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Je redécouvre Véronique Sanson

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Véronique Sanson. Je sais, j’avais dit que j’allais sauter par elle car j’ai déjà écrit un article sur elle il y a longtemps. Mais je l’ai relu et me suis vite dit « Ce n’est vraiment pas à la hauteur de ce que je veux pour ce projet. Surtout car on ne parle pas d’une inconnue, on parle d’un membre de la Trinité. » Je parle ici d’Indochine, Les Rita Mitsouko, et Véronique Sanson.

Véronique Sanson, Photo par Anthony Baratier, CC BY 4.0

Mettons donc la scène. Pourquoi une telle estime ? Revenons au début de la meilleure semaine de ma vie, mon premier voyage en France. J’étais dans l’avion avec mon t-shirt préféré et rien à faire pendant 12 heures, alors j’ai commencé à écouter les choix musicaux proposés par Air France. C’était là où j’ai découvert « Chanson sur ma drôle de vie », et je l’ai écoutée en boucle pendant le vol. J’ai dû attendre mon retour aux États-Unis pour commander l’album, parce qu’il ne m’est arrivé dans l’esprit de le chercher chez la FNAC. (J’étais pressé cette semaine-là, et n’ai pas toujours pensé de façon logique.) Depuis ce temps-là, aucune semaine ne passe sans que j’écoute « De l’autre côté de mon rêve », l’album et non pas seulement la chanson de même nom.

Alors quand Nagui a crié « et…Véronique Sanson ! » pour présenter son quatuor, vous pouvez comprendre pourquoi j’ai eu des larmes aux yeux. Au-delà de Catherine Ringer, on parle de la vedette des vedettes à mes yeux.

Véronique Sanson est née en 1949 à Boulogne-Billancourt. Au milieu des années 60, elle commence à travailler chez Pathé-Marconi avec un certain Michel Berger, directeur artistique. Là, elle sort son premier disque 45 tours avec 2 chansons, dont Le printemps est là. C’est un produit de son époque, avec trop d’échos comme était le style partout, mais on reconnaît déjà cette voix. Si elle m’ordonnait de cambrioler une banque, je serais en prison :

En 1972, sous la direction de Michel Berger, elle sort l’album « Amoureuse » avec notamment le tube « Besoin de personne ». Elle est déjà en pleine forme avec cet album ; elle joue du piano ainsi que chante, et la musique est à elle en tant qu’autrice-compositrice. La chanson du titre, Amoureuse aura de nombreuses reprises d’autres artistes, dont celle de Helen Reddy en anglais.

Mais c’est plus tard en 1972, encore une fois aux côtés de Michel Berger, qu’elle livre l’album « De l’autre côté de mon rêve », avec la chanson. Si cette Véronique Sanson m’ordonnait de sauter d’un pont…sachez que je profitais énormément de vous rencontrer tous.

Mais impossible de parler de Véronique Sanson, surtout à cette époque, sans mentionné son mauvais jugement personnel. Quelques mois plus tard, elle quitte Michel Berger et la France de façon nulle. Que l’on souhaite mettre un terme à une relation, je comprends, mais mentir que l’on va aller faire des courses, pour prendre un avion à travers l’Atlantique en secret, ça je ne comprends pas. On prend un vol à travers l’Atlantique en secret pour aller voir un concert en le cachant de sa famille et son ex, oui, ça se fait tout le temps. Mais en ce cas, il faut être de retour à temps pour aller chercher sa fille à l’école comme si rien ne s’est passé.

C’est donc comment elle a commencé son expatriation chez moi en se mariant avec le guitariste Stephen Stills, le plus gros con de tous les temps. Véronique Sanson a fait ça pour lui, pourtant il n’a pas fait son tout pour la garder. Con. Pendant les 5 prochaines années, elle vit au Colorado et sort 5 albums, à partir du Maudit, dont la chanson du titre ainsi que On m’attend là-bas expriment ses pensées à propos du malchanceux M. Berger :

Pendant cette période américaine, elle produit de nombreuses chansons en anglais qui montrent un niveau complètement indiscernable d’une native. « When We’re Together », une chanson qui parle clairement de Berger, pourrait se faire passer pour Carly Simon. Je n’aurais aucune idée que la chanteuse est française si on ne me l’avait pas déjà dit :

Pour être clair, ce ne sont pas mes chansons préférées de sa part. Mais cette partie de son œuvre me montre que ses compétences en tant que chanteuse en français doivent être à la hauteur que je pensais. Si elle a ce niveau de talent dans une deuxième langue, elle doit être également bonne dans sa première.

En 1981, elle enregistre l’album « Laisse-la vivre », son dernier aux États-Unis mais tout en français. Elle l’a toujours, mais l’espace entre ses albums deviendra de plus en plus long.

En 1988, elle sort l’album « Moi le venin », où Michel Berger retourne pour l’aider à produire la chanson « Allah », ce qui fera des problèmes pour elle après l’affaire Rushdie. Je n’y crois pas — non, pas la chanson sur Allah, que Michel Berger travaillerait à nouveau avec elle. Puis elle m’offre le choix de sauter d’un pont, et tout à coup, je suis prêt à croire à quel qu’elle en veuille.

En 1992, elle est de retour avec « Sans regrets », un album plutôt trop électrique pour mes goûts car les guitares interfèrent trop avec la voix. « Rien que de l’eau » en est typique. Je préfère de loin la chanson du titre :

En 1998, elle enregistre l’album « Indestructible », dont la chanson « Je me suis tellement manquée » est un superb retour en forme. La chanson du titre est aussi bonne. Pendant ce temps-là, elle montre encore son mauvais jugement en se mariant avec Pierre Palmade, duquel le truc le plus gentil que je puisse faire est de ne rien dire.

On va finir en 2004 avec son album « Longue Distance », non pas à cause d’une baisse de qualité depuis ce temps mais parce qu’elle continue de sortir plus d’œuvres dans le même style et à ce point, on sait exactement ce qu’elle est, une des plus grandes chanteuses de tous les temps dans n’importe quelle langue. La chanson du titre n’a même pas été l’un des singles de l’album, mais on l’écoute pendant 3 secondes et on sait déjà que c’est Véronique Sanson, pas personne d’autre :

Si vous ne l’avez pas déjà deviné, il n’y a qu’une note possible :

Ma note : JE PRENDS L’AVION.

