Mon dîner vendéen

Je connais mon dessert vendéen depuis longtemps, mais au moment où j’ai publié « Je découvre la Vendée », je n’avais toujours pas choisi un plat principal. Puis j’ai reçu plusieurs commentaires qui parlaient des mogettes, un genre de haricot blanc, et tout était clair. Je n’allais pas trouver un vin vendéen ici, et mon amie F serait mécontente si je servais un dîner dit « vendéen » sans vin ni pain, alors voici le préfou et la chorba d’agneau à la mogette de Vendée.

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Allons les préparer !

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C’est le 1er, version mai 2024

Je continue de copier Light & Smell avec des listes de mes articles préférés au premier du mois. Ça vient d’Allez vous faire lire, mais je ne suis pas exactement ses règles.

J’ai oublié de partager une blague sur M. Kendji Girac ici lundi matin. Elle me tue depuis des jours. La voilà. Je regrette l’erreur.

Source

Il y a une nouvelle importante ici sur quelqu’un bien-aimé de cette communauté que vous trouverez en lisant la liste.

Nouveaux à moi :

Les habituels :

Actif ailleurs :

Mathilde’s little things partage une visite au quartier hyper-cher de New York dit TriBeCa, dont le nom veut dire « triangle au sud des rues Beach et Canal ».

À encourager :

Rien de nouveau chez Équine Harmonie, La tête dans le panier, Les Dédexpressions, Bonheur des yeux et du palais, L’Atelier du Phoenix, La bibliothécaire, Et si Facebook disparaissait?, Un déjeuner en Provence, Manonpatis, Bessie’s Bazaar, Planète Vegas, Grain de Sable, Bonheurs culinaires, Maman Lyonnaise, Les souris de Paris, Soigner l’esprit — Guérir la Terre, et Le journal des Jum’s. Laissez-leur de gentils commentaires pour les encourager à reprendre !

Aire de perplexité

Langue de Molière paraît avec un jour d’avance cette semaine afin de ne pas avoir de conflit avec le 1er. C’est-à-dire aussi que mon dîner vendéen n’est toujours pas prêt.

J’ai récemment trouvé un article qui m’a donné une crise de confiance en ce qui concerne mon écriture, une crise que je ne savais même pas que j’étais censé avoir. Il vient du site Projet Voltaire et parle de l’accord dans l’expression « avoir l’air ».

Honnêtement, je croyais que c’était plutôt évident. « l’air » est l’objet d’avoir ; quel que le suive modifie « air », qui est masculin, et devrait donc être aussi masculin, n’est-ce pas ?

HAHAHAHA, non.

Il s’avère que pendant 4 ans, je suis arrivé à réussir quelque chose d’extraordinaire — éviter exactement le seul cas qui rend cette règle fausse. La plupart du temps, je veux juste dire « ça a l’air bon » en tant que compliment pour telle ou telle délice vue sur Instagram. Mais c’est juste par hasard que c’est correct, parce que selon Projet Voltaire, quand le sujet est inanimé, l’accord doit être avec le sujet.

D’autres fois, je veux parler à une personne sur leur état, mais c’est souvent juste dans la tête car je suis entouré par des anglophones. Alors, supposons que je dis à mon ex, « Ah, Tatie Danielle, t’as l’air sulfureux aujourd’hui ». C’est aussi correct, parce que quand le sujet est une personne, l’accord peut être soit avec le sujet soit avec « l’air ». Évidemment, avec un homme, on utiliserait toujours la forme masculine, alors impossible d’en tirer une leçon.

(Son prénom n’est pas Danielle, bien sûr. Je choisis des noms par hasard pour garder la confidentialité, vous comprenez.)

L’accord avec « l’air » est obligatoire, selon Projet Voltaire, si l’adjectif a un complément Leur exemple est « Elle a l’air sérieux comme un pape. » Si j’ai bien compris, ça veut dire que l’on dirait « Elle a l’air bavard comme une pie » et non pas « Elle a l’air bavarde comme une pie » malgré le fait qu’une pie est féminine. Mais mon dictionnaire Oxford complique l’affaire :

Est-ce que l’on utilise toujours la forme masculine avec des expressions de la forme « comme un/une X » ? Je ne sais pas.

Alors, la seule fois où on utilise la féminine avec « l’air » serait dans une phrase telle que « Ces pâtisseries ont l’air bonnes ». Et en quelque sorte, je suis arrivé à éviter écrire exactement ça pendant 4 ans. Si je m’étais trompé, en écrivant « ont l’air bons », on m’aurait corrigé, j’en suis sûr. Mais je l’ai évité comment ?

