Archives mensuelles : juillet 2022

La carrière en arrière-plan de Robert Dalban

Le 19 juillet était l’anniversaire de l’acteur Robert Dalban, mais je ne l’ai pas remarqué jusqu’à ce que j’aie vu un post dans un groupe de cinéphiles. Je me suis demandé combien de ses films j’avais vu, et la réponse m’a étonné : 12. Dans mon graphique de comptes de films par acteur, il mérite la place d’honneur à côté de Belmondo !

Pas vraiment, évidemment. Belmondo était la vedette de tous les films que j’ai vus avec lui, sauf Casino Royale (le vrai, pas la parodie avec Daniel Craig). La bonne comparaison est aux deux autres acteurs avec 12 films dans le graphique, le duo comique de Grosso et Modo. Robert Dalban jouait toujours dans des seconds rôles, dans plus de deux cents films. Mon histoire avec lui ne touche qu’à la seconde moitié de sa carrière, mais la liste de ses vedettes est impressionnante.

Sa carrière des années 30s jusqu’aux années 50s appartient à un monde tout inconnu chez moi. Mais en 1961, il a joué dans Le cave se rebiffe, en tant que l’un des inspecteurs qui poursuivent « Le Dabe » (Jean Gabin). Et cette année-là, il a joué dans 9 films en total — un horaire inimaginable aujourd’hui ! Au fait, quand j’ai acheté cette disque au Leclerc à Orléans, c’était suffisant que la couverture a mentionné Gabin, Françoise Rosay, et Bernard Blier — je ne savais pas toujours que le film faisait partie d’une trilogie.

©️Gaumont

On se revoit en 1963 avec Les Tontons Flingueurs, dans le rôle de Jean, majordome de la maison de Fernand (Lino Ventura). C’est lui qui tient le pistolet pendant cette scène célèbre avec Ventura, Bernard Blier, et Jean Lefebvre :

De 1964 à 1966, il jouait aux côtés de Jean Marais et Louis de Funès dans les trois Fantômas d’André Hunebelle. Son rôle était l’éditeur du journal où travaille Fandor, le journaliste joué par Jean Marais. Ici, il ne dit rien pendant que Louis de Funès fulmine, mais la scène est quand même inoubliable :

Aussi en ’66, il a joué dans Le Grand Restaurant, comme l’un des conspirateurs. Puisque je l’ai loué sur iTunes bien avant le début du blog, pas de photo, hélas.

En 1968, Dalban a joué dans Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, en tant que le chauffeur de Léontine, jouée par Françoise Rosay. Ici, les deux sont rejoints par la merveilleuse Marlène Jobert, dans seulement son cinquième rôle. Dalban sert le déjeuner, mais il ne dit rien :

©️Gaumont

L’année prochaine, il apparaît dans Le Cerveau avec Bourvil et Belmondo, cette fois en tant qu’un soldat enrhumé. Il tousse, qui attire l’attention de David Niven, et les deux se regardent, mais il ne dit rien :

©️Gaumont

Dans les années 70s, il a joué un paysan deux fois dans les deux premiers films 7e Compagnie. Ici, dans Mais où est donc passé la 7e Compagnie ?, on le voit avec Pierre Mondy (dos tourné), Aldo Maccione, et encore une fois, Jean Lefebvre. Cette fois-ci, il parle avec tous les trois :

©️Gaumont

Après les deux 7e Compagnie, on lui retrouve dans L’Incorrigible, encore une fois avec Belmondo. Cette fois, il joue un bandit, Freddy, qui a un coup de fil avec Vauthier, le personnage de Belmondo :

©️Studiocanal

Mon dernier rencontre avec lui jusqu’à maintenant est venu dans La Boum, un film qui m’a inspiré à dîner chez La Coupole pour ma première nuit en France. Encore une fois, loué sur iTunes, alors pas de photo. Mais ce film a mis en vedette Sophie Marceau pour la toute première fois, et elle reste une vedette jusqu’à nos jours.

