Archives mensuelles : octobre 2024

Bannière qui dit « C'est le 1er » avec des dessins de 3 desserts : bûche de Noël, religieuse, macaron à la framboise

C’est pas le 1er, version novembre 2024

Je continue de copier Light & Smell avec des listes de mes articles préférés au premier du mois. Ça vient d’Allez vous faire lire, mais je ne suis pas exactement ses règles.

On fait ce numéro un jour à l’avance, car tout novembre est la Grande Fête du Tour. Le 1er est le 4e anniversaire du blog. Le 2 sera le bilan du dernier quart (ce qui n’est pas le dernier mot promis depuis longtemps), puis pendant tout novembre, la balado paraîtra dimanche au lieu de lundi. Toutes les 4 semaines auront leur propre thème, avec 6 billets sur chacun, et le tout finira le 30 avec les mots que je garde depuis plus de 3 ans déjà.

Nouveaux à moi :

Les habituels :

Actif ailleurs :

Mathilde’s little things continue de poster sur Instagram, dont une visite au musée du sous-marin Intrepid à Manhattan et une visite à Staten Island.

À encourager :

Rien de nouveau chez La tête dans le panier, Les papiers de Mrs. Turner, Et si Facebook disparaissait?, Bessie’s Bazaar, Les souris de Paris, Le site du Shifâ’, Planète Opalie, Je suis sur la route, Maman Lyonnaise, Un déjeuner en Provence, Bonheur des yeux et du palais, L’Atelier du Phoenix, La bibliothécaire, Planète Vegas, Grain de Sable, Bonheurs culinaires, et Le journal des Jum’s. Laissez-leur de gentils commentaires pour les encourager à reprendre !

La tarte normande

Je vous ai écouté, et franchement, en lisant l’article où je vous ai présenté mon dîner calvadosien, il m’était évident que j’avais planifié un dessert de plus, sans savoir lequel. Mais que choisir ? Il a avoir des pommes, et probablement de la liqueur Calvados en plus. Nous voilà ; voici la tarte normande.

Haute résolution en cliquant

Heureusement pour moi, octobre contient 31 jours et non pas 30, ou j’aurais des problèmes. Allons le faire !

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Présidentielle 2024

J’ai menacé d’écrire ce post il y a des semaines. Novembre n’est pas pour les hommes politiques (à moins que l’homme politique français à qui je veux parler le plus dise qu’il veut apparaître sur la balado — ceux qui se souviennent des Dessins de la Semaine sauront qui). Il n’y aura pas de prédiction ici. Je veux plutôt vous expliquer pourquoi nous sommes à ce point.

Ce qui suit n’a pas pour but de vous convaincre de changer d’avis. Mais je vais critiquer seulement une personne, parce que vous entendez seulement des critiques de l’autre personne dans la presse française. Vous connaissez les arguments contre lui. Je vous dis souvent que je ne haïs pas les habitants des états « rouges », et que je ne crois pas que la moitié de mes concitoyens soient des nazis. Je veux que vous voyiez pourquoi je les comprends.

On commence avec des photos prises dans le Walmart de mon quartier. Ce n’est pas du tout la Californie de mon enfance, ni même Irvine que jusqu’en 2020 :

C’est ça la vie à chaque fois où je veux acheter des lames pour mon rasoir, ou de la crème à raser. Je dois appuyer sur un bouton, puis attendre 10-20 minutes pour qu’un employé ouvre la vitrine. Pourquoi y a-t-il des vitrines fermées à clé au milieu du magasin ? Parce qu’en 2014, mes con-citoyens ont voté pour adopter une loi, Proposition 47, qui a haussé la valeur de biens volés afin d’inculper quelqu’un pour un crime, de 400 $ à 950 $. Moins que ça, c’était désormais un délit. Oui, c’est la faute aux citoyens lambdas, parce qu’en Californie certaines lois doivent être adoptées par le public, pas seulement l’Assemblée. (Seulement 26 états fonctionnent comme ça — lien en anglais.) C’était le Procureur général qui a dit que ce ne serait pas un moyen pour simplement excuser les crimes ou ne pas les poursuivre, et en fait Mme le procureur général a même écrit un sommaire qui a apparu sur les scrutins, et dit que cette loi « économisera des centaines de millions par année pour la justice criminelle »

