Archives mensuelles : février 2023

Tag livres : achat ou pas ?

Quant au titre, il s’agit d’un tag que j’ai vu d’abord chez La Bibliothèque Roz, puis Miss Biblio Addict !!. Pour leur part, il vient des youteubeuses Lisa Giraud Taylor et Britta Bohler.

1/ Où achètes-tu tes livres ?

Il était une fois, j’avais quelque chose appelée un « choix » de librairies, avec de tels noms que « Borders, » « Waldenbooks, » « Rizzoli, » « Crown, » et encore « B. Dalton ». Puis, Amazon les a tous mangés ou mis en faillite, et il ne reste qu’Amazon en ligne, ou Barnes & Noble, le seul survivant dans les centres commerciaux.

Mais quelque chose d’inattendu est arrivé. Quand on me prive de tous mes choix, ça ne veut pas dire que je vais tout à coup devenir un agneau qui ne lit que Harry Potter et Game of Thrones comme je suis censé le faire. Au lieu de ça, j’ai commencé à acheter des livres de la FNAC ou d’Amazon, mais en français. De mes 10 derniers livres achetés (livres de recettes exclus), 6 sont numériques en français de chez Amazon, 1 est en anglais mais par une autrice qui habite en Bretagne, aussi numérique de chez Amazon, 1 d’occasion chez Abebooks (on en parlera en bas), et les 2 autres sont venus de la FNAC. Bon travail, les ricains compatriotes. ([On n’utilise pas ce mot ici. C’est pas très affectueux. — M. Descarottes])

2/ As-tu déjà pré-acheté un livre ? Si oui, en ligne ou en magasin ?

Une fois dans la vie, et j’ai honte. Je lisais toute la série de suites de Dune par Brian Herbert, le fils de l’auteur, et Kevin J. Anderson, le pire écrivaillon du monde anglophone. Je suis tombé dans leur piège de prétendre avoir un brouillon de Frank Herbert qui guidait les suites jusqu’à la fin inédite. Pour l’un de ces livres — la « grande finale » — quand j’habitais à Los Angeles, j’ai eu la soi-disant « opportunité » de le faire signer par les auteurs si je l’ai acheté à l’avance d’une librairie où les deux apparaîtraient. Je l’ai fait. Voilà, la preuve :

C’est l’un des pires livres que j’ai lus. J’hésite à l’appeler le pire largement parce que choisir entre les « œuvres » de M. Anderson, c’est comme choisir le plus beau déchet d’une centrale nucléaire.

3/ En moyenne, combien de livres achètes-tu par mois ?

Il était une fois, j’étais grand rat de bibliothèque en anglais et lisais 2-3 livres par mois, en plus de lire 6 magazines hebdomadaires ou mensuels et mon journal quotidien. Maintenant, je lis beaucoup plus lentement, car tout est en français. En moyenne, un peu moins qu’un livre par mois, parce que c’est environ 1 chaque 5-6 semaines. (Aurais-je dû écrire « c’en est » ?)

4/ Empruntes-tu des livres à la bibliothèque de ton quartier ?

Pas plus ! La dernière fois où j’ai fait une telle chose, c’était en 2019, avec un livre de science-fiction par un auteur appelé Charles Stross. D’habitude, je l’adore. Il a écrit ma nouvelle préférée de tous les temps, que les bilingues peuvent lire ici. (Si vous ne partagez pas ma nostalgie pour les années 80, peut-être que vous ne serez pas d’accord.) Mais ce livre m’a laissé tout indifférent. J’avais déjà perdu mon goût pour tout et n’importe quoi dans ma propre langue et attendais quelque chose de nouveau sans le comprendre. Je ne plaisante pas sur ce dernier, peu importe si ça l’air fou.

5/ Si tu empruntes en bibliothèque, combien de livres empruntes-tu ?

Relisez la dernière réponse.

6/ Quelle est ton opinion sur les bibliothèques / médiathèques ?

C’est quoi une médiathèque ? Non, je plaisante, mais aux États-Unis, les bibliothèques servent également à cette fonction. Il n’y a pas deux telles institutions. Quant aux bibliothèques, ravi qu’elles existent pour ma fille.

7/ Que penses-tu des boutiques de livres de seconde-main comme Emmaüs par exemple ?

