J’ai eu un peu de mal à choisir quoi faire pour ce dîner. En Guyane, beaucoup des plats les plus intéressants ont besoin d’ingrédients indisponibles chez moi — l’awara, le sorossi, etc. Puis j’ai découvert qu’en Guyane, on mange certains plats d’origine indonésienne, tirés des immigrés dans leur voisin, le Suriname. Alors, voici le bami et son poulet fricassé :
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Est-ce que ça vous semble facile ? HOHOHO, vous êtes chez Un Coup de Foudre ! Attachez vos ceintures pour une aventure !
Mon dîner guyanais est une chose qui doit commencer « la veille » pour être prêt, alors il faut attendre le lendemain pour cela. À sa place, vu qui vient de me contacter, je vais vous raconter l’histoire de Mehmet.
En 2008, mon ex et moi, toujours mariés à l’époque, sommes partis pour des vacances en Grèce et en Turquie. La Turquie, je la recommande mais peut-être pas maintenant vu le comportement de M. Erdogan. La Grèce… disons que l’un des plus grands plaisirs de ma vie était la découverte qu’en français, « aller se faire voir chez les Grecs » est une insulte. L’un des deux pires patrons de ma vie venait de Grèce, après tout.
Peut-être que vous savez que les turcs sont réputés pour la qualité de leurs tapis. Nous en avons acheté trois, ainsi qu’un petit utilisé pour les chevets. Ce dernier était un cadeau pour ma grand-mère ; après sa mort, je l’ai reprise en souvenir d’elle. Quelqu’une a tous les autres tapis. Ça me convient ; je n’ai rien gardé de cette époque.
Petit tapis pour chevets
Je serais menteur si je vous disais que je me souvenais bien des vendeurs de ce voyage. Mais à partir de 2014, j’ai commencé à recevoir des SMS. J’ai écrit sur la première sur Facebook (prénoms de l’ex et La Fille supprimés) :
Ça dit en partie :
Je viens de recevoir l’appel le plus inattendu de tous les temps. En 2008, mon ex et moi avons fait une croisière en Grèce et en Turquie…Pendant le voyage, nous avons acheté des tapis de plusieurs magasins à Istanbul (à Athènes aussi, mais la version grecque est une copie inférieure).
Qu’est-ce qui disait le SMS ? « Bonjour Justin, je suis Mehmet le vendeur de tapis. Tu en avais acheté un dans mon magasin en Turquie. Je suis dans ta région et aimerais te rendre visite avec notre collection. » Certains détails ont changé depuis ce temps-là. Pour une chose, il ne s’appelle Mehmet à chaque fois. En 2020, il s’appelait Gurkan :
Des mois plus tard, il s’appelait Metin :
Début 2022, il était Mehmet :
Plus tard cette même année, il est devenu Can (peut-être la version courte de Gurkan ?) :
Il m’a contacté 8 fois en 2023, parfois en écrivant son nom comme « Memet », parfois comme « Mehmet ». Hier, j’ai reçu un SMS en tant que ce dernier :
« Bloque-le ! » me disent tous les américains qui en entendent parler. Mais c’est presqu’impossible car il n’utilise jamais deux fois le même numéro téléphonique — pas stupide, celui-ci ! Pour être juste, il envoie aussi des photos de tapis, et elles font envie :
Il ne me dérangerait pas de décorer mon appartement de cette façon. Mais le mec n’aura jamais un centime de ma part ! Pourquoi ?
Parce qu’à chaque fois où il m’écrit, la première chose qu’il fait est de me rappeler que j’y ai fait des achats avec quelqu’une qui me déteste et elle en a tous sauf un ! Je considère ça une partie de ma condamnation, mais à moins que je change de numéro, ces appels et SMS continueront.
Je vous ai mentionné que j’allais envoyer un autre colis en France cette semaine. Je ne m’attendais pas à autant de problèmes. Comme le fondant, c’est une chose où le nombre de répétitions n’a rien à voir avec ma confiance en mes compétences (zéro). Mais ce que vous ne saviez pas, c’est que c’était la suite d’une autre aventure de cartes postales.
Fin septembre, une amie a partagé avec moi cet appel pour des cartes postales :
Vu que l’École Arzmael se trouve en Bretagne, je pensais gravement à leur écrire, « J’ai vu votre appel sur les rézosocios. Non, mais sérieusement. » Vous devriez savoir pourquoi.
Mais étant moi, je me suis dit « Awww, des petits. Je dois faire quelque chose de spécial pour eux ! » Vu que j’ai dû conduire à San Diego, j’ai décidé de passer par Legoland California pour leur acheter une carte.