En fait, à cause du titre de son tour actuel, « Hasta luego », ce qui veut dire « à plus tard » en espagnol, j’y ai sérieusement pensé. Mais je me suis fait une promesse que la fois pour Indochine serait la seule telle folie. Alors il me faudra contenter de l’intégrale et savoir qu’une belle partie du Coup de Foudre s’appelle Véronique Sanson.

Je découvre Axel Bauer

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le dernier chanteur à apparaître sur scène pendant la première partie du spectacle, Axel Bauer. Il a rejoint Jean-Louis Aubert, Zazie et Raphaël pour jouer 3 chansons de Téléphone, ainsi qu’une reprise des Rolling Stones. Il a été aussi sur scène avec Eddy Mitchell, mais on traite chaque artiste selon leur première apparition pendant l’émission.

Ron Thal et Axel Bauer (à droite), Photo par JB Quentin, CC BY-SA 4.0

Axel Bauer est né en 1961 à Paris. Son père, Franck Bauer, a eu une carrière fait pour ce blog. Après avoir travaillé brièvement — littéralement un seul jour ! — pour l’architecte nazi Albert Speer pendant l’exposition universelle de 1937 à Paris, il s’est intégré aux Forces françaises libres en 1940. Il est devenu ensuite speaker pour une émission de Radio Londres, Les Français parlent aux français. C’est ici où on trouvait les 4 premières notes de la Symphonie Numéro 5 de Beethoven jouées comme le V du code morse, pour Victoire — exactement l’histoire racontée dans mon livre de la SGM en tant qu’enfant ! Je vous dis parfois que tout sur ce blog est lié, l’une chose à l’autre. Je le crois sincèrement.

Mais tout ça est l’histoire de son père. Revenons à nos moutons, ou à nos musiciens. Au début des années 80, notre Axel commence à travailler au Rose Bonbon, le même club où Indochine a joué son premier concert. Et Les Rita Mitsouko y jouaient aussi. Je manque de bons mots pour décrire à quel point je me sens lésé. Cependant, c’est ici où Axel Bauer reçoit son premier contrat, suivi par son premier morceau, Cargo — un début qui vend plus de 500 000 exemplaires en France :

Oh là là. Ça doit être l’une des chansons les plus années 80 que j’ai entendues — et j’adore ! Wikipédia dit que « Ce sera le premier clip français à être diffusé sur MTV, aux États-Unis. » Honnêtement, je ne m’en souviens pas — dommage, parce que j’aurais tué pour apprendre le français au lieu de l’espagnol en ce cas. (D’autre part, on ne se connaîtrait probablement pas — j’ai des sentiments mitigés sur ce sujet.)

En 1988, il sort sont premier album, Les Nouveaux Seigneurs. Je suis arrivé à trouver deux morceaux de l’album, celui du titre, ainsi que Jessy :

Cet album n’est pas une grande réussite et il quitte son éditeur, EMI. Perso, j’aime bien ce clip, mais j’avoue que c’est plus de la même chose (ce qui ne me dérange pas !).

Son deuxième album, Sentinelles, sort en 1990, et il se retrouve encore une fois aux hauts de la musique française — le morceau « Éteins la lumière » est classé #18. C’est clairement toujours lui, mais les synthétiseurs hyper-années 80 ont disparu. Le résultat marche très bien :

Ça fera des années avant son prochain album, Simple Mortel, en 1998. Je dois vous dire, son compte officiel sur YouTube a fait des efforts pour supprimer cet album du web — tous les liens aux clips officiels sortis par le compte lui-même ne sont plus disponibles. J’ai lu que l’album n’était pas bien accueilli à l’époque, mais je ne le comprends pas — j’ai écouté l’instrumental 00 Zen dans cette version live, et je l’ai beaucoup aimé !

Franchement, une des choses qui me manque le plus avec mon abandon de la musique américaine, c’est les instrumentaux. On en trouve beaucoup dans ma collection d’antan, mais très peu dans mes albums français.

En 2001, il écrit et joue de la guitare sur « J’ai rêvé de nous » pour Johnny, une réussite complète. Son prochain effort pour lui-même est l’album « Personne n’est parfait » ([Pas d’accord. Moi voilà — Mon ex]), sorti en 2002. C’est moins « métal » que mes goûts typiques, et si on remplaçait les paroles par leur traduction anglaise, je le sauterais probablement. Pourtant, j’aime très bien le morceau du titre :

Sur le même album, on trouve une collaboration avec Zazie, À ma place, #4 en France et « Chanson francophone de l’année » aux NRJ Music Awards. Je l’aime moins que ça, mais j’ai dû souffrir avec « Hot in Herre » (erreur d’orthographe dans le titre original). En fait, des 100 chansons les plus populaires aux États-Unis en 2002, je n’en aime même pas une. Tout est relatif. En plus, c’était l’année de La Catastrophe.

En 2006, il a sorti « Bad Cowboy », un autre album qui n’a pas connu beaucoup de succès. Honnêtement ? Je ne le comprends pas — j’aime beaucoup le morceau du titre :

En 2013, il est de retour avec « Peaux de serpent », album plus proche au son de Personne n’est parfait. J’aime bien le morceau Rien ne s’oublie :

J’ai aussi aimé « Elle est SM » du même album, mais même après avoir lu les paroles, il faut que j’avoue que je ne comprenne ce qui veut dire SM.

On finit avec son album le plus récent, Radio Londres, de 2022, ce qui nous ramène à son père. « Ici Londres » contient plusieurs extraits de ses diffusions pour la BBC, et les paroles ressemblent aux messages codés qui faisaient souvent partie des émissions à l’époque :

En général, j’aime aussi cet album. L’Homme qui court et C’est malin — ce dernier sur le cancer qu’il a survécu — sont excellents.

Que dire pour en conclure ? C’est rare de trouver quelqu’un où j’aime tout ce que j’écoute, mais vous aurez remarqué qu’il n’y a même pas eu une fois où j’ai dit que je n’ai pas aimé quelque chose le long de l’article. Son style est plus « pop » que moi, mais vous pouvez vous rassurer que ma note finale fera absolument partie de ma prochaine commande chez la FNAC.