Deux ans plus tard, en 2016, on a déjà vu que le taux de vol à l’étalage avait haussé (lien en anglais) par 15 % partout en Californie dans les supermarchés et les pharmacies. Mais pendant les années à venir, la situation a empiré de plus en plus. Le temps que 2021 soit arrivé, des gangs se sentaient à l’aise à cambrioler des dizaines de milliers de sacs à main des meilleurs magasins dans les meilleurs quartiers de l’état. Personne n’est jamais poursuivi pour ces crimes. Ne me croyez pas sur parole ; voici un clip d’un cambriolage de sacs de Neiman-Marcus (hyper-cher) à San Francisco, en pleine journée :

La semaine prochaine, on va finalement voter pour restaurer les vieux crimes (lien en anglais). Mais le Procureur général qui a lancé tout ça refuse même maintenant à dire qu’elle avait tort ou de soutenir la nouvelle loi.

Mme le Procureur général se nommait Kamala Harris.

Voici une autre photo du même Walmart :

C’est directement derrière les caisses automatiques. Vous ne reconnaissez pas ces produits. Ce sont tous des biscuits mexicains, largement de l’entreprise Gamesa, le LU mexicain. Je n’ai pas grandi avec ces choses malgré avoir vécu à 70 km de la frontière jusqu’à mes 18 ans. Les clients qui achètent ces produits n’habitent pas dans mon quartier ; ils viennent de Santa Ana, la ville voisine. Walmart les trouvent plus rentables que moi.

Vous savez que j’ai une relation compliquée avec le Mexique. Je vous fais leurs plats (tacos, chili colorado, birria) et j’appelle leur cuisine le patrimoine de notre Sud-ouest. Un jour, j’espère vous chanter ma chanson « mariachi » préférée. En même temps, je n’apprécie pas qu’il faille parler espagnol pour faire des achats à nombreux endroits en Californie. Ni que ces gens renvoient plus de 63 milliards de dollars à la maison (lien en anglais), puis exigent aux services sociaux de payer les choses que je dois payer moi-même, comme l’assurance médicale. (Ce n’est pas un argument pour faire comme en France — cet argent ne ferait pas partie des impôts, car c’est souvent gagné « sous la table ». On met ça de côté.)

Depuis le mandat de Bill Clinton, on appelle le fonctionnaire responsable de gérer la frontière mexicaine le « border czar« . Ce titre est informel — en général, la personne est officiellement « U.S. Attorney », « Assistant au Président », ou autre chose. En 2021, beaucoup de journaux ont rapporté (Axios, The Hill) que M. le président Biden avait nommé quelqu’un pour être responsable de réduire le taux d’immigration illégale — certains l’a appelé « border czar », autres non. Pendant les 3 prochaines années, ce taux a monté en flèche ; ce graphique montre juste le nombre d’arrestations à la frontière — on considère qu’en général, le nombre d’arrestations est un reflet du nombre d’entrées illégales, impossibles à compter directement :

Source : US Customs and Border Patrol

Mais cette année, beaucoup des mêmes publications ont dit qu’en fait le fonctionnaire chargé de la frontière ne l’était jamais, et que tous leurs rapports de 2021 étaient erronés (Axios, Time). C’était qui le fonctionnaire en question ? Mme la vice-présidente Harris.

Après le premier attentat contre M. Trump, je vous ai dit que tous les candidats républicains sont appelés fascistes par les Démocrates depuis 1948. Pourtant le seul président à emprisonner des citoyens à cause de leurs origines, c’était Franklin Roosevelt, pour qui une station du métro parisien est nommée. Pensez à ça quand vous entendez ce mot de notre côté.

