Archives pour la catégorie Projet 30 Ans de Taratata

Je découvre Jeanne Added

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec la deuxième des trois artistes qui ont jouées « Don’t Speak » sur Taratata, Jeanne Added. (Je me suis rendu compte que j’ai sauté par-dessus de Grand Corps Malade, par erreur. Il sera le prochain.) Pour vous rappeler, voici un extrait :

Je ne vais dire que de bonnes choses sur Jeanne Added, et ça m’énerve. Elle a réussi à faire ce que je voulais être impossible. Si vous avez suivi le parcours de ce blog depuis un moment, vous savez que je veux laisser tout tomber derrière moi. J’ai pu annuler mon abonnement à la télé en anglais parce que j’avais arrêté de tout regarder en anglais. Je n’écoute plus la grande majorité de ma bibliothèque de musique en anglais. Je voulais fermer cette porte derrière moi et jeter la clé dans un volcan sous-terrain au fond de la Fosse des Mariannes. Mais voici une artiste qui écrit des paroles intelligentes en anglais, les chante avec talent et évidemment, tout ça ne peut que vouloir dire qu’elle vient de… Chicago ? New York ? Des Moines ? Non, de freakin’ REIMS.

Regardez ce qu’elle m’a fait faire ! Utiliser un petit juron anglais !

Jeanne Added, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Jeanne Added est née en 1980 à Reims. Je suppose qu’elle a été poussée à apprendre l’anglais car son nom de famille est le participe passé d’ajouter en anglais, « add ». J’imagine que ses cousins, les Subtracted, ont changé de nom, car ça, c’est trop. Pas comme beaucoup d’autres musiciens que nous avons étudiés à ce point, elle était toujours destinée pour une carrière musicale — des conservatoires de musique à Reims et Paris en tant que lycéenne, le Conservatoire national à Paris pour ses hautes études, puis l’Académie royale au Royaume-Uni. À partir de 2005, elle commence en tant que chanteuse de jazz, habituellement en français, avec de tels noms que Vincent Courtois et Yves Rousseau.

Avec ce dernier, elle sort en 2008 un enregistrement qui me fait mal aux oreilles, et je suis habitué aux conventions du jazz. C’est une reprise de l’album « Poète, vos papiers » par Léo Ferré. Elle est la deuxième à chanter dans cet extrait, après Claudia Solal, et les deux ont des voix d’anges, mais la première minute, aïe. (Je sais, ce n’est pas la chanson du titre.)

J’imagine qu’elle a dû reconnaître que le public pour ce genre de chose est limité. Alors en 2010, elle sort un album en anglais, yes is a pleasant country, d’après un livre de poèmes par e.e.cummings, poète américain avec une allergie mortelle aux lettres majuscules. Tout l’album est disponible presque gratuitement au lien, l’édition originale étant définitivement fermée. La musique n’est pas complètement à mes goûts, mais elle ne chante pas en anglais « bien pour une française ». Elle est excellente : très facile à comprendre et son phrasé ne manque de rien. Et vous savez qui le sait très bien ? Jeanne Added. Cet album lui valait être nommée aux Victoires du jazz en 2011, et elle a dû bien comprendre que ce chemin l’était ouvert.

Elle sort donc en 2015 son premier album en tant que soliste, Be Sensational. Sauf pour un morceau, les paroles de l’album sont toutes écrites par Mme Added, et elles seraient un crédit à presque n’importe quel artiste anglophone. La chanson du titre est une merveille :

Je ne suis pas grand fan des techniques de production de « À War is Coming » — bruyantes et déformées — mais c’était le premier single à sortir, et c’était une réussite. Et je serais le premier à vous dire que cette chanson montre du talent.

En 2018, elle est de retour avec Radiate, un album par tours plus loud — les traductions vif et bruyant n’ont pas le sens exact — et moins déformé que le premier. La chanson du titre montre exactement ce que je veux dire. Les dynamiques musicaux sont plus forts, mais les effets électroniques sont réduits. Les paroles sont parfois colériques, mais elle a mon attention.

La chanson qui termine l’album, « Years Have Passed », est tout ce qui est possible chez elle sans les effets. C’est douce, triste, et absolument au-delà des capacités de presque tout et n’importe quelle chanteuse populaire ici. On parlera à la fin des bonnes comparaisons, mais elle est tout le contraire de Taylor Swift, c’est certain !

Son troisième et plus récent album est By Your Side, encore plus dans le sens de mettre sa voix en vedette et ne pas la noyer sous trop d’effets. La chanson du titre parle du genre de relation où on dit en anglais « it’s complicated » (c’est compliqué), pas exactement l’amour, pas exactement l’amitié. Je ne veux pas l’aimer. Mais je n’arrive pas du tout à m’arracher de la stéréo en l’écoutant :

On finira notre revue de ses chansons avec une autre chanson de By Your Side, Hey Boy. C’est ce qui arriverait si « Years Have Passed » n’était pas si triste, si élégiaque. C’est absolument ma préférée de ses chansons.

Il ne faut absolument pas faire la comparaison entre Jeanne Added et des mannequins dont le logiciel AutoTune est le seul moyen de les sauver. Venant de la tradition de jazz, il faut chercher quelqu’une comme la canadienne Diana Krall. Son interprétation de la chanson « Peel Me A Grape » montre la seule chose qui manque à l’œuvre de Jeane Added, un sens de l’humour. Mais les similarités entre ces talents sont évidentes :

L’autre chanteuse qu’elle me rappelle — et j’aimerais tellement la voir avec cette opportunité — est k.d. lang, qui a chanté la meilleure chanson de James Bond que vous ne connaissez pas, Surrender :

Pourquoi est-ce que vous ne la connaissez pas, même si vous avez entendu parler de Mme Lang ? Parce que les producteurs ont décidé au dernier moment qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de sortir un générique chanté par une lesbienne, et cette chanson a été déplacée aux crédits à la fin, que personne n’écoute. (Sauf moi ; je ne quitte jamais la pièce jusqu’à à ce que les lumières soient allumées.)

En faisant cette comparaison, je n’exprime aucun avis sur la vie amoureuse de Jeanne Added, de laquelle elle ne parle pas. C’est juste que les deux ont des voix similaires. J’aimerais voir ce qui se passait si elle travaillait dans un plus grand ensemble, de façon cinématique. Je sais qu’elle serait à la hauteur du défi.

Ma note : J’achète l’intégrale, mais si elle décide de chanter en français…ouais, je prendrais l’avion si je pouvais rester plus qu’un week-end.

Je découvre Jain

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le prochain acte après Véronique Sanson : Jain, Jeanne Added et Juliette Armanet, qui ont chanté « Don’t Speak » de Gwen Stefani en anglais :

C’est mon plan d’écrire sur les artistes originaux quand la matière est d’origine francophone, mais il n’y a pas besoin d’écrire « Je découvre l’une des nombreuses personnes qui me donnent envie de m’expatrier » (Gwen Stefani, pour préciser).

