Archives mensuelles : août 2025

Les télé-arnaqueurs

Je ne sais pas vous, mais moi, les téléphones me manquent. Les vrais, avec des fils, et plus important, qui apportaient de temps en temps de véritables appels. De nos jours, si je reçois un appel qui vient d’un numéro inconnu, c’est une arnaque chaque fois. Mais pendant les 6 dernières semaines, une arnaque très particulière m’appelle tous les jours, du lundi au vendredi. Et en quelque sorte, ça touche presque tout le monde aux États-Unis, sans que les autorités essaient de l’arrêter.

Non, ce n’est pas (encore) une plainte sur le gouvernement ou même Amazon. Je suis complètement sérieux. Et je vous promets un sacré rebondissement !

Les appels sont toujours pour un prêt bancaire que je n’ai jamais demande, pour une entreprise dont je ne suis pas le propriétaire, auprès d’une banque qui n’existe pas. À part ça, tout passe crème. Voici un message vocal typique :

Capture d'écran du texte du message

L’essentiel dit :

Bonjour, ici Vanessa de la succursale de la Côte Ouest de la Banque de petites entreprises. J’essaie de contacter soit toi soit quelqu’un dans ton équipe financière depuis des jours. J’ai laissé un message vocal et même un texto en milieu de la semaine dernière, mais je n’ai pas réussi à te joindre… J’examine ta demande et elle est sur le point d’être approuvée… (beaucoup de n’importe quoi sur comment la contacter)

« Elle » vient de la Côte Ouest, hein ? Voici un échantillon des numéros desquels je reçois ce message :

Collage de 5 captures d'écran des numéros de téléphone

Le tout dernier, reçu hier, est en fait d’une ville californienne. Mais les 4 autres ici utilisent de (faux) numéros de soit le New Jersey soit le New York.

Personne n’est perplexe sur le caractère de ces messages, mais ils sont partout. Et il s’avère que la vérité, c’est que les arnaqueurs sont mes voisins. Je ne veux pas dire « dans le même pays », ou « dans le même état ». Il s’agit d’une entreprise dont je peux marcher à son bureau.

Sur le site Reddit, on peut facilement découvrir de nombreuses plaintes avec des captures d’écran identiques à la mienne. Voici un lien. Mais à ce lien, on découvre ce qui arrive quand on répond :

Commentaire sur Reddit qui parle des efforts de son auteur pour découvrir la source des appels

Ce monsieur dit que quand il a appelé le numéro, il est tombé sur le répondeur d’une entreprise nommée « Better Rise Capital », à Irvine. La voilà sur Google Maps :

Carte d'Irvine avec l'adresse de Better Rise Capital épinglée

Je ne veux pas donner mon adresse exacte sur le blog, mais disons que c’est à moins de 2 km de chez moi !

En juillet, un journal dans le New Jersey, Asbury Park Press, a publié un article sur exactement cette arnaque, sans découvrir sa source irvinoise. C’était plein d’astuces inutiles venant de la FCC, l’agence du gouvernement fédéral responsable de garder contre exactement ce genre de fraude. Par exemple, « ne partage pas de données personnelles », et « n’oublie pas de t’inscrire à la liste « Do Not Call » du gouvernement » — les publicitaires légitimes ne sont pas censés faire des appels aux numéros sur la liste. Comme si les arnaqueurs se soucient d’une telle chose !

Mais une astuce est spéciale : « Ne réponds pas aux appels provenant de numéros inconnus. » Ah oui, c’est grâce à exactement ça que les appels téléphoniques sont devenus complètement inutiles — quand je reçois des appels des bénévoles au lycée de La Fille, ou des cabinets médicaux, ils vont directement sur mon répondeur, car mon portable ne sonne même plus !

Cependant, il y a un bienfait inattendu. Juste au début de cette arnaque en juillet, j’ai entendu parler d’un site du gouvernement français, Vivre Avec La Chaleur. Parmi ses bonnes idées — désormais supprimée, car incroyable ! — on trouvait l’astuce de louer un logement dans un endroit moins chaud. Je ne plaisante même pas :

Capture d'écran qui dit en partie « Si vos moyens financiers le permettent, louez pendant quelques jours un logement mieux isolé de la chaleur quelques jours. »
Capture d’écran par Emma Ducros

Quand j’ai vu cette astuce, j’étais un peu étonné. Mais maintenant, je vois que c’est rassurant au cas où je réussirais à déménager : nos deux gouvernements ont la même idée pour résoudre des problèmes. Vous avez payé soit votre numéro de téléphone soit votre logement et avez des problèmes ? Ne les utilisez plus !

Que ferions-nous sans fonctionnaires pour avoir des idées de génie ?

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Une de ces choses n’est pas comme les autres

Notre gros titre pour Langue de Molière vient d’une chanson de Sesame Street, l’émission pour enfants qui a donné lieu à L’île aux enfants après son propre échec en France. Voici un clip :

Même si vous ne pouvez pas comprendre les paroles, la signification du titre est tout de suite évidente juste en voyant l’image. La chanson invite le spectateur à deviner quelle chose à l’écran n’est pas comme les autres.

