Archives de l’auteur : Justin Busch

A propos Justin Busch

Les aventures d'un américain qui est tombé complètement amoureux de la France

L’anatomie d’un échec

J’ai essayé trois fois pendant la semaine dernière de vous faire des pâtes de fruits d’Auvergne. Oui, j’avais dit que j’allais arrêter après la deuxième fois ; ensuite, j’ai pensé à une possible erreur de traduction, et décidé de réessayer une troisième fois. Après avoir gaspillé une belle vingtaine de dollars, je vais en tirer un post. Quelque chose de bon doit arriver !

On commence avec la recette. Naturellement, j’ai commencé avec celle de Cook&Record, mais j’ai vérifié de nombreux autres avant de me lancer. Il y a certaines qui n’utilisent pas de glucose, et d’autres qui demandent du sucre cristal. On peut trouver des demandes pour de la pulpe de fruits commerciale, dont celle de Laurène, ainsi que du fruit frais ou du fruit surgelé.

Chez moi, pas de chance à trouver des pulpes de fruits aux supermarchés. Il y a la marque Boiron, mais elle se vend apparemment dans des magasins professionnels que je ne connais pas. Et après avoir vérifié chez Carrefour, où les seules « pulpes » sont soit du jus d’orange, soit du vinaigre, soit des boissons aux enfants, j’ai choisi un mélange de fruits rouges surgelés. J’ai planifié de le tamiser après avoir chauffé les fruits, pour retirer les graines. La première fois, j’ai coupé la recette de Laurène exactement par deux, et vous avez déjà vu le résultat :

Mais peut-être que vous savez qu’il existe plusieurs sortes de pectine ? La mienne ne dit pas clairement laquelle est-elle, alors j’ai décidé de la refaire avec 2x la pectine et aussi le glucose, au cas où elle était juste faible. Même résultat.

Puis j’ai pensé au mot « pulpe ». Ce n’est pas « jus ». Peut-être qu’en tamisant les fruits surgelés, j’avais retiré trop de solides ? J’ai donc décidé d’essayer une dernière fois avec des framboises fraîches, et SEULEMENT des framboises, car l’une de recettes en haut mentionne qu’il faut expérimenter avec la bonne quantité de pectine pour chaque fruit. Peut-être que le mélange avait été le problème ?

J’ai suivi encore une fois la recette de Laurène, coupée par deux.

J’ai mis mon thermomètre en degrés Fahrenheit parce qu’ils sont plus petits, alors je pouvais faire plus d’attention à de petites différences. C’était 226°F +/- 2º (107.8° +/- 0.6° C) pendant toute la cuisson. Pourtant, après toute une nuit pour figer :

Ça coule. On peut le garder en tant que confiture, mais je ne l’utiliserais jamais en tant que garniture de macarons, car c’est 2x le sucre d’une confiture typique. Avec une coque bien sucrée… non.

Je n’aime pas du tout cette situation. Une de mes règles depuis longtemps pour le Tour est d’utiliser la plus grande diversité de recettes possible. C’est pourquoi je cherche les recettes uniques comme le frescati ou les douceurs des Sucs, même si je dois deviner des choses. Il me semble que vous préférez tous ça.

Je pourrais faire une belle dizaine de clafoutis, mais ce ne serait pas intéressant (à moins que vous travailliez chez une ferme de cerises !). Celle-ci aurait été diverse. Au lieu de ça, j’ai maintenant quatre desserts aux pruneaux. Ce blog deviendra Un Coup de Problèmes Intestinaux si ça continue !

Épisode 52 — les échecs, plus qu’un jeu !

Ça fait presque une année depuis le début de la balado. Je suis bien fier de ce qui s’y est passé, même si le manque d’abonnés me rend perplexe. J’espère avoir des SURPRISES pour vous la semaine prochaine, et pendant cette semaine, il y aura des anecdotes autour des coulisses. Certains d’entre vous savent déjà des choses ; merci de ne rien divulgâcher !

