Archives mensuelles : décembre 2024

Quand il pleut…

…ça se déverse. Telle était la traduction que j’ai découverte il y a trois ans pour un dicton américain, « when it rains, it pours ». Ça veut dire que les maux n’arrivent jamais un à la fois. Hier n’était que pour notre pauvre M. Descarottes — j’ai un sac de carottes à moitié vide, et il me fait pleurer à chaque fois où j’ouvre le frigo. Alors j’aimerais vous remercier tous pour les nombreux mots gentils reçus ici hier. Vous êtes vraiment les meilleurs. ([Vous voyez ? Je suis une star. — M. Descarottes})

Mais ce n’était pas la seule mauvaise chose à m’arriver hier, même si de loin le pire. Je vous ai mentionné que mon ex a une autre fille. Pour être clair, je n’ai rien contre cette petite. Mais je suis sûr qu’une chose qui arrive ici tout le temps arrive également en France — quand un enfant tombe malade à la maternelle, les parents ne le garde à la maison, alors tous les enfants tombent malade. Je ne veux pas trop blâmer les autres, mais si je n’allais pas avoir un autre enfant, j’aurais au moins aimé que cette partie de ma vie reste au passé. Grâce à la petite, et le fait que La Fille change de maison toutes les deux semaines, c’est mon présent. (Il y a un super calembour en anglais pour cette dernière phrase qui ne marche pas du tout en français — « present » veut dire également « présent » et « cadeau ».)

Ne me croyez pas sur parole, que c’est la faute à la petite — sa famille vient d’annuler un voyage ce week-end car ils sont tous tombés malade. Mais ma fille m’avait dit que sa sœur était malade la semaine dernière.

Cependant, je l’ai pris plus cher que les autres. Je tousse sans cesse si fortement que je me suis fait des élongations à tous les muscles autour du ventre. Respirer fait mal, et les toux aussi.)

Alors désolé de ne pas avoir quelque chose de plus intéressant pour vous aujourd’hui. Mais comme par hasard, le billet où j’ai trouvé le dicton avait aussi le meilleur dessin du Canard pour cet instant. Je le partage à nouveau :

C'est un dessin intitulé « Retour de la grippe aviaire » où une dinde dit « j'étais si contente d'avoir échappé aux marrons. »

Et juste pour ne pas fâcher Le Canard, je mets à la une un mème du même billet :

C'est un mème qui dit « Film : il faut sauver la monde ». Puis il y a une photo avec la légende « Le monde » qui montre une carte avec seulement les États-Unis.

M. Clover Descarottes, 2019-2024

Quand M. Descarottes était chez la vétérinaire il y a des mois pour ses dents, j’ai pris rendez-vous pour mardi 17. Plus de 5 ans, il arrive souvent que les cobayes ont besoin de tout genre d’intervention. Je vous en ai parlé en septembre quand son examen annuel n’est pas bien allé. Mais avec une intervention trois semaines plus tard, il a gagné à nouveau son appétit, et avait même grossi de 200 grammes le temps que mardi ne soit arrivé.

M. Descarottes à ses 2 ans​
M. Descarottes à ses 2 ans

Important à savoir, il a subi une radiographie en même temps que l’intervention en septembre. Au-delà des problèmes des dents et de l’arthrite, il semblait que tout autre chose allait bien.

Pendant les trois dernières semaines, il avait commencé à nouveau avoir des problèmes de manger les carottes. Mais vu ce que j’avais entendu chez la vétérinaire avant, je croyais que c’était probablement ses dents encore une fois. Le rendez-vous de mardi s’est passé, la vétérinaire croyait aussi que c’était juste une question des dents, et on a pris un autre rendez-vous pour jeudi matin. Je l’ai laissé au cabinet vers 7h15, et à 11h15, j’ai reçu un appel pour me dire que la chirurgie a fini, et que j’allais pouvoir le récupérer vers 14h30.

À 12h30, j’ai reçu un autre appel. Après s’être réveillé, il avait commencé à courir comme d’habitude quand tout à coup, il s’est arrêté, et il est devenu très difficile pour lui à respirer. La vétérinaire voulait lui donner une autre radiographie

15 minutes plus tard, j’ai reçu les nouvelles horribles. Selon la vétérinaire, ses poumons étaient complètement noirs dans l’image. Elle croyait que c’était un cancer de poumon, mais dans n’importe quel cas, il ne survivrait pas la semaine. Elle m’a dit d’y aller le plus vite possible.

La Fille passait ses examens de fin d’année cette semaine. Hier était le dernier jour des examens, et elle est sortie de l’école des minutes après que j’ai entendu les nouvelles. Mais à partir de mercredi, elle était chez sa mère, alors j’ai dû lui parler.

