Archives mensuelles : septembre 2024

Saison 3, Épisode 29 — Martine en Martinique

Avouez-le, vous ne vous attendiez pas à ce que je garde l’horaire de 3 départements en un mois. Moi non plus.

J’ai eu plusieurs conversations étonnantes à la soirée de tarot samedi. Je ne sais pas si j’en écrirai, mais c’était une soirée pas comme les autres. Je n’ai rien bu — sauf pour une fois très regrettée, je ne bois jamais rien à ces événements — pourtant on a réussi à me faire lâcher deux choses que j’avais gardées secrètes jusqu’à ce point. (Vous connaissez tous l’une des deux, la fameuse « Boulette ».) Et ça ne l’épuise pas !

Vous serez ravis, ou déçus, je ne sais pas lequel, de savoir que vous aurez du mal de vous débarrasser de moi pour au moins une autre année. Je viens de renouveler le domaine :

C’est si cher car je dois payer une agence européenne pour garder le domaine à mon nom. Mais pas comme aux États-Unis, où je suis en concurrence avec un chirurgien (qui travaille à quelques km de chez moi), un avocat, un musicien et un ingénieur pour les droits à mon nom — bon, notre nom — en France, je peux être moi-même. Dans plusieurs sens, vraiment.

Cette nouvelle date déjà d’un peu plus d’une semaine, mais je ne l’ai entendue que vendredi. SI JE L’AVAIS DITE COMME BLAGUE…tout le monde m’aurait dit « Arrêtez, Justin, c’est trop lourd, ça, et vous êtes un obsédé ! » POURTANT, c’est M. Donald Tusk, premier ministre de Pologne, qui a dit, « Si vous voyez des soldats allemands, s’il vous plaît, ne paniquez pas. Ils sont là pour aider. » Ne me croyez pas sur parole.

C’est M. le président Reagan qui a dit « Les 9 mots les plus effrayants dans la langue anglaise sont « Je suis du gouvernement et je suis ici pour aider » ». (Évidemment, je ne peux pas conserver le nombre de mots.) J’imagine que les mots les plus effrayants en polonais sont identiques, mais avec « allemand » après gouvernement. (Ou avant. On parle du polonais, pas du français. Je ne sais pas où ils mettent leurs adjectifs.)

En parlant de blagues, oui, il y en a une sur Martine dans cet épisode.

Je suis ravi de vous montrer les progrès de La Fille en français. Elle a du travail à faire quant aux conjugaisons, mais vous n’aurez aucun problème à comprendre ce qu’elle veut dire :

DQ est Dairy Queen (lien en français canadien), une chaîne de glaciers. Honnêtement, l’erreur m’impressionne — ça montre une connaissance des participes et de l’accord, même si mal utilisés. Au fait, gna-gna.

Notre blague traite de la mémoire. Les Bonnes Nouvelles traitent de la doyenne des vendangeurs. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Bien Entendu, Martine, et Gâté.

Sur le blog, il y a aussi Je suis de retour, le compter rendu par M. Descarottes de son intervention chirurgicale, Mon dîner martiniquais, le colombo de poulet et gratin de bananes, et Le Robinson, le gâteau de ce nom.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Le Robinson

Aujourd’hui, je vous présente mon dessert martiniquais, le Robinson. C’est un gâteau qui mélange une pâte sablée ou brisée, un appareil quatre-quart, et deux saveurs hyper-antillais, la confiture de coco et la confiture de goyave. Celui-ci a l’air maison, mais c’est du travail. Ça dit, mon groupe de tarot l’a a-do-ré !

Haute résolution en cliquant

Allons le préparer !

Lire la suite

Itinéraire d’un enfant gâté

C’était la maîtresse du Chat voyageur qui m’avait conseillé ce film en lisant mon billet de la première moitié du Tour. Elle m’a dit que ce film avait quelque chose à voir avec le Val-d’Oise. J’avais donc planifié de regarder ce film juste après le bon « Je découvre » — oui, la note pour ça a passé 1 1/2 ans dans mon tableur avant que je ne le commande ! Puis La Fille était à la maison cette semaine-là, j’ai raté le moment, et alors nous voilà. C’est loin de la première fois où je planifie quelque chose pour le blog plus d’un an avant de le faire, et pas la dernière que vous allez voir cette année.