Au fait, depuis quelques jours, mes commentaires sont en attente partout sur WordPress, et l’appli Jetpack plante à chaque fois où j’en laisse un ailleurs. J’ai signalé Automattic, mais si vous avez des problèmes similaires, dites-le-moi.

On atteindra finalement les Pyrénées-Atlantiques. J’ai une amie qui y habite et pendant les deux dernières années, elle m’envoyait souvent des pépites sur le département. L’entrée dans mon fichier était la plus longue de toutes jusqu’à la semaine dernière, quand un autre département avec 4 connaissances personnelles l’a dépassé (je vous dirai lequel quand on y arrive). C’est exactement le genre de chose que j’espérais arriverait plus souvent, et je crois que cette visite sera spéciale.

On va parler aussi franchement d’une déception. Je serais le premier à vous dire que les recettes ici ne sont pas toutes des réussites. Mais je suis fier du niveau d’effort, et il y a des fois où je refais des choses parce que je sais que je peux faire mieux (potée comtoise, tarte normande, pain de Modane). Il me semble que « assez bon » n’est pas français, jamais dans un pays où l’idée de « meilleur ouvrier » existe et est prestigieuse. Je ne comprends toujours pas pourquoi mes pâtes de fruits étaient toutes des échecs, mais accepter cette situation sans râler plainte ne serait pas français non plus.

Notre blague de la semaine traite de pirates et n’a rien à voir avec les sujets du blog (j’essaye parfois de trouver un thème commun). J’en suis tombé dessus hier et je me suis dit, « Que ce soit drôle ! » J’ai dû la traduire de l’anglais, et j’espère qu’elle retient son humour. Nos articles sont :

Il y a aussi Mon dîner puydômois, la soupe aux choux, et mon dessert puydômois, La pachade.

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La pachade

On finit notre séjour dans le Puy-de-Dôme avec un dessert bien auvergnat, la pachade. Pensez à quelque chose mi-crêpe, mi-omelette et appelez-la « le far auvergnat » et vous avez la bonne idée. La voilà (cliquer pour la version haute résolution):

J’ai lu deux recettes pour celui-ci, mais j’ai fini par choisir celle de Marie Claire pour deux raisons. D’abord, c’était déjà de la bonne taille — il y a assez pour 4-6 personnes. Deuxièmement, l’autre (au fond du lien) m’a fait franchement flipper, étant très, très technique (mais sa garniture de myrtilles m’intrigue). Après mes mésaventures chez les pâtes de fruits, j’étais bien prêt à réaliser un dessert en un seul coup. Celui-ci n’est pas inratable — il reste un moment effrayant — mais je vais vous montrer exactement quoi faire.

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La lutte pour le français

Je ne devrais pas trop dire sur ce sujet, mais je suis en train de revivre une lutte que j’ai perdu il y a 30 ans qui a changé ma vie de façon dramatique. Comme j’ai écrit quand il n’y avait qu’une dizaine de lecteurs ici ;

Il y a trente ans, ma mère m’a fait suivre des cours d’espagnol au lieu de français à cause d’«être plus utile». Maman, je t’aime, mais tu avais tort ! Si ça fait bizarre que j’apprenne si vite, c’est parce que je me sens comme j’ai raté trente ans du vrai moi. On peut dire que je suis à la recherche du temps perdu. 😉

Bonnes fêtes de fin d’année

C’est maintenant le temps pour ma fille de choisir ses cours de la prochaine année scolaire. Si elle veut commencer avec une langue étrangère, le seul choix dans son collège est l’espagnol. Sinon, si elle attend un an de plus, elle peut choisir entre l’espagnol, le français, le chinois (version mandarine), ou le latin au lycée.

Sa mère exige qu’elle commence tout de suite avec l’espagnol. Ma position est plus compliquée. D’une part, j’ai évidemment une préférence afin qu’elle puisse lire ce blog et parler avec mes amis. D’autre part, je veux qu’elle choisisse pour elle-même.