C’est quoi Emmaüs ? Non, je plaisante encore, mais je n’ai qu’en entendu parler. Il n’y a pas de tels magasins dans mon quartier, même pas ma ville. Faut les chercher ailleurs, comme à Los Angeles. J’utilise parfois Abebooks et Exlibris, deux magasins en ligne pour des livres d’occasion. J’ai écrit sur mon dernier achat chez Abebooks l’année dernière, un dictionnaire « franglais-français ».

8/ Gardes-tu tes livres lus avec ceux de ta PAL (les non-lus) ?

Maintenant, oui, vu que presque tous mes achats sont numériques et restent dans la même appli Kindle. Avant, aussi oui, car je rangeais mes livres par sujet ou genre, puis auteur, pas par statut lu/non-lu.

9/ As-tu l’intention de lire tous les livres que tu possèdes ?

Oui, il y a très peu de livres que je possède mais pas toujours lu. Il y a notamment une série par un célèbre auteur français qui reste dans sa boîte sans que je l’aie lu. C’est en traduction. J’aimerais la réessayer.

10/ Que fais-tu des livres que tu as lu mais dont tu sais que tu ne les reliras jamais ?

Je les garde. Il y a toujours un risque que j’aurai besoin de les citer. Par exemple, celui en haut.

11/ As-tu déjà donné des livres ?

Oui, parfois. À presque chaque fois, je le regrette plus tard.

12/ As-tu déjà été interdite d’achats de livres ?

Brièvement par une personne que je mentionne parfois ici sans jamais la nommer. Rien à voir avec les livres en soi, et tout à voir avec un ressentiment des dépenses de divertissement.

13/ Penses-tu que tu achètes trop de livres ?

Non, vraiment pas. C’est peut-être 10-15 € le mois pour moi. Je trouve ça extrêmement raisonnable. Il m’arrive parfois que il me faut 3 mois pour lire un seul livre. Si ça me coûte même 20 €, mais j’apprends beaucoup et fais des recherches juste pour le comprendre, le rapport qualité prix reste extraordinaire !

Et voilà, c’est la fin !

Les religieuses

L’une de mes envies la plus anciennes vient de l’été magique où j’ai découvert Cook&Record et regardé une belle cinquantaine de ses vidéos. Je n’avais jamais entendu parler du dessert appelé « religieuse », mais sa vidéo m’a donné envie. Alors quand ma fille l’a récemment vue, et m’a demandé de les faire, c’était très, très facile de me convaincre. J’ai fait une excuse qu’elle a dû d’abord réussir un examen, mais j’ai déjà su qu’elle gagnerait une bonne note. Elle l’a fait, alors voilà :

Vous avez sûrement remarqué quelque chose de nouveau sur la photo. Elle m’a dit qu’elle voulait essayer ses nouvelles compétences en conception graphique pour créer un sceau d’approbation. J’ai dit oui, évidemment. Mais ce n’est que le début — elle a fait quelque chose de merveilleux pour ce blog, mais vous allez devoir l’attendre.

Cette recette réunit beaucoup de mes choses préférées, mais avec quelques rebondissements surprenants. Il y a du fondant maison, mais pour la première fois, au chocolat. Il y a de la chantilly, mais cette fois-ci, légèrement sucrée. La crème pâtissière est au chocolat aussi, inhabituel mais pas inconnu chez moi.

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Je découvre le Pas-de-Calais

J’allais écrire sur le 62, mais il y a évidemment pas de Calais, alors à la prochaine !

([JE VOUS L’AI DIT, LES AMIS ! Je vous ai dit que j’avais déjà entendu ses pires blagues ! Il était SI fier de celle-ci. — M. Descarottes])

On continue maintenant le Tour avec le 62, le Pas-de-Calais. C’est le département le septième plus peuplé et les habitants se nomment pas-de-calaisiens. C’est notre quatrième séjour dans les Hauts-de-France, dont le troisième des quatre derniers. Il ne nous reste qu’un département de plus dans cette région.

