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Saison 4, Épisode 18 — 268 façons de dire « C’est fini »

J’ai envoyé mon manuscrit à un ami anglophone qui ne parle pas français. Mais à son tour, il l’a envoyé à sa sœur qui est diplômée en littérature française (et a un doctorat en histoire chinoise — ne me demandez pas d’expliquer son parcours). Il m’a dit qu’à son avis, le livre est « impressionnant ». Je dois espérer que ce n’est pas « pour un pauvre con », mais j’aime quand même l’entendre.

Je n’avais rien à dire quand le PSG a gagné la Ligue des champions il y a quelques semaines. Puis j’ai « francisé » notre blague pour cette semaine. Hihihi.

Avez-vous entendu parler du couple adultère pris en flagrant délit à un concert de Coldplay ? Il y a maintenant un jeu vidéo, complètement gratuit, que vous jouer dans votre navigateur en cliquant ici pour faire comme le cadreur. Ça ne prend que 30-40 secondes, mais si vous connaissez le plus grand tube de Coldplay, la bande-sonore est hilarante.

Et c’est ça la seule fois où vous entendrez parler de Coldplay ici.

Je crois que vous êtes tous au courant que quand La Fille et moi disons « on » ou « quelqu’une » dans une phrase qui est autrement en anglais, c’est pour parler d’exactement une personne sans la nommer. Alors, on a dit à La Fille qu’elle était heureuse que nous n’ayons pas fini par voyager en France cet été, car à son avis, le Mexique est moins dangereux. Notre Ministère d’Affaires étrangères pense le contraire, publiant en ce moment un avertissement niveau 2 sur 4 pour la France (prenez des précautions), et 3 sur 4 pour le Mexique (repensez à y voyager). Devinez qui s’est fait volé ce week-end au Mexique. Ouaip. Quelqu’une. Heureusement pour elle, elle ne gardait que des étiquettes dans les poches. Si le sourire dure plus que 4 heures, veuillez prendre rendez-vous chez le médecin.

Je ne sais pas si vous aurez la référence pour cette dernière phrase, parce que pour autant que je sache, il n’y a pas de publicités pour les médicaments sur ordonnance en France. Disons donc que pour certaines pilules uniquement pour les hommes, une version de cette phrase apparaît à la fin de chaque pub.

En parlant du Mexique, il y a une loi dans les actualités françaises en ce moment, la loi Duplomb. Je n’ai rien à dire sur ses contenus. Je l’évoque seulement parce que ce nom me rappelle un dicton que l’on trouve partout dans les pays hispanophones au sud de moi, venant originalement de la Colombie, « la ley de plata o plomo » — c’est-à-dire la loi de l’argent ou du plomb. Soit on accepte les pots-de-vin des trafiquants, soit on prend une balle dans la tête. Je répète, je n’exprime aucun avis sur la loi française, mais je n’ai jamais imaginé que j’entendrais une si littérale traduction de même une partie de cette expression en français !

Notre blague traite du championnat de foot gagné par PSG. Nos articles sont :

Les gros-titres sont Cacahuètes et Vil Coyote. Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine — je suis resté éveillé jusqu’à 4h deux jours de suite, pensez-vous que tout est déjà normal ?

Sur le blog, il y a aussi Langue de Switch 2, des notes à propos de Nintendo à l’honneur de la nouvelle console, Lourdpas le dinosaure, sur le voisin chiant à l’étage, Jacquouille me rend visite, sur les progrès de La Fille en français, et Ici et là, des nouvelles diverses après la fin de l’écriture du livre.

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Ici et là

Après la dernière semaine, je suis toujours épuisé. Je n’ai rien lu de Proust, ce qui doit être la nouvelle la moins surprenante. Mais, j’avais quand même une soirée de tarot samedi, et ça voulait dire qu’il me fallait cuisiner. J’ai décidé de revisiter un classique du blog, et il s’est avéré que personne ne le connaissais. Voici la croustade du Couserans, mon dessert ariégeois, mais cette fois avec 4 ans de plus d’expérience :

Il y a une partie de moi qui préfère la version du bon vieux temps, avant que je ne connaisse vraiment quoi faire avec la pâte feuilletée. Le livre fête sans gêne la cuisine paysanne, des mamies, et ce genre de feuilletage pro n’est pas ça. Aimeriez-vous voir plus des détails de la fabrication ? Voilà :

Plusieurs de mes bénévoles étaient là, et oui, j’ai choisi de faire la croustade parce qu’elle apparaît dans le livre.

Je vais avouer quelque chose de choquant vu mon attitude envers l’IA dans ces pages. L’une de mes bénévoles m’avait conseillé d’utiliser un correcteur automatique pour vérifier mon texte, non pour écrire ou même reformuler le texte, mais pour vérifier les erreurs. J’ai essayé celui du site Scribbr, et la vérité, c’est que chaque paragraphe du livre a été mise sous la loupe de cette façon :

Capture d'écran du site Scribbr
Capture d’écran

J’avouerai même que le site s’est montré très utile quant aux guillemets. Mais, c’est tout. Hier, je vous ai dit que j’ai envoyé le manuscrit complet auxdits bénévoles. Voici ce que j’ai trouvé même après avoir relu le texte moi-même des heures plus tard :

ce côté moderne a des racines partout – dans le Royaume-Uni et au Japon

« Dans le Royaume-Uni », pas « au Royaume-Uni ». Comme j’ai honte ! Mais j’ai vérifié à nouveau le texte sur plusieurs sites après ça, et tous l’ont raté. Voilà, cette technologie est inutile. Cependant, quand j’ai mis le texte dans Google Traduction, puis l’a retraduit en français, ce site-là a corrigé l’erreur.