Avec ça, mon fichier d’idées pour Langue de Molière a l’air épuisé, alors la colonne prendra ses vacances en mai afin de retourner en juin.

Saison 3, Épisode 7 — Vienne avec moi

On reprend le Tour avec la Vienne cette semaine. J’entends de plus en plus le son de la fin du Tour, ce qui me rendra en même temps triste et soulagé. C’est du travail.

Le temps que vous lisiez cet article…tout le monde chez moi sera toujours au lit. Mais plus tard aujourd’hui, mon bulletin sera enfin publié. Je ne pourrai pas le partager — il y a des infos confidentielles au-dedans, des adresses e-mail et numéros de téléphone — mais j’attends avec impatience les réactions des membres. J’ai montré le produit final à plusieurs personnes à l’événement de samedi, et ils étaient choqués — de zéro en 2020 à éditeur en 2024 ! Franchement, s’ils savaient que j’approche les 700K mots ici, ils seraient beaucoup moins choqués. Mais je profite quand même de l’entendre.

Le 3 mai sera l’anniversaire de La Fille. Ce week-end, on aura une fête pour elle chez moi, plutôt similaire à la dernière. Mais cette fois, le gâteau partira d’une recette de Péla. Je ne dis toujours pas laquelle, et y aura de gros changements, car on fête aussi la fin de deux ans de son appareil dentaire (mardi). Pour ça, suite à sa demande, il y aura des choses qu’elle ne peut pas manger depuis le début de son cours de traitement. Mais elle voulait vraiment un gâteau façon Péla. Ne sous-estimez pas à quel point ce blog entre dans ma vie quotidienne.

Je suis très mécontent du Monde et du Figaro cette semaine. Je recherche souvent leurs sites pour voir les nouvelles des États-Unis. Ils vous cachent la vérité sur ce qui se passe avec les étudiants aux universités ici. Je considère que nous allons avoir une jolie reprise du « meeting » (votre usage) du parti Démocrate de 1968 à Chicago cet été. C’est-à-dire des émeutes et une catastrophe. On n’aura pas une reprise de 2020 car ce mouvement n’a pas de pouvoir au-delà des universités ; cependant, les élèves seront en vacances et en colère, une combinaison toxique. Mais je vous laisse le choix si voulez en savoir plus. Dites-moi dans les commentaires ; si je l’écris, ça va être largement des traductions d’articles et d’interviews ici.

Pour finir sur une note moins sombre, je suis en train d’écrire une courte nouvelle fictive ici, à partir d’un commentaire que j’ai laissé chez Blogosth. Ce commentaire est devenu l’obsession de La Fille et depuis deux semaines, elle mentionne chaque voiture Tesla qu’elle voit dans les rues. On a même commencé à tourner des vidéos dans les parkings ici. Je ne sais pas quand elle soit prête ; je n’ai écrit qu’une œuvre fictive depuis la fac, et ça en anglais.

Notre blague cette semaine traite de l’immobilier. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Perplexe, Vendredi aprèm, et Sachertorte. Ce dernier est la première fois où je parle en allemand sur la balado. Je remercie Google Traduction pour l’aide !

Sur le blog, il y a aussi De mauvaises nouvelles, sur la fermeture du marché de myPanier, J’ai eu tort, qui parle des preuves que « The Salingers » est en fait un projet d’Indochine, Je découvre Jeanne Added, notre prochaine artiste des 30 Ans de Taratata et Les 3 Mousquetaires : D’Artagnan, sur le film du même nom.

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Les 3 Mousquetaires : D’Artagnan

Ce soir, je suis revenu au groupe de cinéphiles de l’OCA pour mon 101e film français. Je n’ai pas de voix dans le choix, mais je suis ravi que l’on recommence avec un film de cape et d’épée. Ou plutôt de pistolet — on en parlera plus en bas.

©️Pathé, Source

Une foule de 33 personnes a été annoncée pour la soirée alors j’ai décidé que j’ai dû faire quelque chose qui pouvait être facilement doublé. Un chemin très facile, mais coûteux, est une tarte au chocolat — les ganaches ne sont pas trop de travail, mais le prix des ingrédients est à siffler, puis pleurer. Surtout quand on tire sa recette de La Maison du Chocolat.

Cette quantité de tablettes de chocolat m’aurait coûté environ 80 € chez la Maison du Chocolat, si la plus proche n’était pas à New York, mais je n’allais. J’ai dépensé 20 $ chez Walmart, mais je dois vous dire, je ne recommande pas le Lindt pour ça après l’avoir goûté.