Je ne sais pas vous, mais moi, ma carte de Calais vient du début de La Grande Vadrouille, quand le navigateur dit que le bombardier britannique est au-dessus de Calais. En preuve, il montre celle-ci :

©️Studiocanal

Bien sûr, quelques secondes plus tard, ils voient la Tour Eiffel et Sir Reginald dit « Calais, hein. ? » (J’essayerai de dire ça sur la balado avec mon meilleur accent britannique. Pas de promesses.) Non, mais sérieusement, comme toute la France, le Pas-de-Calais mérite d’être connu en soi-même, pas juste pour un gag qui met Paris en vedette.

Commençons donc à Calais, au Parc Saint-Pierre, près de la mer. Dans le parc, il y a de nombreux sites d’intérêt, à commencer juste en face à l’Hôtel de Ville (1 étoile Michelin) et son beffroi de 75 m, qui nous offre une vue panoramique de la ville. On passe par le Monument des Six Bourgeois (2 étoiles), une sculpture de Rodin en souvenir des 6 héros du siège de Calais en 1347. Dans le parc, il y a aussi le Musée-Mémoire 1939-1945 (0 étoiles), situé dans un ancien blockhaus allemand, avec 22 salles d’exposition plein d’objets et coupures de presse de l’époque.

Très proche du parc, on trouve aussi la Cité de la dentelle et de la mode (2 étoiles), dans une ancienne usine. Les collections racontent l’histoire de la dentelle Calais-Caudry, ainsi que son utilisation dans la mode. On suit la côte à l’ouest pour visiter le Cap Blanc-Nez (2 étoiles), qui commence les plages de la Côte d’Opale (2 étoiles). D’ici, on peut voir les célèbres falaises de Douvres (3 étoiles) — sûrement on connaît tous la chanson — et on peut facilement les visiter en prenant un train de l’Eurotunnel. (Quant à la partie « Euro », laissez tomber.) Puisqu’on est là, on arrête chez Fortnum & Mason à Londres pour une tasse de thé — quoi ? J’ai voyagé beaucoup plus loin que ça pour un concert ! — puis on reprend notre tour du Pas-de-Calais.

De la Côte Opale, on voyage au sud, vers Boulogne-sur-Mer en passant par Audinghen (je vais absolument massacrer la prononciation, désolé) pour visiter le Musée du Mur de l’Atlantique (0 étoiles). L’histoire de la Batterie Todt et ses 4 pièces d’artillerie qui pouvaient atteindre l’Angleterre est absolument passionnant, peu importe le manque d’étoiles Michelin. On est au boulonnais principalement pour visiter sa ville fortifiée (2 étoiles). Notre balade ici comprend le Musée et Château Comtal (1 étoile), le remparts, et la Basilique Notre-Dame, tous visibles dans la photo. On tourne vers l’intérieur du département pour Saint-Omer, et sa Cathédrale Notre-Dame (2 étoiles), avec de nombreux œuvres d’art, dont une horloge astrolabe et son grand-orgue du XVIIIe siècle. Juste au sud, à Helfaut, il y a La Coupole (2 étoiles), ancienne base de fusées V2 pendant la SGM.

Notre prochain arrêt est à Azincourt, pour le Centre Azincourt 1415, où on peut étudier la grande victoire des anglais en France, ce qui a donné lieu à ma blague préférée de tout Shakespeare. J’ai faim après tout ça. En route à Lens, on passe par la Friterie hersinoise à Hersin-Coupigny, élue meilleure friterie en France de 2022 par les utilisateurs du site Les Friteries. Rien que la meilleure pour vous, les amis. À Lens, on visite le Musée du Louvre-Lens (2 étoiles) pour sa Galerie du temps, 200 œuvres prêtés du Louvre à Paris qui passent par 5 000 ans d’histoire.

Finalement, on tourne un peu vers le Sud pour visiter Arras. On est là principalement pour ses deux grandes places. La Grand’Place (3 étoiles) et la Place des Héros (3 étoiles) sont toutes les deux des endroits avec plus de 500 ans d’histoire, avec des marchés hebdomadaires et de nombreux petits restos et magasins. Ne ratez pas le beffroi d’Arras (1 étoile) pour sa vue sur la Place des Héros.