On a le choix actuel car M. Biden a eu un débat si catastrophique que personne ne pouvait plus mentir sur son état. Pourtant, pendant les 3 dernières années, on nous a dit que c’était du complotisme à croire que quelque chose n’allait pas. Malgré tout ce que j’ai dit en haut, j’aurais soutenu Mme Harris si elle avait invoqué le 25e Amendement pour remplacer M. Biden, car il faut avoir un président capable de prendre des décisions.

Dernière chose, je souhaite que je puisse vous faire comprendre que les partis politiques ici ne sont pas comme ceux en France. Il y a 4 ans, il n’y avait pas de NUPES ; il y a 2 ans, il n’y avait pas de NFP. Les partis viennent et partent. Ici, les deux les plus importants ont duré pendant des siècles. Ce sont une question d’identité personnelle ici de façon inconnue en France. Beaucoup des arguments que vous entendez de notre côté devraient être comprises comme les produits de cet esprit.

Je comprends qu’en considérant seulement les relations étrangères, vous considérez probablement seulement un des deux d’être le bon choix. Mais j’espère que vous comprendrez mieux pourquoi les états rouges feront l’autre choix, et pourquoi ça ne leur rendent pas votre ennemi.

Saison 3, Épisode 33 — That’s All, Mayotte !

Ça y est. Le Tour des Départements comme je l’ai conçu, c’est fini. Quand j’ai publié mon dîner mahorais vendredi matin, il m’a fallu vite tourner mon attention ailleurs, alors je n’ai vraiment pas eu le temps de prendre une pause et y réfléchir jusqu’à dimanche.

Au cas où mon gros-titre ne serait pas clair, voici la référence. Les voyelles « o » de Mayotte et « folks » en anglais me sonne grosso modo identique. Et le sentiment est certainement le bon.

Il reste un trou dans le tableau géant sur la page du Tourpersonne ne m’en a jamais parlé, mais il n’y a pas de dessert pour le Calvados. C’est parce que ce dîner-là a été fait en hommage au resto « The Belgian Lion » de mon enfance, et le dessert était un gâteau Marjolaine, ce qui appartient vraiment à l’ancien resto de Fernand Point en Isère. Je n’ai jamais décidé si je devrais remplir le trou avec un dessert normand, ou si le gâteau compte vraiment, vu que le Tour joue sur ma nostalgie. Il me semble que pour le livre, je dois avoir quelque chose de différent que le gâteau, mais je cherche vos avis sur le sujet, pour le blog autant que le livre.

Quelque chose de drôle que j’ai oublié de mentionner hier de ma soirée de tarot. J’ai eu pas mal de chance, avec un jeu qui a contenu huit atouts, dont le 21, et 3 rois pendant un tour, et il y avait un autre où j’ai volé le 1 à quelqu’un au dernier moment (car il avait mal compté les atouts). Dès que ce dernier est arrivé, j’ai sorti un rire de Gargamel (version anglaise), et honnêtement, ce n’était pas du tout exprès ! Peut-être que c’est toute la musique de Halloween chez moi.

C’est le 1er apparaîtra le jour de Halloween cette semaine, car novembre, c’est la Grande Fête du Tour et rien d’autre. J’aurai un mot sur notre présidentielle cette semaine, mais n’en parlerai plus après, quel que soit le résultat. J’ignorerai même mon anniversaire le 22 ! Et oui, je suis au courant du concert de Taratata qui a eu lieu la semaine dernière et a été diffusé le 25 sur France 2 — je le regarde petit à petit — mais vu la première heure, je suis content que ma série sur Taratata part d’un autre événement.

Notre blague traite de derniers mots. Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles cette semaine pour manque de temps. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Nager, Remplacement, et Pari.

