Archives mensuelles : novembre 2023

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Les profs d’Internet

C’est encore une fois Langue de Molière, mais j’abandonne l’essai planifié, car je ne suis pas content des contenus. Peut-être que l’on le revisitera. On va plutôt parler d’un sujet dont vous êtes certainement pas au courant, et tant mieux pour vous. Je me sens presque — presque ! — coupable pour même le mentionner, car l’ignorance, c’est un délice, comme on dit en anglais (« ignorance is bliss »). On va parler des profs d’Internet.

« Mais Justin », vous me dites, « vous avez déjà nous fait endormir avec ce sujet ! » Ben oui, mais cette fois-là, on parlait du japonais. Cette fois, on va parler des profs de français en ligne.

Il a fallu quelques semaines au début afin que Facebook apprenne que je recherchais des contenus en français, et encore plus de temps pour YouTube. Mais quelque chose de surprenant m’est arrivé sur YouTube avec ça, et je vis toujours, trois ans plus tard, avec les conséquences.

Ce que je recherchais sur YouTube en anglais était prévisible : le Championnat mondial de Tetris (voici la dernière réussite du plus grand maître de tous les temps), des coups étonnants en anglais (j’imagine que Juliette connaît Mexican Radio ; il nous faudra en parler), les boulettes des Chargers (celle-ci est historique)… vous voyez des profs de n’importe quoi ? Moi non plus.

Je suppose que je peux — un peu — blâmer mes compatriotes. Quelles sont les recherches en français qui viendraient d’un pays anglophone ? Des leçons de grammaire, j’en suis sûr. Peut-être que vous verrez le motif avant que je ne le dise :

Bon, je suis sûr que vous l’avez remarqué à ce point. Elles — et ce sont presque toutes « elles » — sont jeunes, et… comment dire ça ? Ne font pas mal aux yeux, comme on dit en anglais. Mais vous en remarquerez quelques autres en cliquant.

Une chose : ces vidéos ciblent toutes un public anglophone, car les traductions offertes sont toutes en anglais, et la plupart des titres aussi. Autre chose : vous remarquerez quelque chose de drôle, ou peut-être une drôle de chose, qu’elles ont toutes en commun. Personne — et je veux vraiment dire personne — ne parle qu’en français dans ces vidéos. Et. Tou. Jours. Très. Lentement.

Alors, je dois me demander : qui est vraiment le public pour ce genre de vidéo ? Après tout, il faut commencer quelque part et je me souviens bien que quelque part pour moi était des répétitions sans cesse de « un garçon et une fille », « une fille et un cheval » et la phrase la plus Duolingo de tous les temps, « Le chat mange un croissant. » Pourtant, les instructions étaient toujours en anglais. Comment est-ce qu’un débutant est censé comprendre ces vidéos sans avoir déjà atteint un niveau plutôt avancé ? Un niveau suffisamment avancé pour suivre des phrases complètes, non pas seulement un mot par ici et par là. Vous fouillerez leurs chaînes sans succès pour des vidéos toutes débutantes.

Je ne dirais jamais que ces gens sont condescendants, mais… un peu trop flatteurs, ça marche ? Voici un exemple de ce que je veux dire, tiré de la deuxième vidéo :

Cette prof, Élisa, vient de nous dire que Bradley Cooper a un très bon accent (avec un clip ; ça commence à partir de 3:20). À mon avis, lui et moi, nous avons presque le même accent, et vous avez déjà entendu les plaintes à cet égard. De toute façon, dans ces captures d’écran, elle chante ses louanges pour avoir dit « trucs » au lieu de « choses ». C’est censé nous montrer qu’il a un gros vocabulaire, grâce à une année d’études à Aix-en-Provence.

Non, mais sérieusement, comme dit le blogueur qui nous manque à tous. J’ai cherché dans mes archives sur Facebook ; c’est difficile à dire quand j’ai commencé à dire « truc », mais il m’a certainement fallu moins de 6 mois. Ce n’est pas grand-truc grand-chose.

