Archives mensuelles : août 2022

Mon dîner marnais

Avec ce dîner, on finit la première moitié de notre Tour. Sans tarder, je vous présente le brochet au champagne et le gâteau de Reims :

Derrière cette photo, il y a des heures de panique. Bien sûr, vous avez déjà remarqué que le poisson est cassé. On parlera de pourquoi, mais quand on cuisine avec du champagne, le dîner devient vite trop cher à refaire. Je suis bien satisfait du goût ; je vous donnerai la correction nécessaire. En revanche, le gâteau est ce à quoi j’attendais. Mais oh là là, le chemin d’y arriver…

Commençons avec le poisson. J’ai dû substituer du cabillaud pour le brochet, qui n’est pas disponible ici, mais je crois qu’ils sont assez similaires — avec du chair assez ferme. Mais bien que je n’aie pas fait trop de confiance aux instructions, qui disaient de faire braiser pendant 30 minutes, quand je l’ai vérifié après 10 minutes c’était déjà cassé en gros morceaux. Je vous conseillerais donc de faire une sauce au champagne sans y cuire le poisson, ou pendant 2-3 minutes seulement. Mettez-le dans le four, comme à la fin de notre recette, et ça ira. Vous verrez.

Je dois ma recette à plusieurs sources. D’abord, j’allais suivre celle de Keldelice et de Ma Petite Recette. Mais je vous ai conseillé à plusieurs fois de ne pas faire trop de confiance aux recettes de Keldelice, juste les idées. J’ai trouvé une recette sans bain-marie pour la sauce sur Cuisine AZ, habituellement fiable, et j’ai essayé de combiner les deux. C’était 85 % une réussite — nous notons sur l’apparence ici.

Voilà mon champagne, une 1/4 bouteille de Moët et Chandon Imperial pour 15 €. Je me suis demandé que vous me diriez tous si j’ai acheté une bouteille d’une marque française mais fait dans le Comté de Napa en Californie. J’ai décidé que c’était contre mes règles, mais on va revisiter ce sujet :

Les ingrédients pour le brochet au champagne, 1 personne :

  • 1 filet de brochet de 250-300 grammes
  • 1 échalote
  • Quelques tiges de persil
  • 50 grammes de champignons de Paris
  • 10-12 cl de champagne blanc de blancs
  • 30 ml de crème liquide
  • 25 grammes de beurre
  • 20 cl de fumet de poisson
  • huile
  • sel
  • poivre

Les instructions pour le brochet au champagne :

  1. Laver et sécher le brochet. Séparer les queues et têtes des champignons et laver.
  1. Laver et émincer le persil et les échalotes.
  1. Saler et poivrer les brochets et les déposer dans une braisière avec les échalotes, le persil haché, et les queues des champignons nettoyées.
  2. Mouiller avec le fumet de poisson et le champagne. Couvrir et laisser braiser à feu doux quelques minutes seulement. — Dans les photos ici, vous pouvez voir ce qui s’est passé après 30 minutes de cuisson, selon la recette originale.
  1. Retirer les brochets et les réserver au chaud. Allumez le four et préchauffer à 120°C. Faire réduire au tiers le jus de cuisson, à feu vif.
  1. En même temps, faire cuire les têtes de champignon dans une casserole avec la moitié du beurre. Retirer les têtes et ajouter le reste du beurre. Faire fondre sans le brûler.
  1. Tamiser le jus de cuisson réduit dans le beurre, et ajouter la crème liquide. Remuer pour tout incorporer.
  1. Dresser les filets de brochet, en ayant retiré la peau, sur un plat de service allant au four. Ranger les champignons sur le brochet. Napper avec la sauce et passer quelques minutes au four. Retirer et servir.

Ça marque la seule fois où vous allez voir une recette aux biscuits roses ici. J’aime bien ce gâteau, mais cette boîte m’a coûté 8 €. 100 grammes de farine m’aurait coûté 0,22 €. Même avec plus d’œufs et du gel colorant, la coûte n’aurait pas dépassé 2 €. C’est un ingrédient trop cher pour faire des expériences.

On aurait pensé qu’il y aurait une recette pour le gâteau de Reims sur le site de Fossier, qui fabrique les biscuits roses, mais il y en a une centaine — et pas ça. Il y a apparemment deux idées pour faire ce gâteau — sans cuisson et avec. Vu que les deux utilisent des œufs entiers, je dois dire quelque chose en anglais :

NOPENOPENOPE.

Je ne vous donnerai jamais n’importe quelle recette avec des jaunes crus. C’est stupide, et je ne jouerai JAMAIS avec la santé, la mienne (trop tard) ou la vôtre. On suivra largement la recette de Recettes et Terroirs, sauf pour le problème du moule. Vous verrez.

Les ingrédients pour le gâteau de Reims :

  • 12 biscuits roses de Reims (100 grammes)
  • 150 grammes de sucre en poudre
  • 25 grammes de poudre d’amande
  • extrait de vanille
  • 3 œufs, séparés en blancs et jaunes
  • 70 g de beurre

Les instructions pour le gâteau de Reims :

Vous allez avoir besoin d’un moule d’environ 20 cm de large. Mon moule à gâteau habituel a presque 23 cm. J’ai utilisé un cercle de pâtisserie sur un tapis en silicone. Un peu trop petit, en fait, et j’ai dû le faire cuire plus longtemps — presque 30 minutes au lieu de 20. Faites confiance à un cure-dent, s’il vous plaît, et tester souvent.

