Archives mensuelles : octobre 2025

Mal au tout

Quoi qu’il en soit, ça fait mal. Quelques statistiques après le grand déménagement. D’abord, 19 584 pas hier, une petite hausse sur les jours précédents :

Graphique qui montre une semaine de pas : 6 jours plus tôt, il n'y avait que 3 400.

Ça veut dire 12,3 km parcourus, deux fois la veille :

Graphique d'une semaine de distances ; il y a 6 jours, ça ne faisait qu'un km

Et le plus important, 34 étages montés, 3 jours après les 35 :

Graphique d'une semaine d'étages montés ; il y a 6 jours, c'était ZÉRO !

Tout ça, c’est-à-dire, s’il peut plier — les genoux, les coudes — j’y ai mal. S’il y a une articulation, le membre veut se détacher.

Et génie que je suis, mes oreillers ont disparu. Heureusement, cette nuit ne durera pas trop longtemps — car j’ai une poignée de tâches à faire avant de rendre les clés de mon ancien appartement.

Ça donne une idée pour un nouveau nom. Peut-être que c’est une sorte de Bretagne diabolique, Saint-Mal-Au.

La bonne nouvelle, et je dois mettre l’accent sur son caractère singulier, c’est que j’ai économisé plus de 400 $ par rapport à l’estimation originale. C’est ce qui arrive quand on fait beaucoup du travail soi-même. Voici une photo des parties que je ne pouvais pas faire pour moi-même :

Photo d'une douzaine de cartons en train de descendre d'un camion

Plus tard aujourd’hui, La Fille et moi allons fêter la fin de tout ça en dînant dans un nouveau resto de sushis, grâce aux économies. Je m’intéresserai à la question de si je pourrai marcher assez pour le visiter. Vraiment, la seule autre fois de ma vie comme hier, c’était la fin de ma première visite en France, où j’ai marché la distance de deux marathons en six jours ! Au moins cette fois-là, c’était pour la France !

Presque prêt

Plus tard aujourd’hui, c’est le grand déménagement. Nous avons travaillé presque sans cesse depuis vendredi pour préparer.

Camion « Déménagements René Faber » à Saint-Sauveur-en-Puisaye, Photo par Marc Dubois, CC BY 2.0

L’une des raisons pour « presque » était grave. Dimanche était plus chaud que les autres jours, et je me sentais plus fatigué, alors j’ai essayé de faire une sieste d’une demi-heure. À la fin, je ne pouvais pas bouger. J’ai pris du sang pour mesurer mon taux de glycémie, et c’était la catastrophe :

Capture d'écran : 49 mg/dL

Naturellement, parce que c’était ce genre de journée, un ami qui ne sait rien sur la diabète m’a félicité pour ce chiffre. Mais je n’ai, jamais une fois de la vie, mesuré un si bas taux. Il faisait 4 heures depuis le déjeuner, mais c’était une quesadilla — d’habitude, les tortillas montent le taux en flèche ! J’ai mangé 3 pots de yaourt après ça, et tout est bien allé. Au moins, jusqu’à la tragédie.

J’ai 5 haut-parleurs dans mon stéréo. Les deux en arrière sont munis sur des pieds. Ils n’ont pas bougé en 13 ans, et j’avais oublié qu’ils étaient vissés aux pieds des enceintes. J’essayais d’en enlever un sans succès, j’ai demandé à La Fille, qui était à l’autre côté : « Peux-tu voir s’il y a des vis ? » et tout à coup, le haut-parleur s’est arraché du pied. Le fond est gravement endommagé. Le truc jouera toujours, mais je ne sais pas s’il sera possible de l’attacher au pied comme avant.

Je ne veux pas blâmer La Fille, mais elle n’a pas du tout répondu et je ne comprends pas du tout pourquoi. C’est un bon exemple, malheureusement, de pourquoi j’aurais aimé avoir un autre adulte à la maison. Ma fille se croit bien capable et l’est souvent, mais elle ne sait pas ce qu’elle ne sait pas, si vous me suivez.

Je ne vais pas partager des photos du fond du haut-parleur. Le son, c’est mon plus grand loisir depuis le lycée, et j’étais toujours très fier de la bonne condition de mes équipements. Ce qui s’est passé est une horreur, et j’ai honte. Pas besoin de me demander quand je m’en pardonnerai. Le 32 de jamais.

Cependant, il faut avouer que beaucoup d’autres choses sont bien allées. Nous avons déplacé une vingtaine de cartons de plus, et c’est une vraie économie.

De toute façon, les déménageurs seront chez moi entre 8 et 10h. Je vais avoir des trucs sucrés ici pour le matin et ne pas vérifier le taux de glycémie jusqu’au soir. C’est important. Demain, je vous écrirai du nouvel appartement, et j’espère que d’ici là, j’aurai choisi le bon nom français pour cet endroit.

Question bête

Comme vous pouvez imaginer, je suis bien stressé avant le grand déménagement lundi. Je peux au moins dire que la chambre de La Fille est complètement vidée, sauf pour le lit et les autres meubles dont les déménageurs s’occuperont. Alors je n’ai pas préparé grand-chose. Mais, j’ai vu quelque chose de français dans un supermarché ici, et l’étiquette m’a fait demander quelque chose. Je vous poserai donc la question, après un peu d’exposition.

