Archives mensuelles : Mai 2023

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

D’avoir et de tenir

Je pense parfois à ouvrir une pâtisserie, et de la nommer « J’ai torte ». Le problème, au-delà des limites de mon dos, qui ne supporterait pas rester debout autant, c’est que les clients anglophones ne comprendraient pas le « j’ai » et les francophones, le « torte ». En ce cas, torte est un mot qui veut dire un gâteau en anglais ainsi qu’en allemand. Une forêt-noire, par exemple, est nommé Schwarzwälder Kirschtorte en allemand ; la tarte Sacher s’appelle Sachertorte. Vous comprenez sûrement.

Mais c’est le « j’ai » qui provoque notre réflexion du jour. Quand je dis que les anglophones ne comprendraient « j’ai », c’est simplement que c’est dans une langue étrangère à eux. Mais il y a aussi un sens plus profond, parce que ça exprime un sens différent de sa traduction en anglais.

Avoir veut dire que son objet appartient au sujet ; la traduction habituelle en anglais est « havé ». Mais ce n’est pas le mot que l’on utilise en anglais pour exprimer beaucoup des mêmes idées. Pour un torte, un gâteau, on dirait en français « J’ai un torte », mais évidemment je voulais faire un calembour avec « j’ai tort ». Et pour ça, on dirait plutôt « be », traduit habituellement en français comme « être ». Comme l’anglais doit être déroutant à première rencontre — « I am hungry/hot/cold/wrong » — « Je suis faim/chaud/froid/tort/etc. ». ([Ne vous inquiétez pas. Vous aurez tort pour toujours chez moi. — Mon ex])

C’est exactement ici où l’espagnol m’a permis de sauter par-dessus de cette expérience. L’espagnol fait la même distinction que le français. Sauf que. (Phrase entière, comme dit notre ami Jours d’humeur.) Sauf qu’en espagnol, qui est trop riche en verbes — ayant ser et estar pour des sens différents d’être — c’est plutôt « tener » pour tous ces sens d’avoir, et tener veut vraiment dire « tenir ». Avoir, surtout en tant qu’auxiliaire, l’espagnol a « haber » pour ça.

J’étais récemment curieux sur les vœux de mariage en français. Oui, oui, je sais, on va à la mairie, il n’y a plus de mariage religieux en France, mais il y a toujours des églises, n’est-ce pas ? Et non, la question n’a aucun intérêt personnel ; en juillet, je « fêterai » un anniversaire honteux sur ce sujet, et non pas quant au divorce. Ce que je voulais savoir vraiment, c’était comment on traduisait « to have and to hold », littéralement « d’avoir et de tenir », mais peut-être tout autre chose vu la discussion en haut.

Aux églises américaines, également catholiques que protestantes, cette formule est plutôt archaïque, et n’est plus souvent utilisée.

(Name), do you take (name) for your lawful wife, to have and to hold, from this day forward, for better, for worse, for richer, for poorer, in sickness and in health, until death do you part?

Mais il reste une option chez les catholiques et les anglicans aussi. En français, cette paragraphe du « Livre de la prière commune » se rend littéralement :

(Nom), est-ce que vous prenez (nom) pour être votre femme légitime, d’avoir et de tenir à partir de ce jour, pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse, dans la pauvreté, dans la maladie et dans la santé, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

(Adopté de ma part de la source la plus proche que j’ai pu trouver.)

La traduction officielle moderne des anglicanes remplace l’expression tout simplement par « garder » (pp. 388-391). Pour leur part, selon La Croix, l’expression est tout disparue chez les catholiques avec « l’aimer fidèlement » en préférence. Je remarque que la maladie et la santé sont également disparues ! Mais je ne suis pas expert. Si vous en savez plus, renseignez-moi dans les commentaires, s’il vous plait.

J’ai trouvé des preuves que l’expression ancienne est connue, mais rien pour dire qu’elle est courante.

