Archives mensuelles : décembre 2025

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Le vin sacré

Cette semaine, Langue de Molière fait l’enquête sur un sujet religieux. Il s’agit d’une traduction biblique que je n’ai jamais aimé en anglais, où chercher la version catholique en français m’a mené à une découverte surprenante. Parce que ce n’est pas mon but d’être sectaire, je vais donner des traductions catholiques, protestantes et juives.

Il y a des semaines, selon le calendrier catholique, on a lu le livre d’Isaïe, en particulier le début du chapitre 25. Je n’ai jamais aimé les traductions en anglais du verset 25:6, parce que même si je ne comprenais pas le hébreu biblique, j’avais du mal à croire que ce passage pouvait être si banal. Je vais mettre en gras et en italique la partie importante. Voici les 3 traductions anglaises :

On this mountain the LORD of hosts
will provide for all peoples
A feast of rich food and choice wines,
juicy, rich food and pure, choice wines.

Isaiah 25:6, USCCB

On this mountain the Lord Almighty will prepare
    a feast of rich food for all peoples,
a banquet of aged wine—
    the best of meats and the finest of wines.

Isaiah 25:6, KJV

And the Lord of Hosts shall make for all the peoples on this mount, a feast of fat things, a feast of dregs; fat things full of marrow, dregs well refined. 

Isaiah 25:6, Chabad

Le contexte ici, la partie sans accent dans les trois cas, c’est que Dieu préparera un repas de fête pour les croyants sur une montagne. La partie qui m’agace est la description des contenus de ce repas. Sans vouloir parler pour les traducteurs, je donnerai mes propres traductions hyper-littérales de ces trois en français — mais il s’agit des contenus anglais, pas les choix des traducteurs de ces confessions directement en français.

Version catholique : Un festin de nourriture riche et de vins de choix, de nourriture riche et juteuse et de vins purs de choix.

Version protestant : Un festin de nourriture riche pour tous les peuples, un festin de vin âgé — les meilleures viandes et les meilleurs vins.

Version juive : Un festin de choses grasses, un festin de lies ; des choses grasses pleines de moelle, des lies bien raffinées.

La répétition est caractéristique de la Bible ; j’imagine que c’était bien là en hébreu. Mais une de ces choses n’est pas comme les autres — la version juive ici précise des détails qui ne sont pas là dans les versions chrétiennes. Alors qu’il y a des centaines de traductions protestantes en anglais, j’ai choisi celle du roi Jacques, parce que tout le monde la considère une référence littéraire, même si l’on n’est pas anglican. C’est exactement cette qualité littéraire que je ne trouve pas dans la version catholique en anglais, et cette fois, je voulais savoir ce qui disait la version française. Voici la traduction selon l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones, ce qui veut dire la liturgie officielle :

Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés.

Isaïe 25,6, AELF

Oh là là, que ça ne ressemble pas du tout à la traduction anglaise de l’Église ! Mais j’allais toujours répéter cet exercice pour les 3 confessions. Je ne suis pas bien instruit en protestantisme en français, mais après quelques recherches, il me semblait que la version de Louis Segond était assez bien acceptée pour mon but. Et ça rend :

L’Éternel des armées prépare à tous les peuples, sur cette montagne, Un festin de mets succulents, Un festin de vins vieux, De mets succulents, pleins de moelle, De vins vieux, clarifiés.

Isaïe 25,6, Louis Segond

Je n’ai pas réussi à trouver la version juive de la même organisation qu’en anglais, mais celle-ci est quand même très proche des autres :

Et l’Eternel-Cebaot donnera à toutes les nations, sur cette montagne, un festin de mets succulents, un festin de vins de choix, de mets pleins de moelle, de vins vieux clarifiés.

Isaïe 25,6 Sefarim.fr

À ce point, je suis bien convaincu. Les traductions françaises sont toutes assez similaires, les unes aux autres, que je peux leur faire confiance. Le texte original doit parler de moelle et de vin clarifié, et pour des raisons moins qu’évidentes, les traductions chrétiennes en anglais laissent tomber ces détails.