J’ai découvert un fait incroyable en recherchant ce post. La toute première apparition de Robert Dalban sur l’écran a eu lieu en 1934. Il a joué dans L’Or dans la rue avec une jeune Suzy Delair. (Vous la connaissez comme Germaine Pivert, la femme de Victor Pivert dans Rabbi Jacob, le film qui m’a lancé dans le cinéma français.) C’est époustouflant qu’un tel fil lie Sophie Marceau à un film tourné juste 5 ans après le tout premier film parlant français !

Cet été, c’est l’enfer

Il y a quelques semaines, avant la canicule, un ami m’a partagé un dessin sur Facebook. Ça vient d’un dessinateur, Prims, qui publie ses travaux sur Twitter.

Source

J’ai dû y penser pendant une semaine pour comprendre le calembour, car ma prononciation d’extrêmement avait apparemment une syllable de trop. J’avais beaucoup moins du mal à comprendre nos dessins de cette semaine car la canicule, elle est partout. Au fait, le dessin en haut apparaît aussi dans son livre, disponible ici.

On ne commence pas avec le temps, mais plutôt avec quelque chose à la première page qui m’a tellement fait rire que je me suis dit « Faudra le mettre en premier ! ». Il s’avère que M. le Président Macron a volé dans un jet militaire :

Je dirais juste qu’il faut faire attention aux souhaits. Il était une fois, Michael Dukakis, l’ancien candidat à la présidentielle des Démocrates, pensait que rouler dans un char lui donnerait l’air d’un dur à cuire. Puis les photos sont apparues. Il avait l’air ridicule, et l’évènement est connu jusqu’à nos jours comme l’un des plus grandes erreurs politiques (lien en anglais).

Vous souvenez-vous de la fois où j’ai appris du Livret A ? Voilà le retour :

Je ne veux pas vous décevoir, alors : QU’EST-CE QU’IL Y A AVEC LA PORSCHE ? Faudrait être une Peugeot Hypercar ! Même une Jannarelly ! (Je remets mon chapeau OSS 117.) Peut-être que les espions étrangers ont repris le Canard.

Vous n’avez aucun besoin de liens pour vous rappeler la canicule, alors on passe directement à notre prochain dessin :

Je ne connaissais pas les mégalithes de Carnac, et il s’avère qu’ils sont dans le Morbihan, le seul département breton qui nous reste.

Finalement, un bref souvenir personnel. Il y a deux ans, il y avait des incendies chez moi comme celles en France en ce moment. Je n’ai pas été évacué mais je vivais à quelques kilomètres des flammes. Les seules personnes parmi mes amis qui m’ont contacté étaient des français, bien que tous mes amis américains aient su où j’étais. On n’oublie pas les deux comportements.

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Je découvre le Maine-et-Loire

On continue maintenant le Tour avec le 49, le Maine-et-Loire. C’est le département le vingt-huitième plus peuplé et les habitants se nomment angevins. C’est notre deuxième séjour dans le Pays de la Loire.

Tout ce que l’on doit savoir sur ce département commence avec son gentilé, angevin. « Maine-et-Loire » n’est qu’un nom arbitraire choisi pendant la Révolution — on est dans l’ancien empire d’Anjou, la gloire des Plantagenêt ! Bien que ce soit Guillaume le Conquérant qui a établi le lien entre nos pays et nos langues, c’est les Plantagenêt, à partir d’Henri II jusqu’à Richard II qui l’ont régularisé. Ce ne serait qu’après 2 siècles de rois Plantagenêt que l’Angleterre aurait son premier roi, depuis Guillaume, qui parlait anglais au lieu de français, Henri IV.

On va donc commencer notre séjour à Angers (2 étoiles Michelin). Il faut absolument visiter le Château d’Angers (3 étoiles), construit originalement par Saint-Louis sur l’ancien site de la maison des Plantagenêt. Le site était toujours important pour la défense de la ville, mais le château actuel vaut le visite pour son enceinte et ses tours impressionnantes, ses jardins, et les nombreux logis et chapelles à l’intérieur. Peut-être que son plus grands trésor est la Tapisserie de l’Apocalypse (3 étoiles). En ville, on visite le Musée des Beaux-Arts (2 étoiles) pour ses collections d’objets inhabituels, dont des « ivoires, émaux, céramiques, [et] bronzes ». On finit dans le Musée Jean-Lurçat et de la Tapisserie contemporaine (2 étoiles), pour la spectaculaire collection de tapisseries Chant du Monde.

