Archives mensuelles : novembre 2025

Saison 4, Épisode 35 — La Fille prend la parole

Alors, quelle semaine intéressante, hein ? La Fille n’est pas chez moi, mais je vous rassure, elle apprécie toujours l’accueil chaleureux pour son début en tant qu’autrice. Vous avez vu qu’elle a son propre nom d’utilisateur — comme James Bond, elle reviendra. (Mais je l’ai averti que son prochain billet devrait contenir moins de blagues sur moi.)

Il faut que je vous dise que pendant le dîner de Thanksgiving, mon frère m’a dit qu’il n’avait aucune idée que je me sentais coupable pour avoir abandonné La Recherche il y a 25 ans, et il ne voulait pas que je sente obligé de la finir. Cependant, ce n’est plus à lui. Pour une chose, il ne peut pas effacer deux décennies de pensées sur le sujet. Autre chose, il ne sait rien sur ce blog, et ne comprend donc pas que Dimanche avec Marcel a sa propre vie et sa propre identité. Je considère que ça fait plaisir á certains et ça suffit. Alors Dimanche avec Marcel ne va nulle part — exactement comme beaucoup des mésaventures du narrateur avec les filles !

Je viens d’apprendre que je suis loin du seul à lire Proust aussi… lentement. (Désolé, Agathe.) Voici un post par un anglophone qui lisait la même traduction que moi en 2020, et a mentionné qu’il ne lisait que 3 pages par jour. Et un autre blog anglophone raconte « 182 jours de Marcel Proust ». Mais ce dernier est vieux : abandonné il y a 13 ans (il a fini sa lecture). Vu les liens qui ne marchent plus sur ces sites, il me semble qu’il était une fois, mais pas plus, il y avait toute une industrie proustienne en ligne.

En parlant de Proust, j’ai oublié de vous montrer le livre que j’ai acheté au marché de Noël il y a deux semaines. Je n’ai pas encore essayé de le lire, mais c est par une prof de littérature française qui enseigne à UCLA :

C'est « Proust, roman familial » par Laure Murat, prix Médicis essai de 2023

Je ne peux pas qualifier cet article comme Bonne Nouvelle, car le résultat n’est pas connu, mais dans le Tarn, c’est l’histoire d’une certaine Charlotte, dont un admirateur secret a laissé une note sur son pare-brise. Elle l’a partagée dans un groupe sur Facebook dans l’espoir de trouver l’auteur. Aux États-Unis de nos jours, ce serait pour le poursuivre pour harcèlement, mais il me semble qu’elle veut sincèrement le trouver. Je ne crois pas qu’il y ait des tarnais qui fréquentent ce blog, mais on sait jamais.

J’ai lu avec tristesse que la chaîne Buffalo Grill abandonne son thème Far-West avant que je ne puisse le voir. C’est la Starbucksisation du monde entier ; les restos ressembleront désormais à une centaine d’autres.

Quelque chose de curieux s’est produit ce week-end. J’ai enfin installé tous mes équipements stéréophoniques — et découvert que plusieurs câbles ont disparu ([Ne me regardez pas comme ça. — M. Descarottes]). Je suis tout perplexe — je croyais que tout à été rangé dans deux cartons au moment quand j’ai tout débranché en octobre. Apparemment pas. Ce qui me rend dingue, c’est que ça comprend plusieurs câbles assez chers. Pour l’instant, je les ai remplacés avec des trucs bas-de-gamme afin de ne pas perdre trop d’argent. Mais c’est pour le meilleur que j’aie décidé de ne pas aller à Strasbourg sur un coup de tête. (Peut-être que ça devrait être le nom du blog.)

Et ce qui rend ça encore plus ridicule ? Comme tous les hommes — la plupart ? certainement une majorité — je garde un stock énorme de vieux câbles dans la peur qu’un jour, j’en aurai besoin. Et pour aider La Fille à jouer à Hyrule Warriors sans stéréo, j’ai eu besoin d’exactement un câble acheté en 2004 et pas utilisé depuis ce temps-là ! (On a utilisé un vieux haut-parleur connecté à la Switch par des prises jack 3,5 mm aux deux bouts.)

Notre blague traite des maths. Nos articles sont :

Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine — et j’ai beau cherché. Les gros-titres sont Barracuda et Hashtag.

Sur le blog, il y a aussi Le premier article de La Fille, exactement ce qui promet le titre, Jardin pédagogique, sur une visite à un tel jardin à Irvine, Thanks pour rien, sur mon dîner de Thanksgiving et The French Avenue, la découverte inattendue de Black Friday.

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Dimanche avec le baron de Guermantes

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’ai avancé de 25 pages.