Sur le blog, il y a aussi Doliprane, sur le médicament, Mon dîner mahorais, les cuisses de poulet rôties aux épices et le koloda, et Prête pour les fêtes, l’histoire d’organiser un numéro « fêtes de fin d’année » pour mon bulletin.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Prête pour les fêtes

J’ai eu deux soirées de jeux de cartes de suite ces deux derniers jours — belote le vendredi et tarot le samedi — alors j’ai dû cui-si-ner, et je n’ai pas préparé grand-chose pour vous aujourd’hui. Alors, je vous montrerai ce que j’ai fait, partager quelque chose de prévisible, puis j’ai un peu sur une conversation intéressante ce soir.

Vendredi, j’ai fait la tarte aux noix de pécan de chez Galatoire’s à la Nouvelle-Orléans, ce que je vous ai montré en 2022 :

Cette photo est plus qu’un peu trompeuse. Je suis plus que satisfait avec le goût, mais la pâte a rétréci de façon très irrégulière, alors vous ne voyez pas la mauvaise partie. Mais j’avais une raison.

Voici quelque chose de très récent pour mon dessert de samedi soir, le flan coco :

Voyez-vous le changement ? J’ai torréfié la noix de coco râpée qui fait le fond, et j’aime mieux son apparence. Voilà :

Je suis bien content des résultats. Malheureusement, je ne savais pas que l’un des invités était allergique et un autre n’aimait pas le coco. Oups.

J’ai eu besoin de la tarte parce que j’espérais remplacer la photo dans cette page pour mon prochain bulletin :

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Ça part de mon format habituel pour eux, car j’ai ciblé les fêtes à venir. Je préfère la vieille photo, alors je la garde. J’espère qu’ils seront contents de ces recettes, car une des deux n’est pas de la France, même si elle vient de ses descendants aux États-Unis. Je remercie encore une fois Anagrys pour les schwowebredele, car je crois que celle-ci est une belle réussite.

Je ne sais pas si on les utilisera, mais au moins j’ai livré deux choses pour la bonne saison. Il me faudra préparer une galette des rois mi-décembre pour la même raison. Peut-être plus qu’une pour les photos. Cette culture de prêt-à-Instagrammer me rend plus qu’un peu fou.

Ça nous amène à mon dernier sujet. Je me sens souvent comme j’ai un peu réussi à m’intégrer, car tout le monde attend « ce que Justin apporte ». J’apprécie ça, vraiment, mais il y a des fois où je me sens un peu comme le traître traiteur car personne ne me connaît en dehors des événements. Mais pendant ces derniers deux mois, je me sens comme si ça commence à changer enfin. On a fait deux tables de 4 personnes à la soirée de tarot, et pendant la pause pour le dessert, parce que j’avais exprimé un certain niveau de mécontentement au sujet de la vie dans Orange County, les autres m’ont vraiment écouté.

On va en discuter davantage plus tard, mais on a une conversation très différente quand tout le monde se soucie de quelqu’un, et il me semblait que l’on a eu cette conversation ce soir. Je l’apprécie.

Six heures en France

Aujourd’hui, vous aurez une histoire complètement inattendue, et certains d’entre vous diront que celle-ci me montre menteur. Car s’il y a une chose qui est le fondement de ce blog, c’est mon affirmation que je ne suis jamais allé en France avant mes 44 ans et un an et demi d’études frénétiques. La vérité, c’est à la fois plus compliquée et plus bête que ça, et après 20 ans de l’avoir crue perdue, j’ai récemment trouvée la preuve.

En 1993, pendant l’été entre mes 1ère et terminale années au lycée (on dirait plutôt 11e et 12e), je suis allé en Espagne avec six autres élèves de mon lycée, et notre prof de la langue, Señora Zabaleta. (Malgré le nom, elle est aussi américaine que moi — elle s’est mariée avec un espagnol.) Au fait, Sra et moi sommes récemment retrouvés à ce même lycée en août quand j’y ai visité. Elle était un peu déçue que j’avais changé d’équipe, mais pas du tout surprise par tout ce que j’ai fait, car j’ai été son élève pendant 3 ans, et elle me connaît bien. De toute façon, notre voyage.