Parce que le prochain paragraphe sera le truc le plus dingue que vous ayez lu chez moi, j’aimerais dire d’abord qu’en regardant la vidéo en haut, il m’est bien évident que toutes les 3 chanteuses, dont Jain, sont très douées en anglais, pas autant que Véronique Sanson, mais absolument capables de jouer ici et non pas seulement devant un public de mes clones. MAIS…

Jain, Photo par El pitareio, CC BY-SA 4.0

Je n’écrirais même pas cet article s’il y avait une version du blog en anglais. J’écrirais tout simplement « En raison de la loi du 1er avril de 2020, écouter cette musique est du crimethink. Il ne faut pas l’écouter aux États-Unis ; passez sur votre chemin ». N’étant pas américains, vous ne m’allez pas croire du tout. Je voulais désespérément trouver autre chose à dire sur cette chanteuse, au point où j’ai écouté TOUT son premier album et presque tout le reste des deux autres. Mais elle est ce qu’elle est.

Jain est née Jeanne Galice, à Toulouse, en 1992, d’une famille avec des racines malgaches. Elle a passé une partie de son enfance à Dubai, ses années collégiennes à Brazzaville, au Congo, et a eu son bac à Abou Dabi. Son nom de scène fait référence au jaïnisme, une religion de l’Inde.

En 2015, elle se fait connue avec son premier single, Come, où elle dit que « my soul is in Africa » (mon âme est en Afrique) :

Le problème ici est qu’elle sonne exactement comme Rihanna ou Angélique Kidjo, et quand elle chante le mot « Come », il sonne comme une version féminine de K7. Pourtant elle est blanche et née à Toulouse. J’ai parlé avant de mon choc que personne ne m’a jamais accusé de « l’appropriation culturelle ». Mais je suis petit, et pas une célébrité. Et en fait, les journalistes américains l’affrontent avec ces questions à partir de sa première tournée aux États-Unis en 2017 :

Ici il y a une grande polémique sur la cultural appropriation, qui stigmatise l’adoption de codes culturels par quelqu’un qui vient d’une autre culture. C’est vu comme un vol par certains, explique Jain. Donc plusieurs journalistes m’ont posé cette question : « est-ce de l’appropriation culturelle que vous faites quand vous parlez de l’Afrique »…La culture américaine a une vision très différente de la France sur ces questions culturelles. J’ai donc dû raconter mon histoire et surtout expliquer qu’elle n’est pas fabriquée.

Jain à Washington, RFI

Plus tard en 2015, elle sort son premier album, Zanaka, qui comprend Come, mais aussi son plus grand tube, Makeba, à l’honneur de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba :

Oh là là. Si j’avais essayé en 2020 d’imaginer le clip le plus offensant imaginable aux États-Unis, il serait quelque chose où une blanche — la seule telle personne dans le clip — est entourée par des danseurs noirs en chantant sur des thèmes africains. La deuxième pire chose aurait été Dynabeat, dans un contexte asiatique, dès que l’on avait remarqué la ressemblance entre le clip et le dieu hindou Ganesh avec ses 4 bras.

J’espère qu’il sera clair que je ne suis pas ici pour valider cette « analyse » selon laquelle la couleur de sa peau décide ce que l’on peut chanter ou écrire. C’était exactement ce moment où j’ai perdu tout espoir. Si Jain a dû affronter déjà ces questions en 2017, 2020 aurait été tout autre chose.

Son deuxième album, sorti en 2018, Souldier (jeu de mots en anglais — soldier = soldat, soul = âme), est plus de la même chose, mais avec moins de thèmes ouvertement africains. Le premier single, Alright, parle de la vie après une rupture :

Moins, pas zéro. Flash parle de ses années au Congo :

Ma chanson préférée de Jain vient de cet album — Inspecta, son hommage au générique d’Inspecteur Gadget :

En 2023, Jain est de retour avec The Fool, nommé pour la dernière carte du tarot de Marseille, Le Fou. Cet album ne sonne pas du tout comme les autres. Elle montre encore son talent, mais si vous n’entendez pas le sous-entendu « sa cervelle ou sa signature parapherait le contrat » derrière ce changement complet de son style, vous n’avez pas compris le marché anglophone.

D’autres morceaux — I Feel Alive, Cosmic Love, Goodbye — sont tous dans ce même style, plus mélodique, moins rythmique, mais surtout avec toute influence africaine purgée.

Je pleurais en écrivant cette critique. La musique de ses deux premiers albums n’était jamais la mienne. Mais je ne doute pas, même pour un instant, que ça venait vraiment d’elle. Encore pire, les deux premiers albums sont heureux ; ce dernier est triste. Je soupçonne qu’elle aurait nommé l’album « La Folle », mais le message aurait été trop évident. Il doit être une ironie insupportable pour elle que Makeba a trouvé une nouvelle vie sur TikTok juste après la sortie de « The Fool ». Par égard pour la vraie Jain, j’espère qu’un jour elle sortira un autre album exactement comme Zanaka, et qu’il connaîtra autant de succès qu’avant. Elle n’a rien fait pour mériter autrement.

Cependant, je dois lui donner deux notes, une pour les américains et l’autre pour l’Europe.

Ma note américaine : Jain? Never heard of her. Please don’t fire me, I beg you. (Jain ? Jamais en entendu parler. Veuillez ne pas me licencier, je vous en supplie.)

Ma note européenne : J’achète mon propre billet pour le concert, juste pour la soutenir.

Je découvre Vianney

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le deuxième de trois artistes qui ont apparu sur scène avec Véronique Sanson pour Les 30 Ans de Taratata. Cette fois, c’est Vianney.

Vianney, Photo par Gyrostat, CC BY-SA 4.0

Vianney Bureau, né en 1991 à Pau, est allé au lycée de Saint-Cyr. Est-ce que ça lui donne le titre de saint-cyrien ? À vous de me l’expliquer. Après, il a suivi des cours d’affaires et de mode, et on l’aurait cru destiné à une carrière en tant que créateur. Mais pendant ses études de mode, il a rencontré sa future gérante, Isabelle Vaudey, et avec son encouragement, il a enregistré son premier album, Idées blanches, en 2013 (or, il n’est sorti qu’en 2014), 2x platine en France. Et le premier single de l’album était « Je te déteste », la preuve qu’il ne doit pas être britannique, ni chanter en anglais non plus, pour sonner exactement comme One Direction :

Avec de telles paroles que « Je viens gifler mes cordes plutôt que ton fessier » et « T’envoyer des menaces, un rat mort dégueulasse? », il me semble que si j’étais la femme du clip, j’aurais un ordonnance restrictive hier. Au fait, je viens de découvrir que cet outil de la loi, bien-aimé des ex partout dans le monde anglophone, n’existait en France qu’à partir de 2012. (Non, ce commentaire ne raconte pas une histoire personnelle ; si c’était le cas, vous n’auriez jamais entendu parler de La Fille, car je ne la connaîtrais guère.)

