Archives mensuelles : décembre 2022

Épisode 39, des codex et des baguettes

Où est donc passée cette année ? On est déjà à moitié fini avec décembre ? Nom d’un cobaye ([JE VOUS ENTENDS ! — M. Descarottes]), mais j’ai toujours trop à faire. Demain (j’espère), il y aura mon dîner nivernais, puis la ruée vers Noël commence ici. Il me reste plus de projets que de temps pour les essayer. Je ne manque pas d’autres délais urgents dans ma quotidienne en ce moment, mais ça fait 166 jours depuis la dernière fois où j’ai raté un post, et ça continuera.

M. Descarottes a malheureusement des problèmes de santé en ce moment. Sa peau est devenue aussi sèche qu’il n’arrête pas de la gratter. Son vétérinaire l’a ordonné un shampoing spécial, et il n’est pas content de moi, parce qu’il a dû passer 10 minutes dans l’évier pour un bain avec ce truc. Voilà :

Voyez-vous ce regard ? Il faudra du temps ([Et des légumes !]) avant qu’il ne me pardonne. Surtout car il ne le sait pas, mais je dois le refaire toutes les semaines pendant le mois prochain. J’ai peur que, comme la blague de la semaine, il me menace de faire comme à Carson-City. Allez écouter en bas pour comprendre.

De toute façon, nos articles sont :

Il y a aussi Le croque-monsieur, ma recette la plus récente avec l’Alliance française.

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Tag livresque

Encore une fois, un « tag » qui me vient de La lectrice en robe jaune, qui le dois à @jeremy_angelo.books à son tour. Il n’y a vraiment pas de thème, mais j’aime les questions

Un livre qui représente tes origines ?
Je vous ai dit avant que je ne crois pas aux traits d’union pour ces choses, mais ça ne fait que 4 générations que ma famille est aux États-Unis. Alors je dois choisir Une journée d’Ivan Denisovitch parce qu’entre la Russe, la Pologne, et la Lituanie, c’est le seul livre que j’ai jamais lu. Je ne compte pas Vladimir Nabokov pour ce but car ce monsieur a émigré aux États-Unis et écrivait en anglais. Aussi, je ne veux pas dire Lolita en réponse.

Un livre qui représente un pays où vous aimeriez vivre ?
Faut-il vraiment que vous deviniez où ? Je dirai Le Comte de Monte-Cristo, parce que je crois que c’est le premier livre que j’ai lu par un auteur framçais, soit celui-ci soit Le tour du monde en quatre-vingts jours. Heureusement, ces deux sont arrivés avant M. Stendhal.

Un livre qui se déroule dans une époque que vous auriez aimé connaître ?
Le Morte d’Arthur par Thomas Malory (Croiriez-vous que ce titre est en anglais ? Du XVe siècle, bien sûr). Je sais que beaucoup de monde croient que le roi Arthur n’a vraiment pas existé, mais je préfère croire que les histoires sont plus exagérées que fausses.

Un livre dans lequel il y a un monde imaginaire que vous aimeriez visiter ?
Il n’y a aucune question ! Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique de C.S. Lewis. Son Narnia est le monde que je souhaiterais le plus fortement être réel.

Un livre dans lequel il y a un personnage que vous aimeriez rencontrer ?
Il y en a plein ! Paul Atreides de Dune, Auberon Quin du Napoléon de Notting Hill, Gabriel Syme du Nommé jeudi, et le capitaine Nemo de Vingt Mille Lieues sous la mer, juste pour commencer.

Un livre qui vous a fait voyager dans un lieu que vous n’avez jamais visité en vrai ?
Nuts (comme on dit), j’ai déjà visité l’Espagne, qui me prive d’une belle vingtaine de livres ! Bon, je peux toujours être sûr que j’ai jamais visité l’île de Robinson Crusoé, alors ce livre est une bonne réponse.

Un livre qui représente votre saison préférée ?
Bon, maintenant tous ces livres espagnols me servent ! Sonata de Invierno de Ramón Valle-Inclán, invierno étant l’espagnol pour hiver. (Je sais, quelle surprise.) Les quatre Sonatas traitent de la vie d’un soldat fictif, le Marqués de Bradomin, et ce sont un œuvre de littérature aussi impressionnant que le roi Juan Carlos a attribué le titre — qui n’existait pas avant — au fils de l’auteur, 70 ans après la publication !

