Archives mensuelles : mars 2024

Je découvre le Vaucluse

On continue maintenant le Tour avec le 84, le Vaucluse. C’est le département le quarante-septième plus peuplé, et les habitants se nomment vauclusiens. C’est notre sixième — et dernier — séjour en Provence-Alpes-Côte d’Azur. À chaque fois où j’écris « notre dernier séjour », il y a des larmes aux yeux.

Comme souvent en écrivant sur les départements, il n’y a qu’un endroit logique pour commencer. Cette fois, c’est sur le Pont d’Avignon 🎶. Je plaisante un peu à peine pas ; on va commencer à Avignon en plein milieu du Rhône, sur le Pont Saint-Bénézet (2 étoiles Michelin), construit au XIIe siècle, ayant anciennement 22 arches, mais il n’en reste que 4. Il y a deux chapelles sur le pont, de nos jours devenues parties du musée qui est notre prochain arrêt, le Palais des Papes (3 étoiles). Cette résidence a accueilli 7 papes des 9 avignonnais, dont 2 schismatiques. On est là pour sa grandeur en tant que bâtiment, mais aussi pour ses fresques et ses jardins. Juste à côté, on trouve le Musée du Petit Palais (2 étoiles), maison des 2 premiers papes, qui abrite de nos jours des œuvres de peinture italiennes et avignonnaises ainsi que des sculptures. On finit notre visite avec le Jardin du Rocher des Doms (2 étoiles), un parc avec des vues panoramiques sur la vieille ville.

On conduit vers le sud-est, à Gordes, un des Plus Beaux Villages de France (il y en a 7 dans le Vaucluse !). Ici, on visite l’Abbaye de Sénanque (2 étoiles), fondée en 1148, qui conserve preque complètement sa forme du début, et vaut la visite aussi pour ses jerdins de plantes médicinales et champs de lavande. Puis on passe à Ménerbes, un autre des Plus Beaux Villages, largement construit pendant le Moyen-Âge et la Renaissance. Au-delà des espaces consacrés aux producteurs locaux, comme la Maison de la Truffe et du Vin du Luberon, on visite le très inhabituel Musée du Tire-bouchon, avec une collection de 1 200 pièces des derniers 4 siècles.

Á quelques km de Ménerbes, on visite encore un autre des PBV, Roussillon, et son sentier des ocres (2 étoiles) parmi les pierres rouges qui donnent une couleur unique aux bâtiments du village ([Pas si vite, mon ami. — Collonges-la-Rouge]) Notre prochain arrêt, le tout petit village de Brantes n’a que 88 habitants, mais a d’excellentes vues sur la face nord du Mont Ventoux (3 étoiles). Mais Brantes vaut aussi la peine pour les ruines de son ancien château et sa chapelle des Pénitents blancs.

On retourne vers l’ouest du département, jusqu’à Carpentras. Vous avez eu assez d’églises et abbayes ? Bon, ici on visite la Synagogue de Carpentras (1 étoile), la plus vieille de la France toujours en activité. Construite pendant les années 1360 avec l’approbation de l’évêque, la salle de prière a été renouvelée pendant le XVIIIe siècle, mais le mikvé (bain rituel) et les deux boulangeries (une pour le pain de chabbat, l’autre pour le pain azyme de la Pâque juive) sont beaucoup plus vieilles. Puis on va à Vaison-la-Romaine pour voir les ruines gallo-romaines (2 étoiles). Là, il y a 15 ha de sites à voir, dont La Villasse, ancienne place principale ; Puymin, théâtre et quartier des riches, et un pont romain du Ier siècle.

On finit notre séjour vauclusien à Orange, d’où la famille royale néerlandaise, les Orange-Nassau. Mais on n’est pas là pour manger des hagelslag, on est là pour les trésors de la ville, à partir du Théâtre antique (3 étoiles), un lieu de spectacle romain qui a plus de 2 000 ans, pourtant est si bien préservé que Johnny et The Police y ont joué (pas en même temps ; en plus, il me faut vous raconter mon histoire liée à The Police). Notre tout dernier arrêt est l’Arc de Triomphe d’Orange (2 étoiles), monument au jus érigé par Tibère en hommage aux ennemis d’Astérix soldats de la IIe Légion gallique.