Je suis content des fonds des tartes, préparés avec la même pâte sucrée que la semaine dernière :

Au début, je les croyais une réussite :

Mais après 2 heures au frigo — et je ne m’attendais pas à ça, car il n’y a pas de beurre dans cette ganache — la catastrophe :

La même chose est arrivée aux deux, mais je n’ai pris une photo que de la pire tarte. À ces moments, il ne faut pas perdre son sang-froid. Il faut plutôt mettre le bol de son robot dans le congélateur avec seulement 40 minutes avant l’événement, aller prendre la douche planifiée, PUIS être prêt à monter une crème chantilly une fois habillé :

Honnêtement, je suis une ordure et je le sais :

Je suis rentré avec une tarte entière, mais je ne m’en plains pas — il y avait beaucoup plus de desserts que ce à quoi je m’attendais :

Si je refais cette tarte, je ferai la ganache exactement comme celle de Pierre Hermé — la crème ne sera pas bouillante, et j’utiliserai le moins de chaleur possible. Mais une bonne quantité d’un meilleur chocolat comme Valrhona serait trop chère alors je doute que je la fasse à nouveau.

Alors, le film. Cette version des 3 Mousquetaires est beaucoup plus réaliste que celle d’André Hunebelle. Où la sienne était très propre, tout le monde ici est mal rasé et ont les cheveux emmêlés. D’une façon, je l’apprécie — il aurait été difficile pour des soldats de passer le temps en se rasant. D’autre part, je ne m’attends pas à un documentaire.

Ça dit, je suis la mauvaise personne pour vous dire si cette adaptation est fidèle au livre. Je l’ai lu en traduction et abrégé il y a 35 ans, ciblé aux goûts d’enfants de 10 ans. J’ai réussi à vous trouver exactement la bonne édition (lien en anglais). C’est la même série dans laquelle j’ai découvert Jules Verne et Victor Hugo, alors essayez de l’apprécier malgré ses défauts — je suis ici en partie parce que ces livres m’ont fait rêver.

Ce que je peux vous dire, c’est que ce film suit grosso modo les mêmes points que le film de Hunebelle. Il commence avec une lutte où D’Artagnan essaye de sauver une femme en train d’être agressé et finit par être blessé, mais cette fois, il est enterré et cru mort. La scène où il sort de sa tombe peu profonde, c’est flippant. Il arrive à Paris et réussit à énerver tous les trois mousquetaires de légende, Athos, Porthos, et Aramis.

Au milieu d’un duel, les mousquetaires et D’Artagnan sont attaqués par les sbires du cardinal Richelieu — mais cette fois, des pistolets sont impliqués autant que les épées. J’ai hâte d’ajouter que les armes à feu de l’époque n’étaient pas du tout fiables, et ce n’est pas du tout réaliste que les mousquetaires sont tireurs d’élite. Le même intrigue se déroule où la reine voit le duc de Buckingham en secret et lui donne un collier qui lui fera des problèmes plus tard, mais cette fois, c’est un complot du cardinal plutôt qu’un rendez-vous planifié par les amants. L’attaque contre la reine est une autre scène flippante.

Athos est accusé de tuer une femme et D’Artagnan mène une enquête où il s’est failli faire assassiner par une comtesse — je ne sais pas si ça fait partie du livre, mais il n’est pas dans le film de Hunebelle. Le film continue après la fin de son prédécesseur, et finit juste après une tentative contre la famille royale.

J’étais en haleine presque tout le long du film, bien que je connaisse la plupart de l’intrigue. Ce film est très bien fait, et ne perd pas de temps pendant ses 2 heures. D’autre part, il se termine sur un moment d’angoisse avec les mots « à suivre », jamais le bienvenu. Peu importe — j’ai déjà dit à La Fille que nous allons le regarder en traduction, probablement doublé car elle est loin d’être prête à regarder des films en VO. Mais je sais qu’elle l’adorera !

Il me semble que ceci tombe entre #55 et #45 dans le grand classement. Il ne dépasse pas les films de Hunebelle avec Bourvil et Marais, mais est une valeur sûre et jamais ennuyeux.