Quant à l’hiver, je l’adore car c’est la seule saison où je ne brûle pas à l’extérieur. Je me sens un peu obligé de vous offrir mes excuses, parce que « hiver » en Californie du Sud, c’est comme avril en Normandie. Sauf pour l’été, j’ai pas le droit de me plaindre. Je sais que vous avez du mal avec le froid pendant ce temps, et j’ai aucune envie de me moquer de ça.

Alors, c’est la fin. Et vous, quelles seraient vos réponses ?

Le dîner de Noël, version 2022

Ce soir, j’étais encore une fois chez Moulin avec les membres et l’équipe de l’Alliance française. Contrairement à la dernière fois, c’était une très bonne nuit. Le choix de compagnons à la table fait vraiment toute la différence.

Voilà, l’extérieur du resto. Ils sont toujours Moulin, mais maintenant, ils appellent la partie avec du service à table « bouillon », d’après ce genre de resto en France. J’applaudis l’effort d’éduquer les consommateurs américains.

Voici la carte, un peu différente que l’année dernière :

J’étais agréablement surpris que le serveur ait pu prendre ma commande en français. Bien que le propriétaire soit expatrié français, l’équipe est grosso modo des américains. Aussi, j’aime trouver des excuses pour jouer le m’as-tu-vu du subjonctif. (C’était un sujet de conversation ; pas moi, juste le subjonctif.)

Voilà la meilleure partie du dîner, la tartine de chèvre chaud. Effectivement, s’il y avait eu deux fois de tartine sur l’assiette, mais rien d’autre pour le dîner, ça aurait suffi.

Le filet de daurade n’était pas mal, mais j’ai déjà eu assez de légumes verts :

La crème brûlée était compétent, mais manquait de goût fort. Moulin fait plein de très belles pâtisseries que je recommande sans hésitation ; en ce cas, je crois que c’était une question de budget et de quantité (il y avait une trentaine d’invités). Si quiconque me rendait visite et on déjeunait chez Moulin, je lui conseillerais de prendre un mille-feuille ou un petit Paris-Brest, pas la crème brûlée.

Je suis un peu gêné d’avoir été le seul de prendre du pain à la table. C’est le truc californien, d’éviter les glucides. Quant au pain, j’étais français avant que je ne puisse parler — l’anglais. Je n’arrive pas à imaginer un temps où je sauterais le pain.

Ma prof de chanson était là, et on a dîné à la même table. Elle avait menacé de m’obliger de chanter « Petit Papa Noël » pour le groupe, mais c’était beaucoup trop bruyant pour ça. La moitié d’entre vous ne l’a pas écouté — j’aurais été prêt :

C’était une soirée très agréable et même si Moulin/bouillon est un peu cher — c’est Newport Beach ici, c’est-à-dire le Versailles californien — ça vaut la peine pour mieux connaître ma petite communauté francophone.

Je découvre la Nièvre

On continue maintenant le Tour avec le 58, la Nièvre. C’est le département le douzième moins peuplé et les habitants se nomment nivernais. C’est notre quatrième séjour en Bourgogne-Franche-Comté, et ça fait 19 départements depuis la dernière fois !

La Nièvre fait des problèmes pour les anglophones comme moi, avec sa préfecture de Jamaiss. Vous ne comprenez pas ? Bon, ma carte en anglais dit « Nevers », évidemment le pluriel de « Never, » et ça veut dire « Jamais ». C’est vraiment pas compliqué, et pourquoi est-ce que vous appelez tous le 15 en même temps ? ([Vous n’avez même pas commencé à grogner, les amis. J’ai déjà entendu ses autres. — M. Descarottes.])