Ce qui est drôle, c’est que quand j’ai commencé ces recherches, je croyais qu’il s’avèrerait que la traduction française catholique était hyper-précis à cause de répondre à un besoin culturel. Mais en fait, vu que toutes les traductions en français sont bien d’accord, c’était exactement le contraire !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une édition spéciale pour Noël.

Assiette avec une douzaine d' orejas, toutes bien dorées, quelques avec du caramel brûlé sur les bords

Les orejas

Langue de Molière est reporté jusqu’à demain, car c’est le 17 décembre, et ça veut dire l’anniversaire de mon amie rouennaise, et ÇA veut dire que c’est le temps d’un autre dessert mexicain (Le gâteau aux trois laits, Le chocoflan, Les churros). Cette fois, c’est les orejas :

Assiette avec une douzaine d' orejas, toutes bien dorées, quelques avec du caramel brûlé sur les bords
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Allons les préparer !

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Deux petites anecdotes

J’essaie sincèrement de ne plus écrire sur mon ex, surtout à cause de certaines choses comme ce soir, mais quelque chose d’hilarant est arrivé samedi, et il faut que je le partage.

Mais d’abord, ce soir. Il m’arrive souvent que je suis ici et là autour d’Elbe-en-Irvine ou d’Anguille-sous-Roche avec La Fille, et nous croisons quelqu’un ou autre qui nous connaît de l’église où mon ex et moi avions fait un accord légal pour éduquer la petite en religion. Et cette personne dira « Bonjour, La Fille ! » et fera semblant de ne pas me voir. Même si c’est moi qui répond. C’est exactement ce qui nous est arrivé ce soir en sortant du resto rapide où nous étions pour des burgers. Super, madame, ravi de vous voir aussi, et je ne savais même pas que vous me considériez comme un paria.

Je vous conseille de ne jamais signer un accord comme ça avec une autre personne. Tôt ou tard, tout le monde choisira un côté ou l’autre. Probablement tous le même côté.

Trois billets d’EuroMillions — en espagnol, anglais et français, Photo par joaquimalbalate, CC BY-SA 4.0

Ça nous amène à samedi. Contre toute attente, et je veux vraiment dire toute attente, l’équipe de football américain de notre lycée a bien réussi sa saison, et a atteint la finale du championnat de sa ligue. Ce qui voulait dire que la fanfare de La Fille devait jouer samedi soir. Les élèves dînent toujours ensemble au lycée avant de partir pour les matchs, et cette fois, mon ex et moi étions là ensemble pour aider à servir de la pizza aux élèves.

Peut-être que vous vous souvenez de la guerre pour que La Fille ait le droit de suivre des cours de français. Ou la lutte pour qu’elle saute une année car son niveau était trop avancé. Même si elle restait la meilleure élève après le saut. Oui, mon ex était fort opposée à la langue française, n’est-ce pas ?

Quelque chose a changé, car quand La Fille nous a rejoints pour le dîner, mon ex lui a dit, et je cite :

Je voudrais une bouteille d’acqua minérale.

Ben, elle a toujours du mal à différencier le français de l’italien — c’est « eau minérale », pas chérie — mais si vous pensiez que le jour arriverait où elle dirait « Je voudrais » en français, j’aimerais vous demander juste une chose :

QUELS SONT LES NUMÉROS GAGNANTS DE LA PROCHAINE LOTERIE ?

Saison 4, Épisode 37 — Des marrons pour Exdeath

Cette semaine, Apple vient de mettre à jour son appli Podcasts avec de meilleur soutien pour les chapitres. Je les publie depuis le 3e épisode de la première saison, mais maintenant Apple les crée automatiquement si on ne le fait soi-même. Je n’approuve pas de les imposer avec l’IA, mais la vue est désormais bien améliorée. C’est facile à sauter directement à la blague et aux Bonnes Nouvelles si souhaité.

Capture d'écran d'Apple Podcasts qui montre les 7 premiers chapitres de l'épisode 36, tout sauf la fin.
Chapitres de la semaine dernière

Ça dit, je vois que les transcriptions automatiques sont horribles. Voici un exemple, de l’Introduction :

Moi :

Moi, je suis votre hôte, Justin Busch.

Eux :

Moi, je suis Verteur Haute, Justin Busch.