Curieusement, on ne dit pas « Je suis envie » en anglais pour « J’ai envie ». Le motif a ses limites, et « envy » veut quand même dire tout autre chose, beaucoup plus proche de « j’envie ». C’est une autre histoire.

Langue de Molière se mettra en pause jusqu’après mes vacances, parce que je vais essayer d’avancer plus vite dans le Tour des Départements, comm je vous ai dit.

Mais où est donc passé le foie d’oie ?

Hier, j’ai demandé s’il me faudrait trouver du foie gras à base d’oie, ou si le foie du canard suffirait. Il s’avère que c’était la mauvaise question.

La semaine dernière, la Cour suprême des États-Unis a refusé d’accepter un pourvoi en cassation (lien en anglais) sur la question de la francophobie californienne, en ce cas l’interdiction du foie gras (parmi d’autres comme le cuir d’alligator). Je trouve cette situation scandaleuse — en général, les états individuels n’ont pas le droit de bannir les produits qui sont fabriqués légalement ailleurs dans le pays. Seulement le Congrès a le droit de réglementer la commerce entre les états.

Foie gras, Photo par Nikodem Nijaki, CC BY-SA 3.0

Le fait que la Cour n’a pas accepté le pourvoi ne veut pas dire qu’ils seraient d’accord avec la loi s’ils l’accepteraient. Il y a plus de demandes chaque année que ce qu’ils peuvent accepter. Mais ça veut dire qu’il n’y a pas au moins 4 juges qui trouvent la situation une urgence.

Mais ce que je ne comprenais pas, c’est qu’il est en fait impossible d’acheter du foie gras à base d’oie aux États-Unis. Voici les producteurs du pays (et du Canada) : Hudson Valley Foie Gras, Rougié, D’Artagnan, et La Belle Farms. Aucun d’entre eux n’offre plus du foie gras d’oie, seulement du canard. Les interdictions de Californie et de New York City (pas l’état, juste la ville) ciblent le gavage tout court, pas l’espèce d’animal. Alors, il ne m’est pas clair pourquoi il n’y a pas de foie gras d’oie.

Pourtant, c’est en fait le cas de nos jours que ça n’existe pas. Même Petrossian, une entreprise française, ne vend que du canard aux États-Unis. (Et j’ai des questions sur leur produit — c’est n’est pas logique de dire que le foie vient du « canard entier ». Vendent-ils du pâté en disant « foie gras ?)

Pour l’instant, je dois donc abandonner la quête. Il est bien clair que je n’arriverai pas à trouver du foie gras d’oie aux États-Unis. Je n’ai pas de choix — il faut que j’accepte du foie de canard pour mon dîner rhodanien.

Saison 2, Épisode 11 — Bons baisers du Haut-Rhin

Cette semaine, on a repris le Tour avec mes deux plats du Bas-Rhin et notre visite dans le Haut-Rhin. Aussi, j’ai la joie de vous dire que le dernier épisode, avec Patrick Fouillard, est le plus populaire de l’histoire de la balado, le premier à dépasser 300 lectures :

N’oubliez pas que le Détective et la comtesse est maintenant disponible chez la FNAC, Amazon, Lireka, et ailleurs. (Ma copie n’a toujours pas été expédié, mais une recommandation de Roz vient d’arriver hier.)

Cette semaine sera un défi. Vendredi est la fin de notre année scolaire dans le comté d’Orange (ce n’est pas le même partout). Samedi matin, La Fille et moi partirons pour l’Alabama, parce que je dois l’amener à Space Camp. Oui, géré par la NASA. Puis, je retournerai tout de suite dimanche, une fois qu’elle sera enregistrée. Si le voyage en France d’un jour était le voyage fou, ce sera le voyage bête. Je ne sais pas quand j’aurai le temps d’enregistrer la balado, mais je ferai un effort.