D’Angers, on conduit vers l’ouest pour visiter le Château de Serrant (3 étoiles). Ce château de Renaissance appartenait à une famille irlandaise pendant la Révolution, alors il a échappé au pire. De nos jours, on le visite pour sa bibliothèque à 12 000 livres, sa collection de meubles des derniers trois siècles, et sa cuisine énorme. On tourne vers le sud pour passer par deux villages classés « Petites Cités de Caractère », Savennières et Béhuard. Le vignoble de Savennières existe depuis le Ier siècle après J-C et produit trois vins AOP. Béhuard est un tout petit village d’une centaine de personnes dans une île au milieu de la Loire — suivez ce chemin pour apercevoir la confluence avec la Maine. Après avoir traversé la Loire, on conduit vers l’est pour visiter le Château de Brissac (2 étoiles), appartenant à la même famille depuis 1502. Le plus haut château en France, avec sept étages, est distingué par quelques caractéristiques inhabituels, dont une salle d’opéra de 200 places.

On conduit vers l’est à Saumur (2 étoiles), où on commence avec le château (2 étoiles), et ses musées municipal et du cheval. On y visite aussi l’Église Notre-Dame-de-Nantilly (1 étoile), de style romain, et la plus vieille de Saumur. Juste au sud-est de Saumur, on y trouve l’Abbaye Royale de Fontevraud (3 étoiles). Je me suis trompé en la décrivant en Indre-et-Loire, car j’avais trop hâte de partager des vidéos de Véro pour vérifier le code postal. Oups. Voilà, je la repartage en bas, mais puisqu’on a déjà parlé des Plantagenêt, on va visiter leur nécropole et finir à l’église abbatiale (2 étoiles) pour prier qu’un jour je fasse moins d’erreurs géographiques.

Qui sont les personnages les plus connus du Maine-et-Loire ? Il faut d’abord commencer avec les Plantagenêt, ducs d’Anjou et rois en Angleterre. On y trouve les frères Adolphe et Édouard-Jean Cointreau, créateurs de la liqueur Cointreau. Une créatrice, Gabrielle Chasnel, dite Coco Chanel, est née à Saumur. La vedette des Grosses Têtes et ministre occasionnelle Roselyne Bachelot y était députée pendant 14 ans. L’actrice Jeanne Moreau y a fondé une école de cinéma, Les Ateliers d’Angers.

Quoi manger dans le Maine-et-Loire ? Vous souvenez-vous de notre fouace de l’Indre-et-Loire ? Ici, c’est la fouée, ou fouace angevine. En plats principaux, il y a aussi la gouline, une tourte remplie de rillauds d’Anjou, et le cul de veau à l’angevine, un quasi de veau cuit avec du vin blanc et des légumes. En dessert, on trouve les bottereaux, une sorte de beignet, le crêmet d’Anjou, une crème Chantilly avec du coulis de fruits rouges, et les quernons d’ardoise, une confiserie à la nougatine et au chocolat bleu, ce dernier pour rappeler les toits d’Angers. Pour boire, il y a une belle douzaine d’appellations de vin, dont l’Anjou AOC, le saumur-champigny AOC, et le Coteaux-du-Layon AOC.

Épisode 18

Comme tous les lundis, c’est le temps pour notre balado hebdomadaire. Cette semaine, on visitera le 49, le Maine-et-Loire. Un ami belge m’a demandé s’ils mangent aussi des pruneaux. Pas comme nos amis des derniers deux, c’est sûr ! Je comprends — en fait, je fais des efforts pour balancer les genres de plats ici. Mais c’est le temps des cerises chez moi — très littéralement — et j’aimerais ne pas le rater juste à cause de fidélité aux plats locaux.