Qui sont les personnages les plus connus du Pas-de-Calais ? Il y a le compositeur et pianiste Raymond Lefebvre, né à Calais, célèbre surtout pour la Marche des Gendarmes (vous pouvez voir une partition avec son autographe dans mon post sur la Cinémathèque française). Maximilien de Robespierre, loin d’être mon français préféré, est né à Arras, et parce que l’Être suprême a un sens de l’humour macabre, Joseph-Ignace Guillotin, terreur des bagels, y vivait. Auguste Mariette, découvreur du Sphinx de Gizeh, est né à Boulogne-sur-Mer, ainsi que le footballeur Franck Ribéry. Le réalisateur Robert Enrico est né à Liévin. Fabien Roussel, mon communiste préféré (ça suffit), est né à Béthune. Le grand mathématicien Joseph Liouville est né à Saint-Omer. Pas français, mais bien connus chez moi, trois membres de la famille Carroll (Daniel, John, et Charles) — des pères fondateurs des États-Unis — ont été tous éduqués au collège des Jésuites de Saint-Omer.

Quoi manger dans le Pas-de-Calais ? C’est un menu très similaire à nos autres départements dans les Hauts-de-France : des moules, des frites, des moules-frites. Non, mais sérieusement, en plats principaux il y a aussi le coq à la bière et la fricadelle, cette dernière un genre de saucisson mi-bœuf, mi-porc. En dessert, on trouve la pâtisserie Calais, un gâteau à la crème du beurre au café, et le Rêve de Blériot, un gâteau si compliqué que j’ai trop peur de le tenter. Pour boire, il y a la genièvre des Houlle (près de Saint-Omer) et de la bière picarde, dont la Bière des Hayeytes et la Saint-Omer Bock.

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

J’invente

L’une de mes choses préférées sur la langue française, c’est que d’habitude, je peux m’exprimer d’exactement la façon dont j’ai envie. Au moins, c’est le cas quant à la grammaire. Mais il y a des fois où je suis frustré car le français réutilise le même mot où j’en ai plusieurs dans la tête. Ici, je dirais « spectrum » pour les couleurs, et « spectre » pour la fantôme :

Et il y a d’autres fois où je n’arrive pas à trouver le bon mot et dois l’inventer, dans le cadre des règles bien connues. Par exemple, quand j’ai écrit ma recette de Saint-Honoré, j’ai dit sur la crème pâtissière « verser les œufs enlaités (j’invente un mot) dans la casserole ». C’était pas un mot existant, mais il a bien suivi les règles de l’orthographe ; évidemment, c’est-à-dire « mélangé avec du lait ». J’ai fait la même chose en disant « les têtes empoêlées » pour certains qui ont été frappés à la tête avec une poêle.

J’invente des noms français pour la géographie autour de chez moi ; j’ai déjà partagé certains. Ma ville d’Irvine est devenu « Elbe-en-Irvine » d’après l’île d’Elbe, mais en plus, il ne me dérange pas de mentionner Irvine. C’est comment notre terrain de mini-golf est aussi devenu Boomers-sur-Irvine. Celle de mon ex est Anguille-sous-Roche pour cacher la vérité en lui rendant hommage. Mais il y a d’autres : l’école de ma fille est Saint-Sérieusement, d’après Saint-Cyr, et les habitants de Newport Coast, où les maisons se vendent à partir de 3 millions vivent sur la Côte-de-Beaucoup-d’Or. Un jour, je vous offrirai une carte plus complète, mais je vous déconseillerai de lui faire confiance. Je fête aussi de faux jours fériés comme le Jour de la Catastrophe, anciennement mon anniversaire de mariage.

Mais de plus en plus, sur ma quête à éviter les anglicismes, je joue avec des nouveautés dans la tête. Par exemple, en écrivant cette recette en haut, je pensais à écrire « vider la poubelle de votre cuisine avant de commencer parce qu’il y aura beaucoup de déchets ». En anglais, on dit « a ton » (une tonne) pour une grosse quantité, et quand on voudrait souligner à quel point c’est prodigieux, on dit plutôt « une tonne métrique » (ça pèse plus qu’une tonne impériale). Mais quand j’ai remarqué à la fin que ma poubelle vient d’être remplie, il m’est arrivé dans l’esprit de l’appeler « une poubelletaine de déchets ». Voilà, vous le comprenez déjà, j’en suis sûr. Et si je vous disais qu’une autre a donné « une demi-poubelletaine » ? Je trouve ça complètement naturel, et qu’il « s’intègre au système linguistique du français.» comme disent nos amis québécois.