Les arguments sont exactement les mêmes qu’il y a trente ans : ce serait plus utile, elle peut nous demander tous les deux de l’aide, et si elle commence maintenant, elle peut suivre des cours plus avancés plus tôt au lycée. Inutile de dire que je peux lui offrir des opportunités qu’aucun autre élève n’aura. Enfant, je regardais la télé en espagnol pour apprendre ? Elle peut profiter d’une médiathèque à la maison que personne n’égalera. Elle peut demander de l’aide à deux parents qui n’étudient plus l’espagnol depuis 25 ans ? Ce n’est pas mieux de demander de l’aide d’un parent qui parle tous les jours ?

Je n’aime pas donner l’impression que j’ai une dent contre les hispanophones. Mais ces arguments ne tiennent pas chez moi. Je vous ai dit plusieurs fois ici que la culture mexicaine est aussi le patrimoine du sud-ouest des États-Unis. Mais ce n’est vraiment pas ce que je suis. J’ai passé 7 ans en étudiant l’espagnol, je l’ai maîtrisé au point où je lisais un roman par semaine pour un cours de littérature à l’université — puis il est parti de ma vie sans laisser de trace. Je dois travailler pour trouver les francophones, mais il n’y a rien de plus essentiel chez moi.

Je me demande souvent ce qui me serait arrivé si j’avais gagné la lutte en tant que collégien. Il est fort probable que je n’aurais jamais rencontré les mêmes amis, que ce blog n’existerait pas. Je n’ose pas deviner si je connaîtrait Louis de Funès ; certainement, Rabbi Jacob ne serait pas joué aux écoles américaines de nos jours. Pour ma part, et seulement la mienne, il est peut-être chanceux que j’ai commencé aussi tard. Mais je n’aimerais pas compter sur être aussi chanceux, et surtout pas pour elle.

Supposons qu’elle arrive au lycée et décide de poursuivre le chinois. Je le soutiendrais tant que c’est son choix. J’avoue que je serais déçu, mais ce n’est pas ma vie. Quand ses parents ne sont pas d’accord, les choix passent aux mains d’un psychologue nommé par le tribunal. Je dois espérer que son choix sera le bon.

Allez-vous pré-commander

Il y a des jours où rien ne va. Ce soir, les pâtes de fruits d’Auvergne en ont fait de celui-ci un. Je m’intéresserai à voir si ce sera différent le matin, mais après 6 heures, il n’y a aucune preuve que ce sera le cas. Alors, je vais me rendre utile en faisant de la publicité pour un ami du blog. (Je vous rappelle que je n’accepte pas d’argent et il n’y a aucun réseau publicitaire ici. En plus, il ne savait pas que j’allais écrire ce post.)

Je suis sûr que beaucoup d’entre vous sont familiers avec l’excellent blog Jours d’humeur. Sous son pseudonyme de « Patrick Fouillard » (on sait qu’il s’appelle vraiment « Gifnem29 » ou « Jourd’hu », je ne suis pas sûr duquel), il a publié un roman policier avec Éditions Ouest-France, Dossiers froids. J’ai acheté une copie l’année dernière, mais c’est vraiment difficile pour moi, car étant en papier, je ne peux pas copier/coller les mots que je ne reconnais pas dans mon appli dictionnaire. Et il a un grand vocabulaire, alors croyez-moi, il y en a plein. Franchement, si vous lisiez son blog, vous le saviez déjà. Même s’il fera longtemps avant que je ne finisse Dossiers froids, je n’ai aucune doute quant à la qualité de son écriture.

Il aura bientôt un nouveau roman disponible, Le Détective et la comtesse. J’attendais à mentionner ça jusqu’au moment où on pouvait le pré-commander chez FNAC, car c’est d’où je viens de le commander :

Oh, est-ce que ça me coûte moins que pour vous ? Oui, car pas de TVA à l’étranger ! D’autre part, vous avez Carrefour, et Pierre Hermé, et Yann Couvreur, et Nina Métayer, et vous pouvez allez voir Paul Taylor n’importe quand et… bon, si vous avez envie d’économiser un euro par ici et par là, j’échangerai de place avec vous sans hésitation. (Et si vous pensez « Mais Justin, vous ne connaissez pas ma VDM », mon ex va avec. Je gagne même si vous me lisez à Fresnes.)