J’ai donc du mal à vous dire quel est le bon moment voire le bon niveau pour regarder ces vidéos. Mais je sais qu’elles réussissent très bien les buts des créateurs. Comment ça ? Je ne suis abonné à aucune chaîne ; pourtant, la première vidéo que je vois en ouvrant YouTube est TOUJOURS quelque chose sur la grammaire.

Après avoir fouillé plus dans mes dernières recommandations, j’ai réussi à trouver la vidéo en bas :

Un pas vers l’égalité, évidemment.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine, mais pour l’instant, pas de promesses sur le sujet.

Mon dîner deux-sévrien

J’ai dû penser à que faire pour ce dîner. La cuisine deux-sévrienne est pleine de choses qui n’existent pas chez moi, telles que l’oseille et l’angélique. Mais après avoir consulté le site de tourisme des Deux-Sèvres, avec des idées de leurs producteurs, je l’ai eu. Voici les Saint-Jacques et fondue de poireaux façon Sèvre & Belle (servis avec mon riz de Camargue bien-aimé), et les macarons de Montmorillon :

Notre plat principal est plus un hommage aux producteurs locaux qu’un plat local, mais le dessert est bien traditionnel au département. Allons les faire :

Lire la suite

À la ferme ? Quelle ferme ?

Dans un de mes films préférés, La classe américaine, il y a une réplique avec le meilleur calembour dont je n’ai aucun espoir de l’expliquer aux anglophones :

Dino — C’est une excellente question. À la ferme.
L’ami de Dino — La ferme ? Quelle ferme ?
Dino — Ah la ferme ta gueule toi, ducon, espèce de crétin.

Cyclim.se

Il y a des mois, en réponse à l’une de nombreuses photos chez Blogosth, de quelque chose dite un « champ de blé », j’ai mentionné :

Il s’avère avec des recherches que je n’avais pas complètement raison, mais c’était proche. L’Hexagone fait environ 552 000 km carrés ; la Californie, 424 000. De cette superficie totale, on utilise 174 000 km carrés (lien en anglais) pour l’agriculture. Et de cela, 1 821 km carrés sont consacrés au blé. Et si vous cliquez ce dernier lien, vous verrez que c’est tout loin de mon comté d’Orange. On ne voit jamais ces soi-disant « champs de blé » chez moi (et non, je n’ai aucune idée de quoi parle cette chanson d’Indochine, « La chevauchée des champs de blé ». Quelque chose à voir avec des chevaux ?)

Alors j’étais à la ferme moi-même la semaine dernière. Je voulais vous la montrer afin de vous faire comprendre la vie de nos côtes, où une ferme est presque comme un musée, quelque chose d’exotique qui n’a rien à voir avec notre quotidienne. J’étais là parce que mon frère, dont je ne suis pas autorisé à vous parler, nous a rendu visite à La Fille et moi. Juste pour nous faire rire, nous l’avons amené à Centennial Farm, une ferme localisée dans le champ de foire ici. Cette ferme sert dans un rôle éducatif — vous allez voir qu’elle ne produit pas assez pour vendre dans un supermarché.

On entre par ici :

Pourquoi est-ce qu’il est nommé « Centennial Farm » ? Parce que bien que l’histoire écrite de Californie commence avec les explorateurs espagnols dans le XVIe siècle, et la première colonie a été établie en 1769, le comté d’Orange n’existe que depuis 1889, et la ferme a été érigée en 1989 pour fêter ses 100 ans. Alors regardez bien, les amis, c’est ce qui passe pour l’Histoire sur notre Côte Ouest !

Naturellement, on a érigé une statue juste à côté de la porte, digne de cette longue tradition :

Une meilleure vue du bâtiment juste derrière la porte :

En arrière-plan à droite, il y a la grange, à ne pas confondre avec la chanson de ZZ Top de même nom. Absolument rien ne se passe là sauf pendant les foires et les visites des étudiants, alors nous ne pouvions pas y entrer :

Commençons avec les animaux. Ils poussent des agneaux, des vaches, des porcs, et des chèvres, mais très peu de chacun :

Il y a pas mal de Cuccos poules :

Il y a même une cage de lapins, mas pas comme la France, vous n’allez trouver de viande de lapin nulle part ici, alors ce sont là juste pour être mignons :