La dernière fois, on a parlé des propos de Proust (par le biais de Bloch, ami du narrateur) autour des juifs, et j’ai fini par vous dire que l’on reprendra avec un épisode sur les homosexuels, un autre exemple des sentiments ambigus de Proust envers lui-même. C’est donc le nouvel ami du narrateur, le marquis de Saint-Loup, qui nous raconte que son oncle « amenait tous les jours des femmes dans une garçonnière », mais :

— Un jour un des hommes qui est aujourd’hui des plus en vue dans le faubourg Saint-Germain, comme eût dit Balzac, mais qui dans une première période assez fâcheuse montrait des goûts bizarres, avait demandé à mon oncle de venir dans cette garçonnière. Mais à peine arrivé ce ne fut pas aux femmes, mais à mon oncle Palamède, qu’il se mit à faire une déclaration. Mon oncle fit semblant de ne pas comprendre, emmena sous un prétexte ses deux amis, ils revinrent, prirent le coupable, le déshabillèrent, le frappèrent jusqu’au sang, et par un froid de dix degrés au-dessous de zéro le jetèrent à coups de pieds dehors où il fut trouvé à demi mort…

Saint-Loup ajoute que de nos jours, son oncle ne ferait pas pareil. Néanmoins, ce morceau m’a frappé : si Proust s’étendait pendant des pages pour s’éloigner des juifs, cette fois est beaucoup plus courte — mais beaucoup plus violente. C’est comme s’il avait hâte d’annoncer : « Moi, je n’ai rien à voir avec ça et euh, #JeSuisPasOscarWilde ». (Il faut le traduire comme ça pour les plus jeunes.) Je laisse parfois des commentaires dans ces billets pour remarquer que si le narrateur est Proust lui-même, il s’intéresse aux femmes un peu trop, comme si Proust essayait de cacher la vérité. Il faut dire après ça que je n’avais aucune idée du point auquel il irait.

Après les histoires de cet homme ultra-viril (« Beau comme il a été, il a dû avoir des femmes ! »), le narrateur est suivi par :

un homme d’une quarantaine d’années, très grand et assez gros, avec des moustaches très noires… des yeux dilatés par l’attention.

C’est l’acteur Noël Roquevert !

M. Roquevert à ses 52 ans, avec un chapeau Borsalino et une moustache fine et noire
Noël Roquevert, Photo par Studio Harcourt, Domaine public

En fait, ce n’est pas M. R., qui restait inconnu jusqu’à une décennie après la mort de Proust, mais c’est l’un de mes acteurs de seconds rôles préférés, et j’ai tout de suite pensé à lui en lisant la description. C’est plutôt le neveu de Mme de Villeparisis :

voilà que je t’appelle le baron de Guermantes. Je vous présente le baron de Charlus.

Oh là là, mais tous les fils se nouent, les uns aux autres ! Il est donc parent de la duchesse de Guermantes qui le narrateur suivait avec intérêt pendant sa jeunesse à Combray, et c’est le même M. de Charlus qui aidait Swann dans sa relation avec Odette. Puis-je ajouter, « Finalement » ? Tous les noms se multipliaient sans cesse dans le premier tome, sans jamais être liés de façon interessante.

Saint-Loup dit au narrateur que :

notre cri, notre cri de guerre, qui devint ensuite Passavant, était d’abord Combraysis

Le nœud se resserre, si vous vous souvenez que Swann était l’ami de la princesse des Laumes :

mon oncle Palamède aurait dû prendre le titre de prince des Laumes, qui était celui de son frère avant qu’il devînt duc de Guermantes

Puis la lumière s’allume et le narrateur comprend pourquoi Monsieur semblait le reconnaître :

— Mais parmi les nombreuses maîtresses que vous me disiez qu’avait eues votre oncle, M. de Charlus, est-ce qu’il n’y avait pas Madame Swann ?

— Oh ! pas du tout !… Vous causeriez beaucoup d’étonnement dans le monde si vous aviez l’air de croire cela.

Je n’osais lui répondre qu’on en aurait éprouvé bien plus à Combray si j’avais eu l’air de ne pas le croire.

HAHAHAHAHAHAHAHAHA !

Ce baron de Charlus se révèle très attentionné à une soirée plus tard :

Il m’avait évidemment vu, sans le laisser paraître, et je m’aperçus alors que ses yeux, qui n’étaient jamais fixés sur l’interlocuteur, se promenaient perpétuellement dans toutes les directions

Il suit des pages de réflexions sur ce sujet. Le narrateur n’aime vraiment pas de Charlus :

M. de Charlus avait beau en fermer hermétiquement l’expression, les yeux étaient comme une lézarde, comme une meurtrière que seule il n’avait pu boucher et par laquelle, selon le point où on était placé par rapport à lui, on se sentait brusquement croisé du reflet de quelque engin intérieur qui semblait n’avoir rien de rassurant

Tout à coup, l’épisode de la Berma dans une représentation de Phèdre prend enfin de l’importance :

— Il y a plus de vérité dans une tragédie de Racine que dans tous les drames de Monsieur Victor Hugo, répondit M. de Charlus.

— C’est tout de même effrayant, le monde, me dit Saint-Loup à l’oreille. Préférer Racine à Victor Hugo c’est quand même quelque chose d’énorme !

On finit sur un épisode absolument bizarre, qui sera donc probablement important plus tard. M. de Charlus rend visite à la chambre du narrateur pour le prêter un tome de Bergotte en lui disant :

Mais du moins vous avez bien placé votre affection dans votre grand’mère.

Le lendemain, ils se voient encore une fois et :

je fus bien étonné de l’entendre me dire, en me pinçant le cou, avec une familiarité et un rire vulgaires :

— Mais on s’en fiche bien de sa vieille grand’mère, hein ? petite fripouille !