On commence à la préfecture, Nevers. C’est de loin la ville la plus grande du département avec plus de 30 000 habitants. Au centre historique de la ville, on visite d’abord la Cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte (2 étoiles Michelin). Parmi les raisons de visiter est la tour Bohier, de 52 mètres de hauteur, avec de nombreuses statues géantes de personnages de la Sainte-Bible. Après 285 marches, vous aurez une vue spectaculaire de la Loire. Seulement 2 minutes plus loin, on y trouve le Palais ducal (1 étoile), château du XVe siècle devenu Palais de Justice puis de nos jours espace culturel et salle de mariages. Le Musée de la Faïence et des Beaux-Arts (1 étoile) est fermé jusqu’en avril 2023, mais quand il rouvrira, vous y trouverez la plus grande collection de verre émaillé de l’Europe, tout made in fabriqué à Nevers. (Sérieusement, qu’est-ce qu’il y a ?) Finalement, juste au coin de la rue, on trouve la Porte du Croux (1 étoile), ancienne fortification du XIVe siècle, maintenant la maison du Musée archéologique du Nivernais. Pour les croyants, ne ratez pas non plus le Sanctuaire Sainte-Bernardette de Nevers. On parlera plus d’elle à Lourdes, mais son corps préservé se trouve ici ; c’est donc un site de pèlerinage.

Pour plus d’infos sur Nevers, je vous recommande fortement ce post du Chat Voyageur, surtout pour son explication détaillée de la Cathédrale.

Juste au nord de Nevers, on trouve La Charité-sur-Loire, et surtout son Église prieurale Notre-Dame (2 étoiles). La prieuré était anciennement l’un des monastères les plus riches de la France, et on le voit toujours dans ses 5 nefs et capacité d’accueillir 5 000 personnes malgré son origine du XIIe siècle. De nos jours, elle abrite la Cité du Mot — attention, les blogueurs littéraires ! — membre de l’Association de Centres culturels de rencontre, qui abrite de son tour un festival annuel, Aux Quatre Coins du Mot, consacré aux livres, avec des lectures, des concerts, et de nombreuses autres activités. Partout dans la ville, on trouvera des citations sur les murs, comme en bas.

On continue vers le nord, à Saint-Amand-en-Puisaye. Ici, on trouve un beau château de la Renaissance, le château de Saint-Amand, qui abrite le Musée du Grès, consacré à quatre siècles de cet art dans le village. Mais en plus des vaisseaux eux-mêmes, on peut visiter — avec le même billet ! — la Maison de la Mémoire Potière, une ancienne poterie du XIXe siècle où les équipements restent presque complètement intacts. On tourne vers l’est pour découvrir le Canal du Nivernais, creusé du XVIIIe au XIXe siècles, qui relie Nevers et la Loire avec Auxerre et l’Yonne. Il y a de nombreuses opportunités pour faire de la randonnée ou prendre un bateau le long du Canal ; consultez le site de tourisme pour des idées.

Très proche du Canal, on trouve notre dernier arrêt, le Parc Naturel Régional du Morvan. Ici on trouve le Lac de Pannecière (1 étoile) et le Lac des Settons (1 étoile), deux endroits plein de belles vues et d’opportunités pour la randonnée et la pêche.

Qui sont les personnages les plus connus de la Nièvre ? De nos jours, l’ancienne Ministre de la Culture et Grosse Tête actuelle Roselyne Bachelot vient de Nevers, ainsi que le célèbre chef Guy Savoy (qui a un resto prestigieux à Las Vegas). Sainte-Bernadette Soubirous, témoin des apparitions mariales à Lourdes, y est décédée, ainsi que l’acteur Paul Frankeur, connu chez moi pour Un singe en hiver, Touchez pas au grisbi, et Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. Romain Rolland, lauréat du prix Nobel littéraire, est né à Clamecy.

Quoi manger en Nièvre ? Le département est au carrefour de plusieurs que nous avons déjà visités — le Cher, l’Allier, le Loiret, la Côte-d’Or — et certaines choses nous sont familières. On y trouve le bœuf charolais, le bœuf bourguignon, et les escargots de Bourgogne (à vous !). Il y a de plats locaux, surtout du Morvan, comme le crêpiau (soit salé soit sucré), la râpée du Morvan (une galette de pommes de terre ; ça me rappelle la crique ardéchoise), et les œufs en Meurette. En dessert il y a la flamusse aux pommes, un gâteau un peu comme un clafoutis ou une flognarde, et le piquenchâgne, une tourte garnie de « fruits macérés dans un appareil de sucre, de crème, d’alcool) posés debout sur le fond ». Pour boire, il y a le Pouilly-Fumé AOC, un vin blanc, les vins Coteaux-du-giennois AOC et AOP, de plusieurs cépages blancs et rouges, et les Côtes de la Charité, avec de nombreux cépages, dont des vins mousseux.