Passons aux légumes. Il y a toute une diversité de plantes ici, mais c’est plutôt un jardin qu’une vraie ferme. Vous y trouverez les légumes que l’on mange le plus ici, les laitues et les tomates :

Et des légumes que l’on voit souvent sur ce blog, les carottes et les poireaux (en anglais, les poireaux s’appellent « leeks », qui sonne exactement comme le mot pour une fuite) :

Mais on est bien dans le Sud-Ouest du pays, et ça veut dire des piments. Ainsi que la variété commune ici (les deux premières photos), il y a le « ghost pepper » et le « Carolina Reaper », deux piments que vous n’allez pas trouver dans les supermarchés Ils sont extrêmement épicés, dangereux à manger crus, et sont typiquement vendus dans des sauces embouteillées. Ces piments n’ont rien à voir avec notre patrimoine mexicain, et je ne les ai jamais goûtés :

On finira avec ce à quoi vous vous attendiez le plus, les cactus. Il y a des cactus utilisés pour la nourriture (et vous les trouverez principalement dans les supermarchés mexicains), mais ce ne sont pas eux. Ce sont des variétés de cactus que le gouvernement aimerait que nous poussions tous au lieu d’herbe, afin que nos riches puissent garder leurs pelouses. Ils sacrifient beaucoup pour nous à Hollywood et à Beverly Hills — faut que nous leur rendre le faveur !

J’espère que vous en tirerez le vrai message. Centennial Farm est plus un musée qu’une véritable ferme. Si vous vous souvenez de mon post de Vendredi noir, jusqu’aux années 60, South Coast Plaza était une ferme d’haricots. Orange County a tiré son nom des vergers d’orangers qui poussaient ici, mais pas plus. Nous sommes complètement débranchés de nos producteurs, une raison pour laquelle j’admire tellement l’attitude française vers ces gens.

Saison 2, Épisode 36 — Un meurtre d’anniversaires

On n’a pas parlé de ce qui est arrivé pendant les jours de mon anniversaire et de Thanksgiving. Il y a un dicton en anglais : « Si vous n’avez rien de gentil à dire, ne dites rien ». Alors, on passe par Thanksgiving en silence. Mais pour mon anniversaire, La Fille et moi sommes allés à Prego, un resto italien que j’adore depuis 20 ans devenu « notre truc » pendant les bons vieux jours du virus. Voici mes pâtes pappardelle au paleron :

Non, Prego n’est pas le resto de ma vidéo de Vendredi noir. C’était Quattro Caffe. Il y a un autre monde où ce blog est en italien, et mon rêve est de vivre à Florence. Mais c’est tout autre histoire.

Après, nous sommes allés au ciné dans le même centre commercial pour la dernière catastrophe de Disney, Wish – Asha et la Bonne Étoile. Ça continue une tradition de regarder des films « que l’on aimerait voir ensemble » pour mon anniversaire, à partir de La Reine des Neiges II. S’il vous semble que j’aurais préféré tenter Napoléon, vous avez raison — et ma fille a dit la même chose, mais j’avais entendu parler qu’il y avait des scènes trop sexy entre lui et Joséphine. Il me semble vu les critiques des deux que le choix a été entre un long navet et un court navet, alors peut-être que j’ai fait le bon choix.

J’ai une surprise pour vous montrer :

« Mais c’est impossible, Justin ! » vous me dites. « Il n’y a pas d’album officiel ! » Ah non, il n’y en a pas. Pourtant, c’est une véritable capture d’écran de mon portable. Aimeriez-vous un tuto sur que faire ? Dites-moi dans les commentaires. À noter : je ne peux pas du tout partager mes fichiers, car ce serait illégal. Mais je peux vous montrer la bonne technique.

Cette semaine, je vais vous partager deux articles sur des choses locales à moi. Je ne sais pas si vous aimeriez plus de contenus comme ça. À vous de me dire si vous les trouvez intéressants — je suis également heureux d’écrire sur rien que la France.