  1. Réduire les biscuits roses de Reims en poudre.
  1. Travailler en pommade les jaunes d’œufs avec le sucre et quelques gouttes d’extrait de vanille. Voyez-vous la tâche dans la photo en bas à gauche ? C’est de la vanille.
  1. Faites légèrement fondre le beurre au micro-ondes.
  1. Monter les blancs en neige.
  1. Incorporer au mélange la poudre de biscuits roses, la poudre d’amandes et le beurre légèrement fondu. Travailler le tout, jusqu’à obtenir un mélange homogène et ajouter les blancs montés en neige ferme. Mêler le tout délicatement.
  1. Disposer dans un moule rond à génoise. On peut aussi utiliser un cercle à pâtisserie et un tapis en silicone.
  1. Passer dans un four préchauffé à 180 °C pendant 20 minutes — mais ne le sortez pas du four jusqu’à ce que le test à cure-dent réussisse. Voyez-vous ce fond plutôt brun ? On va tout régler ! Pas besoin d’un couteau !
  1. Avec un tamis, saupoudrer avec du sucre glace. Quelle chance — fredonnez « Tes Yeux Noirs » en vous adressant au gâteau : « Tu es siiiii jo-li-i-i-i-ie ». Et personne d’autre ne saura ce à quoi vous pensiez quand le gâteau est sorti.

Parlons en japonais

Je l’ai déjà mentionné quelques fois, mais je suis linguiste. C’est pas à dire traducteur professionnel — je travaille entièrement avec l’anglais — mais à l’université, j’ai dû apprendre une langue européenne et une asiatique. J’ai déjà parlé très bien l’espagnol, mais pendant deux ans, j’ai suivi des cours de japonais. En attendant le départ d’un invité non invité pour faire mon dîner marnais, je vais mettre la table pour quelque chose la semaine prochaine en vous parlant de mes expériences japonaises

Voici le t-shirt d’un camp d’été auquel j’ai assisté pour commencer à apprendre. Ne vous inquiétez pas, je traduirai tout :

Le titre dit « Top 10 de raisons pour étudier le japonais ». Ce qui suit est un bon exemple de ce que l’on appelle le « Japanglish », le franglais de l’Est.

Numéro 10 dit « Benkyō shitakunai » — « Je ne veux pas étudier ». Il n’y a pas de sujet — en japonais, il n’y a pas de personne pour les conjugaisons, seulement le temps. S’il n’y a pas de sujet, on parle de soi-même. Sinon, on dirait « (Nom) wa » pour indiquer qui fait le verbe.

Numéro 9 : « Final Fantasy ga dekiru » — « Être capable de jouer à Final Fantasy ». Le nom du jeu est écrit en katakana, un alphabète que l’on utilise grosso modo pour les mots empruntés aux langues étrangères.

Numéro 8 : « Nihonjin no kanojo ga dekiru » — « Être capable d’avoir une copine japonaise ». Aux États-Unis, tout le monde croit que c’est la seule et unique raison pour laquelle un homme étudie le japonais. Je dirais deux choses : 1) Ce cours est arrivé 3 ans après le lycée, où j’ai demandé de sortir deux fois avec la mémé japonaise sans succès. C’était donc trop tard. 2) Vu qu’il y a presque 2 fois plus de japonais que de français (124 M versus 68 M), si c’est vrai, je suis bien incapable de compter.

Numéro 7 : « Tako to tako no chigai wakaru ». Voici un exemple de la différence entre l’alphabète hiragana et le katakana. Le mot natif « tako » veut dire soit une pieuvre soit du poulpe ; l’autre est l’aliment mexicain. C’est-à-dire « J’oublie la différence entre du poulpe et un taco ». Ça vient de la fois où j’ai mis des sushis, dont de poulpe, dans le frigo, ils ont un peu gelés, et j’ai essayé de régler la situation avec un micro-ondes. N’y mettez jamais du poulpe. Il deviendra extrêmement chaud.

Numéro 6 : « Arubaito o shitakunai », ou « Je ne veux pas travailler ». Arubaito est un emprunt à l’allemand, le mot pour un boulot étant arbeit.

Numéro 5 : « Kurejito ga iru », c’est-à-dire « Avoir du crédit pour le cours ».

Numéro 4 : « Mada paati o shinaide kudasai », une traduction littérale d’une expression en anglais, « Don’t party just yet » (« Faites pas toujours la fête »). Ça vient du jeu vidéo Lylat Wars, où il est dit par ce personnage (la première chose dans la vidéo). Mes copains de classe et moi, nous jouions à ce jeu tous les jours. Encore une fois, « paati » est en katakana, au lieu d’utiliser un mot natif. Je ne sais même pas quel est le mot natif en japonais — c’est exactement comme week-end versus fin de semaine en français.

Numéro 3 : « Wakarimasen ». Ça veut dire « j’ai oublié ».

Numéro 2 : « Eigo no nyusuretaa o kaku no wa jikan mudadzukai » — « Perdre du temps en écrivant un bulletin en anglais ». En tant qu’élèves, nous étions obligés d’écrire un bulletin pour le camp (où on pouvait apprendre plusieurs langues).

Numéro 1 : « So that you can read this t-shirt! » — Ça veut dire « Pour que vous puissiez lire ce t-shirt ! ».

