Archives mensuelles : septembre 2023

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Jamais plus jamais

Peut-être que vous connaissez le dernier film de James Bond avec Sean Connery, dit Jamais plus jamais en VF, et Never Say Never Again en VO. Ce film est grosso modo une reprise d’Opération Tonnerre, le résultat d’un conflit de droits d’auteur entre Ian Fleming et Kevin McClory. Je pourrais écrire pendant des jours sur les problèmes autour de ce film, mais c’est Langue de Molière ici, alors nous nous intéressons plutôt à l’usage de « jamais ».

La traduction exacte du titre anglais serait plutôt « Ne dites jamais « Plus jamais » », mais vu l’affiche, on pardonne le changement :

Source, ©️MGM

Mais ici, il n’y a pas de question de ce qui veut dire « jamais » : quelque chose n’est pas arrivé et n’arrivera pas non plus. Le Robert appelle ça le sens négatif, et personne ne va…euh…jamais dire qu’il ne le comprend pas. Comme j’ai dit en haut, on le traduit en anglais par « never ».

Or, il y a un autre sens que j’utilise très rarement parce que des Français et Google Traduction n’hésitent pas de me dire qu’il n’existe pas. C’est le sens positif, et ça veut dire que quelque chose est arrivé au moins une fois, ou qu’elle arrivera un jour. Dites-leur, M. Le Robert, je n’ai rien inventé :

Source

En anglais, on dit « ever » pour ce sens, ce qui sert à le distinguer de « never ». Mais vous êtes trop grands fans de l’efficacité, alors vous n’utilisez qu’un mot pour les deux. Je n’ai aucun espoir de la retrouver, mais tout au début, en 2020, j’ai écrit quelque chose sur Facebook comme « C’est la chose la plus drôle que j’ai jamais vue ! » et les profs de français autoproclamés du groupe m’ont tous dit « Cette phrase n’a aucun sens ! Vous l’avez vu, ou pas ! » Ils avaient tort, et c’est mon ami Robert qui le dit. Mais peut-être qu’ils comptaient tous sur Google, qui déteste cet usage. Voici un exemple :

Ça arrivera avec tout et n’importe quel exemple que vous choisirez. Toujours « déjà », jamais « jamais ».

Mais, peut-être que les profs d’Internet n’ont pas complètement tort, parce qu’il existe un autre sens négatif, sans « ne » :

On dit souvent aux élèves étrangers « Ne vous inquiétez pas que le français ne distingue pas entre ces cas ; le contexte suffira ». Le passé composé, par exemple, se traduit d’au moins deux façons en anglais, qui ne sont pas des synonymes. Ne vous inquiétez pas des détails ; la plupart du temps, c’est en fait évident. De toute façon, à mes yeux, il me semble que ces cas ne sont pas les mêmes que le sens « déjà » ; pourtant, les deux se ressemblent certainement.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler d’un truc vraiment fou : Instagram veut m’apprendre le japonais…en français.

L’arnaqueuse de Finistère

Il y a des semaines, j’ai entendu parler d’une jolie jeune voisine de notre cher Jours d’humeur, une certaine Anne Kerdi, qui « fait le buzz », comme dites vous les anglophones. Elle a vite acquis plusieurs milliers d’abonnés sur Instagram, et vu que j’ai récemment connu un peu de succès en y faisant des présentations, j’ai pensé à leur faire connaître. Après tout, il aime la plage, tout comme elle, visiblement. (En fait, je n’ai aucune preuve qu’il aime la plage, mais après qu’il a regardé la photo en bas, j’aurai eu raison.)

Je n’ai aucun doute qu’elle aimerait faire la connaissance d’un auteur célèbre. Sauf que.