J’ai une question d’usage. Y a-t-il une différence entre « impoli » et « malpoli » pour vous ? J’ai utilisé « impoli » dans cet épisode, mais après l’avoir enregistré, je me suis dit que je me souviens seulement d’avoir entendu « malpoli ». Mon dictionnaire donne la même signification aux deux, mais peut-être que vous avez d’autres avis.

Je suis heureux de vous dire que les Chargers ont perdu encore. C’était aussi une boulette presqu’au dernier moment — mais cette fois la catastrophe leur est arrivée avec 2 minutes restant à jouer plutôt que le dernier essai. Je peux l’accepter.

Notre blague traite du recyclage. Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi Les macarons « tarte pécan », une recette à partir d’un dessert traditionnel de Thanksgiving, Les mille-feuilles, le dessert que j’ai fait pour mon anniversaire, et Vendredi noir à Irvine, le compte de mes aventures pendant la journée la plus commerciale aux États-Unis.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Meurtres en Corrèze

On revient vers la série que je n’arrive pas à quitter malgré mes plaintes, « Meurtres à » — et c’est une bonne chose ! Voilà, c’est sans doute le meilleur de cette série que j’ai vu !

Ça fait deux mois depuis la dernière fois où j’ai regardé un épisode de « Meurtres à », Meurtres en Berry. J’ai eu quelques choses ironiques à dire, comme « il vous choquera que les enquêteurs étaient anciennement en couple », car au-delà de la fois où le mec était gay (Meurtres à Lille, mais il a changé d’avis le temps que le film soit terminé), ça arrive à chaque fois. Et ce film n’est pas une exception. Mais pour les amoureux des mystères, pour une fois on a une mystère de qualité et même l’histoire d’amour est moins guimauve que d’hab ! (Alors je ne vais pas trop divulgâcher.) Et le truc le plus important, la photographie de la belle France… oh là là, tout comme la première fois où j’ai vu Montargis… ou Lille… ou Rouen… je suis prêt à déménager ! ([M. le Juge ! Il veut abandonner sa fille ! — Mon ex])

J’avais espéré que l’on allait voir Collonges-la-Rouge, mais tout l’intrigue se déroule à Tulle, qui a été mentionnée dans mon article sur la Corrèze sans l’avoir explorée. Tant pis pour moi. Tulle est…oh, vous verrez. De toute façon, notre histoire commence à une fête où un jeune sculpteur, Manuel Marquis est mis à l’honneur :

Étant « Meurtres à », on sait que le premier jeune artiste que l’on rencontre va vite mourir. Et M. Marquis ne nous déçoit pas, étant assassiné à peu près 30 secondes plus tard :

Vous ne pouvez pas avoir ce genre de commentaire juste n’importe où, les amis. Mais quand la police trouve le cadavre le lendemain, il est bien déplacé, et on le voit au pied d’une croix qui faisait partie d’une procession traditionnelle, la Lunade (fait à Tulle contre la peste depuis 1348) :

On rencontre ici notre enquêtrice locale, Léna :

À cause de son rôle, on sait déjà qu’il va lui falloir travailler avec un enquêteur qui n’habite pas à Tulle, qui est aussi son ex. Mais d’abord, on a quelque chose de plus important à faire — être bouleversé par Tulle :

Je vous jure, je me fais regarder ces programmes pour me rappeler que je déteste ma vie. Et vous, vous cachez tout ça en nous disant qu’il n’y a que Paris à visiter. Hmph. (Désolé pour l’anglicisme.) Mais continuons avec notre enquêteur, Axel, envoyé de Bordeaux pour…euh…des raisons :

Un témoin dit quelque chose à propos d’un « fantôme » à la fête. Le Klan, il y en a en France ? J’en doute :

Mais c’est à ce moment où Axel arrive et dit qu’il ne croit pas au Klan français :

Léna est juste ravie de le voir :

À sa question, elle précise : « Borné ». Vous allez adorer la complicité entre ces deux, ou son absence. En fait, il va y avoir quelques surprises inattendues dans leur histoire. Mais jusqu’au milieu du film, elle ne ratera aucune opportunité pour être cruelle vers son ex. De toute façon, nos détectives vont aller interroger l’avocate de la victime, pour voir s’il avait des ennemis :

Ai-je mentionné que Tulle est belle ?