Maintenant que je sais que nous serons à Paris d’ici 7 semaines, eh bien, vous pouvez également faire le calcul. Je publierai le 69 cette semaine, et j’aimerais être prêt à écrire « Je découvre Paris » sans des photos de Wikimedia comme d’habitude. Et si je pouvais écrire « Je découvre la Seine-Maritime » de même façon ? Je ne fais jamais rien de façon simple, hein ? Bien sûr, si j’avais suivi mes plans originaux, le Tour aurait été fini novembre dernier. Non, je ne regrette rien — c’est devenu beaucoup plus intéressant que prévu !

J’ai besoin de votre avis sur le dîner pour le 69, car il me faudra commander quelque chose tout de suite si je vais le faire. Si je faisais un plat avec du « foie gras », seriez-vous d’accord que ce soit authentique si c’est du canard au lieu d’oie ? Dites-moi dans les commentaires.

Notre blague de la semaine traite du travail et l’importance d’être là à temps. Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi Mon dîner bas-rhinois, les Spätzles à la forestière, et Le kouglof, mon dessert pour le Bas-Rhin.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Stitcher. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Je découvre le Haut-Rhin

On continue maintenant le Tour avec le 68, le Haut-Rhin. C’est le département le vingt-neuvième plus peuplé et les habitants se nomment haut-rhinois. C’est notre neuvième séjour dans le Grand Est, dont le deuxième de suite.

Après la Corse, le Haut-Rhin est la deuxième circonscription qui ne fait pas complètement partie de l’Hexagone. « Mais Justin », vous me dites, « qu’est-ce que vous dites ? » Alors, vous ne le saviez pas ? La préfecture, Colmar, se trouve en Malaisie ! Suis-je dingue ? ([C’est la mauvaise ponctuation — Mon ex]) VOICI LA PREUVE :

Colmar Tropicale à Pahamg, Malaisie, Photo par Abdulhakeem Samae – Pixabay, Domaine public

En fait, c’est Colmar Tropicale, une station balnéaire construite après que l’ancien premier ministre, Mahathir Mohamed, avait visité le vrai Colmar. Il était aussi impressionné qu’il a dit à son ami, le promoteur Vincent Tan, de construire une réplique dans leur pays. Tel est le pouvoir du Coup de Foudre.

Vous seriez surpris, mais je ne garde pas cette pépite depuis longtemps. J’ai découvert cet endroit juste à temps grâce au groupe Everything French. De toute façon, revenons à nos saucisses.

On commencera au nord du département, dans le village de Riquewihr (3 étoiles Michelin). Il n’y a qu’environ 1 000 habitants ; pourtant, c’est un incontournable de l’architecture alsacienne. Mais attention, on est là pour prendre la balade, et n’a pas le droit d’entrer dans les maisons. C’est pour ça que les sites individuels ne sont largement pas étoilés. Parmi les sites remarquables, on passe par la Place des Trois-Églises et le Dolder (1 étoile), une porte défensive du XIIIe siècle qui abrite de nos jours un musée du village.

On continue le long de la Route des Vins d’Alsace (3 étoiles), vers Colmar. Il y a 15 styles de vins dans la région, labellisés en 51 Grands Crus, et c’est au-delà de mes compétences de vous recommander où arrêter. Mais vous avez les bons liens pour commencer ! On passe par de tels villages que Kayserberg et Ribeauville ; consultez le Chat Voyageur pour plein de belles photos.

À Colmar, on trouve plein de richesses. La bibliothèque municipale est réputée d’avoir l’une de 4 copies d’un manuscrit de 1500 sur le vrai Dracula, le prince Vlad Tepes de Moldavie. Mais j’ai recherché sur leur site sans succès. Peu importe. On commence au Musée Unterlinden (3 étoiles), dans un ancien couvent dominicain, surtout pour voir le Retable d’Issenheim, polyptique du XVIe siècle qui traite des vies du Christ et de Saint-Antoine. À côté, l’Église des Dominicains (1 étoile) abrite la Vierge au Buisson de roses, œuvre d’art du XVe siècle. J’ai toujours une grande faiblesse pour les canaux, et Colmar ne déçoit pas avec sa Petite Venise (1 étoile) ; surtout ne ratez pas la vue du Quai de la Poissonnerie (1 étoile). La Ville ancienne (2 étoiles) abrite plein de trésors architecturaux, dont l’Ancienne Douane (1 étoile), le Musée Bartholdi (1 étoile), et la Maison Pfister (2 étoiles), de 1537. Rappelez-vous que M. Bartholdi était le sculpteur de la Statue de la Liberté, et il y a de nombreux exemples partout en France (Colmar, Île aux Cygnes, Nice) ainsi qu’une petite copie à New-York.

