Archives mensuelles : mars 2023

Je découvre les Pyrénées-Atlantiques

On continue maintenant le Tour avec le 64, les Pyrénées-Atlantiques. C’est le département le trente-sixième plus peuplé et les habitants se nomment basques et béarnais ou basco-béarnais. C’est notre neuvième séjour en Nouvelle-Aquitaine, mais premier depuis le 47, le Lot-et-Garonne.

Je vous ai dit à la fin du dernier bilan que ce quart du Tour aurait le plus de mes amis personnels. Et dans les Pyrénées-Atlantiques, j’ai quelqu’un de vraiment spécial, J, qui veut depuis longtemps que son département brille ici. Cette entrée dans mon fichier est la plus longue de toute la France — oui, plus que le 75 — car elle m’en partage beaucoup.

On commence à Biarritz, au Rocher de la Vierge (1 étoile Michelin), un point panoramique juste dans la baie, avec une statue de la Vierge en haut. À côté, il y a l’Aquarium de Biarritz (2 étoiles), avec de nombreux poissons tropicaux, phoques et même avocats de divorce requins-marteaux halicornes. Mais ça, c’est le Biarritz du Guide Vert et on a les astuces d’une personne du coin.

Rocher de la Vierge, Photo par Diego Delso, CC BY-SA 4.0, Rocher du Basta, Photo par Tangopaso, Domaine public

On continue le long de la plage jusqu’àu Rocher du Basta. C’est un point avec des vues aussi spectaculaires de la baie que l’autre rocher, mais pas de statue donc pas de publicité. Puis, on passe au Phare de Biarritz, avec ses 248 marches pour atteindre la hauteur. Mais oh là là, quelle vue panoramique une fois atteint !

Maintenant, j’ai besoin que vous hurliez comme Nico, « Vous êtes prêts — à marcher ? ». On va faire une balade. D’abord, on va traverser Anglet, surnommé « la petite Californie française » (qu’est-ce qu’ils ont fait du mal ?), en passant par la Cathédrale Sainte-Marie (1 étoile) à Bayonne, puis traverser le Pont Pannecau pour arriver enfin au Musée basque (2 étoiles). Là, on va regarder leur collection de plus de 85 000 objets, dont des photos, des affiches, des outils, et des œuvres d’art, qui racontent la vie quotidienne basque. Puis on continuera jusqu’au quartier dit « Petit Bayonne » (1 étoile) pour marcher le long de l’Adour, prendre un verre dans l’un de nombreux bars et bodegas, et se moquer des landais pour vivre sur la mauvaise rive. Mais il y a quelque chose d’encore plus important ici tous les week-ends de Pâques, la Foire au Jambon, qui met en vedette le jambon de Bayonne IGP. Cet avril sera la 560e — ouaip, vous l’avez bien lu. Au fait, l’homme politique Jean Bon, qui avait le nom parfait pour cette foire, y est décédé. Merci, J, je vis pour ces détails.

Bon, c’est assez de marcher. On conduit vers le Sud, jusqu’à la frontière espagnole, pour visiter Saint-Jean-de-Luz. Là, on arrêt à l’Église Saint-Jean-Baptiste (2 étoiles), lieu de mariage du Roi Soleil et Marie-Thérèse en 1660 et un nef avec trois étages de galeries de chêne, comme rien d’autre que nous avons vu jusqu’ici. Vous êtes sages, alors on arrêt à la Maison Adam pour un dessert. D’ici, on visite Hendaye, pour le Château d’Abbadia (3 étoiles), construit au XIXe siècle par Viollet-le-Duc dans un style néogothique. Ne ratez ni la bibliothèque ni la chapelle. Pour plus d’infos, visitez le Chat Voyageur pour une exploration plus détaillée de ces deux villes.