C’était ça le cas en écrivant sur les nombreuses personnes qui m’ont envoyé des cadeaux dans mon livre. J’ai écrit :

Plus tard, j’ai fait la connaissance de toute une communauté de blogueurs et blogueuses littéraires.

Avant mon retour en France, l’une d’entre eux, Audrey, connaissant ma passion pour le Devoir deMémoire, m’a envoyé un livre intitulé D-Day : Histoires mémorables du Débarquement et de la Bataille de Normandie (Pattier et Chaunu, 2019). 

Vous connaissez tous l’Audrey en question, Light&Smell. Mais c’est l’expression en caractères gras et italiques qui est notre sujet du jour. Le problème est assez clair. Je parle d’un groupe mixte, des blogueurs littéraires — mais si nous sommes honnêtes, il s’agit presque entièrement de blogueuses — et la règle typique est que pour un groupe mixte, on utilise la forme masculine, « eux ». S’il s’agissait uniquement de femmes, on écrirait plutôt « elles ».

Mais ce qui rendait la situation encore plus complexe à mes yeux, c’était que j’allais suivre cette expression par un prénom féminin. L’anglais n’a rien à dire ici, parce que l’expression équivalente n’utilise aucun genre. Alors ce n’était pas ma langue maternelle qui me mettait mal à l’aise pour écrire « l’un d’entre eux, Audrey ». Toutefois, je serais menteur si je vous disais que j’avais une source pour mon choix à l’époque.

C’était Filimages qui a relu ce chapitre pour moi. Il m’a écrit :

Ça fait bizarre de mélanger les genres dans cette expression.
l’un d’entre eux
ou
l’une d’entre elles
Ici, j’avoue que je doute ! Il va falloir l’avis d’un vrai linguiste…

Et pour être clair, il a bien raison ! J’avoue sans gêne que je n’avais aucune idée de si je pouvais justifier ce choix. Cependant, en faisant mes corrections, j’ai recherché l’expression sur Google, afin de voir s’il y avait d’autres personnes qui écrivaient la même chose. Et ça m’a amené au Figaro :

Gros-titre : « Des avocats dénoncent la verbalisation de l'une d'entre eux devant le tribunal de Paris »

Pour vous donner plus de contexte, voici la partie qui décrit la verbalisation d’une avocate :

Des avocats ont dénoncé la verbalisation samedi 23 mai pour non-respect de l’interdiction de rassemblement de plus de dix personnes de leur consoeur Me Hanna Rajbenbach et de quinze autres personnes, selon elle des proches de ses clients, devant le Tribunal judiciaire de Paris.

Le Figaro

Quel souvenir sympa du Confinement ! Mais on peut clairement voir que le « eux » fait référence à la communauté d’avocats, un groupe mixte. Et en ce qui concerne la grammaire, je considère qu’un exemple venant soit du Figaro, soit du Monde, soit du Canard suffit pour me convaincre. Évidemment, un seul exemple peut toujours être une erreur — raison pour laquelle une blague linguistique sur les données va comme ça : « Un exemple fait une exception. Deux exemples font une règle. » Et je pouvais trouver des exemples venant de partout : Louvre Lens, Le Parisien, BFM, La Croix.

J’ai dit à Filimages, et il reste le cas, que j’avais du mal à trouver une source faisant autorité sur le sujet. C’était beaucoup plus facile de trouver des polémiques — des posts sur des forums, ainsi qu’un argument par une militante (auto-décrite) pour « les accords au choix » — mais aucun avis de l’Académie française ou de Projet Voltaire. Et dans un tel cas, j’évite d’exprimer des avis moi-même. Évidemment, j’ai trouvé cette forme assez logique, mais même s’il y a une diversité de pensées parmi mes exemples en haut, ce genre d’accord est loin d’être accepté partout. Ma règle personnelle reste de ne pas prendre parti sur des questions culturelles sensibles, et peut-être que ça veut dire que j’aurais dû choisir « l’un d’entre eux », mais sachez que ce n’est pas une simple faute de ma part — j’ai réfléchi très sérieusement au sujet avant de prendre une décision.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour considérer « se considérer ».

L’algolangage

Ce n’est pas Langue de Molière pour cette semaine, mais il s’agit d’une question de traduction en français, posé par des conversations entre moi et La Fille ces derniers mois.

Notre histoire commence avec le film le plus marrant de l’année, Minecraft, le film. Nous l’avons regardé ensemble à sa sortie, mais en anglais, alors il y avait très peu à dire à l’époque. Cependant, depuis ce temps, contre tout attente, c’est moi l’obsédé, pas ma fille. Car ce film présente (puis tue) mon personnage préféré de presque n’importe quelle comédie, le général Chungus :

Source, CC BY-SA 3.0

Avant de continuer, il faut ajouter que ce film était aussi détesté en France par le public que par les critiques, alors qu’aux États-Unis, c’était un échec critique mais une réussite auprès du public. En le regardant, il m’était évident que ce serait le cas, parce que tous mes moments préférés sont intraduisibles, comptant non seulement sur l’argot anglais, mais l’argot de la génération de La Fille. Je ne le connais que très peu, d’où les fous rires pour moi, ce qui était hyper-gênant pour La Fille.