Ma note : j’achète l’intégrale.

Je découvre Raphaël

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un autre musicien qui était sur scène avec Zazie et Jean-Louis Aubert pour commencer le spectacle, Raphaël. (Félicitations à tous ceux qui viennent de dire « Alors, Axel Bauer sera sur le blog la semaine prochaine ».)

Raphaël en concert, Photo par Guy Delsaut, CC BY-SA 4.0

Raphaël, de son vrai nom Raphaël Haroche, est né en novembre 1975 à Paris, donc il a un an de plus que moi. Le fils de deux avocats, il a échappé à son destin tragique de finir dans un bol de guacamole — désolé, vous allez souffrir avec cette blague nulle sur les deux significations d’avocat tant que je suis ici. Non, mais sérieusement, il a poursuivi des études de droit, et en écrivant ce billet, je viens de me rendre compte que je suis passé par sa fac deux fois en visitant le Panthéon.

Mais en même temps, il poursuivait une carrière de musicien, et en 2000, il a sorti son premier album, Hôtel de l’univers. Cet album a vendu environ 65 000 exemplaires. Avec son premier single, « Ça nous aurait suffi », il se montre compétent, mais je n’entends rien de spécial ; même chose avec le morceau du titre :

Son prochain album, La Réalité, sorti en 2003, met en vedette une collaboration avec Jean-Louis Aubert. Le clip est du bon travail, et l’album a connu plus de succès que son prédécesseur :

Mais c’est avec son troisième album en 2006, Caravane, où il devient star. La chanson du titre atteint le classement de #4 en France :

Ici, je dois vous dire très franchement que je ne l’entends pas du tout. Cette chanson pourrait être Big Yellow Taxi de Comptant les Corbeaux Counting Crows. J’ai écrit de nombreuses fois avant ce projet de chansons françaises qui ne sont que des copies de trucs anglophones (tousse tousse, Ringo et Marie Laforêt, tousse tousse). Ce n’est pas une copie de cette façon, mais c’est de même style — et je n’ai jamais aimé ce genre de musique ni de musicien en anglais ! Le secret le moins caché du blog est que j’aime les trucs franchouillards qui ne me rappellent rien d’autre. Il m’étonne que mon dictionnaire Oxford dit que ce grand compliment est un mot péjoratif ! Les britanniques le diraient, n’est-ce pas ?

J’ai essayé avec d’autres chansons du même album. Schengen et Et dans 150 ans m’ont dit que peut-être que la bonne comparaison est Messrs James Blunt et Bob Dylan, mais ils font tous partie du même style. Pourtant, il faut dire que cet album vous a bien plu — 3 Victoires de la musique et NRJ artiste masculin francophone de l’année pour Raphaël.

En 2008, il sort son quatrième album, #1 en France, Je sais que la Terre est plate. Encore une fois, j’ai écouté le morceau du titre :

Le style a un peu changé. Maintenant il veut apparemment emprunter le son au 4e niveau du jeu vidéo Gumshoe. J’ai aussi écouté Le vent de l’hiver, moins dissonante, ainsi qu’Adieu Haïti, une chanson aux rythmes Caraïbes, mais rien n’était pour moi.

À ce point, étant assez évident que je n’allais pas changer d’avis, j’ai sauté jusqu’à son album le plus récent, Haute fidélité. Cette fois, c’est un album plein de collaborations avec d’autres artistes. J’ai bien aimé Le Train du soir, un duo avec Pomme :

La jetée, collaboration avec Arthur Teboul, était aussi intéressant. J’ai moins aimé Norma Jean, apparemment un hommage au chanteur Christophe. Il me semble que j’aime Raphaël assez bien quand il ne joue pas seul ; pourtant, c’est la grande majorité de son œuvre.

Je veux souligner que le problème ici n’est pas un manque de talent. Je trouve sa voix agréable, bien qu’il me rappelle beaucoup de chanteurs anglophones où ce n’est pas le cas. J’ai bien aimé son tour sur le plateau de Taratata, et ça compte aussi. C’est juste qu’il a choisi de poursuivre certaines tendances que je n’aime pas.

Ma note : j’irais au concert si vous aviez une place de trop. Et oui, je payerais le dîner.

Je découvre Jean-Louis Aubert

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un autre musicien sur scène pour les quatre premières chansons du spectacle, Jean-Louis Aubert. Sauf pour la dernière des quatre, une reprise de « Satisfaction » des Rolling Stones, toute cette musique a été écrite par lui et son ancien groupe, Téléphone. En résultat, en écrivant cet article, je me concentre largement sur la musique de Téléphone.

Jean-Louis Aubert, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Il y a des fois où on est assez chanceux de tomber amoureux de quelque chose au premier regard. (Il y a toute une série autour de ça, mais il me semble que ça pousse le bouchon trop loin !). Et c’est exactement ce qui m’est arrivé à partir d’écouter « Un Autre Monde », par hasard la dernière chanson du dernier disque de Téléphone, mais le début du spectacle. On y reviendra.

Téléphone a été actif de 1976 à 1986. Leur premier album, aussi intitulé Téléphone, est sorti en 1977 ; 30 ans plus tard, Rolling Stone le nommerait le 30e meilleur album de rock français (voici une copie du classement). Je vois pourquoi ; la diversité de styles est étonnante. En écoutant de telles chansons qu’Anna, on aperçoit un futur qui n’arrivera mondialement que jusqu’à 6 ans plus tard. Dans ton lit est plus un produit de son temps ; The Ramones auraient pu l’enregistrer à l’époque.

Mais je suis follement amoureux d’une autre chanson de l’album, Hygiaphone, tout simplement la meilleure chanson du rock anéricain des années 60 que j’ai écoutée. Qu’elle vienne d’un groupe français dix ans plus tard n’est pas choquant ; la meilleure chanson de rock américaine des années 50 que je connaisse a été écrite en 1999 par le groupe polonais Elektrcyzne Gitary.

