En 2015, Andy George, un réalisateur américain, a conçu un documentaire sur ce qu’il fallait faire pour réaliser un sandwich de poulet de zéro. Je ne veux pas dire qu’il a simplement fabriqué son propre pain et mayonnaise. Je veux dire qu’il a planté un jardin, tué un poulet, trait le lait d’une vache et fait son propre fromage, même volé vers la Côte Est des États-Unis pour trouver de l’eau de l’océan et la faire bouillir afin d’extraire du sel. Un clip de 3 minutes est devenu viral et il est désormais réalisateur de toute une série de vidéos dites « How to Make Everything » (Comment faire tout). Pas besoin de parler anglais pour suivre son parcours :
Il lui a fallu 6 mois et 1500 $ pour tout réaliser et si vous regardez sa réaction vers la fin, le sandwich est moins qu’une réussite. Dans d’autres clips, il s’avère que le pain est vraiment trop dur, la qualité des légumes est très moyenne, et quant au sel…c’est pas Guérande ici.
Mais il y a à plusieurs façons de penser à ce projet. Si on dit, « Le sandwich n’est même pas digne d’un Bib Gourmand ; c’est donc un échec », on rate la diversité de compétences qu’il a dû apprendre, même s’il n’a pas tout maîtrisé. On peut aussi reconnaître la valeur des producteurs en voyant tout ce qu’il a dû faire. Et finalement, on peut reconnaître aussi que les supermarchés — même les pas super-marchés ! — valent quelque chose. Alors la prochaine leçon du Tour, c’est :
Vous êtes tous un peu menteurs.
S’il y a un message que j’ai entendu encore et encore au début, et que j’ai certainement reçu en grandissant, c’est « Vous les américains mangent de la malbouffe et des produits artificiels ; chez nous, par contre, tout est bio et fait maison ». J’exagère un peu, mais pas complètement — voici des captures d’écran :
Si vous cliquez le lien de la source de la première image, vous trouverez beaucoup d’Américains, dont moi, contrariés, car personne n’a jamais vu ce truc dans un ciné. Croyez-moi, le pop-corn est bien trop cher pour acheter en même temps que les bonbons ! Non, mais sérieusement, ce n’est une habitude nulle part chez moi.
Je ne veux pas vraiment me bloquer sur le caractère insultant de ces posts. Ce qui est beaucoup plus souvent le cas, c’est que l’on dit, plus gentiment mais avec un air de désapprobation, que tout est juste plus sain en France. Et là, j’ai appris deux leçons sincères :
- Connaître seulement des expatriés par le moyen de leurs restos donne une fausse impression.
- Il y a beaucoup plus de produits industriels aux supermarchés français que les internautes n’aimeraient l’avouer .
Il y avait une raison pour laquelle je voulais visiter un Carrefour pendant mon premier voyage. J’ai énormément profité de l’expérience, mais j’ai vu pour moi-même que vous pouvez nous égaler pour les boites pleines de poudres et produits prêts-à-manger. (À ne pas confondre avec Prêt-À-Manger.) Dit autrement, il n’y a pas que les petits sachets roses qui sortent de l’usine d’Alsa — il y a aussi les préparations de cakes et les poudres à flan. On peut facilement voir que c’est acceptable dans la société française car il y a des milliers de recettes dont « 1 pâte feuilletée » est un ingrédient, et tout le monde sait que ça veut dire une boîte industrielle de 230 grammes.
Pourtant, il y a des fois où c’est une bonne chose. Combien de fois me suis-je plaint dans telle ou telle recette, « Vous pouvez juste acheter de la pâte feuilletée/brisée chez Carrefour ; je dois la fabriquer de zéro » ? (Voilà, voilà et voilà.) Il était une fois, Maman lyonnaise m’a dit qu’elle était admirative de toutes mes pâtes maison, et j’ai dû l’avouer — c’était seulement les prix époustouflants pour de bonnes pâtes ici derrière tout ce travail.
J’entends souvent des compliments aux événements de l’OCA parce que je fais ces pâtes, sans lesquelles plein de choses sont impossibles à réaliser — mais je préférerais les acheter. Je ne suis pas Andy George, mais en plus, ça prend du temps. Sans une certaine quantité de produits déjà fabriqués — la pâte feuilletée, les pâtes à tartiner, les pulpes de fruits — cuisiner à la française tous les jours devient un travail à temps plein !
Alors oui, je crois maintenant qu’il y a une telle chose que « trop maison ».
Un Coup de Foudre 
Ah, Justin, qui a dit que carrefour ne fait pas de la bouffe de merde ?
C’est un peu le principe de la grande distribution et des centrales d’achat.
Malgré le fait que je n’ai plus de voiture, je continue à faire le marché pour les produits frais.