Je sais que mon accent est moins qu’authentique, mais ça, c’est du BS de qualité militaire. C’est par cette technologie que l’on croit que les êtres humains peuvent être remplacés ? Un de plus :

Moi :

Sur le blog, il y a aussi C’est pas le 1er, version décembre 2025, ma revue mensuelle de mes blogs préférés…

Eux :

Sur le blog, il y a aussi Cette fois-ci, la première, version de Samba de 2020, ma review mensuelle de mes blogs préférés.

Je trouve ce niveau de qualité inacceptable, et oui, j’ai bel et bien vérifié ma prononciation de « premier » dans l’enregistrement après ça ! Je suis bien satisfait que je n’ai pas fait d’erreur de genre comme ça. Puisque la grande majorité des contenus est toujours des articles déjà publiés ici, je n’ai pas envie de préparer mes propres transcriptions. Cependant, je pense à créer un archive des Bonnes Nouvelles comme celui des blagues, car je les ai tous (mais sans les liens aux sources). Dites-moi si ça vous intéresse.

En parlant de faits liés à la balado, je doute que quiconque s’en souvienne, mais Final Fantasy V, notre jeu récent, faisait partie du tout premier épisode. J’ai ajouté un effet sonore pour expliquer le suspense indiqué par « J’ai des questions ». C’était tiré du générique pour le méchant Exdeath.

S’il vous semble que mon gros titre a été tiré de la piste « Des fleurs pour Salinger » par Indochine, ayez un Bon Point :

1 Bon Point Schtroumpf à lunettes, tiré d'un groupe d'humour sur Facebook.

Je dois partager une bonne nouvelle personnelle plutôt rare. J’ai eu une prise de sang lundi dernier, et mon A1c, le chiffre clé pour les diabétiques, était 6,7. Le but est moins que 7,0 (idéalement moins que 6,0, mais ça voudrait dire ne pas être diabétique). Naturellement, étant moi, je l’ai fêté avec un gâteau aux carottes du resto Stonefire Grill :

Deux couches de gâteau aux carottes avec deux couches de glaçage au fromage Philadelphia, avec des brisures de noix au-dessus.

Avez-vous entendu parler de Maison Martine, la soi-disant « première charcuterie végé de France » ? Je n’exprime aucun avis sur les produits, mais « charcuterie végé » n’est pas logique. À moins que… la propriétaire dit que c’est nommé d’après son chat, mais a-t-on vu Patapouf récemment ?

Ne me regardez pas comme ça, on est au pays du film Barbaque !

Notre blague traite de deux ecclésiastiques, et est en fait une histoire 100 % vraie, mais aussi hilarante. Nos articles sont :

Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine. Les gros-titres sont Cibler et Roman.

Sur le blog, il y a aussi Les brownies chocolat-pistache de Péla, une recette très bien accueillie à une soirée de tarot, La guerre contre Exdeath, le dernier volet du récit de mon premier jeu vidéo en français, Traduction, où j’explique la décision de traduire mon livre en anglais et Le gâteau ardéchois de Millina, un gâteau très bien réussi et parfait pour les fêtes de fin d’année.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Dimanche avec Mlle Simonet

On reprend maintenant « À l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Cette fois, j’ai avancé de 30 pages.

Vous souvenez-vous du point de départ de cette série, où notre narrateur-bébé se mettait à pleurer si sa mère ne venait pas le coucher dans sa chambre à Combray ? Mais au moins, l’excuse à l’époque était sa jeunesse, et maintenant, il a grandi, d’accord ? Voici pourquoi « grandir » n’a rien à voir avec « devenir adulte » :

Et quand ayant passé la soirée dehors avec Saint-Loup je songeais pendant le trajet du retour au moment où j’allais pouvoir retrouver et embrasser ma grand’mère… je finissais par me coucher, lui en voulant un peu de ce qu’elle me privât, avec une indifférence si nouvelle de sa part, d’une joie sur laquelle j’avais compté tant, je restais encore, le cœur palpitant comme dans mon enfance, à écouter le mur qui restait muet et je m’endormais dans les larmes.

C’est lui qui l’a dit !