Je découvre Jeanne Added

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la deuxième des trois artistes qui ont jouées « Don’t Speak » sur Taratata, Jeanne Added. (Je me suis rendu compte que j’ai sauté par-dessus de Grand Corps Malade, par erreur. Il sera le prochain.) Pour vous rappeler, voici un extrait :

Je ne vais dire que de bonnes choses sur Jeanne Added, et ça m’énerve. Elle a réussi à faire ce que je voulais être impossible. Si vous avez suivi le parcours de ce blog depuis un moment, vous savez que je veux laisser tout tomber derrière moi. J’ai pu annuler mon abonnement à la télé en anglais parce que j’avais arrêté de tout regarder en anglais. Je n’écoute plus la grande majorité de ma bibliothèque de musique en anglais. Je voulais fermer cette porte derrière moi et jeter la clé dans un volcan sous-terrain au fond de la Fosse des Mariannes. Mais voici une artiste qui écrit des paroles intelligentes en anglais, les chante avec talent et évidemment, tout ça ne peut que vouloir dire qu’elle vient de… Chicago ? New York ? Des Moines ? Non, de freakin’ REIMS.

Regardez ce qu’elle m’a fait faire ! Utiliser un petit juron anglais !

Jeanne Added, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Jeanne Added est née en 1980 à Reims. Je suppose qu’elle a été poussée à apprendre l’anglais car son nom de famille est le participe passé d’ajouter en anglais, « add ». J’imagine que ses cousins, les Subtracted, ont changé de nom, car ça, c’est trop. Pas comme beaucoup d’autres musiciens que nous avons étudiés à ce point, elle était toujours destinée pour une carrière musicale — des conservatoires de musique à Reims et Paris en tant que lycéenne, le Conservatoire national à Paris pour ses hautes études, puis l’Académie royale au Royaume-Uni. À partir de 2005, elle commence en tant que chanteuse de jazz, habituellement en français, avec de tels noms que Vincent Courtois et Yves Rousseau.

Avec ce dernier, elle sort en 2008 un enregistrement qui me fait mal aux oreilles, et je suis habitué aux conventions du jazz. C’est une reprise de l’album « Poète, vos papiers » par Léo Ferré. Elle est la deuxième à chanter dans cet extrait, après Claudia Solal, et les deux ont des voix d’anges, mais la première minute, aïe. (Je sais, ce n’est pas la chanson du titre.)

J’imagine qu’elle a dû reconnaître que le public pour ce genre de chose est limité. Alors en 2010, elle sort un album en anglais, yes is a pleasant country, d’après un livre de poèmes par e.e.cummings, poète américain avec une allergie mortelle aux lettres majuscules. Tout l’album est disponible presque gratuitement au lien, l’édition originale étant définitivement fermée. La musique n’est pas complètement à mes goûts, mais elle ne chante pas en anglais « bien pour une française ». Elle est excellente : très facile à comprendre et son phrasé ne manque de rien. Et vous savez qui le sait très bien ? Jeanne Added. Cet album lui valait être nommée aux Victoires du jazz en 2011, et elle a dû bien comprendre que ce chemin l’était ouvert.

Elle sort donc en 2015 son premier album en tant que soliste, Be Sensational. Sauf pour un morceau, les paroles de l’album sont toutes écrites par Mme Added, et elles seraient un crédit à presque n’importe quel artiste anglophone. La chanson du titre est une merveille :

Je ne suis pas grand fan des techniques de production de « À War is Coming » — bruyantes et déformées — mais c’était le premier single à sortir, et c’était une réussite. Et je serais le premier à vous dire que cette chanson montre du talent.

En 2018, elle est de retour avec Radiate, un album par tours plus loud — les traductions vif et bruyant n’ont pas le sens exact — et moins déformé que le premier. La chanson du titre montre exactement ce que je veux dire. Les dynamiques musicaux sont plus forts, mais les effets électroniques sont réduits. Les paroles sont parfois colériques, mais elle a mon attention.

La chanson qui termine l’album, « Years Have Passed », est tout ce qui est possible chez elle sans les effets. C’est douce, triste, et absolument au-delà des capacités de presque tout et n’importe quelle chanteuse populaire ici. On parlera à la fin des bonnes comparaisons, mais elle est tout le contraire de Taylor Swift, c’est certain !

Son troisième et plus récent album est By Your Side, encore plus dans le sens de mettre sa voix en vedette et ne pas la noyer sous trop d’effets. La chanson du titre parle du genre de relation où on dit en anglais « it’s complicated » (c’est compliqué), pas exactement l’amour, pas exactement l’amitié. Je ne veux pas l’aimer. Mais je n’arrive pas du tout à m’arracher de la stéréo en l’écoutant :

On finira notre revue de ses chansons avec une autre chanson de By Your Side, Hey Boy. C’est ce qui arriverait si « Years Have Passed » n’était pas si triste, si élégiaque. C’est absolument ma préférée de ses chansons.

