On continue maintenant le Tour avec le 70, la Haute-Saône. C’est le département le vingt-sixième moins peuplé, et les habitants se nomment haut-saunois. C’est notre cinquième séjour en Bourgogne-Franche-Comté.
Deux des personnages fictifs les plus aimés au monde entier viennent de la Haute-Saône. C’est bien connu que le sergent-chef Éric Chaudard, de la série de films La 7e Compagnie, vient de Vesoul. (Si on se plainte que La 7e Compagnie est mieux connu en France qu’ailleurs, je suis où exactement ? Si la plainte est, en revanche, que la quincaillerie a bien été tournée en Loire, c’est autre chose.) C’est moins connu que le meilleur capitaine de Star Trek, Jean-Luc Picard, sera né en Haute–Saône, à La Barre. Je trouve ça absolument incroyable, que des écrivains américains ont regardé une carte assez longtemps pour découvrir une partie du pays en dehors de Paris, mais en plus, loin des stations balnéaires. Croyez-moi, quand j’ai commencé à rassembler mon fichier de faits divers, c’était une de mes premières questions, et j’étais bouleversé par la réponse.
Je vais suivre les conseils du site de tourisme départemental, et diviser notre séjour également parmi 3 régions : la Vallée de l’Ognom, les Vosges du Sud, et le Val de Saône. On a déjà fait la même chose en Loire et dans le Lot-et-Garonne, et je la mentionne afin de vous prévenir que ce ne soit pas forcément la route la plus courte.
Commençons donc en Vallée de l’Ognon, nommée pour un affluent de la Saône. Notre premier arrêt est Pesmes, l’un des Plus Beaux Villages de France. Le Guide Vert ne connaît pas ce joyau médiéval — tant pis pour eux. L’église Saint-Hilaire, du XIIIe siècle, est assez bien préservée — mais regardez ce pont en bas, et dites-moi que vous n’avez pas envie d’y prendre une balade. À Gy, on trouve le Château de Gy, ancienne maison des Archevêques de Besançon depuis la fin du XVe siècle. L’Église de Voray-sur-l’Ognon ne vient que du XVIIIe siècle, mais le décor intérieur est superbe. Au village d’Autoreille, on visite les Jardins Acorus, un espace de plus de 3 ha, plein de pièces d’eaux, ainsi que plus de 250 espèces de plantes aquatiques.




On passe aux Vosges du Sud. La Planche des Belles Filles, étape légendaire du cyclisme (dont 5 fois partie du Tour de France) est une station de ski en hiver, mais son côté Coup de Foudre est la légende derrière son nom. Pendant la Guerre de Trente Ans, elle est censée être le lieu où les filles du village de Plancher-Bas ont sauté à leur mort plutôt que subir aux mercenaires suédois. On y trouve aussi le Plateau des Mille Étangs (1 étoile Michelin), un grand parc où on fait le parcours de nombreux sites naturels remarquables. À Luxeuil-les-Bains, on visite la Tour des Échevins, ancien hôtel de ville du XVe siècle, aujourd’hui la maison du musée de la ville. Toujours à Luxeuil, on visite la Basilique Saints-Pierre-et-Paul, du XIIIe siècle, de style gothique mais inhabituellement en grès rose des Vosges.




Finalement, on arrive dans le Val de Saône, aux alentours de Vesoul. On visite le Château de Champlitte (1 étoile), château de la Renaissance qui abrite maintenant le Musée départemental des arts et traditions populaires. Quelque chose de vraiment inhabituel, Nacia esperanto muzeo — désolé, le Musée de l’Esperanto — à Gray se vante d’une collection de plus de 6 000 œuvres dans la langue de même nom. On finit avec deux arrêts à Vesoul. Le Vieux Vesoul (1 étoile), quartier des XVe et XVIe siècles, abrite de vieilles maisons comme l’hôtel Thomassin autour de l’église Saint-George du XVIIIe siècle. Finalement, au Musée Georges-Garret, le musée municipal de Vesoul, on trouve des collections archéologiques et de beaux-arts, surtout de l’artiste vesoulien Jean-Léon Gérôme.




Qui sont les personnages les plus connus de la Haute-Saône ? Le peintre Gustave Courtois est né à Pusey. Le chanteur Jacques Brel n’était pas haut-saunois, mais est connu parmi d’autres choses pour sa chanson Vesoul. Mickaël Azouz, premier gagnant de la coupe du monde de la pâtisserie, vient de Vesoul.
Quoi manger en Haute-Saône ? On est en Bourgogne-Franche-Comté, près du Jura mais aussi de l’Alsace, alors on trouve des spécialités qui rappellent les deux. En plats principaux, il y a la matelote d’anguilles au vin rouge d’Arbois, et la potée comtoise (déjà goûtée pour mon dîner doubien). Les cerises sont un produit typique local, alors en plus des Griottines, « des griottes sauvages macérées dans la liqueur et le Kirsch », on trouve la soupe aux cerises et l’omelette soufflée au kirsch, ainsi que le kirsch de Fougerolles. D’autres produits locaux comprennent le jambon de Luxeuil et les biscuits de Montbozon. Pour boire, il y a du kirsch, bien sûr, mais aussi l’eau de Velleminfroy, de nombreuses brasseries, et des vins de l’IGP Franche-Comté.