Le saviez-vous ? Véronique Sanson était censée s’échapper à Michel Berger pour se marier avec Proust, pas Stephen Stills :

J’avais vu descendre de voiture et entrer, les unes dans la salle de danse du Casino, les autres chez le glacier, des jeunes femmes qui, de loin, m’avaient paru ravissantes. J’étais dans une de ces périodes de la jeunesse, dépourvues d’un amour particulier, vacantes, où partout — comme un amoureux la femme dont il est épris — on désire, on cherche, on voit la beauté.

« Mais Justin », me dites-vous, « qu’est-ce que vous racontez ? » Stephen Stills a écrit une chanson en 1970 où il a chanté : « Quand tu ne peux pas être près de celui que tu aimes, aime celui qui est près de toi. » Évidemment, Proust était là avant lui.

(Les élèves de ce blog auront remarqué qu’aucune histoire française ne m’a autant traumatisé que celle-ci. Il y a des références partout.)

Il suit des pages où le narrateur poursuit cette bande sans leur parler, et on entend le genre de compliments qui expliquent pourquoi ça fait 12 ans depuis mon dernier rendez-vous, car nous sommes trop similaires :

une autre, au visage blanc comme un œuf dans lequel un petit nez faisait un arc de cercle comme un bec de poussin

Une malheureuse attire son attention sans avoir essayé, dans un instant digne du Gendarme et les extra-terrestres :

cette jeune fille coiffée d’un polo qui descendait très bas sur son front m’avait-elle vu au moment où le rayon noir émané de ses yeux m’avait rencontré ?

Suis-je le seul à me souvenir de Mlle de Stermaria ? Ça fait 200 pages depuis la dernière fois où il s’est intéressé à elle. Oubliez-la, elle n’est pas de retour. Il est trop attiré par cette nouvelle inconnue :

Je savais que je ne posséderais pas cette jeune cycliste si je ne possédais aussi ce qu’il y avait dans ses yeux.

Impossible que je sois le seul à penser à Michel Galabru imité par les extra-terrestres du film avec les rayons émanant des yeux. Mais il nous dit qu’elle n’est pas idéale, car :

une jeune fille rousse à la peau dorée était restée pour moi l’idéal inaccessible

Ah, je me trompais ; c’est plutôt Charlie Brown le narrateur !

Le strip suit également ses tentatives malheureuses pour faire la connaissance d’une petite fille rousse… dont il est amoureux et à laquelle il ne trouve jamais le courage d’adresser la parole.

Charlie Brown

Comme j’ai dit plusieurs fois au passé, je connais trop ce type :

Aussi, je pouvais me dire avec certitude que, ni à Paris, ni à Balbec, dans les hypothèses les plus favorables de ce qu’auraient pu être, même si j’avais pu rester à causer avec elles, les passantes qui avaient arrêté mes yeux, il n’y en avait jamais eu dont l’apparition, puis la disparition sans que je les eusse connues, m’eussent laissé plus de regrets que ne feraient celles-ci, m’eussent donné l’idée que leur amitié pût être une telle ivresse.

Il ne va donc pas gaspiller l’opportunité, non ?

Je rentrai parce que je devais aller dîner à Rivebelle avec Robert

GAAAAAHHHHHJ ! Une quinzaine de pages pour rien. Arrêtez d’être moi, vous !

Mais ce sera peut-être important plus tard :

J’avais entendu une dame dire sur la digue : « C’est une amie de la petite Simonet »

J’ai souvent cherché depuis à me rappeler comment avait résonné pour moi, sur la plage, ce nom de Simonet, encore incertain…

je ne cessai plus de me demander comment je pourrais connaître la famille Simonet ; et cela par des gens qu’elle jugeât supérieurs à elle-même

Quelque part, Gilberte soupire « Je sais ».

Mais revenons à nos saumons :

le ciel, du même rose qu’un de ces saumons que nous nous ferions servir tout à l’heure à Rivebelle

On finit avec la liste de visiteurs qu’il voit à cause d’Aimé, le maître d’hôtel :

On frappa ; c’était Aimé qui avait tenu à m’apporter lui-même les dernières listes des étrangers.

Aimé, avant de se retirer, tint à me dire que Dreyfus était mille fois coupable…

Ce ne fut pas sans un léger choc au cœur qu’à la première page de la liste des étrangers, j’aperçus les mots : « Simonet et famille ».