Je dois dire après tout ça que ce film ne se déroule pas du tout dans le Val-d’Oise, au moins, pas au-delà de l’aéroport CDG. Mais peut-être que c’est ça que notre amie voulait dire. La semaine prochaine, je vais avoir quelque chose de fou pour vous à cet égard. De toute façon, le film.

Ça fait belle lurette depuis la dernière apparition de Jean-Paul Belmondo ici, Les Tribulations d’un Chinois en Chine en juin 2023. Il me manque horriblement. Mais le Belmondo de ce film est plutôt différent de celui du passé — pas l’acteur tout sérieux de la Nouvelle Vague, mais plus mûr, plus réfléchi que dans Le Guignolo ou L’Homme de Rio. Je n’ai jamais vu un Belmondo exactement comme ceci, qui lui a gagné le César du meilleur acteur de 1989. C’est impressionniste et souvent difficile à suivre, presque deux films différents en première et deuxième moitié.

Au fait, mon disque n’avait des sous-titres qu’en anglais, alors je l’ai regardé sans leur aide. La mort avant l’anglais ici.

Le film commence avec une scène très déroutante, au pied de la colline de la Basilique du Sacré-Cœur, où se trouve un manège (toujours bizarre à mes yeux). Un enfant de trois ans est là, abandonné selon la lettre qui va avec lui :

L’enfant, Sam, se trouve vite au travail, dans un cirque à partir de ses 6 ans. Plusieurs scènes à des âges différents se déroulent en montage, sans mots. Ça donne l’impression d’une vie dure et malchanceuse :

Tout ça s’arrête à l’âge de 20 ans quand il tombe par hasard d’un trapèze et est blessé :

À plusieurs reprises pendant ce montage, on voit le visage d’un Sam beaucoup plus vieux, apparemment sur un bateau au milieu d’un orage :

Il devient clair que nous sommes en train de regarder ses souvenirs. Puis il est avec une femme, Victoria, apparemment sa fille, près des Chutes Victoria :

On quitte Sam pour un autre homme, Albert (dit Al), qui travaille pour une entreprise d’aspirateurs industriels, aussi dit Victoria. Albert laisse sa copine monter sur un aspirateur et se trouve viré :

On voit les bureaux de Victoria. Il est évidemment l’entreprise de Sam, qui n’a pas oublié ses racines dans le cirque :

On apprend enfin pourquoi Sam était dans un orage — il a simulé sa propre mort afin d’échapper à sa vie ennuyeuse, un peu façon « Un Chinois en Chine ». Il lit les nouvelles de sa disparition dans un numéro de Paris Match :

Le bureau accueille une messe en souvenir de lui :

Avec sa nouvelle liberté, Sam achète une fausse identité en tant qu’architecte belge (son manque d’accent belge le trahira plus tard). Il visite Papeete et San Francisco :

Mais en Afrique, Al croise son chemin et le reconnaît tout de suite. Il ne dit rien au début, mais commence à le surveiller :

Belmondo faisait toujours ses propres cascades. Mais vous ne pouvez jamais me payer assez pour rester debout aussi proche d’un vrai lion comme il fait ici :

C’est en ce moment qu’il remarque Al en train de lui prendre en photo. Il détruit le film, mais Al lui montre un journal en preuve qu’il sait la vérité :

C’est ici où le premier film, la partie hyper-artistique et impressionniste, se termine. Maintenant, on se lance dans une autre histoire beaucoup plus typiquement « Belmondo ». Sam décide de revenir en France avec Al, et l’aider de trouver un emploi chez Victoria, beaucoup mieux payé qu’avant, en échange de son aide pour faire certaines farces contre son ancien avocat et son fils, devenu PDG en son absence. Avec les conseils de Sam, Al gagne leur confiance :

