Archives mensuelles : septembre 2023

Capitaine Marleau

Ce soir, j’ai regardé quelque chose d’inattendu, le nouvel épisode de la série Capitaine Marleau, dit Follie’s. Je ne la connaissais pas avant, mais je suis Catherine Ringer sur plusieurs réseaux sociaux ([Gendarmes ! Il l’avoue ! Il suit des femmes ! — Mon ex]), et elle avait annoncé qu’elle apparaîtrait dans cet épisode. Bien que je ne sois pas prêt à voler autour du monde juste pour la voir — quoi ? Qui fait ce genre de truc ? Ah, oui. — je suis fan, et il me fallait absolument la regarder.

Il s’est avéré que je connaissais déjà la star, Corinne Masiero, même si j’avais oublié son nom. Du Canard enchaîné, mais aussi d’ailleurs. Disons juste qu’elle a une façon inhabituelle de faire la manif. Aussi qu’elle ne doit peut-être pas travailler trop dur pour interpréter son rôle.

(Au fait, c’est un peu dingue que je regarde tout à coup toutes ces séries policières. Ce n’est vraiment pas mon truc en anglais. Ben, rien n’est plus mon truc en anglais.)

Notre histoire se lance dans une boîte de nuit, genre travesti. (Si on veut parler d’un faux ami, « travesty » en anglais est bien ça. Mais c’est quand même emprunté au vieux français.) C’est « Madame Rosa » (Ringer) qui chante sur scène, puis il y a une effeuilleuse, Sunlight, qui la suit. (Je ne connaissais pas ce mot — parmi d’autres.)

Après, on voit la capitaine, pas habillée comme on s’attend chez les gendarmes. Elle ment à un certain Commandant Duchesne que sa voiture est en panne, mais elle suit vraiment un suspect. Ça donne vite une idée de ses méthodes et ses relations avec ses collègues. Mais il faut avouer, elle est efficace.

À la gendarmerie, elle est cherchée par une Mme Maupré, la mère de Sunlight, qui dit que sa fille est disparue, et elle veut que Marleau mène l’enquête. Je ne sais pas comment ça marche en France, mais bonne chance à exiger quel inspecteur va faire l’enquête chez moi. (J’imagine que ça n’arrive pas trop souvent en France non plus.) Ses collègues se plaignent encore une fois de ses méthodes ; voici sa réaction. Elle s’en fout.

Elle va à Follie’s, la boîte de nuit, pour parler avec Madame Rosa qui lui dit que Sunlight s’est enfuie avec 3 000 €, mais personne n’a rien dit à la police car il y a plein de monde chez eux avec des histoires douteuses. C’est plus qu’un peu incroyable.

Marleau parle à Duchesne sur l’enquête. Il veut qu’elle la laisse tomber, mais elle lui dit qu’il est corrompu, alors il va se taire. Elle n’a évidemment pas peur de lui, ce qui est dingue. Et s’il avait des complices ?

Marleau parle à l’ancien colocataire de Sunlight, et en fouillant ses recherches sur l’ordinateur, découvre qu’elle avait acheté un billet de train pour l’Ardèche. Elle avait de bon goût, mais j’ai l’impression que ce commentaire n’est pas un compliment :

Marleau fait signaler aux gendarmes là-bas de la chercher, mais ayant remarqué qu’elle avait apparemment laissé son sac de transport de chat sans que le chat reste à la maison, elle cherche le jardin. Un chat est là, décapité façon le cheval du Parrain. Mais elle fait une blague peut-être plus française :

Elle demande à sa subalterne de suivre le colocataire, qui est clairement un menteur. La subalterne le suit jusqu’à un lac, où il se comporte de façon bizarre. Les gendarmes fouillent le lac, et trouvent une voiture sous l’eau, avec un cadavre au-dedans.

Vu que c’est un téléfilm de 1 1/2 heures, et beaucoup mieux écrit que « Meurtres à » — j’ai complètement raté le coupable — je ne vais pas divulgâcher le reste du scénario. Mais on va parler brièvement de mes difficultés en le regardant.