Avant, j’aimais bien aller directement à la ferme pour le lait, le fromage (ce qui n’est pas légal aux USA n’est ce pas ?).
Je vais là où je sais que c’est du bon travail.
Mais même pour les fruits et les légumes, il y a une différence entre la maraîchage et ce que j’appelle un « 4 saisons » qui a des fraises même en décembre.
Je vais principalement vers ceux que je connais bien et donc, c’est local et de saison.
Mais je vais aussi chez le primeur pour acheter des citrons (nan, ça ne pousse pas par chez moi.).
Mais cette habitude de vie n’est pas toujours possible : on a beaucoup moins de maraîchers à Paris 😉.
Pour les produits secs, je prenais chez La vie Claire. Malheureusement, maintenant, sans voiture, ce n’est plus possible.
Donc je commande en ligne au Super U qui peut me livrer à domicile.
Mais j’ai préféré ne pas prendre de laitages, j’attends d’avoir mon vélo pour aller récupérer mes produits fermiers qui seront livrés à Annonay.
Je connais aussi ceux qui sont obligés d’aller chez Lidl parce que ce n’est pas cher et que le niveau des retraités est très, très bas (honteux en fait pour quelqu’un qui a bossé dans une usine toute sa vie).
Je ne comprends pas les critiques constantes sur la nourriture et/ou la politique des autres pays.
Les français ont des avis sur tout, mais ils ne se voient pas eux même.
La France est un pays très hypocrite 😉
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Pendant des DÉCENNIES, je croyais le fromage au lait cru illégal ici. Puis j’ai trouvé un tel fromage Roquefort quand j’ai préparé mon dîner val-de-marnais. Il s’avère que la loi exige plutôt 60 jours en cave pour tuer les bactéries. Je suppose que la plupart de tels fromages sont moins âgés que ça.
Ici, on a des fraises tout l’année, mais en hiver, elles viennent de l’Amérique du Sud, pas les mêmes producteurs qu’en été. C’est l’été pour nos voisins au Sud à ce point !
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J’aimerais réagir sur un point : oui, il y a des bases, des « préparations pour », de l’industriel à Carrefour (et dans tous les supermarchés de France, en fait). Certains les utilisent, certains en utilisent, d’autres non. Avec parfois des variations au sein du foyer : dans la mesure du possible je fais mes pâtes brisées et feuilletées moi-même, ce qui ne viendrait pas à l’idée de ma femme. Ma mère faisait sa sauce hollandaise en utilisant une préparation, je préfère la faire avec les ingrédients de base (bon… j’en ai fait une fois, et c’était il y a 23 ans… elle était réussie, mais pas sûr que ça compte !). Certaines personnes achètent de la préparation pour crêpes ou de la purée mousseline, ce n’est pas choquant : ce n’est pas parce-qu’on est français qu’on aime cuisiner, l’une de mes sœurs en est la preuve.
Pour ma part, j’aime bien faire, j’achète parfois pour faciliter les choses (exemple typique : les quenelles), mais clairement, ça demande du temps…
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Une de mes découvertes les plus surprenantes était que, comme vous dites, « ce n’est pas parce-qu’on est français qu’on aime cuisiner ». Quand on est aux États-Unis, c’est souvent le cas que tous les Français que l’on rencontre travaillent dans la restauration. Ça donne une idée très trompeuse de la réalité !
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C’est certainement parce-que vous n’avez jamais rencontré ma grand-mère paternelle, une dame charmante, cultivée et élégante mais qui adorait la possibilité d’acheter des plats préparés 😁
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Ça fait ´vieille école ´ mais j’ai toujours eu l’habitude de tout préparer moi-même (mais en beaucoup plus simple que vous Justin !)
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La nourriture industrielle sévit dans tous les supermarchés du monde …Si tu le peux, surtout financièrement , tu l’évites plus ou moins ( quelle énorme plaisanterie que cette vidéo ! ) et si tu as la chance de cultiver un petit jardin, ou d’avoir un marché de produits locaux c’est le top …
Bonne journée Justin et continue à nous régaler avec tes belles recettes 😊
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Pop-corn au cinéma, j’ai toujours évité et je ne sais même pas si cela existe toujours, mais avec des bonbons je n’en ai jamais vu !