Tous les jours, Al a des réunions avec Sam soit en personne soit par téléphone, pour apprendre que faire :

Après un an, Al a suffisamment gagné la confiance de Victoria la fille de Sam que les deux sortent ensemble. Sam exige qu’Al passe par une station-service où, déguisé comme pompiste, il peut voir sa fille. Elle soupçonne que c’est lui :

Plus tard, au dîner, c’est Victoria qui demande Al en mariage. Est-ce que j’hallucinais ?!? Ça arrive souvent dans ce sens en France ? Surtout à l’époque ?!?!?!?

Mais c’est ici où Al fait une erreur. Il fait des appels téléphoniques à Sam pour tout et quand il s’excuse de la table pour un appel, Victoria entend tout, ce qui l’amène enfin à son père.

C’est ici où j’arrête le récit afin de ne pas divulgâcher la fin. Mais c’est une histoire qui est en grande partie une mise à jour du livre de Job. Sam et Al, tous les deux, perdent tout pour des raisons différentes, et se retrouvent restaurés mieux qu’avant, même si pas de façon attendue.

Si je mettais à jour mon classement, ce film se retrouverait à une place entre 50e et 60e. C’est un bon film avec une structure qui le rend un peu difficile à suivre pendant la première moitié, et on doit vraiment se demander si la fin n’est pas un peu trop parfait. Mais n’oubliez pas que ce niveau s’appelait déjà « à revoir autant que possible ». Itinéraire d’un enfant gâté porte ma recommandation.

Mon dîner martiniquais

Il y a des fois où je vois un plat et me dis, « Ça y est ; les recherches sont terminées ». Cette fois, dès que j’ai vu le gratin de bananes, fait avec des plantains, j’ai su. Mais j’ai décidé qu’il m’a fallu avoir un plat principal plus solide, et après la Guadeloupe, il me restait pas mal de poudre à colombo. Alors, voici le colombo de poulet et gratin de bananes :

Haute résolution en cliquant

Sérieusement, la poudre à colombo a réjoint le Panthéon de mes ingrédients préférés. Allons préparer notre dîner martiniquais !

Lire la suite

Je découvre la Martinique

On continue maintenant le Tour avec le 972, la Martinique. C’est le département le trente-cinquième moins peuplé, et les habitants se nomment martiniquais. C’est notre deuxième séjour dans l’Outre-mer.

Comment est-ce que la Martinique est devenue une partie de la France ? Christophe Colomb l’a visitée pour la première fois en 1502 au nom de l’Espagne, et tout comme la Guadeloupe, elle est devenue colonie française à partir de 1635, ce qui a fait fuir les Kalinagos indigènes en 1658. À partir du traité de Whitehall en 1794, la Martinique passe aux mains britanniques, jusqu’à son rattachement définitif à la France après les guerres napoléoniennes.

Comme en Guadeloupe, il y a plus d’endroits ici que ce que je ne peux faire rentrer dans mon format. On va largement sauter le Nord-Ouest de l’île, en partie car c’était difficile de trouver de bonnes photos, en partie à cause de triage. Je vous recommande fortement de consulter le site officiel du Comité de Tourisme.

On commence notre tour à Fort-de-France, la préfecture. Notre premier arrêt est absolument inattendu pour une île tropique — la Bibliothèque Schœlcher (2 étoiles Michelin), construit à Paris en 1887, puis démontée et expédiée en Martinique en 1893. Réputé comme le bâtiment le plus visité de l’île, on la visité pour sa structure des ateliers Eiffel et son mélange de styles architecturaux : égyptien, byzantin, et Art Nouveau. Pas loin, on visite le Marché couvert, le plus grand de l’île, avec tout genre d’épices, de liqueurs, et de souvenirs. Juste au nord de la ville, on trouve le Jardin de Balata (3 étoiles), avec une collection énorme de plantes tropiques et mondiales, situées autour d’une maison créole. Au centre de l’île, on fait de la randonnée sur la Trace des Jésuites (2 étoiles), au milieu de la forêt tropicale, qui offre des vues du volcan Pelée.