Sans un dictionnaire, cette émission est presque aussi incompréhensible que Les Tontons Flingueurs. Mon dictionnaire Oxford, étant une appli, garde une liste de mes recherches récentes. Selon lui, j’ai recherché : énergumène, micheton, saumure, picrate, godasse, macchabée, chômedu, croque-mort, scoumoune, et baston, ainsi qu’effeuilleuse — tous marqués soit « informel » soit « argot » soit « figuratif ». Et ça, c’est juste ce que je suis arrivé à trouver ! Voici deux recherches ratées, « brouzoufs » et « balayer rose » (peut-être ne m’expliquez pas le dernier ; dans son contexte, j’ai l’impression que c’est un acte sexuel, donc pas la matière de ce blog) :

Je vous rassure que je ne l’ai pas abandonné — pour autant que je trouve le personnage de Marleau grossier, et les dialogues difficiles, le scénario est très bien écrit. En lisant Wikipédia, je vois que la série attire beaucoup de stars, alors je regarderai probablement plus d’épisodes.

Vous aurez remarqué que je n’ai guère parlé de Mme Ringer. Tout ce qu’il faut dire, c’est qu’elle ne passe pas trop de temps sur scène, mais l’épisode finit avec une performance d’une chanson digne de sa carrière. Il valait le coup de tout regarder juste pour ce moment.

Soirée de jeux

Ce soir, j’ai assisté à une soirée de jeux d’ambiance avec l’OCA. Certaines personnes m’étaient déjà familières ; d’autres, toutes inconnues. Comme d’habitude avec leurs événements, je n’ai pas pris de photos. Mais oh là là, quelle aventure juste pour y arriver.

J’avais dit à la hôtesse que j’apporterais des macarons. Naturellement, après la réussite de la semaine dernière, je voulais refaire les macarons crème brûlée. Quelle boulette ! Jeudi soir, j’ai préparé la ganache avec du chocolat blanc Ghirardelli — une erreur — puis je me suis lancé dans les coques. Je ne vais même pas vous montrer les deux premiers lots ratés — la pâte était si molle qu’elle est trop vite tombée de la poche à douille — inutilisable. Voici mon troisième lot :

Non, je ne comprends pas comment je les ai ratées à ce point. Ma théorie est qu’il faisait trop chaud dans mon appartement, donc trop humide dans le four, mais ça n’explique pas les deux premiers lots. Alors, j’ai refait la pâte une quatrième fois avec de la meringue française, comme d’habitude. Mes coques à la vanille étaient une réussite complète. Les autres…pas autant. Voici quelques exemples du produit final :

Reconnaîtrez que ce sont les meilleurs exemples des coques jaunes. Elles avaient toutes des bulles. Je n’ai pas oublié comment faire les coques, mais quelque chose n’est pas allé. Mais la pire chose — vous voyez cette ganache ? Moooooooolle. Je dois vous dire — n’utilisez que du chocolat Valrhona avec cette recette. Peut-être que l’on peut en faire une bonne avec le chocolat Ghirardelli, ou un autre, mais pas avec les mêmes proportions. Et j’ai vu les résultats. J’ai apporté 3 douzaines à l’événement ; je suis revenu (je ne veux plus dire « rentrer ») avec 21. Pourtant, il y avait 12 personnes. Je sais. On les a goûtés, et ne les a pas trouvés à la hauteur.

Au-delà des macarons, j’ai rencontré un autre problème. On a joué à trois jeux différents. Deux des trois exigeaient un grand vocabulaire pour réussir vraiment. La hôtesse s’inquiétait un peu trop évidemment pour moi, et a dit à plusieurs fois que peut-être que quelque chose sera trop difficile. Je me sentais coupable. Il m’est important dans toutes les situations de ne pas être le fardeau qui pèse sur les autres. C’est moi qui voulais les rejoindre et donc ma responsabilité. En fait, je crois que les jeux se sont plutôt bien passés pour moi, mieux que ce à quoi on attendait.

On a joué à deux jeux qui viennent des États-Unis, et un que l’on ne trouve qu’en France. Le premier jeu de la soirée était « Telestrations« , où tout le monde reçoit un carnet avec une douzaine de pages, toutes des tableaux blancs. On écrit un mot sur la première page, et passe le carnet à la prochaine personne, qui doit le dessiner sur la deuxième page. Cette personne passe le carnet à une troisième personne, qui écrit sur la troisième page ce qu’elle pense est le bon mot vu le dessin de la deuxième page. Ça continue autour de la table. Vous avez l’idée. Je ne peux même pas un peu dessiner, mais j’en ai quand même profité.