De toute façon, voici le lien pour le pré-commander chez FNAC. Et si vous préférez Amazon.fr, le pré-commander chez eux. Je suis certain qu’avoir un bon début l’aidera.

Essayer et réessayer

J’avais prévu de vous présenter mon dessert puydômois aujourd’hui. Mais comme dit le titre d’une comédie musicale américaine des années 60, « Quelque chose de drôle est arrivé en allant au Forum », dit en traduction « Le Forum en folie » (voyez-vous ce qu’on perd habituellement en traduction ?).

Dans ce cas, je revis les caisses de Wassy. Si vous ne vous souvenez pas de cet incident, j’ai dû faire et refaire la recette quatre fois pour la réussir une fois. Je sais faire les caisses de Wassy maintenant. Cette fois, je romprai ma règle habituelle de ne pas dévoiler mes plats avant de les publier. Vous allez bien rire de celui-ci.

J’ai essayé de préparer des pâtes de fruits d’Auvergne. J’ai suivi une recette d’une source fiable, de façon très fidèle, mais en les démoulant, voici ce qui s’est passé :

Les instructions ont dit « laisser figer 1h ». Après 3 heures, le problème est clairement quelque chose d’autre. Je doublerai la pectine demain. Et si ça ne marche pas, je changerai de dessert. Je n’ai aucune envie d’expérimenter à nouveau toute « l’expérience caisse de Wassy ».

Complètement par hasard, je vis deux telles expériences en ce moment. Si vous étiez ici pour la sortie du dernier album de Laurence Manning, vous savez déjà que je suis grand fan du Legend of Zelda. Ma fille aussi. Puisque le prochain jeu, à sortir en français sous le nom Tears of the Kingdom — ne me regardez pas comme ça, ils sont tous sortis de cette façon — arrivera le 12 mai, très peu après l’anniversaire de ma fille, j’essaye de l’acheter une copie de la version « Collectionneuse ».

Et c’est presque impossible. Les pré-commandes ont été toutes vendues en moins de deux heures après l’annonce, avant que je n’en aie entendu parler. Merci, Nintendo. Bien sûr, personne qui a réussi à réserver une copie ne veut la garder — elles sont toutes disponibles sur Ebay pour 2-3 fois le prix original. Je déteste ces gens. (Il doit y avoir un nom pour ça en français ; c’est quoi ?)

Mais il y a toujours une façon de le pré-commander. Trois magasins ont le droit de le vendre, Pire Vente (ce que je surnomme « Best Buy », correctement traduit « Meilleur Achat »), Cible (« Target » en anglais), et La Boutique du Diable GameStop (connu en France sous le nom Micromania-Zing ; ont-ils une réputation également nulle ?). Ils continuent de mettre 1-2 exemples en vente à la fois, et on doit être chanceux pour les trouver aux bons moments.

Avec l’aide d’une appli dit « HotStock », j’essaye de jeter un œil sur ces sites. L’idée est pas mal :

Je reçois beaucoup de notifications, largement pour Best Buy, et après chacune, j’essaye leur site. Parfois, ça arrive pour me dire que je fais partie de la queue :

Mais à chaque fois, c’est suivi par la nouvelle que j’ai raté l’opportunité :

Pourquoi continuer à essayer ? Parce que ma fille ne me demande rien. Je ne peux même pas vous dire une autre chose qu’elle veut au-delà de ce jeu. Et elle fait presque tout ce que je lui demande (le sol de sa chambre étant peut-être exception).

Je vous ai dit quelle est la limite pour le dessert. Pour le jeu, c’est début mai ; après ça, il n’y aura plus de chance. Mais je continuerai à essayer jusqu’à ce moment parce qu’elle le mérite bien.

Mon dîner puydômois

Vous auriez dû savoir que ce dîner arriverait, même si vous ne saviez pas exactement où. Aucun tour de la cuisine française serait complet sans ce plat bien auvergnat, la soupe aux choux.