En quittant Hendaye, on conduit par La Rhune (3 étoiles), une montagne de 900 m qui offre des vues de l’Atlantique et les Pyrénées. Mais notre prochain arrêt est Salies-de-Béarn pour le Musée du Sel et la Cité du Sel, et si on est là au bon moment en septembre, la « Hesta de la sau » ou fête du sel. D’ici, on continue à Oloron-Sainte-Marie pour la Vallée d’Aspe (2 étoiles), avec de nombreux sites remarquables naturels et son écomusée. À Oloron, on trouve l’usine de Laulhère, entreprise du patrimoine vivant qui fabrique des bérets depuis 1840. (On ne peut pas prendre un tour, malheureusement.) À Pau, la préfecture, nous avons nos deux derniers arrêts, le Boulevard des Pyrénées (2 étoiles), 2 km de jardins qui relient les deux moitiés de la ville, et le Château de Pau (2 étoiles), remanié de nombreuses fois depuis le XIIe siècle, où on trouve les appartements de l’impératrice Eugénie, ainsi que la chambre natale d’Henri de Navarre. Juste au sud-est de Pau, à Nay, le Musée du Béret existe dans une ancienne manufacture de bérets et propose des tours.

Qui sont les personnages les plus connus des Pyrénées-Atlantiques ? Isaac de Portau, mousquetaire, n’est peut-être pas très connu soi-même, mais le monde entier le connais sous le nom immortel de Porthos. Mary Todd Lincoln, la veuve du président américain Abraham Lincoln, vivait à Pau, ainsi qu’Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont, auteur de certains poèmes qui ont inspiré les surréalistes, et François Bayrou, cible fréquente du Canard enchaîné. Didier Deschamps, entraîneur de foot très populaire en 2018, et moins de nos jours, est né à Bayonne, ainsi que mon héros, l’économiste Frédéric Bastiat. Jean Lafitte, pirate et terreur de la Nouvelle-Orléans, est né à Biarritz. Le vrai Martin Guerre est né à Hendaye, mais le film a été tourné en Ariège. Le terroriste le plus stupide au monde, Zacarias Moussaoui, qui a dit qu’il voulait apprendre à faire décoller un avion, mais pas à l’atterrir, est né à Saint-Jean-de-Luz.

J’ai vérifié, mais Chuck Wepner, ancien boxeur américain surnommé « The Bayonne Bleeder » (L’Hémophile de Bayonne), n’a rien à voir avec ce département. Il vient de l’autre Bayonne, dans le New Jersey.

Quoi manger dans les Pyrénées-Atlantiques ? On est chez les Basques, et c’est à eux. Comme on a déjà mentionné à Bayonne, il y a surtout le jambon de Bayonne, qui prend sa place dans la soupe appelée garbure ainsi que dans le poulet basquaise, une mijote de poulet, jambon, tomates et un autre ingrédient typique du département, les piments d’Espelette. La préparation « à la basquaise » s’applique également au thon. Les fromages à ne pas rater sont l’Ossau-Iraty AOP et le P’tit Basque, ce dernier étant plus commercial mais disponible chez moi. En dessert on trouve l’un des grands classiques de la cuisine française, le gâteau basque, souvent fourré avec de la confiture de cerises. Il faut aussi mentionner les macarons de Saint-Jean-de-Luz, liés à la pâtisserie Maison Adam. D’habitude, je ne mentionne pas de restos dont j’ai jamais visité, mais je ferai une exception pour les Frères Ibarboure, car j’ai vu les œuvres de Patrice Ibarboure, MOF, et je ne quitte pas ce département sans le rendre visite. Oh, on finit toujours avec des boissons, non ? Dans le Pays Basque c’est le cidre basque et l’Izarra, une liqueur à base d’une jolie vingtaine de plantes.

Saison 2, Épisode 1 — on commence à nouveau

Nous sommes enfin arrivés dans la nouvelle saison de la balado. Il me semble que j’ai eu besoin de toute la première année juste pour découvrir comment la faire marcher, mais maintenant, tout est réglé et je crois que je suis enfin prêt à vous livrer la meilleure balado en français produite dans un comté moitié anglophone, moitié hispanophone. Plutôt le Rasta Rockett du genre.