Le prochain jeu, Mot Pour Mot, vient de la France. On fait deux équipes qui prennent des tours pour deviner un mot. Je laisse le vendeur l’expliquer :

À votre tour, trouvez vite un mot correspondant à la catégorie imposée puis déplacez chacune de ses lettres vers vous. La première équipe à capturer 6 lettres en les extirpant du plateau l’emporte!

J’ai contribué « montgolfière » à mon équipe. Peut-être pas trop inutile !

La dernière chose était « Good Luck » (Bonne chance en français). Ici, chaque personne écrits trois noms, que ce soient propres ou communs. On forme des équipes. Pendant la premier tour, on doit choisir un nom d’un chapeau, et faut le faire deviner à son équipe. La prochaine fois — toujours avec les mêmes mots — il faut les faire deviner à votre équipe en mimant. (Beaucoup plus simple si on se souvient des mois du 1er tour. La 3e fois, par moyen de dire un seul mot aux membres de son équipe. Encore une fois, il vaut la peine d’avoir fait attention pendant le 1er tour.

Avec ce dernier jeu, ils m’ont battu. Parmi les mots que je connaissais pas : pattemouille, jeannette, et salopette. Honnêtement, je n’entend que « Pat’Patrouille » avec le premier. J’avoue, la hôtesse avait raison ici.

Je ne sais pas ce que je fasse prochainement. Je ne suis pas le seul membre qui n’est pas né francophone, mais aux plus petits événements, c’est le cas. J’espérais que la pâtisserie mettrait les autres plus à l’aise avec moi, mais j’ai toujours l’impression que je n’ai toujours pas trouvé la bonne entrée.

L’expérience vaut quoi exactement ?

J’ai un ami que je connais depuis mon tout premier jour à la fac. Ça fait donc 29 ans que l’on se connaît. Il a immigré aux États-Unis quand il avait 12 ans. Une autre fois, peut-être que je vous raconterai plus de son histoire. Pour l’instant, disons juste qu’il a bien réussi sa vie ici, exactement ce que l’on appelle « the American Dream ». Mais de plus en plus, nous ne sommes plus d’accord sur quelque chose. Et cette chose est un peu le cœur de ce blog.

Ayant assisté à la même fac, et suivi de nombreux cours scientifiques, nous parlons la même langue quant à la chimie. Mais moi, je cuisine depuis la fac, et lui…il vient de préparer des pâtes pour la première fois il y a des mois. (Je ne plaisante même pas un peu ; il a lu un article sur le plat italien dit « cacio e pepe » et décidé que c’était assez simple pour préparer à la maison.) Le manque d’expérience ne l’empêche pas d’avoir des avis forts. Je essayerai de présenter ses avis de manière neutre.

L’année dernière, il a lu un article en anglais qui parle de cette polémique en Italie, provoqué par un scientifique, Giorgio Parisi — gagnant du prix Nobel en physique — qui a décidé qu’il sait mieux que le reste du pays faire cuire les pâtes. Il dit qu’on devrait plonger les pâtes dans l’eau bouillante puis couper le feu après deux minutes et couvrir la casserole. Ça fera des économies d’énergie et produira — selon lui — les mêmes résultats.

Pâtes, Photo par VinRock80, CC BY-SA 4.0

J’hésite à dire à un italien de naissance qu’il ne sait pas cuire des pâtes, mais je suis loin d’être le seul avec une réaction allergique. Un chef étoilé, Antonello Colonna, est cité dans le même article pour dire « Les spaghettis deviennent caoutchouteux quand le feu est éteint, la cuisson à froid est meilleure ».

J’ai peur de prononcer « caoutchouteux ».

Il faut reconnaître que ce débat a eu lieu au moment où l’expression « sobriété énergétique » était partout. Et franchement, s’il disait juste « Ça produira des résultats acceptables » plutôt que « C’est la même chose », je n’aurais pas de problème. Mais mon ami l’a entendu et décidé « Voilà, c’est la science, car c’est la même énergie dans le système. » Mais si on veut parler de la science, il y a trop de suppositions non-justifiées. Que la casserole est assez lourde pour ne pas perdre trop vite la chaleur, que les pâtes ont toutes besoin du même temps de cuisson, que les surfaces de cuisson refroidissent au même rythme — on ne peut pas du tout donner une règle telle que « couper le feu après deux minutes » qui couvre tous les cas !