Il s’agit d’un vin rosé, nommé Avaline. Voici des bouteilles :

Ce produit est apparemment un « Vin de France », ce qui veut dire que les raisins ont été cultivés en France, et le vin y a été embouteillé en plus. Mais aucun garanti de cépage, de terroir ou d’autre chose. Comme j’ai écrit en 2021 (le lien ci-dessus), 74 % de la production est exportée : les vins labellisés « Vin de France » n’y sont pas bus.

Il s’avère que la marque appartient à l’actrice américaine Cameron Diaz (lien en anglais). Le site web répète encore et encore le mot « clean » (propre), ce qui m’offense gravement. Il y a du marketing, puis du marketing, mais tout produit vendu dans les supermarchés ici doit conformer aux règles de la loi « Pure Food and Drug Act » de 1906. Wikipédia en français explique exactement mon problème :

l’objectif est notamment : « empêcher la production, la vente et le transport de nourriture, de marchandises ou alcools dénaturés ou portant un étiquetage mensonger »

Wikipédia

C’est illégal de vendre un produit qui n’est pas « propre » : le processus d’inspection change selon le genre de produit — ce que l’on fait pour des steaks n’a rien à voir avec ce que l’on fait pour les vins — mais se dire « propre » suggère quelque chose sur la concurrence qui serait illégal si c’était vrai.

Mais ce n’est pas ma question bête. L’étiquette promet aussi que ce vin est « vegan friendly », littéralement « amical envers les véganes ». « Friendly » est un mot équivoque dans le marketing anglophone qui veut dire « nous voulons le crédit pour appartenir à une catégorie, mais ne faisons pas d’effort pour gagner les bonnes certifications ». Alors un produit sans gluten qui se dit « gluten-free » a passé des inspections qui garantissent qu’il n’y a pas de gluten ; un produit « gluten-friendly » ne garantit rien, mais ne contient probablement pas de la farine de blé dans sa liste d’ingrédients. Et c’est de là que vient ma question bête.

Je ne suis pas expert en vinification, mais le vin est végane grosso modo par définition, n’est-ce pas ? Il y a des raisins, de la levure, peut-être des sulfites pour le préserver — mais existe-t-il des vins fabriqués avec de la viande ou des produits laitiers ?

J’avoue, j’aimerais probablement du « bœuf bourguignon en bouteille », mais il me semble qu’il n’y a pas autant de viande que ça dans n’importe quelle bouteille de vin !

Ici et là

Bienvenue au numéro de « Ici et là » le plus littéral depuis son début, car il s’agit largement du déménagement.

  • Alors, les statistiques du jour. J’ai réussi à transporter 33 cartons aujourd’hui, et n’a eu de l’aide de La Fille que pour 10. J’ai aussi transporté six cartons irréguliers. Vous en reconnaîtrez plusieurs :
De bas en haut : carton d'une cocotte de 6,75 L, carton d'une poêle en fonte émaillée, carton d'une théière

En fait, deux de ces trois produits du Creuset m’appartiennent depuis beaucoup plus longtemps que 2020. Une fois que j’ai dû établir ma propre cuisine en 2010, j’ai acheté la grande cocotte bleue souvent vue dans mes recettes salées. Je voulais la théière de même couleur, et j’ai dû l’importer du Royaume-Uni parce qu’elle n’était pas disponible ici à l’époque. La petite boîte, c’est la poêle que j’ai achetée pour ma tarte Tatin.

  • Comme vous savez, je donne des noms français à tout ici. Voici ce que j’appelle la Colline de Monthard :
Photo de l'escalier qui mène au nouveau appartement. Il y a 5 marches, puis un palier, puis une dizaine de marches après un virage de 90 degrés pour atteindre le premier étage.

« Mais Justin », me dites-vous, « il ne s’agit que d’un escalier d’une quinzaine de marches, même s’il y a un virage à 90 degrés. Il y a 222 marches pour monter au Sacré-Cœur du pied de ladite colline. » Ah oui, mais qui a l’habitude de grimper toutes ces marches-là en apportant des cartons de 20 kg ?

Et pour info, oui, j’ai grimpé les escaliers pour monter au Sacré-Cœur. Les marches étaient bien mouillées ce jour-là. Et personne ne m’a dit que le funiculaire existait !