Sauf que. (Pour continuer notre thème breton.)
Sauf que ça fait une décennie depuis la dernière fois où je suis allé à Legoland, et je ne savais pas que l’hôtel est de nos jours entouré par le même parking payant que le reste du parc. Je suis prêt à beaucoup, mais payer 25 $ juste pour acheter une carte postale ne se compte pas parmi mes bêtises.
Mais une fois dans la région, je me suis dit, « Allez, vous pouvez au moins déjeuner chez Milton’s. » C’est un deli façon new-yorkaise — vous diriez plutôt « restaurant-traiteur » selon mon dictionnaire. Ce genre de resto me manque cruellement dans mon comté tout asiatique-hispanique. (Nous avionsJerry’s Famous Deli. Tout ce que j’ai dit avant s’applique.) Je ne peux trouver un sandwich comme celui-ci nulle part chez moi, du rosbif et du pain de seigle new-yorkais (on dit « rye bread ») :
En rentrant de San Diego, je me suis dit, « Ben, vous allez passer par l’ancienne mission des espagnoles, ça marcherait aussi. » C’était déjà 18h quand j’y suis arrivé, et la mission était déjà fermée. Mais j’espérais qu’il y aurait des boutiques toujours ouvertes dans le quartier. NON. Tout ce qui était ouvert, c’était un resto à côté du chemin de fer.
Déçu, j’ai trouvé une carte postale dans une pharmacie le lendemain. C’est écrit avec mon sens de l’humour typique. Je vous rappelle que je ne connais aucun « Dingo ». Il s’appelle Goofy en VO. Ceux qui ont de bonnes mémoires se souviendront du fait que j’ai joué ce tour au passé.
Mais cette carte, en fait ça fait déjà 10 jours depuis que je l’ai envoyée. Le casse-tête du jour, c’était le colis avec ce cadeau pour mon amie — la même qui m’avait demandé d’envoyer la carte !
J’ai acheté quelques bonbons mexicains pour aller avec, parce que si j’allais dépenser une somme pour envoyer un colis, il devait valoir le coup. On peut les trouver en France, mais ça coûte environ 3x ce que je paye. En revanche, après les frais de livraison et les impôts, c’est moins le cas !
Et c’est les impôts dont j’ai envie de parler. Pour la première fois, l’USPS (notre association à but jamais-lucratif pour employer les plus gros cons du pays — dit autrement, notre Poste) m’a donné des estimations précises des impôts payés par la destinataire. J’ai failli avoir une crise cardiaque.
Puisque vous ne pouvez pas voir les valeurs déclarées, je vous dirai que j’avais dit 5 $ pour les 2 boîtes de bonbons « De la Rosa » (j’ai payé 5,20 $, mais on ne peut pas utiliser les centimes dans le formulaire), 2 $ pour les sucettes « Coronado », et 33 $ pour le crâne en plastique, ce que j’ai payé au ciné. Et pour ça, 23 $ de « frais » ainsi que 20 $ d’impôts ?!?
« Heureusement » pour mon amie, j’ai eu des problèmes avec le site de l’USPS, et ne pouvais pas imprimer le formulaire tout de suite. J’ai mentionné ça à une amie expatriée, et elle m’a dit que tous ses cadeaux renvoyés en Europe ont une valeur déclarée de 20 $. Ayant bien compris ce qu’elle voulait dire, j’ai coupé par 2 mon estimation de la valeur du crâne, et le nouveau total des frais et impôts était 10 $.
Je trouve ça dingue. On est censé avoir le droit d’envoyer 45 € de valeur en cadeau sans impôts selon les règles actuelles. 40 $ de valeur déclarée est en dessous de cette limite. L’idée qu’elle aurait payé plus d’impôts que ce que j’ai payé originalement, c’est fou.
Mais, euh, merci de ne pas cafarder sur moi aux douaniers, d’accord ?
D’habitude, je n’écris qu’une fois par jour, et ce post est, sans vergogne, largement pour rétablir mon horaire. Mais, je ne l’écrirais pas si quelque chose d’hilarant n’était pas arrivé !
Le nouveau robinet
Alors, la grande majorité de mécaniciens et gardiens en Californie du Sud sont des immigrés mexicains (ainsi que les cuisiniers dans les restos rapides, les jardiniers, les nettoyeurs à sec, et certains autres posts). En général, ils n’apprennent que la moindre quantité d’anglais dont ils ont besoin pour interagir avec leurs employeurs et leurs clients. D’où la polémique, mais je n’écris pas pour me lancer dans le sujet. Je le dis juste pour vous expliquer que le mec entré dans mon appartement pour réparer — enfin, remplacer — le robinet a eu trois appels téléphoniques pendant sa visite chez moi, tous en espagnol, tous sur haut-parleur.