Leur deuxième album, Crache ton venin, a vendu plus d’exemplaires, mais je l’aime moins. La bombe humaine est le tube de l’album, et le style me rappelle ce qui faisait d’autres groupes dits « progressive rock » à l’époque — et ça, c’est mon genre préféré en anglais. Mais tous les cris ne font pas du bien à mes oreilles. Tu vas me manquer, plus genre Rolling Stones, je l’aime mieux — mais je note que M. Aubert ne l’a pas écrite lui-même.

La suite, Au cœur de la nuit, est censé être le 13e meilleur album français, encore une fois selon Rolling Stone. Je ne sais pas. Le classement en question a été publié en 2010, dans un monde où existait déjà The No Comprendo (l’album le plus parfait de tous les temps dans n’importe quelle langue, selon moi — Rolling Stone a dit #7), et aussi le premier album de Téléphone, à ne pas mentionner toutes les carrières de Johnny, de J-J Goldman, de Françoise Hardy…c’est-à-dire que j’ai écouté le morceau du titre, et je l’ai aimé, mais pas à ce point :

J’ai aussi écouté Laisse tomber et Argent trop cher — ce dernier avec un clip hallucinant et un motif qui m’a rappelé « Sharp-Dressed Man » de ZZ Top — et je garde le même avis. De bon travail, mais surestimé.

Au fait, Wikipédia nous dit « Si certaines chansons évoquent la drogue, la bassiste Corine Marienneau a mis en place certaines règles pendant les heures de travail : pendant les enregistrements, les drogues et les groupies sont interdites. » J’imagine qu’il devait être dur, être la seule femme dans une telle situation.

Dure limite, leur quatrième album, est #3 en français selon Rolling Stone. Je suis certainement d’accord que c’est mieux qu’Au cœur de la nuit. Ça (C’est vraiment toi) a fait partie du spectacle de Taratata, et la foule l’a a-do-ré. Moi aussi ! (Une forte réaction de votre part suffit souvent de me faire étudier quelque chose si je ne suis pas d’accord dès le départ. Pas besoin cette fois.)

La carrière de Téléphone a atteint sa fin avec Un autre monde. J’adore cet album. La chanson du titre et « New York avec toi » — une autre où la réaction de la foule m’a bouleversé — sont parfaites.

Malheureusement, le groupe en a eu marre, les uns des autres, et c’était la fin. En 2015, le groupe s’est réuni sans Mme Marienneau pour une tournée. Je crois que j’ai bien compris cette situation.

Jean-Louis Aubert a, depuis ce temps, une carrière seule, parfois à côté du musicien Raphaël, qui l’a rejoint pour Taratata, ainsi qu’Axel Bauer, aussi vu en haut. J’ai écouté Attentat, avec Bauer, et ce n’était pas mal, et Demain sera parfait, un tube de 2010 ; cependant, c’est comme la popularité de Paul McCartney après The Beatles. Son travail ne frappe plus de même façon.

Mais pendant dix ans, quels hauts !

Ma note : j’achète l’intégrale (au moins, la prochaine fois où je passe une commande sur le site de la FNAC).

Je découvre Zazie

On commence le premier billet du Projet 30 Ans de Taratata avec la première performance du spectacle, par Zazie, Jean-Louis Aubert, Raphaël, et Axel Bauer. C’était la toute première fois où j’ai écouté n’importe quel des trois premiers (un ami est grand fan d’Axel Bauer), mais j’étais tout de suite accro :

Bien que 3 des 4 chansons de leur apparition sur scène sont à Téléphone, l’ancien groupe de M. Aubert, on parlera de Zazie cette fois.

Zazie est le nom de scène d’Isabelle Marie Anne de Truchis de Varennes, née à Boulogne-Billancourt. Jai donc au moins l’excuse de ne pas avoir atteint les Hauts-de-Seine dans le Tour pour expliquer le fait qu’elle n’est pas apparue ici avant.

Zazie, Photo par Guy Delsaut, CC BY-SA 4.0

Elle prend son surnom du roman Zazie dans le métro de Raymond Queneau, un livre bizarre qui tourne autour de la question de ce que ladite Zazie prendra le métro parisien ou pas. J’ai eu du mal à trouver le rapport avec l’héroïne du roman et la chanteuse, mais elle portait ce surnom bien avant le début de sa carrière musicale en 1992.

Et c’était un début inhabituel. J’ai lu quelque part, il y a longtemps, que si l’on ne se lance pas dans ce monde avant ses 19 ans, il est très peu probable que ça aille arriver. Mais Zazie a eu une carrière de mannequin pendant dix ans avant son premier contrat à ses 27 ans. La France l’a donc découverte en tant que chanteuse avec son premier tube, Sucré salé :

Je suis un peu surpris que cette chanson a connue un succès parmi les top 50. Elle n’était pas mauvaise, mais la musique vient directement des années 70, et pour être franc, elle ne montre pas de capacités exceptionnelles ici. Tout le monde ne peut pas se présenter comme Catherine Ringer à première vue, où il fallait laisser tout tomber et écouter,

Quelques ans plus tard, elle a connu encore plus de succès avec l’album Zen. J’ai écouté tous les singles de l’album et ce n’est pas tout à mes goûts — « Un point c’est toi » sonne exactement comme son premier album — mais avec le morceau qui partage le nom de l’album, elle montre clairement plus de talent. Ainsi que des grimaces…coquines ?… envers un troupeau de…vaches ? Je suis perplexe :

Avec la célébrité qui se produit par cet album, elle devient collaboratrice de nombreux autres artistes dont Pascal Obispo, que j’adore depuis longtemps (comme si 3 ans est si longtemps !). Ici, elle se montre très compétente :

À ce point, Zazie écrit grosso modo toutes ses propres chansons, dont les paroles et la musique. Avec son troisième album, je reste moins que convaincu par ses mélodies, mais il faut dire qu’elle est bel et bien arrivée en tant que chanteuse. Le chuchotement ne fait plus grande partie de sa technique, une étape importante. Attention, ce clip est plus sexy et plus violent que d’hab ici :

Mais je dois avouer, elle a un avantage chez moi en chantant en français. Il y a pas mal de chanteuses avec des styles similaires en anglais, et aucune ne fait partie de ma collection. Du même époque, 2001, on trouve une réussite, #1 en France, Rue de la Paix, qui renforce mon avis — très agréable, mais je ne l’achèterais pas.