Voici l’itinéraire. C’est en anglais, mais je fais confiance que vous savez tous ce qui veut dire « Madrid » :

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Ça vient d’un album de photos que j’ai fait après le voyage. Voyez-vous les mots Paris ou France quelque part dans cette photo ? Indice : Ô hell no. United, une de nos pires compagnies aériennes (je mens — elles sont toutes parmi nos pires), a vraiment mis le bordel dans un état de désordre et a annulé notre vol à Madrid de Los Angeles. En récompense, ils nous ont mis dans un vol à Paris, et de là à Madrid — dans la meilleure classe de ma vie. Ça s’appelait « Classe Connaisseur » — pas exactement 1ère, mais avec la même nourriture et de meilleurs sièges que nous avons payés. Puis, c’était Air France qui nous a apporté à Madrid. Ne me croyez pas sur parole — j’ai les preuves ! D’abord, le menu et un formulaire que j’ai gardé plutôt que leur envoyer :

J’ai pris des photos dans l’aéroport Charles-de-Gaulle. Oui, avec des pellicules de 36 photos, c’était mon idée de ce qui était important :

Secrètement — pas à vous, mais à mes compagnons et ma prof — c’était où j’avais toujours voulu aller, et voilà, j’étais si proche. On a dû attendre 6 heures avant notre prochain vol, et on a voté sur la question de quitter l’aéroport ou pas. Je faisais partie de l’équipe « Allons voir la Tout Eiffel », mais on a perdu, et je sais maintenant que les autres avaient raison. Le plus loin que nous aurions pu possiblement aller serait de prendre le RER B jusqu’à Notre-Dame, prendre des photos, puis retourner tout de suite. Même ça aurait été un risque et personne du groupe ne parlait un mot de français.

Tout à coup, un voyage d’un seul jour en France vous semble beaucoup plus logique, n’est-ce pas ? J’ai l’habitude.

Vu que mon passeport n’a jamais été tamponné (demandez à vos parents, tout n’était toujours pas numérique), et je n’étais donc jamais admis en France, je ne considère pas que j’ai menti. Mais j’étais sur le sol français pendant 6 heures, entouré par tout ce que je rêvais que la France pourrait être — toutes les boutiques des créateurs étaient là, même à l’époque.

On n’a pas encore fini. J’ai gardé une copie du magazine « Approche » dans mon album. Tout ce temps, j’avais peur que j’aurais l’air idiot ou dingue si je vous disais « Je me souviens d’exactement un gros-titre, « Six ans pour un ‘oui' », à propos de la nouvelle princesse japonaise. » Mais voilà, enfin :

Le magazine fait environ 80 pages, et je ne vais pas essayer de vous montrer le tout cette fois, mais pour Agathe, voici un peu de son article sur le Lot :

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Et un peu de l’article sur la princesse Masako :

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Je crois que l’on lira ce numéro ensemble dans un autre billet. Si vous aimeriez que l’on fasse ça, dites-le-moi dans les commentaires.

Je vous laisserai avec une question pour réfléchir. Vous savez maintenant que j’ai passé un quart de siècle en croyant que c’était la seule et unique fois de ma vie où j’irais en France. Et que la dernière décennie de ça, c’était car mon ex profitait de me barrer de quitter les États-Unis. Comprenez-vous maintenant l’urgence derrière tout ce que je fais ici ?

Mon dîner mahorais

Ça y est, le dernier dîner du Tour. On finit comme on a commencé, avec un dîner simple et bien paysan. Je vous présente les cuisses de poulet rôties aux épices et bananes frites, et le koloda :

Allons les préparer !

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Coup de vieux

Langue de Molière pour cette semaine part d’un article pour présenter un épisode de la balado il y a 2 semaines. Je vous ai tous demandé le 14 octobre :

Il y a une question, pas à dire polémique, dans mon groupe d’utilisateurs de Duolingo. L’expression « n’est-ce pas », est-elle toujours courante, ou est-elle tombée en désuétude ?

