Archives mensuelles : septembre 2022

Je découvre la Haute-Marne

On continue maintenant le Tour avec le 52, la Haute-Marne. C’est le département le septième moins peuplé, et les habitants se nomment haut-marnais. C’est notre quatrième séjour dans le Grand Est.

On commence notre séjour à Chaumont, la préfecture. Mais attention aux cartes ! Si vous suivez le premier résultat de Google, vous vous tromperez et vous finirez par atterrir à Los Angeles !

Alors, après avoir vérifié que nous sommes au bon Chaumont, on commence à la Basilique Saint-Jean-Baptiste, érigée dans le XIIIe siècle, et décorée avec de nombreux tableaux du XVIIe au XIXe siècles. Puis on visite le Centre National du Graphisme, dit Le Signe, un nouvel espace pour abriter la collection d’arts graphiques de la ville qui fonctionne aussi en tant qu’atelier. On visite aussi le viaduc de Chaumont, construit au XIXe siècle pour les trains. De nos jours, il est illuminé par 430 LED la nuit, mais il n’y a plus de trains. Puis on part à l’ouest pour rendre hommage au général de Gaulle à son mémorial au pied de La Croix de Lorraine, à Colombey-les-Deux-Églises.

Au sud-est de Chaumont et Colombey, on va visiter deux villes. D’abord, Bourbonne-les-Bains. On s’attendrait à y trouver un spa thermal avec un tel nom, et voilà. Nous sommes là pour Notre-Dame-de-l’Assomption, leur église du XIIe siècle avec ses statues de la Vierge en marbre du XIVe siècle et en bois du XVe siècle. On fait aussi le parcours du Circuit Histoires d’Eaux, une promenade de 5 kilomètres pour découvrir le spa thermal, un étang de pêche, et le musée municipal. À Langres, on va suivre le Tour des Remparts de cette ville fortifiée. On est dans la ville natale de Denis Diderot, alors on peut visiter sa maison natale et aussi la Maison des Lumières, consacrée à son époque.

On tourne vers le nord-ouest pour visiter Wassy. Mes amis protestants sont probablement un peu contrariés par tous les sites catholiques sur ce blog, alors pour eux, on va visiter le Musée protestant de la grange de Wassy, sur le site d’un massacre qui a eu lieu en 1562. Juste à côté, à Joinville, on visite le Château du Grand Jardin, un château du XVIe siècle avec exactement le genre de parc auquel vous vous attendiez. On finit à Saint-Dizier, où on visite l’ancien château des Dampierre, les fondateurs de la ville. De nos jours, il accueille le sous-prefecture, mais on peut toujours visiter ses trois tours du XIIIe siècle. Finalement, on visite un bâtiment inattendu, la Tour Miko, ce qui reste de l’usine originale des glaces célèbres. Il est devenu un cinéma, et on doit acheter un billet pour un film pour se faire entrer, mais au-dedans, on trouve de nombreux objets divers, des souvenirs de la marque de glaces.

Qui sont les personnages les plus connus de la Haute-Marne ? Sans doute, le plus célèbre doit être Denis Diderot, l’encyclopédiste et philosophe. Le fondateur des Éditions Flammarion (qui m’a vendu deux de mes livres préférés), Ernest Flammarion, est né à Montigny-le-Roi. La famille Huot de Goncourt, célèbre pour les frères du même nom, et le Prix Goncourt, vient du département. Le général Charles de Gaulle, qui n’a pas besoin d’introduction, est enterré à Colombey-les-Deux-Églises. Luis Ortiz Martinez, fondateur de la marque de glaces Ortiz — devenu Miko chez vous et Good Humour chez moi — a fondé son entreprise à Saint-Dizier.

Quoi manger en Haute-Marne ? La grande spécialité du département est le fromage Langres AOP, qui est disponible chez myPanier (juste 80 €/kg ! Oh, mon cher Carrefour, comme tu me manques !). On l’utilise pour fabriquer la version salée de la tarte au quemeu ; on utilise plutôt un fromage blanc pour la sucrée. Sinon, la cuisine est très similaire à la Marne, avec le brochet au champagne (que j’ai déjà fait), les truffes grises, etc. Pour boire, on y trouve les vins Coteaux de Coiffy IGP, du champagne, et des bières locales.