Sauf qu’il y a un problème au-delà de la différence d’âges. Ouest-France l’explique :

Source

Elle n’est rien d’autre qu’une création de l’IA, par un homme qui a clairement trop écouté « Anything She Does » de Genesis* (sur un auteur qui tombe amoureux de son héroïne fictive). Et pour être clair, l’auteur n’a jamais caché la vérité — dès le premier post, ci-dessous, il a dit que le tout est faux, avec des textes générés par une IA, puis vérifiés par l’humain avant d’être publiés. Je suis moins certain quant à concernant les photos — l’auteur tague certaines, comme celle-ci, « #generativeart » mais aussi « #modelephoto ».

*(Je plaisante. Impossible de trop écouter tout l’album « Invisible Touch« , dont « Anything She Does ».)

Il ne vous étonnera pas du tout d’apprendre qu’Anne reçoit des messages coquins, ou au moins un peu chauds, car le fait de ne pas exister n’empêche pas tous les hommes. (Il y a des applis payantes pour ce genre d’homme. Ça me donne envie de vomir.)

Je vais avouer que la découverte de ce compte a bel et bien gâché mon prochain poisson d’avril. J’allais « confesser » que ce blog était en fait une farce hyper-compliquée faite par une adolescente ennuyée de 15 ans dans un département très peu peuplé, peut-être la Corrèze ou la Lozère. Et que son cousin qui a déménagé à Elbe-en-Irvine est celui qui répond aux vrais courriers.

Mais avec de telles « personnes » comme Anne Kerdi en ligne, qui sait ? Peut-être que l’on peut faire un « deepfake » même de ma vidéo du concert d’Indochine ? Ce serait plus simple que croire qu’il existe un type assez fou pour faire l’aller-retour en 50 heures, n’est-ce pas ? Il me semble maintenant qu’un tel poisson présenterait un risque trop élevé. Certains d’entre vous m’ont rencontré dans la vraie vie, mais un robot derrière les courriels et les MPs ? Pourquoi pas ? Alors merci Anne, ou qui que ce soit, vous allez me faire travailler pour le prochain 1er avril. Ça, je ne pardonne pas.

Mais, euh…monsieur le programmeur ? La prochaine fois où vous me créerez dans une autre simulation, peut-être que vous pourrez me laisser garder plus de cheveux dans les photos ? Ce serait super, merci !

Saison 2, Épisode 26 — Quant aux bêtises

Cette semaine, on atteint finalement la Seine-Maritime. Je ne veux rien divulgâcher, mais je crois que ce sera l’un des joyaux du blog. J’ai ma carte, j’ai mes propres photos à moins pour Rouen, et…faut attendre le reste.

Ça me rappelle qu’il y a un souvenir que j’aurais tellement aimé ramener aux États-Unis, mais je n’ai pas arrivé à le trouver en France. C’est une certaine affiche de Rouen. Peu importe, car il n’y a aucune affiche sur mes murs. J’espère que je déménagerai ce printemps (pas loin ; il faut que je reste à moins de 20 km de la maison de mon ex), puis j’aurai finalement le droit de mettre des clous dans mes propres murs. Ce serait merveilleux.

Je vous ai récemment parlé de mon ami qui a des avis plus forts que son expérience mérite quant à au sujet de la cuisine. Hier matin, il m’a réveillé juste pour m’envoyer ce tweet 100 % nul :

Source

Ça dit :

« Faut avouer que je n’ai jamais compris quel est du bien quant à la cuisine française. Je ne peux même pas dire quel est un plat classique français. De l’autre côté, l’italien, je l’adore. C’est si solide et a du goût sans prétention. Très similaire à la cuisine chinoise. Italien >> français à mon avis. »

Ça touche sur un sujet qui me met en colère et non pas seulement en votre nom. Si on échange les places des mots « français » et « chinois », ce propos serait considéré comme du racisme aux États-Unis Je ne sais pas si j’en écrive plus, car c’est un sujet hyper-sensible.