Mon ex croyait que j’étais fou avec le micro-ondes, qu’il n’y avait aucune raison pour varier la puissance, juste le temps. « C’est la même quantité d’énergie » était l’argument chez elle aussi. Alors, faites fondre du chocolat noir et du chocolat blanc à puissance maximum pendant le même temps, puis dites-moi si les mêmes résultats se produisent. (Indice : le chocolat blanc sera brûlé.) Il faut savoir qu’il y a des différences, que le manque de solides de cacao veut dire un point de fusion plus bas.

Pour revenir vers mon ami, il dit maintenant que si on peut reproduire à la maison ce qui fait un resto, que le prix du resto n’est pas justifié. Je ne suis pas ici pour défendre toute et n’importe quelle augmentation de nos jours. Mais j’ai essayé de lui expliquer quelque chose, non pas pour la première fois. Quand j’ai commencé à faire des pâtes à la maison — feuilletée, à brioche, quelle que ce soit — je n’avais pas la moindre idée de ce que je faisais. Il faut les toucher, les travailler, voir la relation entre la pâte et ce qui sort du four pour comprendre vraiment si la pâte est bonne ou s’il faut l’ajuster. Ce que l’on ne peut pas faire est sortir une enveloppe, faire quelques calculs sur le dos avec plein d’hypothèses non-testées, et s’attendre à de bons résultats.

« Je prêche à la chorale », comme on dit en anglais. Les Français fêtent l’expérience tous les jours avec les CAP et les prix MOF. Mais vous avez aussi vu mes échecs, les macarons (regardez tout en bas), les gâteaux, et les cookies ratés. Peut-être qu’il faut avoir de l’expérience pour comprendre vraiment qu’il faut avoir de l’expérience.

La règle de d’Alembert

On retourne vers les découvertes françaises avec un œuvre du mathématicien Jean d’Alembert, sa célèbre règle pour les séries. Ceci est loin d’être son travail le plus important, mais il n’y aura jamais de maths trop compliqués sur ce blog. Je ne veux pas perdre de temps en typographie pour les équations aux dérivées partielles non plus. Or, elle reste une avancée importante dans l’analyse numérique. Je suis ici l’exposition de Wikipedia en anglais car : 1) celle en français n’est pas suffisante, et 2) je suis trop paresseux pour inventer mes propres exemples.

Quelle est une série ? ([Quelque chose que vous regardez chaque semaine sur TF1 ? — M. Descarottes]) Pour une fois, notre ami a tort. C’est une séquence de numéros que l’on peut exprimer par une formule, et d’habitude on veut connaître soit la somme soit le produit. Ici, on parle seulement des sommes. Voici un exemple :

Comment lire cette série ? Ici, la variable n va de 1 jusqu’à l’infini, comme ça :

Un fait bien connu chez les mathématiciens est que ceux qui étudient l’infini deviennent souvent fous, comme Georg Cantor ou Kurt Gödel (deux de mes héros, au fait). Moins connu est qu’acheter de la vanille accélère le processus. De toute façon, pour chacun de ces nombres, on calcule la valeur de la formule. Pour nos buts, e = 2.71828 ; c’est un numéro très important dans les maths. Alors pour n égale de 1 à 3, c’est :

Ce n’est pas une grande somme, et on peut voir que les numéros en bas augmentent vite. (C’est bien connu que en va a l’infini.) Alors, on peut soupçonner que cette somme n’est pas infinie. Mais en tant que mathématiciens, on veut le prouver. C’est ici où la règle de d’Alembert s’applique. Il a reconnu qu’il y a une relation entre les termes au-delà de la formule.

Brièvement, si chaque terme est plus grosse que son prédécesseur, la somme grandira sans limite. Si chacune est plus petite que son prédécesseur, il y aura une limite, et la somme ne sera pas infinie. Dit autrement, si on divise chaque terme par son prédécesseur, et le quotient est moins que 1, la série « converge » — elle a une valeur finie. Si le quotient est plus que 1, la série « diverge grossièrement » — la valeur est infinie. Si le quotient est exactement 1, il faudra attendre la naissance d’Augustin Cauchy pour en parler plus.