Comme d’hab, on commence avec la blague de la semaine. Nos articles sont :

Il y avait aussi deux recettes lozériennes, la tarte cévenole et la coupétade.

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Le vrai chez Tricatel

France with Véro vient de relancer son bulletin la semaine dernière (abonnement gratuit par ici), et elle a commencé en parlant sur les aires d’autoroute. Naturellement, vu que je n’ai jamais roulé sur une autoroute française, je ne pense qu’au film « L’Aile ou la cuisse », où Jacques Tricatel, le méchant, gérait une chaîne de restos qui se trouvaient dans les aires. J’ai mentionné ça à Véro, et elle m’a répondu que dans la vraie vie, Tricatel est en fait un certain Jacques Borel. J’ai dû en savoir plus — depuis que j’ai vu ce film, j’appelle la nourriture industrielle « fait chez Tricatel » même quand je parle en anglais.

©️Studiocanal

M. Jacques Borel a connu son premier succès en ouvrant la version française d’une chaîne de restos de hamburger appelée « Wimpy ». Cette chaîne venait originalement des États-Unis ; les derniers quatre restos sont en Californie, mais dans le centre, pas proche de chez moi. La chaîne existe toujours à travers de la Manche, mais vous avez Memphis, qui serait quand même mieux. Wimpy était nommé pour Wimpy, un personnage de la BD américaine Popeye, dit Gontran en France, qui disait « Je vous paierai volontiers mardi pour un hamburger acheté maintenant. »

Ces hamburgers n’avaient rien de spécial, mais le service était rapide. M. Borel a dit :

« A l’époque, pour être rentable, il fallait faire trois couverts par siège et par jour », explique Jacques Borel, jamais avare de chiffres. « J’en faisais dix-huit en semaine et vingt-sept le week-end ! »

20 Minutes

Mais M. Borel est vraiment devenu Jacques Tricatel quand il a lancé ses restos d’autoroute sous son propre nom. L’architecture de ces restos était plutôt géniale — en s’installant dans un pont au-dessus de l’autoroute, le resto devient également disponible dans les deux sens de la route ! Ça n’a rien à voir avec la qualité de la nourriture, mais c’est le genre de chose qui a fait de lui un succès.

Pont Restaurant Jacques Borel sur A6, ©️ Mémoire2cite

Aujourd’hui, le groupe Jacques Borel n’existe plus. Ses hôtels sont devenus une partie d’Accor ; certains de ses restos existent toujours sous l’entreprise Courtepaille. Mais quant à M. Borel lui-même, il ne se souciait jamais de son image, disant : « je ne veux pas qu’on m’aime, je veux qu’on m’obéisse ».

Au fait, je ne le savais pas à l’époque quand j’ai regardé L’Aile ou la cuisse, mais l’animateur de l’émission « Tous les coups sont permis » était en fait Philippe Bouvard, animateur dans la vraie vie des Grosses Têtes pendant 37 ans. Ça devait être un sacré émission !

De gauche à droite : Tricatel, Duchemin fils et père, et Philippe Bouvard dans L’Aile ou la cuisse, ©️Studiocanal

La coupétade

On finit notre séjour en Lozère avec LE dessert lozérien, la coupétade. C’est un genre de pain perdu fait avec des pruneaux, des raisins secs, et les ingrédients typiques du pain perdu. J’aime bien ce dessert et je le referais sans hésitation.

C’est censé être une recette anti-gaspi, mais je viens de la mauvaise place pour acheter une baguette quotidienne — j’ai donc payé cher (prononcé « 4 € ») juste pour trouver le bon genre de baguette. (Celles disponibles près de chez moi sont soit nulles soit du levain.) Alors, avant de commencer, j’ai dû sécher ma baguette au four, comme ça :

Il y a de nombreuses recettes pour la coupétade, mais les différences ne sont pas trop importantes — des changements de quantité, 10 minutes plus ou moins au four. J’ai choisi celle de Marmiton après avoir vu cette vidéo de TF1 où un boulanger lozérien mentionné que la sienne est cuite pendant une heure, le même que celle de Marmiton. C’est assez pour moi. Je vous conseillerais d’augmenter la température — il y a des versions qui demandent 200 ou encore 220°C, et cette recette marche mieux avec des températures plus élevées.