Il semble qu’Axel est vraiment pas professionnel. Il dîne avec l’avocate :

Nom d’un cobaye, mais Tulle est belle !

Il s’avère que Léna se blâme pour la mort de ses parents. Elle visite le cimetière local avec son grand-père :

Juste après, un ami de la première victime est retrouvé mort :

Ai-je mentionné que je n’en peux plus ?

Vous avez peut-être commencé à soupçonner l’avocate, qui semble vouloir faire distraire les gendarmes. Mais non :

Elle s’est retrouvée devant une autre croix, celle d’Azraël, qui provoque la réplique la plus marrante de la série :

Je ne veux rien divulgâcher, alors j’arrête ici. Mais on doit voir le tout dernier moment (que le couple survit et se réunit n’est pas une surprise ; c’est toujours « Meurtres à »). Je n’en peux plus du tout !

En fait, l’identité du meurtrier m’a surpris, quelque chose qui ne m’est jamais arrivée avec cette série. Mais si vous ne pouvez pas voir les larmes aux yeux, l’envie que ce film m’a donné d’aller en Corrèze…tant mieux pour moi. C’est gênant, ça. Je ne veux vraiment pas gâcher une histoire intéressante, alors je ne dis pas trop, mais bien que l’on reste dans la formule, c’est la meilleure version de soi-même. Recommandé avec enthousiasme !

Vendredi noir à Irvine

Hier était encore une fois Vendredi noir, ou comme on le dit en France, Black Friday. Il m’amuse que vous avez adopté juste la pire tradition autour d’une fête que vous ne fêtez même pas. Dommage, vous ne savez pas ce que vous ratiez avec la dinde :

Non, mais sérieusement, comme disait M. Jours d’humeur, qui nous manque tous. Je vous ai parlé avant du mensonge derrière cet événement, mais aussi des excellentes promotions chez myPanier l’année dernière. Aujourd’hui, je vous présente deux choses : 1) mes achats chez myPanier pour ce Vendredi noir, et 2) Un Coup de Foudre : Le Blog : Le Film, 25 minutes pour faire un tour de South Coast Plaza, le centre commercial avec les revenus les plus élevés du pays.

Fabriqué en Dinde, Photo par Céréales Killer, CC BY-SA 4.0

Alors, qu’est-ce que j’ai acheté cette fois ? Hélas, je suis plutôt prévisible, alors vous allez reconnaître certaines choses de l’année dernière :

Oui, je suis fou de Chamonix, sans lesquels ce blog n’existe pas (je me suis présenté à mon premier groupe avec mon histoire de Chamonix). La Fille adore Le Comptoir du Cacao, mais n’a jamais goûté cette barre, alors elle attend son retour. Quant au nougat, je n’ai pas reconnu la marque « Esprit de Fête » — il s’avère que j’ai acheté quelque chose de Carrefour cette année après tout.

J’ai mentionné les Papillotes dans Je découvre le Rhône, mais c’est la première fois où j’en ai acheté. J’aime toujours goûter les bonbons communs, alors pourquoi pas les Lion ? En ce moment, aucun paquet n’est ouvert — tout attend La Fille, sauf le nougat.

Les biscuits « Amaretti di Saronno » restent mon souvenir d’enfance italien préféré, et si le calendrier d’Avent est grosso modo le même que l’année dernière, je sais qui va en profiter.

J’aimerais vous partager quelques autres photos de myPanier. D’abord, d’autres produits que j’aurais aimé goûter, mais j’ai atteint ma limite :

Vous alliez me dire QUAND qu’en France on peut décorer un sapin avec des boules de nougat ?