Il ne faut absolument pas faire la comparaison entre Jeanne Added et des mannequins dont le logiciel AutoTune est le seul moyen de les sauver. Venant de la tradition de jazz, il faut chercher quelqu’une comme la canadienne Diana Krall. Son interprétation de la chanson « Peel Me A Grape » montre la seule chose qui manque à l’œuvre de Jeane Added, un sens de l’humour. Mais les similarités entre ces talents sont évidentes :

L’autre chanteuse qu’elle me rappelle — et j’aimerais tellement la voir avec cette opportunité — est k.d. lang, qui a chanté la meilleure chanson de James Bond que vous ne connaissez pas, Surrender :

Pourquoi est-ce que vous ne la connaissez pas, même si vous avez entendu parler de Mme Lang ? Parce que les producteurs ont décidé au dernier moment qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de sortir un générique chanté par une lesbienne, et cette chanson a été déplacée aux crédits à la fin, que personne n’écoute. (Sauf moi ; je ne quitte jamais la pièce jusqu’à à ce que les lumières soient allumées.)

En faisant cette comparaison, je n’exprime aucun avis sur la vie amoureuse de Jeanne Added, de laquelle elle ne parle pas. C’est juste que les deux ont des voix similaires. J’aimerais voir ce qui se passait si elle travaillait dans un plus grand ensemble, de façon cinématique. Je sais qu’elle serait à la hauteur du défi.

Ma note : J’achète l’intégrale, mais si elle décide de chanter en français…ouais, je prendrais l’avion si je pouvais rester plus qu’un week-end.

Je découvre la Vienne

On continue maintenant le Tour avec le 86, la Vienne. C’est le département le quarante-cinquième moins peuplé et les habitants se nomment poitevins (afin de ne pas se faire confondus avec les viennois, qui habitent — évidemment — en Autriche, ou en Isère ; c’est compliqué). C’est notre onzième séjour en Nouvelle-Aquitaine.

On commence notre tour dans la préfecture, Poitiers. Il n’y a pas de poitevin plus célèbre dans le monde anglophone que Saint-Hilaire, qui a vécu pendant le IVe siècle, défenseur de la Trinité contre l’arianisme, alors notre premier arrêt est l’Église Saint-Hilaire-le-Grand (2 étoiles Michelin), construite au XIe siècle, et distinguée par ses 4 chapelles ainsi que les reliques du saint. À 1,5 km, on visite le Musée Sainte-Croix (2 étoiles), avec 2 collections remarquables — de l’archéologie (de la préhistoire jusqu’à l’époque gothique) et des Beaux-Arts (des tableaux italiens et français, ainsi que des sculptures de Claudel et Rodin).

Au nord de Poitiers, on visite le Parc du Futuroscope (3 étoiles), parc d’attractions renommé pour des attractions comme Chasseurs des Tornades avec l’écran LED circulaire le plus grand d’Europe, et la Oh-Hell-No (Objectif Mars), montagne russe dont je m’en fous des détails. Ce blog est consacré au patrimoine dès le départ, car aucune montagne russe n’en font pas partie. Juste à l’est de la ville, on visite la cité médiévale de Chauvigny, Les ruines du château baronnial (1 étoile) du XIIe siècle surveillent la ville, et le spectacle de fauconnerie dit Géants du Ciel est comme très peu que l’on a vu dans le Tour.

On continue vers l’est jusqu’à Montmorillon. J’ai horriblement envie d’y prendre une balade, parmi tous les vieux bâtiments du Moyen-Âge. Mes amis littéraires voudront visiter la Cité de l’Écrit et les Métiers du Livre, un quartier de bouquinistes et artisans, et moi, je me rends au Musée du Macaron. Vous pensez que je plaisante, mais on ne plaisante jamais sur les macarons ici (on parle des macarons locaux, rien à voir avec Ladurée ou Pierre Hermé). Un peu au nord, on visite l’Abbaye de Saint-Savin (3 étoiles), fondée au IXe siècle et qui abrite une collection exceptionnelle de peintures du XIe siècle autour de thèmes bibliques.

Un peu plus au nord, dans l’un des Plus Beaux Villages de France, Angles-sur-l’Anglin, on voit leurs célèbres vélos suspendus, chroniqués par nos amis chez Blogosth. Le village tire son nom du tribu des Angles, c’est-à-dire les barbares germaniques qui ont envahi l’Angleterre avant que le pays n’ait fait civiliser par Guillaume le Conquérant. On est là pour les vues de la Forteresse d’Angles sur la vallée, ainsi que les artisans des « Jours d’Angles », de la broderie. Puis on visite Châtellerault pour La Manu (1 étoile), ancienne manufacture d’armes devenu musée d’art et d’industrie avec des expositions sur les autos ainsi que l’ancienne industrie de la ville. Une balade à travers les ponts nous fera du bien aussi !