Il y a des versions fait avec du caramel, mais même si je ne le trouve pas trop gourmand — une idée qui n’a aucun sens chez moi — c’est pas traditionnel, et on suit les traditions ici. Les moniteurs de glycémie aussi, parfois.

Les ingrédients pour la coupétade :

  • 1 litre de lait
  • 280 grammes de sucre en poudre
  • 1 cuillère à soupe de vanille liquide
  • Environ 200 grammes de pruneaux
  • Des raisins secs
  • 6 œufs
  • Assez de baguette tranchée pour couvrir le moule

Les instructions pour la coupétade :

  1. Préchauffer le four à 180°C.
  2. Mettre les pruneaux et raisins secs au fond d’un plat rectangulaire.
  1. Mettre le pain au-dessus.
  1. Faire chauffer le lait et la vanille dans une casserole.
  1. Pendant que le lait chauffe, battre 6 œufs dans un grand saladier.
  1. Y déposer 280 grammes de sucre et incorporer avec le fouet.
  1. Ajouter un peu du lait chaud aux œufs et mélanger.
  1. Verser les œufs dans la casserole et mélanger bien.
  1. Verser le lait au-dessus du pain.
  1. Avec une fourchette, faire tremper le pain dans le lait.
  1. Enfourner pendant une heure — et peut-être plus. Suivez la couleur et soyez sûr que votre coupétade est cuite avant de la sortir du four.

Des dialogues avec ma fille

J’espère que je ne vous insulte pas lorsque je vous dis que ma fille ne partage pas mon affection pour presque toutes les choses françaises. (Désolé, mais on a la même attitude vers les escargots.) Je lui ai dit de nombreuses fois qu’elle n’est pas obligée d’apprendre le français. Je veux qu’elle fasse ses propres choix — mais s’il s’avère qu’elle me suit, je ne râlerai pas… trop. (Faut protéger ma réputation !) Mais pendant les dernières deux années, elle a un peu appris tout de même. Je garde des notes sur nos conversations les plus marrantes.

En ce qui suit, je vais partager quelques dialogues qu’on a eu, mais pour sa part, seulement les mots en guillemets étaient vraiment en français. Je garde jalousement sa vie privée, alors ici elle n’est que « S ». Vu que c’est moi qui parle avec elle, je suis « M » pour « moi ». Et oui, chacune est 100 % la vérité.

En la récupérant de l’école :

M, en espagnol : ¡ Vámonos !
S : Hein ? Tu ne voulais pas dire « On y va » ?
M : Ça marche !

Elle a appris un peu d’espagnol soi-même, mais sa prononciation n’est pas bonne. Sa bouche marche quand même parfaitement :

S : Kalat !
M : Hein ?
S : Ça veut dire « tais-toi » !
M : EN QUELLE LANGUE ?
S : L’espagnol, bien sûr !
M : HAHAHAHA ! C’est « cállate », et on prononce les lettres « l » comme « y » !
S : Ah bon ? Tu sais où il n’y a pas de lettres comme ça ? Dans « tais-toi » !

J’essaye de lui apprendre des choses parfois :

M : Tu vas aimer le mot « on ». Ça veut dire « nous », mais aussi « quelqu’un ».
S : C’est vrai ? Bon, « on » m’énerve en ce moment. Sais-tu qui il est ?
M : Aucune idée.
S : Le soi-disant prof de français qui vient de m’expliquer ce qui veut dire « on » !