Peut-être que ça vous surprendra, mais je suis également « Justin » en japonais qu’en français. En tant qu’élève d’espagnol, j’ai dû prendre un nom espagnol — je réponds toujours à Diego. Mais en japonais, je suis ジャスティン. On écrirait ça en anglais comme Jyasutein, mais en fait, ils le prononce d’une façon plus proche à l’anglais que vous. (Vu que la prononciation en anglais fait partie de nombreuses blagues nulles, c’est pas une plainte sur la VF.)

Dans la tête, il me reste des traces de cette histoire. En fait, je n’appelle pas ma propre langue « English » dans mes pensées ; elle est « eigo ». Quand je trouve quelque chose d’intéressant, je me dis sous mon souffle « Omoshiroi, ne ? » (Ne chez les japonais marche plus ou moins comme n’est-ce pas.) Si je fais une grosse erreur, je me dis « Yoku dekimashita ! » (Bien fait !).

Malgré tout ça, je n’ai jamais essayé de m’intégrer dans cette société-là de même façon qu’ici. En partie, c’était trop tôt pour écrire un blog comme celui-ci — j’aurais dû écrire tous les logiciels moi-même. Mais aussi, si on n’est pas japonais soi-même, c’est presque impossible. On reste le gaijin (étranger) quoi que l’on fasse. Je ne trouve ce problème nulle part en français, et on parlera plus de pourquoi.

L’art de conserver

Grâce au groupe privé de France with Véro, j’ai appris que le truc peut-être le plus américain a été inventé par un français. Oui, la technologie des boîtes de conserve vient d’un ingénieur français, Nicolas Appert. (Vu que les fromages au lait cru n’existent presque nulle part aux États-Unis, peut-être que j’ai tort, et le truc le plus américain est plutôt la pasteurization. Même combat, on dirait.) Je suis ici largement le récit du lien de Wikipédia.

Bouteille de conserve de M. Appert, Photo par Jpbarbier, CC BY-SA 3.0

M. Appert est né à des parents aubergistes en 1749. Après douze ans de service en tant qu’officier de bouche pour deux nobles — un duc allemand, puis sa veuve française — il est devenu confiseur à Paris. Là, il s’intéressait à des méthodes de conserver les aliments pour de nombreuses raisons, dont éviter la gabelle, un impôt royal sur le sel. Son idée, l’appertisation, était de :

mettre dans des récipients rendus étanches à l’air, puis chauffés pour détruire les micro-organismes pathogènes

Bien sûr, étant développé avant les travaux de Louis Pasteur, personne ne savait pourquoi ce procédé marchait si bien. Tout le monde croyait toujours à la théorie de la génération spontanée, selon laquelle si on laisse reposer un aliment, des mouches et des moisissures apparaîtraient sans aide. C’était l’expérience de Pasteur avec la soupe dans la bouteille à col de cygne en 1861 qui allait enfin montrer qu’il y avait des organismes dans l’air tués par l’appertisation ou la pasteurisation.

Dès 1802, M. Appert opérait la première usine au monde pour fabriquer des conserves. Il faisait des tests sur les navires de la marine française, qui étaient des réussîtes, et il a finit par demander au gouvernement un prix pour ses efforts. Mais le gouvernement lui a offert un choix : soit recevoir un brevet soit un prix seulement s’il donne son invention à l’humanité. Comprenant que les brevets étaient inutiles à l’étranger à l’époque, il a judicieusement choisi le dernier. Alors en 1810, il a publié un livre « L’Art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales ».

Malheureusement, comme ce qui arrive à beaucoup d’inventeurs (j’ai 3 brevets ; je sais de quoi je parle), son invention était facile à copier, et des britanniques — n’oubliez pas qu’ils étaient en guerre contre Napoléon à l’époque — ont vite inventé une nouvelle version avec des boîtes en fer-blanc au lieu de verre. Puis il a eu encore plus de chance quand la marine britannique, sous le vice-amiral Nelson, a coulé la grande majorité de ses clients. (Moi, j’étais grand fan de l’amiral Nelson depuis mon enfance, mais c’est facile de retourner la veste si besoin. 😉) Puis les britanniques ont envahi et ont détruit son usine.

Après la fin des Guerres Napoléoniennes, avec l’aide du gouvernement français, il s’est rétabli dans une nouvelle usine à Paris. Là, il faisait des recherches sur « les tablettes de jus de viande et de bouillons de légumes ». Ouais, en plus des boîtes de conserve, il a aussi inventé les cubes de bouillon.

C’est ici où les histoires de notre cuisine et la vôtre séparent vraiment. Les français ont bien réussi à convaincre le monde entier que personne n’utilise pas les boîtes de conserve ni les préparations non plus, que tout est fait maison. Par contre, tout le monde croit également que nous ne mangeons que des trucs en boîte. C’est un mensonge, je dis — en espérant que vous avez tous oublié que la seule recette détaillée pour une « salade » sur ce blog est élaborée complètement des boîtes et d’un sac — de chamallows !

Je découvre la Marne

On continue maintenant le Tour avec le 51, la Marne. C’est le département le quarante-cinquième plus peuplé, et les habitants se nomment marnais. C’est notre troisième séjour dans le Grand Est. Ce post marque une étape importante — après notre dîner départemental, je publierai enfin le bilan de la première moitié (et l’histoire vraie d’où est venue l’idée). C’est chanceux que l’on est ici, car ça mérite un verre de champagne !