On peut exprimer ça en ce qui concerne notre exemple en tant que formule :

Alors, on sait que la somme converge. La règle de d’Alembert ne nous dit pas quelle est la somme finale, simplement que ça existe. Je vous dirai tout simplement que le résultat final est environ 0,921.

Peut-être que ça vous semble un truc plutôt évident — si la formule baisse à chaque fois, elle ne pousse pas à l’infini ; sinon, elle pousse sans limite. Mais pour l’analyse, il ne suffit pas de dire « c’est évident » ; il faut être rigoureux. Et on ne trouve pas ce résultat chez les grecs, ni les romains, ni les allemands non plus. (Le suisse Euler l’a probablement découvert en dormant et l’a cru trop évident pour écrire, mais il était le plus grand mathématicien de l’Histoire.) Il fallait attendre Jean d’Alembert.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Rendez-vous avec moi-même

Vu que j’ai toujours Les Rita Mitsouko dans l’esprit, notre gros-titre du jour vient d’une de leurs chansons. Cette fois, on parle de l’un des sujets les plus difficiles dans toute la Langue de Molière, les pronoms réfléchis.

L’idée elle-même n’est pas difficile. Il y a des mots comme ça en anglais. Moi-même, toi-même, elle-même ont tous des traductions exactes — « myself », « yourself », « herself ». Il serait bien étrange de trouver une langue qui ne pouvait pas les exprimer. Alors il n’y a rien d’étonnant ou bizarre à dire pour un anglophone :

Je m’habille.

I get dressed./I dress myself.

Mais certaines traductions sont plus naturelles que d’autres :

Je me promène le long du lac.

I walk along the lake.

On ne voit pas de « -self » en anglais ici. Il y a certains contextes où on choisirait un pronom réfléchi pour aller avec un tel verbe, mais ils ont l’air archaïque :

Je me suis promené chez le médecin.

I walked myself to the doctor’s office.

Mais ça suggère que c’était un effort, que ce soit à cause d’une maladie soit une blessure. « Walk » dans notre exemple peut prendre un objet direct, exactement comme en français, mais la version réfléchie est très inhabituelle :

J’ai promené le chien.

I walked the dog.

Ça, c’est commun. Alors pour moi, c’est un effort de dire « me promener », parce que « marcher » est beaucoup plus proche de l’usage typique en anglais quand on veut parler de soi-même.

Puis, il y a des fois où l’usage français est un mystère. Il n’y aucun mystère si je dis :

J’ai lutté contre lui.

I fought against him.

Pourtant en français, on peut exprimer la même idée en disant « Je me suis battu contre lui. » Et ça fait mal à la tête. Nous savons que vous comprenez très bien que le sujet ici n’a pas lancé des coups de poing vers lui-même. Vous pouvez dire exactement ça avec « lutter ». Alors, à quoi sert « se » ici ? Ça nous semble être une description d’un film des Frères Marx ou les Trois Stooges.

J’ai hâte d’ajouter qu’il y a un sens très limité en anglais où une traduction littérale de « me battre » a sens. On peut dire « I fought myself », ce que je traduirais en français comme « Je me suis battu contre moi-même » dans un sens métaphorique : je voulais vraiment faire Quelque Chose, et j’ai ga-lé-ré pour faire L’Inverse.

Puis il y a des fois où il nous faut tout simplement hausser les épaules en soupirant « Faites comme vous voulez ». Il n’y a pas de meilleur exemple que « se marier ». Pour nous, ce verbe, comme tous les verbes en anglais, n’est pas réfléchi en soi. On peut les rendre réfléchis avec le choix de pronom pour le sujet, mais le seul sens en ce cas où on dirait ce que « Je me suis marié » veut dire littéralement, « I married myself », c’est une maladie mentale. Cette femme s’est mariée selon nous :

Source

On se demande ce qui s’est passé quand elle a enfin trouvé le bon monsieur, la cause du divorce. Un argument à la maison où elle s’est disputée (avec elle-même) à cause de s’être trompée ? Vous voyez sûrement le problème. On n’utilise pas la forme réfléchie, et on dort sur ses deux oreilles parce que l’on ne s’est jamais soucié de telles pensées.