La tarte aux noix de pécan de Galatoire’s

On finit nos recettes de la Nouvelle-Orléans — pour l’instant — avec la même tarte que j’y ai mangé pendant mon voyage en août. La tarte aux noix de pécan est l’un des classiques de la cuisine du sud des États-Unis. On la trouve partout, et c’est l’un de très peu de choses que j’adore autant que les desserts français. (On retournera à ce sujet ; c’est bon d’avoir quelques outils qui ne se prononcent pas « à base de pâte feuilletée »). Notre recette est presque exactement celle de Galatoire’s, sauf que j’ai converti les mesures avec ma balance de cuisine.

Il y a un changement pour lequel je ne fais pas d’excuses. Dans la recette originale, on utilise de la graisse végétale plutôt que du beurre. C’est souvent le cas chez les tartes américaines, mais je n’ai jamais grandi avec cette graisse, ni la margarine non plus. Ce sont des ingrédients inférieurs, et n’ont aucune place dans ma cuisine. Vous êtes chez moi, vous mangez du beurre ou vous mourez de faim. Pas de choix.

Attention à ne pas utiliser un moule à tarte selon la façon française. Ils ne sont pas assez profonds ! Choisissez un moule façon américaine ; le mien fait 23 cm de large. Remarquez la profondeur :

Les ingrédients de la tarte aux noix de pécan :

  • 200 grammes de farine
  • 3/4 cuillère à café de sel
  • 250 grammes de beurre
  • 2 cuillères à soupe d’eau froide
  • 4 gros œufs
  • 150 grammes de sucre
  • 180 grammes de sirop de glucose
  • 15 grammes de beurre fondu, refroidi à température ambiante
  • 1 cuillère à café de vanille liquide
  • 90 grammes de noix de pécan
  • 115 grammes de pépites de chocolat

Les instructions de la tarte aux noix de pécan :

  1. Préchauffer le four à 200°C. Ça peut attendre jusqu’au moment où la pâte entre dans le frigo.
  2. On commence avec la pâte. Mettez la farine et 1/4 cuillère à café de sel dans le bol d’un robot. Mélanger avec la feuille. Ajouter du beurre.
  1. Mélanger avec la feuille jusqu’à ce que de grosses miettes se produisent. Ajouter 2 cuillères à soupe d’eau froide et mélanger à petite vitesse. La pâte va vite se rassembler.
  1. Mettre votre pâte en forme de boule. Si votre pâte est collante, mettre un peu de farine dans le bol et rouler votre pâte dans la farine. Mettre la boule dans un bol, couvrir avec du film à contact, puis laisser reposer au frigo pendant au moins 30 minutes.
  1. En attendant Godot la pâte, on va préparer l’appareil. Mettre 4 œufs dans un gros saladier, et fouetter légèrement.
  1. Ajouter le reste des ingrédients : le sucre, sel, le sirop de glucose, le beurre fondu, et la vanille liquide. Mélanger après chacun. La vanille liquide donnera une jolie couleur marron à l’appareil.
  1. Sur un plan de travail fariné, étaler la pâte et la mettre dans le moule à tarte. Couper les bords avec un couteau. Réparer avec l’excès selon vos besoins.
  1. Pas besoin de piquer la pâte avec une fourchette. Mettre les pépites du chocolat au fond, et les noix de pécan au-dessus. Renverser l’appareil dans le moule ; les noix flotteront. Dès que la tarte est enfournée, baisser la température à 175°C. Faire cuire pendant 40-50 minutes — on veut un centre ferme.
  1. Laisser refroidir et servir tiède ou à température ambiante. Aux États-Unis, on la sert souvent avec de la glace à la vanille. Si vous avez envie de la réchauffer après du temps au frigo, faites-le à 125°C, pas plus — sinon, l’appareil fondra.