Mon ex a une autre fille avec son nouveau mari, ce qui est son affaire. La seule raison pour laquelle je la mentionne, c’est qu’elle a dû aller chercher cette fille à son école, alors j’étais de loin le premier à arriver chez la vétérinaire :

Photo de Baker-Bristol Pet Hospital, le cabinet de la vétérinaire
L’hôpital pour animaux Baker-Bristol

Le docteur Kumar est diplômée de l’une des meilleures universités du pays, l’Université de Pennsylvanie. Je n’ai que de bonnes choses à dire à propos d’elle. Il faut savoir que presque personne n’accepte les cobayes en tant que patients ici, et je me compte vraiment chanceux de l’avoir découverte il y a 7 ans, pour le premier Clover.

Ce qu’elle m’a dit, c’était qu’en se réveillant, M. Descarottes avait l’air en forme, et il avait commencé à courir autour de sa cage. Mais après une heure, tout à coup, il s’est effondré et a eu de gros problèmes de respiration. En pensant à nouveau à la situation, elle m’a dit que c’était peut-être un caillot de sang entré dans le poumon. Je ne suis pas sûr si elle voulait dire qu’elle avait tort quant au cancer où si le caillot était en conséquence d’un cancer. Je ne sais pas.

En allant vers le cabinet, j’ai tout dit à mon amie F, la personne la plus rassurante que je connais. Ça m’a beaucoup aidé à garder mon sang-froid jusqu’au moment de mon arrivée.

Il était dans un état horrible, presque dégonflé. Il ne couinait plus, et c’était tout ce qu’il pouvait faire d’essayer de lever la tête. Ça n’a pas bien marché du tout. Je me suis assis à côté de lui, et je l’ai caressé pendant une demi-heure. À 14h02, il n’a plus bougé et j’ai su.

La Fille est arrivée 10 minutes plus tard. Elle est bien traumatisée car elle n’était pas là pour son animal de compagnie. Ce n’était pas du tout sa faute. J’ai le cœur brisé pour les deux.

Je ne sais pas ce que je ferai quant à ses apparitions ici. Je sais qu’il est bien-aimé de vous tous, à partir de son explication de ses animaux de compagnie jusqu’à son effort de prendre la place des malheureux de Matignon, en passant par sa recette de gâteau aux carottes et sa recette de foin en poudre. Il n’a jamais perdu son Nord, car si on est honnêtes, l’aiguille d’une boussole ressemble plutôt fortement à une carotte. Je lui en ai donné à manger la veille de cette intervention, et toutes avaient disparu quand je l’ai vu le matin pour aller chez la vétérinaire.

Il sera enterré dans le cimetière d’animaux de compagnie ici, avec notre premier cobaye.

Douleur

On va parler aujourd’hui de quelque chose de personnel. Je reçois parfois des commentaires genre « Dites-donc, si vous me laissez un commentaire à 11h du matin, il est 2h du matin chez vous, Justin. Qu’est-ce qu’il y a ? »

En novembre 2016, j’étais entraîneur de l’équipe de foot de ma fille, quelque chose que j’avais fait depuis trois ans déjà. Mais ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’était que j’étais sur le point d’aller en enfer. Je dirigeais les filles lors des exercises avant un match, quand tout à coup j’ai ressent un mal au dos tel comme je n’ai jamais connu de la vie.

Je n’ai rien fait de mal ce jour-là. L’orthopédiste m’a dit plus tard que le disque dans ma colonne vertébrale se dégradait depuis longtemps. C’était juste ma chance que c’était la fin. On y reviendra.

Aux États-Unis, il y a une entreprise qui s’appelle Despair, Inc. (Désespoir), qui vend des affiches « démotivateurs ». Ce sont des parodies, mais je les trouve souvent plus proche de la vérité que tout autre chose. Voici deux de mes préférées ; la première est juste là pour être drôle, l’autre nous aidera à finir l’histoire.

Affiche qui montre un ours qui pêche un saumon d'une rivière, avec la légende : « Ambition : Le trajet de mille kilomètres se termine parfois très mal ».
Ambition : Le trajet de mille kilomètres se termine parfois tres mal
Affiche qui montre un bateau en train de couler avec la légende : « Erreurs : Peut-être que le but de votre vie est de servir en tant qu'avertissement aux autres ».
Erreurs : Peut-être que le but de votre vie est de servir en tant qu’avertissement aux autres

Qu’est-ce que les affiches ont à voir avec notre histoire ? La première, rien — c’est juste que je le trouve drôle, sauf pour le saumon. Mais la deuxième, c’est la vraie nullité.