On arrive à la côte nord-est de l’île, à Sainte-Marie. Ici, on visite le Musée de la Banane (1 étoile), avec plus de 60 espèces de bananes dans ses jardins. Pas loin, il y a aussi le Musée du Rhum Saint-James (2 étoiles), mais on visitera un autre producteur. À 20 km au sud-est, on visite la Presqu’île de la Caravelle (2 étoiles) et sa Réserve naturelle (3 étoiles), 388 ha de savanes, de mangroves, et de falaises, ainsi que des plages et des hôtels. On continue le long de la côte, jusqu’au François. Là l’Habitation Clément (3 étoiles) nous attend, maison du plus grand producteur de rhum de l’île, avec des meubles du XIXe siècle, des souvenirs de son origine en tant que plantation de canne de sucre. La Baignoire de Joséphine (2 étoiles) fait partie d’une chaîne d’îlets sur la côte, et tire son nom d’une visite de l’impératrice.

Tout au sud-est de l’île, on arrive à Sainte-Anne et la Trace des Caps (3 étoiles), un sentier de 34 km aux bords de la mer qui relie beaucoup des plus belles plages de la Martinique. À l’ouest, l’Anse Figuier (1 étoile) est une autre belle plage qui abrite l’Écomusée de Martinique ; les eaux sont calmes et un bon choix pour faire du snorkeling. On revient vers l’ouest de l’île, toujours sur la côte du sud, pour visiter le Rocher du Diamant (1 étoile), un rocher de 175 mètres de hauteur au milieu de la baie. Notre dernier arrêt est la Savane des Esclaves (1 étoile), un village qui reconstruit la vie quotidienne des esclaves au XVIIIe siècle.

Qui sont les personnages les plus connus de la Martinique ? Karine Jean-Pierre, porte-parole du président Biden, est née à Fort-de-France, ainsi que Ronny Turiaf, champion de basket aux États-Unis, et Frantz Fanon, psychiatre et écrivain qui faisait des excuses pour la violence politique. Aimé Césaire, écrivain et homme politique, est né à Basse-Pointe. Actrice Darling Légitimus, qui dansait avec Joséphine Baker et était grand-mère de Pascal, est née à Carbet. Jacques de Chambly, qui nous a rencontrés au Québec, était gouverneur de la Martinique.

Que manger en Martinique ? Comme j’ai dit en parlant de la Guadeloupe, il est plus logique de parler d’une cuisine antillaise, car ces départements partagent beaucoup. Mais on est quand même loins d’épuiser cette cuisine ! En plats principaux, il y a le blaff de poissons, cuit dans une marinade de jus de citron et épices antillaises ; les dombrés aux crevettes, des boulettes de farine un peu comme les gnocchis ; le gratin de bananes jaunes, des plantains cuits avec du fromage Emmental et de la sauce béchamel ; et le poulet boucané, du poulet fumé dans le but de le conserver. En dessert, on y trouve le Robinson, un gâteau qui mélange une pâte brisée, des confitures, et une génoise ; l’amour caché, un gâteau très similaire au Robinson (la différence est principalement combien du gâteau est recouvert de pâte brisée) ; les beignets de bananes ; et le gâteau à l’ananas, mondialement connu dans sa forme renversée. Pour boire, il y a le ti-punch comme partout aux Antilles, et des rhums venant des 8 distilleries sur l’île.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Du n’importe quoi

C’est en faisant n’importe quoi, qu’on devient n’importe qui

Rémi Gaillard

Peut-être que vous avez remarqué que j’ai une grande faiblesse pour certaines expressions qui expriment un manque d’intérêt pour les détails. N’importe quoi, quel que soit, quoi que ce soit, etc. Malheureusement, c’est loin de dire que je les utilise correctement.