Je suis sûr que vous avez quelque chose d’informel comme ça, mais je ne suis jamais arrivé à le trouver. De tout façon, dans la même veine, je n’aime pas que le français ne distingue pas entre deux situations familiales : 1) on se marie, et les parents de son époux deviennent ses « beaux-parents » et 2) son père se remarie, et la nouvelle femme devient donc sa « belle-mère ». En anglais, on appelle la première situation les « parents-in-law », et la deuxième les « step-parents ». J’ai pas de dent contre ces derniers, mais la première situation est souvent insupportable. Et j’ai franchement pas envie d’appeler les parents de mon ex « beau » ou « belle ». Je dis donc qu’ils sont mes anciens « cauche-parents » à partir de ma première idée, que la mère était ma « cauche-mère », d’après « cauchemar », bien sûr. Je travaille dur juste pour inventer mon propre vocabulaire sans anglicismes !

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine pour parler de plus de faux amis.

Les cœurs guimauves

Je ne sais pas pourquoi je fais des recettes pour fêter la Saint-Valentin. Mais ma fille adore les macarons d’il y a deux ans, alors je suppose que c’est une raison. De toute façon, l’un de nos bonbons préférés est les « Marshmallow Hearts » de See’s Candies, le chocolatier californien. Ce sont des guimauves en forme de cœur, recouvertes avec du chocolat au lait. Mais l’inflation a bien frappé See’s, et un chocolat de 18 $/454 grammes en 2019 coûte maintenant 30 $. Le rapport qualité prix n’étant plus ce qu’il était, voyons ce que l’on peut faire à la maison :

Ça a l’air un peu plus maison que j’aimerais, mais pas mal. Pas mal du tout. Et oui, c’est du chocolat noir, pas au lait. Chez Ghirardelli, le chocolat noir est la star. Allons faire des bonbons.

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Épisode 48 — des histoires d’A

J’entends parler qu’il y avait un événement sportif aux États-Unis hier. Moi, je n’en sais rien. Je cuisinais, et ma fille travaillait aussi sur un projet pour ce blog. C’est dingue, tout ce qu’elle veut faire pour m’aider. Vous allez voir sa première contribution, déjà finie, ici en 4 jours.

Je dois avouer une grosse erreur ici et je vous remercie tous pour ne pas m’avoir grillé comme je le méritais. J’ai publié mon dîner ornais sous le titre « Mon dîner oisien » car je suis bête. Je ne m’en suis pas rendu compte jusqu’après l’avoir fait. D’habitude, je laisse rester les erreurs, mais celle-ci devait être corrigée, et je l’ai fait.

Merci aussi de m’avoir supporté pendant cette dernière semaine. C’est bien évident que la Saint-Valentin me donne le cafard, mais je ne recourrai jamais à cette solution du Gorafi.

Notre blague de la semaine traite de cuisiner quand on est seul à la maison. S’il y avait un thème ici cette semaine, j’avoue que celle-ci en fait partie, mais elle vient d’un livre que j’ai chez moi. Nos aricles sont :

Il y a aussi Mon dîner ornais, avec la recette du camembert en croûte, et Les crêpes à la normande, mon dessert ornais.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Stitcher. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Anchor, qui abrite la balado. Bonne écoute !

L’histoire d’un bol

Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire de ma possession la plus précieuse. Ma montre française ? Ma veste d’un couturier français célèbre ? (Les deux sont tout ce qui me reste d’une autre vie, achetées il y a une belle décennie.) Non, je vais vous raconter l’histoire d’un bol en verre, acheté au supermarché pour peut-être 10 $ le 13 février 1996.

Je sais déjà : « Justin, êtes-vous dingue ? Personne ne se souvient d’un si petit détail après tant de temps ! » Mais je vous promets, le temps que vous finissiez cet article, vous serez d’accord que c’est facile à retenir. Au fait, je vous ai donné un petit bout de cette histoire l’année dernière.