Depuis le moment où le fichu disque s’est effondré, j’expérimente ce que j’appelle « les feux d’artifice » partout — des moments où je me sens comme si quelque chose vient d’exploser dans les mains ou les jambes. Mais après les deux premières années de ça, je me suis habitué à ça et j’ai pu dormir de façon normale.

Alors quand la douleur dans les jambes est devenue de plus en plus forte fin 2018, je croyais que c’était simplement à cause de la colonne vertébrale. Je ne savais pas que j’avais perdu contrôle du diabète, géré à ce point avec de l’exercice (mais de moins en moins rigoureux à cause de la douleur). C’était seulement en mi-2019 que j’ai enfin pris un rendez-vous chez le médecin pour la première fois en plus de 2 ans.

J’avais bel et bien mal rangé le bordel. Le diabète avait fait des choses horribles aux nerfs dans les jambes. Des genoux jusqu’aux pieds, la douleur continue sans cesse — même pas pour une seconde — pendant ces 5 dernières années, et ça continuera à jamais. Je ne sais pas comment ça marche en France, mais aux États-Unis, les médecins demandent souvent où se situe la douleur sur une échelle de 1 à 10. Je dirais un 4, car il me semble que couper un membre ou une brûlure du troisième degré doit être beaucoup pire.

C’est pour ça que c’était un si grand plaisir de parler avec des gens qui sont réveillés pendant que la Californie dort. Ça fait plus de 5 ans maintenant depuis la dernière fois où j’ai dormi plus de deux heures d’affilée. Pendant un certain temps, c’était même une bénédiction un peu tordue — je voulais du temps pour étudier ? Rien d’autre à faire la nuit — mais pour autant que j’aime vous lire tous à 1h ou 2h du matin, j’ai envie de hurler tout le temps. Je n’ose pas le faire.

Personne ici ne le croit, même si les médecins me disent toujours que les IRM ont l’air douloureux, et j’ai arrêté d’essayer de l’expliquer il y a longtemps. Je le cache vachement bien quand on me voit, il me semble. Si on écoute la balado, on ne l’entend pas dans ma voix non plus.

Alors pour revenir sur notre affiche d’Erreur, si vous tirez juste une chose de tout ça, si vous avez du mal, ne soyez pas macho — allez chez le médecin avant qu’il ne devienne pire !

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Dans la ferme de Mathurin

Une amie a récemment partagé avec moi un clip d’un humoriste, Maxime Gasteuil. Dans le clip, il fait des crises en jouant des comptines pour son enfant (hors l’écran) pour l’énième fois dans sa voiture. Le voilà :

Je dois vous dire tout d’abord que je comprends. Vous ne connaissez probablement pas The Wiggles ni The Pajanimals, mais les 3 premières années de La Fille ont suffi pour que les deux aient toujours des places parmi mes 20 chansons les plus jouées. Fin juin, le générique des Pajanimals restait encore au-dessus d’Un Jour Dans Notre Vie, ma chanson préférée de tous les temps. Je comprends donc que M. Gasteuil ne raconte rien d’autre que la vérité. Les comptines rendent fou, je le sais.

Il y avait plusieurs comptines dans son sketch qui ne m’ont pas parlé du tout. Il court, il court, le furet et Le bon roi Dagobert n’ont aucun parallèle en anglais et les mélodies ne me sont pas familières non plus. Mais il y en avait une qui m’a fait arrêter tout court, La ferme de Mathurin. Je la connaissais. Cependant, pas de même façon !

C’était bien évidemment une traduction de la comptine britannique « Old MacDonald Had A Farm » (assez littéralement, « Le vieux MacDonald avait une ferme »). Mais ce qui m’émerveillait, c’était les efforts de garder certaines structures à travers les deux langues. On va faire un détour ici.

D’habitude, Langue de Molière se concerne de faits divers autour de la grammaire, ou les expressions. Mais cette fois, c’est la prononciation et surtout les accents. Ce n’est pas exactement un secret que le français et l’anglais ne mettent pas les accents sur les mêmes syllabes. En français, on les trouve vers la fin de chaque mot ; en anglais… c’est plus compliqué, mais en général, si un mot a deux syllabes, l’accent tombera sur la première ; s’il en a trois, sur la deuxième.

C’est bizarre, mais pour autant que j’aime vous écouter tous parler français, je n’aime pas vous entendre en anglais. C’est largement à cause des voyelles, et oui, je suis hyper-sensible au fait que ça va dans les deux sens. Mais les accents, c’est tout autre chose. Je connaissais une fille québécoise au lycée, qui faisait un séjour linguistique d’une année, et il n’y avait rien au monde que j’aimais plus que l’entendre dire le mot « eleven » (onze). C’était exactement l’envers de comment on est censé le prononcer. Un anglophone dirait e-LE-ven, avec le seul accent sur la deuxième syllabe ; elle mettait des accents sur les premières et dernières syllables, E-le-VEN. L’effet était hypnotisant. On aurait pu avoir une conversation comme ça :

Elle : Je veux que tu cambrioles ten (dix) banques pour moi.