Avec ça, M. de Charlus exige la restitution de son tome de Bergotte et reproche au narrateur de :

ne pas partir en guerre pour répondre aux choses qu’on vous dit avant d’avoir pénétré leur signification. 

Franchement, moi non plus, je n’ai pas pénétré la signification de cet échange. Il me semble que de Charlus profite simplement de maintenir les autres dans l’incertitude quant à ses avis. Mais avec ça, de Charlus quitte Balbec et l’histoire prend une autre direction.

The French Avenue

Deux ans se sont écoulés entre les deux dernières entrées de la catégorie « Je critique », censée être pour critiquer soit des entreprises francophones auprès de moi soit des produits français que je trouvais chez myPanier (vous comprenez déjà le problème). Il me semble toujours de moins en moins probable que je trouve de nouvelles entreprises ici, car les échecs d’Americannery, de La Petite Sourie, et de myPanier signalent aux immigrés qu’Irvine est le mauvais endroit pour ouvrir un commerce. Cependant, nous avons un nouveau café à Irvine, The French Avenue.

Mais mettons la scène. Hier, j’ai reçu un appel de Cox, le pire opérateur de service Internet et de télé par câble au monde (sauf pour Time Warner, Comcast, et tous les autres aux États-Unis — cette industrie a une mauvaise réputation complètement méritée). Le type voulait me demander si j’avais besoin d’aide pour déplacer mon service d’appartement 212 (mon ancien). Choqué, j’ai répondu : « Allez vous faire voir chez les grecs ! », la seule chose que j’ai à dire aux employés de Cox (sérieusement, j’ai des histoires). Mais comme d’habitude pour moi, ce qui est sorti de ma bouche, c’était plutôt « Ah non, déjà fait il y a un mois. Pourquoi ? »

Il s’est avéré que quand j’ai utilisé leur site web pour faire le changement, ils ont changé mon adresse pour envoyer les factures, et l’avait allumé au nouvel appartement — mais l’adresse du service restait l’ancien. Le nouveau résident ne pouvait pas activer son propre compte en conséquence. Le type au téléphone m’a dit « Compris, je le réglerai », et 5 minutes plus tard… Internet chez moi n’a plus fonctionné et leur site web indiquait que mon compte était fermé.

Je suis monté dans ma voiture avec l’intention d’étrangler le type, qui m’a appelé d’une boutique de Cox, pas leur bureau (j’imagine qu’il aidait le nouveau résident). Encore une fois, quand j’y suis arrivé, tout ce que j’ai dit, c’était « Nous venons de parler, mais maintenant j’ai besoin d’aide. » Évidemment, j’ai vraiment aimé Le Magnifique (c’est un documentaire, selon moi). De toute façon, une fois réglé, je me suis pensé : « Dites-donc, le centre commercial Quail Hill avait quelques bons restos ; puisque vous êtes là, pensez à y manger. » Puis j’ai regardé autour de moi, et c’était le moral dans les chaussettes.

Sauf pour une pizzeria et un bar, tous les choix sont maintenant asiatiques — même plus le resto rapide mexicain que j’aimais ! (La chaîne a apparemment quitté Orange County pour rester uniquement à Los Angeles.) Ça comprend deux choix thaïlandais ; il n’y a pas de grande communauté thaïlandaise à Irvine ! « bbq chicken » est coréen, ainsi que Dosirak. Et pour info, c’est juste à côté de Shady Canyon, le quartier le plus cher d’Irvine, avec des maisons de 5 millions de dollars, où les paysans comme moi ne peuvent même pas rouler. Quail Hill n’est pas un quartier « ethnique » ! C’est le processus duquel j’ai parlé en 2024.

J’ai donc décidé d’aller à Irvine Spectrum, le plus grand centre commercial de la région, car j’étais trop con pour me souvenir de Black Friday. C’est à 2 km de Quail Hill. Une fois finalement stationné, j’ai regardé le répertoire, et c’est comment j’ai trouvé The French Avenue.

Je ne crois pas que ce soit un commerce francophone. Il y avait 3 ouvriers derrière le comptoir, tous asiatiques, mais pas comme les boulangeries asiatiques ici qui font semblant d’être français (Tous Les Jours, Paris Baguette), je n’ai pas soupçonné du soja à la place du lait. Il me semblait plutôt une entreprise comme Pandor, gérée par des gens comme moi qui font leur meilleur pour rester authentique.

Voici l’entrée et la carte :

C’est un accueil assez agréable, et j’aime l’étoile Mario en haut du sapin. Les prix sont typiques d’Irvine — on a le droit à 15 $ de vous, peu importe ce que vous commandez ! Mais honnêtement, pour les crêpes et les sandwiches, pas de plaintes de mon côté. Les cafés sont tous du Nespresso –j’ai vu la machine.

Et voici des photos de la vitrine :

Ces photos comprennent toute la vitrine. Il y avait plein d’espace, et j’ai aperçu la cuisine — c’était énorme et équipée pour faire plus que ça. Je trouve le prix des macarons insultant — 3,59 $ chacun, un niveau Pierre Hermé-esque — et les éclairs ont l’air maison plutôt que pro. Il me semble que l’on est ambitieux, comme moi, et qu’ils espèrent faire encore plus.