Dommage, j’étais prêt à lire la polémique sur Dreyfus, après les deux dernières semaines de polémiques. La prochaine fois, peut-être !

Le gâteau ardéchois de Millina

J’ai eu une soirée de jeux hier, alors j’avais besoin d’un dessert. Heureusement, exactement au bon moment, Millina a publié un gâteau à base de crème de marrons, ce qui m’a rappelé l’un de mes gâteaux préférés du Tour, le moelleux de noix de Berry. D’abord, voici le produit final :

Gateau entier sur une assiette -- le gâteau a une couleur marron foncé, c'est parfaitement rond et fait 23 cm de large, il y a du sucre glace tamisé partout, et une douzaine de noix de pécan caramelisées parsemées au-dessus
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Ouais, ouais, hâte de le goûter, je sais. Allons le préparer !

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Traduction

Je suis au milieu d’un projet que j’espérais n’arriverait pas jusqu’au milieu de l’année prochaine. Il y a deux semaines, je vous ai dit que je pensais à produire une traduction en anglais de mon manuscrit et l’envoyer à des maisons d’édition. Il y a une semaine, je me suis lancé dans l’effort. Pourtant, si vous vous souvenez de mes propos originaux sur cette idée, il y a des mois, j’étais contre. Pourquoi ai-je changé d’avis ?

La semaine prochaine marque la date limite pour deux maisons françaises dont je croyais que les lignes éditoriales allaient bien avec mon sujet. Je considère le fait que si peu de temps reste comme son propre signe. Et nous sommes à deux semaines de deux dates limites de plus, pour deux maisons où j’ai dû plisser les yeux afin de me convaincre qu’il valait la peine. Mi-janvier marquera la date limite pour moi à partager une maison avec M. Paul Bismuth. J’ai quelques autres cartes à jouer, qui attendront la nouvelle année, car je ne voulais pas le faire sans connaître certaines réponses d’abord, mais de plus en plus, je les ai.

Je crois que j’ai mentionné ailleurs qu’une visite dans une librairie m’a convaincu que je devrais repenser au sujet, mais j’ai du mal à le retrouver. J’ai pris une photo pour vous montrer ce qui s’est passé dans ma tête. C’est disponible à pleine résolution originale en cliquant, car je veux que vous puissiez lire les titres :

Haute dévolution en cliquant

Ce sont des livres de recettes. Il y a quelques livres sur la cuisine française en haut, mais la grande majorité de ce qui nous intéresse se trouve en bas. Il n’y a pas de texte alternatif pour cette photo car j’expliquerai tout.

En haut, il n’y a que deux livres pertinents : Plat du Jour, par une expatriée américaine qui enseigne la cuisine aux touristes américains à Paris, et « A Kitchen in France » (Une cuisine en France) par une femme mi-chinoise, mi-française, Mimi Thorisson, qui peut facilement vendre des livres avec sa photo personnelle. Je ne m’en plains pas, mais c’est la différence entre Karine Dijoud et Aurore Ponsonnet en orthographe — elles sont également expertes, mais seulement l’une des deux pourrait être une mannequin et elle a 270x le nombre d’abonnés sur Instagram en résultat. La photographie est excellente, mais elle et son mari ont apparemment beaucoup d’argent et voyagent entre des hôtels particuliers en France et en Italie. Quant aux recettes, les ingrédients sont assez authentiques, mais les plats sont largement inventés pour un public américain (il y a une flognarde là-dedans, mais très peu d’autres choses qui portent des noms qui ne sont pas juste des descriptions). Ce dernier est sorti en 2014, et elle a largement abandonné la France pour l’Italie depuis ce temps.

En bas, il y a 3 tomes signés Julia Child, qui est le nom en cuisine française aux États-Unis. Ça fait 21 ans depuis son décès. Il s’agit de la nostalgie, et le fait qu’elle était là avant tous les autres — elle faisait du bon travail, mais ses livres n’ont pas de photos comme les plus modernes. Impossible de les publier de nos jours comme ça si elle n’était pas déjà établie. Je crains pour le mien en disant ça.