Je ne dis jamais aux personnes qui ne le savent pas que je comprends leurs conversations dans d’autres langues. Si elles pensent que c’est la sécurité grâce à l’obscurité, elles méritent tout ce qui leur arrivent. Je ne ferai rien avec cette info, mais ce que j’ai clairement entendu pendant sa conversation avec une femme qui n’était pas évidemment une collègue, c’était (je traduis) :
Ne t’inquiète pas, l’époux n’est pas à la maison.
Époux est la traduction la plus exacte de « esposo », après tout. (Je dirais « mari » s’il avait dit « marido » — voilà, je reste en bonne forme.)
Langue de Molière apparaît un jour à l’avance cette semaine car les saloparesseux (j’invente les meilleurs mots) qui « travaillent » pour mon immeuble m’ont fait un appel vers 14h hier pour me dire que personne n’allait venir chez moi pour réparer le robinet. Pas de cuisine de mon côté en ce moment.
Il y a des semaines, je vous ai écrit une petite ([Pour lui— M. Descarottes]) note sur nos explorations à venir dans les départements d’Outre-mer. Je voulais finir par dire que je ferais le même niveau d’effort là qu’ailleurs. Mais je n’avais qu’une expression dans l’esprit, et pire, en anglais. C’était « to the best of my abilities ». Traduite littéralement, on dirait « au meilleur de mes compétences/capacités ». Mais dès que je l’ai écrit, je me suis dit « J’ai l’impression que c’est trop anglais. Faites plus de recherches, Justin ! »
Et la première chose que j’ai trouvée m’a dit exactement ça. Sur le site d’un logiciel, un correcteur de grammaire, j’ai trouvé les conseils suivants :
Mais c’est quoi LanguageTool ? C’est un logiciel allemanddéveloppé avec des fonds de l’UE (lien en anglais même quand on choisit « français »). Alors, c’est à qui, cette plainte ? Honnêtement, je ne suis pas sûr. Après ce message d’un logiciel, presque tous les résultats de Google viennent soit du Québec soit du gouvernement canadien. Le « Juridictionnaire » du gouvernement canadien la dénonce comme « barbarisme » ! La Vitrine linguistique de l’Office québécois de la langue français dit qu’une autre expression, « au meilleur de ma connaissance », aussi traduite exactement d’un anglicisme, est déconseillé pour cette raison. En revanche, j’ai du mal à trouver une source hexagonale qui dit la même chose.
Il y a des fois, pas souvent, mais des fois quand même, où je jurerais que les québécois étaient prêts à dire « un est déconseillé car trop proche de l’anglais « one ». Dites plutôt « non-pluriel » ou « l’unité moins que deux ». » Je les adore, j’ai adopté pas mal de vocabulaire québécois, mais ça sent un peu obsédé.
De toute façon, j’ai fini par choisir « dans la pleine mesure de mes moyens » exactement comme l’a suggéré LanguageTool. Mais la semaine dernière, comme je fais souvent en mentionnant le prochain sujet de ce billet, j’ai écrit que celui-ci serait « dans la vide mesure de mes moyens », un calembour qui ne fonctionne pas bien à moins que vous connaissiez l’expression anglaise.
Les québécois proposent une expression pour couvrir les deux cas :
Au sens de « de mon mieux »
Pour rendre ce sens, on pourrait substituer à la locution calquée des expressions comme de mon mieux, du mieux que je peux (ou que j’ai pu).
Mais ça me suggère que l’on pourrait remplacer l’adjectif par son contraire, exactement comme ce que j’ai fait — « pire » pour « mieux », et « vide » pour « plein » — exactement comme nos jeux de mots avec ces expressions en anglais, ce que j’ai fait la semaine dernière. Même si ça me semblait moins qu’idéal. Sinon, les québécois ne s’en plaindraient pas autant.
Dans ce cas, j’ai encore une fois du mal à en tirer une leçon. Il me semble qu’il n’y a pas de polémique hexagonale sur cette locution. Et franchement, « du mieux que je peux » me semble aussi un peu proche du sens littéral de l’expression anglaise, juste avec un verbe (peux) à la place d’un nom (capacités). J’éviterai la traduction littérale, car on peut sentir la réaction québécoise depuis chez moi, mais cette fois, j’ai l’impression que c’est moins « barbare » que l’on aimerait me le dire.
Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec des accusations.
J’ai fait une erreur horrible il y a deux jours ; j’ai publié l’article sur Les Craquantes 1 heure trop tôt, complètement par hasard. Je vous ai expliqué il y a longtemps pourquoi je publie juste après 9h du matin en France tous les jours ; il me faudra vite régler cette situation. (C’est le stress de devoir publier avant minuit que je veux éviter.)
Croyez-vous au karma ? Je ne suis ni hindou ni bouddhiste mais je le crains quand même. Hier, quelque chose est arrivée pour mettre en danger mes progrès vers la fin du Tour ce mois-ci — l’échec catastrophique du robinet de ma cuisine. J’ai évité de justesse des crocodiles une inondation. C’est ma récompense pour avoir mentionné que j’ai réussi l’horaire du Tour le mois dernier. Il me faudra des jours pour les réparations (pas par moi ; il me manque les compétences).
Au moins La Fille et moi venons de voir LE MEILLEUR FILM DE TOUS LES TEMPS. Naturellement, je parle de Transformers : le commencement. Je ne le savais pas, mais c’était le film que j’attends depuis mes 7 ans. Désolé Louis, désolé Bourvil, mais c’était PAR-FAIT. Pas d’êtres humains nulle part, enfin les 2 heures sur Cybertron auxquelles j’attendais toute ma vie ! Il sortira en France le 23 octobre.
Avant d’entrer dans la salle, j’ai vu un seau à pop-corn en forme de décoration traditionnelle pour le Jour des morts au Mexique. Je l’ai acheté pour mon amie à Rouen. Je suis extrêmement jaloux du seau. Il va passer le reste de sa vie en France. Au fait, c’était le dernier disponible !
Vous pouvez me croire ou pas, mais je fais mes excuses à chaque colis venant de France pour lui avoir fait passer ses jours en exil.
Le nouveau jeu Zelda est sorti il y a une semaine, mais je ne l’ai pas touché du tout jusqu’à la rentrée de La Fille. En fait, je ne l’ai toujours pas touché, car c’est elle qui a tenu la manette toute cette semaine. Il y avait un puzzle qui allait avec, offert par les magasins de chez Cible — désolé, Target (le logo explique tout — au fait, on prononce souvent le nom de cette chaîne avec un faux accent français). Voilà :
Elle joue à celui-ci en anglais, et franchement, je suis d’accord. Il y a plein de jeux de mots et de références qui comptent sur une connaissance de la série en anglais (par exemple, « Grumble grumble« ). Mais grâce à Julie, j’ai récemment appris que les Loftwings (une sorte d’oiseau géant) s’appellent Célestriers en français, et j’aime ce nom beaucoup mieux ! (Même en anglais, on dit « destrier » pour les chevaux des chevaliers.)
Notre blague traite de tricher. Les Bonnes Nouvelles traitent d’une crèche dans un endroit inattendu. Nos articles sont :
Les gros-titres sont : Pierre, Voyelle, et Iguanes.
Sur le blog, il y a aussi C’est le 1er, version octobre 2024, ma revue mensuelle de mes blogs préférés, Les Craquantes, l’histoire d’une photo et ses autographes, et La polémique WordPress, l’histoire de nouvelles qui vont mettre le bordel dans un mauvais état pour les utilisateurs du logiciel.
Je ne crois pas que j’écrive ce post, mais je viens d’apprendre des choses sur un procès lié à WordPress qui pourrait poser des problèmes au futur pour ses utilisateurs. La plupart de mes sources sont en anglais, mais il s’avère que ce procès est maintenant bien connu parmi la presse francophone (au moins la partie consacrée à la technologie).
Détail de Boxing, from the Games and Sports series (N165) for Old Judge Cigarettes – print, issued by Goodwin & Company, Photo par The Metropolitan Museum of Art, Domaine public
Le contexte, c’est qu’il y a deux entreprises qui s’appellent « WordPress », avec des domaines presqu’identiques, wordpress.org et wordpress.com. La première est une association à but non-lucratif qui gère le logiciel dit WordPress. La deuxième est une entreprise dit « Automattic », un jeu de mots sur le nom de son fondateur, un certain Matt Mullenweg, qui était aussi co-fondateur de l’association. Automattic héberge tous les sites « wordpress.com », dont celui-ci, mais n’est pas le seul hébergeur disponible. En revanche, elle a une relation unique avec l’association, ayant le seul droit d’utiliser les marques et logos de WordPress sans limites. Pourtant, le changement pour renommer son appli « Jetpack » est venu du fait que même là, l’entreprise n’est pas censée se représenter comme le seul fournisseur du logiciel.