Finalement, j’ai commandé une crêpe « chicken Dijon » (poulet à la moutarde de Dijon). Il y avait un paquet de chips avec, inattendu et apprécié à 14 $. Le nom sur le devant du paquet dit que les chips viennent de Boulder, Colorado, le Chamonix du Midwest. Le dos dit qu’ils sont un produit de chez Utz, un vieux fabricant régional de la Côte Est, peu connu en Californie.

À vrai dire, je soupçonne que la galette au sarrasin vient d’un paquet. Je n’ai pas vu de crêpière, et franchement, ce n’était pas assez chaud par rapport à la garniture, qui était très bien. Mais c’était assez bon en soi, et la garniture — poulet, épinards, mozzarella, champignons et moutarde — était plus généreuse qu’attendue et de bonne qualité. Je ne crois pas que la crêpe est venue d’un micro-ondes, c’est certain.

J’ai donné une bonne note au café en le partageant dans le groupe privé de l’OCA sur Facebook. La semaine prochaine, on parlera plus sur ce que j’ai vu dans ce centre commercial — anciennement l’un de mes endroits préférés, mais pas depuis 7 ans — mais disons que j’apprécie particulièrement que des propriétaires probablement pas français aient fait un effort comme ça.

La qualité : Moyen

Rapport qualité prix : Moyen

Recommandation : J’y reviendrai

Thanks pour rien

La vache, mais je suis fâché contre moi-même ! Puisque les fêtes de Thanksgiving pendant les années paires sont à mon ex, La Fille était chez elle hier. Et puisque je savais que ce serait le cas, je planifiais à inviter des membres de l’OCA chez moi plutôt que dîner avec mes parents et M. Ordure… désolé, je voulais dire mon cher frère bien-aimé (tant qu’il reste sur la Côte Est). Mais il m’a fallu 2 semaines avant que je ne puisse même plier les genoux après le déménagement, et je n’étais pas prêt à avoir des invités.

Je vais vous raconter deux histoires liées à ce Thanksgiving. La première est si stupide que même si je viens de le vivre, je galère à le croire.

Il y a un mois, ma mère m’a dit qu’elle allait réserver une table chez Seasons 52 pour Thanksgiving. C’est une chaîne de restos légèrement au-dessus du moyen, où tous les plats sont censés contenir moins de 600 calories. Je dirais que la plupart d’entre vous l’aimeraient car ils réussissent ce but avec des portions très françaises. Il me semble que leur carte Thanksgiving rate ce but, mais nous y reviendrons.

Ce qu’il faut savoir, c’est que ma mère, qui a 76 ans, a des problèmes avec la technologie que… comment dire ça… personne d’autre n’a. Rien à voir avec l’âge ; je pourrais vous raconter des histoires datant des années 90. Mais la moitié du temps, quand elle dit qu’elle a réservé une table sur Internet, la réservation n’existe pas. Je n’ai pas d’explication.

Alors, quand j’ai abandonné mon but d’avoir des invités, elle a appelé le resto pour m’ajouter, et a découvert qu’il n’y avait pas de réservation. Moi, j’aurais simplement dit « Allez, donc faisons-en une maintenant. » Mais elle a plutôt décidé de réserver une table ailleurs, chez Caló, un resto mexicain dans le même centre commercial. J’ai l’impression que je l’ai mentionné au passé, mais je n’arrive pas à trouver le bon billet. Cette fois, elle a appelé ce resto-là, et ils lui ont envoyé un courriel avec l’heure et la date.

Pour des raisons qui m’échappent, vers midi ma mère a vérifié le site web de Caló, qui disait que le resto serait fermé pour Thanksgiving. Elle a donc appelé à nouveau Seasons 52, et a obtenu une table — à 15h15. Je ne plaisante même pas un peu. Il y a 4 jours aux États-Unis où il faut vraiment réserver à l’avance : la Saint-Valentin, Thanksgiving, Noël et le Réveillon du Nouvel An. Nous étions chanceux d’avoir une table tout court. De toute façon, voici le dîner :

C’est de la dinde avec toutes les accompagnements traditionnelles : purée de pommes de terre, « stuffing » (une sorte de pain perdu salé), purée de patate douce et de la sauce aux canneberges, ainsi que des haricots verts. D’habitude, il n’y a pas de pain chez Seasons 52, mais cette fois, il y avait de petits pains aux graines de pavot. Vraiment pas mal. Mais nous aurions pu avoir la même table avec beaucoup moins de soucis !

Alors, l’autre histoire. Je crois que vous savez tous que Dimanche avec Marcel est né d’un cadeau d’anniversaire de mon frère. Voici ce qu’il m’a donné au dîner hier soir :

Merci de me tuer avant que je n’ouvre ces livres. Honnêtement, un livre, et je m’en fiche duquel, aurait suffi. Ce sont : Comment Jésus est devenu Dieu par Bart Ehrman (un historien sceptique), Les meilleurs frappeurs de baseball de tous les temps par un universitaire qui est prof de statistiques, et Rashomon et 17 autres nouvelles, un recueil de Ryūnosuke Akutagawa, qui a écrit la nouvelle devenue le film culte japonais d’Akira Kurosawa, Rashomon.