C'est une vue du Sacré-Cœur du pied des escaliers, afin de mettre l'accent sur les marches au premier plan
Première visite au Sacré-Cœur
  • Monthard est une bonne blague bilingue. En anglais, « hard » veut dire « dur ». C’est donc un mont « hard » à monter. Voilà, même le correcteur de mon portable est d’accord :
Capture d'écran où mon portable propose à diviser le nom Monthard en deux.
  • Et j’ai grimpé ça combien de fois ? 35 étages selon mon portable. Voici la preuve :
Capture d'écran de l'appli Santé pour iOS : ça montre 35 étages montés
  • Il me faudra un nouveau surnom pour chez moi, vu que je ne serai plus à Elbe-en-Irvine. Je vous rappelle que nous allons à la ville que j’appelle Anguille-sous-Roche, en hommage à mon ex, qui y habite. Mais il me semble que je devrais distinguer entre nos maisons.
  • J’ai bel et bien blew it hier (c’est-à-dire que j’ai tout fiché en l’air — j’utilise souvent le passé composé avec le passé en anglais, mon franglais personnel). J’avais mis une alerte dans mon calendrier pour mon dernière opportunité pour acheter des billets pour voir Rush. Mais en quelque sorte, je n’ai jamais rien entendu. Le temps que j’aie reconnu l’erreur, c’était 6 heures plus tard, et les billets les moins chers qui restaient coutaient 378 $. Qui sait si j’aurais eu plus de chance si j’avais entendu l’alerte ? C’est peu probable. Mais la faute est à moi, et il n’y a pas de chance que je paye des revendeurs deux ou trois fois la valeur nominale.
  • Peut-être que vous avez remarqué un commentaire très mécontent de moi plus tôt cette semaine. Je regrette ce qui s’est passé, mais la personne qui l’a mis ici a décidé de me bloquer sur les réseaux sociaux ainsi que désabonner. J’essaie de ne pas offenser ; évidemment, j’ai raté ce but. Ça dit, je crois que je sais lire en anglais, et alors que j’accepte que j’ai mes idées fixes, je ne suis pas d’accord avec toute la plainte.
  • Si vous êtes fan de la tradition provençale des santons, et des Bronzés, rendez-vous à Aubagne le plus vite possible pour une édition très limitée de santons en forme de Jean-Claude Dusse. Ils seront disponibles à la foire aux santons de Marseille le 15 novembre, 17 € chacun. Si vous avez lu la 99e place de mon classement de 100 films, vous savez que je ne serai pas là pour la foire ce jour-là. Je serai là plutôt pour un concert de Jul. Nan, je plaisante.
  • J’ai fait un rêve merveilleux hier. J’étais 100 % convaincu que j’étais en France, mais pas sûr d’exactement où. Il y avait un défilé, et j’étais là pour le voir, et pas seul (mais je ne dirai pas avec qui, juste que c’était une surprise agréable). Ne me demandez pas quel défilé ; je n’assiste que très rarement à ce genre d’événement. Puis mon alarme s’est déclenchée et je me suis rendu compte qu’en fait, j’étais toujours en Californie. Bof. Mais je ne fais jamais de rêves — enfin, presque — alors j’ai vraiment apprécié celui-ci !

La mésaventure commence

Plus tard aujourd’hui, le déménagement commencera. Nous aurons 5 jours pour tout finir, et le grand déménagement, avec le camion et les professionnels, aura lieu lundi. Mais j’ai déjà des histoires.

J’ai d’abord emballé la cuisine, largement parce qu’il s’agissait de la partie la plus facile. Voici la moitié :

9 cartons de taille « lettre US ».

Il s’agit de toutes mes assiettes, les verres de vin jamais utilisés, et tous les ingrédients du placard. Ça ne comprend pas les deux robots, qui seront emballés dans leurs cartons originaux, ni certaines plaques de cuisson qui sont trop grandes pour ma taille de boîte. Oui, nous avons standardisé une taille unique pour tout, afin de garantir qu’il sera facile de tout ranger dans la voiture. J’adore Tetris ; je n’ai pas envie d’y jouer quand j’essaie de travailler rapidement. (Un de ces quatre, il nous faudra parler de Jonas Neubauer, après qui le Championnat mondial du jeu est nommé.)

Pour préparer, nous avons décidé de nous débarrasser de quelques meubles de La Fille. Pendant une décennie, elle utilisait son ancienne table à langer comme des étagères. Mais ce genre de table est souvent de mauvaise qualité, et après 15 ans, elle est bien endommagée. Nous l’avons donc jetée. Mais sa table et deux sièges, achetés quand elle avait 5 ans, étaient de bonne qualité, et je voulais vraiment faire un don. Je suis étonné par ce que j’ai appris en résultat.

Pendant les années 80 ou 90, on faisait appel à une association caritative, Disabled American Veterans (Vétérans américains handicapés) ou Goodwill (Bonne foi), et elle enverrait un camion pour récupérer les meubles que l’on avait envie de donner. C’était toujours gratuit ; après tout, c’était un don, et même si tout n’était pas utilisable après inspection, les associations faisaient confiance que les donateurs ne les traitaient pas de service de traitement des ordures.

Ces jours sont loin en vue arrière. Toutes les associations qui acceptent des meubles utilisent maintenant un service dit Resupply. Je veux que vous voyiez exactement ce que cette entreprise voulait me facturer pour avoir le droit de faire un don (je cache l’adresse) :

Il y a des frais de 99,99 $ pour me visiter tout court, 13,70 $ pour accepter la table, et un frais de 5 % de la somme des deux, 5,70 $, pour l’essence. Désolé, mais non. Voici la table et les sièges en question :

L’ensemble a coûté 300 $ à l’époque, si je m’en souviens bien. À part quelques petites taches sur la surface de la table, le tout est en très bon état. Je n’allais pas payer un centime à une association similaire à Emmaüs juste pour qu’ils les revendent.

Heureusement, il s’est avéré que Goodwill les accepterait si je les ai déposés à l’un de leurs magasins moi-même. C’est ce que j’ai fait, mais si ce n’était pas le cas, j’aurais tout jeté. Je suis même prêt à accepter l’idée que des frais aident à empêcher certains de « donner » du bazar, mais les 100 $ sentent l’arnaque.

Cerise sur le gâteau, j’ai passé une heure en essayant de faire accepter mon assurance locataire, dont 35 minutes au téléphone avec ma compagnie d’assurance. La faute est entièrement au propriétaire de l’immeuble, qui a des règles ridicules pour les preuves d’assurance. Je ne sais pas comment ce genre d’assurance marche en France, mais aux États-Unis, il y a typiquement deux choses comprises : la responsabilité personnelle, au cas où il y aurait un accident chez soi ; et la propriété personnelle, au cas où quelque chose arriverait à ses biens. Le propriétaire a un intérêt légitime dans le premier cas, mais le second cas est entre moi et l’assurance. C’est pour ça que les lettres émises par les compagnies d’assurance ne mentionnent que la responsabilité personnelle. Pourtant, le propriétaire refusait d’accepter la lettre sans mention de la propriété personnelle.

