L’amour est dans l’avion

Je vous ai menacé que j’allais vider mes brouillons, et on commence aujourd’hui avec quelque chose qui attend depuis déjà un an entier ! Cette fois, on parle d’une série de 3 épisodes du podcast « French Expat » du site américain « French Morning », Les couples multiculturels. Malgré le nom, le site est tout en français et ciblé aux expatriés, alors vous pourrez comprendre presque tous les contenus. Pourquoi presque ? Parce qu’il y a de nombreuses anecdotes racontées par les couples différents, et certains ne parlent pas bien (ou tout court) le français.

Avion d’Air France, Photo par Steven He, CC BY-SA 4.0

D’abord, un mot sur le sujet en général. Je m’intéresse depuis longtemps — à partir du lycée — aux histoires de conversions religieuses et changements d’identité. Mais non pas celles avec des motivations évidentes. Que le Roi Henri IV soit passé du protestantisme au catholicisme parce que « Paris vaut bien une messe », ça ne m’intéresse pas trop ; un tel dicton met à côté la sincérité. Que l’auteur G.K. Chesterton ait fait la même chose parce qu’il avait changé d’avis, ça m’a donné mon livre préféré de tous les temps. Que le père d’une copine de classe de ma fille ait appris un peu de chinois et commencé à manger leurs plats afin de se marier avec une femme d’origine chinoise, bof, c’est évidemment pour avoir de la paix à la maison. Qu’un type qui ne puisse déménager nulle part et n’ait pas non plus de future belle-famille pour épater se plonge dans une culture ? Ça fait déjà presque trois ans où je n’arrive pas à me taire sur le sujet.

Vous comprenez donc la distinction. Je ne nierai pas que je serais ravi de passer de la catégorie qui m’intéresse à celle que je trouve ennuyeuse. C’est certainement évident à d’autres personnes. Mais ce qui m’intéresse ici vient de ce que je vois aux États-Unis ; il me semble que les couples mixtes finissent par être vraiment une chose ou l’autre. J’étais donc curieux si ce serait le cas ailleurs. Ce sont à moitié des histoires franco-américaines ; il y a deux couples franco-canadiens (mais pas québécois dans les deux cas), un franco-allemand, et un franco-espagnol.

Il n’y a pas de longues histoires dans ces épisodes. Toutes les deux minutes, on passe d’un couple à un autre. Dans le premier épisode, on rencontre une dizaine, et on peut vite voir à quel point les choses sont variées. Le tout premier que l’on rencontre, Mac et Cindy, est clairement un couple à l’américaine. Les deux sont attachants, mais il ne comprend guère le français et c’est bien clair qui a fait les efforts linguistiques (par contre, c’est lui qui a fait les efforts pour voler ; c’est une vraie histoire d’amour).

On rencontre un autre couple, Fanette et Malte, où monsieur est allemand — mais on n’entend même pas un mot allemand quand ils parlent. Une femme, j’oublie laquelle, parle d’avoir grandi avec une mère française et un père sicilien, avec de vrais conflits culturels à la maison. On entend parler que certaines ont tout à coup découvert à quel point la Chandeleur leur est importante. J’y entend : « Je n’avais pas compté sur une vie si étrangère ». D’autres sont ravies à découvrir le Thanksgiving — une d’entre eux dit qu’il y a beaucoup moins de pression qu’à Noël, car pas de cadeaux. Que j’aie des nouvelles pour elle — pas quant aux cadeaux, mais à d’autres sources de pression à Thanksgiving.

Dans le deuxième épisode, les problèmes arrivent. Et non pas seulement à cause de la culture américaine. On rencontre Louisa, une française avec une mère algérienne, anciennement en couple avec un homme français pas nommé. La belle-famille n’en était pas ravie. Il y a aussi Rachel, juive, et Amine, musulman, et pas besoin de préciser la joie de leurs familles — pourtant, leur plus grand problème de loin sera la relation à distance.

Il s’avère que le père du copain de Louisa a, disons, ses idées, mais une fois qu’il découvre qu’elle « s’intéresse à toutes les questions françaises » et « vous parlez sans accent » (elle est née et a grandi dans l’Hexagone), ils s’entendent. Mais elle ne mange pas de porc, la mère essaye de la satisfaire, et ça l’embête.

Le troisième et dernier épisode concerne ce que les couples auraient aimé savoir à l’avance. La description dit que si « votre nouveau crush ne parle pas la langue de Molière…ce nouvel épisode est fait pour vous ». Bonjour. Mais les leçons, sont-elles utiles ? Pas trop.

Delphine, qui a grandi dans la campagne française trouvait que c’était très facile de s’entendre avec Aaron, fils d’une famille fermière américaine. Choquant. C’est plutôt l’un des thèses de ce blog ! Il n’est pas surprenant d’apprendre que les divergences de croyance passionnées — non pas seulement la religion, mais aussi l’amour de sa propre culture — font le plus de difficultés. Ou qu’il faut parler souvent. La conclusion de la hôtesse, c’est que « la question chance ou fardeau, la réponse est ni l’un ni l’autre ».

Il me semble que les choses ne sont pas si différentes d’ici. Mais peut-être que ce genre d’égalité n’est pas une attente réaliste. Alors, je ne sais pas si on a besoin de l’entendre mais au cas où : allez, on fait des galettes des rois et fêtent la Chandeleur, même à la marocaine, chez moi !

7 réflexions au sujet de « L’amour est dans l’avion »

  1. Avatar de Agatheb2kAgatheb2k

    Il me semble que le couple mixte est voué à l’échec très rapidement si l’un des deux cesse de s’intéresser à la culture de l’autre, à moins que le plus dépendant accepte de se laisser dévorer tout cru… Pour l’égalité presque parfaite et l’équilibre dans la relation, il faudrait des êtres d’exception suprêmement intelligents et totalement libres d’esprit, ce qui est assez rare chez le commun des mortels ! 😉

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  3. Avatar de DominiqueDominique

    Je tombe sur ce billet avec certes un certain retard. Vivre simplement en couple ordinaire n’est pas toujours une simple affaire, vivre en couple mixte donne un petit plus culturel au départ, mais une fois celui-ci entièrement découvert, on se retrouve comme un couple ordinaire avec un peu plus de reproches sur la mauvaise « foi » de l’un ou de l’autre s’il s’agit de confessions différentes. Si les 2 individus étaient le bon complément de l’autre, alors les origines sont gommées pour laisser la place à l’amour pur et dur !

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