À peine 4 mois après avoir commencé en 2020, j’ai regardé le film du même nom. Et pour aller avec, j’ai fait de la soupe aux choux pour la première fois. Je n’ai pas triché — les photos à suivre ne viennent pas de cette nuit-là, et la preuve est la photo à haute résolution en haut. De toute façon, c’était trop tôt pour regarder ce film, plein de patois. Mais il y avait une scène que je connais jusqu’à maintenant par cœur :

Je réciterai le tout pour la balado, bien sûr. En tant que diabétique, je compatis. Je suis tellement Le Glaude, ça fait mal.

J’ai recherché une belle douzaine de recettes, mais fini par utiliser la même recette que j’ai trouvé en 2020. Les ingrédients sont presque toujours les mêmes, sauf pour être végétarien ou pas (ne me croyez pas sur parole). Je dois celle-ci à Alma Lach et son livre « Hows and Whys of French Cooking ». Pourquoi une recette originalement en anglais ? Parce que c’est en fait plus traditionnelle que toutes ces recettes « faciles » sur Internet en français, qui promettent des résultats trop vites ! Il faut 1 1/2 – 2 heures pour mijoter bien.

Le seul changement, à part une pomme de terre de moins, c’est du poulet au lieu de lard ou poitrine salée. Je l’ai déjà eu sous la main, et avec ça, cette recette est un très bon marché, 12 € pour assez de soupe pour 4-6 personnes. (Il n’y a pas d’ingrédients de luxe comme un œuf ou de la crème fraîche.)

Les ingrédients pour la soupe aux choux :

  • 1/2 kg de filet de poulet
  • 1 oignon
  • 2 petits poireaux ou 1 gros
  • 1 navet
  • Une belle poignée de petites carottes
  • 1 pomme de terre
  • 1 chou vert, environ 1/2 kg
  • 1 L de bouillon de poulet
  • 700 mL d’eau
  • Du sel et du poivre

Les instructions pour la soupe aux choux :

  1. Rincer, sécher, et couper le poulet, l’oignon, et les poireaux.
  1. Mettre de l’huile d’olive dans une cocotte (la mienne fait 6,75 L), juste assez pour couvrir le fond. Chauffer l’huile sur un feu moyen, puis y faire revenir — légèrement — le poulet.
  1. Une fois visiblement cuit partout, baisser le feu, ajouter l’oignon et les poireaux, couvrir et laisser mijoter pendant 1/2 – 1 heure. La recette originale dit 1 heure entière, mais vérifier la cuisson ; j’ai continué après 1/2 heure.
  1. Pendant que le poulet et les légumes mijotent, couper la pomme de terre, le navet, le chou, et les carottes.
  1. Préparer le bouillon de poulet.
  1. Quand le poulet et les légumes sont tendres, ajouter les 4 légumes de #4 à la cocotte. Mélanger le tout, ajouter le bouillon et l’eau (1,7 L en total), saler, poivrer et remuer. Puis couvrir la cocotte, hausser le feu jusqu’à moyen-doux, et laisser mijoter pendant 1 heure.
  1. Retirer la couvercle, rectifier l’assaisonnement et servir.

Il n’y a pas trop à ajouter. On ne trouve pas cette soupe dans les bistrots américains, alors je ne connaissais pas cette soupe jusqu’en 2020. Ce que j’ai écrit à mes amis anglophones à l’époque dit tout : « C’est la cuisine des paysans, pas des grands restaurants, mais c’est où le film a lieu. C’est, je pense, « la vraie France », et c’est ça dont je suis à la recherche. »

Je fris, ils refroidissent

Langue de Molière paraît un jour à l’avance cette semaine. L’explication arrivera avec la prochaine balado.