Je veux juste répéter encore une fois que La Fille m’impressionne vraiment avec ses efforts. Elle est déjà largement prête. C’est son daron qui va vraiment profiter de ce week-end pour emballer les cartons !

CommitStrip

J’ai reçu une sacrée surprise sur Facebook cette semaine. C’est extrêmement commun de voir des bandes-dessinées venant des journaux américains traduites en français par tel ou tel internaute : Bizarro, The Far Side et ainsi de suite. Mais il y a des jours, j’ai vu quelqu’un partager un vieux dessin de la série CommitStrip, et je me suis dit : « C’est bizarre ; on se souciait de traduire ce truc du passé en français ? »

Le titre est un calembour avec deux autre choses en anglais. « Bande » se traduit souvent comme « strip », alors « bande-dessinée » se traduit « comic strip », l’expression que l’on utilise pour les BD qui apparaissent dans les journaux (les BD en forme de magazine sont plutôt des « comic books »). Mais « commit » est aussi le mot que les programmeurs utilisent pour finaliser leur code et le télécharger sur un serveur. C’est un genre d’humour très pince-sans-rire.

De toute façon, CommitStrip n’est plus publiée. Je la connaissais largement entre 2012 et 2014, quand c’était nouveau, et les auteurs ont arrêté de la mettre à jour en 2022. Il y avait quatre personnages principaux, tous sans noms : le gérant, qui portait des lunettes et ne s’en souciait pas de ses employés ; deux hommes programmeurs, un avec une grosse barbe qui couvrait presque tout son visage, et l’autre avec des cheveux hérissés, et une femme qui était là largement pour se moquer des bêtises des hommes. Le gérant était un peu d’un salopard, et le barbu en particulier était un vrai cinglé. Les autres… honnêtement, je ne me souviens pas de leurs personnalités.

De toute façon, ayant vu une version française, je me sentais un peu nostalgique alors je me suis rendu sur le site. Et c’est comment j’ai remarqué un drapeau britannique, évidemment là pour choisir la langue :

Capture d'écran de l'accueil de Commit Strip, qui présente une liste de titres. En haut, le titre apparaît à gauche ; le hérissé, le barbu et le gérant au centre ; le drapeau à droite.

C’est ainsi que j’ai découvert après tout ce temps qu’en fait, CommitStrip était toujours bilingue, et disponible également en français :

Capture d'écran après le changement en français -- tout reste pareil !

Cependant, on remarque tout de suite que ça change moins qu’attendu ! Le post en haut s’appelle toujours « Hello World » (Bonjour, monde) : le nom du tout premier programme que l’on écrit dans tous les langages de programmation. Tout ce que ce programme fait est d’imprimer les mots « Hello World » à l’écran. En Java, ça se fait comme ça :

System.out.println(« Hello World »);

En C++, ça se fait ainsi :

cout << « Hello World »;

En Python, c’est juste :

print(« Hello World »)

C’est une hérésie de ne pas terminer chaque ligne par un point-virgule, parmi les nombreuses raisons que je déteste Python. Mais laissez tomber. CommitStrip est une porte ouverte sur l’esprit du genre de personne qui a des avis sur la présence de points-virgules. Par exemple, celle-ci a été publiée au début du Confinement :

Première partie : M. Macron : « Mes chers compatnotes, jai lance avec le gouvernement, le grand confinement général ! Contre le Covid-19, c'est la plus grande guerre de notre temps qui commence, pour sauver l'humanité toute entière. »

Deuxième : Macron continue : « L'humanité. Un mot qui va prendre un sens nouveau aujourd'hui.
Désormais, nous resterons à la maison sans sortir, ni voir personne ! Nous privilégierons le télétravail. Nous n'irons plus faire nos courses en famille et même, nous nous ferons livrer plutôt que d'aller en magasin, sans bien sûr parler au livreur... »

Troisième : Macron finit : « Mes chers compatriotes, il y aura moins d'interactions sociales. Il n'y aura plus de poignées de main ou d'embrassades. C'est un bouleversement pour tous et je suis conscient des sacrifices que nous vous demandons, mais c'est pour, demain, gagner notre plus belle victoire. Restez chez vous ! »

Quatrième : Le barbu, seul devant son ordi : « Ça va bien se passer...»
©️2020, CommirStrip

À vrai dire, si j’ai une certaine nostalgie pour le Confinement, ça vient uniquement des liens forgés à travers l’Atlantique, rien à voir avec rester dans ma chambre devant mon ordinateur.

Il ne s’agit pas de Dilbert, ce que tout le monde peut comprendre. L’humour de CommitStrip est tellement dans les détails de la programmation :

Première : L'hérissé devant son ordi : « Bon, c'est un tout petit script, on va faire ça en vanilla JS, tranquillement! Pas besoin de framework... »

Deuxième : Il continue : « Bon, on va quand même ajouter une petite logique objet dans tout ça. Et modulariser un minimum avec du templating, on n'est pas des sauvages. »

Troisième : L'hérissé : « C'est quand même plus clean avec de l'abstraction de BDD et des endpoints API. J'vais documenter tout ça et le balancer sur Github, ça peut servir à d'autres.. »

Quatrième : Le barbu : « QUOI ?? Un nouveau framework JS ? 1000 étoiles sur Github ? Dis moi que c'est pas vrai !? » L'hérissé : « J'ai pas fait expres... »

Celle-ci parle de la tendance des programmeurs d’écrire des outils afin de ne pas devoir répéter la même tâche encore et encore. Cependant, c’est du n’importe quoi si vous ne connaissez pas JavaScript.