Et oui, vous n’allez pas oublier que l’on parle de Champagne. Dès le départ, leur site de tourisme nous dit que la Marne est « un département qui pétille ». Alors on va commencer à Épernay, chez les grandes maisons de Champagne. Notre premier arrêt est les caves de Moët et Chandon, les plus grandes de Champagne. Soyez prêts à marcher ; il y a 28 kilomètres sous terre ! Ça va coûter — 50 € l’adulte — mais on a déjà payé jusqu’à 6 fois ça au Château d’Yquem, alors c’est un bon marché. Pas loin de leur château, on trouve la statue de Dom Pérignon, mais il me semble que l’on ne peut pas visiter ses caves. Peu importe, on va continuer sur l’Avenue de Champagne pour visiter la Maison Perrier-Jouët — et pas pou l’eau gazeuse Perrier. Il y a pas mal d’autres choix, mais il faut que l’on marche un peu après tout cet alcool, alors on va prendre un tour du vignoble. Ne touchez pas les raisins !

On suit la Route Touristique de Champagne jusqu’à Reims, avec l’aide de cette carte proposée par Marne Tourisme. Reims (3 étoiles Michelin) joue un rôle très important dans l’histoire française au-delà du champagne. Depuis la baptême du roi Clovis Ier, Reims est liée au pouvoir de la couronne française, et depuis Louis VIII, la cérémonie de couronnement avait toujours lieu à la Cathédrale Notre-Dame (3 étoiles). Sainte-Jeanne-d’Arc y était pour le sacre de Charles VII. On passe de la Cathédrale au Palais du Tau (2 étoiles) pour voir le reliquaire de la Sainte-Ampoule qui contenait l’huile pour la cérémonie. Mais ne ratez pas non plus leur tapisserie sur le roi Clovis. On visite aussi la Basilique Saint-Remi (2 étoiles pour l’extérieur, 3 pour l’intérieur, et pas d’accent) du XIe siècle, renommée surtout pour son architecture inhabituelle, 126 m de long et 26 m de large. Avez-vous envie de plus de champagne ? Bon, on passe par la Maison Veuve Cliquot ou bien Maison Ruinart — mais ON TOURNE LE DOS en passant par la Maison Charles Heidsieck. J’ai choisi sa boisson maudite pour le dîner où j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie.

On part maintenant pour Châlons-en-Champagne (2 étoiles), la préfecture du département. Ici, on visite la Cathédrale Saint-Étienne (2 étoiles), qui date largement du XIIIe siècle, remarquable pour ses vitraux de la Renaissance. On visite aussi la Collégiale Notre-Dame-en-Vaux (1 étoile) pour son carillon impressionnant et ses vitraux aussi. Vous avez toujours soif ? On passe par la Maison Joseph Perrier, la seule à Châlons. On finit au sud-est, dans le village avec le plus long nom de France, Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson. Ici, on visite le Musée champenois sur la Vigne et le Vin de Champagne. Mais on est également là pour prendre des égoportraits avec leur panneau. Pour ceux qui ont envie de retourner à Épernay pour plus de champagne, soyez les bienvenus, mais vous allez finir par visiter aussi le Mémorial des Batailles de la Marne 1914-1918, car la Marne est fortement liée à la Première Guerre mondiale.

Qui sont les personnages les plus connus de la Marne ? Sans doute, il faut mettre en vedette la star des vidéos de rap partout dans le monde (États-Unis, Allemagne et France — mais il vaut mieux de ne rien regarder), le moine Dom Pérignon, connu pour la boisson gaspillée dans ces vidéos. Le verrier René Lalique, connu mondialement pour ses sculptures, est né à Aÿ. Le dessinateur Cabu, martyrisé pour la liberté d’expression, est venu de Châlons-en-Champagne. (Et en fait, je le connais depuis les années 90s.) Il y a un nombre choquant de gens qui partagent les noms de célèbres champagnes, dont : Barbe-Nicole Cliquot-Ponsardin, dite la Veuve Cliquot, Pol Roger, la Famille Taittinger, Joseph Perrier, et Nicolas Ruinart. Les sociétés devraient les poursuivre ! Jean-Baptiste Colbert, célèbre ministre sous Louis XIV, est né à Reims. Pierre Bayen, découvreur de l’oxygène, est venu de Châlons. Le grand mathématicien Abraham de Moivre est né à Vitry-le-François, mais a passé la grande majorité de sa vie en Angleterre. La Marne est aussi la maison du Français le plus important à l’histoire américaine — encore plus que le Marquis de Lafayette ! — mais il recevra son propre article.

Quoi manger en Marne ? D’habitude on finit avec les boissons, mais le champagne est infusé dans tout et n’importe quoi. Il y a une belle cinquantaine de producteurs de champagne en Marne, et ils produisent aussi des boissons liées au champagne, le marc et le ratafia et avec l’excès, le vinaigre de Reims. (Ouais, aux États-Unis, certains boivent du vinaigre, censé pour la santé.) Ceux qui sont perplexes et pensent que c’est l’Écosse ici peuvent visiter la Distillerie Guillon pour du whisky. On a déjà fait des truffes et du sabayon au champagne, mais on y trouve aussi des bouchons en chocolat remplis de champagne, le brochet au champagne, même les escargots à la sauce champagne et le jambon de Reims, assaisonné avec vous-savez-quoi. Envie de ne pas manger quelque chose au champagne ? Goûtez les lentillons ou les pieds de porc de Sainte-Ménehould. En dessert, il y a les célèbres biscuits roses de Reims, et pour les trop très gourmands, on peut les rendre en poudre et l’utiliser pour faire le gâteau de Reims.