Il y a deux semaines, Mme Aurore Ponsonnet est arrivée à bouleverser mon monde :

Ce n’était pas une nouvelle qu’il y a des verbes « défectifs ». Il s’agit du genre de chose qu’il faut savoir pour écrire cette phrase. Mais « s’agir » et « falloir » sont « impersonnels » ; je ne sais même pas ce qui voudrait dire « je… faus ? » ou « tu t’agis ». On est censé être capable de s’exprimer en plusieurs formes aux plus hauts niveaux, mais même en anglais, je ne pourrais pas construire une expression pour le premier. Le deuxième, dans un certain contexte, si — mais c’est Langue de Molière ici, pas Shakespeare, et ce qui me vient dans l’esprit est compliqué.

([Moi, je dis « il faute » en parlant de Justin, mais c’est juste pour dire que tout ce qu’il fait a tort. — Mon ex])

Naturellement, j’ai dû vérifier mon Bescherelle, qui m’a fait exploser la tête :

C’est à dire vraiment que vous comprenez ce qui arrive dans une poêle s’il y a de l’huile et un poisson, mais deux, c’est juste hors compréhension ? Il m’a absolument fallu poser la question, et Mme Moutet, très pratique comme d’habitude, m’a répondu :

Elle a raison, bien sûr, mais elle s’habitue à écrire pour des journaux, où les rédacteurs comptent les mots et les dates limites arrivent vites. On fait ce que la langue permet, et ne se soucie plus de telles bêtises. Mais moi, je reste obsédé par l’esprit derrière cette affaire. Il ne suffit pas de dire « la forme a disparu car personne ne l’utilisait plus ». Dans le désert du Sahara, peut-être que vous arriverez à me convaincre que personne ne parle jamais de faire frire deux poissons en même temps, mais sur les bords de la Loire ? J’imagine une conversation entre un chef qui écrit un livre de recettes et son éditeur :

Chef : Je veux dire aux lecteurs de mettre tous les poissons dans la poêle en même temps.

Éditeur : Vous savez très bien que l’Académie française l’interdit depuis l’accident en cuisine du Duc de Vuznetz-pas-Sérieux* en 1720. (*Ancienne commune près de Metz, Yutz, et Contz-les-Bains.)

Chef : Alors, je peux dire « Quand les poissons auront frit ».

Éditeur : Bien sûr.

Chef : Et « au cas où les poissons friraient ».

Éditeur : Ça marche.

Chef : Pas de problème si je dis « Si les poissons avaient frit avant que vous ne soyez prêt à les poivrer… ».

Éditeur : C’est du français le plus pur.

Chef : Alors, « Pendant que les poissons fritent ».

Éditeur : Espèce de con ! La malédiction revient ! Vous nous avez tous condamné !

Puis une Tarasque vient et les mange tous les deux.

Mais vous n’êtes même pas d’accord sur quels verbes sont défectifs ! Le site où Mme Ponsonnet écrit vous dira que « braire », faire le son d’un âne, ne se conjugue qu’à la 3e personne. Il brait, ils braient. Les autres entrées sont toutes vides. Le Bescherelle est d’accord. Mais les dictionnaires du Robert et de l’Académie française donnent des conjugaisons pour toutes les personnes.

J’ai une théorie pour ça. Aux fermes, c’est bien évident qu’il n’y a pas besoin d’utiliser les autres personnes. L’âne brait, les ânes braient. On ne s’adresse pas directement aux ânes. Mais l’Institut de France est à quelques pas du Palais Bourbon. Ils entendent probablement des choses.

(Nous disons exactement ça de nos hommes politiques aux États-Unis : version Républicaine, version Démocrate. Cherchez « braying ».)

Et avec ça, Langue de Molière arrêtera de braire jusqu’à la semaine prochaine. On parlera plus des Tarasques début avril. La semaine prochaine, Langue de Molière vous reverra avec le mot dont vous n’avez pas besoin.

Épisode 51 — chez Pascal dans le Puy-de-Dôme

Ce week-end, j’ai lancé une nouvelle série ici, « Les découvertes françaises », une exploration des théories scientifiques et philosophiques — les bonnes, pas les conneries de certains philosophes modernes — qui viennent de la France. C’est mon but de vulgariser non pas seulement les célèbres penseurs comme Pascal, mais ceux qui sont moins connus à moins que vous soyez spécialiste, les Bastiat et les Thévenin. Quant à ce dernier, j’ai payé cher pour mon cours d’électrotechnique, et je vais en tirer quelque chose d’utile. Ou vous faire souffrir. C’est grosso modo la même chose.