En fouillant dans les archives, j’ai découvert que je pouvais facilement comprendre le langage de programmation en français, parce que c’est souvent juste « le » devant des mots anglais que je connais déjà. Puis-je la recommander ? Eh bien, si vous passez du temps là, vous vous direz à la fin : « Ah, c’est pourquoi il est « comme ça ». » Mais sérieusement, nous ne sommes pas tous aussi enthousiastes de nous enfermer que le barbu !

Elle a tout plaqué pour des hommes français

Aujourd’hui, je ne suis pas trop fier pour partager un vrai appât à clics venant d’un maître de ce genre de contenus, le journal britannique The Guardian. Les algorithmes de Facebook savent que je cliquerai sur tout article qui traite soit des bêtises amoureuses soit de la France, et cette histoire mélange bien les deux. Vous allez a-do-rer l’autrice de cette histoire, et par adorer, je veux dire détester.

C'est un dessin d'un couple qui s'embrasse sur un pont avec la Tour Eiffel en arrière-plan, apparu dans une vidéo dans un vol d'Air France. Je l'ai pris en photo pour me plaindre des stéréotypes amoureux vendus sans cesse.
Vidéo de sécurité d’Air France, Photo par Justin Busch

Il s’agit du témoignage de Juhea Kim, qui avait 31 ans au moment où tout s’est déroulé en 2018. Madame est autrice de deux romans et un recueil de nouvelles, tous publiés depuis 2022. Ses deux romans ont été publié dans 7 pays, alors à l’avis des maisons d’édition, elle a quelque chose d’utile à dire. (Je ne cache pas très bien mon avis sur ce sujet, hein ? Mais je ne fais pas d’efforts non plus.)

La pauvre Juhea commence son histoire en nous racontant son premier rendez-vous avec un certain Thomas, ce qui a lieu dans son appartement grenoblois, et par « son », je veux dire celui de madame. Il s’avère qu’après une décennie de vie à New York, où elle travaillait comme éditrice d’un magazine qu’elle avait fondé, elle en avait marre des hommes américains. Et pourquoi ? Parce que selon elle, et je vais la citer en anglais d’abord, afin que vous ne pensiez pas que j’exagère :

New York men – or at least the ones I dated – seemed to think that, if they were more than 6ft tall and in finance or law, they were masters of the universe.

Ça dit : « Les hommes new-yorkais — ou au moins ceux avec qui je suis sortie — semblaient penser que s’ils faisaient plus de 6 pieds de hauteur et travaillaient en loi ou en finance, qu’ils étaient les maîtres de l’univers. »

Voilà. Sans gêne, elle vient de vous dire qu’elle suivait exactement la règle de 6-6-6. Déçu que ces hommes qu’elle avait aidé à couronner, en leur montrant que tout autre homme n’était même pas digne d’un regard, ne se souciaient pas assez d’elle, elle a décidé de partir pour la France, car elle avait entendu parler de ses amies que les expatriés étaient « plus bizarre » par rapport à ceux qui restaient à la maison, mais meilleurs que les autres choix. Son plan est donc de passer 3 mois en France, à chacun de Grenoble, Nice et Paris, dans cet ordre. C’est pour « travailler sur son roman », mais aussi pour avoir des rencontres sur Tinder.

Elle revient sur Thomas, venu chez elle. Selon elle : « Avant que nous ne nous sommes déshabillés, nous avons discuté les sentiers, et il m’a fait une promesse de faire de la randonnée ensemble. » Super. Ils se revoient tout le mois, mais quand elle est sur le point de quitter Grenoble, elle est déçue à découvrir qu’il avait mis à jour son profil Tinder. Quoi ? Elle allait partir à toujours ; à quoi s’attendait-elle ?

Elle n’a pas de relation pendant son mois à Nice. Ses parents lui rendent visite, et elle « ne veut pas de drame ». Dans cette partie, elle chante les louanges de la France et des Français : ils ne sont pas aussi malpolis que le reste du monde ne le pense et on a même cédé sa place à elle dans une queue. J’ai dit largement la même chose après ma première visite, alors je ne la critique pour ça.

Mais à Paris, elle trouve Gaëtan, un professeur de droit, encore une autre rencontre de Tinder. Et c’est ici où j’ai autant de plaintes sur elle qu’avec sa description des hommes américains. Elle nous dit que les Français sont amoureux des histoires d’amour, que ce n’est pas réservé aux relations sérieuses, sans se soucier de s’ils peuvent utiliser la personne rencontrée pour autre chose. Quoi, elle a déjà oublié Thomas ? Tout ça car Gaëtan se révèle soucieux d’elle et fait attention pendant leurs conversations. Elle fait la comparaison entre lui et les hommes américains, ceux qu’elle a déjà évalué selon leurs salaire et hauteur : selon elle, les Français ne font pas de commentaires comme « Tu travailles pour ton propre compte, quoi ? », et c’est rafraîchissant. Mais elle oublie qu’elle se met en compagnie de personnes qui gagnent plus qu’elle et savent bien que c’est son critère pour leur parler : encore, à quoi s’attendait-elle ?