Alors, le général Chungus. Il ressemble à un sanglier bipède, et quand nous le rencontrons pour la première fois, ses bruits son effrayants. Puis il commence à parler, et la voix est 100 % surfeur californien des années 80, complètement décontractée et sans menace. Mais les mots sont tout autre chose ; ce sont de l’anglais, mais un anglais que je ne connais pas. C’est de « l’algolangage ».

Le Figaro l’explique :

Pour contourner la modération sur certains mots ou sujets tabous, les utilisateurs du réseau social chinois construisent une nouvelle façon de communiquer.

Un émoji «tournesol» pour parler de la guerre en Ukraine ou «dépression» écrit «depre$$ion». Ces mots et ces symboles ne vous disent peut-être rien et pourtant ils fleurissent sur TikTok. Sur le réseau social chinois est en train d’émerger un autre langage. Aussi appelé «algospeak» ou «algolangage» en français, il a pour caractéristique d’être contraint par l’algorithme de la plateforme, comme l’explique le Washington Post. D’où la contraction entre les mots «algo» et «langage».

«Panini», «segg» ou «depre$$ion» : l’algolangage, le nouvel argot des utilisateurs de TikTok, par Klara Durand

Nous allons parler de ma réplique préférée, et pourquoi ça ne se traduit pas, au moins pas de façon satisfaisante. Un youtubeur a gentiment ramassé toutes les répliques du général dans un seul clip ; je l’ai mis au bon moment (1:19, au cas où) :

Il dit en anglais : « I’m really sorry, but I have to unalive you and stuff. » Le mot en caractères gras et italiques, « unalive », est de l’argot dit algolangage. Je suis au courant de son existence depuis 3 ans déjà, mais je ne savais pas d’où il venait jusqu’à maintenant. C’est un bon exemple de pourquoi le film ne se traduit pas.

Une traduction idiomatique sans essayer de préserver l’argot serait : « Je suis vraiment désolé, mais il faut que je te tue. » (Il y a une deuxième expression argotique, « and stuff », mais mettons-la de côté pour l’instant.) Mais il se passe que Le Figaro parle d’exactement ce mot :

Et «unalive» (qui se traduirait par «nonvivant» en français) est devenu récurrent pour aborder la mort ou la question du suicide.

C’est vrai, mais incomplet. Le préfixe « un » se traduit habituellement par « non », et « alive » par « vivant », mais ça rend un nom. Et une belle partie de l’humour de cette réplique, c’est que Chungus, ainsi que les internautes, utilisent ce mot en tant que verbe. En français, on pourrait donc dire « Je dois te rendre nonvivant », mais ça rate l’humour du changement inattendu de la partie du discours. J’ai essayé de trouver un clip en français pour voir ce qui s’est passé dans la version officielle, mais c’était impossible. Le film a enregistré 2,6 millions d’entrées — mais avec une note moyenne de 1,9/5 parmi les spectateurs, n’a pas de fans passionnés pour mettre des clips en ligne.

L’article du Figaro date de 2022, et j’imagine que les choses ont évolué depuis ce temps. Mais je n’ai rien trouvé pour suggérer qu’il y a une traduction plus concise, ou que « unalive » a fini par être adopté par les tiktokeurs francophones. (Tant mieux, je suppose.) C’est donc un bon exemple de l’humour que j’aimerais partager mais ne tombe pas.

Saison 4, Épisode 21 — Du pain perdu et des jeux

Il me semble que j’ai raté une jolie opportunité la semaine dernière, et l’épisode aurait dû être intitulé « Ain, deux ». Oups.

Je regrette de vous dire qu’il semble que MyPanier a enfin définitivement fermé ses portes. Le message suivant apparaît sur leur site depuis des jours, et ils ont supprimé leur compte Instagram :

Capture d'écran du site de MyPanier.

Ça dit : « Entretien général. Nous serons de retour. » Je ne le crois pas parce que le site est hébergé par Shopify ; il me semble qu’ils ont supprimé leur catalogue, et c’est comme le « site à venir » que l’on voit sur WordPress après avoir supprimé son site.

Je suis heureux de vous dire que la première semaine de La Fille au lycée pour sa deuxième année est bien allée. Évidemment, tous les cours sont importants, mais je m’intéresse le plus au cours de français car mon ex me tuera s’il y a des problèmes — après tout, c’était mon jugement (et celui de sa prof) qui a convaincu La Fille à sauter une année de français. Mais elle m’a envoyé un texto après le premier jour pour me dire qu’à son avis, elle était au niveau de ses camarades de classe et manquait juste un peu de vocabulaire. Alors quand elle m’a demandé quoi dire en réponse à la question « Décrivez vos parents », je lui ai dit :

Mes parents ont échangé la garde ce week-end.