Qui sont les personnages les plus connus du Vaucluse ? Avignon est la seule ville au-delà de Rome à avoir été le siège des Papes, alors la ville compte sept Papes de Clément V jusqu’à Grégoire XI, ainsi que deux « antipapes » du Grand Schisme. Le compositeur Olivier Messiaen, connu pour sa Turangalîla-Symphonie (une inspiration de la série Futurama), est né à Avignon, ainsi que Mireille Mathieu, dont j’ai appris La Marseillaise en l’écoutant. D’autres avignonnais comprennent : Océane Colom, dite Suzane, chanteuse et Jules-François Pernod, fondateur de la maison devenue Pernod Ricard. L’acteur Jean-Louis Trintignant est né à Piolenc. L’acteur Michel Modo est né à Carpentras, ainsi qu’Édouard Daladier, homme politique. Alexandre Dumas, père, a vendu une collection de son œuvre à la bibliothèque de Cavaillon en échange de douze melons par an, pour la vie. (Pas surprenant qu’il ait fait faillite.) Porte-parole de M. le président Kennedy devenu complotiste fou, Pierre Salinger, est décédé à Cavaillon. Le producteur des Bronzés et oncle de Christian Clavier, Yves Rousset-Rouard, était maire de Ménerbes pendant 19 ans.

Que manger dans le Vaucluse ? On est en Provence et toujours aux griffes de la cuisine provençale, tout comme dans le Var, alors on parle juste des produits locaux. Il y a plus de 500 producteurs de truffes dans le Vaucluse, et le fromage Banon AOC s’y trouve aussi. La ville d’Apt est connue pour sa production de fruits confits. Une confiserie locale est la papaline d’Avignon, un chocolat rempli de la liqueur d’origan (à base de marjolaine) ; il y a aussi les berlingots de Carpentras, des bonbons en forme de pyramides. Pour boire, il y a les vins du Vaucluse IGP et surtout une belle partie de la production des vins Châteauneuf-du-Pape AOC.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

O(e)uf

Ça fait longtemps depuis la dernière fois où Langue de Molière a été consacrée à une collection d’expressions autour de tel ou tel thème. Mais j’ai trouvé un magnifique article sur des expressions autour des œufs, sur le site Cuisine AZ, et c’est d’où part notre colonne aujourd’hui.

Œufs, Photo par Ravi Dwivedi, CC BY-SA 4.0

L’article commence avec la bien connue « marcher sur des œufs » ; c’est-à-dire être dans une affaire sensible. L’idée est que si on ne marche pas très délicatement, on finira par casser les œufs. Pourtant, je ne connais pas l’œuf qui pourrait supporter le poids d’un être humain, peu importe ses efforts. Il serait mieux de dire « marcher sur des Legos », car tout adulte avec des enfants peut vous expliquer à quel point c’est dangereux. Et même si on fait attention, on va SOUFFRIR en marchant sur un Lego. Quant à la brique ? Tout passe crème.

Au fait, en anglais, on dit plutôt « walk on eggshells » ; c’est-à-dire, marcher sur des coquilles d’œufs. Quoi, comme si on vide les œufs avant d’y marcher ?

(N’oubliez pas de consulter Les Dédexpressions sur ce sujet.)

On dit « tuer dans l’œuf » pour un projet qui est annulé avant d’avancer. Mais comment fait-on ça sans casser l’œuf ? On reconnaît que c’est difficile de faire ça en disant « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». Peut-être que c’est pour ça que les anglophones disent plutôt « étrangler dans le berceau » (« strangle in the crib ») ou chez les britanniques, « étrangler au moment de naissance » (« strangle at birth« ). On aime nos enfants entiers avant de les tuer !

Cuisine AZ offre une signification curieuse de « Mettre tous les œufs dans le même panier ». Ils disent que c’est « engager plusieurs personnes/choses dans la même situation ». Par contre, Wiktionnaire donne exactement la même signification que l’on trouve en anglais pour cette expression, « Placer tous ses fonds dans une même affaire, dans un seul genre d’industrie ou dans une seule créance ».

« Chercher un poil sur un œuf », belle description des commentaires de M. Descarottes dans mes articles, m’est aussi mystérieux. Qui a eu l’idée de faire une telle chose pour commencer ? Cette fois, je n’ai pas réussi à trouver le bon équivalent en anglais moi-même, car je me concentrais sur l’œuf. Wiktionnaire m’a sauvé –nous disons « splitting hairs », déchirer ou peut-être fendre, des poils (pensez à les couper dans le sens de la longueur). C’est absolument ça. En cherchant cette expression, j’ai aussi trouvé « tondre un œuf », une action inutile, car impossible. Ben, j’avais assez de mal à tondre un tout petit gazon quand mon ex et moi avons acheté une maison ensemble. Je comprends pourquoi « tondre » veut dire impossible. Pourtant, pas trop à voir avec les œufs.