Comment faire une farce avec votre portable

Il y a des jours, je vous ai mentionné que j’avais installé le son de la SNCF en tant que sonnerie pour mes SMS. Pour moi, c’est juste un rappel d’où j’aimerais être. Mais pour vous, c’est une opportunité — allez dans les magasins, faites de nombreux SMS, puis profitez de la confusion autour de vous. Alors voilà, un petit tutoriel — comment faire des sonneries sur iOS. (Désolé, les fans d’Android.)

D’abord, il faut obtenir le bon son. Si vous avez envie de me copier exactement en utilisant le son de la SNCF, voilà une version sur YouTube avec un lien pour le télécharger :

Il faut le sauver dans l’appli Fichiers.

Une fois téléchargé, on va créer une sonnerie dans GarageBand. Commençons par ouvrir l’appli et sélectionner « créer un morceau » :

Et oui, ce sont mes propres captures d’écran. Je suis devenu plutôt expert en changer la langue du portable ! De toute façon, sélectionnez les « pistes » et « enregistreur audio ». Touchez le bouton qui dit « voix », bien que nous n’allions rien enregistrer :

Il faut d’abord désactiver le métronome, en bleu, dans le cercle rouge. Tapez-le, et il deviendra blanc, ce qui veut dire éteint :

Puis, cliquez le bouton « pistes », cerclé dans la photo suivante :

On va ajouter notre fichier maintenant. Cliquez le bouton « loop » cerclé ici :

Voilà, on peut maintenant choisir notre fichier :

Je cherche mes fichiers pour le bon, et voilà :

Sélectionnez le fichier et commencez à se moquer des gens qui seront bien perplexes !

Touchez le nom du fichier et il sera importé dans le projet :

Just en haut de la piste avec notre son, en haut à gauche dans la photo, il y a un triangle. Cliquez-le et il vous montrera un menu qui dit « Mon morceau », comme ça :

Maintenant, vous verrez votre projet dans le menu de GarageBand, prêt à utiliser :

Taper « Mon morceau » et un menu apparaîtra. Choisissez « Partager » :

Voici les choix qui apparaîtront :

On veut choisir « Sonnerie ». Vous pouvez donner n’importe quel nom au son :

Et voilà, c’est fini !

Allez vérifier que c’est là :

Voilà la preuve :

Oh, je profite tellement de penser à mon retour ! J’espère que l’on m’enverra un SMS dès que l’avion atterrira !

Mon livre des partisans

Le week-end dernier, j’étais chez mes parents pour retrouver quelques affaires. Saviez-vous que j’ai grandi à côté de la Loire ? C’est vrai, et j’ai pris une photo pour vous montrer !

Bon, c’est plutôt l’Avenue Loire. En fait, toutes les rues de mon ancien quartier sont nommées pour soit des vins soit des régions françaises. Le quartier est appelé « Wine Country » (Pays du vin). Profitez de dire le nom en bas, « Scripps Ranch » !

Mais cette fois-ci, j’ai trouvé quelque chose de complètement inattendu, mon trésor le plus précieux en tant qu’enfant. C’est un livre intitulé « Secret Armies » (Armées secrètes), et il s’adresse aux enfants d’environ 10 ans. Il s’agit d’une histoire des partisans dans les pays occupés, surtout lequel ? La Norvège ? Qui lisez-vous en ce moment ? On parle de la France ! Ça fait un beau 25 ans depuis la dernière fois où j’ai vu ce livre, et je le croyais perdu.

J’ai relu ce livre avec de nouveaux yeux. Des photos qui n’avait aucun sens pour moi sont devenues vivantes. Commençons juste après la page de la Blitzkrieg, avec le début de l’Occupation :

Dix ans, j’ai rien compris — seulement que c’était un journal résistant, selon la légende. Maintenant, je peux tout lire, dont le message du général de Gaulle :

À TOUS LES FRANÇAIS

La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, RIEN N’EST PERDU !

Rien n’est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour ces forces écraseront l’ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but !

Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, dans le sacrifice et dans l’espérance. Notre Patrie est en péril de mort. Luttons tous pour la sauver. VIVE LA FRANCE !

Charles de Gaulle

Il y a des affiches que je connaissais seulement comme propagande, sans les comprendre.

L’affiche en bas, c’est à vomir : « En travaillant en Allemagne, tu seras l’Ambassadeur de la Qualité Française. » La légende dit seulement que l’affiche « encourageait les gens à aller travailler en Allemagne ».

Je ne m’en souvenais pas, mais j’avais lu à l’époque l’histoire vraie derrière Le mur de l’Atlantique. Il y avait vraiment un peintre, René Duchez, qui a trouvé les plans dans un bureau nazi. C’est tout là, à droite :

Voici des partisans français, en train d’apprendre à utiliser des pistolets-mitrailleurs Sten :

Et en face, la première fois où j’ai entendu parler de Jean Moulin :

Souvenez-vous de la fois où on a visité l’usine Peugeot dans le Doubs ? Dix ans, je ne connaissais pas Montbéliard non plus. Maintenant, je lis l’histoire de Harry Rée, qui a convaincu le directeur de le laisser saboter l’usine, et elle me parle encore plus.

Voilà une feuille de codes secrets utilisé par l’espion Yvonne Cormeau. On penserait avec un tel nom qu’elle était française, mais en fait, elle était britannique, la fille d’un père belge et une mère écossaise. Après le mort de son mari pendant le bombardement de Londres, elle est devenue espion en Gironde, puis partout au Sud de France.

En face, la plus grande héroïne de mon enfance, après Jeanne d’Arc, Marie-Madeleine Fourcade, avec ses nombreux déguisements et fausses identités :

J’avais bien oublié que ce livre a marqué la première fois où j’ai entendu les noms Vercors et Oradour-sur-Glane, mais les deux sont là :

Le livre finit avec la libération de la France. Des autres pays sont mentionnés, mais c’est la libération de Paris qui gagne la grande majorité de l’espace. (Toujours Paris avec ces gens !) On voit les Forces françaises de l’intérieur, l’arrivée du général de Gaulle, et de la propagande soviétique, qui ne donne pas de crédit aux FFI.

C’est un petit miracle. Je voulais tellement partager ce livre avec vous tous pendant les deux dernières années. Adulte, je vais finalement vivre le plus grand rêve que ce livre m’a donné. Je vous ai laissé un nouvel indice ailleurs sur le blog.

Dans le même bateau

Il y a un dicton en anglais pour exprimer que l’on partage les mêmes problèmes que les autres : « Nous sommes tous dans le même bateau ». Je pensais à cette expression quand ce message est arrivé en même temps que le nouveau numéro du Canard aujourd’hui :

Ça dit qu’il y aura des coupures électriques à moins que nous ne pratiquions tous la sobriété énergétique jusqu’à 21h. Exactement comme notre premier dessin :

En fait, la Californie est exactement comme l’Allemagne d’une façon. Nous allions retirer notre dernière centrale nucléaire en 2025, puis avons annulé ce plan avec la hausse du prix du gaz. Ne me laissez pas continuer sur ce sujet ; disons juste que j’admire même vos centrales nucléaires.

Au fait, j’entends « sobriété énergétique » dans la tête dans la voix du maire de La Soupe Aux Choux, en disant « l’expansion économique ». Un jour, j’aurai des problèmes parce que je dirai de telles choses selon les films et la musique et tout le monde me trouvera fou. ([Plus fou. Vous voulez dire « encore plus fou ». — Mon ex])

Quant aux arnaques de colis, nous sommes aussi dans le même bateau. Bon, pas moi, parce que je ne commande rien sur Internet sauf chez FNAC, et aucun arnaqueur anglophone ne pense à écrire de faux messages d’une entreprise française. Mais le reste de mes compatriotes, ben oui.

On est moins dans le même bateau quant aux demandes de la SNCF d’économiser. Il y a déjà presque aucun transport sur les rails ici, alors rien à économiser ! Mais ne vous inquiétez pas — en Californie, on n’a plus assez d’électricité, et on va aussi bannir les voitures à essence pour augmenter la demande d’électricité. Ça ira, j’en suis sûr.