Le tapis volant de Mehmet

J’ai reçu plusieurs réponses, toutes comme celle-ci, qui m’ont signalées que c’était au moins pas commun :

L’expression « n’est-ce pas » n’est plus très utilisée dans le langage courant et populaire. Peut-être chez les aristocrates…
Personnellement, je ne l’utilise jamais et ça fait des années que je n’ai pas entendu quelqu’un prononcer cette expression. Sauf une seule personne, un homme politique. Les humoristes le caricaturent souvent avec cette expression. 😉

Commentaire de Filimages

Ô. Ô. C’est ici où si vous étiez tous Américains, je serais déjà mort. Parce qu’aux États-Unis, dans notre presse, le fait de dire la même chose qu’une personne « mal-aimée » même sans le savoir, c’est assez pour que des manifestants essayent de vous faire virer, faire bannir de toutes vos associations, et autrement perdre tout dans votre vie. Ne me croyez pas sur parole — si vous pouvez lire l’anglais, l’histoire de la geste de la main pour « OK », 👌, est horrifiante. (voilà, voilà et voilà). Pourtant, c’est évidemment pas assez diabolique pour retirer l’émoji. Mais on parlait de « n’est-ce pas », pas d’OK.

J’ai recherché dans mes archives, mais je savais déjà ce que je trouverais, parce que presque tous les choix de mots ici sont faits exprès. Voici le septembre de Justin Le Stylo (« stylo » veut dire « pen » en anglais) :

Au moins on a tous appris un peu de quoi que ce soit, n’est-ce pas ?

Du n’importe quoi, 25/9/24

Et Paris ne serait pas Paris sans le bâtiment préféré des habitants, n’est-ce pas ?

Le projet de La Fille, 14/9/24

Mais cette enquête s’est lancée sur un coup de « ça vaut », n’est-ce pas ?

Vaut mieux m’en vouloir, 11/9/24

Je ne serais pas surpris à apprendre qu’il y avait quelque chose pour gâcher les enregistrements, mais si c’était vraiment le cas, ça devrait opérer à temps plein, n’est-ce pas ?

On est de retour, 7/9/24

Et ce dernier paragraphe est au cœur du problème, n’est-ce pas ?

De la géométrie, 5/9/24

C’est ici où je dois vous remercier tous, exactement pour ne pas avoir se comporter à l’américaine. Il aurait été le truc le plus facile au monde pour me dire « Justin, tout le monde associe cette expression avec seulement une personne et même sa fille l’a viré. Faut pas dire ça. » Et pourtant, personne ne m’a jamais dit un tel mot malgré le fait que tous les mois se ressemblent à cet égard. Évidemment, c’est parce que ce genre de mauvaise foi, quand c’est bien évident que je n’avais pas la moindre idée, est simplement absent de l’âme français. Je ne dis pas que personne ne joue à ce jeu en France, mais que ces gens sont vraiment inhabituels, pas la moitié du pays comme chez moi.

À ce point, vous devriez déjà être en train de vous demander, « Alors Justin, vous ne l’avez pas tiré de nous, car en plus de ce lien, toutes les réponses ont dit que ce n’est plus populaire. Donc, qu’est-ce qu’il y a ? » Et la vérité, c’est que je le dis en anglais depuis longtemps.

Je ne veux pas dire que je dis une traduction. Je veux dire que c’est un emprunt tel quel. Quand on veut avoir l’air George Abitbol — l’homme le plus classe du monde — on parsème ses paroles avec des francismes. Ne me croyez pas sur parole. Voici une capture d’écran pour les résultats sur le site de « The Atlantic », le magazine le plus prestigieux de notre gauche, mais il faut s’abonner pour les lire, alors pas de liens autre que pour ma recherche :

Capture d’écran

Même chose pour « National Review », le magazine le plus prestigieux de notre droite :

Capture d’écran

Les articles qui ne disent pas « NR Plus » sont disponibles gratuitement, alors vous pouvez cliquer ces liens — voilà, voilà, voilà — pour voir que c’est correct. Si vous remarquez qu’il y a moins de temps entre les dates pour le premier que le dernier, ben oui, mais The Atlantic existe depuis 1857, et National Review depuis 1955, et une fois l’on fouille dans son passé, on trouve pas mal de résultats comme ça, des « ringers », on dirait en anglais (des contrefaçons) :

Alors ce que j’apprends de tout ça, c’est que je me fais passer pour un vieillard depuis le début. Ouf. Je ne sais pas ce que je ferai avec cette info, mais une habitude qui dure si longtemps ne va pas disparaître du jour au lendemain…n’est-ce pas ?