Elle se pense comme la police des gros mots :

M : P#%+=n !
S : Papa, arrête d’utiliser de gros mots !
M : Quoi ? Tu ne parles pas français !
S : Penses-tu que je suis stupide ?
M : Non.
S : Eh bien, je te dis de ne plus utiliser de gros mots en anglais. Et tout à coup, tu dis cet autre mot. C’est bien évidemment la même chose en français !
M : Nettoie la cage du cobaye !
S : J’a-ai raiso-on, j’a-ai raiso-on !

(Depuis ce dernier, elle a en fait adopté le français pour ce chant de victoire, qui arrive beaucoup trop souvent. À l’époque, c’était plutôt « I’m right! ».)

Je vous ai dit qu’elle est grand fan de Miraculous. Cette conversation était la vraie raison derrière ce post :

S : Puis-je avoir une « fève » ?
M : Pardon ? Où as-tu entendu ce mot ?
S : Tout le monde sait qu’on trouve ça dans une « galette des rois ».
M : HEIN ? Qui êtes-vous ? Où est ma fille ?
S : Ne me dis pas que tu ne faisais pas attention pendant le nouvel épisode de Miraculous samedi.
M : Oh. J’aurais dû savoir.

Mais c’est celle-ci de laquelle je suis le plus fier, même si elle n’a pas trop fait :

S : Papa, sais-tu ce que je fais depuis 05h00 ?
M : Dormir ?
S : « Toi con ! » J’ai commencé à suivre des leçons de français avec Duolingo !
M : Tu déconnes !
S : « Ça veut dire quoi ? »
M : Tu es sérieuse !
S : Ouais !

Mes valeurs républicaines

Aujourd’hui, je ne veux être que sérieux, au moins de ma façon. J’imagine parfois que certains d’entre vous se demandent pourquoi ce type est si passionné de la France. La nourriture est meilleure, bien sûr, et il vit très loin de ses propres trésors patrimoniaux, mais il y a des magazines pour ces symptômes (voilà, voilà, et surtout voilà. Je ne m’abonne qu’au premier.) Le 14 juillet est le bon jour pour parler de ces sentiments.

Tour Eiffel, Photo par Florent AUDEBERT, CC BY-SA 4.0

Je laisse des miettes vers cet article depuis des mois. On a parlé des langues pour prendre les examens de permis de conduire, du droit au français, de ce que vous nous appelez, même de comment vous vous souvenez de vos pires moments. C’est tout à la recherche de l’âme française, de comment vous comprenez vous-mêmes. Peut-être que j’ai tort ([Peut-être n’est pas français — M. Descarottes]), mais voici ce que je vois et pourquoi je l’estime autant.

J’envie votre unité. Je sais — « Justin, vous n’avez rien appris en lisant nos journaux ? On a une vingtaine de partis politiques, on fait la grève toutes les semaines, on se discute des maillots de bain, et vous en conclure QUOI ? » Mais je doute que la plupart d’entre vous connaissiez — heureusement ! — l’expérience d’être l’étranger dans votre propre pays, d’entrer dans un magasin et trouver que personne ne peut vous servir en votre propre langue. J’habite à une vache près de 160 km du Mexique, or je ne peux pas acheter un soda à la station-service près du studio de karaté de ma fille sans parler espagnol. (Pour être clair, quand j’ai voyagé au Mexique ou en Espagne, je ne parlais qu’en espagnol. Je ne suis pas hypocrite.)

Par contre, pour être Français, il faut absolument parler français. Même si on pourrait dire que la France pourrait faire mieux vers les langues régionales, je n’ai toujours trouvé personne qui dit qu’il doit exister le droit de ne pas s’intégrer. Il y a certainement des arguments à propos des banlieues, et ces arguments durent depuis longtemps (voilà et voilà). Mais si on veut devenir citoyen, il n’y a aucune question — il faut parler français au niveau B1. (Je siffle la musique de victoire de Final Fantasy en y pensant.)