Et maintenant vous savez pourquoi je n’ai pas envoyé le texte aux maisons d’édition tout de suite. Pour être clair, les remerciements disent, comme il faut, « Toutes les erreurs restent les miennes ».

Au moins les guillemets sont parfaits.

Le grand défi des prochains jours sera de retrouver un horaire normal. Publier à 4h, puis 3h, ne l’est pas du tout ! Cette fois, j’ai au moins l’excuse que je me suis endormi au-dessus de mon portable. Mais c’est assez pour maintenant !

Ça y est

Je viens d’envoyer un cadeau inattendu aux bénévoles qui ont lu mon livre — le manuscrit complet, tel que je préviens de l’envoyer aux maisons d’édition. Il est possible que je reçoive quelques petits changements de plus, mais ils impliqueraient seulement quelques recettes ainsi qu’un portrait d’une personne.

That’s all, Folks, Dessin de Warner Bros., Domaine public aux États-Unis

Alors, d’abord quelques faits divers. Le livre comprend 142 701 mots, dont 1 281 pour la table des matières (chaque recette et chaque essai ont une entrée) et 4 832 pour la bibliographie. Ça veut dire qu’il y a quand même 136 000 mots que j’ai écrits, sur 268 pages. Il y a enfin 305 références, dont 32 qui ne sont qu’à ma propre écriture — puisque le livre est complètement original, sans copier-coller du blog, seulement le citer, à mon avis c’était correct.

Pas comme le Tour tel que vous le connaissez, il n’y a qu’une recette pour chaque département. J’ai décidé que pour garder l’authenticité, toute recette sauf une devait venir d’une source fiable, et quand j’ai inventé certaines recettes qui étaient autrement secrètes — les chichis frégis ou les macarons de Cormery — c’était peut-être intéressant, mais pas dans l’esprit du livre.

Vous êtes curieux. L’exception est le gâteau du Lion du Territoire de Belfort. J’avais une description très exacte de ce qu’il fallait faire et j’étais assez expérimenté pour le reconstituer.

J’ai pris une décision au tout dernier moment de supprimer le pain de Modane pour l’Isère, et le remplacer par le plat principal du même département, la truite grenobloise. Il y avait deux raisons. Avec la fermeture de Keldelice, il n’y a plus de preuve que j’avais une source qui l’a lié au département. Modane est en Savoie, et même si la Maurienne partage une frontière avec l’Isère, je ne voulais pas défendre ce choix.

L’autre raison est que ma recette venait de Mercotte. Je crois que j’ai tout fait selon les lois françaises pour avoir le droit de publier mes recettes — c’est drôle, vous pouvez tout faire sans attribution pour des recettes communes, mais dès que vous dites « j’ai appris ça de quelqu’un », il y a des droits d’auteur. Je n’ai aucune envie de rencontrer les avocats du Groupe M6 quand même. J’ai cité mes sources, les instructions sont autrement mon texte, les listes d’ingrédients ne sont pas protégées par la loi française, mais je soupçonne qu’il y aura des aventures à venir. J’ai donc l’impression que selon les lois françaises, Pierre Hermé, Sébastien Bouillet et Claire Heitzler peuvent tous publier des recettes presque identiques pour la pâte sucrée, et ça va, mais si j’en mentionne un, c’est moi le voleur. J’espère que j’ai mal compris ça, mais on va voir.

En parlant des lois françaises, le restaurant qui m’a mis en colère pendant le voyage fou n’est pas nommé. On m’a dit que partager un mauvais avis risquait d’être poursuivi pour la diffamation. Aux États-Unis, je pourrais publier cette histoire sans peur, et je me demande un peu comment marche des sites tels que Yelp en France, mais le livre est autrement positif, et j’ai décidé qu’il n’en valait pas la peine.

Il y 11 portraits de personnes que j’ai rencontrées. Sauf pour ma regrettée amie Pascale, qui n’avait pas d’autre famille, j’ai obtenu l’autorisation de chacune pour y apparaître. Il y a d’autres blogueurs mentionnés par « nom d’Internet » et à mon avis, je n’étais pas obligé de demander l’autorisation pour mentionner des choses publiées sur Internet. Néanmoins, chacun aura l’opportunité de refuser.

Il y a de nombreuses histoires tirées de ce blog, mais les analyses de ce qui s’est passé sont nouvelles. Il y a aussi de nombreuses nouvelles recherches, des histoires jamais racontées, des lieux pas mentionnés pendant le Tour, surtout au début quand je ne savais pas ce que je faisais. ([Mais ça n’a pas changé ! — M. Descarottes]) Je suis particulièrement fier de ce que j’ai fait pour l’Outre-mer à cet égard — j’étais pressé de finir le Tour avant novembre, et n’ai pas pris le temps d’écrire les histoires que j’aurais explorées. J’ai fait ça.

M. Descarottes a une page, mais ne fait pas des commentaires. J’espère que ce sera pour un grand public, et même si j’expliquais tout, il y en a qui ne trouveraient pas drôle son sens de l’humour.