Selon elle, sa seule plainte sur Gaëtan est qu’il est honnête quand elle lui pose une question sur le dîner qu’elle a préparé pour lui. C’est un chapitre dans mon livre, « Apprendre en faisant » : tout le monde est plus au courant des normes, même si pas doués personnellement. Je ne le vois pas comme une critique — c’est plutôt la raison pour laquelle on estime les cuisiniers français aux États-Unis. Mais elle cherchait plutôt la réponse américaine (aussi mentionnée dans le livre), un compliment insincère pour ne pas offenser.

Gaëtan reste en contact avec elle après son retour aux États-Unis, jusqu’au moment où elle trouve une autre femme. Mais c’est ici où sa méchanceté se révèle. Au début, elle a parlé de David, son ex américain, avec qui elle restait amis après la rupture, pendant des années. Il avoue encore une fois qu’il l’aime toujours, et elle finit par le marier. Il n’était pas assez bon des années plus tôt, car pas un homme de la règle 6-6-6, mais après quatre ans de rupture et d’aventures décevantes avec d’autres hommes qui passent un filtre algorithmique — ou qui sont exotiques, car étrangers — elle se contentera de lui. Le mot anglais que je cherchais pour ça, « settle for », est beaucoup plus péjoratif, alors vos traductions sont les bienvenues.

Je suis étonné, absolument étonné, qu’une romancière puisse manquer si complètement de conscience de soi. Il n’y a aucun moment où elle reconnaît qu’elle traite le reste du monde d’exactement la façon qu’elle n’aime pas, et elle confond des affaires Tinder avec des jugements profonds sur le caractère national de deux peuples, dont le sien. J’étais bouche bée tout au fil de la lecture de son article. Mais franchement, cet article censé être sur la France illustre parfaitement tout ce que j’essaie de vous dire sur ce sujet dès le départ !

Pas cette fois

Peut-être que le jeu le plus bête de l’industrie musicale est les soi-disant « préventes » pour les billets de concert. On cherche tous les fans, les seules personnes qui vont acheter les billets, on les donne un faux « code » pour la prévente afin de donner l’impression de faire partie d’un club, puis on les vend tous les billets. Puis le jour de la « vente publique », l’événement est déjà complet, et il n’y a rien à faire.

Vu mon gros titre, évidemment je n’irai pas au concert de Rush à LA en 2026. Mais je vais quand même me plaindre un peu du processus. Plus qu’un peu. Je me sens en même temps déçu et indifférent.

La veille, je me suis connecté au site de Ticketbâtard — désolé, Ticketmaster ; le surnom malpoli rime mieux en anglais — et j’ai vu le suivant :

L’important est juste la première phrase du deuxième paragraphe. Ça dit : « Les prix pour cet événement ont été fixés à l’avance par le tour, à 98,40 $ à 995,01 $, frais de service compris. » Je m’attendais donc à des prix sous ma limite de 150 $.

Je dois avouer la vérité : j’étais en retard pour m’enregistrer pour la queue virtuelle. J’ai reçu une notification qu’un colis hyper-important venant de France a été livré à un point relais. J’avais hâte de le récupérer et j’ai oublié de regarder l’horloge. Cependant, 15 minutes après le lancement de la prévente, j’ai fait la queue pour me retrouver enfin face au cauchemar :

Capture d'écran qui montre une place disponible pour 225 $.

Cette place n’est pas proposée par un revendeur ; c’est Ticketmaster lui-même. Ça coûte 50 % de plus que ma limite ; pourtant, ça se trouve dans ce que l’on appelle les « nosebleed seats » — c’est-à-dire les places assez hautes pour faire saigner le nez. Ceci était presque le plus loin du plateau possible. Il n’y avait plus de places à 98 $ disponibles, mais franchement, j’ai horriblement du mal à imaginer où se trouvent ces places, ou si elles existent tout court.

Je suis donc déçu. Mais en même temps, je craignais dès que j’en ai entendu parler que ce tour ait pour but de récolter un maximum d’argent pour un minimum de travail de leur côté. 150 $ n’est pas une petite somme ; j’étais prêt à payer plus que le minimum selon eux. Cependant, il n’y avait pas de « réunion d’esprit » possible, comme disent les économistes.

Et c’est d’où l’indifférence. Quelque chose qui m’impressionne chez Indochine depuis le début, c’est qu’ils ne font pas de telles choses. Il y avait deux catégories de prix pour le Central Tour, et je n’ai payé que 80 €, et un peu de plus pour les frais. Et ce n’est pas parce qu’Indochine est moins populaire que Rush ; Stade de France accueille plus de quatre fois le nombre de personnes que le Kia Forum, et Indo l’a rempli avec la plus grande foule de l’histoire de France jusqu’à ce moment. Nicola Sirkis a dénoncé Oasis pour ces pratiques l’année dernière, et a refusé de jouer aux côtés des Rolling Stones pour la même raison.

Cette différence d’attitudes est exactement pourquoi Rush est le symbole de mon passé, et Indochine de mon avenir (enfin, j’espère). Il serait faux, complètement faux, de dire qu’il n’y a pas de gens comme Nico chez moi, ou des gens avides en France. Et je ne dirais jamais qu’un autre devrait faire le choix pour eux. Mais je crois qu’il est absolument juste de dire qu’il y a des tendances liées à la culture, et que je trouve que les deux sont des produits de leurs pays. (À cet égard, n’oubliez pas que Rush vient de Canada — j’adore les Québécois, mais considère les anglophones comme les mêmes qu’ici.)