Ils sont des échangistes.

Pensez-vous que ça posera des problèmes ?

Nan, mais sérieusement, pensiez-vous que je ferais une telle farce à La Fille ? À d’autres personnes, absolument, mais jamais à elle.

Elle suit un cours de histoire mondiale cette année, et pour commencer, ils parlent de l’Islam. C’est ainsi que j’ai appris d’elle qu’à Abou Dhabi, il y a un bâtiment qui est en même temps mosquée, église et synagogue, dite la Maison familiale abrahamique (lien en anglais). L’adresse est GCJ4+84F – rue Jacques Chirac. Je vous laisse à déchiffrer la signification de cette nouvelle.

Juste avant de publier cet épisode, j’ai ajouté de nouvelles maisons d’édition aux dates limites dans mon calendrier, en leur envoyant mon manuscrit. Maintenant, novembre peut être nul aussi — j’ai une date limite qui arrivera juste avant mon 49e anniversaire.

Au fait, il y en a qui parlent d’un « tapuscrit » quand ce n’est pas écrit à la main, mais tapé sur un ordinateur. Je trouve ça ridicule, même s’il y a un néologisme pareil en anglais, « typescript ». On ne parle pas d’un « crayonscript » afin de le distinguer d’un « styloscript » !

Et en parlant de nouvelles personnelles, nous étions très occupés ce week-end, car nous allons déménager en octobre, dans un appartement plus proche du lycée. Pas loin, juste une distance d’environ 8 km. Nous ne serons plus à Elbe-en-Irvine, mais dans la ville voisine d’Anguille-sous-Roche, où habite mon ex. Afin de garder la confidentialité de cette personne, je continuerai de parler d’Elbe-en-Irvine comme notre adresse. J’évoque ça maintenant, car je veux que tout le monde sache que La Fille a fait des miracles ce week-end pour préparer. Je suis si fier d’elle.

Notre blague traite de la fidélité conjugale. Nos articles sont :

Les gros-titres sont Découpage et Nez. Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine.

Sur le blog, il y a aussi Le pain perdu selon Péla, notre nouvelle recette préférée pour ce plat, Le bœuf Stroganoff, la recette selon la façon américaine, Ici et là, les nouvelles du blog, et La Chine uber alles, sur les obsessions de mon ami.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Dimanche avec la duchesse d’Orléans

Ça fait belle lurette depuis le dernier Dimanche avec Marcel. La dernière fois, on a fini sur une note positive, où Gilberte avait dénoncé Mlle Vinteuil pour ses mauvais comportements envers son père. Cette fois, j’ai avancé de 40 pages.

Proust m’apprend quelque chose sur l’anglais britannique :

j’avais demandé à Mme Swann… quels étaient parmi les camarades de Gilberte ceux qu’elle aimait le mieux, Mme Swann me répondit :

— Mais vous devez être plus avancé que moi dans ses confidences, vous qui êtes le grand favori, le grand crack comme disent les Anglais.

Je n’ai absolument aucune idée de ce que ça veut dire, et je connais plein de britannicismes.

Plusieurs pages se passent en discutant des meubles, dont une phrase de 126 mots ; puis, notre narrateur part en balade avec les Swann et Gilberte, et c’est comment ils rencontrent la duchesse d’Orléans. La rencontre elle-même n’est pas intéressante en soi, sauf pour une astuce arriviste que Mme Swann donne au narrateur :

« Vous devriez aller écrire votre nom chez elle, un jour de cette semaine, me dit Mme Swann ; on ne corne pas de bristol à toutes ces royalties, comme disent les Anglais, mais elle vous invitera si vous vous faites inscrire. »

Encore une fois, je n’ai aucune idée de ce qui veut dire une expression de Proust : « on ne corne pas de bristol ». La traduction la rend comme une carte de visite, et mon dictionnaire bilingue est d’accord, mais il rend « corner » comme soit plier soit crier — j’ai l’impression que c’était très idiomatique à l’époque. Il me semble que les usages d’anglicismes par Mme Swann sert à quelque chose, mais j’ai du mal à le préciser. Peut-être qu’intercaler ses paroles avec de l’anglais était à la mode à l’époque ?

Bien sûr, dès que je me suis posé la question, le narrateur dit :

Dès que Mme Swann voulait me dire quelque chose qu’elle désirait que les personnes des tables voisines ou même les garçons qui servaient ne comprissent pas, elle me le disait en anglais comme si c’eût été un langage connu de nous deux seulement. Or tout le monde savait l’anglais, moi seul je ne l’avais pas encore appris…

Je dirais que la réponse était oui, et que Proust reconnaîtrait donc la France d’aujourd’hui, sauf que l’anglais est une marque d’arrivisme encore plus fort qu’il y a une décennie. Bravo, Marcel, je vous en veux pour ça.