Au fait, la chanson « Rendez-vous avec moi-même » me pose un autre problème. La chanteuse, Catherine Ringer, a un nom qui me rappelle exactement le mot anglais pour quelqu’un responsable de faire sonner des cloches ; c’est le « ringer ». Mais on ne le prononce pas du tout selon la façon française. Dans cette interview sur Taratata, Nagui le prononce d’une façon que je ne peux pas distinguer de « ranger ». Mais dans la chanson de laquelle on parle, Mme Ringer chante son nom en anglais avec exactement la prononciation à laquelle je m’attends. Alors malgré être fan depuis trois ans déjà, je n’ai pas la moindre idée de comment elle prononce son nom de famille.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour demander des avis quant à « quant à ».

La lettre d’amour parisienne

En 2012, j’ai rejoint un site appelé Quora. L’idée était que certains écriraient des questions et d’autres personnes — on espérait, bêtement, avec des connaissances utiles — les répondraient. Étant sur Internet, ça marchait exactement comme vous vous attendiez — des cons demandent des questions idiotes, et d’autres cons répondent de façon moitié non pertinent, moitié insultante. Puis, il y a les commentaires.

J’ai arrêté d’écrire sur Quora en anglais il y a longtemps, mais quand j’ai commencé â apprendre le français, je me suis lancé sur Quora en français. (Je suis aussi brièvement revenu sur Quora en anglais pour parler de mes expériences françaises.) Disons que ça m’a vite poussé à penser à un blog pour écrire. Quora en français est moins nul que Quora en anglais, mais on parle de petites différences. Mais de temps en temps, une question m’intéresse, et je fais l’erreur d’y répondre. Et oh là là, mais j’ai reçu une note d’enfer d’un parisien !

D’abord, la question et ce que j’ai écrit :

Source

Peut-être que vous aurez remarqué la raison pour écrire sur Quora — pendant à peu près deux semaines, cette courte réponse a autant de vues que tout ce blog en 3 ans ! Ceux qui me fréquentent reconnaissent sûrement que ce n’est qu’une plus petite version de mes pensées en revenant de mes vacances.

Bien que Quora cache les votes négatives, je sais que cette réponse était en général bien accueillie. Comment ? Parce que ça n’arrive qu’aux réponses avec de bonnes réactions :

Mais il y a des membres de l’équipe 1er degré encore plus forts que moi, et ce monsieur m’aime :

Bon, ça n’a pas trop à voir avec moi personnellement. Je suis habitué au fait qu’environ 10 % des internautes français inconnus que je rencontre me traitent comme une piñata pour décharger leurs sentiments chaleureux envers les américains. Franchement, pour autant que je ne l’aime pas, si seulement 10 % des inconnus sur Internet étaient de gros cons, on l’appellerait une réussite.

J’ai mordu à l’hameçon :

Saviez-vous qu’il y avait toujours des nobles en France ?

On lui a demandé de l’aide. La honte ! La lèse-majesté ! Comment ose-t-on le déranger quand il a un RER à prendre ? Mais j’ai pensé qu’il pouvait y avoir un rapport alors j’ai répondu à sa question. Ça a provoqué plus d’insultes :

J’en ai enfin eu assez. Ce genre de haine envers les touristes est excessif. Et à ce point, je n’avais dit rien de personnel. Ce n’était pas mon meilleur moment, mais on doit accepter combien d’insultes avant de se défendre ?

Sa dernière réponse n’est pas la chose la plus malpolie que l’on m’a écrit sur Internet, mais ça doit être proche !

Je sais mieux qu’à dire « voilà, l’attitude parisienne ». C’est faux et je me souviens bien de mon premier voyage. Mais en même temps, monsieur travaille dur pour renforcer les stéréotypes !

Saison 2, Épisode 24 — Paris vous aime

Cette dernière semaine était tout Paris, et la prochaine le sera aussi. Comme je vous ai dit hier, on est loin d’être finis avec Paris.

Or, j’avais une raison importante pour finir le dîner le plus vite possible. Ça doit rester secret pour le moment. Mais je vous dirai que vendredi le 8, je vais refaire les macarons pour un événement de l’OCA. Ce n’est pas le secret. Ils vont recevoir du chocolat Ghirardelli au lieu de Valrhona, car pour autant que je les aime, c’est pas Versailles ici.