Dans cette région, il me faut mentionner La Roche-Posay, ville thermale, car je vois un panneau avec son nom à chaque fois où je vais à la pharmacie. Mais honnêtement, je suis la dernière personne à consulter sur ces sujets. On passe autrement par la ville de Loudun, où on arrêt pour voir la Tour carrée du XIe siècle ainsi que son jardin médiéval. Notre dernier arrêt est le Château de La Mothe-Chandeniers, du XIXe siècle, gravement endommagé par une incendie en 1932, devenu un jardin sauvage dans les ruines.

Qui sont les personnages les plus connus de la Vienne ? Probablement le plus célèbre au monde entier est le Docteur de l’Église, Saint-Hilaire de Poitiers. Plus récemment, le grand chef Joël Robuchon (j’adore son Atelier à Las Vegas) est né à Poitiers, ainsi que le soi-disant philosophe Michel Foucault, un type trop célèbre pour ne pas mentionner, mais pas du tout un crédit à la France. L’actrice Anne Madeleine Louise Bourguignon, dite Anémone, mentionnée à la 40e place dans notre grand classement de films, est décédée à Poitiers.

Que manger en Vienne ? En produits locaux, on y trouve le chabichou du Poitou AOP, un formage de chèvre, ainsi que des producteurs du beurre de Charentes-Poitou AOP. En plats principaux, il y a les écrevisses à la poitevine, le pigeon aux fines herbes, et le farci poitevin. En dessert, il y a les macarons du Poitou (nos macarons de Montmorillon étaient une variante), le mijet ou soupe au vin sucré, les croquants de Loudun, et le broyé du Poitou, une grosse galette dorée que l’on casse à table avec un coup de poing. Pour boire, il y a les vins du Haut-Poitou AOC, largement soit du sauvignon blanc ou gris soit du cabernet franc, ainsi que les bières de nombreuses brasseries artisanales.

La culture du travail

J’ai rendu le premier numéro du bulletin au bureau de l’OCA dimanche soir, ce que je vous ai dit avec la dernière balado. Depuis ce temps-là, j’ai reçu quelques petites corrections, les ai faites, et le tout sera publié lundi prochain. J’en tire des leçons, et j’espère que vous les trouverez intéressantes.

Mine de sel aux États-Unis, Photo par Pollinator, CC BY-SA 3.0

Je vous ai dit, sans élaborer, que certaines règles ont été mises en place uniquement pour moi. Je le sais car j’ai une description officielle du poste et le lendemain de l’avoir reçue, on m’a dit que je ne ferai pas la moitié des tâches, ni aurai accès à certaines ressources. Je crois que ça ne changera pas. En revanche, on vient de me dire qu’ils chercheront un chemin pour résoudre certains problèmes que j’ai rencontrés. Je crois que ces problèmes sont venus d’une différence entre comment marche le travail ici qu’en France.

Aux États-Unis, un CDD est parmi les choses les plus prestigieuses que l’on puisse avoir. Je pause pour vous laisser reprendre votre souffle. Mais je suis en fait complètement sérieux. Les seules personnes embauchées de cette façon sont les entraîneurs des équipes professionnelles de sport ou les PDG des grandes entreprises. Ces contrats viennent avec des salaires énormes et souvent des garantis que tout l’argent doit être payé, que l’ouvrier est licencié ou pas. C’est pourquoi les durées sont limitées !

Le reste de nous vivons sous des CDI sans droits réels, dits « at-will » (à volonté). Ça veut dire que le contrat dure jusqu’au moment où un côté ou l’autre dit « va-t-en » (rappelez-vous que selon moi, nous nous tutoyons exclusivement ici, dont les juges quand ils condamnent un malheureux à la peine de mort — on ne distingue pas entre ça et une commande chez Starbucks). En France un CDI veut dire qu »il est plus difficile que ça de licencier un employé.

J’exagère un peu. On peut poursuivre un employeur pour un virement injuste, à cause de la couleur de peau, le sexe, ou d’autres raisons. Mais quand on a besoin de manger du pain ce soir, un procès de 1-2 ans ne mange pas de pain, si vous me suivez.

Cependant, le fait d’être facilement viré veut dire que d’autres choses ici sont plus faciles. À chaque boulot que j’ai jamais eu ici, j’ai reçu tout ce dont j’avais besoin dès le tout premier jour. Il y a une telle chose qu’une période d’essai ici, mais souvent, si on est embauché, on est embauché. C’est juste les bienfaits comme l’assurance qui ne commencent qu’à plus tard. Mais les droits d’accéder à tous les bases de données ou les référentiels de codes, ça commence tout de suite.

