C’est la veille de Noël, et pendant que j’écris, je n’ai toujours pas fini d’emballer les cadeaux dont on a parlé. J’ai eu une super idée pour une farce, mais vu que les centres commerciaux seront des zoos aujourd’hui, je ne la ferai probablement pas. Alors je vous la raconterai afin de ne pas la gaspiller complètement.
Vous savez déjà qu’il n’y a pas de vêtements dans la liste du Père Noël cette année. Il n’y en a jamais, car je me souviens du point auquel c’était décevant. En plus, qui veut s’habiller toute l’année comme si on était toujours hiver ? (Même en Californie on porte des manches longues en hiver. Pour aller avec notre short.) Cependant…et si j’allais chez Macy’s et demandais une boîte pour faire semblant que les contenus étaient des vêtements ?

Revenons à nos Rudolphe. Si tout le monde a une plainte sur les américains, c’est… probablement que nous nous attendons à ce que le reste du monde parle l’anglais. Ou les guerres, mais nous faisons parfois du bon travail là, alors je vais m’en tenir à l’anglais. Mais si on a le droit à deux plaintes, pas mal de monde se plaindra que nous détournons toutes les autres cultures une fois ici. Nous ne respectons l’authenticité de rien. C’est pas les italiens qui ont mis de l’ananas sur les pizzas. (C’était un grec au Canada, mais tout le monde s’en prend à nous, car il l’a appelé « hawaïen ».) C’est pas les japonais qui ont mis de l’avocat dans les sushis. (Au moins, pas ceux au Japon.) C’est pas les chinois en Chine qui a cuisiné le poulet du général Tao.
C’est donc naturel que nos tubes pour Noël… ont été écrits par des juifs.
Non, pas la bêtise de Mme Carey. C’est du complotisme de blâmer les juifs pour tout comme ça. Dans ce cas, c’était Walter Afanasieff, un immigré russo-chinois-brésilien. Ça mérite tout autre genre de complotisme, je suppose. (Qui dit russe, dit forcément Poutine, après tout. On est nuancés comme ça.) Mais en fait, je suis complètement sérieux. Presque tous les classiques du pays, ceux qui ont le statut d’un Petit Papa Noël (voici ma version), sont les produits de compositeurs juifs. Par exemple :
D’exactement la même époque que Petit Papa Noël, « White Christmas » a été écrite en 1942 par Irving Berlin, pour un film intitulé Holiday Inn. M. Berlin, né Israel Isidore Beilin, était le grand géant de la chanson américaine pendant la première moitié du XXe siècle. Pourtant, la chanson ouvre avec « Je rêve d’un Noël blanc, comme ceux que je connaissais. »
« Walking in a Winter Wonderland », par compositeur Felix Bernard (lien en anglais) et parolier Richard Smith (idem), date de 1934, mais la version entendue la plus souvent dans nos centres commerciaux, est celle de 1946 par Perry Como. Celui raconte une balade romantique et imagine que le couple se marie devant un bonhomme de neige habillé comme un pasteur :
« It’s the Most Wonderful Time of the Year » (C’est le temps le plus merveilleux de l’année), tube de 1963 pour chanteur Andy Williams, était écrit par Edward Pola, né Sidney Edward Pollacsek, fils de deux immigrés juifs hongrois, et George Wyle, né Bernard Weissman (liens en anglais). Peut-être que vous vous souvenez que M. Descarottes a détourné cette chanson pour ses propres buts il y a des mois :
Mais sans doute le compositeur le plus étonnant de tout à cet égard est Johnny Marks, qui a écrit pas moins de 4 chansons iconiques de la saison, toutes des années 40 et 50, dont une que vous connaissez sans doute — « Rockin’ Around the Christmas Tree » (Rockin autour du sapin de Noël), « A Holly, Jolly Christmas » (Un Noël joyeux de houx — désolé, impossible de faire mieux avec ce jeu de mots anglais), « Silver and Gold » (Argent et Or) et…Le petit renne au nez rouge. Ouaip.
J’arrête ici, car je ne prétends pas à épuiser le sujet, mais en fait, il y a plein d’autres que je saute. Ce sont les produits d’une époque peu susceptible de se répéter aux États-Unis, mais qui reprend un des thèmes du blog, celui de s’intégrer à la société. Au-delà du mariage imaginaire mentionné en haut, il n’y a pas de contenus sectaires dans n’importe quelles paroles ici. Dans le contexte des États-Unis du mi-siècle, quiconque qui voulait réussir dans le monde du spectacle pouvait le faire sur talent, pas selon croyance ni couleur de peau, tant que l’on poursuivait un grand public. Quelle meilleure preuve de cela que parler des chansons de Noël juives ?