Je suis épuisé de façon que très peu d’entre vous peuvent comprendre. Il est presque 4h du matin chez moi, mais ce n’est pas ce que je veux dire. J’ai commencé à écrire ce livre en janvier 2023, et même si les progrès étaient presque inexistants cette année-là, je pense à quoi faire depuis ce temps. Tout à coup, même s’il y a d’autres changements, je ne dois plus penser à la structure, à quoi inclure et quoi omettre, à la question de si une blague tombera ou pas. (Il y en a une en revisitant le « tuvoiement » que je crois est parmi mes meilleures. Il m’a fallu du temps.)

Mais après tout ça, c’est fini.

Jacquouille me rend visite

La Fille n’est pas chez moi cette semaine, mais plutôt chez sa mère. Cependant, de temps en temps elle m’envoie des textos, surtout pour pratiquer son français, ainsi que me taquiner. (Elle dit de ses habitudes, « La Fille, c’est plus qu’un nom, c’est une marque. ») Hier, il y avait deux leçons à apprendre à cet égard.

Jacquouille fait une bêtise en cuisine

D’abord, elle m’a écrit :

Dialogue. La Fille : « C'est trop amusant. Tu ne peux pas le faire quand tu n'es pas mon père. » Moi : « Je suis ton père. De quoi parles-tu ? » La Fille : « Je parle qu'aucun peuvent faire d'erreurs comme toi. » Moi : « Hein ? »

Le sujet qui était trop amusant n’est pas important. Mais l’erreur qui suit est une bonne leçon sur ses progrès. Elle sait depuis longtemps que « on » est la personne à utiliser quand il s’agit de n’importe qui, que c’est la personne que l’on peut remplacer pas « quelqu’un ». Cependant, dans la tête, elle pense au mot anglais « you », et en anglais « you » n’est pas seulement la traduction de « tu » et « vous », c’est souvent la traduction de on quand il est au singulier. Au début, je n’ai pas compris ça, En essayant de reformuler la pensée, elle écrit autre chose qui est du vrai n’importe quoi. J’ai dû le lui demander en anglais.

Une fois éclairci, j’ai dit que ça devrait être « Je pense que personne ne peut faire des erreurs comme toi. » Les erreurs sont tous des efforts malmenés à traduire mot-par-mot de l’anglais. Je connais certainement le problème.

Des minutes plus tard, un autre exemple est apparu dans la conversation. J’étais surpris que, vu l’heure, elle soit libre de parler :

Dialogue. Moi : « Tu n'es pas au dîner ? » La Fille : « Non, j'ai fini le dîner. » Moi : « Était-ce bon ? » La Fille : « C'était d'accord. »

Ce moment me rappelle le moment dans Les Visiteurs 2 où Jacquouille découvre le mot « OK » :

Le problème cette fois, c’était que « d’accord » se traduit par « I agree », mais aussi par « OK ». « OK » veut dire plusieurs choses en anglais, dont d’accord, mais aussi que quelque chose est de qualité moyenne — « juste OK ».

J’ai fini par lui donner des exemples de quoi dire pour exprimer un avis mitigé dans ce cas — « il n’avait rien de spécial » ou « c’était moyen » — mais j’ai l’impression que ceci sera plus difficile à corriger. C’est une traduction trop littérale, dans un contexte où les expressions anglaises sont bien figées.

Mais au moins je reconnais ce qui arrive car je sais déjà ce qui est dans sa tête. Il m’arrive à l’esprit que c’est peut-être un problème en apprenant le français comme langue étrangère — si on ne connaît vraiment pas bien l’autre langue de l’élève, il doit être très difficile d’expliquer les erreurs.

Elle devrait apprécier son daron, non ?

Lourdpas le dinosaure

En avril, en répondant à un commentaire de Billie, qui avait dit qu’elle payerait pour avoir mes voisins, j’ai écrit :

Mon voisin à l’étage, je l’appelle « le dinosaure », car il fait des pas lourds à toute heure. Les voisins d’en bas, ils hurlent de gros mots, sont souvent ivres, et jouent de la guitare électrique pendant des heures tous les jours.

Commentaire sur Saison 4, Épisode 6

Je vous dis ça pour établir que je m’en plaignais en avril, pas juste depuis une semaine. Mais pourquoi est-ce que je le mentionne maintenant ?

Photo de Barney le dinosaure, personnage de la télé américaine. Il est violet, avec un ventre vert.
Barney le dinosaure, vedette de la télé pour enfants, Photo par Barney show in Qatar, CC BY 2.0

Depuis ce temps-là, je souffre quotidiennement pendant toute la journée aux mains de ce voisin. Ou plus probablement, à ses pieds. Les bruits forts commencent vers 7h tous les jours et continuent jusqu’à minuit, et parfois après — même à 3h du matin de temps en temps.

Pendant les deux dernières semaines, tout est parti en vrille. En plus des pas lourds sans cesse, il y a des sons comme un marteau-piqueur, suivis toutes les 2-3 heures par un aspirateur, jusqu’à 22h du matin. Je ne sais pas ce qui se passe, mais impossible que tout ça vient d’un trop gros homme qui marche partout.

Hier, je n’en pouvais plus. J’ai contacté la gérante de mon immeuble et lui ai dit : « Dis-donc, je n’ai rien dit car après mes problèmes avec le voisin en bas l’année dernière, je voulais essayer d’être compréhensif. Mais ce type est bruyant sans cesse depuis 3 mois déjà ! » Elle m’a dit qu’elle le vérifierait, mais dis-donc, c’est probablement juste une machine à laver tombée en panne.