Le problème, c’est que l’autre grand spécialiste en hébergement de sites de WordPress, une entreprise dite « WP Engine » n’a jamais rien contribué au développement du logiciel WordPress. (Plus précisément, la quantité d’effort est minuscule par rapport à celle d’Automattic.) Mais le problème avec cela, c’est que WP Engine n’est pas obligé de contribuer au développement du logiciel. C’est « open source » (lien en français) ; c’est-à-dire que le logiciel n’est pas payant en soi, et n’importe qui peut le copier et l’utiliser à nouveau.
Selon le site Développez, ainsi que The Verge et Ars Technica (deux derniers en anglais), M. Mullenweg a exigé que WP Engine commence à payer 8 % des revenus à Automattic pour le droit d’utiliser le nom WordPress ainsi que le logo. WP Engine a dit « non », alors WordPress.org — l’association à but non-lucratif — a répondu par désactiver son droit d’accéder aux serveurs de l’association pour obtenir des mises à jour. WP Engine a lancé un procès contre Automattic, et de son tour, Automattic vient de faire démissionner 8 % de ses employés, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec ses décisions.
Il y a un dicton parmi les avocats anglophones, et j’imagine que les francophones ont quelque chose de similaire : « Une partie qui se représente a une folle pour cliente ». On pourrait dire que c’est un dicton intéressé, car les avocats ne gagnent pas d’argent dans ce cas. Mais il y a de bonnes raisons en plus, et numéro un — je vous dis ça en tant que fils d’un avocat ainsi que quelqu’un qui a survécu deux procès avec mon ex — c’est que quoi que l’on dise peut être utilisé devant le tribunal. Ce qui dit son avocat, pas autant. Apparemment, personne n’a dit ça à M. Mullenweg.
Il participe à un fil sur le site Hacker News (en anglais) pour discuter le procès. Là, pendant les 3 derniers jours, il mentionne tout genre de conversation qu’il a eu avec des employés de WP Engine, dont Heather Brunner, la PDG de l’entreprise, qui il a essayé d’embaucher pour WordPress.org. Ça apparaîtra dans les documents rendus au juge, je vous rassure, mais présenter son côté en public comme ça, ça mettra de l’eau aux bouches des avocats de WP Engine !
On dirait que ces affaires n’impliquent pas directement les utilisateurs de WordPress.com, moi et vous tous. Mais si vous avez aimé le niveau de service aux clients jusqu’à ce point (il le dit avec un maximum de sarcasme), ça ne va pas s’améliorer avec 8 % des employés de moins. On va payer les frais des avocats pour ceci, et les revenus pour ça chez Automattic viennent des cotisations de sites comme celui-ci (je paye 96 $/année pour le plan « Premium »). Il n’est pas difficile à imaginer comment ça affectera les frais d’Automattic à l’avenir.
Je suis plus sympathique aux plaintes d’Automattic que vous ne le pensez. Ils font la grande majorité des travaux sur le logiciel open source. J’utilise tout genre de tel logiciel dans mon quotidien, et je comprends l’investissement. Mais cette histoire de 8 % des revenus d’un utilisateur, ça n’ira nulle part dans un tribunal américain, et il m’étonne qu’ils aient choisi ce chemin au début.
Aujourd’hui, j’ai quelque chose de complètement inattendu pour vous tous. Les deux lecteurs qui ont moins de 30 ans, vous n’aurez aucune idée de quoi je parle. Le reste d’entre vous vont me prendre pour un américain — non, encore plus que d’hab. Mais en vidant ma chambre chez mes parents récemment, j’ai trouvé quelque chose que j’avais égaré il y a des décennies.
Pendant les années 80, au-delà des Transformers et GI Joe, mon émission préférée à la télé était The Golden Girls, connue dans les pays francophones sous les noms Les Craquantes ou Carré de dames. À quel point c’était connu, je ne sais pas. J’ai horriblement du mal à trouver des clips en français, ce qui me dit que ce n’était pas la réussite énorme en France que c’était aux États-Unis. Et ça me rend perplexe, car les Français connaissent souvent des échecs aux États-Unis dont je ne m’en souviens pas du tout, comme Tonnerre mécanique ou Manimal. (On parle ici d’une émission qui a duré pendant 7 ans contre deux annulées pendant leur première année.)