J’envie votre fierté, votre loyauté à vos propres producteurs. C’est ma valeur depuis longtemps ici, et vous ne croiriez jamais à quel point mes compatriotes me méprisent pour ça — c’est pas une valeur de ma génération du tout. Après la Seconde Guerre mondiale, quand mon grand-père est revenu de l’Europe, il est devenu vendeur dans un concessionnaire de voitures Dodge. PERSONNE dans ma famille n’a jamais acheté une voiture fabriquée à l’étranger, et nous faisons toujours ça au maximum avec n’importe quel genre de produit. Tout mon équipement stéréo est fabriqué aux États-Unis où possible — et oui, c’était difficile de trouver les bons trucs vu la domination de l’Asie dans ce secteur. Pendant des générations, c’est la tradition dans ma famille parce que nous sommes reconnaissants pour tout ce que les États-Unis ont fait pour nous.

Alors quand je vous ai écrit ce post sur acheter un casque audio Focal, c’était pas juste un achat. J’ai franchi le Rubicon ce jour-là. Il y aura bientôt un autre post de ce genre ici. Quand j’entends parler des produits « de nos régions », ou vois des drapeaux français sur le site de Carrefour pour indiquer les produits domestiques — une chose inimaginable sur les sites de nos grandes entreprises — je vous envie. MÊME VOS COMMUNISTES sont comme ça. Si cette fierté existait toujours ici, ce blog n’existerait probablement pas.

Finalement, j’envie que vous ne gardiez pas de statistiques ethniques. L’Insee dirait que c’est plus compliqué que ça, mais plus importants que les détails sont l’attitude et l’esprit des lois (pour emprunter une expression). Je ne suis pas d’accord avec beaucoup des analyses européens sur nos problèmes à cet égard, mais mettez ça à côté. Il n’y a pas de question que nous sommes obsédés par ce sujet, d’une façon malchanceuse. Il était une fois, les États-Unis croyaient à l’idée que quelle que ce soit sa nationalité, si on est américain, on l’est sans trait d’union (lien en anglais). Moi, je crois toujours à cet idéal, mais cette bataille est bien perdue ici. En France, il reste la loi.

Bonne fête nationale !

Pour l’amour d’Uber

L’amour, même en ses plus humbles commencements, est un exemple frappant du peu qu’est la réalité pour nous.

Marcel Proust

Je ne peux pas dire ce qui m’est arrivé aujourd’hui ; c’est interdit. Disons que M. Proust était un optimiste naïf. Disons aussi que je suis divorcé depuis 12 ans, mais pour certaines, ce sera toujours juste hier.

Puis-je vous dire que je ne comprends pas l’amour du monde pour Uber ? Laissez tomber son nom horrifiant. Je ne sais pas comment il a été lancé en Europe, mais au début aux États-Unis, ils disaient que le service était pour covoiturage, pas du tout quelque chose de payant comme un taxi. C’était juste pour éviter les lois autour de ce genre de service. Depuis ce temps, leur réputation pour l’honnêteté ne s’est pas améliorée. Malgré ça, j’ai du mal à comprendre le contretemps actuel — n’est-il pas le cas que toutes les grandes entreprises font les mêmes efforts ?

Au fait, j’étais pas au courant de la réputation de M. le Président Macron quant aux anglicismes.

Nous avons le même problème que vous quant à la « sobriété énergétique ». Mais ce dessin me dérange car il me rappelle quelque chose qui s’est passé en Californie. Il y a des années, nous avons passé une loi pour « bannir » les sacs en plastique jetables. On nous a dit que c’était pour être « écolo ». Mais complètement par hasard, à cause de la même loi, les mêmes magasins pouvaient tout à coup nous facturer au moins 0,10 $ ( 1 $ chez Disney) pour des sacs en plastique un peu plus épais. Quelle coïncidence ! Je suis né le matin, mais pas ce matin. Ça dit, les prix de tout ne baissent pas sauf quand il y a moins de demande, alors c’est pas le même genre d’escroc.

Connaissez-vous le conte De l’autre côté du miroir ? C’est l’œuf Humpty-Dumpty qui dit « Quand j’utilise un mot, il signifie exactement ce que j’ai décidé qu’il signifie, ni plus, ni moins. » J’ai la même impression avec cette nouvelle sur les énergies durables. Pour être clair, on fait la même chose chez moi, c’est juste à props d’autres sujets.