Il est possible que vendredi, quand la « vente publique » est censée avoir lieu, que je réussisse à acheter un billet. Mais ça ne changera pas mes avis ici. Si les places moins chers attendent, ce serait encore pire — ça dirait qu’ils voulaient profiter le plus d’exactement leurs fans les plus passionnés, ceux qui les soutenaient quand ils étaient actifs. Sinon, ce sera simplement plus de la même chose. Pas vraiment le souvenir d’eux que je voulais garder, une raison pour laquelle j’aurais été aussi heureux si ce tour n’avait jamais eu lieu.

Saison 4, Épisode 29 — M’enfin, les voisins !

Il n’y aura pas de balado la semaine prochaine, car je passerai tout dimanche en apportant le plus de cartons possible au nouvel appartement avant les déménageurs. Chaque carton m’économisera environ 10 $. Il y aura des choses que je ne pourrai faire moi-même — les meubles, les haut-parleurs — mais les contenus de la cuisine ou mes vêtements, oui.

Je ne sais pas qui me manquera moins : le voisin à l’étage, Lourdpas, ou le voisin du dessous, qui a joué un joli concert de rock samedi pendant des heures. Il serait super d’avoir un voisin qui sait vivre autour d’autres personnes, n’est-ce pas ? Il n’y aura pas de voisin à l’étage où nous allons : le bâtiment n’a que deux étages, et nous serons en haut.

M. Descarottes a prédit que je visiterais Miguel’s dimanche. Il avait raison ; voici ma quesadilla (une tortilla frite avec du fromage et dans ce cas, du bœuf) :

Quesadilla de carne asada : une tortilla pliée autour d'un mélange de bœuf grillé et du fromage cheddar, frite jusqu'à ce que le fromage fonde.

J’entends parler que les billets les moins chers pour Rush coûteront 98 $ ; cette info vient directement de Ticketbâtard. On verra à midi. Je payerais ça, mais seulement si je paye la valeur nominale ; pas de revendeurs pour moi.

Amie du blog Péla a posé une question importante en réponse aux propos de M. Descarottes :

Et que dit il du gouvernement Américain ?
Parce qu’entre nous, c’est « la merde » un peu partout !

Commentaire de Péla

J’espère que je n’ai jamais offensé en partageant ses pensées sur la politique française. Dès le début en 2020, je suis hyper-sensible au fait qu’il me faut comporter comme un invité, et que c’est absolument le cas que certaines choses sont drôles dans la bouche d’un ami ou un membre de la famille, mais autre chose dans la bouche d’un étranger. J’étais étonné de voir que des heures après sa publication, sa « loi Groland » semblait être dépassée par la réalité. Quand j’écris de telles choses, ce sont tirés de pensées que je vois d’internautes français — la frustration que certains échappent à la justice, ou que certains engrangent — filtrés par sa personnalité unique. Mais il n’y a jamais de la méchanceté derrière ça — après tout, j’espère vivre exactement ce que je souhaite pour vous à l’avenir !

Cette semaine, je tenterai donc une « version américaine ». Mais je crains que l’humour ne fonctionne pas — à moins que vous connaissiez David Gergen (la traduction américaine de Bruno Le Maire, un type qui retournait encore et encore), ça risque de tomber mal. J’essaierai quand même, car je ne suis pas trop fier pour manger mes propres croquettes pour chien, comme on dit en anglais (lien en anglais).

Si vous aimiez le « shrekking », vous allez a-do-rer le « chatfishing », venant bientôt à des anglicismes chez vous ! (Lien en anglais.) Adapté de « catfishing » (lien en français), ou on adopte une fausse personnalité pour les applis de rencontres, il s’agit d’utiliser ChatGPT pour écrire vos messages sur lesdites applies. Jamais besoin de vous inquiéter que c’est un robot par ici — c’est malheureusement toujours juste moi.

Et puisque nous en parlons, en novembre je vais critiquer le film le moins probable du blog : canadien (pas le problème), en anglais (déjà peu probable), considéré un navet (hein ?) et comédie romantique. Quoi ? Disons qu’il s’agit de la seule et unique sorte d’histoire qui pourrait attirer mon attention vu tout ça.

Pour finir avec une histoire hyper-Coup de Foudre, voici le compte rendu d’un noble britannique de 79 ans qui cherche désespérément sur Tinder une femme qui peut lui donner un héritier. C’est complètement vrai (lien en anglais) — mais ça sent une histoire de brouteur au point où personne ne le prend au sérieux !

Notre blague traite d’un braquage de banque, et nous vient des Grosses Têtes. Nos articles sont :

Les gros-titres sont Carottes et Concours. Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine.

Sur le blog, il y a aussi Mon bébé vient de m’écrire une lettre, sur le premier rejet de mon livre (par le premier éditeur de Proust), Un retour complètement inattendu, sur le retour de Rush, À plus dans le bus, sur comment aller au concert de Rush, et J’ai eu envie de vous revoir, sur la nouvelle chanson de Véronique Sanson.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Dimanche avec des tortillas

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Avec ce billet, on se lance dans la seconde partie du livre, « Noms de pays : le pays ». Il n’y aura pas de Dimanche avec Marcel la semaine prochaine, car je passerai plutôt Dimanche avec Une tonne de boîtes. Cette fois, j’ai avancé de 25 pages.