Il n’a pas peur de me donner des devoirs. Mais si jamais j’essaye de suggérer la moindre chose dans l’autre sens, il a l’air de s’ennuyer. Quand il a déjeuné avec La Fille et moi avant d’aller au jardin il y a deux jours, nous avons essayé de lui montrer un extrait de Rabbi Jacob. (Ça, parce qu’il insistait que nous devions voir sa dernière obsession, Les Diaboliques. Toujours les devoirs pour les autres.) Disons que c’était mal accueilli.

Je me compte chanceux d’avoir survécu Thanksgiving cette année. On dit que c’est l’évènement familial le plus stressant de l’année, car pour des raisons mystérieuses, on évoque toujours quelque chose de déroutant à table. Mais c’est encore plus marrant quand on a un parent qui le fait exprès !

Jardin pédagogique

Hier, mon frère a rendu visite à moi et La Fille. En fait, il sera ici toute la semaine, mais elle, elle passera Thanksgiving et le week-end (les deux vont ensemble) chez sa mère. Afin de trouver quelque chose à faire ensemble, nous sommes allés au Great Park, le Grand Parc.

C’est un peu une grosse blague. En 2002, les Marines ont quitté leur base, El Toro, dans le sud d’Irvine, un espace de 526 hectares. La ville a décidé de la transformer en parc de même façon que Central Park à New York. Cependant, après avoir gaspillé 100 millions de dollars à travers une décennie sans construire plus qu’un manège, une montgolfière et un peu d’espace vert, la ville d’Irvine a décidé de rendre plus de 90 % de l’espace aux promoteurs immobiliers en échange de promesses de « finir » le reste du parc. J’étais là il y a 6 ans, et il y avait une patinoire énorme, construite pour l’équipe de hockey sur glace professionnelle de la région, les Ducks d’Anaheim, que la communauté peut aussi utiliser. Il y a maintenant aussi un petit stade de rugby et ce jardin pédagogique. Et des milliers de maisons.

J’ai pris des photos du jardin, où nous nous sommes promenés. Hélas, il n’y avait pas de panneaux pour nommer les espèces, alors je ne peux pas vous dire quelles plantes sont dans les photos.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Union

Ça fait un moment depuis la dernière fois où on a eu une leçon de mon experte en grammaire préférée, Aurore Ponsonnet. Mais il y a des semaines, elle a abordé un sujet que je croyais que je connaissais, et le temps que je finisse de lire ses pensées, j’avais changé d’avis.

Avant de continuer, il me semble que certains de ses exemples doivent être tirés de son livre Le français pour adultes consentants. Ils ne sont pas à moi.

Tout commence doucement quand elle explique que l’on met un trait d’union entre le verbe et le sujet en inversant le verbe. Ben, rien d’étonnant, là :

Ami, entends-tu…

On connaît la chanson.

Puis elle ajoute que si le verbe se termine par « d », on le prononce comme un « t » devant une voyelle ; c’est-à-dire il, elle et on. Par exemple :

Vend-il du shit à grand-maman ?

J’ai dû consulter mon dictionnaire bilingue pour celui-ci, car ce mot veut dire « merde » en anglais. En quelque sort, il s’est transformé en « drogues » français. De toute façon, j’ai entendu ça avant, mais j’ai du mal à l’entendre. C’est très facile à entendre quand Google le fait au lieu d’un être humain, car la prononciation est un peu exagérée :

Elle continue avec le -t- qui va entre deux voyelles, bien connu pour moi :

A-t-on le droit de faire ça ?

Comme beaucoup de monde, elle appelle ça « euphonique », ce que je ne comprendrai jamais. Euphonique, c’est un accord quinte parfaite :

Pas euphonique, c’est l’accord triton :

Mais bon, vous n’aimez pas les syllabes qui se terminent par des consonnes. À vous.

Puis elle m’a appris deux choses qui m’étonnent. D’abord, elle dit que si un verbe se termine par « c », on met aussi le « t ». Son exemple :

Convainc-t-il vraiment les gens ?

Je n’ai jamais entendu parler de ça, et je doute que je l’aie entendu dans la bouche d’un autre. J’ai posé la question à la synthèse vocale de Google — si c’est correct, vous trichez et ne prononcez pas le « c ». Et ça me laisse bien perplexe, parce que je ne connais pas de raison en tant que linguiste pour laquelle ce serait nécessaire.

Son dernier exemple me laisse bouche bée. J’étais au courant qu’il y avait une réforme de l’orthographe en 1990, mais à vrai dire, je ne pouvais pas dire ce qui avait changé au-delà de l’écriture de quelques verbes. Mon appli Bescherelle Conjugaison mentionne des verbes comme céder, où l’accent a changé d’aigu en grave dans le conditionnel. Ce n’est vraiment pas grand-chose :

Mais ce n’est pas de quoi elle parle. Ou plutôt, ça l’est, mais de façon surprenante. Dans son exemple :

Porte-je une culotte ?

elle dit qu’avant 1990, on prononçait « porte » comme s’il y avait un accent aigu, « porté », et depuis ce temps, comme s’il y avait un accent grave, « portè ». Honnêtement, je n’ai jamais remarqué ça non plus, mais je ne suis pas sûr que j’aie jamais participé à la bonne conversation pour l’entendre. Après tout, qui fait de telles liaisons exprès ? Surtout pendant une liaison.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour tout savoir sur connaître, et tout connaître sur savoir.