Ne ratez pas non plus les explorations du Chat Voyageur à Colmar.

On continue vers le sud, à Mulhouse. Je me suis gravement trompé de la prononciation, en pensant que ce serait selon la façon allemande, pas quelque chose qui rime avec Toulouse. En fait, la ville se nomme Mulhausen en allemand, alors pas si gravement trompé. De toute façon, on commence au Musée historique (2 étoiles), dans l’ancien Hôtel de Ville (2 étoiles) du XVIe siècle, avec des collections qui traitent de l’archéologie, les traditions populaires, et d’autres sujets mulhousiens. Ne ratez pas le Temple Saint-Étienne (1 étoile), le plus haut temple protestant de France, qui conserve des vitraux du XIVe siècle d’une ancienne église. Quelque chose de différent, la Cité de l’Automobile (3 étoiles) montre 430 voitures de la collection de Fritz Schlumpf, dont des Bugatti et même une voiture à vapeur Serpollet ! Finalement, la Cité du Train (3 étoiles) est le plus grand musée de son genre en Europe, et raconte l’histoire des chemins de fer, des locomotives à vapeur jusqu’au TGV, organisée par quais. Si vous aimez la SNCF — toujours le son de mes SMS — autant que moi, un incontournable.

([Ici Descarottes. Ne quittez pas Mulhouse sans visiter le bâtiment le plus important en France, le nouveau magasin de l’Association Cœur paysan. La statue la plus importante de toute l’histoire d’art est à l’extérieur. Mais nous n’avons pas le droit aux photos au lien. — M. Descarottes])

En dehors de Mulhouse, on trouve aussi le Parc du Petit Prince (1 étoile), consacré à l’œuvre d’Antoine Saint-Exupéry et aux attractions qui font vomir votre hôte, telles qu’une montgolfière, des montagnes russes, et des chaises volantes. J’adore tellement avoir les pieds sur terre. Après Mulhouse, il faut que l’on passe par le village de Buschwiller. Rien de spécial à voir, mais entre ici et Saint-Justin, ce sont mes deux villages préférés selon leurs noms. On finit à Thann pour voir la Collégiale Saint-Thiébault (2 étoiles), une église gothique du XVe siècle, avec des stalles en chêne qui viennent de cette époque.

Qui sont les personnages les plus connus du Haut-Rhin ? Le français le plus important de l’histoire, le saint patron des macarons, Pierre Hermé, est né à Colmar. L’officier Alfred Dreyfus est né à Mulhouse, ainsi que le réalisateur de Ben-Hur, William Wyler, et la chanteuse Charlotte Gonin, dite Vitaa, connue pour la mauvaise Ça ira. (Voici la bonne.) À Colmar, on trouve aussi le sculpteur Auguste Bartholdi, connu pour une statue apparue dans Le Cerveau.

Quoi manger dans le Haut-Rhin ? Nous avons déjà parlé de la cuisine alsacienne dans mon article sur le Bas-Rhin — ses nombreuses saucisses, sa choucroute, sa flammeküeche, ses forêts-noires — alors je mentionnerai un genre de resto unique à l’Alsace, les winstubs. Les winstubs sont un genre de bar spécialisé en vin, originalement une idée des producteurs pour vendre leur surplus en forme de resto. De nos jours, on y trouve du vin servi en pichet avec des plats alsaciens, souvent sur des nappes à carreaux rouges. Ce dernier détail me rappelle tellement ce que les italien-américains appellent un resto « à sauce rouge ». Ce genre de nappe garantit que l’on est là pour la cuisine des paysans, pas la haute cuisine, et une ambiance familiale. J’adore.