QUOI ? Le problème, c’est que l’attitude de tout service aux clients aux États-Unis est de nier que les problèmes existent. De dire que vous imaginez tout.

Une heure plus tard, elle m’a écrit pour me dire que depuis une semaine, ils accueillent des invités, dont un garçon très actif, mais tout ça arrêtera. Et une heure après ça, c’était même le cas — mais si c’était vrai, j’ai deux questions :

  1. Quel genre d’adulte ne considère pas ce niveau de bruits un problème jusqu’à ce qu’il reçoive des plaintes de la gérante ?
  2. Pour quel genre de con me prennent-ils ? Je viens de dire que ça fait 3 mois, et ils veulent me faire croire que ça ne fait qu’une semaine ?

Je ne suis pas aussi stupide que ça. Je comprends que beaucoup de monde mentirait dans une situation pareille, afin de ne pas recevoir une punition plus sévère. Mais je n’allais pas accepter cette explication insultante. Je lui ai donc écrit pour dire, « Merci, mais je ne les crois pas du tout. Je viens de te dire que ça fait plus longtemps qu’une semaine. » Et à son tour, elle m’a écrit pour dire « Je t’écoute ». Ça m’a énervé encore plus — impossible que nous disons les deux là vérité !

La Fille et moi avons parlé de « Stompy the Dinosaur » pendant tout ce temps, mais j’ai dit juste « le dinosaure » car je n’étais pas sûr de comment traduire son surnom. Mon dictionnaire donne « pas lourd » pour « stomp » en tant que nom, mais ici, c’est plutôt un adjectif, ce qu’il fait. Et si je combinais les deux mots dans l’ordre donné par mon dictionnaire, vous me diriez tous qu’il était un fruit de mer. Alors il n’est pas « Paslourd » mais « Lourdpas. ». Et peu importe la traduction, il est sans conteste le pire voisin que j’ai jamais eu.

Je suis sûr qu’il y a plein de voisins chelous dans les immeubles français. Mais de plus en plus, je suis absolument choqué par le niveau d’indifférence de tous les voisins autour de moi. C’est comme si chacun — en bas, à l’étage, et à côté — se croyait le seul qui habite ici, et qu’il n’avait d’obligation envers personne. Je me demande sincèrement ce qui s’est passé ici ; mon immeuble n’était pas du tout comme ça même il y a 5 ans.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Langue de chien

Il y a deux semaines, j’ai intitulé un épisode de la balado d’après une expression anglaise, « going to the dogs ». Littéralement, ça se traduit par mon titre, « tout va aux chiens ». Je l’ai choisi parce que le sujet de la moitié de l’épisode — la blague, un gros-titre satirique et un article — concernait des chiens. Cependant, il ne s’agit pas de chiens littéraux en anglais. (Hihihi, il y a un jeu de mots avec l’anglais dans cette dernière phrase, complètement par hasard — un groupe de chiens nouveaux-nés s’appelle un « litter » en anglais.)

En fait, l’expression est très proche des expressions en français à base du verbe « partir » : tout part en vrille/cacahuète/etc. C’est-à-dire que les choses tournent pour le mal (lien en anglais). Cependant, quand je l’ai mis en Google Traduction par curiosité, j’ai reçu une surprise :

Capture d'écran où "everything is going to the dogs" se traduit par « tout va à vau-l'eau ».

Non seulement l’équivalent français n’utilise pas « partir », mais ce « vau-l’eau » m’est complètement inconnu. Alors, qu’est-ce que c’est que « vau-l’eau » ?

Le tout premier sens dans le Trésor de la langue française, et apparemment le plus littéral, c’est de suivre un cours d’eau :

VAU(-)L’EAU (À),(VAU LEAU , VAU-LEAU ) loc. adv. et subst.

I. − Loc. adv.

A. − En suivant le fil de l’eau.

Deux gros dos squameux émergent de l’eau bourbeuse et replongent dans la vase Des régimes de bananes flottent à vau-l’eau (Cendrars, Du monde entier, Le Formose, 1924, p. 203).

Vau-l’eau

L’autre sens en tant qu’adverbe est exactement ce que je cherchais :

B. −Au fig. Au gré du hasard, à l’abandon, à la dérive. Destinée, illusions, plans, rêves à vau-l’eau; être, partir, se laisser aller, (s’en) aller à vau-l’eau.

Frais séjour où se vint apaiser la tempête De ma raison allant à vau-l’eau dans mon sang (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, Amour, 1888, p. 14).

C’est donc assez clair que le « vau » est le cours suivi par ladite eau, et avec ça, l’équivalence avec l’expression anglaise devient compréhensible. Les chiens et l’eau sont les deux hors notre contrôle. Mais j’aimerais suggérer qu’il y a une différence entre importante entre ce chien et cette eau :

Et ce chien et cette eau :

On pourrait mieux préciser dans les deux cas.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler de la plus grande plainte de La Fille à ce point dans ses études.

Langue de Switch 2

Je vous avais dit que La Fille serait bientôt propriétaire d’une Nintendo Switch 2, qui est arrivée chez nous mardi dernier. En ce moment, nous n’avons que deux jeux pour aller avec : Mario Kart World, qui tout le monde achète pour aller avec (c’est beaucoup moins cher de cette façon qu’au lien), et Welcome Tour, un mini-jeu qui vous montre comment marche le tout. Ce dernier vaut les 10 €, peu importe les nombreuses plaintes en ligne que c’est payant tout court. Mais nous ne sommes pas ici pour une critique de la console en soi. C’est hors mon sujet. Ce qui rentre bien dans mon sujet, c’est parler de certaines traductions liés à Nintendo.