M. Descarottes est très en colère contre moi ([Comme d’hab]) parce que j’ai vu ces boîtes de carottes françaises sans en acheter ([QUOI ?!? Appelez la SPA ! Le 17 ! Hanouna ! — M. Descarottes]) :

J’aime bien les Pim’s, un autre souvenir d’enfance, mais ils ne sont pas une priorité car bien connus chez moi :

J’ai presque acheté une de ces boîtes « Mont Blanc », mais je n’étais pas sûr de comment les servir et garder une fois ouverte. C’est évidemment un dessert, mais l’emballage n’avait pas assez d’infos pour moi :

Un de ces quatre, je dois vous raconter la folle histoire de mon meilleur ami avec Maxim’s :

Juste pour mon amie Agathe, voici des épices polonaises :

Et pour finir chez myPanier, si vous voulez voir des escargots à ma table, il faudra que l’on accepte une invitation chez moi. Je ne vais jamais manger ça tout seul. ([Je n’aime pas la cote, les amis. — M. Descarottes])

Alors, Vendredi noir ailleurs. J’étais à South Coast Plaza pour dîner à Quattro Caffe, mon resto hebdomadaire pendant 13 ans déjà. Tout à coup, je me suis dit « Tournez-leur une vidéo de tout ça. Tout le monde vous prend déjà pour un américain ; jouez dans le rôle ! » Un ami m’a récemment expliqué que « prendre (qqn) pour un américain » veut dire croire que le quelqu’un nommé est plus riche qu’en réalité. Je fais des bêtises pour ce blog de même genre que je faisais pour mon ex, mais sérieusement, c’est pas Versailles ici non plus.

Cette vidéo est LONGUE, alors à YouTube, dans la description, j’ai mis des liens vers les moments que je crois sont les plus intéressants : la boulangerie Boudin et les bonbons See’s — les deux étant les trucs les plus californiens au monde — notre seul resto étoilé Michelin, la boutique de Baccarat, le grand sapin, la plus grande des TROIS boutiques de Louis Vuitton là, Quattro Caffe, et le Père Noël. Il y a de nombreuses boutiques des marques françaises et italiennes, et vous en reconnaîtrez beaucoup.

Les mille-feuilles

Aux États-Unis, il y a un livre pour les enfants, « The Little Engine That Could », sorti en tant que films britanniques deux fois, chacun titré « Le Petit Train bleu », afin de profiter d’être confondu avec Thomas et Mes Ennemis Ses Amis. Rien à voir — le livre a plus de 110 ans. Mais le titre original ne mentionne pas de couleur ; il veut dire tout autre chose : « Le petit engin qui pouvait ». L’engin doit remplacer un autre qui est tombé en panne et tirer un train jusqu’à l’autre côté d’une montagne. Elle (les trains de l’histoire sont des personnages femelles) se dit jusqu’au sommet « Je crois que je peux » et en descendant, « Je croyais que je pouvais ».

C’est comme ça, les mille-feuilles.

Haute résolution en cliquant

Allons les préparer ensemble ! (Moi, je ferai tout le travail, même le nettoyage, généreux que je suis.)

Lire la suite

Les macarons « tarte pécan »

Aujourd’hui est Thanksgiving aux États-Unis. Peut-être que vous vous attendiez à une autre recette aujourd’hui ? Ça viendra, mais j’essaye de vous présenter quelque chose de Thanksgiving chaque année (Mon Thanksgiving français, La tarte à la citrouille pour Thanksgiving, Le pain de citrouille de Thanksgiving). C’est ma préférée de toutes nos fêtes, et il y a plein de monde qui veut la mettre un terme. Ils prendront ma citrouille de mes mains froides et mortes, comme on dit en anglais.

J’avais espéré — désespérément — avoir des invités de l’OCA aujourd’hui. Mais quand les invitations sont rejetées, il n’y a rien à faire. Rien de méchant, je crois, mais rien à faire. Alors, je n’ai pas de grand dîner pour vous présenter. Mais j’ai adapté une de mes recettes préférées en forme de macarons, et ça vaut quelque chose.

On parle naturellement de la tarte aux noix de pécan de Galatoire’s, à la Nouvelle-Orléans. Les noix de pécans sont fortement liées à Thanksgiving, et je crois que ce parfum fera plaisir aux goûts français plus que la citrouille avec une bonne dose de cannelle.

Photo disponible à haute résolution en cliquant

Allons les faire ! Rien de plus simple !