J’ai aussi écouté Pas là, avec des paroles comme « Je te remplace/Comme je le peux/Que tout s’efface/J’en fais le vœux », et Notre-Dame des oiseaux, pas un single de l’album. Sa voix est agréable, mais la musique ici n’est que l’enveloppe pour livrer ses contes d’amour perdu. Je me trompais en l’écoutant — sur cet album, il sonne comme le jeune Harry, mais l’âme est 100 % Maroon 5, au moins leur premier album.

En 2016, Vianney est de retour avec son deuxième album, cette fois nommé pour lui. La chanson « Je m’en vais » atteint la deuxième place en France :

Je comprends ça. Les paroles expriment exactement le même message qu’avant :

Quand tu diras que c’est ma faute 
Que je n’ai jamais su t’aimer 
Au diable toi et tes apôtres 
Je m’en vais

mais cette fois il renaît en tant que Christopher Cross, un meilleur musicien.

J’ai aussi écouté « Dumbo » du même album, une chanson éloignée — mais pas complètement — de ses histoires d’amour qui finissent mal. Le clip est mignon :

Encore une fois, je me suis trompé. Il est Christopher Cross, oui, mais aussi Jason Mraz.

En 2018, lui et Véronique Sanson ont tous les deux sorti des albums en live en collaboration avec d’autres artistes. Et sur chacun des deux, on trouve leur version de La Chanson :

Je pleurais en l’écoutant. Vous savez que j’adore cette chanson plus que presque tout au monde entier. Bien qu’elle ait eu 2,5 fois son âge au moment de l’enregistrement — et oui, vu le matériel, ça me dérange un peu — les affinités entre les deux sont clairement là. Le refrain avec la question, « Qu’est-ce que tu diras ? », c’est magique. Vianney a une voix agréable, même douée, c’est juste que je ne suis pas grand fan du genre où il travaille.

Son troisième, et à ce point dernier, album de musique originale, N’attendons pas, est sorti en 2020. L’album atteint la 1ère place en France, mais parmi ses singles, le seul grand tube est Beau-papa, #13 :

Comme Dumbo, c’est une chanson loin des histoires d’amour, et le clip est plutôt émouvant. La chanson du titre est aussi hors ses sujets amoureux ; je l’ai bien aimé, mais elle n’a connu qu’un petit succès (#146 en France) :

En 2023, Vianney a sorti un album de collaborations avec d’autres artistes. Je reste perplexe sur la question de qui est responsable de l’écriture — les crédits ne sont clairs nulle part en ligne. Mais je dirais que Le firmament avec Maître Gims (à qui je souhaite « Bonne année ») ne sonne pas comme la musique associée avec ce dernier. En revanche, Comment on fait avec Zazie pourrait bien être à elle. Je passe sur celui-ci sans plus de commentaires car il ne m’est pas clair du tout à qui est la matière de l’album.

Alors, que penser enfin de Vianney ? Il devrait être clair que si ses chansons se traduisaient en anglais, je passerais mon chemin. Mais c’est ici où le « prime français » marche pour lui. Exactement comme j’adore les pubs à la radio en français bien que je change de chaîne en anglais, je n’achèterais pas les disques mais…

Ma note : J’irais au concert si vous avez une place de trop.

Je découvre Marc Lavoine

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un des 3 artistes qui était sur scène avec Véronique Sanson, Marc Lavoine. Également acteur que chanteur, ici on parle seulement de son côté musical.

Marc Lavoine, Photo par Selbymay, CC BY-SA 4.0

Marc Lavoine est né en 1962 à Longjumeau. Élève d’imprimerie au lycée, il quitte ses études pour poursuivre une carrière d’acteur. Ça commence en tant qu’ouvreur dans la salle de spectacle Olympia à Paris. Je dois vous dire, j’ai fréquenté un resto à Beverly Hills pendant les années 00 quand j’habitais à LA, et pour écouter les barmans (ça fait mal aux yeux ; je veux écrire barmen), ils étaient tous des acteurs-en-attente. Mais pour une fois, ça marche, et un producteur lui découvre et l’aide à sortir sa première chanson en 1983, « Je n’sais même plus de quoi j’ai l’air » :

Ça pue les années 80, avec ses synthétiseurs et boîte à rythme. Il sort deux deux singles de plus, Pour une biguine avec toi et Elle a les yeux revolver, ces deux derniers faisant partie de son premier album, intitulé Marc Lavoine. J’ai déjà l’impression d’être coincé sur la banquette arrière de la voiture de mes parents, qui me font écouter KYXY, une radio de bêtises romantiques qui ne sert qu’à torturer le jeune moi. Bof, ce que je fais pour l’amour. (Il y a des limites, mais tout a son prix. On pourrait me faire écrire « Je découvre Maître Gims », mais ça coûtera cher.)

Pour son prochain album, Fabriqué, il chante en duo avec Catherine Ringer, qui a apparemment cru que c’était un canular quand il l’a contacté. Leur single, Les histoires guimauves d’A « Qu’est-ce que t’es belle », est censé signaler une nouvelle direction pour lui, mais je le trouve plus d’un détournement pour elle :

J’ai aussi écouté le titre Même si de l’album, en espérant qu’il avait quelque chose à voir avec la chanson des Rita Mitsouko du même nom, mais non.

Son troisième album, de 1989, Les Amours du dimanche, me semble plus de la même chose, mais j’avoue que j’aime le clip pour « C’est la vie » :

Je n’ai plus rien à te donner, par contre…est-ce vrai qu’il était une fois, M. Lavoine a déménagé aux États-Unis afin d’enregistrer des conneries sous le nom de Christopher Cross ? Michael Sembello, ça vous parle ? Les oreilles commencent à saigner, peut-être parce que je viens d’essayer de les arracher.

En 1991, la France a craqué pour sa chanson « Paris », où se trouve les paroles « Je dors dans tes hôtels, j’adore ta Tour Eiffel ». Sur l’album de même nom, on trouve aussi « L’amour de 30 secondes » où il met des paroles intéressantes sur un morceau musical qui révèle son côté Bee Gees. Nom d’un cobaye, je dois continuer ? ([Après ce commentaire, c’est moi qui insiste. — M. Descarottes])

En 2005, je suis allé en Italie avec ma future ex-femme. J’ai pleuré en voyant les prix partout à Venise. Pourtant, après avoir écouté « On n’ira jamais à Venise » de son album Faux Rêveur, je sais exactement où me cacher — la place Saint…euh…Marc, avec tous ses pigeons.