Avant de même essayer le nouveau jeu de Mario Kart, la première chose dont La Fille avait envie, c’était de tester comment marchait le dernier Zelda, Tears of the Kingdom. La différence est incroyable. Mais à cause de ce jeu, j’ai découvert qu’une blague que j’ai fait il y a deux ans, à sa sortie, ne marche pas du tout en français. J’explique :

Dans le premier Zelda pour Switch, Breath of the Wild, il y avait un héros en forme d’oiseau géant, nommé Revali. Revali avait un super-pouvoir, dit en anglais, « Revali’s Gale », littéralement « le vent violent de Revali ». Avec ce pouvoir, il pouvait se lancer très fortement dans le ciel. Mais dans le dernier jeu, son descendant Babil, a un pouvoir beaucoup moins puissant, la Rafale de Babil. Quand je l’ai vu pour la première fois en 2023, j’étais déçu et je l’ai tout de suit appelé « l’éternuement de Revali ». Cependant, ça ne marche pas comme calembour en français, parce que le pouvoir original ne porte pas de nom lié au vent en français. C’est plutôt la Rage de Revali. Je sais, il ressemble à un animal sauvage, mais avec un tel nom, mieux vaut faire appel au docteur Pasteur, non ?

L’autre chose que je vais évoquer cette fois n’a strictement rien à voir avec la Switch 2, mais il s’agit de Nintendo. Si vous fréquentez certains blogs français, surtout celui d’Agathe, vous avez peut-être croisé un internaute qui s’appelle Bleck. Ce nom me rendait fou, et un jour, je n’en pouvais plus : je lui ai demandé si c’était d’après mon méchant préféré de tous les jeux de rôle dans l’univers Mario, le comte Bleck. Il m’a dit que non, et a ajouté qu’il n’avait pas la moindre idée de quoi je parlais. Je compatis. Moi non plus.

Puis, il s’est avéré qu’aucun Français n’aurait une idée de quoi je parlais — car le méchant ne s’appelait pas « Bleck » en français. Ce n’était même pas proche.

Dessin du comte Bleck. Il porte un costume et un haut-de-forme blanc ainsi qu'un monocle, tient une baguette magique dans sa main, et a un sourire maléfique, un ligne à zigzags rouge.
Le comte, Source, Fair use selon les lois des États-Unis

Je suis franchement jaloux de son sourire et son style. Mais en français, il s’appelle le comte Niark. J’ai souvent du mal avec les choix de traductions en français, mais celle-ci me rend particulièrement perplexe. Je ne sais pas si « Niark » vous rappelle quelque chose, mais « Bleck » est proche du mot anglais pour le noir, “black ». Ça va très bien pour un méchant. Heureusement, il me semble que la traduction française est autrement très bonne, et la scène où le comte arrange le mariage de la princesse Peach avec le méchant Bowser reste aussi hilarant en français que la version que je connais :

Je pourrais écrire des milliers de mots sur les différences entre les jeux de Nintendo en français et en anglais. Mais j’arrêterai avec la meilleure traduction de toute Nintendo, qui dépasse la version anglaise. Lisez attentivement le nom du méchant !

C'est un méchant en forme de boîte de crayons de couleur. Il dit que son nom est « Côme Raoul Aimé Yves Oscar Nicolas Siméon de Couleur, 12ème du nom ». Si on lit juste les initials, c'est « crayons de couleur ».
Source

Saison 4, Épisode 17 — Des fins et des commencements

Ça y est, le moi de 2020 appartient désormais au passé. Il voulait aller en France ? 2021. Il voulait voir Indochine dans un stade ? 2022. Il voulait voir les plages de Normandie et la Tapisserie de Bayeux ? 2023. Il voulait voir Bertrand Usclat, Sebastian Marx et Paul Taylor, ses héros du Confinement ? 2022, 2024 et 2025. Tout ce que j’avais espéré réussir cette année-là, c’est maintenant terminé, si plus lentement qu’attendu.

Bien sûr, le Tour était censé durer pendant 2 ans, et il m’a fallu 4 ans pour tout faire. Mais je ne m’attendais pas à la moitié de ce qui arrivait sur le chemin. Il reste le but de rencontrer dans la vraie vie plusieurs personnes que je connais depuis 2020, mais en quelque sorte, ça me semble autre chose, en dehors d’une liste de contrôle.

Dimanche matin, j’ai écrit un courriel à tous mes bénévoles pour leur remercier pour l’aide, ainsi que demander comment les citer dans les remerciements. 230 pages sont complètement corrigées selon les retours ; j’attends toujours une personne, mais le manuscrit est largement terminé. Je crois que je l’enverrai à des maisons d’édition le 28 — les dernières tâches seraient finies d’ici vendredi, mais j’ai une dernier contrôle de qualité planifié après ça, et je ne vais pas l’envoyer un vendredi, parce que je ne veux pas que les destinataires le ratent en partant pour le week-end.

Je suis partial, bien sûr, mais j’avais plusieurs buts pour le texte, et je crois que je les ai tous réussi. C’est l’œuvre intellectuelle que j’aurais dû produire il y a 25 ans, avec 16 pages de bibliographie. C’est par tours amusant et sérieux, avec des histoires bien-aimées du blog — le voyage fou, le malentendu nivernais, les brouteurs, M. Descarottes — ainsi que des histoires jamais racontées ici, dont une venant de la Seconde Guerre mondiale que j’espère que tout le monde lira.