Sûrement, il l’a demandé

Il y a des semaines où écrire sur Le Canard enchaîné n’est que du bonheur. Puis il y a celles où quelque chose de grave s’est passé. Cette semaine est malheureusement de la dernière variété alors commençons directement avec la chose grave.

Si vous étiez lié avec moi sur Facebook, vous pourriez rechercher toutes les 12 années de mon fil d’actualité sans trouver un seul avis politique. Dès le départ, c’était un choix — ne pas parler de la politique ni de la religion parce que ces arguments ne servent à rien. Puis tout le monde ici est devenu des ayatollahs — je choisis ce mot exprès — et disent que si vous n’êtes pas d’accord avec eux sur même un seul sujet, on ne peut plus être amis, ou pire. (Cette semaine on m’a prévenu que je n’avais pas le droit de partager un article satirique car l’auteur était à sa droite. L’article traitait des relations entre les parents et les ados, rien de partisan.) N’imaginez pas que je parle seulement d’un parti politique ou une région — c’est le pays entier. Disons qu’il y a beaucoup de choses dont vous n’entendez jamais parler dans la presse française.

Alors il y a un certain genre de personne ici qui entend parler de ce qui est arrivé à Salman Rushdie cette semaine et dit « Je n’aime pas la violence, mais s’il ne voulait pas que ça lui arrive, il n’aurait jamais dû écrire son livre. » Ça a commencé dès qu’il a publié ce livre, avec notre ancien président, Jimmy Carter. En 2015, 242 de nos écrivains les plus honteux ont défendu l’attaque contre Charlie Hebdo — ils diraient qu’ils ont condamné la violence, mais qu’ils l’ont comprise. (Deux derniers liens en anglais.)

Moi, je ne « comprendrai » jamais.

On revient au sujet des incendies. C’est vrai qu’il y a de nouveaux pompiers venus d’Allemagne, d’Autriche, de Roumanie et de Pologne pour lutter contre les incendies en Gironde. Je ne comprendrai jamais les pyromanes non plus.

Je ne me souviens pas si je l’ai déjà dit, mais j’admire tellement les centrales nucléaires françaises. On l’interdit en Californie et on demande en même temps pourquoi il y a des pénuries d’énergie. En Ukraine, il y a un risque en ce moment que les russes feront sauter une centrale. Mais comme Le Canard nous dit, il y a malheureusement des problèmes avec celles en France, à cause de problèmes avec les tuyaux, pas de bombardements. Il y en a d’autres avec des risques à cause de la sécheresse.

Ça nous amène à notre dernier dessin. Notre tour n’est toujours pas arrivé dans les Hautes-Pyrénées. Mais c’est apparemment le temps de parler de Lourdes !

Moi, j’ai deux problèmes avec ce corps maudit où une visite à Lourdes ne pourrait pas faire pire que mes cachets inutiles.

Comme toujours, si vous avez aimé ces dessins, abonnez-vous !

À table avec Louis de Funès

Au début de mes vacances, France Inter m’a envoyé l’ultime tentative à troller. Si on le lit rapidement dans un aéroport en attendant Godot un avion avec plusieurs heures de retard, on pourrait cliquer sans remarquer que c’était une rediffusion d’un émission en septembre 2020. Ce dernier lien promettait un entretien avec une autrice, Claire Dixsaut, décrite comme ça :

Claire Dixsaut est l’auteur de À table avec Louis de Funès, 60 recettes bien de chez nous.

N’ayant eu aucune idée de son identité, je pensais qu’elle était peut-être une relation de M. de Funès — « chez nous » m’a donné cette idée-là. Alors, je cherchais le livre, et voilà — c’était pas disponible chez FNAC, et chez Amazon.fr non plus. En fait, ce livre a sorti en 2011 ! Mais j’ai réussi à trouver la dernière copie d’occasion chez Amazon — d’ici. Je suis également surpris que vous.

Voici la couverture :

Malgré l’âge, la police de caractères a plutôt l’air des années 1960s ou 1970s, non ? C’est le bon choix vu ses films de l’époque qui parlent de la nourriture : Le Grand Restaurant, Les Grandes Vacances, L’Aile ou la cuisse, Le Tatoué.

Juste à l’intérieur, j’ai trouvé une dédicace. Ça me rend un peu triste, car je ne peux croire que personne vendrait un tel cadeau aussi vite (moins de 11 ans). Quelque chose d’horrible a dû arriver au premier propriétaire :

Au fait, puis-je vous dire que j’adore votre écriture à la main ? Il me semble que tous les Français, quoi qu’ils fassent, ont l’écriture parfaite. C’est dingue — saviez-vous que l’un de nos anciens ministres faisait passer quelques cercles pour sa signature ?

Alors, qu’est-ce que l’on trouve au-dedans ? Ce ne sont pas de recettes de la maison de Funès — ce sont en fait des recettes de films ! J’ai hâte d’ajouter qu’il n’y a pas de suggestion que ces recettes elles-mêmes étaient préparées pour le tournage de leurs films respectifs. Mais quand le titre parle de recettes « bien de chez nous », c’est-à-dire — largement — des recettes françaises authentiques. Dois-je vraiment vous dire que celle-ci vient du Gendarme à New York ? Et qu’est-ce qui s’est passé dans le film ?