Lavoine-Matic, son album de 1997, lui gagne une Victoire de la musique pour le clip de sa chanson « C’est ça la France » ;

La technique de tournage me rappelle un peu mon post préféré du blog, et je vibre avec ses dernières paroles, « Enfin je pense faut jamais les oublier, Les trois mots qui terminent par Té ». Pourtant, même avec un vrai changement de style, vers quelque chose de plus électronique, ses goûts restent très différents des miens.

En 2001, il sort un autre album intitulé Marc Lavoine, cette fois avec un orchestre ainsi que plusieurs duos. « Je ne veux qu’elle » avec coup de cœur du blog Claire Keim, atteint la neuvième position dans le classement SNEP en France. Il doit y avoir une mélodie quelque part dans cette chanson, mais je n’arrive pas à la trouver :

L’heure d’été, son album de 2005, connaît un franc succès, atteignant #3 dans le classement. « Toi mon amour », un tube de l’album, continue son style de parler sur une boîte à rythme. Je suis désolé, beaucoup d’entre vous aiment évidemment ce monsieur, mais vous pouvez voir, j’ai fait des efforts.

Je vais sauter par-dessus du reste, sauf pour une chose. Au début des années 2000, il a sorti un duo avec héroïne du blog Françoise Hardy, une reprise de sa chanson Chère amie, originalement de l’album Les Amours du dimanche. Ça ne sonne même pas un peu comme ses performances à l’époque, et sans boîte à rythme, il doit chanter. À mes yeux, ça montre un autre chemin, plus difficile à transformer en tubes, mais beaucoup plus artistique.

Malheureusement, son histoire n’a pas de fin heureuse. Malgré son apparation sur le plateau de Taratata en octobre 2023, il a déjà largement perdu sa voix à cause de maladies héréditaires et une histoire de tabagisme. Je ne souhaite ça pour personne.

Je comprends aussi que M. Lavoine a beaucoup fait pour des personnes autistes. Vous savez que c’est un sujet qui me touche.

Cependant, ma note est un reflet de mon jugement de son travail en tant que musicien, pas sa valeur en tant qu’être humain.

Ma note : Je change de chaîne.

Je redécouvre Véronique Sanson

On continue maintenant le Projet 30 Ans de Taratata avec Véronique Sanson. Je sais, j’avais dit que j’allais sauter par elle car j’ai déjà écrit un article sur elle il y a longtemps. Mais je l’ai relu et me suis vite dit « Ce n’est vraiment pas à la hauteur de ce que je veux pour ce projet. Surtout car on ne parle pas d’une inconnue, on parle d’un membre de la Trinité. » Je parle ici d’Indochine, Les Rita Mitsouko, et Véronique Sanson.

Véronique Sanson, Photo par Anthony Baratier, CC BY 4.0

Mettons donc la scène. Pourquoi une telle estime ? Revenons au début de la meilleure semaine de ma vie, mon premier voyage en France. J’étais dans l’avion avec mon t-shirt préféré et rien à faire pendant 12 heures, alors j’ai commencé à écouter les choix musicaux proposés par Air France. C’était là où j’ai découvert « Chanson sur ma drôle de vie », et je l’ai écoutée en boucle pendant le vol. J’ai dû attendre mon retour aux États-Unis pour commander l’album, parce qu’il ne m’est arrivé dans l’esprit de le chercher chez la FNAC. (J’étais pressé cette semaine-là, et n’ai pas toujours pensé de façon logique.) Depuis ce temps-là, aucune semaine ne passe sans que j’écoute « De l’autre côté de mon rêve », l’album et non pas seulement la chanson de même nom.

Alors quand Nagui a crié « et…Véronique Sanson ! » pour présenter son quatuor, vous pouvez comprendre pourquoi j’ai eu des larmes aux yeux. Au-delà de Catherine Ringer, on parle de la vedette des vedettes à mes yeux.

Véronique Sanson est née en 1949 à Boulogne-Billancourt. Au milieu des années 60, elle commence à travailler chez Pathé-Marconi avec un certain Michel Berger, directeur artistique. Là, elle sort son premier disque 45 tours avec 2 chansons, dont Le printemps est là. C’est un produit de son époque, avec trop d’échos comme était le style partout, mais on reconnaît déjà cette voix. Si elle m’ordonnait de cambrioler une banque, je serais en prison :

En 1972, sous la direction de Michel Berger, elle sort l’album « Amoureuse » avec notamment le tube « Besoin de personne ». Elle est déjà en pleine forme avec cet album ; elle joue du piano ainsi que chante, et la musique est à elle en tant qu’autrice-compositrice. La chanson du titre, Amoureuse aura de nombreuses reprises d’autres artistes, dont celle de Helen Reddy en anglais.

Mais c’est plus tard en 1972, encore une fois aux côtés de Michel Berger, qu’elle livre l’album « De l’autre côté de mon rêve », avec la chanson. Si cette Véronique Sanson m’ordonnait de sauter d’un pont…sachez que je profitais énormément de vous rencontrer tous.

Mais impossible de parler de Véronique Sanson, surtout à cette époque, sans mentionné son mauvais jugement personnel. Quelques mois plus tard, elle quitte Michel Berger et la France de façon nulle. Que l’on souhaite mettre un terme à une relation, je comprends, mais mentir que l’on va aller faire des courses, pour prendre un avion à travers l’Atlantique en secret, ça je ne comprends pas. On prend un vol à travers l’Atlantique en secret pour aller voir un concert en le cachant de sa famille et son ex, oui, ça se fait tout le temps. Mais en ce cas, il faut être de retour à temps pour aller chercher sa fille à l’école comme si rien ne s’est passé.

C’est donc comment elle a commencé son expatriation chez moi en se mariant avec le guitariste Stephen Stills, le plus gros con de tous les temps. Véronique Sanson a fait ça pour lui, pourtant il n’a pas fait son tout pour la garder. Con. Pendant les 5 prochaines années, elle vit au Colorado et sort 5 albums, à partir du Maudit, dont la chanson du titre ainsi que On m’attend là-bas expriment ses pensées à propos du malchanceux M. Berger :

Pendant cette période américaine, elle produit de nombreuses chansons en anglais qui montrent un niveau complètement indiscernable d’une native. « When We’re Together », une chanson qui parle clairement de Berger, pourrait se faire passer pour Carly Simon. Je n’aurais aucune idée que la chanteuse est française si on ne me l’avait pas déjà dit :

Pour être clair, ce ne sont pas mes chansons préférées de sa part. Mais cette partie de son œuvre me montre que ses compétences en tant que chanteuse en français doivent être à la hauteur que je pensais. Si elle a ce niveau de talent dans une deuxième langue, elle doit être également bonne dans sa première.