Mais surtout, je crois sincèrement que j’ai capturé la plus belle version de ce blog, que c’est les bonnes nouvelles sur la France. Il me rend fou que les blogueurs littéraires disent « feel-good » pour parler de certains romans, parce que vous savez tous que je fais des efforts littéralement québécois pour éliminer tout anglicisme de mon écriture. Cependant, c’est exactement la bonne description du livre. Sauf pour quelques pages où je râle sur mes plaintes habituelles — surtout l’anglais partout et la bise — c’est une lettre d’amour à la France entière, qui met tout le pays en vedette. (Exactement ce que j’ai dit de La Grande Vadrouille.)

Je suis bien au courant que surtout pendant l’année dernière, il est devenu de plus en plus difficile pour moi de cacher certaines déceptions personnelles. Mais j’ai travaillé dur pour garantir qu’il n’y a rien de ça dans ce livre. Vous y trouverez tout l’optimisme de l’introduction en haut de la page du Tour, toute la joie de découvrir tant de choses pour la première fois. Je ne peux pas regarder l’humoriste Paul Mirabel, car nous partageons tous les mêmes défauts, mais je vous promets, ce côté n’existe pas du tout dans le texte.

S’il y a un défaut que je ne peux pas corriger, mais sais que c’est là, c’est que certaines parties manquent du profondeur souhaité. Par exemple, le Grand Classement des films ne reçoit que 2 pages. Pensez-vous que j’ai si peux à dire sur une si grande passion ? Absolument pas. Mais j’ai choisi mon format exprès — tout se lit rapidement, pour donner un sens de l’émotion, du tourbillon de découvertes sans cesse. Il y aura beaucoup plus à dire, mais c’est enfin la fin de ce projet, et le commencement de beaucoup d’autres.

Notre blague traite de maths. Nos articles sont :

Les gros-titres sont Switch et Bugs Bunny. Les Bonnes Nouvelles concernent un EHPAD et des sapeurs-pompiers héroïques.

Sur le blog, il y a aussi Les erreurs les plus lamentables, sur des erreurs que j’ai vraiment besoin d’éliminer, HAHAHAHAHA, sur un texto mal dirigé, Je découvre Adrien Gallo, la dernière entrée du Projet 30 Ans de Taratata, et Paul Taylor au Regent Theatre, le récit d’un spectacle de l’humoriste nommé.

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Paul Taylor au Regent Theatre

Je sais à quoi vous vous attendiez, mais hier, j’ai réussi le dernier rêve lié à mon expérience d’apprendre le français en 2020. C’était un moment doux-amer ; ce chapitre de ma vie est désormais définitivement fermé.

Quand j’ai commencé à étudier le français, dès que les algorithmes de Facebook se sont rendus compte que je passais du temps sur des groupes français, le site a commencé à me recommander des humoristes en français. C’est comme ça que j’ai découvert Sebastian Marx, qui est en fait new-yorkais, et Paul Taylor, qui est d’origine irlandaise. Je sais que je l’ai dit plusieurs fois au passé, mais c’était une aide inestimable, d’écouter des voix plus proches de la mienne afin d’apprendre la langue. J’espère depuis longtemps les voir en France, pas aux États-Unis, mais on fait ce que l’on peut.

Comme toujours quand il s’agit d’un spectacle à Los Angeles, je suis parti 3 heures à l’avance. On dirait que j’étais là encore une fois beaucoup trop tôt, mais s’il vous semble que je vous ai montré des adresses nulles au passé, cette fois nous sommes dans le centre-ville historique, devenu parmi les pires adresses de la Californie. Je mentionne parfois que quand on dit « banlieue » en anglais, il s’agit des pires quartiers autour de Paris (les journaux télévisés l’utilisent pour avoir l’air authentique ; ils ne savent pas que « Versailles est en banlieue » apparaît dans mon dictionnaire bilingue). Bienvenue dans la banlieue de LA !

Voici le Regent Theater :

Regent Theater à Los Angeles

Vous voyez le bâtiment à votre gauche ? C’est abandonné :

Photo pris de plus loin qui montre le mauvais état du bâtiment à côté du Regent Theater

Au coin de la rue, il y a l’un de plusieurs anciens hôtels, devenus des HLM. Celui-ci était le Hotel Barclay

Il n’y avait presque rien à manger dans ce quartier. J’ai trouvé quelques bars, tous en mauvais état — mais aussi un restaurant très inattendu, « Le Petit Paris » :

Il a l’air assez accueillant, n’est-ce pas ? Les prix sont à couper le souffle — entre 30 et 60 $ pour tout dans un mauvais quartier. Franchement, je ne voulais pas prendre le risque. Regardez en face de la rue — des graffitis sur un autre bâtiment abandonné :

Bâtiment en face du Petit Paris -- les fenêtres sont toutes brisées

Il y avait des sans-abris partout — j’ai fait un effort pour ne pas leur prendre en photo, car ils sont des êtres humains dignes du même respect auquel je m’attendrais. ([Mais vous n’avez plus d’attentes à cet égard. — M. Descarottes])