Et si je vous disais que j’ai mis ce son sur mon portable pour les SMS ? (C’est absolument la vérité ; on peut le faire avec GarageBand pour iOS.)

Finalement — et cette nouvelle me rend également perplexe que triste — on n’a pas le même problème quant aux profs. Selon cet article dans La Croix, le manque de profs est un problème partout en Europe, et la baisse de métiers est connue depuis longtemps. Pourtant, je ne me souviens pas du tout d’avoir entendu parler du problème jusqu’à ces dernières semaines. Je doute que personne ne l’ait remarqué jusqu’à maintenant, d’où mon problème de compréhension.

Comme toujours, si vous avez aimé ces dessins, abonnez-vous !

La carrière surprenante de Robert Clary

Peut-être que vous connaissez la série américaine « Hogan’s Heroes, » en VF « Papa Schultz ». Peut-être que vous saviez même le fait que le Caporal Lebeau était joué par un français de naissance, Robert Clary. Mais saviez-vous qu’il avait une carrière en tant que chanteur en France avant de déménager aux États-Unis ? Avec l’aide d’un article du site américain Tablet, et Wikipédia pour quelques détails, je vous raconte son histoire.

Robert Max Widerman est né à Paris en 1926, le plus jeune de 14 enfants des parents polonais. (Je sais, c’est toujours Paris avec ces américains-à-être, bande d’obsédés !) Ses parents avaient bien raison de fuir la Pologne sous la « Zone de résidence » créée par l’Empire russe. Malheureusement, ses parents sont déportés de Drancy à Auschwitz, et tués dans la chambre de gaz. Il est aussi déporté, à Buchenwald, mais les Allemands ont reconnu ses talents (surprenant vu qu’ils avaient l’habitude de tuer leurs prisonniers le même jour de leur arrivée). Il devait chanter pour les meurtriers SS tous les deux dimanches. Le reste du temps, il travaillait dans une usine de chaussures. N’essayez pas à imaginer une telle vie, devoir divertir les tueurs de votre famille. C’est l’enfer.

Le 11 avril 1945, Buchenwald a été libéré par les Alliés. Selon ses memoirs, une semaine plus tard, Clary et d’autres prisonniers ont joué dans un spectacle pour des soldats. Il a chanté plusieurs chansons connues chez les soldats, dont « Homeysuckle Rose » et « A Tisket, A Tasket« .

Quelques semaines plus tard, il est revenu à Paris pour une performance à L’Olympia, qui existe toujours. Cette performance n’a pas été bien accueilli — selon M. Clary, il pensait « Mais ils m’ont adoré à Buchenwald ! » — et il a fini par déménager en Côte d’Azur pour travailler dans les stations balnéaires.

En 1947, il a reçu sa chance ! Il y a eu une grève de musiciens aux États-Unis (le système a bien changé, et elle ne pourrait plus se reproduire). Il a été enregistré (toujours en France) par l’agent Harry Bluestone, et sa chanson « Put Your Shoes on, Lucy » (Mets tes chaussures, Lucy) a vendu 500 000 exemples. Le lien est à un enregistrement au Internet Archive. On peut y entendre un fort accent français dans sa voix. Ça va changer.

En 1952, il est apparu dans une pièce de théâtre, devenu un film, « New Faces of 1952 » (Nouveaux visages de 1952). Voilà une chanson qu’il a chanté avec Eartha Kitt — mais qui chante en anglais, et qui en français ? On peut entendre qu’il a bien pratiqué son accent anglais, et maintenant il sonne comme un new-yorkais. La transformation n’est pas toujours finie.