Les Barbouzes

On revient aux films avec quelque chose d’excellent, sûrement parmi le meilleur quart de mon classement à venir. On parle d’un film signé Lautner, des dialogues d’Audiard, d’après un scénario de Simonin, avec Lino Ventura, Mireille Darc, et Bernard Blier en vedette. Un film avec le meilleur sceau de qualité au monde entier, la fleur de Gaumont. Qu’est-ce que l’on pourrait vouloir de plus ? ([De Funès, Bourvil, et Gabin ? — M. Descarottes]) Taisez-vous, vilain cobaye, on a déjà une recette certaine pour le succès, et elle s’appelle Les Barbouzes.

On commence dans un train quelque part en France la nuit. Il y a une série de tentatives — une embuscade après une autre. Même quand le train arrête, ça continue :

Il s’avère que le cible est un certain M. Bênard Shah, marchand d’armes. Il a bien attiré l’attention de nombreuses agences de renseignements. Puisqu’il habite à Istanbul, plusieurs agents — dits « barbouzes » en argot — viennent au même hôtel à la recherche de ce monsieur :

Un certain homme chinois arrive à l’hôtel et demande de parler avec M. Shah. Quand il monte dans l’ascenseur, un barbouze va avec — et quelques secondes plus tard, il tombe par terre :

Mais M. Shah se pointe mort dans une maison close parisienne :

C’est notre vieux ami Robert Dalban, dans un rôle non-crédité, qui arrive pour aider Lino Ventura, espion français dit Francis Lagneau, à livrer le cadavre à la veuve :

Et quand Lagneau arrive au château de la veuve, on la voit en plein deuil. Ou quelque chose de similaire, la pauvre :

Amaranthe, la veuve, jouée par Mireille Darc, reçoit 4 « amis » de son mari, les barbouzes de l’hôtel. Ils font : un français, un italien, un allemand, et un russe. Ils sont à la recherche de plans secrets gardés par le marchand d’armes décédé. Tous racontent des histoires de leurs relations avec lui, et c’est bien évident qu’ils sont tous de gros menteurs car leurs histoires se contredisent toutes.

Après un peu de temps, où les 4 premiers barbouzes se font des tentatives d’assassinat, un quinzième barbouze arrive, un américain dit O’Brien. Il s’habille mal, parle fort, et sans même pas reconnaître le deuil de la veuve (comme si c’était sérieux !), il parle directement de ses raisons pour y être : « Je paie cash et en dollars ». Vous pouvez imaginer à quel point j’adore les stéréotypes, mais je ne suis pas offensé. J’ai déjà les yeux ouverts ; ça fait partie de la culture et je l’assume.

Les barbouzes européens ne s’entendent pas du tout — rappelez-vous qu’ils viennent d’essayer de se tuer les uns aux autres — mais l’américain les énerve tous, et ils s’entraident à le sortir directement par la fenêtre :

Aux funérailles, un hélicoptère arrive. C’est le chef de Francis. Je le laisse parler pour lui-même :

Ses ordres sont de séduire Amaranthe, car il est bien clair que la France ne peut pas gagner un vent aux enchères des plans. Tous les barbouzes — sauf l’américain — reçoivent exactement les mêmes ordres, à la lettre. J’ai des nouvelles, les amis. Nous ne sommes pas aussi riches que vous en pensez. Mais merci de ne pas me laisser briser les illusions, surtout quant à moi. ([Ils savent déjà. Vous êtes trop avare pour acheter un moule à kouglof. — M. Descarottes])

Avec ce changement, Francis change de stratégie. Il dit la vérité à Amaranthe, et lui montre que l’on les écoute :

Mais l’américain O’Brien n’abandonne pas. Il se cache dans une armoire et double son offre :

Après ce moment, Francis et Amaranthe passent la nuit ensemble. Sa stratégie marche, mais les autres barbouzes commencent à s’unir contre lui. Ils écoutent ensemble avec l’aide d’un micro caché, que Francis découvre et détruit. Ça fait mal à Bernard Blier, un gag qui revient encore et encore entre ces deux dans les films de Lautner et Audiard (Les tontons flingueurs, Faut pas prendre…).