En 2007, Zazie sort son sixième album, Totem, avec le morceau #7 en France, « Je suis un homme ». J’étais bien surpris à apprendre que ça n’a rien à voir avec la tendance aux États-Unis, étant plutôt sur toutes les bonnes choses que l’Homme en majuscule fait au monde :

Je dirais qu’avec 15 ans d’expérience, sa voix continue de s’améliorer, quelque chose d’inhabituel. Je n’étais pas du tout prêt à suivre son 7e album, un projet qui comprend 42 chansons sur 7 disques, mais l’effort lui-même montre de vraie croissance en tant qu’artiste, de prendre un tel risque.

J’ai des avis mitigés sur son huitième album, sorti en 2013, Cyclo. Le morceau « Mobile homme » (un calembour nul en anglais, et selon mon dictionnaire bilingue, en français aussi) est beaucoup trop électronique pour mes goûts, mais « Les contraires » montre encore que sa voix a bien développé :

Son album le plus récent, Aile-P (autre calembour nul avec l’anglais pour « au secours ») provoque aussi des avis mitigés. « Là où je vais » est encore trop électronique pour moi. En revanche, « C’est con, c’est quand » est exactement ce dont j’ai envie d’entendre chez elle — pas cachée derrière des machines, elle montre sa gamme de sentiments et capacités vocales.

Alors que penser de Zazie ? Elle a montré peut-être son plus grand talent sur scène, où elle avait vraiment le sens du spectacle. Son œuvre n’est pas complètement à mes goûts, mais en tant qu’une partie de la tradition de chanson française, elle est certainement la bienvenue sur ce blog.

Avec ça, je vous présente mon échelle de notes pour cette exercice : je change de chaîne, j’irais au concert si vous avez une place de trop, j’achète l’intégrale, et JE PRENDS L’AVION. Évidemment, seulement un groupe a mérité la dernière note à ce point. Mais il y a une 5e note, réservée à un artiste. Dans quelle direction ? Qui ? À vous de suivre cette série !

Ma note : J’irais au concert si vous avez une place de trop.

Le Projet 30 Ans de Taratata

Je laisse parfois des pépites qui passent sans se faire remarquer, comme celle-ci dans le bilan de 2023 :

Et je suis ravi de vous dire que cet épisode de Taratata a inspiré quelque chose de nouveau qui se lancera pendant la première semaine de la nouvelle année. Vous allez l’adorer !

Mais nous voilà. Aujourd’hui je dévoile le premier de plusieurs projets qui seront le futur du blog — car avouez-le, vous aussi, vous pouvez voir la fin du Tour d’ici. Le reste suivront tout le long de l’année. Ce projet m’est venu dans l’esprit avec mon enregistrement de l’épisode des 30 ans en boucle. Évidemment, il ne faisait pas partie de mes plans avant début novembre, mais il répond à de vrais besoins de ma part.

Pour une chose, comme je vous l’ai dit, il n’y a plus de cours de musique chez l’Alliance française ici, alors je manque d’une source de nouvelles recommandations. Autre chose, malgré mes efforts avec NRJ et RTL, je ne peux pas supporter écouter de la musique à la radio. Il vous étonnera, mais je n’ai jamais, même pas une fois, écouté de la musique à la radio exprès en anglais en tant qu’adulte. J’explique :

Je n’ai jamais aimé l’expérience de la radio. Mettez à côté les chaînes nostalgiques des années 60, les instruments de torture de mes parents quand j’étais petit. Que l’on ne puisse pas choisir la musique, pas de problème. Qu’ils choisissent toujours d’une toute petite liste plein de gens qui ne m’intéressent pas, c’est un gros problème. Que ces listes comprennent de plus en plus des rappeurs, qui disent un mot que l’on n’est pas censé dire ainsi que des choses horribles à propos des femmes, c’est inacceptable. Aux États-Unis, au-delà des chaînes qui ne jouent que du jazz ou de la musique classique, bonne chance pour trouver une chaîne qui joue de la musique populaire mais exclut le rap et le R&B tout court. (Pour ces buts, Beyoncé et Rihanna sont aussi offensives que M. 50 Centimes, connu chez vous sous le nom de 50 Cent.)

J’avais espéré que la radio française serait mieux à cet égard. Et il y a un sens où elle l’est. Je peux écouter ceci sur l’appli de NRJ :

Mais ça comprend des trucs comme Tayc ou Philippine Lavrey et Benson Boone et je ne veux ni des trucs qui sentent le R&B américain ni des « nouveautés françaises » chantées à moitié par un américain ! Pire, il y en a beaucoup plus comme ça :

C’est mon tableau que j’appelle simplement « Le Cauchemar ».

Mais ces chaînes de streaming sont quand même mieux que mes essais de la radio en live. La toute première émission que j’ai découverte en 2020 était Manu dans le 6/10. J’aime assez bien Manu et son équipe. Cependant, son idée de la musique est de jouer exactement ce que l’on a à la radio chez moi. C’est nul, ça. Je vous cherchais toute ma vie, sans le savoir, pour m’échapper de Britney Spears et tous les mauvais Justin (Timberlake et Bieber). Vous ne comprendrez jamais à quel point je pensais à utiliser le français en tant que raison de changer mon prénom, afin de mettre un terme à mon « lien » avec ces deux derniers.

Alors, le format. On va passer le long de l’émission du début jusqu’à la fin, et à chaque fois, j’écrirai sur chacun des chanteurs à son tour, de Zazie et Téléphone jusqu’à Shaka Ponk. Ça comprendra les artistes originaux pour les reprises : Joe Dassin, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, etc. Je sauterai par-dessus de ceux dont j’ai déjà écrits, comme Véronique Sanson, et aussi tous les étrangers. Ça, c’est parce que je veux traiter tout le monde également, comme pour les départements, et mon article sur M. Ed Sheeran paraîtra le 32 du mois de jamais, comme on dit en anglais. Mais les rappeurs qui ont fait partie de l’émission — MC Solaar, Féfé, Oli, etc. — recevront leurs propres articles. Comme aurait dû dire Térence, j’estime que rien de français ne m’est étranger. Sauf les escargots. Et Jul.

(Au fait, il existe un moyen pour me faire goûter de l’escargot. Mais je refuse absolument de le faire tout seul dans mon appartement. À vous de deviner le secret.)