Langue de Molière vous reverra en décembre après la Grande Fête du Tour.

Doliprane

Langue de Molière est reportée aujourd’hui car j’ai de la fièvre, et honnêtement, je me suis endormi pendant l’écriture. La bonne nouvelle, c’est qu’hier, c’était une sacrée fièvre, avec des tremblements violents, et aujourd’hui, c’est plus ordinaire que ça. Mais, après avoir lu ce billet de Jours d’humeur, et vu ce gros-titre du Canard enchaîné la semaine dernière :

je vais vous dire la chose la plus choquante des 4 ans du blog :

Une raison pour préférer vivre aux États-Unis qu’en France.

C’est presque certainement la seule et unique fois où je dise une telle chose. Mais… vous savez ce qui s’appelle l’ingrédient actif du Doliprane ? Ça s’appelle paracétamol, ou acétaminophène. Voici la boîte de la marque du magasin Ralph’s (ça s’appelle d’après la société mère, Kroger, la plus grande chaîne de supermarchés du pays) :

Cette petite me coûte 15 $ (13,9 € en ce moment). Mais il y a 225 pilules là-dedans, de 500 mg chacune. Du billet de Jours d’humeur, j’ai appris que la plus grande boîte disponible en France n’en contient que 16, et que l’on ne peut pas acheter plus que 6 à la fois ; c’est-à-dire 96 pilules. Ça m’étonne, et pas de bonne façon.

D’autre part, peut-être que vous avez une bonne raison pour ça. Il y a assez de pilules dans cette boîte pour se suicider en mettant un terme définitivement à son foie. 16 ne fera pas l’affaire, et je ne suis pas sûr que 96 suffit. Je ne vais pas le tester pour vous ; pour une chose, la boîte est à moitié vide. Autre chose, si je réussissais, je ne serais plus capable d’écrire quelle est la bonne dose. Désolé, j’essaie d’être plus utile que ça.

Mais je pense à tout, même malade, n’est-ce pas ?

Je découvre Mayotte

On finit maintenant le Tour avec le 976, Mayotte. C’est le département le vingt-deuxième moins peuplé, et les habitants se nomment mahorais. C’est notre cinquième et dernier séjour dans l’Outre-mer et notre cent-et-unième et dernier séjour en France.

Avant de continuer, je dois remercier Mayotte Tourisme, sans lequel cet article ne serait pas possible. Tout comme en Guyane, le Guide Vert ne couvre pas Mayotte. Le site de tourisme divise les deux îles en 5 parties, alors je suis ses conseils plutôt qu’essayer de planifier la route la plus efficace. Autre chose ; au moment d’écriture, il n’y a que 2 000 résultats sur Wikimedia Commons pour « Mayotte », d’où je tire toutes les photos que je n’ai pas prises personnellement. Ça limite un peu ce que je peux vous montrer.

Comment est-ce que Mayotte est devenue une partie de la France ? Des fouilles archéologiques établissent que les îles sont habitées depuis le VIIIe siècle par des cultures bantoues. Vers le XIIIe siècle, les îles sont conquises par des musulmanes, et du XVe au XIXe siècle, il y a des sultans malgaches qui règnent sur l’Île. En 1841, le dernier sultan, Andriantsoly, décide qu’il ne peut plus protéger l’île, et la vend à la France. En 1886, l’île s’intègre au protectorat des Comores, mais après l’indépendance des ces îles-là, les mahorais luttent jusqu’en 2009 pour le droit de se rattacher définitivement à la France.