Il y a deux semaines, M. Descarottes a écrit « La règle est « Quel que dise Justin, il a tort ». — M. Descarottes ». La lectrice vanadze17 m’a corrigé que c’était en fait « Quoi que dise ». ([On penserait qu’elle m‘avait corrigé, mais mes fautes sont toutes à lui. — M. Descarottes]). Évidemment, la règle où que et quel deviennent quoi en tant qu’objet s’applique, et je l’ai ratée. Mais j’aurais juré que j’avais vu « quel que ce soit » (mettons de côté la réponse « en tant qu’erreur »), alors tout ça m’a envoyé direction Google.

J’étais ravi à découvrir, grâce au Figaro, qu’en quelque sorte, je ratais mes opportunités de faire tout autre erreur, à cause d’un mot que je ne connaissais pas. Il s’avère qu’il y en a qui écrivent « quoique soit », et ça, c’est complètement faux :

«Quoique je dise, ça ne va pas», «Tu peux nous demander ce que tu veux, quoi que ce soit», «Non pas qu’il y ait à lui reprocher quoique ce soit», écrivait encore ce 14 avril Médiapart. On le voit, les termes homophones «quoique» et «quoi que» sont partout et le couac est très vite arrivé quand il est question de les écrire. Quand faut-il en effet utiliser le premier mot plutôt que le second? Comment éviter l’impair?

«Quoique» ou «Quoi que» : ne faites plus la faute !, par Alice Develey

Il fait chaud au cœur d’apprendre que des écrivains professionnels peuvent faire une telle erreur. Pas à cause d’un désir tordu de les voir gênés, juste que ça veut dire qu’il me reste un peu d’espoir. Mais il faut avouer que je n’ai jamais écrit ça, car je ne savais pas que « quoique » était un couac un mot.

« Le Fig » me dit que c’est-à-dire « bien que » ou « encore que ». Ah, quelle pauvreté de vocabulaire de ma part ! On trouve « bien que » parsemé partout ici, mais jamais l’autre expression, également inconnue pour moi. C’est assez évident que l’on ne devrait pas confondre celles-ci avec quelque chose qui veut dire une collection de chose, mais Le Figaro précise quand même :

Concernant la locution «quoi que» les sages nous précisent qu’il est possible de la reconnaître à l’écrit en la remplaçant par «quelle que soit la chose que» ou «peu importe ce que». Exemple: «Quoi que tu fasses, ça ne va pas», comprenez «quelle que soit la chose que tu fasses, ça ne va pas».

Ici, j’aperçois enfin la source de toute ma perplexité. « Quelle que soit la chose que » est plutôt une grosse bouchée, mais on voit clairement que ça remet notre chose inconnue en position sujet ; dans « quoi que ce soit », « ce » est le sujet, alors notre « quel » redevient « quoi ». J’ai été donc aussi ravi d’apprendre qu’il y en a qui écrivent « quelque soit » ; encore une fois, il me reste un peu d’espoir. Tu quoque, comme disent les vieux anglophones. (C’est du latin pour « toi aussi ».)

Whatevs, comme disent les jeunes anglophones. (C’est la traduction plutôt exacte, si argotique, de « peu importe ».)

Au moins on a tous appris un peu de quoi que ce soit, n’est-ce pas ?

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec la dernière leçon de Dalida.

Je suis de retour

([M. Descarottes va bien, mais il a des choses à dire.])

Bonjour les amis, je vous ai manqué, je le sais ! Ne vous inquiétez pas, malgré le faible niveau de service aux clients chez le gros — c’est pas la FNAC ici — je ne vais nulle part.

Le gros m’a réveillé à 6h45 pour aller chez la vétérinaire. Ce serait hyper-énervant si les cobayes avaient l’habitude de dormir plus de 10 minutes à la fois, mais j’en ai quand même rälé. Quoi, je suis un cobaye qui parle français ! À quoi vous attendiez-vous exactement ?

Honnêtement, je ne me souviens pas trop de la suite. Ils m’ont laissé chez la vet à 7h45. La docteur Kumar est gentille et je la laisse me relever la première fois à chaque fois. Mais cette fois, elle m’a surpris avec une aiguille et après ça, je me suis endormi.