Je considère que ces trois heures du spectacle étaient la plus grande mine d’or de la chanson française que j’ai trouvée. Mais j’espère aussi que ce sera plus interactif que le Tour des Départements. En vous expliquant comment ça va aller, vous pouvez facilement trouver qui sera le prochain artiste du projet. Alors, suggérez-moi vos morceaux préférés, surtout s’ils ne sont pas les tubes les plus connus. Je suis preneur !

Compose le 1 pour Taylor Swift

Je ne m’attendais jamais à ce que le nom dans le gros-titre n’apparaisse ici. Mais un ami m’a envoyé un SMS hier matin pour me dire qu’il a dû faire un coup de fil à StubHub, le revendeur de billets d’évènements le deuxième mal réputé aux États-Unis (Ticketbastard Ticketmaster ayant le titre à jamais), et que le tout premier choix du menu était « Compose le 1 si votre appel concerne des billets de Taylor Swift, le 2 autrement ». (N’oubliez pas qu’à mon avis, même « tu » est trop formel pour traduire le « you » américain. S’il y avait une forme réservée seulement aux couples au lit, ce serait le choix de nos grandes entreprises.) J’ai dû le vérifier pour moi-même.

Enfin, c’est assez proche de la vérité. Il faut d’abord composer 1 pour choisir « questions sur des billets déjà achetés », mais après ÇA, c’est Mme Swift ou autrement. Assez drôle en soi quand on pense au fait qu’autrement en ce moment comprend la NFL, Pink, Red Hot Chili Peppers et la dernière tournée des Eagles avant leur retraite. (Super. Comme dit une chanson de country, « Comment peux-tu me manquer si tu ne me quittes pas ? » « Hotel California » est la chanson la plus jouée de trop de tous les temps.)

J’ai essayé à plusieurs fois d’écrire un plus long billet à partir de ce sujet, mais je trouve qu’à chaque fois, il finit par faire plus de la polémique que j’en avais envie. Mais je vais quand même partager un fait intéressant.

Voici les derniers albums ajoutés à mon iPhone jusqu’à mi-2021 :

Il y a quelques bandes-sonores de jeux vidéo, deux albums du pianiste Keith Jarrett ainsi que le dernier album de Rush, les trois dans ma collection de disques depuis une décennie mais pas convertis avant — et le reste vient d’artistes francophones, soit français soit québécois. Il n’y a rien de nouveau sorti par un artiste anglophone.

Ce n’est pas par hasard. En fait, les dernières nouveautés en anglais dans ma collection sont arrivées en 2019, et elles sont aussi beaucoup plus vieilles que ça suggère (j’ai acheté quelques tubes des années 80 et 90).

Je dis parfois que je fuis quelque chose autant que je cours vers quelque chose. Il est le cas, tellement, absolument le cas que je peux écouter n’importe quel Français pas nommé Gaëtan Roussel pendant toute la journée. (Il gratte les oreilles. J’ai essayé, j’ai vraiment essayé.) Mais toute la musique en haut a quelque chose en commun — il n’y a rien consacré à me dire à quel point le chanteur ou la chanteuse me déteste. Vous n’avez aucune idée à quel point c’est rafraîchissant.

30 Ans de Taratata, 2e partie

On reprend le reste de l’émission pour les 30 ans de Taratata. Quand nous sommes partis la dernière fois, c’était Julie Zenatti sur scène avec une chanson de Sylvie Vartan. Après elle, c’était Sheila avec une chanson qui n’a rien fait pour moi, Bang Bang :

Puis, il y avait une grande foule. avec plusieurs artistes qui viennent de jouer revenant sur scène pour « Le Temps d’Amour » de Françoise Hardy. J’adore cette chanson, très important dans l’histoire du blog, mais j’aurais tellement préféré que ce soit juste Mme Zenatti ; je ne m’attends pas à chercher les autres plus tard. Honnêtement, vu que son fils (Thomas Dutronc) était là, même une courte apparition de Mme Hardy aurait été super.

Après ce groupe, un de mes artistes préférés est monté sur scène, Pascal Obispo, avec quelques inconnus pour moi, Superbus, Cali, et Yarol Poupaud. Ils ont joué « Allumer le feu » de Johnny, évidemment très bien connu au public, car ils chantaient avec.

On passe vite par Messrs Bernard Lavilliers et Féfé. J’adore aussi Olivia Ruiz, mentionné ici très peu après mon début, mais avec eux, elle a joué du reggae. Bof.

C’est rare pour Taratata de mettre un musicien qui ne chante pas en vedette, mais du prochain groupe, dont « -M- », Charlie Winston, et Emma Peters, la star était Ibrahim Maalouf, trompettiste. Je ne connais pas la chanson « Libre d’amour », mais M. Maalouf a mon attention.

Après eux, Amandine Bourgeois et « Skip the Use » (Sauter l’Usage, les amis ; ouaip) ont joué la chanson « Highway to Hell » de AC/DC. Malgré leurs accents, ils l’ont réussi :

Ils étaient suivis par Kimberose, que je n’aime pas, et Zucchero, un italien inconnu chez moi. Les deux ont aussi joué une chanson en anglais, « The Letter ». J’aurais pris Zucchero pour un américain de quelque part dans le nord-est du pays.

Mme Bourgeois et Skip the Use sont revenus sur scène pour « Jumpin’ Jack Flash » des Rolling Stones. Avec 3 chansons en anglais de suite, j’étais bien prêt pour un changement, même si la performance était honorable. Qu’est-ce que je dois faire pour vous convaincre que je ne veux rien entendre en anglais ?

C’est donc pourquoi la prochaine chanson était aussi en anglais. Voici Laurent Voulzy, Hollysiz, Raphaël, et Yael Naïm. Je connaissais le nom Laurent Voulzy, et je savais qu’il avait de graves problèmes de santé, mais au-delà de ça, des inconnus pour moi. Ils ont joué « A Horse with No Name » du groupe America — bien des années 80, et je l’aime, mais s’il vous plaît, Nagui. Après, ils ont joué une chanson de M. Voulzy, Belle-Île-en-Mer, et je l’ai beaucoup aimé.