Moi : Quoi ? C’est illégal, non !

Elle : Est-ce que j’ai dit « ten » ? Je voulais dire « E-le-VEN ».

Moi : Ah oui, tout ce que tu veux, ma chère !

Je vous jure, quelqu’une rate une opportunité.

Alors, revenons à Mathurin. La chanson en anglais a un refrain :

Old MacDonald had a farm

où les accents se trouvent sur « old », « Don », « had » et « farm ». En français, on chante :

Dans la ferme de Mathurin

et en quelque sorte, avec 7 syllabes dans toutes les deux langues, les accents tombent sur exactement les mêmes endroits. Je les écrirai à nouveau avec les accents en majuscule :

OLD MacDONald HAD a FARM

DANS la FERME de MAthuRIN

On peut voir exactement le même modèle d’accents dans « Mathurin » que dans le mot « eleven » de cette élève québécoise, et pourtant, où c’était exotique et étrange, ici, étalé à travers trois mots d’une syllabe chacune, ça marche parfaitement.

Après, la relation ne tient pas aussi bien. En français, on chante « Y’a des centaines de canards », mais l’anglais se traduirait plutôt « Et dans sa ferme il avait des canards ». C’est deux syllabes de trop, et la traduction privilège le son sur la grammaire. Mais cette première phrase, c’est exacte !

Il y a même un cas que je connais où la traduction en français rime mieux que l’anglais original. Connaissez-vous la série Dinosaures des années 90 ? Il y avait une chanson en anglais, « I’m The Baby, Gotta Love Me« , chantée par le bébé de la famille, une personnalité tres Dogbert ou M. Descarottes. La version française est « Je suis le bébé, il faut m’aimer », et sérieusement, je jurerais que la VF était en fait la VO :

Mais j’ai toujours une question. Mathurin, qui est-il ?

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine, mais attention, on risque de se faire bannir.

Les churros

Aujourd’hui est l’anniversaire de mon amie rouennaise, et vu son amour pour le Mexique, toutes les années je prépare un dessert mexicain pour l’occasion (gâteau aux trois laits, chocoflan). Cette fois, c’est les churros. Oui, à 9 000 km, je dois aussi les manger à sa place, mais c’est ça le fardeau d’être moi.

Deux churros d'environ 10 cm chacun sur une petite assiette
Haute résolution en cliquant

Cette fois, notre dessert ne prend qu’environ une heure du début jusqu’à la fin. La mauvaise nouvelle, c’est que les churros sont à leur meilleur chauds, au moment d’être réalisés, et ne se conservent pas très bien. La bonne nouvelle, c’est qu’aucun churro de qualité n’a jamais vu le lendemain pour que ce soit un problème. Allons les préparer !

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Saison 3, Épisode 39 — L’épisode tout chaud

Les pires années aux États-Unis sont sans doute celles avec une présidentielle, à ne pas dire que j’aime bien les autres. Je vous ai parlé avant des textos sans cesse pendant des mois de la part de tout et n’importe quel candidat. Puis on passe directement à 3 semaines de publicités pour Black Friday, suivies par l’escroc dit « Cyber Week », et après ça, un mois de pubs pour Noël. On a maintenant commencé à recevoir les pubs vraiment désespérées, celles qui promettent des livraisons gratuites ou avec des remises, si seulement on commandera plus de stuff.

Moi, je suis déjà prêt. Plus tard cette semaine, on parlera de ce que La Fille recevra pour Noël. Étant un mauvais pere qui s’en fout de son seul et unique enfant — demandez à sa mère — j’ai planifié plusieurs cadeaux sans lui demander la moindre chose sur ses intérêts. (Veuillez ne pas dire à mon ex que c’est car je les connais déjà.)

Mais le calendrier me trahit. À mon avis, on a vu ce qui serait le meilleur film de presque n’importe quelle autre année, ce que j’ai déjà appelé le meilleur film de tous les temps en octobre, Transformers : le commencement. Mais ça, c’était avant les bandes-annonces pour le troisième volet de Sonic le hérisson. La seule blague que j’ai vu (à ce point) qui marchait en français, c’était quand on a demandé à l’ami de Sonic, Tails, « Et toi, tu es le détective Pikachu ? » (Les oreilles se ressemblent fortement.) Faites-moi confiance, j’ai plié de rires. Mais je dois attendre une semaine de trop parce que La Fille part chez sa mère la veille de la sortie du film.

Comme dit mon héros Calimero, c’est injuste. C’est vraiment trop injuste. (Je n’ai jamais entendu parler de Calimero jusqu’en 2020. Mais on reconnaît vite les âmes sœurs.)