En 1981, elle enregistre l’album « Laisse-la vivre », son dernier aux États-Unis mais tout en français. Elle l’a toujours, mais l’espace entre ses albums deviendra de plus en plus long.

En 1988, elle sort l’album « Moi le venin », où Michel Berger retourne pour l’aider à produire la chanson « Allah », ce qui fera des problèmes pour elle après l’affaire Rushdie. Je n’y crois pas — non, pas la chanson sur Allah, que Michel Berger travaillerait à nouveau avec elle. Puis elle m’offre le choix de sauter d’un pont, et tout à coup, je suis prêt à croire à quel qu’elle en veuille.

En 1992, elle est de retour avec « Sans regrets », un album plutôt trop électrique pour mes goûts car les guitares interfèrent trop avec la voix. « Rien que de l’eau » en est typique. Je préfère de loin la chanson du titre :

En 1998, elle enregistre l’album « Indestructible », dont la chanson « Je me suis tellement manquée » est un superb retour en forme. La chanson du titre est aussi bonne. Pendant ce temps-là, elle montre encore son mauvais jugement en se mariant avec Pierre Palmade, duquel le truc le plus gentil que je puisse faire est de ne rien dire.

On va finir en 2004 avec son album « Longue Distance », non pas à cause d’une baisse de qualité depuis ce temps mais parce qu’elle continue de sortir plus d’œuvres dans le même style et à ce point, on sait exactement ce qu’elle est, une des plus grandes chanteuses de tous les temps dans n’importe quelle langue. La chanson du titre n’a même pas été l’un des singles de l’album, mais on l’écoute pendant 3 secondes et on sait déjà que c’est Véronique Sanson, pas personne d’autre :

Si vous ne l’avez pas déjà deviné, il n’y a qu’une note possible :

Ma note : JE PRENDS L’AVION.

En fait, à cause du titre de son tour actuel, « Hasta luego », ce qui veut dire « à plus tard » en espagnol, j’y ai sérieusement pensé. Mais je me suis fait une promesse que la fois pour Indochine serait la seule telle folie. Alors il me faudra contenter de l’intégrale et savoir qu’une belle partie du Coup de Foudre s’appelle Véronique Sanson.

Je découvre Axel Bauer

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec le dernier chanteur à apparaître sur scène pendant la première partie du spectacle, Axel Bauer. Il a rejoint Jean-Louis Aubert, Zazie et Raphaël pour jouer 3 chansons de Téléphone, ainsi qu’une reprise des Rolling Stones. Il a été aussi sur scène avec Eddy Mitchell, mais on traite chaque artiste selon leur première apparition pendant l’émission.

Ron Thal et Axel Bauer (à droite), Photo par JB Quentin, CC BY-SA 4.0

Axel Bauer est né en 1961 à Paris. Son père, Franck Bauer, a eu une carrière fait pour ce blog. Après avoir travaillé brièvement — littéralement un seul jour ! — pour l’architecte nazi Albert Speer pendant l’exposition universelle de 1937 à Paris, il s’est intégré aux Forces françaises libres en 1940. Il est devenu ensuite speaker pour une émission de Radio Londres, Les Français parlent aux français. C’est ici où on trouvait les 4 premières notes de la Symphonie Numéro 5 de Beethoven jouées comme le V du code morse, pour Victoire — exactement l’histoire racontée dans mon livre de la SGM en tant qu’enfant ! Je vous dis parfois que tout sur ce blog est lié, l’une chose à l’autre. Je le crois sincèrement.

Mais tout ça est l’histoire de son père. Revenons à nos moutons, ou à nos musiciens. Au début des années 80, notre Axel commence à travailler au Rose Bonbon, le même club où Indochine a joué son premier concert. Et Les Rita Mitsouko y jouaient aussi. Je manque de bons mots pour décrire à quel point je me sens lésé. Cependant, c’est ici où Axel Bauer reçoit son premier contrat, suivi par son premier morceau, Cargo — un début qui vend plus de 500 000 exemplaires en France :

Oh là là. Ça doit être l’une des chansons les plus années 80 que j’ai entendues — et j’adore ! Wikipédia dit que « Ce sera le premier clip français à être diffusé sur MTV, aux États-Unis. » Honnêtement, je ne m’en souviens pas — dommage, parce que j’aurais tué pour apprendre le français au lieu de l’espagnol en ce cas. (D’autre part, on ne se connaîtrait probablement pas — j’ai des sentiments mitigés sur ce sujet.)

En 1988, il sort sont premier album, Les Nouveaux Seigneurs. Je suis arrivé à trouver deux morceaux de l’album, celui du titre, ainsi que Jessy :

Cet album n’est pas une grande réussite et il quitte son éditeur, EMI. Perso, j’aime bien ce clip, mais j’avoue que c’est plus de la même chose (ce qui ne me dérange pas !).

Son deuxième album, Sentinelles, sort en 1990, et il se retrouve encore une fois aux hauts de la musique française — le morceau « Éteins la lumière » est classé #18. C’est clairement toujours lui, mais les synthétiseurs hyper-années 80 ont disparu. Le résultat marche très bien :

Ça fera des années avant son prochain album, Simple Mortel, en 1998. Je dois vous dire, son compte officiel sur YouTube a fait des efforts pour supprimer cet album du web — tous les liens aux clips officiels sortis par le compte lui-même ne sont plus disponibles. J’ai lu que l’album n’était pas bien accueilli à l’époque, mais je ne le comprends pas — j’ai écouté l’instrumental 00 Zen dans cette version live, et je l’ai beaucoup aimé !

Franchement, une des choses qui me manque le plus avec mon abandon de la musique américaine, c’est les instrumentaux. On en trouve beaucoup dans ma collection d’antan, mais très peu dans mes albums français.

En 2001, il écrit et joue de la guitare sur « J’ai rêvé de nous » pour Johnny, une réussite complète. Son prochain effort pour lui-même est l’album « Personne n’est parfait » ([Pas d’accord. Moi voilà — Mon ex]), sorti en 2002. C’est moins « métal » que mes goûts typiques, et si on remplaçait les paroles par leur traduction anglaise, je le sauterais probablement. Pourtant, j’aime très bien le morceau du titre :

Sur le même album, on trouve une collaboration avec Zazie, À ma place, #4 en France et « Chanson francophone de l’année » aux NRJ Music Awards. Je l’aime moins que ça, mais j’ai dû souffrir avec « Hot in Herre » (erreur d’orthographe dans le titre original). En fait, des 100 chansons les plus populaires aux États-Unis en 2002, je n’en aime même pas une. Tout est relatif. En plus, c’était l’année de La Catastrophe.