J’étais prêt à rentrer à partir de 15h30, mais c’est exactement le moment où la petite sort du lycée, alors j’ai dû patienter une demi-heure entière avant qu’ils ne me cherchent ! Pensez-vous que les Brockway accepteraient de tels délais ? Moi non plus.

La vet a donné au gros un sac en plastique de quelque chose de dégoûtant, de la nourriture Oxbow Critical Care. C’est grosso modo du foin en poudre qu’il faut mélanger avec de l’eau. À mes yeux, ça ressemble à un « dime bag » de marijuana (littéralement « sac à pièce de 10 centimes », mais en général un sac en plastique, rempli de drogues illégales, qui se vend pour 10 $). Comme j’aurais aimé qu’un policier le contrôle pendant le trajet — ça aurait été marrant !

Cependant — et je veux que vous pensiez désormais aux photos suivantes à chaque fois où le gros cuisine, hihihihi ! — il à dû préparer cette nourriture avec les mêmes ustensiles qu’il utilise pour tout autre chose ! Vous les reconnaîtrez de beaucoup d’autres recettes. En fait, j’insiste sur vous donner ma recette !

Les ingrédients de l’Oxbow Critical Care (1 cobaye) :

  • 1 cuillère à soupe de foin en poudre au goût d’anis
  • 2 cuillères à soupe d’eau froide, filtrée au frigo et non pas le bazar du robinet

Les instructions de l’Oxbow Critical Care :

  1. Dans une tasse utilisée pour tous les gâteaux des êtres humains, ajouter le foin en poudre.
  1. Y ajouter l’eau.
  1. Mélanger le tout avec une cuillère qu’un être humain va aussi mettre dans sa bouche. Laisser le cobaye rire follement.
  1. Verser le tout dans une seringue en plastique. Poursuivre votre cobaye préféré jusqu’à ce que vous soyez bien épuisé. BWAHAHAHAHAHA !

Saison 3, Épisode 28 — Une semaine en Guadeloupe

Je dois commencer avec la meilleure nouvelle du mois. J’ai enfin eu des nouvelles d’une amie qui avait « disparu des radars », comme on dit en anglais. Je comprends complètement avec ce qui s’est passé, mais il y a très peu de monde, n’importe où, qui me rendent plus heureux quand je vois son nom sur Facebook Messenger, alors je suis ravi qu’elle va.

M. Descarottes aura son intervention chirurgicale ce matin. Je suis en plein panique, et ça ne changera pas jusqu’au moment où la vétérinaire me dit qu’il va.

En parlant de panique, j’essaie de ne jamais rien dire de mauvais à propos de ma fille. Mais on est au milieu d’une crise d’adolescence ces derniers jours, un moment où les hormones règnent et tout va pour le pire dans sa tête. C’est normal, je le sais, mais en ce moment, il serait super d’avoir une femme à la maison, car tout ce que j’entends, c’est « tu es mon père, tu ne comprends pas être une fille ». J’ai entendu pire que ça sur ce sujet, mais je la pardonne, car ça vient des hormones et n’est pas un avis bien réfléchi.

Je pardonne moins les influenceuses qui reçoivent des mentions quand j’utilise leurs recettes et ne peuvent même pas me rendre une mention j’aime en retour. C’est loin de la première fois, hélas — les gros comptes sont souvent pas reconnaissants du tout.

Je viens d’apprendre que La Fille et moi — mais largement moi — avions mal traduit une réplique importante pendant les 4 dernières années. Depuis 8 ans déjà, nous citons tous les deux l’Empereur de Star Wars quand l’un d’entre nous réussite à énerver l’autre. En anglais, il soupire « Good » de façon très allongée quand quelque chose lui plaît. Nous avions cru que ça se traduisait « Bon ». On sait maintenant qu’il dit en fait « Bien ».