Une dernière œufisme français ? Chez Les Dédexpressions, on trouve aussi « Aller se faire cuire un œuf », pour dire à quelqu’un « allez-vous-en ». Audrey donne un équivalent anglais plutôt fort, « go to Hell » (allez en Enfer), mais en fait, nous avons aussi une expression aux œufs pour ça — « aller sucer un œuf » (« go suck an egg »). Je suppose que les nôtres sont crus, car nous n’avons pas les CAP pour apprendre les bonne règles autour de la santé.

Il y a une autre expression anglaise sur les œufs dont je ne trouve pas un équivalent français. On utilise œuf en tant que verbe, « egg on », pousser ou provoquer quelqu’un de faire quelque chose de lamentable.

Et juste car vous êtes sages, une pub des années 1980 quand la réputation des œufs a changé en ce qui concerne la santé cardiaque :

Ayant vous œufé avec cet anglicisme du dernier moment, Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler de l’évident.

La tarte piémontaise

Pour ma soirée de jeux vendredi dernier, je cherchais quelque chose de nouveau. Peut-être que vous ne l’avez pas remarqué, mais j’essaye de ne jamais faire la même chose deux fois pour le même groupe. Si c’est tarot, puis belote, je peux faire des macarons deux fois de suite, mais pour la prochaine séance de tarot, ça doit être des kouign-amann. Ou une tarte au citron. Vous avez l’idée. Alors, voici ma dernière tarte, la piémontaise :

Tarte piemontaise (proche)
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Mais avant de vous dire comment la faire, je dois vous partager l’histoire ridicule de comment je l’ai découverte. Allons-y !

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Saison 3, Épisode 1 — Razzia sur le frigo

C’est le début d’une nouvelle saison d’Un Coup de Foudre, la balado (pour vous rappeler, le mot québécois pour un podcast). Je suis toujours en train de décider si je veux faire d’autres changements, mais il y a un nouveau logo, pour plusieurs raisons — pour une chose, il y a d’autres recettes du blog et d’autres lieux pour mettre en vedette. Autre chose, après ma dernière visite chez Les Deux Magots, je n’ai plus envie de leur donner de la publicité gratuite. Les Galeries Lafayette Haussmann restent, mais Rouen remplace le resto. Cependant je suis preneur des idées ; s’il vous semble que d’autres images du blog marcheraient mieux, je vous écoute !

En anglais, quand les enfants ont une fête à la maison de l’un d’entre eux et ils prennent des trucs du frigo qu’ils n’étaient pas censés avoir, ils parlent d’une « fridge raid ». Littéralement, c’est une « razzia sur le frigo ». Il n’y a pas de chnouf dans le mien. ([C’est dans le placard à côté. — M. Descarottes])

Au fait, selon le Trésor, schnouf est la bonne orthographe, et ça vient d’un genre de tabac à priser. En anglais, on dit toujours « snuff » pour ce genre de tabac. Si j’ai bien compris les dates, nous avons les deux mots du néerlandais, « snuftabak », paru dans le XVIIe siècle. Merci, les Pays-Bas.

J’ai essayé d’ajouter des chapitres accessibles de Spotify, qui ignore les chapitres mis dans le fichier de la balado (qui marchent avec Apple Podcasts, Overcast, et plein d’autres lecteurs). Cependant, il me semble que ça n’a pas marché comme prévu. Je contacterai Spotify pour voir ce qui est le problème. Je ne suis pas trop fan de leur style, qui brise l’apparence de la description sur tout autre lecteur — certainement pas par hasard.

Demain, je publierai mon dessert de vendredi soir. Il sera la dernière recette jusqu’à ce que le propriétaire de mon immeuble règle ma cuisinière, qui est tombée en panne — heureusement, juste après la préparation de la ganache. J’espère qu’il n’y aura pas trop de délais, mais plus que le loyer augmente, moins que le propriétaire se soucie de l’immeuble.