Il y avait au moins une nouvelle heureuse hier :

Encore une fois, les Chargers ont perdu au tout dernier moment. Ça fait chaud au cœur. J’ai payé des billets pendant 17 ans et ils ont remboursé la loyauté en quittant la ville. Si je pourrai rester dans la mémoire

Notre blague traite de la fierté familiale ; la blague n’est pas à moi, mais je peux imaginer que La Fille la dirait dans la vraie vie. Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi Des limites, l’histoire d’une entreprise que entreprend d’abuser la mémoire du 11 septembre, Le clafoutis aux fruits rouges, ma contribution au Clafoutis World Tour de Maman Lyonnaise, et Les brookies, mon dernier effort pour faire plaisir à La Fille.

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Meurtres en Berry

Ce soir, je suis revenu vers la série « Meurtres à », cette fois pour Meurtres en Berry. On connaît déjà la formule, mais cette fois, il y avait quelques changements, et les points forts de la série — la photographie et les légendes locales — restent aussi bons que jamais.

Notre histoire commence en plein sabbat, avec des inconnus déguisés en tant que démons et des squelettes.

Mais le lendemain, on trouve le cadavre d’un homme. Il paraît être un cas de satanistes qui ont tué un sacrifice. Comme je l’appelle, mon quotidien. Naturellement, le procureur — comme tous en France selon cette série — fait appel à un gendarme qui habite loin du crime pour exiger qu’il aide aux policiers locaux moins que brillants.

Voici notre gendarme, Basile. Il habite à Bourges, à 70 km de…je ne suis pas sûr d’où. Mais il habite à 70 km du site du crime, c’est certain.

Il vous choquera — choquera, je vous dis ! — d’apprendre qu’il a une relation malheureuse avec son ex-femme, avec qui il partage le garde de leur fille. Et qu’il s’est échappé d’une enfance malheureuse dans le village où notre histoire se déroule. Je sais, cette histoire n’est jamais apparue sauf qu’à…euh…chaque fois dans la série.

De toute façon, on apprend pendant l’appel qu’il est « hors question » qu’il travaille avec un certain gendarme dit Beaumont. Naturellement, qui mène l’enquête ? Voici Beaumont (le barbu) :

Mais ici, nous trouvons notre premier détournement — les deux enquêteurs ne vont pas finir en couple. Je sais, j’étais choqué, et ne croyais pas que c’était un vrai « Meurtres à ». Mais ne vous inquiétez pas, car notre cher Basile va quand même trouver une relation très inappropriée. On retournera à ça, car nos inspecteurs ont des harengs rouges à poursuivre.

Les « satanistes » sont un groupe d’artistes qui habitent près de « La Mare au Diable », où le meurtre s’est passé. Les gendarmes fouillent dans leur résidence, trouvent une salopette recouverte de sang et mettent un artiste en garde à vue.

Ils rendent aussi visite aux parents du victime. Il s’avère que la Mare au Diable est apparue dans un roman du même nom de George Sand, et le victime était fan.

En cherchant le site du crime, Basile tombe malade et est soigné par un docteur, Solène, qui travaille pour les gendarmes ainsi que gérer son propre cabinet à elle. Je répète : elle travaille pour les gendarmes et est au site du crime. Ce serait donc hyper-peu professionnel si les deux tombaient amoureux, n’est-ce pas ? On connaît donc entre qui la relation de l’épisode va avoir lieu.

Il s’avère aussi que Basile refuse de parler avec sa mère, une « magnétiseuse » qui habite proche du site. (Je ne connaissais pas ce métier.) Il dit qu’elle est charlatane.

Après avoir interrogé les voisins du victime, Basile s’évanouit. C’est Solène qui le trouve, le ramène à sa maison — car c’est proche — puis l’invité à y passer la nuit. Ai-je mentionné que Solène était la maîtresse du victime, et que l’ancienne femme du victime s’est suicidée à cause de l’affaire ? Ah oui, c’est le cas. Elle devrait donc être suspecte, et est du moins témoin — du bon jugement, Basile !