Je doute que j’écrive un billet entier sur ceci, mais iOS 18 a ruiné mon expérience d’écrire en français. Apparemment, des gens comme moi font du mal à leurs correcteurs (je suis sûr qu’écrire en anglais avec le clavier français gâche leurs statistiques). Ils ont donc créé cette nouvelle bêtise avec un milliard de voyelles inutiles et toutes mal placées, comme en bas :

Et pour aller avec, une saloperie d’apostrophe dans le nouveau clavier français, que je tape à chaque fois où je cherche le « l ». Mais en plus, ce clavier traite désormais tout mot anglais comme mal écrit, alors il ne faut absolument pas l’utiliser en écrivant en anglais, comme je faisais jusqu’ici.

Notre blague traite du temps. Les Bonnes Nouvelles traitent d’une découverte scientifique en Seine-Maritime. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Noix de Coco, D’Accord, et Paradis.

Sur le blog, il y a aussi Mon dîner guadeloupéen, le bokit et le flan coco, Sebastian Marx au Théâtre Raymond Kabbaz, ma soirée pour regarder ledit humoriste, et Voyage dans le temps, ma visite à San Diego pour revisiter le passé.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Voyage dans le temps

J’ai dû passer la journée à San Diego hier, suite à un ultimatum une demande de mes parents de vider mon ancienne chambre. On parlera plus tard sur certaines choses que j’y ai retrouvées. Mais La Fille y est allée avec moi, et pour la remercier, on a fait quelques choses que j’aimerais partager, des souvenirs de mon enfance.

D’abord, le trajet vers San Diego est toujours un cauchemar. Il y a une base militaire à côté de l’autoroute, Camp Pendleton, et malgré le fait qu’il n’y a aucun contrôle le long de ses bords, la vitesse descend à 20 km/h tout au long de cette partie du trajet. Le trafic ayant arrêté plusieurs fois, j’ai eu le temps de le prendre en photo :

Aimeriez-vous avoir un choc ? J’ai trouvé ma carte d’identité du lycée pendant ma 2e année (ça s’appelle « 10th grade » ici). J’avais 14 ans quand cette photo a été pris au début de l’année scolaire ; mon 15e anniversaire suivra 3 mois plus tard. J’avais toujours des cheveux, waaahhhh !

Pour le dîner, on est allés chez Filippi’s Pizza Grotto, la meilleure pizza de San Diego depuis 1950. De nos jours, c’est une chaîne avec une quinzaine de pizzerias (celle en bas ne date « que » de 1990). C’est pas cher, et même si le menu manque d’imagination, c’est un de mes souvenirs préférés.

Voici l’intérieur et la carte :

Sûrement vous voulez voir la pizza :

Je vous ai parlé avant d’Extraordinary Desserts, la meilleure pâtisserie de la Californie du Sud, non pas seulement San Diego. La pâtissière, Karen Krasne, a appris aux côtés de Gaston Lenôtre et Pierre Hermé eux-mêmes, et elle est pleinement à ce niveau. Un de ces quatre, il me faudra faire quelque chose de son livre pour vous. Vous vous demandez pourquoi j’aime les gâteaux compliqués ? Voilà :

On a mangé sur place. La Fille a commandé son gâteau « Truffe Framboise », et moi, j’ai eu le « Viking », un gâteau au chocolat avec des couches de crème brûlée et mousse au chocolat.

Malheureusement, le prix de parking est en flèche là. Anciennement, on pouvait se garer dans la rue. Ça coûtait 1 $/heure. Maintenant, il faut payer un parking, et ça coûte 20 $ pour jusqu’à 2-heures ! Mais avec un trajet de 260 km pour l’aller-retour, je ne voulais pas perdre l’opportunité de faire des choses pour remercier vraiment ma fille, sans qui ce boulot aurait été le pire.

Sebastian Marx au Théâtre Raymond Kabbaz

Ce soir, j’étais à Los Angeles pour quelque chose qui vous aurait surpris si je ne l’avais pas déjà mentionnée dans le gros-titre. Mais je vais quand même vous surprendre en bas. D’abord, mettons tout le monde à jour.