J’apprécie les messages que j’ai reçus en réponse à mon post de samedi matin. Pourtant il me semble que beaucoup de monde ont surestimé mon but. Il est déjà trop tard pour moi d’avoir un autre enfant (j’en voulais deux). À ce point, je considérerais une année une réussite si on acceptait d’aller dîner ensemble une fois. Il me semble que c’est quelque chose que les êtres humains font tout le temps, pourtant même ça paraît un but impossible. Je vais me taire sur ce sujet maintenant.

La Fille sera à la maison pendant deux semaines de suite à partir de mercredi. J’espère donc publier sur le Vaucluse et la Vendée avant de finir le 100e film. Je ne veux pas publier la Vendée sans avoir fait le dîner du Vaucluse, mais je ne veux pas tomber plus en retard avec le Tour — j’ai des raisons pour vouloir le finir avant la rentrée. Au cas où ce ne serait pas clair, ça comprend absolument l’outre-mer. Quel qui arrive, le Vaucluse sera publié cette semaine.

Notre blague traite d’une inondation. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Pluriel, Poisson et Ralphs.

Sur le blog, il y a aussi Mon dîner varois, la soupe au pistou, La tarte tropézienne de Yann Couvreur, exactement ce qui promet le titre — et une star du blog, et La règle de 6-6-6, ma dernière plainte sur ce qui est maintenant 10 1/2 ans depuis mon dernier rendez-vous.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Razzia sur la chnouf

La vache, mais on finit la Centaine des films de façon forte ! Ce soir, j’ai regardé #99, Razzia sur la chnouf, un tour-de-force (expression anglaise qui veut dire « tour de force », sans traits d’union) pour les légendes Jean Gabin et Lino Ventura, et de grandes performances par Magali Noël, Marcel Dalio, et Lila Kedrova. Ce film ne change pas mon top 5, mais il va bien bouleverser mon top 15 — on parle d’un must du cinéma français !

Ce film a beaucoup en commun avec d’autres films de truands qui mettent Gabin en tête d’affiche — des scènes ténébreuses, lui posé avec les mains dans les poches, Paul Frankeur dans un second rôle — mais surtout, cette présence comme personne d’autre. Peut-être brièvement Orson Welles. Je plains tous les pauvres du monde qui ne peuvent pas regarder Gabin en VO. Ou pire, ne le connaissent pas tout court.

On commence à Orly, où notre truand Henri le Nantais — entre ça et Lulu la Nantaise, qu’est-ce qu’il y a, Nantes ? — descend d’un avion alors que des flics le surveillent :

Les flics appellent le commissaire (Frankeur, assis), qui envoie un autre flic pour suivre Henri :

C’est intéressant de faire la comparaison entre cette vue de l’Arc de Triomphe en 1955 avec celle de 1936 dans notre dernier film, Le Roman d’un tricheur — la rue a complètement changé !

Henri va voir un patron de la pègre, Paul Liski (Dalio), qui reconnaît qu’Henri est de retour des États-Unis en lui parlant en anglais. J’adore que vous pensez tous que ces touches ajoutent de la réalisme, vu que je les trouve partout et à travers les décennies. De toute façon, Liski veut qu’Henri prenne en charge ses affaires en tant que fournisseur de drogues :

Puis on voit comment les drogues sont passées en contrebande par train. Un ouvrier à une gare, Émile, ouvre un panneau pour enlever des paquets cachés derrière le mur :

Mais Émile en a eu assez et dit à un truand qu’il veut quitter l’organisation. C’est une mauvaise idée, mais le truand dit qu’il transmettra cette nouvelle à Liski :

Henri arrive au Troquet, le bar qu’il va utiliser pour mener les affaires de drogues en secret. Là, il rencontre deux tueurs à gages qui travaillent avec Liski, Roger le Catalan (Ventura) et Aimé :

Émile reçoit un appel téléphonique dans un bar, ce qui lui prévient de ne pas rentrer à la maison. Naturellement, il fait exactement ça, et les tueurs à gages le prennent dans une ambuscade :

Au Troquet (anciennement le nom d’un resto cher près de chez moi), Henri tombe amoureuse de sa caissière, Lisette, et les deux passent un soir ensemble. Après, elle devient la petite-amie d’Henri :

Puis Henri rend visite au chimiste qui fabrique les drogues pour Liski. Il décide que le chimiste vole une partie des produits. Vous voyez que je ne plaisantais pas ; on voit Gabin avec les mains dans les poches.

Encore une fois au Troquet, Henri réunit avec les tueurs. Ils décident que les tueurs vont régler des comptes avec le chimiste, et Henri fera la même chose avec Marcel, un livreur.