Lire la suite

Autant de feuilles que d’ans

C’est encore une fois mon jour le moins préféré de l’année, celui où je dois avouer que je vieillis. 47 ans avec ce coup de vieux. Avant que la fin n’arrive, j’aimerais vous dire une fois que j’ai réussi ma bête noire. Voilà, le mille-feuille de Cook&Record :

Au moins le mien vous rendra moins aveugle que le gâteau de notre président, qui a fêté ses 146 ans hier — ne me regardez pas comme ça, c’est ce que dit la légende :

Quelques jours avant le début du blog, j’ai essayé de faire un mille-feuille pour la première fois. Voici les résultats :

Oh là là, mais l’écriture pique les yeux presque autant que le glaçage ! « Mais Justin », vous me dites « voici la preuve que vous êtes menteur ! Il y de la pâte feuilletée industrielle chez vous après tout ! Pas besoin de tout faire à la main ! » Ah oui, on voit ici la pâte Pepperidge Farm, la seule disponible aux supermarchés ici. C’est un produit inférieur, et on ne peut guère la contrôler. Ça gonfle quel que l’on fasse.

Mais en fait, j’ai menti dans ce post-là. J’ai dit que j’allais les refaire jusqu’à ce que je les réussisse. La réalité, c’est que j’ai mis les mille-feuilles à côté jusqu’à cette semaine. Ce premier essai est venu de la peur que j’ai dû tout faire tout de suite. Je n’étais pas du tout prêt à l’époque. Si on clique la photo, on peut voir à quel point il me reste des choses à apprendre. Des gouttes de fondant ont tombé sur les mauvaises couches, et le glaçage en haut peut être plus plat. Les couches de pâte feuilletée sont presque de même taille, mais même ça pourrait mieux aller.

Après 3 ans et demi, je crois que je comprends enfin, non pas seulement sur la pâtisserie, mais la philosophie, l’esprit derrière vivre à la française. C’est bon d’être enthousiaste, mais il y a un bon ordre derrière tout. Il y a une raison pour chaque pas, et même si c’est « seulement » de la tradition, il faut l’apprendre afin de la comprendre. Je ne sais pas si le fondant marche aussi bien si on le chauffe jusqu’à 113°C au lieu de 114°C — mais je sais qu’il faut le maîtriser avant de penser « Je peux faire différemment ». Juste en faisant ce lot de mille-feuilles, j’ai enfin compris que j’avais la mauvaise habitude d’arrêter de battre le fondant trop tôt au lieu de trop tard. Il faut faire confiance à quelques gouttes d’eau pour le sauver plutôt que chercher un point où il ne deviendra pas solide. Vous regardez le tout premier mille-feuille chez moi où le chocolat n’a pas fini en flottant sur le fondant.

Mais il me reste le sens de devoir tout faire, en ce moment. Je me demande souvent « Et si vous aviez appris le français à partir du collège comme vous l’aviez voulu ? » Je sais que je n’aurais pas les mêmes amis, tombé sur les mêmes découvertes, fait les mêmes bêtises. Serais-je plus heureux avec cette autre vie ? Je ne sais pas. Mais je me sens toujours comme si je dois mettre toute une vie à la française dans la moitié du temps.

Garder ces deux pensées en équilibre, c’est la partie la plus difficile de tout ce blog. En écrivant ce post, j’ai reçu un courriel de France TV qui m’a rappelé autre chose d’il y a 3 ans :

Quand j’y ai créé un compte, j’ai dû leur donner un code postal. Vous pouvez voir ce que j’ai fait. J’ai envie — comme j’ai envie — mais quel que je veuille, ce n’est pas à moi de faire autrement. C’est quoi le bon ordre derrière ce problème ? Je ne sais pas, mais je continuerai de pratiquer, de m’améliorer, et d’espérer que le bon moment arrivera.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Un meurtre de corbeaux

Encore une fois, Langue de Molière doit paraître à l’avance, car mercredi est bel et bien pris cette semaine.

Ce n’est pas exactement la Langue de Molière planifiée pour aujourd’hui, mais vu que j’adore dire que quelque chose est tombée toute cuite dans mon bec (expression que je n’ai découverte qu’il y a deux semaines), je dois écrire sur ce merveilleux tweet de Bérengère Viennot :

Source

Pour être tout à fait clair, elle est un de mes abonnements préférés sur Twitter — hyper-drôle, et tant que vous n’êtes pas con, très sympa.