Il y a aussi un tome d’Anthony Bourdain, le « Livre de Recettes des Halles ». Il s’agit de son ancien resto new-yorkais, avant sa carrière à la télé. Croyez-moi, c’est la télé qui vend ce livre. Puis une traduction anglaise d’un livre de Ginette Mathiot, publié en France, mais je ne suis pas sûr duquel. Il y en a un autre, « Classiques français », par un chef britannique, Matthew Ryle, qui vient de sortir cette année. Les contenus sont assez authentiques, et il y a un certain chevauchement entre le sien et le mien : le bœuf bourguignon, le clafoutis, la soupe au pistou. Il y a un livre dit « Niçoise », par une autre Américaine qui enseigne la cuisine en France, mais à Nice, pas Paris, ainsi que « Le Sud », aussi de la cuisine provençale. « Français au cœur » est encore un autre livre par des Américains qui enseignent leurs compatriotes, cette fois à Beaune. Dernièrement

Puis, c’est Paris à gogo. Il y a un livre de l’expatrié américain. David Lebowitz, qui gagne sa vie en vendant Paris aux Américains — le titre est « Ma cuisine parisienne ». Et un autre, « Club de pique-niques parisien ». Et « Mangeons Paris ». Et « Goûter Paris » par Clotilde Dusoulier, qui écrit de Paris pour un public américain après avoir été expatriée en Californie. Et « Pieds nus à Paris » par Ina Garten, une new-yorkaise qui se vend sous la marque « La comtesse à pieds nus ». Et « La Buvette », un livre venant d’un resto parisien du même nom.

C’est donc le marché américain. La moitié, c’est le rêve parisien. L’autre moitié est un mélange plus ou moins professionnel, mais en général, toujours avec un œil sur les touristes. Il n’y a rien qui traite sincèrement du pays entier.

Et honnêtement, je ne sais pas si ça marchera. J’avais espéré qu’avec un livre en France, l’histoire autour d’une traduction américaine serait « le livre si authentique, c’était publié d’abord en France ». L’auto-édition fermerait cette porte. Mais je commence à perdre espoir pour les possibilités en France, et ça nous amène au dernier problème.

Une traduction ne peut pas être uniquement ça. Il y a beaucoup de références, beaucoup d’histoires dans mon manuscrit qui sont familiers aux Français. Pour les Américains, je dois expliquer des choses comme quel est Le Canard enchaîné, ou qui est Louis de Funès. Ce n’est pas hyper-difficile, mais il s’agit de nouveau travail. Cependant, si je veux voir un retour sur toutes ces recherches, il me semble que je dois essayer.

La guerre contre Exdeath

Continuons maintenant notre récit de jouer à Final Fantasy V. C’est le bon moment vu que Langue de Molière pour cette semaine traitait d’une réplique du jeu.

Quand nous avions quitté le jeu la dernière fois, le méchant Exdeath s’est moqué des Guerriers de la Lumière (toujours le nom du parti du joueur dans les 6 premiers jeux) pour ne pas connaître son plan. Puis, les Guerriers se sont retrouvés devant le château des deux princesses qui faisaient parti de leur bande. Il s’avère que le but d’Exdeath était de fusionner les deux mondes d’où venaient les 4 Guerriers, car il y a longtemps, les deux n’étaient qu’un, et Exdeath était attrapé dans le néant entre les deux. Ayant enfin compris que les deux mondes sont fusionnés (mais toujours pas pourquoi), le parti rend visite à Ghido, une tortue parlante. Ghido s’énerve parce que Bartz, le leader du groupe, a tendance de répéter tout ce qu’il dit. Mais il explique ce dont le parti a besoin pour vaincre Exdeath.

Malheureusement, il s’avère qu’il y a un invité importun. Exdeath s’est transformé en écharde pour se cacher dans le groupe :

Exdeath : Mouah ha, ha, ha, ha... Je me suis transformé en écharde en attendant l'instant propice !