Si je n’ai connu qu’une seule de mes grands-mères, elle m’a appris que le maïs était pour les poules alors je n’ai pas trop consommé du « Géant vert » (chaque fois que je vois la boîte, je pense à Soleil vert) en conserve présent dans toutes nos supérettes. J’ai, par contre (personne n’est parfait), des grains de maïs bio pour pop-corn dans une boîte à la maison et il m’arrive d’en faire, salé ou sucré, (la prochaine fois ce sera au curry) et, dans ma variante sucrée, j’ai une recette améliorée que je prépare pendant que les graines éclatent dans la poêle. Dans sa plus grande boîte étanche en plastique, mettre un peu de sucre en poudre roux, une cuillère à café de cacao amer et un peu de vanille en poudre, mélanger le tout avant de verser le maïs éclaté, de fermer la boîte et d’agiter en tous sens. Ensuite on peut se coller devant sa série préférée ! 😉
J’ai dû mettre dans une recette express et sucrée chez moi, le détail de la pâte feuilletée de la marque R que tous les restaurateurs pressés qui font leurs courses auprès de la chaîne Metro connaissent bien : elle a un très gros avantage, elle est sans beurre : farine de blé (contient gluten), graisses et huiles végétales (palme, colza), eau, alcool éthylique, sel, jus de citron concentré, colorant (caroténoïdes), agent de traitement de la farine (L-cystéine), traces éventuelles de lait… Le tout suivi de l’avertissement « pâte crue, ne pas consommer avant cuisson » ! Elle est vendue par l’épicier en dépannage mais pas au pas supermarché où j’achète une autre marque (pas celle de la marque repère) avec du beurre et du vinaigre à la place du jus de citron (je n’ai pas le détail complet).
Alors, non, tout bio et de qualité en France, c’est juste une vue de l’esprit. D’une manière générale tout produit dont on voit la publicité en visionnant son film est industriel et si le goût peut-être flatteur, il ne faut pas consulter la liste des ingrédients parce qu’il est évident qu’il faut éviter et le rayon et la marque ! Mais même si tu fais tous tes achats dans les magasins bio tu n’es pas à l’abri de l’empoisonnement, les rappels de produits (=> https://rappel.conso.gouv.fr) y deviennent parfois presque aussi nombreux que dans le commerce normal, entre les conserves mal stérilisées et la présence de datura ou d’ergot de seigle dans les farines…
Nous sommes tous mortels, alors à nous les conservateurs dans l’assiette, cela peut faire durer notre passage, mais attention cependant, cela doublera la facture pour la crémation et rendra le compostage (c’est la nouvelle tendance) problématique !
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Le Géant vert est également connu chez moi (sous son nom en anglais, Green Giant), mais pour autant que j’aime le maïs, je ne l’achète jamais en boîte de conserve. Mais je n’aime pas non plus le cuisiner frais, car c’est un EFFORT, alors je le mange seulement aux restos !
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Ici, on ouvre une boîte pour compléter en volume des salades composées, comme entrée ou même plat principal unique, mais je déteste ces salades salées-sucrées. 😉
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Je constate effectivement qu’il y a de plus en plus de préparations « toutes prêtes » ou presque.
J’essaie de faire le plus possible par moi-même. Dans l’urgence, je peux acheter une pâte brisée ou feuilletée, et le meilleur nutri-score (en général « Marie »). Mais pour les purées, les sauces, les gâteaux, les crêpes, je fais.
Idem pour les légumes de saison, le plus possible local, au marché.
Bien sûr, les oranges, clémentines, on n’a pas le choix .
Je constate autre chose, c’est que les jeunes d’aujourd’hui (disons dans la trentaine) ne savent pas cuisiner, et ne cherchent pas à apprendre.
Autrefois, nos mères nous apprenaient la cuisine, la couture, etc… Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…!!!
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C’est une question d’intérêt, du côté des jeunes. Et je le dis en partant de l’échantillon de 3 que j’ai à la maison 😁
N°1 est plutôt intéressée, tout en préférant passer son temps sur un livre.
N°2 n’en a rien à faire, il pourrait grignoter n’importe quoi toute la journée tant que ça lui permet de remplir son ventre
N°3 est très, très intéressé et veut participer à plus ou moins tout ce qu’on peut faire en cuisine.
C’est assez proche de la situation dans la famille de papa, avec intervention entre 1 et 3 (j’étais 3, et toujours le nez dans un livre).
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Cuisiner prend du temps. Quand on rentre tard du travail, on n’a pas le temps, l’énergie et l’envie de passer 1 à 2 heures devant les fourneaux. Même quand on est français ou italien. Mais on peut acheter de bons produits pour faire des plats simples. Cuire une escalope de poulet est simple et rapide. Mais ce n’est pas le même goût et le même prix si le poulet est de batterie ou s’il est « Label Rouge »…
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Je te comprends : pâte feuilletée, pâte levée feuilletée, pâte feuilletée inversée, tout ça prends du temps.
De toute façon, même en France, ceux là, on ne les trouve pas en supermarché.
Par contre pâte brisée, sucrée, sablée, c’est assez simple, je n’en achète pas.
Justin, c’est trop bon le fait maison !!
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