Non, mais sérieusement, c’est vraiment un plaisir de produire tout ça. J’entends souvent que les contenus du blog et de la balado, tous les deux, sont « feel-good », et ça reste mon but de vous faire rire, tous les jours. ([Alors, vos posts Saint-Valentin ? — M. Descarottes]) Bon, presque tous les jours. Mais en plus, il est mon but depuis le début de vous mettre en vedette, et je crois qu’avec cette saison, j’ai trouvé la bonne formule pour mieux réussir les deux.

Notre blague de la semaine traite du ferry entre Calais et Douvres. Je vous rappelle qu’à partir de maintenant, les blagues sont disponibles du menu en haut, avec une semaine de retard. Nos articles sont :

Il y a aussi notre recette pour la Saint-Patrick, Le pain au soda irlandais de la Boulangerie Boudin — aimé par les boulangers eux-mêmes ! — et ma dernière chanson, La tactique du gendarme, aimé par de vrais gendarmes !

N’oubliez pas qu’il y a aussi de nouveaux gros-titres satiriques entre les articles. Si vous avez des idées pour de gros-titres, envoie-moi vos idées par courriel, et si je les utilise, je vous mentionnerai sur la balado.

Si vous aimez cette balado, abonnez-vous sur Apple, Google Play, Amazon, Spotify, ou encore Stitcher. J’apprécie aussi les notes et les avis sur ces sites. Et le saviez-vous ? Vous pouvez laisser des commentaires audio sur Spotify for Podcasters, qui abrite la balado. Bonne écoute !

Un an de diffusions

Lundi prochain, on atteindra notre premier anniversaire de la balado. Aujourd’hui, on va faire le bilan de la première année, puis je parlerai un peu de ce qui arrivera avec la nouvelle saison (il me semble que les anniversaires sont le bon temps pour déclarer des changements de saison).

Tout a commencé à partir de mon désir de fêter le 500e post ici de façon spéciale. Mais je vous mentirais si je vous disais que c’était bien planifié. Le premier épisode n’est que l’annonce que l’on commencera ! Après quelques semaines, j’ai commencé à faire deux choses, l’une d’entre eux ayant collé, et l’autre, pas autant. À partir du 5e épisode, j’ai commencé à raconter des blagues hebdomadaires ; ça fait maintenant 48 blagues sur la balado, toutes différentes. Aucune n’est originale à moi, mais si vous demandiez à qui que me connaisse chez les anglophones, ils vous diraient tous que je ne raconte jamais des blagues. Ou pire, que les seules sont de l’autodérision. Je n’ai jamais aimé cette habitude chez moi.

L’autre chose, c’était de surnommer le public « les filles ». J’avais une raison ! Même jusqu’à maintenant, Anchor (maintenant rebaptisé « Spotify for Podcasters ») me dit que tout le public sont des femmes, et la plupart, de 22 ans ou moins :

Je ne sais pas d’où proviennent leurs données. Mais je l’ai laissé tomber après quelques semaines car personne n’a répondu pour me dire s’il le trouvait drôle. Les humoristes vous diraient qu’il faut constamment essayer de nouveaux matériel et jeter ce qui ne marche pas.

Et en parlant de nouveaux matériel, je soupçonne que très peu de monde connaissent ce qui arrive à la fin de chaque épisode ! Le chapitre dit « fin » ne dure en général que 15 secondes, mais suit toujours la même formule : un remerciement, le sentiment « je vous adore tous », et un commentaire qui parle soit de l’actualité soit d’un article à paraître.