On commence avec une note malpolie pour renvoyer Gilberte :

J’étais arrivé à une presque complète indifférence à l’égard de Gilberte, quand deux ans plus tard je partis avec ma grand’mère pour Balbec. 

C’est quoi Balbec ? Ne le cherchez pas sur une carte ; c’est une station balnéaire fictive. On dit que c’est inspiré de la ville de Kerplougastennsac’h, dans le Finistère. Non, je plaisante, la ville se nomme Beg Meil. Mais Balbec vient encore plus fortement de Cabourg, dans le Calvados, particulièrement le Grand Hôtel, qui existe vraiment. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que le restaurant du Grand Hôtel s’appelle Le Balbec. C’est ça le marketing. Mais la carte ne contient pas de madeleines, et pire, il y a ce cauchemar — si je suis à Cabourg, je ne cherche pas de faux desserts mexicains !

MAÏS & TORTILLAS 18
Mais en différentes textures (grillé, crémeux, mousseux, croquant et glacé), guacamole au piment jalapeño, tortillas à la farine de mais. Pour accentuer les saveurs, nous vous invitons à découvrir une liqueur de maïs du Mexique (2cl - 8€).
Capture d’écran de la carte

Je vous jure, si je mange une tortilla de plus cette semaine… ([À noter, sur les calendriers Américains, la semaine commence avec dimanche, pas lundi. Il sera chez Miguel’s dimanche, rassurez-vous. — M. Descarottes])

Je n’ai aucun commentaire sur la prochaine citation. Je vais juste vous laisser chercher le sujet de cette phrase.

Mais enfin le plaisir spécifique du voyage n’est pas de pouvoir descendre en route et de s’arrêter quand on est fatigué, c’est de rendre la différence entre le départ et l’arrivée non pas aussi insensible, mais aussi profonde qu’on peut, de la ressentir dans sa totalité, intacte, telle qu’elle était dans notre pensée quand notre imagination nous portait du lieu où nous vivions jusqu’au cœur d’un lieu désiré, en un bond qui nous semblait moins miraculeux parce qu’il franchissait une distance que parce qu’il unissait deux individualités distinctes de la terre, qu’il nous menait d’un nom à un autre nom ; et que schématise (mieux qu’une promenade où, comme on débarque où l’on veut, il n’y a guère plus d’arrivée) l’opération mystérieuse qui s’accomplissait dans ces lieux spéciaux, les gares, lesquels ne font pas partie pour ainsi dire de la ville mais contiennent l’essence de sa personnalité de même que sur un écriteau signalétique elles portent son nom.

Juste avant de partir, un docteur dit à notre héros :

« Je vous réponds que si je pouvais seulement trouver huit jours pour aller prendre le frais au bord de la mer, je ne me ferais pas prier. »

Il reste 400 pages dans ce tome. Ça veut dire que les 300 précédentes, qui s’étalent sur au moins un an, se sont déroulés plus vite que ce qui m’attend ?

J’interromps ce billet pour vous conseiller que si vous avez des pensées suicidaires, veuillez appeler le 3114, ou d’autres lignes d’écoute si besoin.

Le narrateur mentionne que le train pour Balbec passe par :

la cathédrale de Saint-Lô, avant qu’il se fût éloigné vers le couchant.

J’ai eu une pensée émue en pensant que Proust ne savait pas ce qui était arrivé à cette église, dont sa beauté a été gâchée par l’Histoire.

Le narrateur et sa grand-mère y voyagent séparément, afin qu’elle puisse passez une nuit chez une amie sur la route. Le narrateur pense de son arrivée :

Et peut-être était-il moins pénible pour moi de sentir l’objet admirable de mon voyage placé avant la cruelle première nuit où j’entrerais dans une demeure nouvelle et accepterais d’y vivre.

« La cruelle première nuit » ?!? Dites-donc, mon gars, je me suis enregistré dans trois ibis budget différents pendant mon voyage en 2023. Et vous, vous allez vous enregistrer dans un hôtel où le truc le plus pénible est un dessert à la guacamole pour 18 €. Non, je ne sais pas combien de francs de l’époque de Proust ça veut dire.

Devinez qui va accompagner le narrateur :

Mais devant la clarté de son regard, devant les lignes délicates de ce nez, de ces lèvres, devant tous ces témoignages absents de tant d’êtres cultivés chez qui ils eussent signifié la distinction suprême, le noble détachement d’un esprit d’élite, on était troublé comme devant le regard intelligent et bon d’un chien à qui on sait pourtant que sont étrangères toutes les conceptions des hommes…

Ça ne vous parle pas ? Françoise la cuisinière est de retour — et je vous promets, si on sort avec moi, je ne ferai jamais la comparaison entre elle et un chien comme ça ! Des drôles de compliments de notre Marcel !

Et à moi pourtant ma propre voix me donnait du plaisir

Nan, vous plaisantez !

Il voit du train une fille :

la belle fille me donna aussitôt le goût d’un certain bonheur… d’un bonheur qui se réaliserait en vivant auprès d’elle.

Son cœur d’artichaut est encore pire que le mien ! Heureusement pour cette fille, le train quitte la gare avant qu’il ne puisse lui faire une Gilberte.

Et c’est ici où nous arrêtons, avec son arrivée à Balbec-en-terre, à ne pas confondre ni avec Balbec-plage ni avec Balbec-dans-l’espace (j’ai inventé l’un des deux). En deux semaines, on découvrira ce qu’il fera sur place.