Comment est-il arrivé qu’un garçon de 9 ans aimait une émission sur 3 dames âgées de 60 ans et une autre de 80 ans autant qu’une série sur des robots géants ? On parle de 4 actrices comiques de la télé qui étaient toutes bien-aimées du public avant le début de la série. Je ne les connaissais pas du tout de leurs séries des années 70, mais l’humour marchait d’une façon que même moi, je pouvais le comprendre.
Par exemple, une fois, les quatre sont dans un resto italien quand elles se rendent compte que les prix sont beaucoup plus chers qu’attendus. La plus vieille, Sophia, dit « Ne vous inquiétez pas, j’ai un vieux tour sicilien pour éviter les factures. » Elle verse du sel dans son vin puis appelle le serveur et commence à le gronder : « Dites-donc, est-on censé enlever les chaussettes avant d’écraser les raisins ? » Elles finissent par recevoir le dîner gratuitement !
Alors, pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? J’ai un cousin, Steven Haft, qui travaillait en tant que producteur chez Disney à l’époque. Peut-être que vous avez entendu parler d’un film qu’il a produit avec un humoriste, un certain Robin Williams, Le cercle des poètes disparus ? (À ne pas oublier, les producteurs ne sont pas les réalisateurs, mais plutôt des hommes d’affaires.) Deux de ses associés sur le film étaient Paul Witt et Tony Thomas, aussi des producteurs des Craquantes. Alors un beau jour en 1988, cette photo avec les autographes des stars est arrivée chez moi :
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Mais ne me croyez pas complètement sur parole. Avec la photo, il y avait une lettre, adressée à mon père :
Je la traduis pour vous :
1er novembre, 1988
Bonjour Michael,
Diane (ma mère) me dit que les garçons sont de grands fans des « Craquantes ».
J’ai demandé à Paul Witt et Tony Thomas, mes amis qui produisent l’émission, obtenir ces photos signées personnellement.
J’espère qu’ils en profiteront.
Bisous à la famille, Steven
La papeterie dit « The Dead Poets Society » en bas, le titre en VO du film que j’ai mentionné avant. Quand on a un tel tube, on veut que tout le monde le sache !
Mon cousin et moi ne parlent que très rarement — il est de même âge que mes parents et habite sur la Côte Est. La relation est plutôt distante — on parle d’un cousin au troisième degré — mais oui, on se connaît. Peut-être qu’une autre fois, je vous raconterai plus d’histoires sur lui, car il est intéressant. Mais vu que j’ai enfin trouvé cette photo, j’ai dû la partager !
On continue maintenant le Tour avec le 973, la Guyane. C’est le département le vingt-quatrième moins peuplé, et les habitants se nomment guyanais. C’est notre troisième séjour dans l’Outre-mer.
Comment est-ce que la Guyane est devenue une partie de la France ? L’histoire française trace ses origines jusqu’en 1503, mais la colonie n’a aucune importance jusqu’à la fondation de Cayenne en 1643. Pas comme les îles antillaises françaises, la Guyane n’a jamais séparé du pays depuis ce temps-là. Elle devient un département pour la première fois en 1797, puis colonie pénale, et est devenu définitivement département depuis la fin de la SGM.
Avant de continuer, il n’y a pas d’étoiles Michelin mentionnées dans cet article. Ce n’est pas du tout un commentaire sur la qualité de la Guyane — le Guide vert ne la visite pas. Michelin est une entreprise privée et a le droit de ne pas publier sur n’importe quel lieu s’ils ne veulent pas dépenser l’argent. Mais vu leur excellent travail sur les îles antillaises, je ne peux pas comprendre ce choix. Cet article ne pourrait pas exister sans le site du Comité du Tourisme. Pour ce que ça vaut, notre tour se concentre largement sur la côte, un choix nécessité par la disponibilité de photos.
On commence notre tour de la Guyane à la préfecture, Cayenne. Notre premier arrêt est le Musée Alexandre-Franconie, consacré aux cultures guyanaises. Les collections comprennent des objets historiques, des tableaux qui appartenaient au sénateur Victor Schœlcher (qui nous avons rencontré en Martinique), et de l’histoire naturelle. La Cathédrale Saint-Sauveur — c’est Un Coup de Foudre, il va y avoir une église dans chaque département — à été originalement construite dans les années 1820, mais le bâtiment moderne date d’un siècle plus tard, avec une orgue qui vient du Jura. Il faut visiter le Marché des fruits et légumes, le plus grand du département, pour des fruits cultivés nulle part ailleurs en France, tels que la grenadille (dite maracuja là-bas). Le Jardin botanique abrite, sur 3 hectares, des orchidées, des plantes carnivores, et la Maison de la vanille, une collection de nombreuses espèces de cette plante. Mais attention aux caïmans !