Finalement, Amaranthe dit aux 3 autres barbouzes de quitter son château. Ils jouent un tour pour y rester, mais Amaranthe et Francis s’échappent quand même à Lisbonne, où les papiers sont cachés dans une banque :

Mais les 4 autres barbouzes ont réussi à les suivre :

Il y a enfin une grande lutte entre Francis et O’Brien, qui lui dit « Je vais te foutre par la fenêtre » :

Amaranthe et Francis s’échappent encore une fois, et prennent un train vers Paris. Il y a une reprise du début du film, où de nouveaux barbouzes les attaquent dans le train :

Bien que ce film ait 60 ans, je ne gâcherai pas la fin. Disons que j’ai énormément profité de ce film, et si certaines choses sont un peu un produit de leur temps et à mon avis, reflètent un peu de jalousie, il n’y a rien de haineux. Ce sont une caricature, et on les trouve partout dans le cinéma français. Il faut ajouter que les réalisateurs français n’épargnent jamais leurs compatriotes, alors il serait malhonnête de m’en plaindre. Je recommande Les Barbouzes sans hésitation comme l’un des meilleurs exemples des films uniquement français.

Les bonnes nouvelles

Vous ne le saviez pas, mais Un Coup de Foudre n’est pas mon premier blog. Pendant les années 2000, j’écrivais en anglais sur mon métier de linguistique. C’était une autre vie, et je n’ai pas envie de la revisiter ici. Mais c’est d’où vient l’une de mes habitudes stylistiques ([Punaise, Papy va divaguer -/ M. Descarottes]) — des personnages romancés qui laissent des commentaires ironiques au milieu de mes articles ([Je suis bien réel, merci – M. Descarottes]). Je l’ai empruntée au blogueur britannique Andrew Sullivan, qui était très drôle à l’époque (son sens de l’humour nous a quitté il y a presque deux décennies, mais il écrit toujours).

Parmi ces personnages, le plus impoli est quelqu’un que j’ai surnommé « On » ici, qui n’a jamais rien de gentil à dire sur moi. Cette personne, qui que ce soit, signe ses commentaires avec un autre nom, bien sûr. Moins que je dis sur on, plus que ça va. Mais aujourd’hui, un petit miracle m’est arrivé. On a finalement trouvé un accord avec moi, et je serai en vacances en France, avec La Fille, et probablement mon père aussi, pendant 10 jours en mi-juillet.

Il y a beaucoup à planifier, pas trop de temps, et les prix seront élevés parce que je commence beaucoup plus tard que je l’aurais aimé. Et ce n’est franchement pas par hasard. Mais je ne vais pas me plaindre du résultat.

Avec La Fille seulement, nous pourrions voyager aussi vite que moi tout seul il y a deux ans. Avec mon père, ce sera beaucoup plus lente. Je suis sûr que nous passerons au moins 3 jours entiers à Paris pour voir les incontournables — le Collège Françoise-Dupont, Tom & Sabine Boulangerie-Pâtisserie, et… oups, j’ai encore une fois confondu Miraculous avec la vraie vie. Non, mais sérieusement, il y aura au moins le Sacré-Cœur, la Tour Eiffel, le Louvre, le Panthéon, et l’Arc de Triomphe. Même si je les ai tous visités, je veux que La Fille connaisse les essentiels. Il y aura absolument un jour entier à Versailles.

Nous reviendrons aussi à Rouen pour visiter mon amie et sa famille. Mais j’espère que nous visiterons d’autres amis aussi. Il n’y a rien au monde qui me ferait plus de plaisir que de voir certains que je ne connais que sur Internet. Avec si peu de temps, je sais que nous ne pouvons pas aller aussi loin que Lyon, même si j’y ai une dizaine de connaissances, ou Saint-Tropez pour le musée que j’aimerais visiter le plus.

