Je suis Otto

Ce soir, je suis allé au ciné avec l’OCA pour notre premier film de l’année. C’est « A man called Otto » (Un homme appelé Otto), à sortir bientôt en France sous le nom « Le pire voisin au monde ». C’est un peu au-delà de mes sujets habituels, étant un film américain, mais ce film m’a dé-ran-gé. Je me reconnais dans le personnage d’Otto — qui est, pour être clair, le soi-disant « pire voisin » du titre français — et je suis fortement pas d’accord avec le message du film.

Otto est, absolument sans doute, grincheux hors comparaison. Il fait tout selon les règles, et est fier de son travail. Mais il veut se tuer pour des raisons qui ne sont pas clair au début du film (on apprend tout, mais je ne divulgâcherai rien). Tout le monde lui dérange avec leurs conneries à chaque fois où il est sur le point de se suicider, mais il est si passionné de voir tout fait correctement qu’il se sent obligé de le mettre à côté pour régler les problèmes des autres. À chaque fois, il réussit, mais son attitude et façon de gronder tout le monde pour ne pas faire l’effort à apprendre ont en résultat que personne n’apprécie ce qu’il a fait pour eux.

Alors, la plainte des informaticiens. C’est tous les jours le cas qu’un ami, une connaissance, un parent, ou quelqu’un qui veut se faire passer pour l’un d’entre eux pour demander de l’aide dit « Oh, Justin, mon ordi/tablette/portable/calculatrice ne marche pas ! Tu peux le régler pour moi ? »Malgré le fait que j’ai pas de formation avec tous ces appareils, et je ne vais rien faire sauf rechercher le problème sur Internet et suivre les instructions que je trouve, tout le monde s’attend que moi — ou n’importe quel autre informaticien — je vais toujours dire oui. Si je dis non, c’est toujours la même plainte « Mais tu es bon avec ces choses. » Non, c’est juste que je n’ai pas peur. C’est tout autre chose.

À mon avis, Otto A RAISON. Je comprends très bien que ses commentaires caustiques ne sont pas gentils. Mais ce que l’on ne voit jamais dans ce film est ce qui arrive quand quelqu’un comme lui demande de l’aide à l’inverse. Je vais vous dire la vérité — beaucoup de monde ne sont pas prêts à rendre ce qu’ils demandent. Seulement une personne fait des efforts pour lui rendre des choses tout court, mais le film nous dit que c’est Otto qui a la mauvaise attitude à chaque fois.

J’avoue que le film est en fait plus sympathique vers le personnage d’Otto que d’autres films similaires. Je pense surtout à « As Good As It Gets », sorti en français sous le nom « Pour le pire et pour le meilleur ». Ce personnage-là, Melvin, était également grincheux, mais il n’a rien fait pour ses proches. Le message de ce film-là est que la personne grincheuse ne vaut rien sauf au point où elle cesse d’être elle-même. J’aime pas ça.

Permettez-moi de vous donner un exemple. J’ai un parent qui me demande au moins une fois par semaine « Est-ce que ce courriel est un escroc ? » Qu’est-ce que je fais ? Je clique toujours sur l’adresse e-mail, et à chaque fois, c’est bien évident que l’adresse est fausse — très longue, et jamais de la même organisation que le courriel fait semblant de représenter. Tout le monde peut faire ça pour eux-mêmes. Je n’ai aucune compétence inhabituelle à cet égard.

C’est donc mon plaidoyer pour les Otto du monde. Montrez-leur le même respect pour leur temps que vous attendiez pour vous-même. Je ne dis pas « Défense de demander de l’aide », mais plutôt qu’il faut se demander « Est-ce que je fais assez pour moi-même ? Et si que je crois que j’ai besoin de l’aide, fais-je assez pour remercier les autres ? » Croyez-moi, vous amis informaticiens seront reconnaissants.

6 réflexions au sujet de « Je suis Otto »

  1. les2olibrius

    Donc tu es Otto parce que tu es réputé grincheux? Donneur de leçon en conclusion d’une intervention ? Pas toujours disposé à aider ceux à qui tu as déjà expliqué maintes fois comment procéder pour s’autodépanner?… Heu… Nous sommes nombreux à nous sentir Otto itou alors… Par périodes car je t’estime très altruiste dans ce blog et bien aimable!

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    1. Justin Busch Auteur de l’article

      J’ai deux vies presque complètement différentes ! À mon avis, je suis là même personne partout, mais beaucoup mieux accueilli parmi les français. Il me semble que la raison principale, c’est que parmi les Français, il y a l’idée du « système D », plus d’un sens d’être responsable pour gérer ses propres affaires. C’est absolument pas le cas ici. Le point de vue de ce film vient de cet esprit.

      J’ajouterais aussi que j’ai PLEIN d’exemples de choses que des Français ont fait pour moi que je ne peux jamais leur rendre. Cette situation ne tient pas ici. Crois-moi, j’en suis RECONNAISSANT !

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  2. Agatheb2k

    Un peu de compassion pour l’informaticien trop souvent sollicité ! 😉
    C’est un de mes frères qui m’a donné un vieil ordinateur tour et son encombrant écran, qui partaient à la casse, avec W98 et une mémoire ridicule ! Son forfait accompli, la machine branchée et allumée, il est reparti chez lui (à 500km plus au sud) et j’ai dû me débrouiller seule pour avoir internet et comprendre le vocabulaire spécifique ! Inutile de dire qu’avant de profiter pleinement de l’outil, j’ai lu du papier, puis la littérature des sites spécialisés ! 😉
    Pour le film que je n’ai pas vu, je ne dirai qu’il y a une chose qui me chagrine : l’image de l’Amérique idéale où tout le monde est toujours souriant en toute circonstance. Cela me fait terriblement peur, au point de préférer regarder vers l’est, où l’on peut ne pas avoir à sourire béatement sans passer pour un grincheux pathologique ! Tes origines ne revendiqueraient-elles pas leur droit à exister au monde des bisounours ? 😉

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    1. Justin Busch Auteur de l’article

      Quant à l’idée que tout le monde doit toujours sourire ici : en fait, l’une des choses que j’aimais le plus chez Otto-le-personnage, c’était qu’il avait très peu de patience pour cette attitude. À plusieurs fois, j’ai beaucoup ri quand il a dit de telles choses. Mais j’ai aussi remarqué dans la salle de ciné que je riais tout seul à ces moments !

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  3. Ping : Épisode 44 — des merveilleux et de la chantilly | Un Coup de Foudre

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