Il faut que j’ajoute que les films de Sonic posent de graves problèmes de traduction. La meilleure réplique du deuxième volet fait référence à un personnage bien connu des livres pour enfants américains. J’ai entendu la réplique en français — on a acheté le film le plus vite possible — et ça ne tombe pas du tout. C’est comme si un américain regardait le troisième OSS 117 avec toutes ses blagues sur Casimir. Ô. J’ai fait ça — et j’avais déjà fait un poisson d’avril sur Casimir 2 ans plus tôt !

Puis-je vous dire le truc le plus dégoûtant que j’ai appris cette semaine ? On considère que le meilleur entraîneur du football américain est un nommé Bill Belichick. Il a 72 ans. Tout le pays vient d’apprendre que sa nouvelle copine n’a que 24 ans (lien en anglais). Dit autrement, si je faisais la même chose, la mère de ma copine serait enceinte avec elle grosso modo maintenant.

Je suis si fier d’avoir annulé mon abonnement à la télé. Pas un centime à ce monsieur de ma part !

Je viens de finir le premier numéro du bulletin de l’OCA pour 2025. En janvier, j’irai à son Assemblée Générale pour la première fois et serai élu à mon poste avec le reste de l’équipe. Croyez-moi, il n’y aura pas d’autres candidats, mais M. Descarottes menace de faire barrage contre moi quand même.

Notre blague traite de la mémoire. Il n’y a pas de Bonnes Nouvelles Françaises cette semaine pour manque de temps, pas à cause d’une catastrophe. Nos articles sont :

Les gros-titres sont : Analphabète, Poivre, et Espion.

Sur le blog, il y a aussi VoiceOver, sur mes expériences avec les technologies d’accessibilité d’Apple, Moniteur de glycémie, sur un changent de cet équipement chez moi, et Ma bûche américaine, sur l’accueil de ma dernière bûche de Noël.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur AppleGoogle PlayAmazonSpotify, ou encore Deezer. J’apprécie aussi les notes et les avis laissés sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Ma bûche américaine

Ce n’est pas ma bûche de Noël annuelle. J’essaie de créer une nouvelle bûche chaque année, et on n’est pas encore là. Mais hier soir était le dernier événement de l’OCA pour 2024, une soirée tarot, et je voulais faire quelque chose de spécial. Mais j’ai oublié quelque chose d’important. Si la malchance n’existait pas, je n’aurais pas de chance.

Alors, d’abord, parlons de la bûche de Noël. Presque personne ne se souvient de ma bûche de 2021, parce qu’il n’y avait qu’une petite poignée d’abonnés à l’époque. Mais c’était une des grandes réussites du blog. Je l’ai adapté du livre « Desserts by Pierre Hermé » (écrit avec une américaine ; je ne sais pas si « Mes desserts préférés » est exactement le même livre en traduction, mais c’est similaire) , où il a publié un gâteau dit Riviera — des couches d’un biscuit au chocolat sans farine, une mousse au chocolat, et une crème au citron. J’ai ajouté de la gélatine à la crème au citron, remplacé le biscuit sans farine avec du pain de Gênes, et remplacé la mousse au chocolat avec un insert de mousse aux 3 chocolats.

Après en avoir parlé avec La Fille, j’ai remplacé le pain de Gênes cette fois avec le biscuit au chocolat sans farine. Et j’ai décidé de hausser le niveau de décoration. Voici une photo de la bûche telle que je l’ai démoulée :

Bûche de Noël, façon entremet surgelé -- la surface est complètement lisse, et la couleur est toute jaune car l'extérieur est une crème au citron.

C’est joli, mais elle manque de décoration. J’ai donc réalisé une meringue italienne et l’ai pochée au-dessus avec une douille Saint-Honoré :

Même bûche qu'avant, avec un haut recouvert de meringue italienne.

Je l’ai flambé au chalumeau, tout comme une tarte au citron. J’étais si fier des résultats :

Même bûche, avec la meringue légèrement brûlée

La meringue pourrait être un peu plus symétrique, mais c’était littéralement la première fois où j’ai fait ça — j’ai pratiqué sur une assiette avant de le faire, mais c’est autre chose quand on fait ces choses là où tout doit être parfait. Pierre Hermé aurait honte de moi, et je l’assume car il aurait raison.

Tout est bien allé pendant le trajet jusqu’à la maison de l’hôte. Mais quand je suis descendu de ma voiture, la meringue a glissé et est tombée à côté de la bûche :

Même bûche, mais la meringue est maintenant à côté. Elle est tombée en bloc, et ne s'est pas brisée.

