Dimanche avec Marcel devient de plus en plus le pire nommé billet du blog, vu qu’il n’a toujours pas apparu deux fois le même jour, peu importe dimanche. Mais je me suis rendu compte hier (car j’avais mis un rappel dans mon calendrier) que dimanche est Chandeleur. Et samedi est le 1er, alors j’ai mon billet habituel là en plus. Entre tout ça et la balado, c’est Proust qui doit « boogie », comme on dit en anglais (ça vient de « bouger » mal prononcé).
Cette fois, on avance de 45 pages, ce qui est une amélioration. Mais c’est vous qui allez le prendre cher à cause de cette nouvelle, car je vais le citer avec l’aide de Wikisource.
La dernière fois, on a terminé sur la nouvelle que le narrateur n’a plus jamais revu son oncle Adolphe. Ça n’a pas dû trop le déranger, parce dans le paragraphe suivant, il s’est lancé directement sur son sujet favori — la lecture.
Proust passe 10 pages en parlant de son amour de la lecture, qui n’est pas gâché par quelque chose qu’il n’aime pas. Êtes-vous prêts pour ce divulgâcheur ? C’est vous tous. Et moi. Je laisse Proust l’expliquer :
la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif.
Oui, ce qu’il aime le plus chez les livres, c’est l’absence des personnages réels. Au fait, je suis désormais très impressionné par la traduction, n’ayant fait la comparaison entre ça et le français original jusqu’à maintenant. Le rythme de la traduction est exactement le même que celui du texte original.
Je vous laisse à déchiffrer mon intention en disant ça.
Je veux vous donner le goût de ces 10 pages sur ses extases de lire. Ça me rappelle juste un peu ce que je fais ici :
C’est ainsi que pendant deux étés, dans la chaleur du jardin de Combray, j’ai eu, à cause du livre que je lisais alors, la nostalgie d’un pays montueux et fluviatile, où je verrais beaucoup de scieries et où, au fond de l’eau claire, des morceaux de bois pourrissaient sous des touffes de cresson.
Ah, la nostalgie d’un pays plus beau que le sien, qui n’est guère réel dans sa quotidienne. Il y a maintenant un beau 1 550 articles ici sur ce sujet. Je compatis.
Alors, qu’est-ce qu’il lisait pendant deux étés ? Les livres d’un certain Bergotte — ne le cherchez pas, il est fictif — un écrivain qui, tout comme Proust, traîne ici et là sur les souvenirs évoqués par ses sujets. On reprendra Bergotte en bas, mais ici Proust passe au sujet de comment le narrateur a découvert cet écrivain. Il était recommandé par un certain Bloch, un ami peu accepté par la famille du narrateur. Bloch est bel et bien fou, mais à l’avis du narrateur, il a fini par être rejeté parce que :
Mon grand-père, il est vrai, prétendait que chaque fois que je me liais avec un de mes camarades plus qu’avec les autres et que je l’amenais chez nous, c’était toujours un juif, ce qui ne lui eût pas déplu en principe — même son ami Swann était d’origine juive — s’il n’avait trouvé que ce n’était pas d’habitude parmi les meilleurs que je le choisissais.
Mais Bloch manque aussi des grâces sociales. Il se fait exiler parce que :
étant venu déjeuner une heure et demie en retard et couvert de boue, au lieu de s’excuser, il avait dit : « Je ne me laisse jamais influencer par les perturbations de l’atmosphère ni par les divisions conventionnelles du temps… »
C’est un cinglé, lui ! Ça dit, Proust reprend l’explication de son amour de l’écriture de Bergotte. Il chante les louanges de ses nombreuses digressions et ajoute :
J’étais déçu quand il reprenait le fil de son récit.
Ici, M. Swann rentre brièvement dans l’histoire. Il s’avère qu’il connaît Bergotte, qui dîne souvent chez lui, et est apparemment un très proche ami de Mlle Swann. Le narrateur se croit donc prêt à tomber amoureux de Mlle Swann, car si elle est amie de Bergotte, elle doit être très spéciale elle-même.
On termine cette fois sur la visite du Curé chez tante Léonie. C’est un épisode bien ennuyeux pour le narrateur ainsi que pour le lecteur, et la seule raison pour le mentionner, c’est qu’il s’avère que Françoise, la cuisinière de la famille, n’aime pas Eulalie, qui fréquente tante Léonie. Ce sera peut-être important plus tard.
À jeudi (si ça continue) !






