Comme tout bon méchant — une raison pour laquelle j’ai partagé les pages sur les clichés de ces jeux — il livre un discours magistral sur son plan :

Mais Ghido l’affronte. C’est un moment hilarant — je ne crois pas que la cuisine italienne existe autrement dans ce monde :

Ghido est tellement une pastiche de Yoda, c’est ridicule. Mais comme Yoda, il est assez fort pour se défendre, et Exdeath part. Alors, le parti et Ghido regroupent à la Bibliothèque des Anciens pour planifier la lutte contre le sorcier. J’ai profité énormément de ces dialogues :

Les armes légendaires — il y en a douze, au cas où ce ne serait pas clair — sont toutes gardées dans le château de Kuza, plein de pièges. Il y a même un système de sécurité magique : afin d’enlever les armes, trois à la fois, il faut présenter l’une des 4 tablettes magiques, gardées autour du monde. Chaque tablette est protégée par un monstre laissé par les Anciens afin de tester ceux qui veulent les armes.

Le parti se met à la tâche, mais il y a des quêtes secondaires à faire aussi. Par exemple, dans un village, on vous offre le choix entre deux armes (pas légendaires). L’une des deux devient de plus en plus puissante si vous ne fuyez pas de beaucoup de batailles. L’autre ? Ben, voyez pour vous-mêmes :

Si vous êtes poltron, choisissez la boîte de droite.

Ouais, j’ai choisi le « couteau couard ». Ce que tous les jeux Final Fantasy ont en commun, c’est qu’il y a beaucoup trop de batailles aléatoires, et je ne m’intéresse pas à les faire encore et encore. Mes statistiques pour le pourcentage de batailles auxquelles j’ai fui étaient assez nulles pour que ce couteau soit devenu plus puissant qu’Excalibur ! (Certaines épées légendaires apparaissent encore et encore dans ces jeux : Excalibur et Durandal autant que Masamune, nommée pour un forgeron japonais historique.)

Si je savais de quelle spécialité ce dialogue parlait, je la ferais pour le blog :

En même temps, Exdeath ne tarde pas à envoyer des serviteurs pour vous empêcher :

Je me souviens bien de mes tentatives précédentes pour jouer à ce jeu. Il m’étonne que certaines choses restent là-dedans, car j’aurais pensé que ces moments offensent les sensibilités américaines. Par exemple, ce personnage semble être une fille quand son dos est tourné, mais copie votre aspect une fois que vous lui parlez :

Tu as cru que j'étais une femme ? Je suis passé maître dans l'art de l'imitation !

Et en trouvant une tablette, un monstre dit quelque chose de sexiste. L’horreur, qu’un méchant serait méchant !

Ça dit, il s’agit d’un serviteur d’Exdeath, non un gardien des Anciens (qui ne sont pas en fait présents à chaque tablette).

Après avoir battu cette créature, on peut monter la Tour fourchue pour chercher les deux meilleurs sorts du jeu. Cette tour se trouve à côté d’un village, et n’était pas là avant la fusion des deux mondes. Ça n’empêche pas les villageois d’en parler comme si c’était toujours là. Et en plus, comme s’il y avait des traditions liées à la tour. Comme disait la liste de clichés, toutes les rumeurs sont des faits et toutes les prophéties s’accompliront.

Vous souvenez-vous de notre mime ci-dessus ? Je l’ai trouvé et l’ai battu afin d’apprendre son boulot de mime. Il s’est avéré que c’était la clé à vaincre ce jeu, même si c’était censé être facultatif !

Une fois que l’on a appris sa compétence de mimer, un mage peut jeter un sort, et des autres dans le parti peuvent le copier — sans être des mages eux-mêmes. La prochaine fois, on verra comment j’ai enfin battu Twintania, le méchant qui m’a battu à chaque fois avant, et comment j’ai enfin terminé le jeu.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Tirez !

Lundi, je vous ai dit que j’avais fini Final Fantasy V. Aujourd’hui est Langue de Molière, pas la suite de mon post pour reprendre le jeu — mais c’est quand même le jeu qui est responsable du post du jour. Peut-être que vous vous souvenez de cette photo :

C'est un bal dans un palais. On dit « La princesse Lenna est mignonne mais la princesse Sarissa est canon ! »

Ce n’était pas la première fois où j’ai entendu le mot « canon » utilisé de cette façon. Mais c’est sans question l’un des usages qui me rend le plus perplexe de toute la langue française.