Il y a la recette la plus importante de la filmographie de Louis de Funès. Les quantités ont bien changé, mais vous la connaissez par cœur : « 1 kilogramme kartoffeln, 1 litre milch, drei eier, neunzig gramm butter, salz, und…UND ! MUSKATNUSS ! MUSKATNUSS, HERR MULLER ! » (Attendez le balado, hihihi.) Si je rencontre un jour un allemand appelé Muller, vous savez ce qui arrivera. J’espère que la police sera gentille avec moi.

Certaines choses ne sont qu’inspirées par les films. Par exemple, dans « Ni vu ni connu », le personnage de Blaireau pêche les écrevisses, mais personne ne les prépare sur l’écran. Alors les écrevisses « bricoleuses » sont jolies, mais pas vraiment du film :

Dans L’Aile ou la cuisse, Gérard Duchemin remarque que le bœuf n’a que le goût de bœuf. Moi, je trouve ce plat plus marrant qu’intéressant — devrait-il avoir le goût de poisson ?

Je vous ai dit que les plats sont largement français. Quelques exceptions sont des plats japonais à cause de soit La Zizanie soit L’Aile ou la cuisse. Mais il faut que je mentionne celui-ci, des Grandes Vacances. Franchement, je ne sais pas qui veut ça :

Mais je dois ajouter que ce film vous trompe au sujet de viande « à la chantilly à la menthe ». Ce qu’on voit aux Grandes Vacances est dégoûtant — mais on ne mélange JAMAIS la chantilly avec la menthe. Ce que vous trouverez sûrement, jamais en même temps, c’est la chantilly au raifort, et la confiture de pommes à la menthe. Cette dernière est vraiment pour le mouton, et la chantilly au raifort, c’est pour le bœuf. Si vous allez chez Lawry’s à Beverly Hills, où ils ne servaient QUE du rosbif jusqu’environ 10 ans (depuis 1938), je vous promets que l’expérience ne serait pas du tout mauvaise. (Personne ne vous jettera le mauvais œil si vous sautez la chantilly, sérieusement.) Je vous aurais recommandé le restaurant St. James chez Fortnum & Mason, à Londres, mais il est devenu juste un salon de thé. (Allez là-bas quand même.)

Revenons à nos moutons, au moins ceux préparés à la française. L’autrice, Mme Dixsaut, est en même temps très bien qualifiée pour écrire ce livre et pas le meilleur choix. Elle est scénariste professionnelle, et sa connaissance des films est exceptionnelle. Elle a sorti plusieurs tels livres de recettes, comme un livre de James Bond, un sur les Tontons flingueurs, et un sur la mafia, version américaine. Il y en a d’autres, et pendant une période de 6 ans, autant de livres de recettes sont parus. C’est plutôt rapide pour développer autant de recettes. Vous ne trouveriez jamais sa recette de croissants signée par moi :

Je dois ajouter que les instructions pour la pâte levée feuilletée seraient trop longues vu que toutes les recettes tiennent sur une page pour chacune. Mais je sais que vous êtes d’accord, ce n’est pas la recette d’un Duchemin.

Je vous recommande ce livre en tant qu’œuvre d’histoire et pour susciter des remarques. Pour le cuisinier à la maison, il y en a de meilleurs. Mais pour le fan de Louis de Funès, c’est un excellent choix.

Épisode 22

C’est encore une fois le temps de notre balado hebdomadaire. Pardonnez-moi pour penser déjà à d’autres choses, mais cette semaine, on atteindra une étape importante ici — la moitié du Tour ! Je me sens à la fois comme je tarde trop et que j’aimerais qu’il ne finisse jamais.

On commence comme d’habitude avec la blague de la semaine. Nos articles sont :

J’ai écrit sur la Cathédrale Saint-Louis et le magasin d’antiquités M.S. Rau à la Nouvelle-Orléans, mais vu que ces posts sont presque tous des photos, j’ai décidé de ne pas les lire à haute voix. Je recommande quand même les deux, et la tarte normande de Gaston Lenôtre, notre dessert manchois, aussi.

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Le dictionnaire franglais-français

Juste avant de partir en vacances, j’ai entendu parler d’un livre avec un titre intéressant. Malheureusement, j’ai déjà oublié , mais j’ai vite trouvé une copie d’occasion grâce à Amazon.fr. Vu qu’il a été expédié d’un vendeur en France par La Poste, au niveau de service le plus bas, je suis choqué qu’il soit arrivé en une semaine. Voilà :

Je peux vous dire que l’ancien propriétaire n’a guère utilisé le livre — l’état était presque parfait. J’avoue que je l’ai acheté sans vraiment connaître les contenus — avec un tel titre, j’espérais qu’il serait quelque chose de façon « Ciel ! Blake ! Sky ! Mortimer ! ». Mais c’est en fait un vrai dictionnaire. Je laisserai l’éditeur expliquer son propre projet :

Voici un aperçu des contenus :

J’ai des sentiments mitigés sur cet achat. D’un côté, vous savez que j’ai une tendance puriste. Mais ça vient de sentiments compliqués — un désir d’être accepté, une horreur des changements dans l’anglais pendant les dernières années, un manque d’amour pour mes voisins. D’autre côté, je vérifie toujours d’abord soit mon dictionnaire Oxford soit le Collins-Robert en ligne. Ce qui n’arrivera JAMAIS, c’est que je dise « Leur réponse n’est pas suffisamment français ; je réessayerai avec un dictionnaire plus paranoïaque ». Il me manque assez d’heures dans la journée pour de telles choses.