D’abord, le bol. À moins que ce soit votre toute première visite chez moi, vous l’avez déjà vu, peut-être une centaine de fois. C’est le saladier vu dans presque toutes mes recettes :

Alors, revenons dans le temps, jusqu’en septembre 1995. C’était le début de ma deuxième année à la fac, et comme d’habitude le mercredi, je suis allé déjeuner chez l’aumônerie. C’était un événement hebdomadaire pour tous les croyants des trois fois servies à l’époque (les juifs, les catholiques, et les protestants ; maintenant il y a aussi les musulmans et les bouddhistes). Cette première semaine, j’ai rencontré quelqu’un de spécial.

Elle s’appelait Dana. Nous ne sommes pas rencontrés l’année précédente parce qu’elle avait passé l’année au Japon. Elle était élève en linguistique, et en plus de son anglais natif, elle parlait japonais, espagnol, et français (ce dernier à cause de 3 ans vécu à Montréal).

Cette biographie, ça vous rappelle déjà quelqu’un ?

Pour moi, c’était l’amour au premier regard. Pour elle…je ne sais pas ce qu’elle pensais, mais elle m’a donné son numéro après le déjeuner, sans que je lui ai demandé, quelque chose qui ne m’est jamais arrivé sur une première rencontre, avant ou après.

À l’époque, j’étais étudiant ingénieur, mais je n’en profitais pas du tout. Pour sa part, Dana avait presque terminé un diplôme en physique, mais elle a décidé qu’elle ne voulait pas la faire comme métier, alors elle a changé en linguistique. J’étais fasciné par son courage.

Nous sommes vite devenus presque inséparables. Nous parlions au téléphone tous les jours, nous mangions ensemble plusieurs fois par semaine… une nuit choquante, elle m’a demandé mon poète préféré, j’ai répondu Coleridge, et elle l’a suivi en récitant son Kubla Khan de mémoire. Je n’ai jamais rencontré une autre personne qui pouvait faire une telle chose. Beaucoup de monde nous croyaient en couple, mais nous ne l’avions jamais discuté. Après les vacances d’hiver, j’ai décidé que j’ai dû savoir. Mais que faire ?

Étant aussi bête à l’époque que maintenant, j’ai demandé à une connaissance mutuelle, qui m’a prévenu que je me trompais, mais ne m’a pas clairement dit d’arrêter. Alors, le 13 février, sachant que nous allions déjeuner ensemble le 14, car mercredi, je suis allé au supermarché. J’ai acheté une carte de vœux, les ingrédients pour faire des brownies selon la recette de ma mère, et un saladier en verre pour les préparer.

Le lendemain, avec l’aide de l’un des ecclésiastiques, j’ai caché mon cadeau de Saint-Valentin jusqu’à la fin du repas. Quand c’était la fin, je lui ai dit d’attendre un moment, puis j’ai sorti le cadeau.

Je n’ai jamais vu un tel regard d’horreur dans les yeux de qui que ce soit, même dans les films. Elle l’a pris, puis a tourné le dos et est partie en courant. Quelques jours plus tard, elle a absolument refusé de me parler. J’ai passé tout ce week-end-là dans une pièce inutilisée dans mon dortoir pour me cacher du monde. Pendant les 3 mois suivants, j’ai perdu 14 kg sans faire du sport. Après, je me suis transféré dans une autre école (dans la même ville), devenu linguiste, et appris aussi le japonais.

Tous les 4 ou 5 ans, je la recherche sur Google juste pour savoir si tout va bien. Comme on aurait pu s’y attendre, elle étant génie, elle est devenue avocate à l’une des meilleures universités au monde, puis a passé une décennie travaillant dans des rôles pour aider les pauvres. La dernière fois, elle avait déménagé dans un petit pays en Asie pour travailler pour les droits des femmes. J’ai aucune intention de la déranger.

Je me demande parfois si le bol est maudit. Il n’a jamais apporté le bonheur à personne. Peut-être que c’est mon Anneau unique. Pourtant, je continue d’espérer qu’un jour, il fera plaisir à quelqu’un. Même le jour de la Saint-Valentin.

Les malentendus

Ma chère petite il y a des choses qui ne se font pas, telles que de boire du Dom Pérignon 55 à une température au-dessus de trois degrés. C’est aussi malsain que d’écouter les Beatles sans boules Quiès.