Ce mot existe tel quel en anglais. Et il y a plusieurs sens partagés entre les deux langues. Quand on parle de droit canon, la loi de l’Église, on dit « canon law » en anglais, une traduction exacte. Quand on chante une chanson où tout le monde chant la même partition, mais commence à des moments différents, comme dans la comptine anglaise « Are You Sleeping. Brother John? », ça s’appelle « chanter en canon ». Quoi, vous ne reconnaissez pas ce titre ? Allez :

Ah, oui, j’oublie parfois qui fait tout en anglais et tout en français. Cette comptine est beaucoup mieux connu aux États-Unis sous un titre français, avec des paroles pareilles, « Frère Jacques » :

Mais ce n’est pas la fin de nos canons en commun. Lié au droit canon, il y a l’idée des livres ou des histoires qui font autorité. On parle également en anglais qu’en français du canon biblique. On a tendance parmi les communautés anglophones de fans de telle ou telle série d’abuser du nom quand il s’agit de l’adjectif. On dit donc « C’est canon que les Bisounours sont les ancêtres de Dark Vador » quand le bon usage serait plutôt « C’est canonique que les Bisounours… ». Mais c’est assez proche.

Cependant, ce que je trouve absolument bizarre, c’est que le français utilise uniquement « canon », avec un seul « n » au milieu du mot, pour les sens liés aux armes à feu, où le mot équivalent en anglais utilise deux « n », « cannon ». L’une des erreurs les plus fréquentes que je vois pas des francophones écrivant en anglais, c’est de doubler les consonnes partout. En français, on écrit « passionnant » ; l’anglais est « passionate ». En français, on écrit « raisonnable », l’anglais est « reasonable ». C’est donc étonnant que ceci est un « cannon » en anglais, mais « canon » en français :

Canon à Yorktown, Virginia, Photo par Mobilus In Mobili, CC BY 2.0

Mais vous aimez tant ce mot que vous l’utilisez pour toute la gamme d’armes à feu où l’anglais a une diversité de vocabulaire. Ceci est un « fusil à canon double » fabriqué en France vers 1784 :

Fusil à canon double par Nicolas Bouillet, Photo par Metropolitan Muséum of Art, Domaine public

En anglais, on appelle la partie dite « canon » un « barrel ». Même chose chez les « rifles » en anglais ; ce sont des « fusils à canon rayé » en français.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est que le français fait ça malgré le fait que les mots n’ont pas d’histoire en commun. Le « cannon » anglais vient de « canon » en français du temps de Guillaume le Conquérant, mais à son tour, le français l’a emprunté à l’italien « cannone », venant originalement du latin « canna », d’où la canne de « canne à sucre ». Mais l’autre « canon », celle de l’Êglise et de la Guerre des Bisounours, ça vient du grec « kanōn », ce qui veut dire une règle ou un modèle.

Mais ce que je trouve le plus bizarre de toute cette histoire ? Alors que mon dictionnaire bilingue Oxford est au courant de tous ces sens de canon, il semble que le Trésor de la Langue française ne connaît que les « objets en forme de tube ». Le sens de l’adjectif qui m’a lancé sur cette enquête n’y apparaît pas du tout, et le sens de l’église uniquement dans d’autres entrées telles que « canoniste », un spécialiste en droit canon. Je ne m’attendais pas du tout à ce résultat !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec une traduction biblique particulièrement française.

Les brownies chocolat-pistache de Péla

Il y a des fois où je vois une recette ailleurs et je me dis : « Il faut laisser tout tomber et goûter ça hier. » Parfois ces recettes viennent de chefs célèbres, les Pierre Hermé et les Claire Heitzler. Plus souvent chez Un Coup de Foudre, elles viennent du côté de chez Péla. (Quoi ?) De toute façon, sachant que je devais rester sage avant ma prochaine prise de sang (faite hier aprèm — j’ai des histoires), j’ai dû trouver une opportunité de servir ces brownies à d’autres personnes, afin de ne pas trop manger moi-même. C’est comment il est arrivé que j’ai fait ces brownies pour une soirée tarot de l’OCA. Et je dois vous dire, ils étaient une réussite.

Brownie chocolat-pistache en gros plan. On peut voir trois couches du fond : de brownie, de praliné pistache, et de ganache au chocolat
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Allons les préparer !

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