Musée Alexandre-Franconie, Photo par Ayshka Sene, Sophie Fuggle, Claire Reddleman, CC BY 4.0, Cathédrale Saint-Sauveur, Photo par Don-vip, CC BY-SA 4.0, Marché de Cayenne, Photo par Lechatsylvestre, CC BY-SA 4.0, Jardin botanique, Photo par Didwin973, CC BY-SA 3.0
Au sud-est de Cayenne, on visite les Marais de Kaw à Régina, réserve naturelle pleine de faune telle que les caïmans, les iguanes, et les jacanas noirs, ainsi que de flore comme les jacinthes d’eau et des nénuphars. Puis on revient vers la côte pour visiter le Fort Diamant, les ruines d’un fort stratégique du milieu du XIXe siècle. Les plages de Rémire-Montjoly sont un bon endroit pour chercher les tortues du département. Juste à l’ouest de Cayenne, à Kourou, on passe par les Îles du Salut, trois îlots volcaniques à 11 km de la côte. L’île Royale abrite l’ancien bagne.
Aux alentours de Kourou, on visite le Centre spatial guyanais (CSG), la base de lancement de l’Agence spatiale européenne. En plus des lancements, on peut y visiter le Musée de l’Espace, avec des expositions sur les satellites et les opérationnels du CSG. Puis, on conduit presque 200 km à l’ouest à la ville de Saint-Laurent du Maroni. Ici on visite le Camp de la Transportation, ancien bagne originalement planifié pour les « ecclésiastiques non sermentés » pendant la Révolution, mais pas mis en service que jusqu’au temps de Louis Napoléon. On suit le fleuve Maroni vers l’intérieur, d’abord à Papaichton pour visiter les Abattis Cottica, de nombreux îlets au milieu du fleuve, entourés par des « arbres dépassant les 60 mètres de haut ». On finit au milieu du Parc amazonien, à Maripa-soula, une petite ville dans ce grand parc régional, qui nous permet la rencontre de nombreuses cultures — amérindiennes, brésiliennes, et surinamese, parmi d’autres.
Centre spatial guyanais, Photo par Don-vip, CC BY-SA 4.0, Camp de La Transportation, Photo par Psu973, CC BY-SA 3.0, Abattis Cottica, Photo par Bryves, CC BY-SA 4.0, Fleuve Maroni près de Maripasoula, Photo par Maurizio Alì, CC BY-SA 4.0
Qui sont les personnages les plus connus de la Guyane ? Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, est née à Cayenne, ainsi qu’Henri Salvador, musicien, Kevin Séraphin, joueur de basket, et Marc Barrat, réalisateur de 3 téléfilms de la série « Meurtres à ». Tariq Abdul-Wahad, né Olivier Saint-Jean, joueur de basket, est né à Maisons-Alfort. Alicia Aylies, 87e Miss France, a été d’abord élue Miss Guyane (mais est née en Martinique).
Que manger en Guyane ? Heureusement pour moi, le piment de Cayenne est en fait du Mexique, et la ville de Cayenne tire son nom d’une « caïenne », un genre de réchaud sur les bateaux. Alors que l’on y trouve des plats créoles des Antilles, la Guyane met en vedette de la cuisine amérindienne, souvent à base de manioc, et la cuisine bushinenguée, du Suriname, où on mange plein de légumes inconnus en Europe, tels que le sorossi et les feuilles de dachine (les racines sont connues chez moi sous le nom de taro). Il y a donc un colombo guyanais, comme notre dîner martiniquais, mais aussi le bami, des pâtes à la sauce soja importées par des immigrés indonésiens dans le Suriname, et le nassi, du riz cuit de même façon. Je ne ferai pas le fricassé d’iguane, peu importe vos demandes. En dessert, il y a les dizé milés, des beignets fourrés de « crène impériale » et les catalinas ou cucas, une pâtisserie à base de noix de coco et de farine de blé. Pour boire, il y a le rhum guyanais, dit tafia, ainsi que de nombreux jus à base des fruits locaux.