Mais la voisine a donné un indice important à Basile — le victime a acheté un bouquet de fleurs juste avant son trajet vers la Mare au Diable :

Basile y trouve le bouquet, dans très mauvais état, et soupçonne Solène car elle avait un bouquet pareil chez elle.

Mais elle nie tout, alors pas de problème si elle aide Basile à interroger la voisine :

Non, Solène n’est pas tueuse.

Je ne vais plus dire afin de ne pas jouer le divulgâcheur. L’intrigue est effectivement plus compliqué que les autres que j’ai vus, et bien qu’il y ait un deuxième meurtre, et un deuxième tueur, c’est moins prévisible que les autres. Vous allez voir un beau château et de beaux paysages, et Basile a une histoire intéressante, même si les circonstances sont nettement les mêmes que dans Meurtres à Lille.

Personne n’a pas mis de pistolet contre mon front pour me faire regarder « Meurtres à ». Après trois épisodes, je dois avouer que la série est devenue un peu mes films de Noël — toujours les mêmes mais je suis quand même accro. En plus, comme alternative à regarder Stéphane Bern tout le temps, c’est une excellente manière de voir des sites partout en France que l’on ne trouve pas dans des films fait pour les étrangers.

Les brookies

C’est quoi un « brookie » ? C’est un dessert moitié brownie, moitié cookie. La Fille m’avait demandé les derniers cookies de Péla, mais je lui ai dit, « Dis-donc, je veux faire une expérience, car j’ai vu les brookies de Nina Métayer. » Alors, j’ai mélangé la recette de Péla avec ma recette de brownies préférée, et vous savez quoi ? C’était un désastre ; les deux parties ont trop gonflé et j’ai perdu la jolie forme de Mme Métayer — bon, de ses brookies, arrêtez de penser quel que ce soit. Mais je me suis dit : « Moins de levure chimique, et ce sera une réussite ». Et j’avais raison.

Je ne suis pas Nina Métayer ([NON ! Vous plaisantez ! — M. Descarottes]), mais la combinaison est excellente, La Fille est bien contente, et mes brookies ont la même forme que mon inspiration. Allons les faire !

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Ne parlez pas l’anglais comme un américain, 1ère partie

Édité pour ajouter : En ce qui suit, je parle du faible niveau d’anglais aux États-Unis de nos jours. Ce n’est pas une plainte sur ce qui disent les Français en parlant anglais !

Je me demande parfois ce que vous pensez tous quant à au sujet de mes obsessions avec la pureté linguistique. J’imagine que c’est très inhabituel pour un anglophone de refuser l’opportunité d’utiliser des anglicismes. On penserait que ça le rendrait plus à l’aise. En partie, c’est ce que les élèves de religion appellent « le zèle des convertis » — le désir de montrer que l’on fait tous les efforts possibles. Mais il y a un côté plus obscur — pour autant que certains francophones ne veulent pas entendre l’anglais, il n’y a personne qui ne peut pas le supporter plus que moi.

Personne perplexe, Dessin par Nithinan Tatar, TH, CC BY 4.0

Comment ça ? « Justin, vous êtes clairement dingue », vous dites. Mais vous connaissez certainement des gens qui sont les plus grands patriotes au monde quand un étranger critique votre pays, puis le méprisent encore plus eux-mêmes. (Nous ne manquons pas de telles personnes non plus.) C’est la même chose — car les « amateurs » de la sonorité anglaise ne savent pas forcément à quel point la langue de Shakespeare est tombé. (Je sais, toutes les générations disent ça à leur tour. Mais j’ai raison.)

Je ne lance pas une nouvelle catégorie, mais je n’épuisera pas du tout mes pensées sur ce sujet dans un seul billet.