Quelques ans plus tard, il sort l’album « Meet Robert Clary » (Rencontrez Robert Clary), un mélange de chansons en anglais et en français. Maintenant, il est en pleine forme avec sa voix et peut faire tout et n’importe quoi. Voici « If I Only Had a Brain » (Si seulement j’avais un cerveau) du Magicien d’Oz :

Pendant les prochaines années, il est devenu amis avec un autre chanteur venu aux États-Unis, un certain Yves Montand. Peut-être que vous avez entendu parler de lui ? Mais Clary voulait trouver un chemin différent. Bien qu’il ait accepté de chanter en français avec Eartha Kitt, et sorti un album à moitié en français, il ne voulait pas être connu comme un stéréotype et il résistait donc jouer dans des rôles où il serait surnommé « Frenchy » ou chanterait en français. Mais le temps que les années 50s soient finies, il avait développé un acte où il chanterait un peu en français pour un effet humoristique. Voilà « La vie française », presque entièrement en anglais :

Après cette carrière musicale, il est devenu acteur à plein temps (ou presque). Pendant les six ans de Papa Schultz, un album appelé « Hogan’s Heroes Sing the Best of WWII » (Le casting de Papa Schultz chante le meilleur de la SGM) a sorti, et Clary a chanté plusieurs fois pour celui-ci, dont « The Last Time I Saw Paris » (La dernière fois où j’ai vu Paris) :

Mais après ça, il jouait pendant plusieurs années dans des feuilletons. Pendant les années 80s, il servait aussi en tant que témoin de la Shoah, puis il a pris sa retraite. En 2015, M. Clary a été interviewé par le magazine The Hollywood Reporter, à 89 ans d’âge, sur ce sujet. C’était — volontiers — sa dernière interview (il l’a refusée pour Tablet, en disant qu’il avait arrêté).

Épisode 25

Savez-vous la meilleure chose sur la rentrée ici ? C’est aussi le recommencement des activités de l’Orange County Accueil. Même si je n’ai pas trop profité du film hier, j’ai énormément profité de passer du temps ensemble après.

Comme toujours, on commence avec la blague de la semaine. Je trouve que celle-ci est particulièrement drôle, mais peut-être juste car il s’agit de l’une de mes idées fixes. Nos articles sont :

Il y avait aussi notre recette de pralines de la Nouvelle-Orléans. Je suis extrêmement fier de la qualité des résultats. Mon moniteur de glycémie, pas autant.

Cette semaine, il y aura une recette de plus de la Nouvelle-Orléans, mais on reprendra le Tout des Départements avec la Haute-Marne. Aussi, je n’ai pas le droit de vous dire pourquoi en ce moment, mais ce jeudi sera une mauvaise journée pour moi. Disons que les habitants d’Anguille-sous-Roche passeront de bons moments.

Si vous aimez ce balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Stitcher. Bonne écoute !

En attendant Bojangles

On revient à nos films français avec l’un des deux films les plus tristes de ma liste, En attendant Bojangles. Week-end à Zuydcoote est l’autre. Il y a une raison pour laquelle je ne regarde que des comédies, et c’est que ma vie francophone est une évasion. Mais ce film était le choix de mon groupe chez l’Oramge County Accueil, et c’est vraiment important que je ne rate pas leurs événements. Voilà l’affiche au cinéma :

Le titre rappelle En attendant Godot, connu en anglais sous le nom « Waiting for Godot. » Mais ici, on attend pas au personnage mythique de la pièce de théâtre, mais plutôt le personnage d’une chanson des États-Unis des années soixante-dix. La version du film n’est pas authentique à l’époque mais vient plutôt d’un chanteur Néo-Zélandais. Si j’ai bien compris, elle a été faite exprès pour ce film :

Mais ce film a lieu pendant les années 50s et 60s en France, alors même la version originale ne serait pas authentique. Mais voici la version originale quand même :

Je ne veux pas trop dire car ce film vient de sortir ici, et 16 % de mes lecteurs sont aux États-Unis. Mais l’autre raison pour laquelle j’ai pas envie de trop dire, elle est parce que j’ai le cœur bien brisé après l’avoir vu. Il y a certains devoirs que tout le monde a quant à leurs enfants, et c’est finalement l’histoire de deux personnes qui ont bien échoué.