Bien que ce soit un poste bénévole, il me semble que les responsables ont apporté une attitude française au processus. On m’a dit que j’étais dans une période d’essai et que ça finira à la prochaine réunion du bureau. Vous pouvez me dire si j’ai raison, mais il me semble qu’avec plus de conséquences pour avoir embauché quelqu’un, peut-être que l’on n’a pas hâte de lui faire confiance trop vite.

Tournons vers une autre chose. Je n’ai que de bonnes choses à dire sur l’ancienne responsable. Pourtant, quand elle publiait le bulletin, si on soumettait du texte sans mettre un accent sur chaque « à » devant une heure, elle ne le corrigerait pas. Moi, j’ai corrigé chacun et tous, et d’autres fautes aussi. Pourquoi ? Car il me semblait que je serais examiné minutieusement. Et j’ai eu raison. J’ai reçu des corrections pour certaines choses qui sont passées sans mention dans le bulletin depuis un an ou plus. Il m’est évident que c’était parce que beaucoup de monde ne croyaient pas que je produirais un document de 37 pages sans fautes hurlantes. (J’ai raté 3 « à » à la fin, pour info.)

Il faut ajouter que ça ne me dérange pas. Mon plus grand rêve depuis le départ est d’être jugé comme le reste du monde. Une amie qui s’inquiétait que ce serait trop pour moi m’avait dit « Tu écris bien pour un américain mais… ». Je l’adore, je comprends, mais je fais tout ici dans l’espoir de mettre un terme à « pour un américain ». Cependant, j’ai pensé pendant des semaines à une certaine affiche de Vichy en me disant « Vous êtes l’ambassadeur de la qualité américaine ». C’est pour ça que je dois toujours apporter la pâtisserie la plus impressionnante aux événements, et pourquoi je résiste au maximum parler en anglais.

Je vois ce numéro comme un premier pas vers avoir des références qui diront « Il peut travailler en français avec des Français. » Un jour, j’espère que j’en aurai besoin.

Le tuvoiement

Langue de Molière est de retour avec une observation sur l’usage plutôt différent que d’habitude.

Je chante les louanges du vouvoiement ici presque depuis le début. Je vous dis souvent que je traduis chaque cas de « you » en anglais par « tu » car nous sommes beaucoup trop proches de tout le monde. Et en général, vous trouverez que mes concitoyens ont une certaine peur d’être « usted » en espagnol ou « vous » en français. Mais. Mais il y a une chose où je vous dirai que les américains n’ont pas complètement tort dans leur attitude.

Je trouve qu’à travers les cultures, personne n’utilise jamais les deuxième prénoms d’autres personnes à moins qu’ils soient en colère. Vous savez juste en les lisant qu’il y a une grosse différence entre « Justin, arrête ça » et « Justin Eliot Busch, arrête ça tout de suite ! ». Dit autrement, personne n’a jamais utilisé « Eliot » autour de moi sauf pour mes parents quand j’étais jeune et les gens aux labos qui doivent vérifier les noms avant une prise de sang.

Alors, de notre point de vue, le vouvoiement est un peu comme utiliser le deuxième prénom. Si on utilise « vous » avec nous, nous imaginons que c’est-à-dire que nous avons bel et bien f’d up. (Je me suis récemment surpris à utiliser « j’ai » pour former le passé dans une conversation qui se déroulait autrement en anglais.)

Et vous savez qui fait leur tout pour renforcer cette impression ? Les expatriés. Je ne peux rien citer directement, mais je remarque certaines tendances. Par exemple, avec certains qui étaient anciennement mes profs chez l’Alliance française mais sont maintenant mes collègues en tant que responsables de l’OCA ? Après plusieurs années de vouvoiement par Zoom ou même en personne, nous nous tutoyons tout à coup, sans jamais avoir eu « la conversation ». J’ai rencontré plusieurs inconnus pour la première fois ce week-end ; je me suis présenté avec « vous », puis ils ont vu une certaine tarte et tout à coup, nous nous tutoyons aussi sans « la conversation ». (Quand je le dis comme ça, il me semble que je parle « des oiseaux et des abeilles », comme on dit en anglais. Mais c’est juste de la politesse, je le jure !)

Cependant, d’autres sautent entre les deux sans montrer aucun signe de se souvenir d’où nous étions la dernière fois. J’ai tout un tas de courriels à ce point où les mêmes personnes sont vous une première fois, tu une deuxième fois, puis vous encore et ainsi de suite. C’est un effet déroutant, mais en plus ça tend de suggérer que les limites sont en fait plutôt floues. J’appelle ce comportement le « tuvoiement », car on ne sait jamais quelle est la bonne chose à dire. Il faut espérer que l’autre personne vous donnera un indice avant que vous n’ouvriez la bouche.