Après ça, il y a une petite anecdote qui suggère que Gilberte en a assez des prétentions de ses parents, et surtout de son père. Un jour, elle veut aller au théâtre, mais c’est l’anniversaire de la mort de son grand-père, et M. Swann n’est pas content. Après une dispute, Gilberte remarque au narrateur :

— Qu’est-ce que cela peut me faire ce que les autres pensent ? Je trouve ça grotesque de s’occuper des autres dans les choses de sentiment. On sent pour soi, pas pour le public.

J’ai l’impression que ça n’a rien à voir avec le théâtre.

Notre dernière anecdote du livre pour cette fois suit directement cette histoire de théâtre. On a beaucoup entendu dans la première partie du premier tome de l’intérêt du narrateur pour les livres d’un nommé Bergotte. Puis M. de Norpois a fait dégonfler le ballon en disant au narrateur que Bergotte ne vaut rien. Mais le narrateur a enfin, pendant un déjeuner chez les Swann, la rencontre avec Bergotte qu’il cherche pendant plus de 770 pages déjà :

devant moi, comme ces prestidigitateurs qu’on aperçoit intacts et en redingote dans la poussière d’un coup de feu d’où s’envole une colombe, mon salut m’était rendu par un homme jeune, rude, petit, râblé et myope, à nez rouge en forme de coquille de colimaçon et à barbiche noire. J’étais mortellement triste, car ce qui venait d’être réduit en poudre, ce n’était pas seulement le langoureux vieillard…

Il suit deux pages de pensées obsessionnelles sur son nez, apparemment un objet d’horreur qui défait tout le Bergotte de l’imagination du narrateur. Je dois vous dire en toute sincérité, je me demande parfois si c’est une erreur de publier des photos de moi-même sur ce blog, pour exactement cette raison. Si le nez de votre hôte ne rappelle pas Cyrano, la ligne frontale non seulement en recul, mais en pleine retraite autrichienne à Austerlitz, doit être une déception. Et ça depuis mes 30 ans, malheureusement.

Mais après plus de conversation avec Bergotte (qui ne tient pas de Norpois en haute estime), le narrateur arrive à se convaincre que :

C’est sans doute qu’il [l’éclairage de ses livres] vient de grandes profondeurs et n’amène pas ses rayons jusqu’à nos paroles dans les heures où, ouverts aux autres par la conversation, nous sommes dans une certaine mesure fermés à nous-même.

Il suit des pages sur l’avenir de Bergotte, où le narrateur explique que la dernière partie de sa carrière était aussi médiocre que le début était brillant. J’ai l’impression en lisant tout ça que le narrateur, choqué par l’effondrement du Bergotte de son imagination, construit tout autre biographie imaginaire pour lui, où la partie édénique, libérée de toute connexion avec la réalité, reste incorruptible, et c’est seulement les séquelles qui n’atteignent pas les sommets. Mais il reste 4 1/2 tomes, alors je réserve mon jugement pour l’instant.

La Chine uber alles

Je vous ai menacé que j’allais peut-être écrire sur ce sujet, mon ami que je vois de plus en plus sous l’emprise d’un pays dont il n’a jamais vécu, ni ses parents non plus (et si j’ai bien compris, plusieurs générations avant ça). Ce n’est pas la première fois où nous aurons abordé ce sujet — il croyait sans preuves que la France a dû être sauvé par la Chine afin de rouvrir Notre-Dame. Ça vous donne, malheureusement, une idée du genre de propagande auquel il fait attention. Mais nous revisitons ce sujet parce qu’il a réussi à m’étonner la semaine dernière, et pas de bonne façon.

Drapeau taïwanais, Dessin par Sun Yat-sen, Domaine public

Sa thèse depuis des années, c’est que les États-Unis sont obligés de céder tout influence en Asie à la Chine, parce qu’elle est déjà la plus grande puissance au monde, et nous devrions donc faire un accord avec eux où la Chine aura exactement l’idée japonaise des années 1930, la Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale, sauf avec la Chine en tête. En échange, selon lui, les chinois devraient laisser l’Amérique du Sud aux États-Unis, façon la doctrine Monroe. Et à ses yeux, ça doit commencer avec l’annexion du Taïwan.

« Heureusement », et seulement un vrai impérialiste pourrait dire une telle chose, il ne croit plus que ce sera après une invasion, car il est certain que les taïwanais vont voter pour exactement ça, une chose qui n’est pas évident vu les attitudes exprimées dans des sondages : moins de 7 % de la population souhaite s’unir à la Chine (lien en anglais, mais vers une source taïwanaise). Et quand je lui ai dit, « Et si le vote est contre, la Chine continentale est obligée de l’accepter, oui ? », il m’a répondu que ça n’arrivera pas parce que la Chine a aussi un scrutin. C’est très soviétique, cette attitude : le vote compte seulement tant que le résultat est selon les souhaits du Parti.