Je n’y suis pas arrivé par hasard. Le musicien Duke Ellington, à mon avis le meilleur compositeur de l’histoire américaine, avait l’habitude de terminer ses concerts en disant à son public « Je vous aime à la folie ». Et oui, en français, parmi plusieurs langues, mais après avoir commencé en anglais ; vidéo mise au bon moment :

Alors, quelques faits divers. Jusqu’ici, la balado a été écoutée plus de 8 700 fois. Pas mal ! Spotify ne donne pas des comptes exacts pour les statistiques mais plutôt des pourcentages. Certaines m’intéressent.

C’est pas surprenant que la grande majorité d’auditeurs sont en France ; après tout, c’est ce que je voulais :

Mais la distribution dans l’Hexagone n’est pas celle à laquelle j’attendais ! (Spotify traite les départements d’Outre-mer comme des pays séparés.)

On n’a même toujours pas atteint notre premier département en Île-de-France ! C’est le plus bas niveau de détail disponible pour la France. Mais j’ai des faits divers sur les États-Unis qui vont bouleverser ce que vous pensiez du pays :

Que la Californie soit en première, ce n’est vraiment pas surprenant. On verra qu’il y a probablement des connaissances personnelles qui l’écoutent. Mais des top 10 d’états, dont 3 des top 5, 4 sont des états dits « rouges » car ils votent pour les Républicains. Essayez d’éviter une crise cardiaque. L’une des choses que j’essaye de vous expliquer depuis le début, c’est que j’approche les départements d’exactement la même façon que je souhaite que vous approchiez nos états. Ne croyez pas toujours aux idées reçues.

Alors, la Californie :

Les deux grandes populations d’expatriés sont à LA et partout dans la région dite « Bay Area » autour de San Francisco. Mais Elbe-en-Irvine, c’est chez moi, et il y a beaucoup de monde qui m’ont rencontrés grâce à l’Alliance française ici et à LA. Très peu de monde me parlent de ça, mais on parle de centaines de fois entre ces deux. Impossible que ce soient tous des inconnus !

Alors, le futur. Il y a quelque chose que je veux faire depuis, disons, il y a 5 mois, qui transformera la balado. J’avais espéré la lancer avec le prochain épisode, mais l’horaire n’a pas marché exactement comme prévu. Avec le deuxième épisode, il y aura un nouveau genre de reportage dans la balado, un pas géant direction « avoir sa propre identité ».

Il y aura aussi un nouveau genre de blague. Vous savez tous à quel point Le Canard enchaîné me manque. Je serai abonné pour le reste de ma vie, bien sûr, mais je ne le cite plus, suite à leur demande. Il me semble que ce blog est plus pauvre sans leur esprit alors à partir de la nouvelle saison, il y aura des gros-titres satiriques annoncés au fur et à mesure de chaque épisode. Ils ne seront pas tirés du Canard ; ce sera seulement mon propre travail. Vous êtes le bienvenu à proposer des idées et recevront du crédit si je les utilise.

On m’a dit qu’il y a des lecteurs sourds qui ne peuvent profiter de la balado. Je veux faire quelque chose pour eux. Puisque je voulais que la blague de la semaine soit une raison pour écouter, jusqu’à maintenant elles ne sont pas apparues ici. J’ajouterai une page pour servir comme archive, et les blagues y apparaîtront avec une semaine de retard.

Et si je vous disais que l’un de ces changements est né d’un complot juste pour un événement lié au Tour des Départements ? Je vous raconterai toute la vérité au bon moment, que ça marche ou pas.

Traiteur !

Comme je vous ai dit avant, je confonds souvent traître et traiteur, car ils sont tous les deux proches de l’anglais « traitor » (qui veut dire « traître ». Ce soir, j’ai joué le traiteur pour mon groupe de cinéphiles de l’Orange County Accueil. Voilà tout ce que j’ai fait pour eux :

Ce sont de vieux favoris du blog, le gâteau Napolitain et les macarons au chocolat. C’est surprenant de remarquer que je n’ai pas fait un post pour les macarons au chocolat eux-mêmes, mais je n’ai pas pris les bonnes photos pour ça cette fois. De toute façon, je voulais vous partager quelques astuces pour faire ces recettes en grand format.