Et bien sûr, il était aussi la fameuse « boulette » que je ne cesse jamais de mentionner. Cette fois-là, on est passé du tutoiement au vouvoiement en une phrase. Si on voulait signaler que le vouvoiement signifiât être en colère, je ne peux pas imaginer un meilleur exemple.

Tout ça, c’est-à-dire qu’il nous semble que la vraie distinction est que tout le monde se tutoie à moins qu’il y ait une grande différence d’âge ou rang ou que l’on soit en colère. En fait, on m’a expliqué pourquoi cette situation est arrivée il y a longtemps — « quand nous (les expatriés) sommes ensemble pour un événement, nous sommes tous des amis et il serait compliqué s’il y avait juste un ou deux personnes qui se vouvoyait ». J’ai répété ça à un ami belge, et j’ai cru qu’il allait faire une crise cardiaque ! Cet avis est loin d’être universel.

Je n’ai pas de bonne réponse au tuvoiement. J’ai toujours du mal à corriger des gens quand ils m’appellent « Julien », ce qui arrive de plus en plus, car je ne veux offenser personne. (Quand les anglophones m’appellent « Jason », je ne suis pas timide. Il m’étonne que « Justin » soit si difficile en chaque langue que je parle !) Si je ne vais pas corriger mon propre prénom, je ne vais pas corriger un pronom non plus. Honnêtement, je m’en fiche. Juste choisissez-en-un et je l’utilise, d’accord ?

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour traîner dans les airs.

J’ai eu tort

Il y a des semaines, je vous ai dit qu’à mon avis, « The Salingers Reviennent » n’était pas le vrai prochain album d’Indochine, car il me semblait impossible que le groupe copie la musique d’autres sans crédit.

J’ai eu tort. Les vidéos de la chaîne YouTube qui m’ont mené à cette conclusion sont toujours là, mais cachées si on n’a pas le bon lien. Mais il y a plusieurs nouvelles vidéos, pas cachées du tout, et les frais pour l’art doivent être une somme folle si c’est une farce :

En plus, le compte Instagram exige un procès sur les droits d’auteur si ce n’est pas Indochine. Au-delà d’un lien vers un site, Canard Ebay canarybay.fr, dont Indochine a sans doute les droits, il y a un enregistrement qui est absolument la voix de Nico. Si c’est une farce à la sauce IA, on va avoir une sacrée amende :

Franchement, je ne suis pas ravi qu’ils aient copié cette musique au début. J’espère que l’usage a été payé.

Il y a un sens où je devrais me sentir content. Dans le genre de musique dit « progressive rock » — de tels groupes comme Yes, Genesis (avant les années de trio mené par Phil Collins), ou Emerson, Lake, and Palmer, ainsi que mon Rush bien-aimé — des albums consacrés à raconter une histoire sont communs. L’un des mes albums préférés, 2112 par Rush, a une chanson de 20 minutes qui raconte une histoire dystopique qui a lieu à l’avenir. Si vous voulez écouter juste une minute, je recommande de vous lancer à partir de 4:25 :

Au fait, il y avait un jeu très populaire parmi les fans de Rush de poster des photos où on avait trouvé le numéro 2112 quelque part. Mais le faire apparaître — par exemple, en laissant un pourboire radin de 1,12 $ sur une addition de 20 $ — ne comptait pas.

L’histoire racontée par les photos et les clips sur le compte Instagram des « Salingers » ressemble fortement à cet album, 2112. Mais ce serait un départ plutôt extrême pour Indochine, même si certains de leurs albums ont des thèmes qui guident tous les contenus. Bien que j’aime le fait qu’Indochine m’a attiré au début en partie car certaines choses chez eux me rappellaient Rush, je veux qu’ils soient Indochine, pas Rush en français.

Ai-je mentionné que un tiers des albums de Rush ont été enregistrés au Québec dans une maison dite « Le Studio » ?

Évidemment, cette histoire des Salingers me donnent des pensées d’une ancienne vie. Le batteur de Rush est décédé deux mois avant ma première leçon de français, mais le groupe avait déjà quitté la scène en 2015. Je les écoute toujours, et je ne les quitterai jamais, mais croyez-moi, les fans de ce genre de musique en anglais sont considérés comme des ringards grand cru.

Alors, j’avoue que « The Salingers Reviennent » est à Indochine. Mais c’est quoi leur but avec tout ça ? Je ne sais toujours pas.