Il faut se souvenir que sa famille a vécu en Indonésie pendant un siècle, et est partie seulement à cause des persécutions contre ceux d’origine chinoise par le gouvernement de Soeharto. On penserait qu’avec une telle histoire, il serait plus sensible aux conquêtes et aux persécutions contre les minorités. On ne pourrait pas avoir plus tort.

En parlant de ses fausses idées sur la restauration de Notre-Dame, je vous ai dit qu’il est tombé dans les griffes d’une communauté identitaire en ligne, qui lui donne des idées de la suprématie des Chinois. Mais je n’ai pas parlé de ses idées les plus inquiétantes. À l’époque, il m’avait appelé pour râler pendant une heure entière que le président Franklin Roosevelt n’aurait jamais dû être né. Comment ça ? Vous voyez, son grand-père Warren Delano (lien en anglais) était trafiquant d’opium, et il aurait dû être condamné à la peine de mort. Et si ça s’était produit, ainsi que la mort pour d’autres trafiquants, ce serait l’empire chinois qui aurait gagné contre le Japon plutôt que l’inverse. On parle donc de fantasmes revanchards.

Récemment — c’est-à-dire la semaine dernière — il m’a expliqué que c’était un mensonge occidental que la Chine était en train de supprimer la langue et la culture tibétaine. Ça, c’est un gros mensonge. Je lui ai envoyé un essai — en anglais ainsi qu’en français — par deux experts français en études tibétaines, qui dit, parmi d’autres choses :

Les écoles tibétaines comme celles des autres ethnies ferment les unes après les autres et les initiatives privées d’enseignement du tibétain le soir ou dans les monastères pendant les vacances sont dorénavant interdites. Les collèges et lycées doivent enseigner uniquement en chinois, et cela concerne aussi la plupart des écoles primaires et même les jardins d’enfants dans les zones rurales.

La nouvelle politique linguistique au Tibet et ses conséquences

Sa réponse ? « La France fait pareil ; cherche « La honte et le châtiment » ». Ce dernier est un livre, publié cette année, par une bretonne, sur la politique de francisation en Bretagne ainsi qu’au Sénégal. Je n’exprime aucun avis sur ses contenus ; je ne l’ai pas lu. Mais je sais qui ne l’a pas lu non plus, et je trouve cette réponse très peu sincère. Est-ce la politique de la France envers le breton ou l’occitan maintenant ? Ben non, même si — et j’ai écrit sur ça avant — j’admire qu’il n’y ait qu’une langue officielle de la République. Il ne sait rien de ça, et franchement, il s’en fout — tout comme son intérêt à tuer les ancêtres de nos présidents, c’est juste une question de trouver n’importe quelle excuse pour justifier la politique du gouvernement chinois.

Je ne vais pas vous dire pourquoi il m’a dit pendant cette même conversation que la Chine est en train « d’éduquer » les Ouïghours. Mais juste hier, il m’a envoyé un article d’un magazine américain pour dire que le concours de l’IA est déjà remporté par la Chine, parce qu’ils construisent plus de centrales pour avoir assez d’électricité. Chaque réclamation faite au nom de la Chine n’est rien que la vérité pour lui ; chaque critique n’est qu’une combinaison de racisme et d’hypocrisie.

Je veux que vous compreniez : il n’est pas du tout unique à cet égard. Ce que j’essaie d’exprimer ici depuis des années en parlant des États-Unis, c’est que nous devenons de plus en plus les Balkans : chaque groupe identitaire n’est que pour lui-même. Je connais ce monsieur depuis 30 ans déjà ; il est mon meilleur ami pendant tout ce temps. Je hais ce que je vois lui arriver, mais je refuse de le quitter, la mode de nos jours chez moi. Ce n’est pas ce qui fait un ami.

Ici et là

Notre année scolaire a recommencé mercredi, et La Fille a enfin arrêté de paniquer sur le fait d’avoir sauté une année d’études de français. Elle m’envoie des SMS souvent pendant ses pauses déjeuner, et la nouvelle mercredi, c’était : « Sauf pour un peu de vocabulaire, je suis au niveau de ces élèves. » Je le savais, mais Quelqu’une lui disait tout l’été « Mieux vaut abandonner ». Je suis ravi d’avoir une vraie partenaire en élevant mon enfant unique.

Au fait, WordPress continue d’ignorer mes demandes de police de caractères pour indiquer le sarcasme.

Le 13 septembre, l’OCA aura le « Grand Pique-Nique de la Rentrée ». J’aurais aimé amener La Fille au pique-nique, mais ce n’est pas mon week-end. Je crois qu’elle est presque au point où elle peut assister aux événements familiaux (il ne faut pas parler anglais). Ce sera quand même une opportunité de voir le niveau typique des enfants.