Notre histoire commence en France pendant les années 50s. Georges, un menteur façon « L’Incorrigible » de Belmondo, assiste à une fête et raconte de nombreux mensonges pour séduire les femmes. Il n’est pas en fait invité, mais il dit tous genres de n’importe quoi, comme qu’il est descendu de Dracula. La fête est d’un sénateur français, qui essaye de le sortir, mais il rencontre une femme, Camille, qui est son égale quant aux mensonges, et beaucoup plus.

Les acteurs dans ces rôles, Romain Duris et surtout Virginie Efira, sont des stars. Ils jouent leurs rôles avec passion et conviction. Et Solàn Machado-Graner, qui joue leur fils Gary, d’environ dix ans pendant la deuxième moitié du film, est superbe.

Georges et Camille se marient la même journée qu’ils se sont rencontrés. C’est peut-être le truc le moins fou qu’ils font. Mais pendant la première moitié, ils font un couple charmant, et drôle, et je voulais qu’ils trouvent un chemin — pas quelque chose de quotidien et ennuyeux, car c’est franchement pas eux, mais une façon de vivre qui leur convient.

Ça n’arrive jamais. Georges est un menteur, raconteur par excellence, et paresseux, mais au fond, il n’est vraiment pas fou. Camille, elle est toute autre chose. Je n’oserais jamais nommer le problème — et je dois ajouter qu’elle souffre dans l’hôpital psychiatrique où elle se trouve, avec des traitements heureusement abandonnés de nos jours. Mais il n’y a pas de question que ses démons la rendent inacceptable en tant que mère, parce qu’elle est vraiment un danger à elle-même et à ses proches.

Le sénateur, surnommé « L’ordure » devient ami de la famille. Il veut Camille pour lui-même mais accepte que ça n’arrivera jamais. Son rôle est de soutenir la famille, mais je ne suis pas sûr que c’était le bon choix à la fin. Grégory Gadebois est excellent dans ce rôle aussi.

J’ai franchement pas le cœur pour vous dire plus. J’ai rarement ri aussi fort dans ma vie que pendant les vingt premières minutes de ce film. Et je n’ai jamais hurlé contre un écran comme je l’ai fait dix minutes avant la fin. Si vous aimez les tragédies, ce film est bien ça.

Mon guide à regarder la télé

« Justin, » vous me dites, « vous avez bien perdu la tête. On appuie un bouton sur la télécommande pour tout allumer, et hop ! France 2, TF1, Canal+, c’est tout là. » Ouais, en France. Mais qu’est-ce qui arrive si un jour, on vous cogne avec une jolie poêle sur la tête, et en vous réveillant, vous pensez « Je sais ! J’aimerais m’expatrier au Connardistan soviétique ! » Ça arrive plus souvent que prévu. (J’écoute parfois des podcasts sur ce sujet ; vous seriez surpris. Une alliance est également efficace qu’une poêle.)

Disons que après l’incident de la poêle, vous vous installez dans un tout petit appartement à Anguille-sous-Roche. Vous demandez aux autres têtes empoêlées où sont les chaînes de télé, et chacune d’entre eux vous dira qu’il faut vous abonner à TV5MONDE. Pour être clair, c’est pas rien — on peut y trouver des programmes de France TV, comme Un si grand soleil ou Le journal de France 2. Ou des programmes de la LCP, comme L’Élysée, Les secrets d’un palais. Si passionnante, la LCP ! Mais rien de TF1, Canal+, ou Groupe M6. C’est parce que TV5MONDE est un partenariat entre les services publics de la France, la Belgique, la Suisse, et le Québec. Dit autrement, c’est comme notre PBS, le véhicule par lequel notre gouvernement paye le Royaume-Uni pour le droit de rediffuser les émissions les plus ennuyeuses de la BBC — tandis que les bonnes affaires sont sur BBC America. Et franchement, le meilleur de France TV n’est pas là — où est mon coup de cœur Anne-Élisabeth Lemoine et C à vous ? (Veuillez ne pas me rappeler.)