Tout ça, c’est-à-dire que c’était un quartier que je ne recommanderais jamais, pas comme le Sunset Strip où Arnaud Demanche a joué. En fait, l’un des restos les plus vieux de la ville, Cole’s, se trouve dans ce quartier. Il fermera définitivement le 2 août après 117 ans. C’est connu pour ce que j’ai appelé « le sandwich français qui ne l’est pas », le « French Dip » : du rosbif sur une baguette. Il y avait une queue époustouflante pour y aller :

J’ai trouvé le quartier extrêmement effrayant, et heureusement, l’homme au guichet m’a laissé entrer une heure avant le spectacle. Alors, la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y pas eu de reprise de ce qui s’est passé dans la queue pour Arnaud Demanche, où tout le monde autour de moi refusait de me parler. La mauvaise nouvelle, c’est qu’au-delà d’un couple assis devant moi — dont j’ai offert de leur prendre en photo — tout le monde dans le théâtre refusait de me parler. Encore une fois, c’était dommage — je suis très curieux sur qui va à ces spectacles.

Voici la scène :

Scène du Regent Theater

Avant Paul Taylor, il y a eu une première partie, un immigré français nommé Noman Hosni (lien vers son compte Insta). Il n’était pas drôle. Il faut comprendre que depuis le 11 septembre 2001, je ne m’intéresse pas du tout à des « blagues » venant de telles personnes sur la sécurité à nos aéroports.

Heureusement, Paul Taylor était tout ce que j’espérais. Son spectacle, dit « Fuck me, I’m French » (Baise-moi, j’suis Français), était complètement en anglais, mais il s’agissait de son sujet habituel, la vie en France en tant qu’expatrié anglophone qui doit s’adapter. Je dirais que par rapport à ses spectacles bilingues, il s’est plaint plus sur les difficultés de jouer en France — en particulier, il parlait d’une ville de l’est du pays, Freling (orthographe ?), où il avait l’impression que personne ne comprenait ses blagues, et qu’il préfère jouer dans les grandes villes avec plus de personnes vraiment bilingues. Il a dit que c’était pour ça qu’il voulait faire un spectacle tout en anglais, mais il me semblait qu’il voulait flatter un peu le public pour le comprendre.

Et cette question de bilingues fait la plupart de son humour. Il parlait du bas niveau d’anglais en France et a dit quelque chose que la foule semblait apprécier, que quand ses connaissances françaises expatriées reviennent dans le pays, il doivent faire semblant de parler l’anglais pire qu’en réalité, ou leurs proches leur taquinent. Il y avait toute une séquence sur apprendre l’anglais à sa fille, ce qu’il trouve difficile parce que les livres disponibles pour son âge (6 ans) ne sont pas très bons. Et au cas où le public ne le croirait pas, il a apporté un livre qui était censé apprendre des comptines en anglais — c’était enregistré par des Français, et les extraits étaient très difficiles à comprendre.

Cependant, j’aurais du mal à traduire ses blagues en français, parce qu’ils s’appuyaient sur certains faits de prononciation en anglais. Par exemple, il parlait de l’expérience d’utiliser Siri chez lui, car sa femme est Française, mais ils utilisent Siri en anglais. Alors quand elle demande à Siri de compter 13 minutes, elle dit « thirteen », mais ça sonne exactement comme « thirty », 30. Il racontait une situation où après un peu, elle a changé à demander « twelve », 12. Il l’a félicité pour avoir trouvé une solution pour éviter ces mots trop proches, et elle a répondu, « Nan, j’ai perdu une minute en discutant avec Siri, alors je n’ai plus besoin de 13 minutes ! ». Croyez-moi, tout ça a marché en anglais, mais l’explication le rend moins drôle.

Cette foule était très différente des autres que j’ai vues avec des humoristes français venus aux États-Unis. Les couples étaient largement mixtes — comme la Française avec l’Américain assis devant moi. Il a demandé des questions comme ça au public ; ce n’était pas juste mon imagination. Je pouvais certainement l’écouter autour de moi. Je suppose que c’était pour ça qu’il n’a pas attiré les couples habituels de l’OCA qui sont venus aux autres spectacles racontés ici pendant les deux dernières années.

Je n’ai qu’un vrai regret cette fois. J’aurais tellement aimé prendre une photo avec lui, tout comme Sebastian Marx et Bertrand Usclat. Ils étaient la bande-sonore de cette première année d’études. Mais dès qu’il a quitté la scène à la fin du spectacle, je l’ai perdu, et l’homme du guichet m’a dit qu’il était parti par une autre porte. C’est dommage. Je lui écrirai pour dire autant, parce que ça aurait été la fin parfaite.

Je découvre Adrien Gallo

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Adrien Gallo, qui a suivi Alain Chamfort sur le plateau. Là, il a chanté « Aline » de Christophe, alors pas de bon points pour deviner qui sera le prochain artiste de cette série.

Adrien Gallo avec BB Brunes à l’Armada de Rouen, Photo par Agostinho, CC BY-SA 3.0

Il y a certains artistes qui sont apparus sur le plateau en tant que représentants d’un plus grand groupe, et d’autres qui sont apparus en tant que solistes. Adrien Gallo a fondé un groupe, BB Brunes, en 2006, dont il était le chanteur, mais il a entamé une carrière solo en 2014, et a été présenté comme soliste pendant l’émission. Cependant, puisqu’il continue d’être actif dans le groupe, et écrit une belle partie de sa musique, je traite de sa carrière avec le groupe pour commencer.