De toute façon, elle explique le problème :

J’ai lu ça et tout de suite pensé à « Game of Thrones », connu en français sous le nom Il ne va jamais la finir « Le Trône de fer ». Plusieurs de ces livres ont des titres qui jouent avec la habitude anglophone de donner des noms marrants aux groupes d’animaux. Mais j’ai eu une sacrée surprise !

Volée de corbeaux, Photo par Zeynel Cebeci, CC BY-SA 4.0

Les noms des livres en français ? « Le Trône de fer, L’Intégrale : Tome 1 », « Le Trône de fer, L’Intégrale : Tome 2 », etc. Chacun de ces « tomes » est sorti en anglais en tant que roman lui-même, avec son propre titre. Je ne savais pas que chacun a été divisé en de plus petits brochés. Alors, le premier tome est sorti en France en deux parties, « Le Trône de fer » et « Le Donjon rouge ». En anglais, ce premier tome, dit « A Game of Thrones« , fait 694 pages. Les deux « plus petits » tomes en français font 420 pages et 468 pages. Le français est beaucoup de choses, mais concis n’en est pas une.

De toute façon, on peut lire certains de ses titres en anglais comme s’ils sont des noms de groupes. Par exemple, le deuxième tome s’appelle « A Clash of Kings », et on peut le traduire « La bataille des rois », exactement ce que les éditions ont fait avec le troisième broché de la série. Mais il y a sept royaumes dans son histoire, et on peut lire ça d’autre façon, comme si une « bataille » était le nom d’une collection de rois.

Le français n’a que quelques mots pour des troupeaux d’animaux. S’ils marchent sur terre, c’est un troupeau. Dans les airs, c’est une volée d’oiseaux, un essaim d’abeilles, ou une nuée de locustes. Dans les eaux, c’est un banc de poissons ou de baleines ou quel que ce soit. Ça épuise plus ou moins les choix.

Mais en anglais, on trouve plein de noms. Une volée de corbeaux est « a murder », un meurtre. Une volée d’oies est « a gaggle », un mot qui voudrait dire une bande pas-trop-organisée si on parlait d’êtres humains. (Je crois que vous comprenez ce que je veux dire par cela.) Mon dictionnaire Oxford ne donne que « troupeau » pour gaggle, et ça manque vraiment l’esprit original. Une volée de chouettes est « a parliament », un parlement. Une collection de lapins est « a colony », une colonie. Un banc de poissons est « a school », une école. On utilise parfois des adjectifs en tant que noms pour cette exercice ; par exemple, des grands corbeaux font partie d’une cruauté (an unkindness).

Pour être clair, vous ne passeriez jamais un examen qui traite de ces noms dans n’importe quel cours de biologie. Ces noms sont largement littéraires (sauf pour l’école de poissons), et jouent souvent avec les traits de caractère liés aux animaux. On parle d’un meurtre de corbeaux parce que les corbeaux sont bien liés avec la malchance et la mort. On parle d’un parlement de chouettes car on pense à ces oiseaux en tant que des animaux sages.

Pour revenir au pauvre M. George R.R. Martin, son troisième tome s’appelle « A Storm of Swords ». En français, ça se vend sous les noms « Les brigands », « L’Épée de feu », « Les Noces pourpres » et « La Loi du régicide », mais maintenant que vous avez le goût de ce jeu de mots anglais, on pourrait bien le traduire « Une tempête d’épées ». Ou « Le Trône de fer, L’Intégrale : Tome 3 ». Je m’en fiche. M. Martin se moque de ses lecteurs « jusqu’à la banque », comme on dit en anglais. (On dirait plutôt « remplir ses poches » en français pour ça.)

Mais une fois compris, c’est facile à voir comment de tels noms marcheraient en français. Une nullité de rappeurs. Une lâcheté d’hommes politiques. Un égoïsme de footballeurs. Même une paresse de George R.R. Martin !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler d’autres écarts linguistiques.