Je connais le nom Vianney, et on a déjà rencontré Charlie Winston ici, mais ils ont décidé de jouer une autre chanson en anglais, et pire, du deuxième pire Harry d’Angleterre, Harry Styles. (Le roi de mauvais Harry ne sera jamais roi, ce qui me rend heureux.) Je refuse, alors j’ai sauté par-dessus de celle-ci.

Le prochain groupe était trop gros pour réussir sa performance. Zazie et Thomas Dutronc sont revenus, avec Hoshi (boo !), Santa, et Eddy Depretto, les deux derniers inconnus pour moi. Ils ont joué « Foule sentimentale » d’Alain Souchon, une des premières chansons que j’ai apprises de l’Alliance française. La foule était très enthousiaste.

On m’a clairement entendu. Le prochain groupe était Patrick Bruel, Axelle Red, Claire Keim, et MC Solaar. Ce dernier m’a fait peur que ce soit du rap, mais en fait il a une voix plutôt agréable, et la chanson était La Javanaise de Serge Gainsbourg. Voilà, on est bien de retour en ma France.

Après eux, il y avait un pianiste tout seul, Vincent Delerm, qui a dirigé la foule en chantant Les Champs-Élysées de Joe Dassin. Celle-ci m’a fait pleurer pour les mêmes raisons que L’Aventurier en live — il y a des fois où on sait ce qui est important à quelqu’un et c’était évident à quel point cette chanson était bien aimée par cette foule.

Claire Keim était ensuite de retour, et elle est une star. Sa version de « Résiste » par France Gall était quelque chose de spécial. Je vais chercher plus de son travail.

Joyce Jonathan était inconnue pour moi aussi, mais sa « Petite Marie » de Francis Cabrel était aussi magnifique. Voilà, Nagui, c’est possible de jouer plusieurs chansons françaises de suite. Mais j’étais surpris que ce n’était pas un pseudonyme — ça sent l’anglais.

Après ça, deux trucs de disco, dont ma punition pour avoir profité des chansons françaises. La Grande Sophie a chanté « Stayin’ Alive » de The Bee-Gees, suivi par Patrick Bruel avec sa propre « Chacun fait c’qui lui plaît ». Cette dernière n’est que moitié-moitié pour moi.

Ils étaient suivis par Cali, un jeune homme très enthousiaste — je n’ai pu que l’aimer — mais avec une voix plutôt limitée. Sa version de « Pour un flirt » de Michel Delpech n’était pas mal. J’irais à son concert si on m’invitait, et je payerais le dîner, mais je n’y irais pas seul.

Puis un maître. Je ne connaissais pas du tout M. Michel Jonasz, mais au-delà de l’enthousiasme de la foule pour « Super Nana », il était un vrai professionnel. Il faut le voir diriger la foule. Les chanteurs précédents lui ont rejoint juste avant la fin :

Maintenant, on arrive à la partie où je vous choque. Je ne m’attendais pas du tout à une vraie légende de la musique américaine, Nile Rogers, du groupe de disco Chic, qui a aussi écrit de nombreux tubes pour d’autres artistes. Il a joué le plus grand tube de son groupe, « Le Freak », puis « Get Lucky », qu’il a écrit avec Daft Punk. Après ces deux, il a collaboré avec une poignée de rappeurs français pour l’autre grand tube de Chic, « Good Times ». Il était évident qu’il ne parle pas français, mais en quelque sorte. Nagui l’a convaincu à y voler. Chapeau, Nagui. Chapeau.

La dernière chanson était encore une fois une reprise des Rolling Stones, « Sympathy for the Devil » avec Shaka Ponk (bof) et Zucchero, qui m’impressionne de plus en plus. Après une soirée aussi réussie, je ne m’en veux pas à Nagui pour ça.

À la fin, beaucoup des artistes sont remontés sur scène pour dire au revoir.

Mais je me suis demandé : rien d’Indochine ni Catherine Ringer ? Ils étaient là les deux le jour où j’ai regardé Taratata pour la première fois. Et voilà, dans les crédits, aux côtés de nombreux autres artistes :

Je suis absolument bouleversé. J’ai fait plein de découvertes, mais ce que je retiendrai pour toujours, c’est qu’encore une fois j’étais frappé par une chanson qui me changera à jamais. Le nombre n’est pas grand — Nos Célébrations, C’est Comme Ça, Chanson Sur Ma Drôle de Vie — mais La Dernière Séance l’a augmenté par un. Toute cette semaine, je la joue en boucle, la version de cette émission. Pour mes propres raisons, j’ai perdu le goût de ma propre culture il y a longtemps. Mais ça fait maintenant trois ans et demi où les Coups de Foudre me frappent encore et encore. Sans savoir d’où ils viendront, il me faut essayer tout et n’importe quoi français. Je suis à vous pour toujours.

30 Ans de Taratata, 1ère partie

Je n’étais pas censé écrire ce post, au moins pas ce soir. J’allais aller (j’adore tellement cette langue) à une autre soirée belote. J’avais préparé des macarons au chocolat absolument parfaits. Ne me croyez pas sur parole, mais regardez ces coques :

Mais au tout dernier moment, mes parents ont annulé leurs plans pour s’occuper de La Fille. Mon père est allé à l’hôpital avec du mal à l’estomac et il s’est avéré d’être un problème de vésicule biliaire. Je ne devrais pas me plaindre — c’était important — mais je ne peux pas dire plus, sauf que je ne suis pas du tout d’accord avec ses plans pour le traiter.

De toute façon, après avoir couché La Fille, j’ai dû trouver autre chose comme sujet pour ce soir. Alors j’ai regardé environ la première moitié de l’épisode spécial pour fêter les 30 ans de Taratata sur le site de France 2 (disponible jusqu’au 18 novembre). J’ai toute une histoire avec Taratata, mais peut-être que la chose que j’adore la plus chez cette émission, c’est les combinaisons d’artistes inattendues. Je découvre à chaque fois également des chansons et des artistes complètement inconnus pour moi, et ça vaut toujours le coup.