En 2006, il a sorti « Bad Cowboy », un autre album qui n’a pas connu beaucoup de succès. Honnêtement ? Je ne le comprends pas — j’aime beaucoup le morceau du titre :

En 2013, il est de retour avec « Peaux de serpent », album plus proche au son de Personne n’est parfait. J’aime bien le morceau Rien ne s’oublie :

J’ai aussi aimé « Elle est SM » du même album, mais même après avoir lu les paroles, il faut que j’avoue que je ne comprenne ce qui veut dire SM.

On finit avec son album le plus récent, Radio Londres, de 2022, ce qui nous ramène à son père. « Ici Londres » contient plusieurs extraits de ses diffusions pour la BBC, et les paroles ressemblent aux messages codés qui faisaient souvent partie des émissions à l’époque :

En général, j’aime aussi cet album. L’Homme qui court et C’est malin — ce dernier sur le cancer qu’il a survécu — sont excellents.

Que dire pour en conclure ? C’est rare de trouver quelqu’un où j’aime tout ce que j’écoute, mais vous aurez remarqué qu’il n’y a même pas eu une fois où j’ai dit que je n’ai pas aimé quelque chose le long de l’article. Son style est plus « pop » que moi, mais vous pouvez vous rassurer que ma note finale fera absolument partie de ma prochaine commande chez la FNAC.

Ma note : j’achète l’intégrale.

Je découvre Raphaël

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un autre musicien qui était sur scène avec Zazie et Jean-Louis Aubert pour commencer le spectacle, Raphaël. (Félicitations à tous ceux qui viennent de dire « Alors, Axel Bauer sera sur le blog la semaine prochaine ».)

Raphaël en concert, Photo par Guy Delsaut, CC BY-SA 4.0

Raphaël, de son vrai nom Raphaël Haroche, est né en novembre 1975 à Paris, donc il a un an de plus que moi. Le fils de deux avocats, il a échappé à son destin tragique de finir dans un bol de guacamole — désolé, vous allez souffrir avec cette blague nulle sur les deux significations d’avocat tant que je suis ici. Non, mais sérieusement, il a poursuivi des études de droit, et en écrivant ce billet, je viens de me rendre compte que je suis passé par sa fac deux fois en visitant le Panthéon.

Mais en même temps, il poursuivait une carrière de musicien, et en 2000, il a sorti son premier album, Hôtel de l’univers. Cet album a vendu environ 65 000 exemplaires. Avec son premier single, « Ça nous aurait suffi », il se montre compétent, mais je n’entends rien de spécial ; même chose avec le morceau du titre :

Son prochain album, La Réalité, sorti en 2003, met en vedette une collaboration avec Jean-Louis Aubert. Le clip est du bon travail, et l’album a connu plus de succès que son prédécesseur :

Mais c’est avec son troisième album en 2006, Caravane, où il devient star. La chanson du titre atteint le classement de #4 en France :

Ici, je dois vous dire très franchement que je ne l’entends pas du tout. Cette chanson pourrait être Big Yellow Taxi de Comptant les Corbeaux Counting Crows. J’ai écrit de nombreuses fois avant ce projet de chansons françaises qui ne sont que des copies de trucs anglophones (tousse tousse, Ringo et Marie Laforêt, tousse tousse). Ce n’est pas une copie de cette façon, mais c’est de même style — et je n’ai jamais aimé ce genre de musique ni de musicien en anglais ! Le secret le moins caché du blog est que j’aime les trucs franchouillards qui ne me rappellent rien d’autre. Il m’étonne que mon dictionnaire Oxford dit que ce grand compliment est un mot péjoratif ! Les britanniques le diraient, n’est-ce pas ?

J’ai essayé avec d’autres chansons du même album. Schengen et Et dans 150 ans m’ont dit que peut-être que la bonne comparaison est Messrs James Blunt et Bob Dylan, mais ils font tous partie du même style. Pourtant, il faut dire que cet album vous a bien plu — 3 Victoires de la musique et NRJ artiste masculin francophone de l’année pour Raphaël.

En 2008, il sort son quatrième album, #1 en France, Je sais que la Terre est plate. Encore une fois, j’ai écouté le morceau du titre :

Le style a un peu changé. Maintenant il veut apparemment emprunter le son au 4e niveau du jeu vidéo Gumshoe. J’ai aussi écouté Le vent de l’hiver, moins dissonante, ainsi qu’Adieu Haïti, une chanson aux rythmes Caraïbes, mais rien n’était pour moi.

À ce point, étant assez évident que je n’allais pas changer d’avis, j’ai sauté jusqu’à son album le plus récent, Haute fidélité. Cette fois, c’est un album plein de collaborations avec d’autres artistes. J’ai bien aimé Le Train du soir, un duo avec Pomme :

La jetée, collaboration avec Arthur Teboul, était aussi intéressant. J’ai moins aimé Norma Jean, apparemment un hommage au chanteur Christophe. Il me semble que j’aime Raphaël assez bien quand il ne joue pas seul ; pourtant, c’est la grande majorité de son œuvre.

Je veux souligner que le problème ici n’est pas un manque de talent. Je trouve sa voix agréable, bien qu’il me rappelle beaucoup de chanteurs anglophones où ce n’est pas le cas. J’ai bien aimé son tour sur le plateau de Taratata, et ça compte aussi. C’est juste qu’il a choisi de poursuivre certaines tendances que je n’aime pas.

Ma note : j’irais au concert si vous aviez une place de trop. Et oui, je payerais le dîner.

Je découvre Jean-Louis Aubert

On continue le Projet 30 Ans de Taratata avec un autre musicien sur scène pour les quatre premières chansons du spectacle, Jean-Louis Aubert. Sauf pour la dernière des quatre, une reprise de « Satisfaction » des Rolling Stones, toute cette musique a été écrite par lui et son ancien groupe, Téléphone. En résultat, en écrivant cet article, je me concentre largement sur la musique de Téléphone.

Jean-Louis Aubert, Photo par Thesupermat, CC BY-SA 4.0

Il y a des fois où on est assez chanceux de tomber amoureux de quelque chose au premier regard. (Il y a toute une série autour de ça, mais il me semble que ça pousse le bouchon trop loin !). Et c’est exactement ce qui m’est arrivé à partir d’écouter « Un Autre Monde », par hasard la dernière chanson du dernier disque de Téléphone, mais le début du spectacle. On y reviendra.

Téléphone a été actif de 1976 à 1986. Leur premier album, aussi intitulé Téléphone, est sorti en 1977 ; 30 ans plus tard, Rolling Stone le nommerait le 30e meilleur album de rock français (voici une copie du classement). Je vois pourquoi ; la diversité de styles est étonnante. En écoutant de telles chansons qu’Anna, on aperçoit un futur qui n’arrivera mondialement que jusqu’à 6 ans plus tard. Dans ton lit est plus un produit de son temps ; The Ramones auraient pu l’enregistrer à l’époque.