D’abord, on voit les tueurs chez le chimiste. Pendant qu’Aimé lui bat, Roger assaut sa femme. Il ne m’est pas clair s’il la viole, mais c’est plutôt impliqué :

Les tueurs insistent pour venir chez Marcel avec Henri. Ils le choquent en tuant Marcel :

Puis Henri va chez un des revendeurs, un homme censé être « chinois ». Il lui dit qu’il faudra doubler ses ventes ou perdre ses drogues. On voit sa fumerie, ainsi que les menaces :

Il y a une razzia sur Le Troquet. Tout le monde est placé sous garde-à-vue, sauf pour deux touristes britanniques (un moment drôle). Est-ce vraiment comment la police a traité les suspects à l’époque ?

Henri est interrogé au commissariat. Il va très mal, et il rentre après avoir été battu :

Après quelques jours pour se soigner, Henri reprend sa tâche de faire peur aux truands au nom d’une opération plus efficace. Cette fois, son cible est Léa, qui gère un club et est bien accro à la « came » elle-même. Saoule, elle quitte Henri dans un club qui appartient aux « bougnoules ». Ouais, j’ai appris des mots en regardant ce film ; on en parlera plus à la fin :

Liski décide que Léa doit être tuée avant qu’elle ne puisse faire une grosse erreur. Roger et Aimé vont dans un resto pour le faire, mais sont surpris par des policiers. Ils tuent deux, sont blessés pendant la fusillade, et vont dans Le Troquet pour exiger de l’aide d’Henri pour les emmener chez Liski.

Lisette appelle un inconnu dit Paul, car Henri lui avait dit d’appeler son numéro au cas où il y aurait une urgence :

Liski donne de l’argent aux tueurs et Henri et leur dit d’aller se cacher dans une maison aux alentours de Paris alors qu’il arrange leur évasion :

Mais la police entourent la maison :

Je ne vais pas vous dire la fin, mais on aperçoit brièvement la voix de Bugs Bunny, Kermit la Grenouille et toute la télé française pendant des décennies, Roger Carel, sur l’écran :

Qui me dit ces choses ?!?

Je vous dirai encore, ce film est un chef-d’œuvre du ciné français. Mais il faut le regarder avec un dictionnaire sous la main, à moins que vous connaissiez : berlingue, salingue, zigue, amerloque, rital, mollo, perdreaux (pour la police), se gourer, se faire du mouron, chouraver, fourguer, et paluche. Parmi d’autres. Et euh…attention à ne pas les répéter tous autour de n’importe qui. Sauf pour amerloque. Pourquoi est-ce que vous perdez du temps avec « états-unien » quand vous aviez déjà ça ?

Peu importe. Si vous n’avez pas vu Razzia sur la chnouf, laissez tout tomber et allez régler cette lacune tout de suite !

La règle de 6-6-6

Je n’allais pas publier ce post. J’ai écrit le premier brouillon avant la Saint-Valentin, puis décidé que c’était trop amer. Mais après ce qui m’est arrivé cette semaine, j’ai changé d’avis car encore une fois, j’en ai marre. Si vous en avez eu assez de mes plaintes romantiques, on se reverra demain.

Caïn venant de tuer son frère Abel, de Henri Vidal, Jardins des Tuileries à Paris, France, Photo par Alex E. Proimos, CC BY 2.0

Ça fait des années depuis la dernière fois où je me suis abonné à n’importe quelle appli de rencontres américaine. Mais je garde ouvert mon compte sur la plus grande parce que je suis con ne veux pas perdre tout espoir. Que l’on me gifle pour l’avoir payé encore une fois ! On y reviendra en bas.

Si vous avez un peu appris sur le Nouveau Testament, vous savez que le chiffre 666 appartient au Diable. ([Vous ne m’avez pas dit qu’un numéro vous appartenait. J’exige la moitié, comme tous vos autres atouts. En fait, je veux plus que la moitié car vous l’avez caché pendant le procès. — Mon ex]) Mais aux États-Unis, c’est le numéro préféré des américaines.

« Justin », vous me dites « arrêtez. On comprend l’amertume, mais c’est trop. La moitié du pays n’est pas composé des amoureuses du Diable. » Mais je ne vous mens jamais sur ce genre de chose. En fait, la règle de 6-6-6 est comment les américaines choisissent qui est digne tout court de leur attention.