Il y a des cas où je sais que j’aimerais bien l’avis de quelqu’un comme l’auteur. Par exemple, « footing » me dérange depuis longtemps, et l’auteur est bien au courant de pourquoi (il ne veut pas dire son sens en français) :

Mais juste en haut, même page, on voit le problème avec ce livre — malgré ce qui a écrit l’auteur, il n’accepte même pas les emprunts bien établis comme « football ». Bonne chance de lire L’Équipe avec cette attitude !

Je ne sais pas toujours comment — ou combien — j’utiliserai ce livre. Mais je suis content qu’il existe — même si j’ai vraiment pas envie de vérifier des mots où je connais déjà le sens, j’apprécie son esprit.

La tarte normande de Gaston Lenôtre

On finit — enfin ! — notre séjour en Manche avec un dessert bien normand, la tarte aux pommes. Mais j’aime faire les desserts en version grand chef quand je peux, et cette fois-ci, notre tarte vient de mon livre chéri de Gaston Lenôtre. Voici la tarte normande à la glace royale :

On commence avec la pâte brisée. J’adore cette version car on peut la faire dans un robot, alors pas de moment dégoûtant avec des œufs crus sur les mains. Honnêtement, on peut faire ça avec n’importe quelle pâte brisée, mais c’est seulement très récemment où j’ai arrêté de copier exactement les instructions des autres. Mais cette pâte est en fait une recette différente que celle de Laurène Lefèvre — moins de sucre, plus de sel, plus de lait — et je l’adore. Notez que j’utilise un moule de 24 cm, pas le 30 cm du Chef Lenôtre.

Ingrédients pour la pâte brisée :

  • 10 grammes de sucre
  • 8 grammes de sel
  • 190 grammes de beurre, coupé en dès
  • 1 œuf
  • 30 ml de lait entier
  • 265 grammes de farine

Instructions pour la pâte brisée :

  1. Avec la feuille, battre le sel, le sucre et le beurre dans le bol d’un robot.
  1. Ajouter l’œuf et le lait et battre pendant quelques seconds.
  1. Ajouter toute la farine et battre à petite vitesse, jusqu’à ce que la pâte se rassemble. Peu importe s’il reste de petits morceaux de beurre.
  1. Former une boule, couvrir avec du film à contact, et laisser reposer dans le frigo pendant au moins 2 heures.

Cette recette produit environ 500 grammes de pâte. La recette officielle du Chef Lenôtre ne demande que 350 grammes. Ignorez-la. C’est ma deuxième fois, et tout doit être par-FAIT pour ne pas avoir besoin de plus de pâte. Vous n’allez pas être saint à cause de réussir avec exactement 350 grammes dans un moule de 30 cm, bien que j’avoue que ce soit un miracle.

Les ingrédients pour la garniture :

  • 450 grammes de pommes (j’ai utilisé des Fujis ; vous pouvez trouver des Reinettes)
  • 35 grammes de beurre
  • 40 grammes de sucre vanillé

Cette fois-ci, j’ai utilisé un sucre vanillé artisanal, pas celui d’Alsa. Je me sens comme un traiteur traître, mais les résultats sont étonnants. Alsa fait la meilleure levure chimique, bien sûr, mais ils ne sont pas le dernier mot pour tout. D’autre côté, j’imagine que c’est bien cher à importer en France. Rien chez Carrefour ne me parle d’être un produit d’aussi haute qualité. Excusez-moi un moment…([HIHIHIHI, juste une fois ils comprennent ! Oups, j’espère que personne ne m’a entendu ! — Moi])

Les instructions pour la garniture :

  1. Vider et peler les pommes. Les couper en fines tranches.
  1. Faire fondre le beurre dans une poêle. Y ajouter le sucre vanillé. Mélanger avec une spatule.
  1. Faire cuire les tranches de pomme, 3 minutes le côté.
  1. Réserver sur une assiette et laisser refroidir.

Premier montage :

  1. Diviser la pâte en deux, mais pas de parties égales. Avec 500 grammes de pâte, je suggère 300/200.
  2. Étaler le plus grand morceau. Couvrir le fond du moule.
  1. Utiliser un rouleau pour couper les bords. Réparer si besoin.
  1. Piquer la pâte avec une fourchette.
  1. Remplir la tarte avec les pommes.
  1. Étaler l’autre pâte. Couvrir la tarte et pincer les bords.
  1. Préchauffer le four à 200°C et passer au glaçage.

Ingrédients pour le glaçage :

  • 250 grammes de sucre glace
  • 1 blanc d’œuf
  • Jus d’un citron

Le chef Lenôtre recommande la moitié du glaçage dont « quelques gouttes » du jus. La première fois, j’ai trouvé le glaçage beaucoup trop épais, et il n’y avait pas assez non plus. La deuxième fois, je n’ai pas eu besoin de toute la recette, mais il vaut mieux ne pas en manquer.

Instructions pour le glaçage :

  1. Tout mélanger dans un bol.
  1. Étaler sur la tarte avec une spatule.

Deuxième montage :

  1. Roulez des très petits morceaux la pâte dans vos mains. On fera des petits bâtonnets.
  1. Déposer quelques amandes effilées sur la tarte.
  1. Faire cuire pendant 40 minutes. Dès que le glaçage sèche complètement, ouvrir le four et couvrir la tarte avec de la feuille d’aluminium. On veut que le glaçage soit doré, mais attention ! J’ai brûlé mon glaçage — faut couvrir le glaçage très étroitement.