Mais je suis follement amoureux d’une autre chanson de l’album, Hygiaphone, tout simplement la meilleure chanson du rock anéricain des années 60 que j’ai écoutée. Qu’elle vienne d’un groupe français dix ans plus tard n’est pas choquant ; la meilleure chanson de rock américaine des années 50 que je connaisse a été écrite en 1999 par le groupe polonais Elektrcyzne Gitary.

Leur deuxième album, Crache ton venin, a vendu plus d’exemplaires, mais je l’aime moins. La bombe humaine est le tube de l’album, et le style me rappelle ce qui faisait d’autres groupes dits « progressive rock » à l’époque — et ça, c’est mon genre préféré en anglais. Mais tous les cris ne font pas du bien à mes oreilles. Tu vas me manquer, plus genre Rolling Stones, je l’aime mieux — mais je note que M. Aubert ne l’a pas écrite lui-même.

La suite, Au cœur de la nuit, est censé être le 13e meilleur album français, encore une fois selon Rolling Stone. Je ne sais pas. Le classement en question a été publié en 2010, dans un monde où existait déjà The No Comprendo (l’album le plus parfait de tous les temps dans n’importe quelle langue, selon moi — Rolling Stone a dit #7), et aussi le premier album de Téléphone, à ne pas mentionner toutes les carrières de Johnny, de J-J Goldman, de Françoise Hardy…c’est-à-dire que j’ai écouté le morceau du titre, et je l’ai aimé, mais pas à ce point :

J’ai aussi écouté Laisse tomber et Argent trop cher — ce dernier avec un clip hallucinant et un motif qui m’a rappelé « Sharp-Dressed Man » de ZZ Top — et je garde le même avis. De bon travail, mais surestimé.

Au fait, Wikipédia nous dit « Si certaines chansons évoquent la drogue, la bassiste Corine Marienneau a mis en place certaines règles pendant les heures de travail : pendant les enregistrements, les drogues et les groupies sont interdites. » J’imagine qu’il devait être dur, être la seule femme dans une telle situation.

Dure limite, leur quatrième album, est #3 en français selon Rolling Stone. Je suis certainement d’accord que c’est mieux qu’Au cœur de la nuit. Ça (C’est vraiment toi) a fait partie du spectacle de Taratata, et la foule l’a a-do-ré. Moi aussi ! (Une forte réaction de votre part suffit souvent de me faire étudier quelque chose si je ne suis pas d’accord dès le départ. Pas besoin cette fois.)

La carrière de Téléphone a atteint sa fin avec Un autre monde. J’adore cet album. La chanson du titre et « New York avec toi » — une autre où la réaction de la foule m’a bouleversé — sont parfaites.

Malheureusement, le groupe en a eu marre, les uns des autres, et c’était la fin. En 2015, le groupe s’est réuni sans Mme Marienneau pour une tournée. Je crois que j’ai bien compris cette situation.

Jean-Louis Aubert a, depuis ce temps, une carrière seule, parfois à côté du musicien Raphaël, qui l’a rejoint pour Taratata, ainsi qu’Axel Bauer, aussi vu en haut. J’ai écouté Attentat, avec Bauer, et ce n’était pas mal, et Demain sera parfait, un tube de 2010 ; cependant, c’est comme la popularité de Paul McCartney après The Beatles. Son travail ne frappe plus de même façon.

Mais pendant dix ans, quels hauts !

Ma note : j’achète l’intégrale (au moins, la prochaine fois où je passe une commande sur le site de la FNAC).

Je découvre Zazie

On commence le premier billet du Projet 30 Ans de Taratata avec la première performance du spectacle, par Zazie, Jean-Louis Aubert, Raphaël, et Axel Bauer. C’était la toute première fois où j’ai écouté n’importe quel des trois premiers (un ami est grand fan d’Axel Bauer), mais j’étais tout de suite accro :

Bien que 3 des 4 chansons de leur apparition sur scène sont à Téléphone, l’ancien groupe de M. Aubert, on parlera de Zazie cette fois.

Zazie est le nom de scène d’Isabelle Marie Anne de Truchis de Varennes, née à Boulogne-Billancourt. Jai donc au moins l’excuse de ne pas avoir atteint les Hauts-de-Seine dans le Tour pour expliquer le fait qu’elle n’est pas apparue ici avant.

Zazie, Photo par Guy Delsaut, CC BY-SA 4.0

Elle prend son surnom du roman Zazie dans le métro de Raymond Queneau, un livre bizarre qui tourne autour de la question de ce que ladite Zazie prendra le métro parisien ou pas. J’ai eu du mal à trouver le rapport avec l’héroïne du roman et la chanteuse, mais elle portait ce surnom bien avant le début de sa carrière musicale en 1992.

Et c’était un début inhabituel. J’ai lu quelque part, il y a longtemps, que si l’on ne se lance pas dans ce monde avant ses 19 ans, il est très peu probable que ça aille arriver. Mais Zazie a eu une carrière de mannequin pendant dix ans avant son premier contrat à ses 27 ans. La France l’a donc découverte en tant que chanteuse avec son premier tube, Sucré salé :

Je suis un peu surpris que cette chanson a connue un succès parmi les top 50. Elle n’était pas mauvaise, mais la musique vient directement des années 70, et pour être franc, elle ne montre pas de capacités exceptionnelles ici. Tout le monde ne peut pas se présenter comme Catherine Ringer à première vue, où il fallait laisser tout tomber et écouter,

Quelques ans plus tard, elle a connu encore plus de succès avec l’album Zen. J’ai écouté tous les singles de l’album et ce n’est pas tout à mes goûts — « Un point c’est toi » sonne exactement comme son premier album — mais avec le morceau qui partage le nom de l’album, elle montre clairement plus de talent. Ainsi que des grimaces…coquines ?… envers un troupeau de…vaches ? Je suis perplexe :

Avec la célébrité qui se produit par cet album, elle devient collaboratrice de nombreux autres artistes dont Pascal Obispo, que j’adore depuis longtemps (comme si 3 ans est si longtemps !). Ici, elle se montre très compétente :

À ce point, Zazie écrit grosso modo toutes ses propres chansons, dont les paroles et la musique. Avec son troisième album, je reste moins que convaincu par ses mélodies, mais il faut dire qu’elle est bel et bien arrivée en tant que chanteuse. Le chuchotement ne fait plus grande partie de sa technique, une étape importante. Attention, ce clip est plus sexy et plus violent que d’hab ici :

Mais je dois avouer, elle a un avantage chez moi en chantant en français. Il y a pas mal de chanteuses avec des styles similaires en anglais, et aucune ne fait partie de ma collection. Du même époque, 2001, on trouve une réussite, #1 en France, Rue de la Paix, qui renforce mon avis — très agréable, mais je ne l’achèterais pas.