Sean Connery dans la peau de James Bond, Goldfinger

Il y a des mois, j’ai entendu une chanson bizarre en écoutant Les Grosses Têtes. J’aurais juré — juré — que le refrain disait « Ô carottes », alors j’ai tout à coup soupçonné un complot entre Messrs Ruquier et Descarottes. Honnêtement, ce serait le sens de l’humour des deux. Mais j’ai réussi à trouver la bonne chanson, et je me suis gravement trompé. Voilà :

Les paroles en question sont en fait « OK Carole », d’un groupe des années 70 dit Bijou. Avec les bonnes paroles devant moi, je peux l’entendre, mais c’est tellement difficile. On va discuter un peu sur la linguistique, mais je vous promets, il n’y aura pas d’examen.

En linguistique, je regrette de vous dire que le jargon est souvent seulement en anglais. Ce phénomène est donc connu chez les linguistes sous le nom « mondegreen » (lien en anglais), après une écrivaine américaine, Sylvia Wright, qui a écrit de son propre malentendu du poème « The Bonnie Earl O’Moray« , dont elle a entendu « laid him on the green » comme « Lady Mondegreen ».

Alors, comment est-il arrivé que je me suis trompé de cette façon ? Pas de boules Quiès. Le groupe chante « OK » comme si c’est un mot d’une syllabe, alors que la seule fois où je me souviens d’avoir entendu « OK » en français, c’était dans la bouche de Jacquouille :

Quant à « carottes », il y a presque aucune différence entre les prononciations de ça et « Carole » dans ma tête, et je ne pense jamais au dernier.

Il y a une littérature riche sur ce sujet parmi les linguistes qui étudient le français, quelque chose que je n’avais pas découvert jusqu’au moment de rechercher ce post. Un bon livre pour commencer est « Le malentendu dans tous ses états », disponible gratuit au lien, le recueil d’une colloque à l’Université de Lausanne. La toute première rédaction, « La compréhension comme cas particulier de malentendu », par Anne-Claude Berthoud, donne un bon sens des manières par lesquelles on peut mal entendre une chanson. Et le niveau phonologique n’est pas le seul !

Par exemple, la musicienne et chercheuse Céline Pruvost a écrit une publication de presque 20 pages intitulée « Les chansons mal entendues d’Orelsan : quand l’image devient indispensable à la compréhension ». Franchement, après avoir écouté « Saint-Valentin » je suis surpris que l’article n’est pas un livre de 200 pages.

Mais son étude comprend plutôt le sens . Sa thèse est consacrée à l’idée que sa musique est en fait une parodie du rap américain, et que ce n’est pas clair sauf en regardant ses vidéos. Les associations qui l’ont poursuivi avaient donc malentendu la signification de ses chansons. (C’est sa thèse, pas la mienne.)

Pour ma part, une parodie de ce genre de truc est ce qui a fait « Weird Al » Yankovic avec la musique du vite oublié Chamillionaire ou le coup étonnant de Coolio. À chacun ses goûts. Moi, je préfère ce malentendu, le premier que j’ai compris en français il y a 2 1/2 ans :

L’impôt célibataire

Je vous ai menacé de me plaindre de certains genres de comportement insultant auxquels les célibataires doivent subir aux États-Unis. Mais en faisant mes recherches, j’ai découvert que l’un d’entre eux est illégal en France. Vous avez réussi de le bannir d’une façon qui me surprend — « choque » n’est pas trop fort — mais je suis franchement si bouleversé que je ne sais même plus si je me soucie toujours de mes propres principes.

Avant de continuer, j’offre mes excuses à mon héros, M. Frédéric Bastiat, qui aurait dénoncé sans hésitation presque tout ce que je vais écrire. S’il était encore vivant, il n’approuverait pas de l’actualité française à cet égard. Mais il y a d’autres choses dans la vie que maximiser le nombre de transactions.