D’abord, le Napolitain. J’ai fait ce que l’on appelle en anglais un « quarter-sheet », 24×33. Mon moule habituel fait 18×18. Pour calculer combien d’ingrédients je devrais utiliser, j’ai calculé les tailles en centimètres carrés. 792 contre 324, alors 2,4x. Pour le rendre plus simple, j’ai donc multiplié toutes mes quantités par 2,5. On peut voir à quel point tout est géant :

La couche avec la poudre de cacao est toujours là plus difficile à étaler dans cette recette. Vous pouvez voir qu’en grand format, elle devient de plus en plus inégale :

C’était pas grave. Les autres couches restaient plus ou moins plates :

C’est ça le résultat :

J’ai dû refaire le fondant, parce que la première fois, il a séché en touchant le gâteau. Mais si je ne vous avais pas dit ça, vous ne le reconnaîtriez jamais.

Quant aux macarons, j’ai doublé toutes les quantités. Mais je suis très content de comment ils ont marché. En général, on sait si on a réussi ses macarons en les pochant sur le tapis — si la pâte coule, ou garde des bulles, vous avez raté vos macarons. Ce lot est presque parfait :

En les sortant du four, on voit qu’ils sont un peu moins parfait qu’attendus — 3 de 44 ont craqué :

Mais ils sont bien réguliers, n’est-ce pas ? J’étais fier de tout ça.

Ça fait des années que je veux entendre l’avis de vrais français sur ma cuisine. J’ai reçu des commentaires tres gentils ; on m’a dit que mes macarons sont mieux que ceux de Ladurée. Je ne le crois pas complètement — on ne verrait jamais une coque brisée chez Ladurée — mais je croyais que c’était du bon travail. Assez de monde m’ont demandé la recette du gâteau que je l’ai posté dans le groupe Facebook privé de l’OCA dès que je suis rentré.

Malheureusement, j’étais misérable ce soir. Peut-être que vous vous souvenez que quelqu’un s’est fâché contre moi dans ce groupe. Oh là là, c’était nul. Elle m’a dit « bonsoir », puis tout de suite tourné le dos. Plus tard, quand l’organisatrice m’a remercié pour avoir fait les desserts, elle m’a dit « C’est à vous ? ». Nous nous tutoyions avant. Message reçu. Je ne sais plus que faire, mais disons que je ne peux guère vous parler de notre film du soir, Boîte noire. C’était probablement un très bon film, mais je n’arrivais pas à me concentrer. Je suis gêné au maximum.

De toute façon, il y avait environ 5 douzaines de macarons au début, mais pas de restes au-delà d’un petit bout du gâteau. Je suis content de cette première expérience en tant que traiteur.

Le pain au soda irlandais de la Boulangerie Boudin

Aujourd’hui est la fête de Saint-Patrick, connu surtout en Irlande, mais aussi aux États-Unis. Le « soda bread, » comme on dit en anglais, est un pain traditionnel des irlandais qu’ils mangent pendant toute l’année, mais ici, c’est seulement disponible en mars. L’année dernière, je vous ai donné une recette toute traditionnelle. Cette année, avec l’aide des boulangers chez Boudin, je vous présente ma version préférée. Vous savez que mes goûts sont grosso modo les mêmes que les vôtres — alors ça veut dire quelque chose que je mangerais ce pain tous les jours si je pouvais ! (C’est une idée hyper-mauvaise pour les diabétiques.)

Voici une miche de chez Boudin, des secondes avant sa disparition aussi soudaine que délicieuse :

Si vous lisez attentivement les ingrédients, ce n’est pas complètement la même chose. Pour leurs quantités géantes, ils utilisent de la graisse végétale. Mais la version que j’ai reçu d’eux utilise du beurre. Il n’y a pas de question quel est le meilleur ingrédient. On n’utilise pas non plus plusieurs additifs chimiques. Ce n’est pas une plainte.