Ce n’est pas la pire chose. Je ne sais pas comment régler cette situation, mais même moi, je dirais que mes intentions étaient bonnes.

Je ne sais pas de quoi je parle.

Il y avait quelqu’une là que je connais depuis deux ans déjà, mais qui n’a jamais assisté aux soirées de tarot. Je la connais de mon groupe de cinéphiles. On n’a jamais eu de problèmes entre nous. Cependant

Pendant la pause pour le dessert, tout le monde, dont elle, a goûté ma bûche. Ma bûche d’après Pierre Hermé. Il fallait que je me rende compte que Dorie Greenspan, sa collaboratrice, était aussi américaine que moi. De toute façon, cette femme, divorcée célibataire comme moi et qui a peut-être 4-5 ans de plus que moi, s’est lancée dans un discours devant moi, en s’adressant à un français de naissance, où elle a annoncé que (je paraphrase légèrement) :

« J’ai épousé un américain, mais ça n’a pas marché car il y avait trop de différences culturelles. Personne n’est vraiment capable de s’adapter à la culture française. Même mon dernier copain, un italien, ne l’a vraiment comprise. »

Je restais silencieux, le moral dans les chaussettes, car il me semblait qu’il n’y avait que deux explications possibles. Soit je suis si invisible que l’on peut dire tout ça devant moi en me connaissant sans se rendre compte à quel point je serais offensé, soit elle a compris exactement ce qu’elle disait mais a voulu m’envoyer un message. Au cas où, bien sûr, car rien ne s’est passé entre nous.

Je pensais à quitter l’événement en ce moment, mais j’ai fini par décider que ce serait pour le pire. En même temps, j’ai atteint ma limite. Je ne dérangerai plus personne avec une autre bûche américaine. La prochaine fois, j’apporterai des Twinkies.

« Tag » : ce livre qui…

J’ai vu ce tag chez La lectrice en robe jaune en octobre, et j’avais dit pour le « C’est le 1er » de novembre que j’allais y répondre après la Grande Fête du Tour. Nous voilà.

Couvertures de : Orthodoxie, L'Appel d'Am-Heh, L'espion qui venait du froid, Le second degré n'est qu'une température, et L'Arche de Noé​
Couvertures de : Orthodoxie, L’Appel d’Am-Heh, L’espion qui venait du froid, Le second degré n’est qu’une température, et L’Arche de Noé

Ce livre qui… est le premier que j’ai lu : Absolument impossible à dire en anglais ni en espagnol, mais en français, c’était Le second degré n’est qu’une température. Si celui-là ne compte pas, car c’est juste une série de blagues, puis L’Appel d’Am-Heh. En anglais, c’était probablement un truc de la série Dick & Jane pour apprendre à lire, où toutes les phrases ne font que 3 ou 4 mots. En espagnol, possiblement le recueil de Gabriel García Márquez L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Eréndira et de sa grand-mère diabolique ou son roman L’amour aux temps du choléra. J’ai lu beaucoup de ce monsieur au lycée.

Ce livre qui… m’a fait le plus pleurer : Oh là là, probablement Tristana par Benito Pérez Galdós, sur une fille malchanceuse qui habite avec un ami de ses parents après leur décès, le diabolique Don Lope. Il la séduite, elle tombe amoureuse d’un peintre, puis elle perd une jambe, le peintre la quitte et sans personne au monde, elle épouse Don Lope juste pour avoir quelqu’un. C’était horrible. (J’ai dû le lire à la fac.)

Ce livre qui… a été relu plus de deux fois : Il n’y a pas de question — Dune. Je le relis toutes les 3 ou 4 années depuis le collège. C’est le meilleur. Mais j’ai aussi relu 1984 par Orwell 6 ou 7 fois à ce point.

Ce livre qui… attend toujours que je le finisse : Uh-oh, faut avouer toute ma PAL, hein ? L’Arche de Noé, par Marie-Madeleine Fourcade, m’attend sur mon appli Kindle pendant 2 ans et demi déjà. Nid d’espions à Canton par Guy-Roger Duvert attend aussi depuis trop longtemps. Plus récemment, La Signare de Gorée par Laura Rahme. Il y a une autre réponse qui vous fera perdre la tête, mais je la garde jusqu’en janvier. Comme vous allez tous rire !

Ce livre qui… est mon livre de chevet : Orthodoxie par G.K. Chesterton, le seul livre relu plus que Dune de ma vie. Ma copie depuis le lycée est dans un état pitoyable, mais c’est ce qui arrive quand on relit un livre plusieurs douzaines de fois. Il nous faudra en parler plus de M. Chesterton.