Quand j’ai commencé à apprendre le français en 2020, Facebook m’a suggéré des vidéos d’une humoriste, une certaine Swann Périssé, à partir de celle-ci (je garde des comptes rendus). Mais peu après, le réseau m’a présenté deux comédiens bilingues d’origine anglophone, Sebastian Marx et Paul Taylor. Rappelez que j’ai commencé le 29 mars ; on est seulement à deux mois après le début dans ce souvenir :

Lien à son post

Ceux qui lisent l’anglais me disent, « Justin, ce n’était pas le début ; c’est vous qui l’avez dit. Quelle était la vidéo pas tous publics ? » Ben, voici le bon lien. Honnêtement, il n’y a qu’un moment que je ne voulais pas qu’un fille de 10 ans voie — mais je ne voulais vraiment pas que ça arrive.

En 2021, je l’ai contacté dans l’espoir de voir son spectacle à Paris, mais son dernier spectacle a eu lieu le 18 juillet, et je n’y suis arrivé que le 21. Oups. Des jours plus tard, il m’a gravement déçu, car il est le genre d’expatrié américain qui dirait n’importe quoi sur le pays pour amuser les pires xénophobes. Si vous m’avez lu depuis un peu, vous savez que la chose qu’il ne faut pas mépriser autour de moi, c’est nos efforts pendant la SGM. Je suis prêt à écouter les critiques, mais les appeler inutiles, jamais. À ce point, j’ai arrêté de le suivre, en me disant que c’était quand même le bon temps de ne plus dépendre des bilingues.

Mais si vous avez lu un peu de ce blog, vous savez que je suis un nostalgique du premier rang. Alors quand j’ai entendu parler au spectacle de Philippine Delaire, qu’il passerait par Los Angeles, je l’ai noté sur le calendrier. Cependant, je me suis dit que je n’allais pas y aller tout seul. J’ai donc posté une annonce dans le groupe privé de l’OCA. Aucune réponse.

Il y a un mois, on m’a approché pendant une soirée pour me demander si j’avais déjà acheté un billet. Je lui ai dit non (la vérité), mais elle m’a dit qu’elle et son mari s’intéressait à faire du covoiturage si j’irais. C’était tout ce dont j’avais besoin d’entendre — j’ai tout de suite acheté un billet. Pour info, c’est un couple que je connais depuis deux ans déjà.

On est partis ensemble à 18h pour un spectacle qui a commencé à 20h. C’est comment on fait pour conduire 60 km quand on connaît le trafic californien. On a passé un bon moment en voiture — j’ai plein d’histoires dingues à raconter, et pour ma part, je suis toujours curieux à mieux comprendre pourquoi on quitterait volontairement la France. (Dans ce cas, il n’y a pas de tête empoêlée.)

Le spectacle a eu lieu au Théâtre Raymond Kabbaz, une partie du Lycée français de Los Angeles (les frais sont à couper le souffle). Il se passe que c’est exactement dans le quartier où je vivais, et je connais très bien l’adresse, même si je ne l’ai jamais visité.

Il y avait une petite collation servie avant le spectacle :

L’entrée s’appelle le « Foyer Jodie Foster ». Je la mentionne seulement car c’est l’américaine dont vous me parlez tous le plus dans vos courriels et messages privés. Je vous promets, je sais qu’elle parle français !

Je veux vous donner une meilleure vue du panneau au-dessus :

Voici la salle de spectacle :

Alors, le spectacle lui-même. Je pouvais tout comprendre — M. Marx a grosso modo le même accent que mes parents, tous étant nés au Nord-Est du pays. Il a duré deux heures, et il serait difficile de reconstruire ses blagues. Son humour reste plutôt « bleu » et pour les adultes.

À la fin, j’ai eu une opportunité pour prendre une photo ensemble avec. M. Marx. Je lui ai dit que j’avais appris le français en le regardant. Qu’est-ce qu’il m’a dit en réponse ? « Fallait pas faire ça ! »