On commence à l’île dite Petite-Terre, car c’est où se trouve l’aéroport. Le Lac Dziani nous attend au cœur d’un cratère volcanique. On peut faire une balade autour du lac en une heure, mais défense d’y baigner — les minéraux dissous dans les eaux sont corrosives. Pour soigner notre déception de ne pas plonger dans l’eau le plus vite possible, on part pour la plage de Moya, pas loin, et le début de notre aventure dans l’océan Indien.

On prend la barge à Dembéni-Mamoudzou sur la Grande-Terre, où on passera le reste de notre séjour. On va d’abord visiter le marché couvert, pour faire la connaissance de notre régime du voyage, ainsi que des tissus et des bijoux locaux. D’ici, on peut prendre des tours à partir du ponton de plaisance, surtout pour regarder des baleines.

D’ici, on passe vers le Nord, territoire forestière où se trouve des mangroves pleine de palétuviers. On visite les communes de Hamjago et Mtsamboro pour voir leur production d’agrumes. L’îlot Chissioua dans la baie de Mtsamboro est inhabité mais il fait l’arrière-plan parfait pour encore une autre plage exceptionnelle.

Nous sommes déjà sur la côte ouest de Grande-Terre, alors on continue vers le Centre-Ouest. À M’Tsangamouji, on peut visiter l’ancienne sucrerie de Soulou, avec des bâtiments qui datent du XIXe siècle, de nos jours classée monument historique. À Combani, on visite le Jardin d’Imany, où se cultive l’ylang-ylang — on peut passer toute la journée à sa découverte. Quelque part, une méchante de légende sourit.

Nos derniers arrêts se trouvent au Sud de l’île, dit « la partie la plus touristique » par l’office de tourisme lui-même. Sur la plage de N’Gouja, recouverte de sable noir, de baobabs, et de bambous, on est à la recherche des makis — un genre de petit singe — et des tortues marines. On finit notre tour de Mayotte, donc de toute la France, en grimpant le Mont Choungui (à peu près 600 mètres de hauteur) pour une vue panoramique sur la pointe Kani-Kéli. Mon amie Pascale m’a dit au moment de mon arrivée en France pour la première fois de ma vie, « Bienvenue dans le plus beau pays du monde », et je le crois, plus fort que jamais.

Qui sont les personnages les plus connus de Mayotte ? Géniale Attoumani, journaliste de France TV, est née à Mamoudzou. La parolière Anne Segalen, qui a écrit les textes de L’Opportuniste et Fais pas ci, fais pas ça pour Thomas Dutronc, est née à Dzaoudzi. Mansour Kamardine, avocat qui a mené l’abolition de la polygamie sur Mayotte, est né à Sada, ainsi que Thani Mohamed Soilihi, premier mahorais à entrer dans un gouvernement français (en tant que secrétaire d’État à la Francophonie sous le gouvernement Barnier).

Que manger à Mayotte ? Je dois la moitié de cette partie à une blogueuse mahoraise, Matavy. Les légumes et fruits de l’île — le manioc, le fruit à pain, les bilimbis, le jaquier — ne se trouvent pas dans les Carrefour et les Ralph’s du monde. Les poissons locaux comprennent des espèces familières, telles que l’espadon et le thon, mais aussi des barracudas ! Le plat phare de Mayotte est un genre de brochette, le cornet buck, « des petits cônes de patte briochée fourrés à la viande et patates douces souvent accompagnés de coriandre ». Pour manque d’une recette, je n’en préparerai un. Les « mamas brochettis » sont partout, des vendeuses de brochettes de viande cuites en plein air. On se contentera de plats principaux plus faciles à cuisiner dans l’Hexagone, la souris d’agneau aux pois chiches et carottes ou le poulet frit au piment. En dessert, il y a le Koloda, de la noix de coco râpée cuite dans un caramel, et des salades de fruits locaux. Pour boire, il y a le trembo vurga, un vin de palme, et le ti-punch, trouvé partout dans l’Outre-mer, ainsi que de nombreux jus de fruits.