À mon avis, il n’y a que deux albums complètement parfaits que j’ai écoutés de ma vie : Moving Pictures, par Rush, et The No Comprendo, par Les Rita Mitsouko. Pourtant, j’étais prêt à laisser tout tomber et voler en France juste pour voir Indochine, alors évidemment il n’y a pas besoin que j’aime tout afin d’être fan. Cependant…

Je m’inquiète pour cet album depuis longtemps. Très peu après ma découverte d’Indochine, le groupe a sorti une reprise de « 3e sexe » avec la personne qui s’appelle « Christine and the Queens » (malgré le fait de n’être qu’une seule personne). Je l’ai trouvée beaucoup trop électronique, une chanson moins à la recherche de l’Ombre jaune qu’à la recherche des fans d’un autre genre de musique. Puis Nico a sorti une chanson avec Moby, un musicien également connu pour sa production 100 % électronique. C’était donc très évident où sont allées ses pensées.
Le premier single de l’album est sorti il y a des mois, Le Chant des cygnes, et c’était exactement ce à quoi je m’attendais — une chanson qui venait presque complètement des synthétiseurs :
J’ai enfin reçu mon colis avec les disques (il y en a deux) vers midi hier, et je vous rassure, je suis allé directement vers mon ordinateur pour copier le tout à mon portable. Puis, j’ai commencé à écouter (avec mon casque tout français). Je ne vais pas en parler piste par piste, car ce serait ennuyeux.
Il y a deux gros problèmes avec cet album. Le premier problème, et le pire, est le point auquel il est homogène. Il y a de forts rythmes générés par des ordinateurs qui font la base de presque toutes les chansons. Au passé, il y aurait une chanson bruyante et à grande vitesse telle qu’Alice et June ou La sécheresse du Mékong, puis quelque chose de plus lent et pensif, Le lac ou J’ai demandé à la Lune. Babel Babel nous offre « Le garçon qui rêve », ainsi que « Seul au paradis », mais c’est autrement un album caféiné.
L’autre problème, et je sais que c’est juste l’époque, c’est que cet album frappe l’auditeur encore et encore sur la tête avec ses messages. Inutile de faire semblant qu’il n’y a pas de thèmes politiques le long de la carrière d’Indochine, mais…une de ces choses n’est pas comme les autres, dans « Tokyo Boy » :
Moi je suis amoureux d’une fille qui aime les filles
C’est comme passer Noël en famillе
Ça va très mal se passer
Comme dе croire et d’écouter Poutine
On aurait pu écrire une chanson très intéressante sur la première ligne — ça m’est arrivé au lycée — mais il y a plusieurs références à Poutine dans celle-ci, qui gâchent vraiment l’ambiance. Bon, je comprends, Nico, vous vouliez mépriser le gars — mais ça ne tient pas avec le reste. C’est quand même moins….affreux (je veux dire « creepy » en anglais)…que son hymne à Sanna Marin, ancienne première ministre de la Finlande, qui il imagine sur une croix en disant « ils ne te méritent pas ». Nico, elle a démissionné en 2023, à l’âge de 37 ans, et pris un boulot bien payant avec la fondation de Tony Blair. Elle n’est pas une martyre. La chanson n’est pas mal en tant que morceau, mais je me demande vraiment ce qu’il pensait.
Ce qui m’énerve le plus avec cet accent sur les rythmes électroniques, c’est que si on écoute tous les albums d’Indochine, Ludwig Dahlberg est de loin le batteur le plus talentueux de l’histoire du groupe. Il n’y avait même pas un batteur au début, juste une boîte à rythmes. Avec cet album, il est souvent réduit à garder le temps. Il n’y a pas de moment de virtuosité pour Boris Jardel et sa guitare tel que mon moment préféré d’Alice et June non plus.
Je sais qu’il est souvent le cas qu’un fan des vieilles œuvres d’un groupe n’aime pas les nouveautés. Mais dans mon cas, j’ai tout découvert en même temps. Dans leur concert à la Tour Montparnasse en ligne, 9/13 chansons venaient d’albums sortis après 2000, et je suis tombé amoureux du tout à la première écoute. Cet album manque les refrains de légende que l’on trouve le long de leur carrière — « Bob Morane contre tout chacal », « On se prend la main », « Quand je suis cerné, je rêve d’un été français ». Chacune de ces paroles comptent sur des mélodies mémorables, et bien que beaucoup soient agréables, je galère à identifier celle que je fredonnerai demain.
Mais je veux être clair. Il ne m’était pas important que cet album soit à la hauteur de 13, ou 3, ou L’Aventurier. C’est quand même meilleur que le dernier album de Rush (un de ces quatre, on en parlera, mais pas bientôt). J’ai déjà ce que j’appelle « la trinité » — Un Jour Dans Notre Vie, Un Été Français, et Nos Célébrations — et toute la raison du voyage fou était que je voulais, une fois de la vie, voir L’Aventurier joué dans un stade, pas un Zénith, en live. J’espérais que l’on aurait un album avec au moins un autre « La Vie Est Belle » ou « Black City Parade », mais ce n’était pas l’album que Nico voulait sortir.


















