pour lui faire appeler « ma Californie ». Elle ne doit pas bien connaître mon enfer personnel. Mais la chanson qui résume la meilleure mon problème avec cet album, c’est Manque d’amour. Elle chante des chagrins d’amour, les paroles parlent de la « tirelire du mal »…pourtant…comment dire ça sans offenser ? Avec ce visage et cette voix, il m’est impossible que Mme Armanet ait passé plus d’une semaine sans rendez-vous si elle le souhaite. Peut-être qu’elle a expérimenté pas mal de relations décevantes, mais elle ne peut pas me convaincre avec des chansons tristes sur ses déceptions. Véronique Sanson, également belle et douée au même âge, savait mieux que tenter une telle chose.

Mais le talent, il est clairement là. Je comprends pourquoi cet album lui a valu la Victoire « Album révélation de l’année ». Plus tard en 2018, Mme Armanet a enregistré « Une nuit sur ton épaule » avec la grande dame, et ne lui devait aucune excuse :

Cette année-là, elle se montre aussi égale à la tâche face à la voix de Dieu lui-même Eddy Mitchell :

En 2021, Juliette Armanet sort son deuxième (et toujours le plus récent) album, Brûler le feu. Le premier piste est aussi le plus grand tube du disque, Le dernier jour du disco :

Nommée pour une Victoire de chanson de l’année, ici elle prend un risque artistique absent de son premier disque — cette chanson adopte les rythmes de son sujet. J’aime bien qu’elle a fait ça — enfin, un son différent que toutes ses autres chansons jusqu’à ce point.

« Tu me play » est un jeu de mots avec l’anglais pour « jouer » et le verbe plaire. Ici, elle semble avoir compris que les chagrins devront aller avec un peu plus de feu si elle veut convaincre.

Je me demande si « HB2U » (« Happy birthday to you » en anglais ; joyeux anniversaire à toi), une chanson en franglais, était la raison pour sa performance sur Taratata. Ça doit être la version la plus déprimante de cette expression que j’aie entendu. L’Épine, ainsi que la chanson du titre, par contre, sont plus de son premier album

Ayant écouté environ la moitié de ses chansons « édites » (je sais, ce mot n’existe vraiment pas), je crois que je comprends assez bien Juliette Armanet. Elle a du talent à gogo, une voix exceptionnelle, joue du piano assez bien pour s’accompagner… mais Zazie ou Jain prennent plus de risques avec moins d’atouts musicaux et réussissent plus souvent à mon avis. Cependant, elle peut être la prochaine Véronique Sanson si elle trouve son Michel Berger, côté production. Mais elle n’est pas encore là.

Ma note : j’irais au concert si vous avez une place de trop.

Le nouvel Indochine enfin

Je n’ai vraiment rien aujourd’hui. J’aurai un événement ce soir, alors je viens de passer 5 heures en cuisine car je suis trop ambitieux, comme d’hab. Il y aura 15 invités, dont moi, alors j’ai essayé d’adapter la recette à une assez grande taille et il y avait…des complications. Alors, je n’avais rien écrit pour aujourd’hui. Mais il y a finalement eu la seule nouvelle dont les fans d’Indochine ont vraiment envie. Voilà :

C’est assez évident. D’ici un mois, on aura enfin le nouvel album. Alors on pourra finalement mettre un terme à toutes les bêtises du compte Instagram des Salingers avec ses nombreux photos et clips à la sauce IA.

Vraiment, je n’ai pas eu autant de mal depuis le gâteau d’anniversaire il y a deux semaines. Et puisque je l’ai mentionné, tout est parti en vrille entre les invitées de cette fête depuis ce temps-là. Genre deux des filles ne parlent plus aux trois autres. (Ma fille fait partie du groupe de trois.) On est bel et bien dans les années ados (je suis fier de vous dire que le drame en ce cas ne vient pas du tout de La Fille) et le nouvel Indo ne peut pas arriver assez vite. Car j’aimerais que quelque chose aille bien !