Rester, c’est exister. Mais voyager, c’est vivre.

Gustave Nadaud, compositeur

C’est le temps de terminer la Grande Fête du Tour avec le bilan du tout. Je ne dirais jamais qu’en 2020, je croyais que ce jour n’arriverait pas. En fait, je croyais qu’il arriverait fin 2022, que j’écrirais sur un département par semaine. Et pendant les deux premiers mois du blog, c’était même le cas. Puis, les billets ont commencé à devenir plus détaillés ; les recettes, plus ambitieuses. Et je me suis rendu compte que le Tour allait devenir le grand projet de ma vie.

Où visiter : Partout, bien sûr. Tout ce que j’ai fait m’a convaincu que je veux voir tous les départements en personne. Et non pas seulement en passant par une gare ou un aéroport. Mais je ne vais pas donner une réponse « politique ». C’est un blog français — lisez l’adresse dans votre navigateur — et ça veut dire qu’il faut avoir des avis. (La leçon la plus drôle de cette aventure, c’est que vous croyez presque tous de telles choses sur les autres, mais très peu d’entre vous sont comme ça en réalité.) Je choisis donc un top 5 des départements où je ne suis toujours pas allé :

5. Ardèche — Le premier vrai coup de cœur tout inconnu du blog. Venant d’un désert où toute plante verte est interdite aux citoyens lambdas, je suis tombé follement amoureux de sa verdure. J’ai même dit en Drôme de commencer en Ardèche pour les vues. La cuisine ardéchoise m’a vraiment impressionnée, et j’espère la revisiter.

4. Gard — Il y a des fois où j’écris sur une ville, et c’est juste un moment bouche bée après un autre. C’était certainement mon expérience d’écrire sur Nîmes, avec les Arènes, la Maison Carrée et le Jardin de la Fontaine. J’ai une faiblesse pour les aqueducs romains et le Pont du Gard est aussi un must. Camargue sera un pèlerinage pour tant de raisons — aucun département ne fait une si grande partie de ma cuisine quotidienne que le Gard.

3. Bas-Rhin — Avant mes urgences dentaires de septembre, je pensais à passer une semaine en décembre à Strasbourg, car je veux voir le Marché de Noël. Ça reste un but hyper-important. Encore une fois, l’eau et les canaux font une partie importante de l’intérêt.

2. Rhône — C’est dingue, combien de monde j’ai à visiter juste à Lyon. La Fête des Lumières est aussi intéressante que le Marché strasbourgeois, et les bouchons seront un point fort. En dehors de Lyon, l’Aqueduc du Gier et les villages du Beaujolais ont mon attention.

1. Var — Le musée dont j’ai le plus envie de voir au monde entier est le Musée de la Gendarmerie et du Cinéma de Saint-Tropez. Après ça, il y a tout un tour des sites de cette série à faire ! Et bien sûr, des amis là aussi.

Le menu du Tour : À travers les bilans des quatre quarts du Tour, j’ai choisi les meilleurs soupes, viandes, poissons, fruits-de-mer, et desserts pour chaque quart et le gagnant à ce point-là. D’abord, on va récapituler les gagnants de cette façon.

Meilleure soupe :

• Premier quart et gagnant : La soupe de petit épeautre
• Deuxième quart : Le velouté de cèpes de Sologne
• Troisième quart : Le potage de Crécy
• Dernier quart : La soupe au pistou

Meilleure viande :

• Premier quart : Le bœuf bourguignon
• Deuxième quart : Le carré d’agneau et croûte de noix
• Troisième quart : Le poulet à la comtoise
• Dernier quart et gagnant : La carbonade flamande

Meilleur poisson :

• Premier quart : Les escalopes de saumon au Monbazillac
• Deuxième quart : La truite grenobloise
• Troisième quart et gagnant : Le thon à la basquaise
• Dernier quart : Les gougères au saumon fumé et au fromage de chèvre

Meilleur fruit-de-mer :

• Premier quart : Les Saint-Jacques à la crème Chaource
• Deuxième quart : Les Saint-Jacques à la crème d’oignons de Roscoff
• Troisième quart et gagnant : Le homard Thermidor
• Dernier quart : Le cari crevettes

Meilleur dessert :

• Premier quart : Le palet d’or de Valrhona
• Deuxième quart : Le Paris-Brest
• Troisième quart et gagnant : Les macarons crème brûlée de Pierre Hermé
• Dernier quart : Ex-æquo entre La tarte aux figues de Claire Heitzler et la tarte tropézienne de Yann Couvreur

Mais pour le menu du Tour, j’ai un critère différent. Les gagnants de chaque quart sont les plats dont je me sens que je les ai réussis au maximum, ainsi que ceux que j’ai aimé le plus. Pour vous donner un exemple d’un choix qui aurait été différent si j’avais mieux réussi le plat, j’aurais choisi le gâteau forêt-noire si j’avais des cerises fraîches comme cet été. Cette fois, je veux choisir un menu qui met en équilibre les régions différentes. Choisir le homard Thermidor et les macarons serait une carte trop parisienne, et franchement, les remplacer par un autre dessert francilien ne serait pas mieux. En même temps, je ne veux pas ignorer la qualité du travail ; je limite donc mes choix aux finalistes en haut.

