Je vais rompre un peu l’un des trois règles du blog, de mon premier post : PAS D’ANGLAIS. Ne vous inquiétez pas, ce post sera tout en français, comme d’hab. Mais je vais vous parler d’un livre, disponible également en les deux langues, que j’ai dû lire en anglais (parce que c’était offert gratuit par Amazon — pour tous, je n’ai reçu rien de spécial). C’est « Le Secret de Chantilly », en anglais « The Secret of Chantilly, » par Laura Rahme, dont j’ai fait la connaissance il y a quelques jours sur Twitter après elle a trouvé mon dîner à l’honneur d’Antonin Carême. C’est l’un de mes rencontres le plus chanceux depuis le début de ce blog. J’ai bien profité du livre, et lui donne ma recommandation la plus enthousiaste.

Ce ne sera pas une critique comme pour les films. En premier, c’est un nouveau livre (sorti le 28 juillet 2021) ; par contre, si vous n’avez pas déjà vu des films qui ont tous de 10 à 70 ans, c’est de votre faute. Pour autre chose, je respecte trop ce qu’elle a fait pour gâcher tout ce qui se déroule dans le roman.
Alors, qu’est-ce qu’elle a atteint ? Il était une fois, on s’attendait qu’un auteur pourrait écrire dans la peau de ses personnages, que l’on pourrait écrire avec sympathie des personnages qui ne font pas partie de la même identité que celle de l’auteur. De nos jours, surtout dans le genre « gros bébé jeune adulte » (mes excuses aux bébés), ce n’est plus le cas. Et en plus, il y a certaines identités dont l’auteur est obligé de les mépriser, de peur qu’on croie qu’il fait partie d’un groupe impopulaire. C’est exactement ça où Mme Rahme a réussi le plus fortement. Je vous donnerai un exemple.
On ne sait pas trop de la jeunesse de Carême. On peut dire qu’à l’âge de 10 ans — ou peut-être 8 — il a été abandonné par ses parents, puis il est devenu stagiaire à la « Fricassée de Lapin », où il travaillait pendant 6 ans. Mme Rahme invente une histoire plus dramatique qui arrive au même point, mais en plus, elle décrit — avec sympathie — la foi religieuse du propriétaire, même au temps de la Culte de la Raison. Je ne sais pas s’il existe des sources qui soutiennent ce portrait. Mais je sais maintenant, après avoir lu son blog, qu’elle a souffert sous la main d’un vrai hypocrite religieux dans la vraie vie. Il aurait été très facile d’avoir écrit le même personnage dans son livre. Beaucoup de monde l’auraient même préféré, parce que dans leur monde Manichéen, tous ceux qui ne partagent pas chacun de leurs avis sont complètement méchants. Il s’avère que notre héros, Carême, paye un prix pour sa propre fidélité à cet homme religieux — mais s’il y a une faute, c’est à Carême pour ses propres choix.
Quelque chose d’autre qui m’a bouleversé, c’est la fidélité à l’histoire connue. Je dirais qu’il y a une certaine « tendance Netflix » — toutes les relations doivent être sexuelles. Chez Netflix, « Je t’aime bien » ne veut dire rien que « Baise-t-on ? », surtout entre deux personnes du même genre. Les jeunes, qui ne savent rien des genres d’amour selon Platon, s’attendent à ce que tout soit selon des idées modernes. Et au début, je croyais que c’était exactement ça qui allait arriver. Je dois vous dire, j’ai eu tort. Complètement tort. Et pour ça, je félicite Mme Rahme. Elle a écrit un roman historique qui n’est pas une fantasme moderne.
En plus, on apprend en le lisant. Par exemple, je ne savais pas que la pâte à choux était anciennement connue sous le nom « pâte à chaud ». Ou l’origine des tours quand on parle des « tours simples » et des « tours doubles » en fabriquant de la pâte feuilletée. Ou d’où vient le nom des babas. On rencontre beaucoup de personnages historiques importants, comme Germaine de Staël et Grimod de la Reynière. Je comprends bien maintenant pourquoi elle a le soutien du Château de Valençay. Mais on apprend aussi des histoires malheureuses, par exemple celle de Mme de Lamballe (inconnue chez moi). Elle n’a pas peur de parler honnêtement de l’histoire ; c’est un crédit chez elle.
Pour conclure, je dirais que bien que l’on ne se connaisse pas, « Le Secret de Chantilly » est plein de l’esprit d’Un Coup de Foudre — surtout de l’amour de la France et de l’authenticité. On parle en anglais des « accidents heureux », et celui-ci en est certainement un. J’ai hâte de lire plus de l’œuvre de cette auteure.
Ce roman a l’air captivant ! Je viens de l’acheter (en numérique)… Je suppose qu’elle publie elle-même dans les deux langues — comme Nancy Huston, une autre auteure que j’aime beaucoup.
Un détail facile à mémoriser sur les orthographes française/anglaise de mots avec « an » :
• example exemple
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