J’aimerais partager deux mises à jour sur le statut du livre. Certains les savent déjà. D’abord, à cause des vacances, j’étais en retard avec mes premières soumissions (pas surprenant) — je ne voulais pas les envoyer plus tard que mardi matin en France, alors ça veut dire minuit chez moi. J’ai donc envoyé le manuscrit à mon édition de rêve lundi soir — et à ma grande surprise, le courriel a été lu environ 40 minutes plus tard. Je ne peux pas mentir : je suis en plein panique, ne sachant pas quelle est la réaction du destinataire. Je mets une note dans mon calendrier avec la date limite donnée par chaque maison pour une réponse (si rien n’arrive après des délais de 2-3 mois, c’est un non). Je vais détester octobre. Alors, c’est la première nouvelle.

Pour l’autre, je ne vais pas nommer la maison d’édition, mais disons qu’une maison qui avait une ligne éditoriale énorme jusqu’en 2024 a bien changé d’avis. J’ai écrit un courriel pour demander plus d’infos, car le formulaire pour soumettre un manuscrit manquait d’un champ pour télécharger le fichier. Je ne vais rien soumettre chez eux après cette réponse, pour des raisons évidentes :

Nous vous informons que nous traitons les envois de manuscrits par voie électronique uniquement et lorsqu’ils concernent les domaines de la romance (dans le style de Lyla Sage, Elena Armas, Lisa Kleypas ou Catharina Maura, ou encore des romances de Noël).

Je lis un bon nombre de blogueurs littéraires, mais je ne reconnais aucun de ces noms. Pour ce qu’il vaut, le formulaire avait indiqué un changement de direction chez eux, mais je croyais que mon livre tombait toujours dans la gamme indiquée. Pas comme ça ! Il faut que j’ajoute qu’ils m’ont aussi dirigé vers leur société mère pour d’autres choix. Mais disons que c’était une sacrée surprise !

Je ne vais pas mentir : par curiosité, j’ai fait l’enquête. Sur le site de Lyla Sage, autrice américaine, il y a des avertissements de contenu pour chacun de ses livres. Très américain, ça. Le premier dit (ma traduction) :

C’est un livre pour adultes (18+). Il contient du langage explicite et des contenus sexuels explicites sur la page. En plus, des traumavertissements : trouble dépressif majeur, discussions de trouble dépressif, des références à une relation abusive, divorce, faible estime de soi, consommation d’alcool, mort d’un parent (au passé, pas sur la page).

Ah super, toutes les choses pour lesquelles ce blog est connu. Bien sûr, je suis prêt pour la concurrence en ce qui concerne le trouble dépressif et les relations, mais mon roman sur ce sujet serait bien moins épicé. Personne ne croira jamais les dialogues, même si tirés de la réalité : « Moi, j’ai un fauteuil roulant, mais toi, t’as un enfant ! » (Ça, c’est vraiment arrivé, sans déconner, mais c’est une traduction de l’anglais.)

Ouaip, je ne vais jamais écrire une romance.

La hausse de criminalité chez moi continue. Ces photos viennent de chez Ralphs, mais dans le quartier de mon ex, pas le mien — c’est encore plus cher là-bas :

Qu’est-ce qui se passe ? Ce sont les bouts de deux rayons : les médicaments en vente libre et les lessives. Il n’y a désormais qu’une entrée, gardée par un employé qui vous regarde avec des caméras partout. J’ai pris la photo à gauche sous un angle qui cache l’employé, mais vous pouvez voir son écran. La porte dans la photo à droite est verrouillée et s’ouvre uniquement en cas d’incendie.

Terminons sur une bonne nouvelle. Mercredi soir, les Padres de San Diego ont gagné leur match de baseball alors que les Dodgers de Los Angeles ont perdu le leur. Alors pour la première fois depuis septembre 2010, les Padres sont en première place dans leur division :

Classement des 5 équipes de la division dite "National League West". Les Padres sont en première place, les Dodgers en deuxième. Les 3 autres équipes ont déjà trop perdu pour y participer.
Capture d’écran du classement le 14/8/25.

Les Dodgers étaient censés remporter la Série mondiale cette année (ils l’ont remportée en 2024), car encore une fois, ils ont dépensé plus d’argent que le reste de la ligue. Mais avec des blessures de plusieurs de leurs meilleurs joueurs, il y a une opportunité. Les Padres n’ont jamais remporté le championnat. Est-ce l’année ? Parlons-en en octobre !

Le bœuf Stroganoff

Il y a un resto que La Fille et moi aimons comme nulle part ailleurs, 59th & Lex. Le nom est l’adresse de l’original Bloomingdale’s à New York City (c’est une chaîne de grands magasins). Presque tous les Bloomingdale’s ont un resto de ce nom là-dedans, et si c’est juste un peu mieux que la moyenne, c’est aussi quelque chose que nous faisions ensemble toutes les semaines de sa naissance jusqu’au covid. Ils ont plusieurs plats que j’aime bien, mais de nos jours, mon préféré est le bœuf Stroganoff. Voici ma version :

Haute résolution en cliquant

C’est plutôt différent que la recette telle qu’elle est connue en France. Allons le préparer !