Ce livre qui… m’a déçu : Je ne peux pas dire Sandworms of Dune, même si on en a parlé, car je savais avant de l’ouvrir qu’il serait la nullité par excellence. Je choisirai donc Prélude à Fondation par Isaac Asimov. Tout le Cycle de Fondation se considère comme un chef-d’œuvre en anglais, et Asimov était une grande influence sur beaucoup d’écrivains de science-fiction, mais il écrivait ses humains comme des robots. Et dans ce livre, ça arrive au point où son personnage principal épouse un robot. (Je le ferais pour R. Dorothy Wayneright de la série anime The Big O, mais aucun autre robot.) Beaucoup trop de coïncidences « chanceuses » dans ce livre aussi ; une fois fini, j’ai dit « Non, mais sérieusement » (mais en anglais).

Ce livre qui… devrait être lu par tout le monde : Le Nommé Jeudi, par G.K. Chesterton. À la fois une dénonciation de la violence politique et l’un des livres les plus drôles que j’ai lus. Si on veut une suggestion moins « message », soit Le Dernier Restaurant avant la fin du monde par Douglas Adams soit L’espion qui venait du froid, le seul livre que j’ai lu sans un seul mot gaspillé.

Ce livre qui… est le dernier que j’ai lu : Backup par Guy-Roger Duvert. Mais c’était en anglais. Est-ce que ça compte ?

Moniteur de glycémie

Peut-être que vous vous souvenez de ma déception plus tôt cette année lorsqu’après 18 ans avec le même moniteur pour mon diabète, j’ai essayé quelque chose de nouveau — et ni l’appli ni le moniteur n’ont tenu leurs promesses de fonctionner en français. Je veux dire avant de continuer que je ne risquerais jamais ma santé pour ce qui suit, et que je crois sincèrement que c’est une amélioration pour d’autres raisons. Ça dit :

J’ai changé de lecteur car mon ancien coûtait des sommes de folie pour les bandelettes réactives, et quand j’ai découvert que la même entreprise vendait un lecteur qui coûterait la moitié pour le matériel, sans une vraie perte d’exactitude, j’étais ravi de faire le changement. Mais il y a trois mois, quand j’ai enfin eu l’opportunité de faire une comparaison entre le lecteur et les résultats du labo, j’étais tout sauf ravi. Puis j’ai lu des tests indépendants, et j’étais très déçu d’apprendre que LifeScan, la manufacture, avait vraiment perdu sa réputation pour qualité. Cependant, je passe maintenant 6 mois entre rendez-vous chez le médecin, et il me restait un bon stock de bandelettes, alors je n’ai rien fait à l’époque.

Cette semaine, j’ai enfin épuisé les vieilles bandelettes. Alors j’ai acheté un lecteur « Contour Next One« , censé être le seul qui réussite une erreur de +/- 10 % plus de 95 % du temps. En plus, les bandelettes ne coûtent que 38 centimes chacune, mieux que les 50 du dernier lecteur, et beaucoup mieux que les 1,30 $ de mon premier lecteur. Les chiffres ont toujours besoin de travail de ma part, mais ce n’est pas la faute au lecteur. Mais l’appli qui va avec, c’est le septième ciel. Vous allez vous moquer de moi, mais allons-y.

Quand j’ai lancé l’appli pour la première fois, les résultats n’étaient pas prometteurs. C’était tout en anglais, mais avec l’option de changer de langue. On verra :

Capture d'écran de l'appli Contour en anglais, qui demande langue et pays.

Un « OK » plus tard, oh là là, mais tout va pour le mieux pour une fois !

Capture d'écran de l'accueil de l'appli Contour

Ce que j’aime déjà, c’est qu’il n’y a pas de messages sur le moniteur lui-même, juste les chiffres. Ça rend la tâche de soutenir une appli plurilingue plus facile. Il y avait plusieurs autres pages de cette introduction :

Finalement, le moment de vérité — une fois je crée un compte, est-ce que l’appli me dira « On est aux États-Unis, parle l’espagnol, toi ! » ? L’autre truc l’a fait. (Ainsi que l’anglais, pour être clair.)

Capture d'écran pour créer un compte ou se connecter

Mais non ! Ils m’ont même envoyé un courriel bien écrit. Qu’est-ce qui arrive ? Ils veulent acheter ma fidélité, quoi ?

En plus, ce truc est très mal adapté aux goûts américains. Où est donc passée la soixante-dizaine de genres ? (Lien à un site médical bien réputé en anglais.)

Écran pour remplir le profil d'utilisateur avec deux choix pour le genre

Il me me dérange pas d’avouer comment je gère le diabète ; pas encore d’insuline pour moi, mais le nombre de cachets quotidiens a atteint sa limite.