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La tactique du gendarme

Je vous ai promis des surprises cette semaine, n’est-ce pas ? Ça fait beaucoup trop longtemps depuis la dernière apparition du nom Bourvil dans ces pages. Et vu que c’était dans Le Trou normand, ce n’était pas mon expérience préférée. Mais en fait, ce film montre exactement pourquoi on l’adore tous.

Il me semble que Bourvil était l’homme le plus rassurant de l’histoire du monde. Il m’est absolument impossible que personne puisse garder une dent contre ce monsieur. Il était parfois l’oncle que tout le monde aurait aimé avoir en grandissant ; parfois l’ami un peu bête mais au bon cœur que nous voulons tous protéger. Pour revenir au Trou normand, le point auquel Bourvil a été embêté par tout le monde était trop — c’était vraiment dur de le regarder en train de souffrir.

C’est très facile de trouver les ennemis de Louis de Funès au-delà de l’écran (je pense surtout à Jean Marais et Jean Lefebvre), mais je n’ai jamais trouvé un mot malicieux contre Bourvil. Je suis très reconnaissant qu’il nous a laissé Le Cercle rouge, pour voir un Bourvil qui n’était pas du tout corniaud.

Alors quand un ami m’a partagé une vidéo marrante sur Facebook, avec un vieux inconnu qui chantait « La tactique du gendarme », j’étais ravi de découvrir que c’était en fait un coup de Bourvil. Sans plus d’attente, moi voilà :

Cette chanson n’est pas grand défi pour les poumons, mais pour la langue, oh là là. Faut énoncer. Je crois que je l’ai largement maîtrisée. Il y a deux brefs moments où vous ne serez pas d’accord ; sinon, je crois que j’ai bien compris pourquoi cette chanson est rigolote.

En comparaison, voici un enregistrement de Bourvil, de meilleure qualité que dans le film d’où la chanson vient, Le Roi Pandore :

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Le mot inutile

Avant de me lancer dans Langue de Molière pour cette semaine, je veux attirer votre attention vers un concours chez Les Dédexpressions, duquel cette colonne en a beaucoup tiré.

Le français a quelques mots qui ne le sont vraiment pas. Le « t » qui prend sa place entre des verbes et des pronoms au cas où le verbe terminerait par une voyelle : parle-t-on, par exemple. Ou le « l » qui se met avant « on » pour ne pas avoir l’air qu’on. Ces mots n’ont aucun sens, et sont là juste pour la sonorité.

Mais il y a quelque chose que le français exige que je trouve également sans sens, et on en parle maintenant. C’est « en », dans son sens pour compter.

En anglais, je peux dire soit « I’ll have one burger » (Je prendrai un burger) soit « I’ll have one » (J’en prendrai un) sans le nom « burger » — mais sans ajouter n’importe quel autre mot, comme « en ».

En espagnol, je peux dire « Tomaré una hamburguesa » ou « Tomaré uno ». Le genre est masculin quand on ne mentionne pas le nom, mais il n’y a pas d’autre mot non plus.

En japonais on dirait « Hambaagaa o itadakimasu » ou « Hittotsu o motte imasu ». C’est tout autre monde là-bas, mais l’explication simple, c’est qu’il faut utiliser des mots dits « compteurs » ; « hittotsu » est un de plusieurs compteurs pour 1. Si je veux dire que j’aimerais deux hamburgers, il faut dire « Hambaagaa o hutatsu itadakimasu ». On peut omettre le compteur pour un seul exemple, mais deux ou plus exige le bon compteur.

On peut donc facilement voir que de mes trois autres langues rien ne sert au but d’« en » dans « J’en prendrai un ». Et ici, avec un peu de linguistique, on peut voir pourquoi « en » me dérange.