L’épisode a commencé avec trois artistes dont je connaissais les noms, mais pas vraiment leurs travaux :

Les trois ont joué plusieurs chansons du groupe Téléphone — un autre nom connu chez moi mais pas plus — puis se sont lancés dans…une chanson en anglais ?!? Pour la première, mais pas dernière, fois de la soirée, j’ai halluciné :

Je suis ici pour vous dire qu’en fait, leur prononciation n’était pas insupportable. Ce n’est pas ce que j’aurais choisi, bien sûr, mais je comprends que le but de Taratata est 100 % des tubes, et celle-ci en est certainement un. Il y a des fois où j’écoute RTL dans ma voiture, et tout à coup, j’entends de l’anglais, et je hurle contre mon portable (où personne ne peut l’entendre) « Espèce de bazar ! T’es en panne, toi ? » De toute façon

Après eux, il y avait une autre performance avec 3 noms un peu familiers dont je ne connais pas leur musique — et Véronique Sanson. C’était sa chanson « Bernard’s song » :

Il m’étonne à chaque fois ce que Nagui arrive à faire. Véronique Sanson serait en tête d’affiche presque n’importe où (je sais, c’est la même chose pour M. Malade, ainsi que les autres) ; pourtant, sur Taratata, il est souvent le cas que même une telle vedette n’est qu’une entre une dizaine.

Après elle, j’ai eu « un moment Taratata », avec trois femmes complètement inconnues chez moi où je ne pouvais pas m’arracher du portable — Juliette Armanet, Jain, et Jeanne Added. Je ne connaissais pas ce qu’elles ont joué, mais j’écouterais toutes les 3 avec plaisir.

Et après eux, un autre moment avec des stars :

Les quatre ont commencé avec la chanson d’Eddy Mitchell, « La dernière séance ». Je sais, l’émission était mythique, mais c’était la première fois où j’ai entendu la chanson. J’étais scotché. (J’excuse cet anglicisme, parce que je le trouve parfait.) Puis, j’ai eu un choc culturel :

NONONONON, si vous allez chanter « I Can’t Get No Satisfaction » en anglais, c’est « No Particular Place To Go » par Chuck Berry. Mais perso, ma version préférée est la reprise de George Thorogood :

Je comprends, ça vient de l’époque avec plein de chansons traduites de façon inattendue, comme « Il a neigé sur Yesterday » et « Dites-moi qui est-ce grand corbeau noir », mais honnêtement, j’ai trouvé ce moment déroutant. Mais j’ai adoré « La dernière séance ». Plus comme ça, merci.

On avance avec Hannibal Lecter, qui a chanté avec Dionysos et Louise Attaque :

Je sais, c’est en fait M. Gaëtan Roussel. Mais vous le voyez maintenant aussi. Ils ont été rejoint par cette chanteuse écossaise, Sharleen Spiteri, d’un groupe inconnu chez moi, Texas :

Elle chantait et parlait en français ainsi qu’en anglais, et j’ai une grande faiblesse pour le français avec les accents britanniques (surtout David Niven dans Le Cerveau).

Une autre réussite « Taratatesque » était Julien Clerc avec 3 femmes inconnues pour moi :

Ils ont commencé avec une chanson de Charles Aznavour, « For me formidable », puis une chanson de M. Clerc, « Ma préférence ». J’ai adoré les deux, inconnues pour moi avant.

Vous avez le droit d’avoir tort, et si vous voulez écouter ce con, c’est votre affaire :

Je remercie le Bon Dieu pour le bouton d’avance rapide.

Je ne connaissais ni Tryo ni Adrien Gallo ni…euh… »Cats on Trees » ? Vous savez que ça veut dire « Des chats sur des arbres » ? Peu importe, les trois étaient très agréables :

J’ai fini cette fois avec Julie Zenatti, inconnue chez moi, qui a chanté une chanson de Sylvie Vartan, « La plus belle pour aller danser » :

Encore une fois, quelqu’une que j’écouterais à nouveau sans hésitation. Je me demande vraiment pourquoi vous vous souciez des trucs en anglais quand vous avez de tels talents à la maison. J’ai découvert une belle dizaine d’artistes dont je vais chercher plus de leurs œuvres, il me reste la moitié de cet épisode à regarder, et il n’y aura même pas une chose dans ma langue maternelle parmi tout ça. J’ai même tout écouté avec mon casque Focal afin d’assurer que rien d’anglais ne contaminerait la musique.

Bon, je plaisante. J’écoute avec le Focal parce que c’est fermé et il est tard chez moi. Mais quand c’est moi que le dis, il faut au moins penser à me prendre au sérieux !

Danse macabre

Je n’en peux plus en ce moment, alors au lieu de plusieurs brouillons que je n’arrive pas à finir, je vais vous présenter quelque chose d’inhabituel.

Camille Saint-Saëns, Photo par Nadar, Domaine public

La Fille joue de la flûte depuis 3 ans. Elle fait partie de l’orchestre à son collège (elle est maintenant en 4e). Hier, pour leur concert de Halloween, l’orchestre a joué une chanson française. Et non pas n’importe quelle chanson française, mais ma préférée depuis 30 ans, la Danse macabre de Camille Saint-Saëns. Je l’ai enregistrée avec mon portable, ce qui n’est pas de la meilleure qualité. À vous de décider ce que vous en pensez :

Je vous rappelle, ceci est mon enregistrement préféré de cette œuvre :

Je vais finir avec une petite anecdote sur mon expérience avec le compositeur.

Quand j’étais au lycée, il y avait un concours entre les lycées de ma ville sur les faits insolites. On jouait dans des équipes de 5 personnes. La capitaine de notre équipe était aussi américaine que moi, mais avait étudié le français depuis le collège. Je sais maintenant que son accent était parfait. On a demandé qui a composé la Danse macabre, et je connaissais la réponse. Mais en tant que capitaine, c’était à elle de la donner. Alors elle l’a dit exactement comme vous la prononceriez.

Mais l’arbitre était une américaine lambda. Elle a regardé le corrigé, et je suis toujours certain qu’à son avis, le nom se prononçait en trois syllabes, où « Saëns » serait quelque chose comme sail-ence. (J’ai du mal ici à l’écrire de façon phonétique — imaginez que la première syllabe rime avec ail.) Elle nous a donc dit que la réponse était fausse.

Clairement, cette expérience me hante toujours, même 30 ans plus tard.