Alors, pourquoi est-ce que je l’écris avec des traits d’union ? C’est parce que ça décrit trois attributs qu’un homme doit avoir :

  • 6 pieds — c’est la hauteur minimale qu’il faut faire, équivalent à 183 cm
  • 6 numéros — le nombre de chiffres dans son salaire (donc pas moins de 100 000 $)
  • « 6 pack » — une expression qui veut dire littéralement 6 cannes de soda, c’est de l’argot pour décrire les muscles abdominaux. J’ai trouvé un article en français qui utilise le terme.

Pensez-vous toujours que ça sent l’amertume ? Il y a certainement pas mal d’articles en ligne qui disent que tout ça est une hallucination des hommes célibataires, que ça sent le complotisme (voilà et voilà, en anglais). Mais il y a des preuves. On m’a récemment partagé un article (en anglais) avec des statistiques déprimantes.

Quant à la question de la hauteur, il s’avère que sur les applis de rencontres, où on balaye vers la droite pour indiquer l’intérêt et vers la gauche pour refuser, les statistiques sont encore plus catastrophiques que j’avais cru. Sur le site Bumble, 90 % des américaines filtrent leurs résultats afin d’exclure tout sauf le 6 % des hommes qui font les plus grandes tailles. Moi, je fais 177 cm. Carnets d’une plume a un article sur (en partie) exactement ce sujet, la tendance de traiter tout le monde comme des pièces dans un catalogue.

D’autres études montrent que l’homme d’attractivité moyenne sera aimé par environ 1 % des femmes qui le voient. Ça se trouve sur Tinder, sans doute l’appli la plus superficielle, mais il n’y a pas trop de raisons pour croire que c’est différent ailleurs.

Pendant tout mon abonnement original (6 ans) chez Match, l’appli en question, j’ai été contacté exactement deux fois. La première fois était un mot d’une seule phrase afin de me gronder pour avoir osé aimer son profil, car elle (une divorcée) ne s’intéressait pas aux pères célibataires. L’autre m’a mené au seul rendez-vous de ma vie avec quelqu’un d’autre que mon ex. J’étais si déprimé après le mot d’avant, quand une vietnamienne qui ne parlait guère l’anglais m’a écrit, j’ai dit oui parce que j’ai cru qu’il me fallait accepter tout et n’importe quoi. Mais pendant le déjeuner — notre seule rencontre — elle m’a dit qu’elle avait hâte d’adopter La Fille. Pas si vite. Je ne lui ai plus répondu après ça, pas gentil de ma part, mais ça ne pouvait pas continuer.

Alors cette semaine. J’ouvre parfois Match pour voir si elle me proposera quelqu’une qui parle français. Dimanche dernier, elle m’a enfin proposé une expatriée française, pas loin géographiquement, mais pas partie de mon association non plus (au moins, personne dans l’annuaire a le prénom qu’elle utilisait). Elle a écrit qu’elle avait récemment divorcé, voulait voir qui est là et s’intéressait plutôt à trouver des connaissances que des relations.

Étant con, je l’ai crue. J’y ai pensé pendant 2 jours et demi, puis je me suis abonné à nouveau, ce qui coûte autant qu’un de mes colis de la FNAC. Je lui ai écrit un mot bien bilingue, mais pas en franglais ; après m’avoir présenté en français, j’ai changé à l’anglaise. J’ai dit que ses souhaits me convenaient bien car j’ai envie de déménager, mais que l’on pourrait s’emntendre bien et je serais ravi de la connaître selon ses termes.

Rien de mercredi jusqu’à vendredi après-midi. Puis elle l’a lu, et…

Elle m’a bloqué sans réponse.

Un ami m’a déjà grondé pour avoir pris ce genre de parole au sérieux, et il a probablement raison. Tout ce que je peux dire, c’est qu’aux États-Unis, tout qu’un homme peut faire est considéré comme harcèlement, alors une opportunité pour baisser la température m’a semblé une bonne idée. J’ai eu tort.

Mais jamais une réponse positive au-delà de mon ex-femme, en 32 ans ? Non, je ne trouve pas ça normal. Du tout.

Ici et là

En quelque sort, il m’est arrivé que j’ai 8 brouillons et rien prêt-à-publier. Ça arrive quand on a besoin d’éditer un post avec 75 photos. J’ai pensé à écrire quelque chose sur un comportement qui m’énerve en ce moment, mais je me suis rendu compte que j’ai récemment laissé des liens vers ce blog exactement où les britanniques coupables pourraient les trouver, alors, je laisse tomber cette idée. Au lieu de tout ça, je vais me débarrasser de quelques pépites de même façon que je partage habituellement avec la balado.

