L’origine du Tour

Je dis parfois que je ferai tout et n’importe quoi tant que l’on me le demande en français. À quel point est-il vrai ? Voici l’histoire de comment j’ai décidé de lancer le Tour (même s’il m’a toujours fallu quelques mois pour commencer). Depuis le départ en mars 2020, mon habitude est de me lancer dans des sujets français en criant « Geronimo ! » (mais curieusement, jamais dans ma quotidienne). Donc le temps que juin soit arrivé, j’étais déjà expert en trouver des arguments. Attention aux yeux : il y a un risque de saigner en lisant mon français de 2 mois et demi. J’écrivais des trucs comme « plus meilleur ».

Tout a commencé quand j’ai vu cet article de Topito, partagé sur Facebook comme ça :

À l’époque, je n’avais pas la moindre idée qu’il y avait une rivalité entre les Parisiens et le reste du pays. Maintenant, je me dis « Et vous, aimez-vous bien être traité comme « en province » par les new-yorkais et les los-angéliens ? En fait, aimeriez-vous que l’anglais aurait une expression qui veut dire « tous les malchanceux qui ne vivent pas dans la bonne ville » ? » Mais ça, c’était mon avenir. Revenons au 16 juin 2020.

L’article était plein de conneries comme celles-ci et je ne connaissais guère Topito :

Waaaah ! Il y a pas mal de gens aux États-Unis qui n’ont jamais vu les mers. Alors, les pauvres se plaignaient de n’importe quoi, selon moi.

J’ai laissé un commentaire bien analphabète :

Ce que je voulais dire était « Vous plaignez-vous de ne pas gagner un championnat ? Mais Paris a beaucoup de choses qui font l’envie du monde entier ! Arrêtez de vous plaindre de Paris et soyez contents de ce que vous avez ! »

Au fait, si vous vous demandez pourquoi le drapeau, c’était la suggestion d’une connaissance qui faisait la même chose avec un 🇫🇷 quand elle participait aux groupes anglophones, pour indiquer qu’elle n’était pas native. Je l’utilisais pendant quelques mois, mais j’ai enfin décidé que très peu de monde l’avaient compris.

Disons que ça a provoqué des réponses. En premier et surtout, celles qui voulaient dire qu’il ne faut pas visiter juste Paris. Celle-ci était l’une des plus gentilles.

Il y en avait aussi des moins gentilles :

La première phrase dit « Paris est génial à visiter mais un putain d’enfer sur Terre pour y vivre. » Il dit aussi que Paris est un cauchemar.

Et :

En français, « Car tu n’y habites pas ! »

Mais c’était pas si facile de se débarrasser de moi. Voilà, la naissance de ma plus grande plainte :

L’anglais veut dire : « Cette conversation me semble quelque chose de bizarre. Un américain vient en admirant votre culture et la moitié des réponses sont négatives, mais en anglais pour qu’il ne rate pas la signification. »

Et avec ça, tout à coup, il y avait de la lumière ! Il n’y a rien au monde qu’un râleur peut apprécier comme un autre râleur. C’est la langue universelle ! Il m’a dit en anglais « Nous ne sommes pas mécontents de vous », puis il s’est lancé :

Il y a deux cents plus de mots dans celui-ci ! Nous sommes tombés d’accord que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Mais revenons à la première réponse, celle qui m’a dit qu’il y avait d’autres villes. J’ai répondu que j’espérais visiter tout le pays, et elle m’a répondu en anglais :

Bref, elle m’a dit de visiter Lyon et Toulouse, mais aussi que la culture française n’était pas la même que celle de Paris, et c’était pour ça qu’il fallait découvrir tout le pays, pas juste la capitale. À son avis, ce sont les Parisiens qui ont fait croire le reste du monde que les Français avaient une mauvaise attitude. Moi, je ne dirais pas que je valide cet avis — j’ai chanté les louanges des Parisiens après mon premier voyage — mais on ne se parleraient pas en ce moment si je croyais l’autre chose !

Il y avait beaucoup plus de commentaires, et croyez-moi, Paris avait aussi ses défenseurs. Et ceux qui voulaient trancher le « baloney » plus fin, comme on dirait en anglais :

Mais ce qui comptait, c’était que j’ai appris deux leçons ce jour-là : 1) il y avait pas mal de râleurs en France, et on pourrait très bien s’entendre si je m’améliorais mon français, et 2) je ne savais pas qui avait raison, alors il me fallait vraiment étudier tout le pays, exactement comme on m’avait dit.

Il me restait quelques mois à décider ce qui voulait dire « étudier » dans ce contexte. J’avais quelques amis avec lesquels je parlais souvent de toutes mes découvertes, alors je me suis dit « Imaginez si vous écriviez une lettre tous les jours à l’un d’eux pour parler de ce que vous avez trouvé. » De cette idée, un blog, et de cela, notre Tour.

7 réflexions au sujet de « L’origine du Tour »

  1. Náriël

    Niveau rivalité, je dirais même qu’il y a Paris, Marseille et le reste de la France 😁😁 Et oui, nous sommes un pays de gros râleurs 😆 Comme je dis souvent, « Je ne râle pas, je m’exprime »
    Et oui, je suppose que pour beaucoup d’étrangers, la France se résume à Paris comme pour beaucoup de français, les USA se résument à New-York et Los Angeles 🙂 Et en France comme aux USA et ailleurs, il y a tant de choses à découvrir une fois sortis des grandes villes… J’ai pas mal voyagé en France avec mes parents et je suis très loin d’avoir tout vu. J’ai aussi voyagé à l’étranger au sein de l’UE et j’ai découvert des pays magnifiques mais vu le marathon touristique à base de monuments célèbres, j’ai toujours eu l’impression d’être passé à côté de beaucoup de choses et d’avoir visité le pays sans réellement l’avoir visité. Je ne sais pas si je suis bien compréhensible 😅
    En tout cas, je suis contente de retrouver ton tour toutes les semaines, je découvre un peu mon pays grâce à toi 😀

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    1. jeliotb Auteur de l’article

      Oh, je comprends bien l’idée d’avoir visité sans vraiment avoir visité. Il y a même une expression pour ça en anglais, « Cook’s tour », après Thomas Cook, l’un des premiers organisateurs de tourisme en groupes.

      Cette dernière phrase-là est exactement ce que j’espère faire pour les lecteurs, et je te remercie.

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      1. Náriël

        Je ne connaissais pas cette expression 🙂 Mais c’est tellement ça, lors de mon voyage en Italie, on a enchaîné les villes pendant 10 jours, Milan, Pise, Florence, Rome, Venise, j’ai vu les principaux monuments mais c’est bien tout. Et encore, je suis partie en mode camping avec la toile de tente dans la voiture je n’étais pas dépendante d’un groupe, je faisais ce que je voulais et à mon rythme.

        Grâce à toi, je découvre aussi des spécialités culinaires que je testerai bien 🙂 Notamment les plats de poissons, mais comme je suis la seule à manger du poisson à la maison, j’ai la flemme de cuisiner pour moi et pour les autres 😅

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