La vie en chansons

Je crois que je n’ai jamais participé aux « tags » de blogs ; en général, il y a autant de colonnes régulières ici pour me garder bien occupé. Mais j’ai récemment vu celui-ci — décrivez votre vie par des titres de chansons — à La lectrice en robe jaune et à L’autodidacte aux mille livres, et je me suis pensé « D’un côté, je pourrais juste citer les Singles Collections d’Indochine. D’autre côté, j’ai peut-être des trucs à partager que personne d’entre vous ne connaît déjà. » Alors j’ai décidé de l’essayer de ma façon.

Vous voyez ce dernier lien ? Il y a beaucoup de la langue française que j’entends dans la tête par le moyen de chansons. Ou de films. Ce sont souvent la seule fois où j’ai entendu des mots à haute voix. On écrit « C’est comme ça » ; je l’entends dans la voix de Catherine Ringer. On écrit « Qu’est-ce qu’il y a ? » ; j’entends Bourvil dans Le Corniaud. C’est une relation que je n’ai avec aucune autre langue. Alors, on y va :

Décris-toi : Un jour dans notre vie, Indochine

Je ne suis qu’un type. Mais j’appelle celle-ci mon générique car pour moi, le message est qu’en un instant, tout peut changer.

Comment te sens-tu : Roads to Madness, Queensrÿche

On traduirait ce titre comme Des chemins vers la folie. Pour moi, le blog est une évasion, une opportunité de ne pas penser au fait qu’on m’en veut pour tout et n’importe quoi.

Décris là où tu vis actuellement : Costa del Sol, Nobuo Uematsu

Ouais, je l’appelle Elbe-en-Irvine car ça m’amuse. Mais celle-ci est exactement tout ce dont tout le monde pense quand on parle de la Californie du Sud. En français, on dirait Côte du Soleil.

Si tu pouvais aller n’importe où, où irais-tu : Un été français, Indochine

Depuis le début, on est maintenant à 265 000 mots sur ce sujet et rien d’autre. J’ai même monté sur le toit de La Grande Arche de La Défense pour l’exprimer.

Ton moyen de transport préféré : Red Barchetta, Rush

L’une de leurs meilleures chansons de leur meilleur album, et basée sur une histoire qui est apparue dans le magazine Road & Track. (Une Barchetta est un vieux modèle de Ferrari.)

Ton / ta meilleur(e) ami(e) est : My Favorite Headache, Geddy Lee

Le titre signifie « Mon mal à tête préféré ». Je l’adore, et on parle tout le temps depuis 28 ans, mais…disons que l’on connaît très bien les conneries de l’autre !

Toi et tes amis, vous êtes : The In Crowd, Ramsey Lewis Trio

Hahahaha, je plaisante ! « The in crowd » est une expression qui veut dire les gens les plus « cool, » les plus populaires. On est vraiment des… tarés ? Intellos ? J’sais pas moi. Aux fêtes, on dirait « wallflower » en anglais, littéralement « fleur de mur ». Vous comprenez, sûrement, mais je voulais une excuse pour partager la chanson.

Comment est le temps : Hot, Hot, Hot, Buster Poindexter

« Hot » = chaud. Il fait 35°C pendant la journée cette semaine.

Ton moment préféré de la journée : Tonight, Tonight, Tonight, Genesis

Peut-être que vous connaissez celle-ci à cause de Phil Collins. « Tonight » veut dire « ce soir ». Le soleil et moi ne sont pas de grands amis car je suis pâle. Mais en fait ma chanson préférée de l’album est Invisible Touch.

Qu’est la vie pour toi : L’Aventurier, Indochine

J’ai fait tout ça juste pour l’écouter. J’ai au moins un peu le droit, même si à mon avis c’est mon amie rouennaise, expatriée deux fois, qui mérite vraiment le titre.

Ta peur : I’ll Sue Ya, « Weird Al » Yankovic

Le meilleur parodiste en anglais depuis les années 80s. Le titre veut dire « Je te poursuivrai ». Relis la deuxième entrée pour mieux comprendre.

Quel est le meilleur conseil que tu as à donner : Everybody Plays the Fool, Aaron Neville

C’est-à-dire littéralement « Tout le monde joue l’idiot ». J’en suis un expert.

Pensée du jour : Eat Steak, Reverend Horton Heat

« Mangez du steak ». Toujours un bon conseil. Aussi une chanson très drôle.

Comment aimerais-tu mourir : Everything Must Go, Steely Dan

On peut traduire ce titre comme « Tout doit partir », mais on dit ça en anglais surtout quand un magasin doit fermer et se débarrasse de tout. Je n’aimerai pas trop ce moment.

La condition actuelle de mon âme : Every Day I Have the Blues, Joe Williams

« Tous les jours j’ai les blues ». Mais il faut comprendre que l’on parle de la musique et son attitude, pas vraiment d’être dépressif. Et M. Williams est à mon avis notre meilleur chanteur du XXe siècle. Je pleure quand je considère que vos radios ne jouent que de nos cons comme Jay-Z et Eminem. Il y a une meilleure tradition musicale ici.

Vraiment, j’aurais pu écrire une liste avec seulement Indochine, Les Rita Mitsouko, Marie Laforêt, et Pascal Obispo, mais j’espère que celle-ci était plus intéressante !