Je n’aime pas que ce soit toujours un combat. Je n’ai pas le droit de vous parler des négociations, mais ce n’est pas facile pour moi, être un leader allemand, Satanas, et Xavier Dupont de Ligonnès en même temps ! Je vous promets, quand je reviendrai en deux mois avec La Fille, nous ne massacrons que des macarons. (Massacrer, ça vient de ma réplique préférée de L’As des as.)

Le kouglof

Il y a plein de desserts alsaciens que je peux faire pour finir notre séjour dans le Bas-Rhin. Et je sais déjà quel sera le prochain (vous pouvez le deviner si vous avez fait attention). Mais pour commencer, je voulais faire un dessert que je n’ai jamais vu ni goûté. Voici le kouglof :

Haute résolution en cliquant les

Alors, comment est-ce ? J’ai eu quelques meilleures brioches dans ma vie — toutes faites par des CAP Pâtissiers (qui travaillent aux États-Unis). Mais dans mes limites, surtout le moule américain, je crois que c’est une réussite presque complète, et je suis ravi de le partager.

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

La boussole

Jeune, j’avais une croyance horriblement fausse quant aux directions. Je croyais que quelle que soit la direction devant moi, elle était toujours le nord. Plus tard, j’ai découvert les cartes des jeux vidéo, où « en haut » est toujours le nord. Mais tout ça, c’était avant de découvrir la boussole en français, et c’est ça le sujet de Langue de Molière.

En anglais, les directions sont des adjectifs quand elles font partie de noms. Par exemple, le nom de la partie de l’état où j’habite est « Southern California », c’est-à-dire la partie la plus au sud de l’état. Mais en français, on dit plutôt Californie du Sud. Comme ça fait mal aux oreilles anglophones ! Tout en moi veut dire « le sud de la Californie ». Y a-t-il un endroit nommé Sud, dont la Californie en fait partie ? Ben non ! Même si j’aimerais croire qu’il y a un Nord dont la Californie du Nord et la Corée du Nord en font également partie, il n’y en a pas un non plus. Bien sûr, si ça voulait dire que le Nord avec Lille était plus proche, je ne me plaindrais pas de cette règle.

Mais vous n’êtes même pas cohérents quant à ces règles. « North Dakota » et « South Dakota » deviennent le Dakota du Nord et le Dakota du Sud. Alors, « West Virginia » devrait se rendre comme « la Virginie de l’Ouest », n’est-ce pas ? En fait, ce n’est pas, étant plutôt la Virginie-Occidentale. Donc pourquoi pas « Californie-Sudiste » ? Bon, selon mon dictionnaire Oxford, « sudiste » est réservé aux anciens États confédérés d’Amérique. Mais exactement comme ces états-là, la Californie a adopté l’idée qu’elle peut tout simplement ignorer les lois du gouvernement fédéral qu’elle n’aime pas, surtout quant au cannabis (lien en français !). D’autre part, c’est tout l’État, dont le Nord aussi.

Mais vous devriez savoir que j’essaye d’être toujours juste dans de telles situations. Si vous donnez des noms géographiques que je trouve bizarres, nous en avons fait notre meilleur pour vous rendre perplexes. Considérez ce qui est « l’Est » selon la NFL :

Données de la carte ©️Google, Logos des équipes sont domaine public ou « fair use »

Trois équipes sur la Côte Est, et une au plein milieu du pays. Et avant 1995, voici l’ancien « Ouest » du baseball :

Données de la carte ©️Google

Évidemment, on s’en fout de la signification des directions. Faites comme vous voulez.

Langue de Molière sera de retour la semaine prochaine pour faire l’enquête sur avoir, être, et tenir.

Mon dîner bas-rhinois

Comme je vous ai dit, je dois la recette au site de Valfleuri. J’ajouterai que préparé selon ce qui est disponible chez moi, ce plat est un bon rapport qualité prix. Assez de cèpes, déjà émincés, m’a coûté 5 $, ainsi que 3,90 $ pour les pâtes, et 1 $ pour le persil. On tire 4 repas de tout ça ! Mais ce n’est pas un vrai mélange forestier — ça m’aurait coûté 10 $ et 2 L d’essence pour un aller-retour chez Bristol Farms. L’autre changement, j’ai omis les échalotes parce que La Fille ne les aime pas.