Cette colonne est partie de l’une des premières choses que j’ai écrit sur Quora en français, une réponse à la question « Que fait la France mieux que les États-Unis ? » C’est bien moi, et vous reconnaîtrez sûrement le style ainsi que l’attitude. Mais la grammaire, ça pique les yeux (je l’ai écrite 5 mois après ma première leçon). Et pour autant que certains commentaires soient gentils, il y a d’autres… disons qu’il y a des râleurs Label Rouge partout. Et sur les contenus, même pas la grammaire ! À mon avis, c’est un passé qui mérite d’être fêté, et ça convient parfaitement aux autres sujets ici. Les articles ne seront pas hebdomadaires, mais quand on croise les bons chemins.

J’ai appris quelque chose de bête cette semaine. Si vous aimez trop d’articles trop vite sur WordPress, et vous avez un compte géré par Automattic, l’entreprise derrière WordPress.com, ils vous banniront d’aimer les articles des autres. C’est arrivé à une poète italienne que je suis ([La chirurgie peut aussi vous rendre italien maintenant ? Les californiens n’arrêtent jamais ! — M. Descarottes]). Elle a partagé la correspondance (c’est en anglais). Je suis ici pour vous dire qu’elle n’est pas troll. Mais attention ! Si je vous laisse une mention j’aime, ça veut dire toujours que j’ai tout lu. De cette façon, je suis assez lente pour eux. Si vous avez l’habitude de laisser beaucoup de mentions pour soutenir vos amis même quand vous n’avez pas de temps pour lire, il y a un risque que ça vous arrive.

Je dois vous remercier tous pour les commentaires gentils sur « Le bon ordre ». Faire rire aux autres est l’une des choses les plus difficiles à faire dans une langue étrangère. Et une dernière note personnelle : avec ce post, j’atteins deux jalons — 250 jours de suite de publications sans cesse, et 400 000 mots en total pour le blog. C’est comme 4 romans, pourtant la série est loin d’atteindre sa fin ! (Si vous pouviez lire la fin du Tour, vous sauriez que « fin » n’est pas français.)

Notre blague de la semaine vient d’un album de Raymond Devos. C’est un numéro comique appelé « Ouï-dire ». Je ne suis pas Louis lui, mais j’espère qu’il restera drôle dans mes mains. Nos articles sont :

Il y a aussi C’est le 1er, version mars 2023, avec le nouveau dessin de ma fille pour fêter mes blogueurs préférés, et Le banana bread de Péla, encore une fois une recette emprunté à l’une de nos pâtissières préférées.

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Le banana bread de Péla

Encore une fois, une recette de Péla est arrivée chez moi. C’est plus qu’un peu drôle qu’une recette américaine soit venue de France sur ce blog, mais je note que ça fait deux jours depuis sa publication, et si je peux faire l’aller-retour en deux jours, la recette aussi. Alors :

La photo en haut est disponible à haute résolution en cliquant.

Comme Péla a mentionné, cette recette vient des États-Unis pendant les années 30 et la Grande Dépression. Alors, deux brefs contes de ma grand-mère maternelle, née ici en 1922. 1) Son père était épicier. Quand les tomates sont venues dans son magasin, elles étaient toujours vertes. Pour les vendre plus vite, il les mettait dans de petites boîtes, quatre à la fois, puis les recouvrait avec de la cellophane rouge. 2) Étant fille d’épicier était sa propre punition, car la famille mangeait ce que les clients ne voulaient pas acheter. Et souvent, c’était les haricots de Lima. Je vois que Carrefour ne les vend pas. Ma grand-mère détestait ces haricots au point où après la fin de la SGM, elle ne les a plus jamais mamgés. Pour ma part, dès que j’ai quitté chez mes parents, je ne les ai plus jamais achetés ni mangés non plus. Pas fan.

Mais du banana bread, oui. Allons le faire !

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