Adrien Gallo est né à Paris en 1989, fils d’un réalisateur de télé et une criminologue. Sa première guitare était le cadeau d’un ami de la famille, l’humoriste des Charlots, Luis Rego. À partir de 2000, lui et certains amis à l’école ont créé un groupe, Hangover (gueule de bois en anglais), dont les paroles étaient en anglais. Vu qu’il n’avait que 11 ans à l’époque, j’aimerais bien savoir à quel point ils comprenaient l’anglais ! Mais c’est en 2005 qu’un ami acteur, Jules Sitruk, partage leur maquette à son père, Claude, qu’ils changent de nom. Le « BB » est apparemment un hommage à la chanson de Serge Gainsbourg, Initials BB, et Brunes fait référence au boulevard Brune, où ils faisaient des répétitions.

En 2006, BB Brunes sort son premier single, Le Gang. Ça me rappelle fortement Iggy Pop ou The Ramones — dont la voix plaintive du chanteur. M. Gallo n’a que 17 ans dans ce clip, alors il lui reste de la maturité à venir.

Le single est rapidement suivi d’un album entier en 2007, Blonde comme moi. Sur cet album, la piste Mr Hyde a moins le son « garage », comme on dit du Gang et des influences nommées en haut. BB baise, en revanche, est si bruyant que je ne peux rien comprendre sans paroles écrites. Et vu que les paroles comprennent, « Mes ovaires sont prêts », c’est probablement pour le mieux.

Deux ans plus tard suit l’album « Nico Teen Love », rien à voir avec le Nico le plus fréquemment cité sur ce blog, mais tout à voir avec la nicotine. La piste éponyme me semble plutôt quelque chose des années 90 venant de Seattle, genre Nirvana ou Pearl Jam :

Mais ils n’ont pas abandonné leurs racines ; M la maudite est plus de la même chose du premier album.

En 2010, le groupe sort un EP tout en anglais, mais dont j’ai du mal à vous donner le bon titre — c’est soit BB Brunes soit EP anglais. La chanson « Taste of a Baby » (Le goût d’un bébé OU Les goûts d’un bébé — le titre est ambigu) a un titre suffisamment déroutant que j’ai dû l’écouter. Hélas, ça veut dire le premier choix. Beurk. « For Ever and Ever and Ever Ever Ever » (À jamais et à jamais, etc.) sonne comme une centaine de groupes britanniques des années 60. Si vous m’aviez donné ce dernier clip sans me dire que ça venait d’un groupe français, j’aurais pris M. Gallo pour un britannique.

En 2013, BB Brunes sort « Long courrier », qui ne renonce pas exactement leurs racines de punk, mais aurait pu venir directement des années 80. Le premier single, « Coups et blessures », ne sonne comme rien d’avant de chez eux :

La voix de M. Gallo, 27 ans ici, a en fait mûri. Quant à la chanson « Stéréo », c’est un régal pour les fans de Douglas Adams qui connaissent la poésie des Vogons : « swimming pool » rime avec « houle », « poule » et « swinging foule ».

En 2014, Adrien sort son premier album solo, Gemini. Est-ce le même type qui est chanteur de BB Brunes ? J’ai du mal à y croire ! Écoutez « Monokini » et découvrez son côté Barry Manilow ! Mais sa chanson « Copacabana » n’a rien à voir avec celle de M. Manilow.

Au fait, le correcteur de mon portable veut changer le nom de M. Manilow en « Manille », le chien d’Il Est Quelle Heure. Ne me croyez pas sur parole :

Capture d'écran qui montre 3 corrections proposées : Manille, Manila, et Manilas.

Quant au reste de Gemini, c’est hyper– commercial ; écoutez « Crocodile », qui semble plus produit qu’écrit.

En 2017, BB Brunes est de retour avec Puzzle, un album qui sera nommé aux Victoires de la Musique pour meilleur album de rock, mais perdra à Shaka Ponk. Je ne sais pas. Ça sonne beaucoup plus proche de Gemini que de leurs travaux de plus tôt ; « Éclair éclair » est un tube pour eux, mais c’est trop « pop » pour mes goûts :

« Pyjama », du même album sonne au début comme s’ils écoutaient du Bernard Lavilliers, mais le reste est aussi électronique que le premier clip. « Origami » fait pareil : un geste vers le Japon pour commencer, puis plus de musique électronique.

En 2019, Adrien Gallo sort un autre album solo, « Là où les saules ne pleurent pas ». Encore une fois, c’est un départ du son de BB Brunes, mais dans tout autre direction que Gemini. La chanson éponyme est largement une ballade avec une guitare acoustique :

Ailleurs dans le même album, nous voyons Adrien au piano pour la première fois, en duo avec Vanessa Paradis :

J’ai l’impression que cet album n’a pas été une réussite — les infos sur ses classements m’ont échappée — pourtant, je le considère parmi son meilleur travail. Et ça nous amène au résumé.

Que penser d’Adrien Gallo ? Il est évidemment un musicien talentueux, avec une carrière de deux décennies à ce point, dont plusieurs albums de platine. Mais je trouve que je suis moins qu’enthousiaste. Quand il poursuivait une vision artistique moins commerciale, sa voix n’était pas à la hauteur. Quand sa voix a enfin mûri, la musique n’était plus à mon goût. J’espère qu’au futur, il y aura enfin un album de son côté qui montre son talent sans chasser si évidemment l’approbation des classements.

Ma note : J’irais au concert si vous avez une place de trop.