D’abord, je dois vous dire que je suis toujours grincheux en février. Alors si Langue de Molière vous semble moins « feel-good »* que d’hab, c’est parce que l’autre choix est que je me taise pendant tout le mois.
*([Je vous ai enfin ! Un anglicisme ! Sale impérialiste linguistique ! — M. Descarottes Mais je ne connais pas le bon mot ! — Moi])
Il n’y a aucun jour que je déteste plus que la Saint-Valentin. Ce n’est pas assez qu’il faut fêter les couples, avec des décorations partout pour rappeler les célibataires leur statut inférieur (attendez, je vous parlerai plus tard d’un sacré insulte que cette culture fait contre ses célibataires). Non, ici, il faut commencer avec tout ça l’avant-hier de Noël. Ne me croyez pas sur parole, voici une photo que j’ai partagé sur Facebook. J’étais chez Walmart pour chercher des ingrédients pour ma bûche de Noël (pénurie de maïzena et de crème liquide !) :

J’ai pensé à écrire cette colonne pour la semaine prochaine, mais à moins qu’il y ait un désastre (comme l’année dernière), j’aurai une recette pour vous ce jour-là. Alors continuons avec des expressions pour la Saint-Valentin.
L’une des plus vieilles dans mon fichier est « tenir la chandelle ». En anglais, on dirait « third wheel » (« troisième roue ») pour exprimer cette idée, de quelqu’un qui est seul en compagnie d’un couple. En version anglaise, il y a une signification de plus, que la personne seule est un peu trop proche au couple. Les Dédexpressions me donne l’impression que c’est aussi le cas pour ceux qui tiennent la chandelle. Son explication m’a coupé le souffle :
Du temps où les lampes de chevet n’existaient pas, les valets et les soubrettes devaient tenir le chandelier à leurs maîtres durant leurs ébats, en leur tournant le dos.
Tenir la chandelle, Les Dédexpressions
NOPENOPENOPE, je ne ferais jamais ça pour personne. Mais quand je pense aux activités de mon colocataire pendant ma première année à la fac… beurk.
Il y a une expression en anglais très proche de la signification littérale de « tenir la chandelle », mais qui veut dire tout autre chose. « Carry a torch » (tenir la torche) veut dire de l’amour sans retour. Mon dictionnaire Oxford donne « avoir un faible pour quelqu’un » pour cette expression. Selon une source (lien en anglais), ça vient d’une coutume romaine, où quelqu’un portait une torche allumé dans le four de la maison familiale d’une nouvelle mariée jusqu’au seuil de sa nouvelle maison, pour qu’elle allume le four là-bas. Mais il n’y a rien pour dire que la personne qui portait la torche avait un intérêt romantique.
Il y a une autre expression, très controversée chez moi, de « poser un cobaye » à quelqu’un. ([C’est lapin, et vous le savez bien ! — M. Descarottes]) Ça veut dire prendre un rendez-vous avec quelqu’un, puis ne pas y assister. En anglais, on dirait « stand up someone » (faire rester debout). Je n’ai pas d’exemples personnels liés à cette expression, je voulais juste taquiner le lapin. ([Cobaye !])
Puis il y a une expression que j’ai trouvé sur un panneau à côté d’une fontaine d’eau à l’aéroport à Paris, « vivre d’amour et d’eau fraîche ».

Si vous lisez le lien en haut, sur le panneau, vous verrez que j’étais pas trop heureux d’être rappelé de l’amour en arrivant et en quittant le pays. Je pense souvent à cette fontaine, et souhaite toujours que je lui aïe dit « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! » Il aurait été amusant de découvrir ce qui passerait après.
Mais quant à l’expression elle-même, Les Dédexpressions dit « On a tendance à utiliser cette expression pour qualifier les personnes qui perdent l’appétit au début d’une relation amoureuse. ». Je dois avouer, je n’ai absolument aucune idée de quoi elle parle. J’ai certainement perdu l’appétit à la fin — j’ai perdu 14 kg en 3 mois en 1996 de cette façon — mais au début ? Pas compris, sincèrement.
Mais ne vous inquiétez pas. Pour ceux comme moi qui ont hâte de voir la fin de Saint-Valentin, mon supermarché est déjà prêt :

Ouaip. Ils ont déjà commencé à vendre des trucs pour Pâques.
Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler du Système D — quand on ne trouve pas les bons mots en français, il faut les inventer.