Ce week-end, j’ai eu deux « chocs culturels » aux États-Unis à cause de la France. Le premier était samedi matin, à cause de la diffusion de la finale de la cinquième saison de Miraculous. La Fille me l’a fait regarder avec elle. ([Papy n’a pas trop fait de la résistance, vous savez ? — La Fille]) J’ai hâte de trouver l’épisode en français car il y a certaines répliques qui m’étonneraient si elles étaient des traductions littérales. L’autre chose, c’est que La Fille et moi, nous étions à la fête d’une famille persane, où j’ai écouté quelque chose de complètement inattendu. On va en parler plus tard.

Au fait, je suis en deuil pour Gabriel Agreste, le meilleur méchant de toutes les émissions pour enfants du XXIe siècle. Il y a un petit hommage à lui caché dans la balado pour cette semaine. Cet épisode de Miraculous était choquant de nombreuses façons. Miraculous continuera, on sait déjà qui sera la nouvelle méchante quand la série reviendra fin 2024, mais comment les producteurs seront à la hauteur de la 5e saison, je ne sais pas.

J’ai fait un cookie géant de Laurène pour cet épisode de Miraculous, car La Fille me l’avait demandé. J’espère que vous comprendrez le choix des couleurs :

Notre blague traite — complètement par hasard, je n’étais pas assez malin pour planifier ce jeu de mots — des paris. Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi Mon dîner parisien, le homard Thermidor, Les macarons crème brûlée de Pierre Hermé, exactement ce qui promet le titre, et C’est pas le 1er, version septembre 2023, ma revue mensuelle de mes blogs préférés.

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Bannière qui dit « C'est le 1er » avec des dessins de 3 desserts : bûche de Noël, religieuse, macaron à la framboise

C’est pas le 1er, version septembre 2023

Je continue à copier Light & Smell avec des listes de mes articles préférés au premier du mois. Ça vient d’Allez vous faire lire, mais je ne suis pas exactement ses règles. Ce mois, j’aurais pu sorti cette colonne au bon jour, mais j’avais une raison pour laquelle j’ai dû publier mon dîner parisien aussi vite. Que ça marche ou pas, je vous l’expliquerai au bon moment. Pourtant, on est loin d’être finis avec Paris.

Nouveaux à moi :

Rien. Qu’est-ce qu’il y a ?

Les habituels :

À encourager :

Rien de nouveau chez Bonheurs culinaires, Un déjeuner en Provence, L’Atelier du Phoenix, La bibliothécaire, Les souris de Paris, Planète Vegas, Une Brève Histoire d’Art, Planète Opalie, Bonheur des yeux et du palais, Je suis sur la route, Soigner l’esprit — Guérir la Terre, Grain de Sable, et Le journal des Jum’s. Laissez-leur de gentils commentaires pour les encourager à reprendre !

Les macarons crème brûlée de Pierre Hermé

Ce post marque une étape importante pour moi. Hier, je vous ai montré un aperçu de ces macarons, en mentionnant qu’elles étaient selon la recette de Pierre Hermé. Avant de continuer, jetons un œil vers les miens :

C’est la première fois où j’ai réussi une recette de Pierre Hermé avec sa meringue italienne. (Certains de mes amis ont vu plein de photos de mes échecs.) Mes macarons habituels sont toujours faits à base de meringue française. Mais le Tour exige un maximum d’authenticité. Je crois que les miens sont à la hauteur de ses boutiques.

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Mon dîner parisien

En pensant à mon dîner parisien, j’ai naturellement commencé avec le dessert. Il fallait absolument être la recette d’un grand chef, et en plus, suivie au pied de la lettre. Je vous en parlerai plus demain — C’est le 1er est reporté jusqu’au 3 — mais je vous dirai que ce sont les macarons crème brûlée du livre Macaron par Pierre Hermé. Pour aller avec, un plat à la hauteur, venu d’un chef au niveau de M. Hermé, le homard Thermidor d’Auguste Escoffier :

Mon histoire avec le homard Thermidor commence au fin du XXe siècle, pendant un voyage à San Francisco. Il y a un resto là-bas qui date de la Ruée vers l’Or, le Tadich Grill, qui est célèbre pour leur version du plat, qui date de 1880 à Paris. J’ai revisité ce resto plusieurs fois, et il reste le seul où j’ai trouvé le homard Thermidor sur la carte (aux É-U ; je ne l’ai pas cherché en France). Mais c’est la recette classique d’une légende. Allons le préparer !

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