Hier, j’ai subi une dévitalisation pour la première — et j’espère la dernière — fois de ma vie. C’est une bonne chose que je n’ai pas dépensé le prix d’un billet d’avion pour voir Indochine, car entre ça et la couronne qui l’a suivi… l’argent pour une telle visite n’est plus là. Je ne suis pas dans le bon état pour finir mon billet sur la Guyane, et j’ai toujours du maaaaal à la joue et à la dent où la roulette a été passée, alors à cause du mauvais jugement qui va avec la douleur, j’écrirai sur mes regrets venant de la dernière soirée de tarot.
Caïn venant de tuer son frère Abel, de Henri Vidal, Jardins des Tuileries à Paris, France, Photo par Alex E. Proimos, CC BY 2.0
Pour être clair, je crois que je n’ai pas « brûlé mes ponts » comme on dit en anglais (c’est-à-dire mettre un terme à ses relations avec d’autres personnes, en général de façon dramatique). Mais si j’ai raison, c’est dû à ma différence culturelle préférée, que les Français sont beaucoup plus capables de vivre une différence d’avis. Je n’aurais jamais dit soit une chose soit l’autre en anglais à un groupe d’américains, surtout de californiens.
Je vous ai dit que vous connaissiez déjà l’un des deux secrets que je ne voulais pas révéler à ce groupe. Ce n’est pas la pire chose, c’est juste que je sais que personne au sein de l’OCA ne lit ce blog, alors je peux raconter mes mauvaises expériences ici, et je ne les mentionne jamais aux autres membres. Je parle en ce cas de « La Boulette ». J’espère que la raison sera assez évidente — je n’ai pas besoin de cafarder sur moi-même dans un groupe de connaissances en commun. Mais à l’instant, il me semblait que je n’avais pas de choix. J’explique.
Il y a très peu de personnes célibataires qui font partie de l’OCA. Soit on fait partie d’une jeune famille qui veut grandir ses enfants à l’étranger, soit on fait partie d’un vieux couple marié qui voulait prendre sa retraite ici. (Je ne vois surtout pas la logique de ce dernier groupe — les prix sont chers et la nourriture… — mais ça fait la plupart de mes connaissances.) Évidemment, des choses arrivent dans la vie — on divorce, quelqu’un meurt d’une maladie inattendue, etc. — mais en général, les gens qui sont là sont venus en couple.
Si j’ai tiré une leçon de La Boulette, c’était « défense de pécher dans cet étang ». J’ai rejoint l’OCA pour pratiquer la langue, et si j’offense qui que ce soit, je perdrai mon seul moyen d’interagir avec des natifs. Je sais que je n’ai même rien fait à cet égard, mais je dois rester au-dessus de tout soupçon. En revanche, en quelque sorte, tout le monde pense que c’était ma raison pour apprendre la langue ! Vous n’avez aucune idée de combien de monde m’ont demandé si c’était mon but. C’est souvent la deuxième ou troisième question que je reçois quand je raconte mon parcours à une nouvelle connaissance !
Dans ce cas, c’était un homme du groupe de tarot qui l’a évoqué. Devant une femme célibataire d’environ le même âge (je crois ; je ne demande jamais cette info !), pendant notre pause pour le dessert, il a suggéré que nous devions sortir ensemble parce que, et je le cite, « Pourquoi pas ? ».
Et oui, c’est assez logique ! On partage le tarot comme intérêt en commun, on se connaît depuis des années, elle ne coupe jamais mes desserts comme s’ils sont faits à base de choux de Bruxelles. C’est mieux que rien. Mais sans même un moment pour réfléchir, j’ai lancé « Jamais avec un membre de l’OCA ! » Puis j’ai expliqué que j’ai déjà évité le groupe de cinéphiles pendant six mois, car sur un malentendu, ça n’a pas du tout marché. (Je ne suis pas assez malin pour avoir dit ça au bon moment.) Au moins, je n’ai pas rendu le nom.
Je ne dis pas que j’allais faire autrement, mais j’imagine que ça n’aura rien fait du bien au cas où je changerais d’avis dans l’avenir.
L’autre chose, c’était que l’on s’est lancés dans une conversation sur la présidentielle de novembre. Je ne dirais jamais rien à d’autres américains sur le sujet. Mais dans ce groupe, j’ai partagé certaines des mêmes choses que vous avez entendues ici, mais encore plus fortement. Je n’ai pas envie de lancer dans une polémique ici, mais je vous préviens souvent que la bataille politique aux États-Unis est loin d’être le combat entre les bons et les méchants. Je n’oserais même pas dire autant en anglais.
Je dois vraiment me féliciter pour tout ça. Dans le cours d’une seule soirée, j’ai réussi à ouvrir la bouche sur deux choses dont j’essaye de les éviter à tout prix. Sans même avoir rien bu !