Parlons d’abord de quelque chose qui a un peu changé ici depuis Covid, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Si vous êtes célibataire, vous n’êtes pas le bienvenue à beaucoup de nos restos. Revenons en janvier 2020, juste avant la fin du monde d’antan. Cette photo comprend 2 captures d’écran de notre plus grand système pour réserver des tables aux restos, OpenTable. À gauche, j’ai essayé de réserver une table seul à un bon resto à Los Angeles. À droite, j’ai répété l’exercice –même lieu, même temps a — pour deux personnes :

Désolé pour l’anglais, mais vous pouvez voir même si vous ne le comprenez pas qu’il y a deux choix en haut de « Cancel » (Annuler) à droite, mais seulement un à gauche. « Outdoor » veut dire « en terrasse ». « Standard » en ce cas veut dire « dans la salle de manger ». Vous l’avez bien compris — ce resto prendrait mon argent, mais sans me laisser entrer. De nos jours, ils ont annulé cette politique, parce qu’il y a beaucoup moins de clients. Mais il y a d’autres qui refusent tout court le service aux célibataires, jusqu’à maintenant :

Ces deux sont pour le lendemain de la Saint-Valentin cette année. À gauche, ça dit « Plus on est de fous, plus on rit : BOA exige 2+ personnes pour réserver une table ». À droite, même temps, même resto. Ils ne manquent pas de tables ; ils préfèrent juste les laisser vides qu’accepter des clients célibataires.

Mais ce sont des restos chers. Il y a quelque chose d’encore plus énervant aux restos plus décontractés, comme la restauration rapide. Je l’appelle « l’impôt célibataire » — si vous n’êtes pas en couple, vous devez toujours payer le plein tarif. La forme a récemment commencé à changer, mais l’effet reste le même :

3 des 4 — hormis celle en bas à droite — sont genre « 1 acheté, 1 offert » — mais seulement pour une réduction de 50 % pour la deuxième chose, pour une réduction nette de 25 %. La dernière offre, c’est une réduction de 5 $, mais après un minimum de 25 $, dans un resto où le prix moyen est 12-13 $. En tous ces cas, il n’y a aucune réduction offerte aux clients célibataires. J’ajouterai que c’était pas le cas avant environ 2006, quand les promotions ont toutes changé de « réduction de 50 % » à « 1 acheté, 1 offert ».

C’est ici où le regretté M. Bastiat — et vous n’avez aucune idée à quel point je l’estime — aurait bien aimé me frapper. Je viens d’apprendre que « 1 acheté, 1 offert » est illégal en France depuis 2018. C’est la loi Egalim, et je dois commencer par avouer qu’il est fort probable que je rate quelque chose. J’en suis certain, vraiment. Si j’ai bien compris les articles comme celui-ci où M. le Ministre Le Maire a dit qu’il veut revenir vers un seuil de 50 %, ça applique aux marchés, pas directement aux restos.

J’ai rien trouvé qui mentionne les restos, mais plein d’exemples des « émeutes du Nutella ». Mais d’autre part, j’ai recherché de nombreux sites de codes promos (voilà, voilà, et voilà — mais peut-être qu’ils achètent tous les mêmes données). Je ne suis pas arrivé à trouver des codes pour la restauration rapide de 50 % ou plus, mais souvent des trucs comme « réduction de 15 € sans minimum». J’ai trouvé un code pour 1 acheté, 1 offert chez Deliveroo, mais à ce point, on est loin des producteurs alimentaires.

Tout en moi veut dire que l’état ne devrait pas s’en mêler. Tant que les impôts sont payés, nous laissons les vendeurs règlent leurs affaires, dont leurs prix. Mais je vous ai montré qu’aux États-Unis, nous avons bien créé deux classes de citoyens selon la quantité de personnes qui s’asseyent à la table. Je ne doute pas que je rate plein de choses — pourquoi je m’intéresse autant aux publicités ! — et j’espère que vous me mettrez à jour. Mais bien qu’il me semble que ce n’est pas la raison exacte, je suis bien convaincu qu’en France, il y a au moins un désir que le pouvoir d’achat soit égal. Après une belle décennie de payer plus à cause d’être seul, je vous écoute.

Les crêpes à la normande

Pour finir notre séjour dans l’Orne, j’ai encore une fois choisi un dessert aux pommes. Keldelice mentionne les crêpes à la normande comme une spécialité ornaise, et c’était franchement assez pour moi. Voilà !

Je dois la recette à Cuisine AZ. Comme souvent, je l’ai coupée par deux, mais vu que j’étais seul à la maison quand je l’ai fait, je n’ai utilisé qu’une pomme. Ça a suffi. Dans ma poêle de 20 cm, ces quantités donnent 8 crêpes.

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