Commençons aux restos. Quand les serveurs vous saluent au début d’un repas, ils disent « Is this your first time here? » (Est-ce ta première visite ici ?) Si on dit « Oui », ils répondent « Then, welcome » (Puis, bienvenue.) Si non, c’est « Then, welcome back » (Puis, content de te revoir). Franchement, pour autant que ça dérange, que l’on ne sait pas vous saluer sans d’abord demander des infos, c’est « Then » (Puis) qui me dérange le plus. Vous voyez que la réponse ne change qu’un mot en anglais. C’est comme parler à un robot avec un organigramme !

« Mais Justin, » vous me dites, pas sans raison, « ce n’est qu’un scénario. Blâmez plutôt les gérants. » Ah, mais il était une fois, on se moquait d’exactement ça. Il y a eu un moment où le premier président Bush a lu les directions écrites à côté de son discours, et a dit « Message: I care » (Message : je m’en soucie). C’était censé être une direction pour comment dire ses mots, pas quelque chose à répéter à haute voix ! Maintenant, nous sommes tous lui, et lui doivent nos excuses. (Ce n’est pas une invitation pour vous plaindre de lui ; ça ne concerne que la langue.)

Mais c’est bien pire que ça. Après vous avoir montré qu’il est un robot, le serveur vous demandera « What can I get started for you? » (Qu’est-ce que je peux commencer pour vous ?) Il y a dix ans, personne ne disait quelque chose d’aussi stupide. Pendant toute ma vie, c’était toujours « What can I get you started with? » (Avec quoi aimeriez-vous tous commencer ?) Les traductions françaises peuvent masquer un peu la nature de ma plainte, alors je la précise : anciennement, le COD de « commencer » était vous le client, et le COI était la nourriture. Les cons les ont inversés ! Ça fait saigner les oreilles. Ma fille n’a jamais connu un monde où les serveurs parlaient anglais, alors elle ne comprend pas à quel point ça me dérange.

Un dernier exemple pour cette fois. Vous donnez votre commande au serveur après avoir lu la carte, puis il répond « That comes with fries. Is that OK ? » (C’est servi avec des frites. Est-ce OK ? » Dans l’anglais de toute ma vie jusqu’à cette dernière décennie, demander « Est-ce OK ? » avait la polarité opposée de « Ça va ? » bien que les deux paraissent dire la même chose. On demandait cette question en s’attendant à un problème. Alors, demander « Is that OK? » en parlant des affaires habituelles, c’est-à-dire que la chose habituelle ne va pas. Si c’est le cas, pourquoi est-ce que vous la faites ?

Les serveurs ne le trouvent pas drôle quand je dis, « Non, mais je le prendra quand même. » Je réponds à exactement la question qu’ils demandent, mais ils ne comprennent pas la langue comme on l’usait pendant leur enfance. (C’est plus précise à dire que personne ne l’aurait demandé à l’époque. La question aurait plutôt été « Qu’est-ce que tu veux avoir avec ? ») Seulement quelqu’un de même âge que ma fille s’habitue à cet usage. Encore une fois, ça fait saigner les oreilles.

Je comprends que le but a changé avec cette dernière question. Le resto peut offrir plusieurs choix mais la gestion préfère que la plupart des clients choisissent la même chose. L’idée est de couper les choix en suggérant au client « la bonne réponse ». Mais c’est un abus de la langue.

La prochaine fois, on va parler de la forme possessive. Aïe, mes oreilles ! Rien que la pensée me fait mal !

Le clafoutis aux fruits rouges

J’ai fait une promesse à Maman Lyonnaise que je participerais à son « Clafoutis World Tour », et voilà, le tour est joué.

Je participe au Clafoutis World Tour 2023 chez Maman Lyonnaise

Voici le mien sur l’assiette :

Haute résolution en cliquant

Allons le préparer, hein ?

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Quant à « quant à »

J’ai un problème. ([« Un » million, peut-être. — Mon ex]) Je tombe amoureux de certaines expressions françaises, et j’arrête donc de chercher des équivalents ou d’autres façons de m’exprimer. C’est souvent le cas que ça arrive parce que je découvre que c’est la bonne traduction de l’un de mes tics en anglais.