Alors, pour commencer : la dernière chose de laquelle je parle à la fin de chaque année est l’attention que ce blog reçoit des brouteurs. Je ne plaisante même pas (voilà, voilà, et voilà). Mais rien ne m’a préparé pour ce qui est arrivé le 9 mars. D’habitude, un ou deux de ces gentilhommes trouvent mon fameux guide, le lisent, et c’est tout pour la journée. Mais il me semble que ma « copine » de Pour attraper un brouteur a partagé notre bon moment avec des amis. Ça, c’est les statistiques pour ce jour-là :

Je reçois typiquement une douzaine de vues des « ivoiriennes » chaque mois. Pour qu’ils prennent la deuxième place même pendant une seule journée, c’est surprenant. J’aimerais croire que quelqu’un était bel et bien gêné. Et que ses amis se sont moqués de lui !

Mon cauchemar — bon, un parmi de nombreux — c’est qu’un jour, Saint-Pierre me dira qu’une normande est tombée amoureuse de moi, mais quand elle a essayé de me contacter, je l’ai prise pour un brouteur. Et qu’elle était timide et avait l’habitude de copier des mots du site MoiPourToi. Mais je suis certain que cette fois n’est pas la bonne ([Attendez, les amis. Il va vraiment devenir fou quand je lui dirai qu’elle a partagé son expérience avec une amie à Abidjan le 9 mars 2024. — Saint-Pierre])

J’ai rendu un brouillon de mon premier bulletin pour l’OCA. Tout le monde sait maintenant que j’étais le bon candidat pour le poste. Mais rien d’autre ne changera. Je dis ça, je dis rien.

Plus tard aujourd’hui, je vais faire un dessert pour un autre événement de l’OCA. Je n’en ai jamais entendu parler jusqu’à il y a des jours. Naturellement, je le cache jusqu’après l’événement. Mais je l’ai trouvé, c’est drôle. Ça vient des commentaires du groupe Facebook « Sans l’option Bescherelle », duquel on a parlé plus tôt. On ne sait jamais d’où l’inspiration.

J’aimerais que vous détestiez mon « pas super »-marché, Ralph’s, autant que moi. (Tout crédit pour cette expression à Agathe.) Ce dessert nécessite des noisettes. Voici la seule option pour des noisettes chez Ralph’s, des sacs à 71 grammes chacun :

Source

Ce prix se traduit à 77,5 €/kg. J’ai enfin décidé de les chercher chez Sprouts, un supermarché pour la sorte de personne qui préfère l’homéopathie aux docteurs (la moitié du marché est consacré à de telles pilules et poudres). Voici son prix en vrac :

Source

Ce prix se traduit à 22,22 €/kg. Par rapport, Carrefour veut 16 €/kg pour des noisettes décortiquées. Peu importe à quel point je vous dis que Ralph’s est horrible, la réalité est toujours pire.

C’est pour ça que je fais la moitié de mes courses chez Walmart, où les clients sont pris pour des criminels, et il faut se subir à une inspection avant de partir. Ma dignité a un prix, et Ralph’s l’a trouvé.

Dans sa maison à Anguille-sous-Roche, mon ex se moque de moi, parce que pendant notre mariage, je n’ai jamais eu l’habitude de diviser mes achats comme ça. Mais à l’époque, Ralph’s n’a jamais osé exiger 3,5 fois les prix de ses concurrents !

Alors c’est assez. J’aime bien ce format, car j’ai souvent des pépites à partager qui ne méritent pas leurs propres articles. J’y reviendrai, il me semble.

La tarte tropézienne de Yann Couvreur

Hier, je vous ai donné un aperçu de ma tarte tropézienne. Je suis parfois tricheur avec les posts « mon dîner », une chose étant préparée loin de l’autre, mais cette fois, il y a eu plus d’une semaine entre les deux ! Il m’est venu dans l’esprit de la faire pour une de mes soirées tarot. On en parlera plus en bas. Voilà :

Haute résolution en cliquant

Je suis fan des tartes tropéziennes depuis longtemps et il m’était important que celle-ci soit un chef-d’œuvre du blog, pas juste un autre dessert. J’ai donc décidé que j’allais finalement suivre une recette de Yann Couvreur, qui est un vrai feu d’artifice en forme humaine. Ceci est du travail.