Mais si vous ne faites pas attention à louer un appartement avec un balcon face au sud, tant pis car TV5MONDE est sur un service de satellite, Dish Network. Si vous vous en fichez d’avoir la télé par câble, il y a toujours Sling, disponible sur iOS ou Android. TV5MONDE sur Sling coûte 15 $ le mois.

C’est pas assez. On veut regarder Le moins pire pâtissier pour remonter le moral parfois, et pour ça, on a besoin de M6 et 6play. Avez-vous un logiciel antivirus assez cher, quelque chose comme Norton 360 ? Si oui, peut-être que vous avez déjà la bonne solution. On peut utiliser leur VPN compris, qui permet à votre ordinateur de faire semblant d’être en France. Et hop ! Nous avons M6. Pas toutes leurs chaînes — Paris Première et Teva ne marchent pas sans un abonnement, mais W9, 6ter, Gulli sont maintenant disponibles pour nous.

On est plus gourmands que ça. Essayons TF1 ; disons que l’on aimerait regarder Quotidien. Il faut se connecter, mais ça marche :

Allez, regardons quelque chose de hyper-intelligent comme HPI ! Ah, mais il n’y a pas d’épisodes complets sur le site. Bon, Demain Nous Appartient ? Malheureusement, la gestion de TF1 est moins con que celle de M6. Voilà ce qui se passe avec le VPN de Norton :

Qu’est-ce qui s’est passé ? Nous sommes « en France » selon Norton et ça a bien marché avec M6 :

C’est que leur VPN est du bazar. Ils n’utilisent que quelques adresses IP, et les informaticiens pas bêtes peuvent les bloquer sans difficulté. Comme on a dit dans Les Dents de la Mer, il nous faudra un plus gros bateau. Voilà ExpressVPN :

Ça va coûter. Mais les résultats ? Voilà :

Maintenant, TMC marche, et TFX, TF1 Séries Films, et LCI aussi. Ça sent déjà un peu la maison ! Pouvons-nous faire plus ?

Voilà BFM :

Arte :

NRJ 12 :

Pas mal. Pas mal du tout. Mais pouvons-nous atteindre le Saint-Graal, Canal+ ?

Malheureusement, pas vraiment. Avec le VPN, on peut regarder des trucs courts, comme les replays de Broute. Mais toutes les émissions typiques exigent un abonnement. Et ça, c’est impossible sans une carte de crédit avec une adresse en France ou à Monaco.

Mais tout ça nous coûte combien ? 99,84 $ les 12 mois, ou 12,95 $ le mois sans contrat. D’un côté, c’est presque autant d’argent que le logiciel Norton avec son VPN de mauvaise qualité. D’autre côté, c’est la moitié du prix de TV5MONDE pour beaucoup plus de contenus. C’est peut-être le meilleur que l’on peut faire à l’étranger.

À moins que l’on puisse trouver la bonne française avec une poêle, en espérant que ça marche à l’envers.

C’est pas le 1er, je balance tout !

L’une de mes colonnes préférées est celle de Light & Smell au début de chaque mois, où elle écrit de ses articles préférés ailleurs. J’aimerais adopter la même idée, dans l’esprit de vous partager des blogs peut-être inconnus chez vous. J’ai bien aimé la première fois où j’ai écrit quelque chose comme ça.

Au fait, je dois avouer que je ne suis pas complètement sûr du sens de « balancer » ici. La première fois où j’ai entendu le mot, c’était dans « #BalanceTonPorc », donc sens dénoncer. Mais je doute que ce soit le cas ici ([Oh, c’est absolument ça chez vous, sale râleur ! — M. Descarottes]). En anglais, « balance » veut dire peser ou osciller, ce dernier étant un sens français. Il y a aussi se débarrasser ou jeter. J’ai pas l’impression que notre amie veut jeter ses liens dans la poubelle. De toute façon :

Nouveaux à moi :

Les habituels :

Ai-je oublié quelqu’un ? Probablement, alors désolé. Mais vous le lecteur ne manquez plus de bonnes idées. Bonne lecture !