Je connais « néanmoins » et « toutefois », mais je n’écris que « cependant » et « pourtant ». Néanmoins sonne assez proche de « à moins » que je l’évite et j’ai toujours peur de confondre toutes les « -fois » : autrefois, quelquefois, parfois, toutefois. Mais en plus, « cependant » a un rythme très proche de « however » en anglais, au moins à mes oreilles, et mon écriture en anglais est bien saupoudrée avec « however ». Alors, je l’adore.

J’ai le même problème avec « quant à ». La traduction habituelle en anglais est « as for », et on utilise les deux pour changer de sujet. C’est court, comme l’anglais, et j’adore la sonorité. Cependant Toutefois, on m’a récemment dit que je l’abusais, que ça donne à certains posts ici l’air de ce que l’on appelle en anglais une « liste de blanchissage ». Mon dictionnaire Oxford me dit qu’il faut plutôt dire « liste interminable ». Mais quels sont mes autres choix ? Je les ai enfin recherchés.

Mon dictionnaire Oxford n’est pas la meilleure source pour des synonymes. On peut seulement chercher des mots individuels, alors si je veux connaître « as for », pas de chance. Mais pour « quant », il m’a quand même offert « pour ce qui est de » et « au sujet de ». Hmmmm. Je ne suis pas sûr que ce soit une amélioration.

Le Robert est plus utile :

Source

Mais ça donne ses propres problèmes. J’aime souvent voir des exemples pour les prépositions, et « côté », « question » et « rapport » sont assez communs en tant que noms qu’il est impossible de rechercher ce sens uniquement. (Ou tout court, franchement.) Dit-on ces choses sans d’autres mots devant eux ? Histoire de ne pas savoir la bonne réponse. (Et cet usage du mot « histoire » est en tête de la liste de la peur en ce moment.)

Peut-être le truc le plus difficile en écrivant est de changer ses habitudes. C’est possible d’écrire des logiciels pour identifier un auteur parce que même les meilleurs ont leurs signatures. Mais…euh…quant à côté le mien (pas « du côté du mien » ?), être trop paresseux pour apprendre des alternatives n’est pas la même chose qu’avoir un style.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler de « jamais ».

Des limites

Jj’ai reçu un courriel hier matin qui m’a mis en colère. Rien à voir avec mon « ami » parisien, je vous rassure. Cette fois, c’était quelque chose 100 % fait maison, un pur produit américain.

Je vous parle parfois de nos bêtises quant aux jours fériés, aux fêtes, etc. Par exemple, le mensonge de Black Friday, les bonbons de Saint-Valentin sortis même avant le Nouvel An, ou les bonbons de Halloween en début août. Mais ça fait des décennies que ces fêtes ne sont que des opportunités commerciales, surtout Vendredi noir, qui n’a jamais eu aucune relation avec la réalité. Mais s’il y a une chose où il ne faut absolument pas en profiter pour vendre des trucs, c’est le 11 septembre. Alors, ce courriel est la pire pub que j’ai vue :

Le sujet dit « De la papeterie patriotique pour ce Jour de Mémoire ».

Crane and Company est la plus vieille papeterie aux États-Unis. Ils étaient là au temps de la Révolution, et c’est seulement leur papier utilisé pour imprimer les dollars. (En fait, en 2015, l’entreprise s’est séparée en deux, alors un client de la papeterie n’est plus un client de l’entreprise qui fabrique le papier pour l’argent.) Cette histoire est la raison pour laquelle j’achète ce dont j’ai besoin chez eux et nulle part ailleurs toute ma vie.