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Mon dîner varois

Il y a une chose que je savais dès le départ du blog — pour Saint-Tropez, il me fallait faire une tarte tropézienne. Un dessert lié à’histoire de l’industrie cinématographique, nommé par Brigitte Bardot elle-même pendant le tournage d’Et Dieu créa…la femme, créé par un pâtissier d’origine polonaise (alors on a quelque chose en commun). Il ne me restait qu’à choisir un classique de la cuisine provençale pour aller avec. Voici la soupe au pistou et la tarte tropézienne :

Malheureusement, il vous faudra attendre jusqu’à demain pour la recette de la tropézienne. C’est un monstre et elle mérite son propre post. Mais je voulais tellement les montrer ensemble. Alors, allons préparer la soupe au pistou !

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Pluri-quel

Langue de Molière apparaît tôt cette semaine, car j’ai dû aller à un événement au collège de ma fille ce soir. Il y a un risque que je m’en plaindrai plus tard, car il s’agissait du lycée pour l’année prochaine, et je n’étais pas complètement content. Mais pour l’instant, j’ai fait une erreur ici récemment ([Beaucoup ne s’écrit pas « u-n-e » — M. Descarottes]), et la recherche suivante a provoqué d’autres questions.

D’abord, l’erreur. Il y a des mots que je n’utilise presque jamais, mais je suis trop paresseux pour les vérifier tous. Parmi eux, il y a deux semaines dans cette même colonne, j’ai écrit :

C’est dinde

« Grandes-mères » est faux. C’est « grands-mères ». Je note que personne n’a rien dit, peut-être car vous êtes tous trop gentils pour me corriger à chaque fois. ([Nan, c’est que « Corriger Justin » prend autant de temps que « Métro, boulot, dodo » tous confondus ! — M. Descarottes]) J’aurais juré qu’il y avait un accord entre « grand » et « mère ». Mais non. Le Figaro nous éclaire avec un article sur presque exactement ce sujet, comment pluraliser « grand-mère ». Il n’y a pas de« e », mais que faire avec les « s » ?

La parodie du Gorafi commence par nous dire :

Ainsi que nous le rappelle l’Académie française dans sa rubrique Dire/ Ne pas dire, le mot «grand» est issu du nominatif singulier latin grandis. Il est un adjectif épicène, cela signifie qu’il a la même forme au masculin et au féminin. 


Grand(s)-mère(s) : ne faites plus la faute !

Mais selon eux, l’Académie n’a rien dit sur le « s ». En revanche, les grands dictionnaires ne sont pas d’accord non plus. Le Bob Robert dit que c’est « grands-mères ». Le Trésor, par contre, ne termine pas « grand » avec un « s», choisissant plutôt « grand-mères ». Et le Larousse dit faites comme vous voulez pour grand-mère, mais grands-pères est la seule bonne forme au masculin.

Autrement dit, personne ne sait que faire. Et s’ils ne sont pas d’accord, les uns avec les autres, un pauvre élève étranger, que devrait-il faire ?

Juste après m’être posé cette question, Instagram m’a donné une autre situation problématique. Voilà :

Un jour, il me faudra rendre compte de mes comportements, et on va m’accuser en disant « Il regardait des femmes en ligne tous les jours ! » Et les anges vont le trouver ridicule quand je répondrai « Ouais, mais c’était juste pour en savoir plus sur la grammaire française ! » Honnêtement, je ne peux jamais gagner.

Pourtant, c’est une bonne question. « Sans faute » ou « Sans fautes » ? Sa réponse est de suivre ce qui est typique pour le nom. Il est rare de trouver juste une faute. On dit, selon cette théorie, « un pull sans manches », et non pas « un pull sans manche », parce qu’un pull a habituellement deux manches. Et celui du Docteur Octopus, donc ? Elle continue en disant « sans gants » parce que la plupart des gens ont deux mains, mais « sans bonnet », parce qu’il est souvent le cas que l’on n’a qu’une tête pour porter un bonnet. Comme si elle n’a jamais lu Le Guide du voyageur galactique ! Zaphod Beeblebrox a combien de têtes, madame ?!?

Il me semble que tout ça, c’est à dire que les pluriels français sont comme le code des pirates dans les Pirates des Caraïbes — ce sont plutôt « une sorte de guide » qu’un véritable règlement.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour casser des œufs.