Le premier article de La Fille

Bonjour mes amis ! C’est moi, La Fille ! La vraie fille. Je ne suis pas « La Fille » dont le narrateur met les mots dans la bouche. Je ne vais pas dire mon vrai nom, mais je veux dire que j’ai raison. Toujours. Tout le temps. Pas de question. Je veux vous poser un question, si je suis plus populaire que le narrateur, puis pourquoi ne suis-je pas la narratrice du blog ? Je peux faire un meilleur travail que le narrateur, et M. Descarottes peut m’aider quand j’ai besoin d’aide avec la traduction. Je ne veux pas répondre à la question, « La Fille, qu’est-ce que tu as fait avec le narrateur ? » (Il est un peu préoccupé…hihihihihi.)

L'IA a été utilisé pour couper les statues de Ladybug et Chat Noir de la série Miraculous, la Tour Eiffel et un macaron Saint-Valentin de leurs photos originales pour faire un collage. Le macaron est rose, et garni de couches de crème pâtissière et de ganache au chocolat avec une framboise entière, une création de Justin Busch.
Ladybug et Chat Noir au Musée Grévin, Tour Eiffel, Macaron Saint-Valentin, Photos par Justin Busch

Maintenant, je veux discuter pourquoi j’ai choisi d’apprendre le français. Au début, c’était pour énerver ma mère, mais éventuellement, je suis tombée amoureuse de la langue, et j’ai décidé de suivre un cours. J’ai travaillé très dur depuis que j’ai commencé à apprendre le français, et maintenant, je peux dire que j’ai dépassé le maître, mon père ! (Hey ! Je t’ai aidé quand tu as écrit cet article-aah! – L’énervant, *ahem*, narrateur). Merci à M. Descarottes pour m’aider avec l’énervant ! (Pas de problème, tout pour ma personne préféré ! – M. Descarottes.) Qu’est-ce que je disais ? Ah, oui ! J’ai envie de visiter la France un jour, et je veux pratiquer mon français plus avant ce jour, alors je peux parler avec tout le monde ! J’aime la culture de la France, et l’histoire !

Je ne sais pas si vous le savez tous, mais l’histoire est mon sujet préféré. S’il vous plaît, dites-moi toutes les choses sur la France qui ne sont pas bien connues ! Il y a beaucoup de choses que personne ne sait sur moi. Par exemple, mes couleurs préférées sont le rouge et le bleu foncé, et mon dessert préféré que le narrateur m’a fait est le Macaron St. Valentin. Je suis en deuxième année au lycée. Je suis des cours de chimie, de pré-calcul, et d’histoire mondiale.

J’ai visité la France il y a deux ans, et c’était magnifique ! Les gares sont très belles, et les monuments comme La Tour Eiffel et L’Arc de Triomphe sont très grandes ! Mais je suis allée à d’autres lieux aussi, comme Bayeux, et Rouen. Quand je suis allée en France, c’était pendant le quatorze juillet, et j’ai vu beaucoup de feux d’artifice, et il y avait le bleu, le rouge, et le blanc partout.

J’aime Miraculous beaucoup, mais je suis très fâchée avec Disney pour ne pas avoir sorti les nouveaux épisodes ! Justice pour La Fille ! Mes amis, je suis très intéressée à vos réponses à cet article, alors n’hésitez pas à écrire quelque chose pour moi ! J’espère que je peux vous écrire bientôt ! (Hé ! La Fille ! Tu as beaucoup de problèmes pour ce que tu as fait avec M. Descarottes ! – Le narrateur.) Uh-oh, au revoir pour le moment !

Saison 4, Épisode 34 — 49 ans de bêtises

Je suis ravi de vous dire que cet épisode reprend pleinement le son parfait dont cette balado profitait dans mon ancien appartement. On peut toujours se plaindre des contenus et de mon accent, bien sûr, mais sans être distrait par des échos et d’autres bruits. Chez Un Coup de Foudre, trouver la bonne plainte, c’est plus qu’une science, c’est un art.

Mais c’est le retour des Bonnes Nouvelles cette semaine, alors pas trop, vous savez ?

Et en parlant des plaintes, la raison principale pour laquelle mon anniversaire cette année était particulièrement déprimant, c’était car il m’a rappelé qu’il ne me reste qu’une année pour éviter ce que je considérerais le plus gros échec de ma quarantaine. Je suis bien au courant que certains lecteurs préféreraient si j’évitais tout parler du sujet, alors je ne préciserai rien. Mais si vous êtes ici depuis un moment, ce n’est vraiment pas un mystère digne de Maigret. (Un de ces quatre, il me faudra attaquer au tome de Maigret que j’ai acheté trop tôt, en 2020.)