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

À la boucherie

Après avoir écrit sur notre visite à Harris Ranch, et surtout du fait que le découpage de bœuf à l’américaine n’est pas identique au français, j’ai reçu un courriel d’Anagrys avec une photo tirée d’un livre français sur la boucherie, qui montre très bien les différences. C’était particulièrement intéressant pour moi, parce que depuis le début, j’ai souvent du mal à traduire les noms des morceaux.

Évidemment, le niveau de détail est plutôt différent pour les trois découpages, mais même sans labels pour toutes les parties, c’est facile de voir que les Français coupent la vache beaucoup plus finement que les Britanniques ou les Américains.

Pour référence, voici la liste complète de morceaux de bœuf à l’américaine selon le Cattlemen’s Beef Board. Ce sera important :

©️Cattlemen’s Beef Board, tous droits réservés

Il s’avère qu’avec « l’aide » de certaines fausses références, ainsi que le fait les britanniques ne savent pas parler anglais, et utilisent les mauvais mots pour décrire certains steaks, j’ai fait beaucoup plus d’erreurs en achetant mes morceaux de bœuf pour le blog que je ne le pensais.

L’année dernière, une autre Langue de Molière parlait de l’erreur où je croyais que « faux-filet » voulait dire de la fausse viande végane. Mais ! À l’époque, je vous ai dit que selon mon amie lyonnaise (l’une d’entre elles à ce point, mais celle à qui je pense quand c’est au singulier) m’avait dit qu’il s’agissait du morceau dit « sirloin » en anglais. Cependant, comme beaucoup de Français, elle a appris la langue britannique. Vous aurez remarqué que dans l’image française, le faux-filet vient de la partie de la vache dit « aloyau ». Mon dictionnaire Oxford, écrit par des britanniques, traduit ce mot faussement par « sirloin ». Mais si vous regardez l’affiche américaine, avec les noms en bon anglais, il y a une différence entre « loin » et « sirloin ». Un « sirloin » en anglais est en fait la partie notée comme « bavette d’aloyau ». Le filet en français, dit « filet mignon » en anglais, vient de la même partie que le faux-filet, le « loin », et le bon équivalent est en fait ce que l’on appelle « strip steak ». On voit souvent aux États-Unis « New York strip » ou « New York steak », mais c’est tout la même chose. Alors, chaque fois où j’ai vu « faux-filet », j’ai acheté des « sirloins », ce qui est la bavette d’aloyau, pas le faux-filet.

Si ça vous laisse toujours perplexe, quand on a parlé des « T-bone steaks » venant de Harris Ranch, ce sont des os avec du filet à un côté, et du faux-filet à l’autre côté. Les britanniques diraient que c’est « filet mignon » et « sirloin », et c’est pourquoi je dis qu’ils ne savent pas ce qui veut dire « sirloin » en anglais. (Au cas où vous l’oublieriez, j’en ai marre de leur attitude que je ne parle pas anglais.)

Mais il y a une erreur encore plus gênant. Chaque fois où j’ai dit « paleron » dans ce blog — le bœuf bourguignon, le chili colorado, la soupe VGE — j’ai acheté de la viande du mauvais bout de la vache. Dans les deux premiers cas, c’était ce que l’affiche appelle « round », du rumsteck — mais ça aurait dû être « chuck ». Il y a beaucoup de morceaux sous la rubrique de « chuck », mais il suffit de dire qu’un bon « blade » ou « flat iron » aurait été le bon choix. Pour la soupe VGE, j’ai acheté du filet — la recette telle que je l’ai trouvée sur le site du Guide Michelin a dit paleron, mais j’avais vu d’autres versions en anglais qui disaient filet.

La seule chose que je peux dire que j’ai fait correctement chaque fois, c’est l’entrecôte. Quand je vois entrecôte dans une recette, j’achète toujours ce que l’affiche américaine appelle « ribeye ». Ça vient de la partie dite « rib », et vous pouvez voir que c’est la partie dite « entrecôte » dans le découpage français. « Côte » se traduit par « rib » dans son sens anatomique, alors là, je sais que je fais toujours la bonne chose.

Mais c’est gênant. Je vous donne toujours les bons noms en français, car toutes mes recettes sont tirées de sources françaises ([Le chili colorado vient désormais du Colorado provençal, apparemment. — M. Descarottes]), mais ça fait presque 5 ans de mauvais achats de mon côté !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec le plus grand casse-tête du livre, grâce à une observation de Filimages.

Le pain perdu selon Péla

La Fille et moi étions dans notre chambre d’hôtel à San Francisco quand WordPress m’a dit qu’elle avait publiée une recette de pain perdu. Je l’ai tout de suite montrée à La Fille, qui m’a répondu : « Comment oses-tu me montrer ça quand nous sommes si loin de notre cuisine ? » Naturellement, 4 jours plus tard, nous l’avons testée :

Joli, hein ? Allons préparer le pain perdu !

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