Capture d'écran d'un profil rempli avec mon genre de diabète et quels médicaments je prends

J’aimais bien le tableau de mon ancienne appli de LifeScan, qui montrait environ dix jours de résultats à la fois, mais celle-ci a ses vertus. C’est très facile à lire , et j’aime que le symbole pour le jeûne est une pomme barrée. Moi aussi, je dis non aux fruits ! Bon, je plaisante.

Capture d'écran du dernier chiffre du lecteur, un bon taux de glycémie après une nuit de jeûne.

Pour être clair, toutes ces données sont juste pour moi. Ça fait 18 ans où je vis avec cette maladie et aucun de mes docteurs ne m’a jamais demandé de voir les résultats de mon lecteur. Ils ont leurs labos. Si mon docteur voulait suivre mes résultats, je n’hésiterais pas à tout gérer en anglais. Mais puisqu’il n’y en a pas besoin, c’est une opportunité pour tenter vivre encore plus de la vie 100 % en français.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Ça devient chaud

Pendant la pause de Langue de Molière, j’étais chez Quattro Caffe, mon resto italien préféré ici. C’est bon — je rêvais d’y aller avec quelqu’une, avant d’avouer la réalité — mais je vous dirais très franchement que ce n’est pas le meilleur au monde. Je suis là toutes les deux semaines car l’équipe me connaît très bien. Ce à quoi je ne m’attendais pas du tout, c’était que j’y dirais « Il faut que j’écrive sur ça pour Langue de Molière ! ». Mais nous voilà.

Voici mon plat préféré là depuis 20 ans déjà, « spaghetti frutti di mare », ou comme on dirait, les spaghettis aux fruits de mer. Ce plat n’a jamais apparu sur la carte — il faut faire attention aux serveurs pour savoir qu’il existe :

Spaghetti aux fruits de mer -- il y a six moules, des anneaux de calamars, des morceaux d'un poisson inconnu, et une langoustine fendue en deux, tout en haut des spaghettis.
Spaghetti aux fruits de mer chez Quattro Caffe

Mais ces spaghettis ont une propriété peut-être inattendue. Le propriétaire du resto est un immigré italien, Antonio Cagnolo ; le gérant Domenico est aussi italien — mais l’équipe, en cuisine ainsi que les serveurs, est toute mexicaine (c’est commun en Californie du Sud). Et les mexicains aiment leurs piments (si vous êtes perplexe sur ce sujet, consultez ma recette du chili colorado). C’est pour ça que pendant une décennie, l’équipe me m’apporte toujours deux verres de thé glacé, mais ne m’en facture qu’un. Et c’est pour ça que je reste un si fidèle client.

En anglais, on dirait que ce plat est « hot ». Mais en le commandant la dernière fois, il m’est venu dans l’esprit que nous avons une habitude curieuse que l’on ne trouve pas en français. On utilise « hot » également pour « chaud » et pour « épicé », et ça ne permet pas de distinguer facilement entre les deux sens. On dit donc parfois, à haute voix, « I mean temperature-hot », « Je veux dire « hot », sens temperature » ou « spicy-hot », « « hot », sens épicé ». Dans les deux cas, on les prononce comme s’il y avait un trait d’union entre les deux mots. Alors, je ne dirais jamais en français ce que je dis en anglais, car le français est plus précis dan ce cas.

N’imaginez pas que le français est toujours plus précis — on a parlé du fait que « spectre » se traduit également par ”spectre » pour un fantôme, et « spectrum » pour la gamme de couleurs. Mais il est difficile d’imaginer un cas où l’on aurait vraiment besoin de distinguer entre les deux avec ce geste de trait d’union.

Il me semble que je n’ai jamais entendu non plus en français un autre comportement verbal que l’on fait en anglais avec un trait d’union à l’orale. Parfois, on veut suggérer que quelque chose ne fait vraiment pas partie d’une catégorie. Alors, on entend des choses comme « Luigi a tué le PDG, et c’est un crime, mais est-ce un crime-crime ? Après tout, je déteste la victime. » On ne trouve jamais ce style dans l’écriture formelle ; peut-être que ça se trouve dans des livres genre YA, pour imiter les paroles des gens de 20 ans. Je ne sais pas. Mais comme je le dis, je l’entends souvent en anglais, mais jamais en français.

Pour revenir sur « hot » pour un instant avant de finir, on dit ça aussi en anglais, sens « chaud », pour exactement le sens de mon gros-titre un peu coquin. Mais jamais tout seul ; on dit plutôt « hot and bothered », littéralement « chaud et embêté », mais pour laquelle mon dictionnaire Oxford préfère « se mettre dans tous ses états ». Alors merci d’excuser mes compatriotes s’ils disent « chaud » et vous le trouvez un peu inapproprié. Ils veulent presque certainement dire « chaud, sens température ». Enfin, probablement.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine à la ferme de Mathurin.