Avez-vous entendu parler des enchères samedi à Paris, où des cheveux de Claude François et de Johnny ont été vendus ? Ne me regardez pas comme ça, 20 Minutes est une source fiable ! Le prix de 780 € le lot était moins qu’attendu pour M. François et plus qu’attendu pour M. Hallyday. Je payerais plutôt un billet d’Air France avec cette somme, ou si pas besoin, une paire d’enceintes Vestia N°1 de chez Focal pour mon bureau. (J’ai déjà une meilleure paire, mais il me faudra leur dire adieu en France, car je n’utiliserais pas un convertisseur de tension avec des amplificateurs.) Au moins, je serais sûr d’écouter « L’aventure, c’est l’aventure » avec.

J’essaie d’être honnête et de corriger mes erreurs. La semaine dernière, je vous ai dit que j’étais déçu car le glacier Baskin-Robbins ne m’a rien envoyé cette année. Voici ce qui est arrivé samedi :

Capture d'écran d'offre d'une boule gratuite

L’important dit : « Bon anniversaire ! Fête-le avec une boule gratuite. » Puisque c’était beaucoup plus tard que d’hab, pour la première fois, je ne pourrai pas y aller avec La Fille.

Et en parlant de ladite Fille, demain sera son début en tant qu’autrice, comme promis. Elle est en vacances toute Black Week, comme dit Le Point. Beurk. C’est la semaine du Jour d’Action de Grâce, ou Thanksgiving, sans laquelle il n’y ait pas de Black Friday, peu importe une semaine entière. Je me suis plaint de l’adoption de ça sans contexte par les commerces français dans mon livre (dans un chapitre autrement consacré à mon Thanksgiving français pendant le Confinement).

Puis-je me plaindre d’autre chose ? Tant pis, je le fais quand même. Peut-être que vous avez entendu parler d’un livre qui sortira très bientôt, Le Journal d’Un Prisonnier, par l’auteur anciennement connu sous le nom Paul Bismuth. Je ne le nie pas le droit de vendre ses mémoires aux preneurs, et n’ai pas de commentaire sur les contenus. Ma plainte, c’est que ce livre sortira chez Fayard. J’ai une date limite en janvier pour Fayard dans mon calendrier. Il m’a fallu 4 ans de recherches et six mois d’écriture, et en quelque sorte, monsieur a passé 3 semaines pour vivre les expériences, puis sortira le livre 1 mois après avoir été libéré. C’est un horaire plutôt comprimé, n’est-ce pas ? Il avait déjà publié chez Fayard, mais du début de l’écriture jusqu’à la fin de la rédaction et la composition, ça fait au maximum 6 semaines (j’estime une semaine pour l’imprimer et le distribuer). Fayard est l’une des éditions les plus prestigieuses au monde. Qui veut me dire que c’est typique de ses processus ? Je ne le crois pas.

Pour finir, je crois que je vais traduire le manuscrit après tout et l’envoyer à des maisons anglophones. Je ne crois toujours pas que les anglophones aient un appétit pour des histoires de Maïté et d’Eddy Mitchell. On parlera bientôt de la visite dans une librairie qui m’a fait repenser au sujet.

Notre blague traite d’économiser l’argent. Nos articles sont :

Les Bonnes Nouvelles cette semaine traitent d’un geste généreux par un collectionneur de cartes Pokémon. Les gros-titres sont Pantalon et Leader.

Sur le blog, il y a aussi Benjamin Franklin, nageur, sur un épisode inconnu dans sa vie, Des dialogues avec La Fille, 4e partie, la dernière de cette série, Ici et là, des nouvelles personnelles et Le gâteau « German chocolate », une recette de gâteau d’anniversaire.

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Dimanche avec Proudhon

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’ai avancé de 24 pages.

Avant de continuer, je dois vous dire que j’ai eu un jour hier, comme on dit en anglais. J’ai dû faire un aller-retour de 120 km pour un défilé de la fanfare de La Fille, j’ai raté le déjeuner et j’ai eu une crise diabétique où je me suis évanouie, puis la fanfare est revenue presque 1 1/2 heures en retard et nous avons presque raté notre réservation pour le dîner. Mais après tout ça, je me suis dit, « Quoi, vous allez rater Marcel pour ça ? Il y a des viennoiseries qui comptent sur ce billet pour être mangées avec ! » Alors nous voilà.

La dernière fois, nous venons de faire la connaissance du marquis de Saint-Loup. En recommençant avec lui, on apprend que :

il était imbu d’autre part de ce qu’elle appelait les déclamations socialistes, rempli du plus profond mépris pour sa caste et passait des heures à étudier Nietzsche et Proudhon. 

Ah oui, Proudhon, M. « La propriété, c’est le vol ! » (On apprend ça aux lycées américains.) Certainement le genre de penseur bien-aimé des marquis. Pas surprenant que sa tante, Mme de Villeparisis, ne soit pas fan.

Le narrateur fait la comparaison entre Saint-Loup et le comte de Marsantes, son père.

Robert de Saint-Loup, parce qu’il était de ceux qui croient que le mérite est attaché à certaines formes de la vie, avait un souvenir affectueux mais un peu méprisant d’un père qui s’était occupé toute sa vie de chasse et de course, avait bâillé à Wagner et raffolé d’Offenbach.