Chez les linguistes, on parle d’une « paire minimale », deux phrases qui ne sont différentes que d’un son, une lettre, ou un mot. Ce test nous permet de distinguer des significations. Par exemple, si on dit — à haute voix :

Je suis une fille.

Je suis une fée.

on peut facilement voir que la dernière voyelle distingue les deux sens. (Essayez d’ignorer l’écriture ; à haute voix, seulement cette voyelle-là est différente.) D’autre part, si on dit :

Je suis bête.

J’suis bête.

le son est différent, mais la signification est la même. On appelle ça un allophone – un changement de son qui n’a pas sa propre signification.

Alors, si je dis :

J’en veux un.

Je veux un.

vous allez tous me dire que la première phrase est du bon français, et l’autre est du bon n’importe quoi. Ce n’est pas une paire minimale car il n’y a rien à quoi la première contraste. Mais c’est exactement ça ma plainte ! Il n’y a aucun risque de confondre la signification de la phrase sans « en » avec une autre signification — et dans toutes mes autres langues, dont une latine, il n’y a pas de tel mot ! « En » ne sert même pas à réussir un but de sonorité comme « l » et « t » dans nos exemples en haut.

Et avec ça, Langue de Molière en prendra cinq. (On dit « take five » pour une brève pause en anglais.) On se reverra la semaine prochaine pour parler de ce que l’on apprend en français quasiment gratuit.

L’anatomie d’un échec

J’ai essayé trois fois pendant la semaine dernière de vous faire des pâtes de fruits d’Auvergne. Oui, j’avais dit que j’allais arrêter après la deuxième fois ; ensuite, j’ai pensé à une possible erreur de traduction, et décidé de réessayer une troisième fois. Après avoir gaspillé une belle vingtaine de dollars, je vais en tirer un post. Quelque chose de bon doit arriver !

On commence avec la recette. Naturellement, j’ai commencé avec celle de Cook&Record, mais j’ai vérifié de nombreux autres avant de me lancer. Il y a certaines qui n’utilisent pas de glucose, et d’autres qui demandent du sucre cristal. On peut trouver des demandes pour de la pulpe de fruits commerciale, dont celle de Laurène, ainsi que du fruit frais ou du fruit surgelé.

Chez moi, pas de chance à trouver des pulpes de fruits aux supermarchés. Il y a la marque Boiron, mais elle se vend apparemment dans des magasins professionnels que je ne connais pas. Et après avoir vérifié chez Carrefour, où les seules « pulpes » sont soit du jus d’orange, soit du vinaigre, soit des boissons aux enfants, j’ai choisi un mélange de fruits rouges surgelés. J’ai planifié de le tamiser après avoir chauffé les fruits, pour retirer les graines. La première fois, j’ai coupé la recette de Laurène exactement par deux, et vous avez déjà vu le résultat :

Mais peut-être que vous savez qu’il existe plusieurs sortes de pectine ? La mienne ne dit pas clairement laquelle est-elle, alors j’ai décidé de la refaire avec 2x la pectine et aussi le glucose, au cas où elle était juste faible. Même résultat.

Puis j’ai pensé au mot « pulpe ». Ce n’est pas « jus ». Peut-être qu’en tamisant les fruits surgelés, j’avais retiré trop de solides ? J’ai donc décidé d’essayer une dernière fois avec des framboises fraîches, et SEULEMENT des framboises, car l’une de recettes en haut mentionne qu’il faut expérimenter avec la bonne quantité de pectine pour chaque fruit. Peut-être que le mélange avait été le problème ?

J’ai suivi encore une fois la recette de Laurène, coupée par deux.

J’ai mis mon thermomètre en degrés Fahrenheit parce qu’ils sont plus petits, alors je pouvais faire plus d’attention à de petites différences. C’était 226°F +/- 2º (107.8° +/- 0.6° C) pendant toute la cuisson. Pourtant, après toute une nuit pour figer :

Ça coule. On peut le garder en tant que confiture, mais je ne l’utiliserais jamais en tant que garniture de macarons, car c’est 2x le sucre d’une confiture typique. Avec une coque bien sucrée… non.