En 2007, Zazie sort son sixième album, Totem, avec le morceau #7 en France, « Je suis un homme ». J’étais bien surpris à apprendre que ça n’a rien à voir avec la tendance aux États-Unis, étant plutôt sur toutes les bonnes choses que l’Homme en majuscule fait au monde :

Je dirais qu’avec 15 ans d’expérience, sa voix continue de s’améliorer, quelque chose d’inhabituel. Je n’étais pas du tout prêt à suivre son 7e album, un projet qui comprend 42 chansons sur 7 disques, mais l’effort lui-même montre de vraie croissance en tant qu’artiste, de prendre un tel risque.

J’ai des avis mitigés sur son huitième album, sorti en 2013, Cyclo. Le morceau « Mobile homme » (un calembour nul en anglais, et selon mon dictionnaire bilingue, en français aussi) est beaucoup trop électronique pour mes goûts, mais « Les contraires » montre encore que sa voix a bien développé :

Son album le plus récent, Aile-P (autre calembour nul avec l’anglais pour « au secours ») provoque aussi des avis mitigés. « Là où je vais » est encore trop électronique pour moi. En revanche, « C’est con, c’est quand » est exactement ce dont j’ai envie d’entendre chez elle — pas cachée derrière des machines, elle montre sa gamme de sentiments et capacités vocales.

Alors que penser de Zazie ? Elle a montré peut-être son plus grand talent sur scène, où elle avait vraiment le sens du spectacle. Son œuvre n’est pas complètement à mes goûts, mais en tant qu’une partie de la tradition de chanson française, elle est certainement la bienvenue sur ce blog.

Avec ça, je vous présente mon échelle de notes pour cette exercice : je change de chaîne, j’irais au concert si vous avez une place de trop, j’achète l’intégrale, et JE PRENDS L’AVION. Évidemment, seulement un groupe a mérité la dernière note à ce point. Mais il y a une 5e note, réservée à un artiste. Dans quelle direction ? Qui ? À vous de suivre cette série !

Ma note : J’irais au concert si vous avez une place de trop.

Le Projet 30 Ans de Taratata

Je laisse parfois des pépites qui passent sans se faire remarquer, comme celle-ci dans le bilan de 2023 :

Et je suis ravi de vous dire que cet épisode de Taratata a inspiré quelque chose de nouveau qui se lancera pendant la première semaine de la nouvelle année. Vous allez l’adorer !

Mais nous voilà. Aujourd’hui je dévoile le premier de plusieurs projets qui seront le futur du blog — car avouez-le, vous aussi, vous pouvez voir la fin du Tour d’ici. Le reste suivront tout le long de l’année. Ce projet m’est venu dans l’esprit avec mon enregistrement de l’épisode des 30 ans en boucle. Évidemment, il ne faisait pas partie de mes plans avant début novembre, mais il répond à de vrais besoins de ma part.

Pour une chose, comme je vous l’ai dit, il n’y a plus de cours de musique chez l’Alliance française ici, alors je manque d’une source de nouvelles recommandations. Autre chose, malgré mes efforts avec NRJ et RTL, je ne peux pas supporter écouter de la musique à la radio. Il vous étonnera, mais je n’ai jamais, même pas une fois, écouté de la musique à la radio exprès en anglais en tant qu’adulte. J’explique :

Je n’ai jamais aimé l’expérience de la radio. Mettez à côté les chaînes nostalgiques des années 60, les instruments de torture de mes parents quand j’étais petit. Que l’on ne puisse pas choisir la musique, pas de problème. Qu’ils choisissent toujours d’une toute petite liste plein de gens qui ne m’intéressent pas, c’est un gros problème. Que ces listes comprennent de plus en plus des rappeurs, qui disent un mot que l’on n’est pas censé dire ainsi que des choses horribles à propos des femmes, c’est inacceptable. Aux États-Unis, au-delà des chaînes qui ne jouent que du jazz ou de la musique classique, bonne chance pour trouver une chaîne qui joue de la musique populaire mais exclut le rap et le R&B tout court. (Pour ces buts, Beyoncé et Rihanna sont aussi offensives que M. 50 Centimes, connu chez vous sous le nom de 50 Cent.)

J’avais espéré que la radio française serait mieux à cet égard. Et il y a un sens où elle l’est. Je peux écouter ceci sur l’appli de NRJ :

Mais ça comprend des trucs comme Tayc ou Philippine Lavrey et Benson Boone et je ne veux ni des trucs qui sentent le R&B américain ni des « nouveautés françaises » chantées à moitié par un américain ! Pire, il y en a beaucoup plus comme ça :

C’est mon tableau que j’appelle simplement « Le Cauchemar ».

Mais ces chaînes de streaming sont quand même mieux que mes essais de la radio en live. La toute première émission que j’ai découverte en 2020 était Manu dans le 6/10. J’aime assez bien Manu et son équipe. Cependant, son idée de la musique est de jouer exactement ce que l’on a à la radio chez moi. C’est nul, ça. Je vous cherchais toute ma vie, sans le savoir, pour m’échapper de Britney Spears et tous les mauvais Justin (Timberlake et Bieber). Vous ne comprendrez jamais à quel point je pensais à utiliser le français en tant que raison de changer mon prénom, afin de mettre un terme à mon « lien » avec ces deux derniers.

Alors, le format. On va passer le long de l’émission du début jusqu’à la fin, et à chaque fois, j’écrirai sur chacun des chanteurs à son tour, de Zazie et Téléphone jusqu’à Shaka Ponk. Ça comprendra les artistes originaux pour les reprises : Joe Dassin, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, etc. Je sauterai par-dessus de ceux dont j’ai déjà écrits, comme Véronique Sanson, et aussi tous les étrangers. Ça, c’est parce que je veux traiter tout le monde également, comme pour les départements, et mon article sur M. Ed Sheeran paraîtra le 32 du mois de jamais, comme on dit en anglais. Mais les rappeurs qui ont fait partie de l’émission — MC Solaar, Féfé, Oli, etc. — recevront leurs propres articles. Comme aurait dû dire Térence, j’estime que rien de français ne m’est étranger. Sauf les escargots. Et Jul.

(Au fait, il existe un moyen pour me faire goûter de l’escargot. Mais je refuse absolument de le faire tout seul dans mon appartement. À vous de deviner le secret.)

Je considère que ces trois heures du spectacle étaient la plus grande mine d’or de la chanson française que j’ai trouvée. Mais j’espère aussi que ce sera plus interactif que le Tour des Départements. En vous expliquant comment ça va aller, vous pouvez facilement trouver qui sera le prochain artiste du projet. Alors, suggérez-moi vos morceaux préférés, surtout s’ils ne sont pas les tubes les plus connus. Je suis preneur !