Hmmm, je suis allé voir Lohengrin, et j’ai bâillé. Et je préfère certainement Offenbach. Voilà, évidemment je suis un comte !

Il y a juste quelques pages, le narrateur trouvait Saint-Loup froid et hostile, mais maintenant :

Il fut bien vite convenu entre lui et moi que nous étions devenus de grands amis pour toujours, et il disait « notre amitié » comme s’il eût parlé de quelque chose d’important et de délicieux qui eût existé en dehors de nous-mêmes et qu’il appela bientôt — en mettant à part son amour pour sa maîtresse — la meilleure joie de sa vie. 

Il y a une expression courante en anglais qui vient à l’esprit : « That escalated quickly! » (On pourrait dire « Ça a monté en flèche », ou peut-être « Ça s’est vite intensifié », mais je préfère le ton ironique de l’anglais ici.) Il a fallu 300 pages pour raconter l’affaire Swann-de Crécy, et 200 pour la relation bizarre entre le narrateur et Gilberte, mais seulement une dizaine pour cette déclaration ? Ça ne me semble pas mérité selon les règles proustiennes.

Mais on voit encore une fois dans le caractère du narrateur l’arriviste désagréable qui jette encore et encore ses vieilles connaissances une fois le nouveau jouet arrive. Cette fois, il s’agit de son vieil ami Bloch, celui qui l’a initié à l’écriture de Bergotte dans le premier tome. (Le même Bergotte qu’il vient de rembarrer.) Bloch est arrivé à Balbec, et le narrateur lui rencontre en train d’annoncer fortement des propos antisémites afin de ne pas être lié avec la foule d’autres touristes juifs qui y sont arrivés en même temps.

Un jour que nous étions assis sur le sable, Saint-Loup et moi, nous entendîmes d’une tente de toile contre laquelle nous étions, sortir des imprécations contre le fourmillement d’Israélites qui infestait Balbec… C’était mon camarade Bloch. 

(N’oubliez pas que certains membres de la famille du narrateur étaient très froids avec Bloch dans le premier tome à cause d’être juif.)

Cependant, Bloch affronte directement l’arrivisme du narrateur, quelque chose qui n’a pas assez souvent lieu :

Pourtant, il me demanda : « Est-ce par goût de t’élever vers la noblesse — une noblesse très à-côté du reste, mais tu es demeuré naïf — que tu fréquentes de Saint-Loup-en-Bray ? Tu dois être en train de traverser une jolie crise de snobisme. Dis-moi, es-tu snob ? Oui, n’est-ce pas ? »

La réponse n’est pas aussi directe que ça. Le narrateur se lance dans un discours de 6 pages sur les défauts des autres. C’est censé être un reproche de Bloch, mais rien que la longueur le révèle un peu trop intéressé.

Ça dit, une fois que le récit se reprend, Bloch révèle son propre côté à la fois flatteur et manipulateur :

Je n’avais pas cru que nous serions jamais admis à le connaître, car Bloch fils avait mal parlé de moi à Saint-Loup et de Saint-Loup à moi.

Puis, Bloch attribut son comportement à exactement ce qu’il vient de mépriser chez les juifs :

— Tu ne peux t’imaginer ma douleur quand je pense à toi, reprit Bloch. Au fond, c’est un côté assez juif chez moi, ajouta-t-il ironiquement en rétrécissant sa prunelle comme s’il s’agissait de doser au microscope une quantité infinitésimale de « sang juif »… « J’aime assez, ajouta-t-il, faire ainsi dans mes sentiments la part, assez mince d’ailleurs, qui peut tenir à mes origines juives ».

À noter, c’est ici où le narrateur et Proust lui-même ne sont pas identiques, parce que ces propos de Bloch reflètent exactement les attitudes ambivalentes de Proust envers ses propres ancêtres, à commencer par sa mère. (J’aimerais bien savoir ce que Sigmund Freud pensait de la Recherche tout à coup, s’il la connaissait. D’autre part, c’est probablement trop prévisible.)

Mais on est loin d’épuiser la haine de soi chez Proust. J’arrête ici car la semaine prochaine, ce que Proust a à dire à propos d’un personnage homosexuel sera sous la loupe. Si je pensais que son habitude de tomber amoureux de chaque fille qui le croise était un peu trop, oh là là mais la prochaine partie sent déjà la fin du roman 1984 !

Le gâteau « German chocolate »

C’est mon anniversaire aujourd’hui, mais je prépare le gâteau pour vous, car honnêtement, je ne le ferais pas sans le blog. Le gâteau dit ”German chocolate cake » est mon préféré de toute la pâtisserie américaine, encore plus que le gâteau aux carottes. Cependant, c’est plus facile de trouver un bon gâteau aux carottes qu’un bon German chocolate cake parce que beaucoup de monde trichent avec des poudres et des glaçages industriels pour celui-ci. J’ai beau cherché pour vous présenter une bonne recette pour celui-ci. Sans plus d’attentes, voici mon German chocolate cake :

Une part du gâteau. Il y a une chandelle bleue allumée au centre, et une fourchette de dessert à gauche de l'assiette.
Photo disponible à haute résolution en cliquante

Allons le préparer !

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