Je n’aime pas du tout cette situation. Une de mes règles depuis longtemps pour le Tour est d’utiliser la plus grande diversité de recettes possible. C’est pourquoi je cherche les recettes uniques comme le frescati ou les douceurs des Sucs, même si je dois deviner des choses. Il me semble que vous préférez tous ça.

Je pourrais faire une belle dizaine de clafoutis, mais ce ne serait pas intéressant (à moins que vous travailliez chez une ferme de cerises !). Celle-ci aurait été diverse. Au lieu de ça, j’ai maintenant quatre desserts aux pruneaux. Ce blog deviendra Un Coup de Problèmes Intestinaux si ça continue !

Épisode 52 — les échecs, plus qu’un jeu !

Ça fait presque une année depuis le début de la balado. Je suis bien fier de ce qui s’y est passé, même si le manque d’abonnés me rend perplexe. J’espère avoir des SURPRISES pour vous la semaine prochaine, et pendant cette semaine, il y aura des anecdotes autour des coulisses. Certains d’entre vous savent déjà des choses ; merci de ne rien divulgâcher !

Au fait, depuis quelques jours, mes commentaires sont en attente partout sur WordPress, et l’appli Jetpack plante à chaque fois où j’en laisse un ailleurs. J’ai signalé Automattic, mais si vous avez des problèmes similaires, dites-le-moi.

On atteindra finalement les Pyrénées-Atlantiques. J’ai une amie qui y habite et pendant les deux dernières années, elle m’envoyait souvent des pépites sur le département. L’entrée dans mon fichier était la plus longue de toutes jusqu’à la semaine dernière, quand un autre département avec 4 connaissances personnelles l’a dépassé (je vous dirai lequel quand on y arrive). C’est exactement le genre de chose que j’espérais arriverait plus souvent, et je crois que cette visite sera spéciale.

On va parler aussi franchement d’une déception. Je serais le premier à vous dire que les recettes ici ne sont pas toutes des réussites. Mais je suis fier du niveau d’effort, et il y a des fois où je refais des choses parce que je sais que je peux faire mieux (potée comtoise, tarte normande, pain de Modane). Il me semble que « assez bon » n’est pas français, jamais dans un pays où l’idée de « meilleur ouvrier » existe et est prestigieuse. Je ne comprends toujours pas pourquoi mes pâtes de fruits étaient toutes des échecs, mais accepter cette situation sans râler plainte ne serait pas français non plus.

Notre blague de la semaine traite de pirates et n’a rien à voir avec les sujets du blog (j’essaye parfois de trouver un thème commun). J’en suis tombé dessus hier et je me suis dit, « Que ce soit drôle ! » J’ai dû la traduire de l’anglais, et j’espère qu’elle retient son humour. Nos articles sont :

Il y a aussi Mon dîner puydômois, la soupe aux choux, et mon dessert puydômois, La pachade.

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La pachade

On finit notre séjour dans le Puy-de-Dôme avec un dessert bien auvergnat, la pachade. Pensez à quelque chose mi-crêpe, mi-omelette et appelez-la « le far auvergnat » et vous avez la bonne idée. La voilà (cliquer pour la version haute résolution):

J’ai lu deux recettes pour celui-ci, mais j’ai fini par choisir celle de Marie Claire pour deux raisons. D’abord, c’était déjà de la bonne taille — il y a assez pour 4-6 personnes. Deuxièmement, l’autre (au fond du lien) m’a fait franchement flipper, étant très, très technique (mais sa garniture de myrtilles m’intrigue). Après mes mésaventures chez les pâtes de fruits, j’étais bien prêt à réaliser un dessert en un seul coup. Celui-ci n’est pas inratable — il reste un moment effrayant — mais je vais vous montrer exactement quoi faire.

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