Le courriel continue :

Je saute par-dessus des sentiments guimauves des premières deux phrases, car tout ce qui compte est la dernière : « Montrez votre soutien pour ceux qui étaient affectés avec notre papeterie patriotique en tant que cadeau — voire inscrite avec vos pensées et remerciements. » Le bouton en bas est pour aller sur leur site. Dit autrement : « Achetez des trucs chez nous à cause du 11 septembre. »

Ce blog étant tous publics, je ne peux pas du tout partager ce que j’ai dit en lisant ce courriel. Mais j’ai tout de suite écrit un courriel en réponse pour leur dire que c’est la toute première fois où j’ai vu une entreprise oser profiter de la date. Certaines associations essayent de demander des dons, mais vendre comme si c’est la Saint-Patrick ou le 4 juillet, jamais. Et au cas où il y aurait aucun doute, le courriel voulait me faire savoir que les cartes de Noël sont en promotion, réduites par 10 % :

J’essaye de ne pas écrire des trucs rageux ici. Mais ils ont violé un tabou que même les vendeurs de voitures d’occasion n’ont jamais osé franchir. Ce qui me rend triste, c’est la certitude que l’on est maintenant sur le point où ce jour passera au même sort que la Journée des anciens combattants. Il sera un jour pour vendre des matelas et des voitures (ici, ce sont les vendeurs les moins réputés de produits légaux). Si vous me doutez, sachez que je me suis plainte de ce moment sur tous mes réseaux — et pas un seul de mes con-citoyens ne l’a remarqué.

Saison 2, Épisode 25 — Du chantage avec la chanteuse

Cette semaine, on a continué avec Paris, pas toujours de façon attendue. La ville est certainement connue pour l’attitude de ses habitants et on en a parlé. Mais juste quand j’espérais que monsieur m’avait enfin oublié, il est revenu sous un autre commentaire qui n’avait rien à voir avec lui. Voilà :

Dans un dernier commentaire, il m’a gentiment expliqué qu’il ne m’avait pas insulté car je l’ai tout mérité. Je connais une autre personne qui dit exactement ça. Si elle n’était pas déjà mariée, j’aurais aimé jouer le marieur. (En fait, j’ai essayé de faire ça une fois dans la vie pour quelqu’un d’autre. C’était un désastre.)

Je ne veux rien gâcher, mais mon article sur la Seine-Maritime sera reporté. J’ai parlé avec…disons….une source intéressante, mais ça va prendre du temps. Pendant ce temps-là, je participerai cette semaine au « Clafoutis World Tour » de Maman Lyonnaise. Me demander de faire de la patisserie, c’est à pousser sur une porte ouverte, comme on dit en anglais.

Je viens de remarquer qu’Audrey des Dédexpressions vient d’annoncer un nouvel e-book sur Instagram, disponible chez elle. Bien sûr, si vous avez écouté son interview ici, vous saviez déjà qu’il y avait un livre à venir !

La nouvelle saison de la NFL est commencée hier. Bof, je n’ai plus d’équipe à suivre. Mais ça continue de me faire plaisir :

Les Chargers ont encore une fois perdu au tout dernier moment. Il y a longtemps, je vous ai parlé du néologisme « Chargering » inventé à cause de leur histoire de faire exactement ça. Quand j’étais fan, j’ai dû souffrir pendant des décennies à cause de leurs bêtises. J’espère avoir 16 opportunités de plus pour me moquer d’eux cette année !

Notre blague traite de l’économie. C’est une de mes préférées mais n’aura pas de sens à moins que vous avez suivi des cours d’économie. Mais je vais vous dire quelque chose de complètement vrai à propos de cette blague. La deuxième partie m’est venue de mon ex. Ça, ce n’est pas étonnant. Mais elle l’a écoutée de son prof d’économie à la fac, David Friedman. Et lui, il est le fils du gagnant du Prix Nobel en économie, Milton Friedman. Alors cette blague a un héritage.

Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi La lettre d’amour parisienne, des commentaires pas gentils d’un vrai parisien, La règle de d’Alembert, une autre découverte française dans le domaine des maths, et Soirée de jeux, sur un événement chez l’OCA.

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