Alors le menu du Tour, ma France sur la table :

• Soupe : La soupe de petit épeautre, Drôme
• Fruit-de-mer : Les Saint-Jacques à la crème d’oignons de Roscoff, Finistère
• Poisson : Le thon basquaise, Pyrénées-Atlantique
• Viande : La carbonade flamande, Somme
• Dessert : Les macarons crème brûlée de Pierre Hermé, Paris

J’espère que vous serez d’accord que j’ai fini par traiter tout le pays également, selon ma promesse, et que ce n’était pas le Tour de Paris.

Meilleure chanson : Comme avant, dans La musique du Tour, je vais choisir deux palmarès — la meilleure que j’ai enregistrée, et la meilleure que j’ai écoutée. J’ai déjà divulgâché la meilleure que j’ai enregistrée, Le Chant des Partisans. En plus de son lien avec le Gers, ce qui la rend de la matière du Tour, quand on pense aux centaines d’heures consacrées à la Seconde Guerre mondiale ici — le mémorial à Oradour-sur-Glane, les médailles de mon grand-père, les visites au Mémorial de Caen et aux plages de Normandie — il n’y a pas de choix.

Mais l’autre chanson est aussi prévisible pour ceux qui me connaissent depuis longtemps. Il n’y a qu’un choix ici, Un jour dans notre vie, par Indochine. Tous les 29 mars, ce que je fête comme mon « anniversaire Français », j’écris des posts nommés d’après cette chanson, pour reconnaître qu’en un jour, pour moi le jour de ma toute première leçon de français, tout peut changer. Quand j’ai écrit mon post préféré du blog, « Je découvre… la France ! », les mots n’étaient que ceux d’Un été français et Un jour dans notre vie, illuminés par des photos de mon tout premier voyage.

Meilleur moment : Je sais, vous pensez tous que ce sera le concert d’Indochine. Mais je pense plutôt au moment où je suis descendu du train à la Gare Rive Droite de Rouen, où mon amie m’attendait sur le quai. C’était le moment où 15 mois d’études et une vie virtuelle sont tout à coup devenus réels.

Pire surprise : La Boulette. Il s’avère que les Françaises célibataires se méfient de moi autant que les américaines, et également sans un mot ni un geste de ma part. Je n’ai jamais dragué personne, mais avec des réactions aussi extrêmes que ça, il ne faut pas garder espoir. C’est pour ça que la caméra est éteinte pour mes interviews, afin que personne n’en tire la mauvaise idée. Dommage. J’aimerais cuisiner pour quelqu’une.

Que vous insistiez tous sur la bise n’améliore pas mon attitude.

Meilleure surprise : Est-ce une question ? J’écris pour un public de presque 200 abonnés, la moitié de qui ne sont même pas des brouteurs, ainsi qu’une centaine d’internautes qui me trouvent via Google tous les jours, dans une langue dont je n’ai jamais parlé un mot jusqu’en 2020, sur des sujets que je n’ai jamais étudiés dans une école, et vous ne savez pas quelle est la meilleure surprise ? C’est que tout ça existe tout court !

Où habiter : Il y a une plus petite liste ici qu’où visiter, mais je crois que vous savez tous comment finit cette partie. J’ai cru après ma visite en 2021 que je devais limiter ces choix à un cercle de points joignables de Paris en une heure par train. Mais enfin, ce n’était pas nécessaire.

3. Nord — J’ai commencé le Tour avec le hypothèse que Lille finirait en première place, la ville de mes rêves. Rien n’a vraiment changé, et j’aimerais tellement y aller pour la Grande Braderie. La cuisine de la région me convient très bien, ainsi que la proximité avec mon ami dans la Somme et l’Eurotunnel. La taille de Lille est exactement celle du San Diego de mon enfance, et j’aime bien ça,

2. Vendée — La Roche-sur-Yon ferait le point de départ idéal pour des explorations en Bretagne, en Gironde, et dans la Touraine. La Place Napoléon est exactement le genre de lieu où j’aimerais traîner le week-end. Et je me lancerais avec une amie exceptionnelle en ville.

1. Seine-Maritime — À la fin, c’était toujours évident. Du moment où mon amie m’a envoyé cette vidéo en 2020, je rêve de Rouen. Si vous lisez l’article du département ici, les directions pour tout sont exactes, de façon trouvée nulle part ailleurs ici. Toutes les années, France TV m’envoie un courriel pour mon anniversaire, et mentionne l’endroit où ils pensent que j’habite (car il faut donner un code postal en s’inscrivant au site web). Je leur ai dit quoi ? Voici la capture d’écran.

Honnêtement, personne ne va me prendre pour Scarlett Johansson. Mais ce n’était pas la partie de ce courriel qui m’a fait sourire.

Ce que j’attends le plus : Il y a plus de trois ans, une phrase m’est venue dans l’esprit et vingt minutes plus tard, j’ai écrit la fin du Tour. Nous voilà enfin.

Maintenant , il n’y a plus qu’à vivre.

Alain Morlier, utilisateur de Quora

Le Tour a fini ; l’aventure n’a que commencé. Comment peut-on épuiser un pays de 246 fromages et 2 900 vins ? De 40 000 châteaux et 45 000 églises ? Né tout grandi comme Athéna, béni d’une vie de 120 ans comme Moïse, je pourrais écrire tous les jours du grand amour de ma vie sans jamais m’ennuyer, sans jamais me répéter. Il y aura toujours un demain, un après-demain, un jour dans notre vie où Rabbi Jacob dansera, où Claude Gensac sourira à l’écran, et le Coup de Foudre recommencera à nouveau pour quelqu’un. Pour rendre à la France ce qu’elle m’a donné, je serai toujours là.

On continue.