J’ai un peu gâché la surprise en vous montrant mes derniers achats chez myPanier. Mais après des consultations avec La Fille, j’ai décidé de lui préparer les nouilles Spätzles pendant qu’elle reste chez moi. (D’habitude, elle ne fait partie des dîners, seulement les desserts.) Mais que faire avec ? J’ai consulté le site du fabricant, Valfleuri, alors voici les Spätzles à la forestière :

Haute résolution en cliquant

On est bien d’accord que ce plat est très bon et pas trop compliqué. (Une casserole, une poêle et un tamis, en cuisinant les nouilles deux fois — c’est la limite de facile.) Ajouter une viande, probablement des suprêmes de volaille, serait une bonne idée, et je la ferai la prochaine fois. Il y aura une prochaine fois, et quand on doit cuisiner pour des enfants, c’est le plus haut compliment possible.

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Saison 2, Épisode 10 — Le détective, la comtesse, et la princesse

Cette semaine a vu deux événements importants, la sortie du nouveau jeu vidéo Zelda, et le retour de 5 Minutes Avec, ce dernier de façon spectaculaire. Commençons avec la nouvelle personnelle.

Beaucoup d’entre vous sont aussi des fans du blog Jours d’humeur. Son auteur, connu sous le nom de blog Gifnem29, écrit aussi des romans sous le nom Patrick Fouillard. Ne me demandez pas quel est le nom sur sa carte d’identité — je ne demande jamais des questions personnelles. Il est mon invité sur un 5 Minutes Avec très spécial cette semaine pour parler du Détective et la comtesse, disponible à partir du 26 mai chez la FNAC, Amazon, Lireka, et ailleurs . Si vous avez aussi des projets créatifs, je veux vous parler ! (Je vous rappelle que je ne reçois rien si vous cliquez ces liens ; vos données ne sont jamais à vendre chez moi.)

Au fait, j’ai une idée absolument folle pour une invitée, très âgée, mais quelqu’un qui incarne tout ce que ce blog représente. Je sais qu’elle donnait des interviews jusqu’au moment du Covid, et est toujours en vie. Aux États-Unis, si je voulais contacter quelqu’un qui travaillait dans le monde cinématique, j’utiliserais le site IMDB Pro pour chercher leur agent. Si vous connaissez le bon équivalent en France (ou mieux, avez des contacts chez le Groupe M6, surtout sa filiale SND), veuillez me contacter soit dans les commentaires soit par courriel.

Je ne vais pas vous dire combien d’heures que ma fille a passé en jouant au nouveau Zelda depuis mercredi. Disons qu’elle a en fait dormi tous les jours cette semaine, dans son propre lit en plus, pas sur le canapé. Si un week-end devant la télé est mon pire échec pendant les années ado, je serai ravi.

Cette semaine, on attend finalement notre premier dîner alsacien, le prochain « Je découvre » du Tour, et notre prochain film français. J’ai presque — presque — atteint mon 100e film français, et quand ça arrive, nous passerons une semaine entière pour le grand classement. Je n’ai toujours pas commencé ce projet, mais en comptant la liste cette semaine, il m’est arrivé dans l’esprit. Ça devrait être un événement, et la cerise sur le gâteau serait l’interview que j’ai mentionnée en haut.

Notre blague de la semaine traite de la santé. Je vous rappelle qu’à partir de cette saison, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Sur le blog, il y a aussi Le gâteau « monstre » de Zelda, ma version d’un gâteau qui vient du jeu Breath of the Wild, Les « listes d’écoute » mise en forme, l’histoire des changements de musique pour faire du sport à un régime 80 % Indochine, et HPI, 2e partie, ma deuxième sortie dans le monde de cette émission.

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