Je suis quand même d’accord que le vin devrait être reconnu comme jus de fruit.

Finalement, je ne m’ennuierai jamais des blagues comme celle-ci sur le cyclisme. J’ai honte des noms Armstrong et Landis. J’avais cru que M. Armstrong était un escroc depuis son troisième maillot jaune, car il y avait des scandales très similaires dans le baseball en même temps. Bien que le Covid soit de retour, pour moi si quelqu’un dit « positif » en parlant des sports, c’est-à-dire les drogues.

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Mon dîner lozérien

J’avais encore une fois du mal à choisir la bonne recette pour la Lozère. Je n’allais jamais faire le manoul, car c’est des tripes. J’ai enfin décidé de suivre la même stratégie que dans le Loiret — utiliser les recettes d’une région de laquelle le département fait partie. Cette fois, c’est les Cévennes, et la région a une jolie liste de recettes. En fait, cette recette est partagée avec l’excellent Militant du Goût que l’on a trouvé dans le Gard. Alors voilà, la tarte aux 4 saveurs cévenoles :

J’ai dû faire quelques changements. Le fromage Pélardon n’est pas disponible chez moi ; j’ai donc utilisé du Brie. Les deux viennent de la même famille, au moins. La recette originale demande des cèpes secs, puis dit de les faire réhydrater ; j’ai juste utilisé des cèpes frais. Quant aux quantités, j’ai un moule de 24 cm contre les 30 cm de l’originale. Je n’ai pas du tout coupé la pâte brisée, mais les autres ingrédients par deux. Sauf l’appareil — la moitié n’a pas rempli le moule, alors j’ai fait 3/4. Aussi, j’ai changé la pâte brisée pour être plus proche à ma typique, mais sans sucre.

Voilà un lien vers la recette originale.

Ingrédients pour la tarte cévenole :

Pour la pâte brisée :

  • 240 grammes de farine
  • 140 grammes de beurre
  • 2 grammes de sel
  • 75 ml d’eau froide
  • 2 jaunes d’œufs

Pour la garniture :

  • 1/2 oignon doux
  • 50-60 grammes de cèpes frais
  • 1/2 pomme reinette
  • 1 pélardon (environ 60 grammes)
  • Du fromage rapé

Pour l’appareil :

  • 3 œufs
  • 400 ml de crème fraîche ou de « sour cream »
  • Du sel et du poivre

Les instructions pour la tarte cévenole :

  1. Préparez la pâte brisée : dans un saladier mettre la farine en fontaine, rajouter le beurre en petits morceaux, et sabler avec les doigts.
  1. Rajoutez les jaunes d’œuf et l’eau, et mélanger à nouveau. Si la pâte colle aux doigts, rajouter un peu plus de farine. Couvrir avec du film à contact et mettre dans le frigo pendant au moins une heure.
  1. Préparer la garniture : Éplucher l’oignon, le faire cuire dans une casserole avec de l’huile d’olive.
  1. Mettre les cèpes dans de l’eau tiède pour les faire réhydrater si vous utilisez des cèpes secs. Sinon, les laver et les couper.
  1. Éplucher la pomme (ou pas, selon vos goûts), évider les pépins, et la couper en tranches.
  1. Préparer le moule, étaler la pâte sur un plan de travail fariné, la mettre dans le moule, puis enlever le surplus avec le rouleau à pâtisserie.
  1. Disposer d’abord l’oignon cuit, puis les tranches de pommes, le pélardon en petits morceaux (ou brie) et les cèpes.
  1. Battre les œufs, saler et poivrer, et incorporer la crème fraîche, puis verser cet appareil dans le moule.
  1. D’abord, j’ai utilisé 2 œufs et moins de crème fraîche, mais c’était pas assez, j’ai donc ajouté un œuf et de la crème de plus.
  1. Parsemer de fromage râpé, mettre au four à 180° pendant 40 minutes.

Et n’oubliez pas notre mise-en-scène traditionnelle :