Le croque-monsieur

Ça fait longtemps depuis ma dernière recette avec l’Alliance française. Pendant les derniers mois où mon ancienne prof était là, j’avais des conflits d’horaire, puis la nouvelle prof a commencé avec une tarte Tatin, déjà fait ici. Mais aujourd’hui, on a fait des croques-messieurs (quel est le bon pluriel en ce cas ?).

C’est un plat généralement disponible aux États-Unis, mais moi, je me souviens d’une soirée très tard, de retour de Rouen à Paris, où j’ai passé par un petit bistrot appelé Le Départ Saint-Michel (lien de Yelp, pour manque de leur propre site), à travers la Seine de Notre-Dame (la sortie du métro est face à leur porte). Il devait être 22h, et j’étais épuisé. Pour la première fois de ma vie, j’ai commandé un croque-monsieur — je m’étais fait une promesse de commander seulement des plats authentiques cette semaine-là. Ce resto n’avait vraiment rien de spécial sauf son horaire, mais en ce moment, c’était le meilleur plat au monde. Si vous pouviez me voir en train d’écrire ça, vous diriez que c’était mon croque-monsieur de Proust. Et au fait, il est le premier écrivain à avoir mentionné ce plat dans toute la littérature.

Peut-être que certains d’entre vous se souviendront du personnage Broque Monsieur des jeux Mario. Je trouve son « accent » plein de « ze » complètement inacceptable de nos jours. Personne n’a le droit de se moquer de vous chez moi. Mais laissez tomber ; à nos fourneaux !

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Portrait de Molière par Nicolas Mignard

À la boulangerie

À moins que vous habitiez sous un rocher, vous avez sûrement entendu parler que la baguette française a été reconnue comme partie du patrimoine mondial par l’Unesco. Je n’aime pas l’avouer, mais j’ai pas toujours eu l’expérience d’entrer dans une boulangerie en France (à ne pas confondre avec une boulangerie à la française, comme Moulin) pour commander une baguette. Il y a eu une fois à Orléans avec mon ami là-bas, mais comme toutes vos activités quotidiennes, j’ai envie de l’expérimenter tout seul (afin de faire la même que Paul Taylor, bien sûr). Tout ça, c’est-à-dire que c’est le bon moment pour une visite à la boulangerie.

Vous comprenez donc pourquoi j’ai du mal avec « long comme un jour sans pain ». Au début, elle voulait dire une distance difficile à imaginer. C’est seulement pendant le XVIIIe siècle qu’elle a acquis son sens d’une durée interminable. C’est peut-être pas une coïncidence que ce changement est arrivé avec le décret suivant de la Convention :

La richesse et la pauvreté devant également disparaître du régime de l’égalité, il ne sera plus composé un pain de fleur de farine pour le riche et un pain de son pour le pauvre. Tous les boulangers seront tenus, sous peine d’incarcération, de faire une seule sorte de pain : Le Pain Égalité.

Herodote.net

Les pauvres ! J’ai dû attendre 44 ans pour goûter une baguette française pour la première fois ! Le Comte de Monte-Cristo n’a passé que 14 ans au Château d’If, plus ou moins la même chose. Et mon ex, une fois en 2013, elle a dû patienter 3 minutes parce que j’étais en retard pour aller chercher ma fille chez elle. Si vous aviez lu le courriel que j’ai reçu après cet événement, vous sauriez que ce sont les 3 minutes les plus longues de l’histoire de l’univers. Elle s’est même plainte à nouveau de cet incident cette année !

La pire chose, c’est que vous pensez que je plaisante sur ce courriel-là. C’est rien que la vérité. Et vous vous demandez pourquoi j’appelle ma ville Elbe-en-Irvine. Mais revenons à nos fourneaux moutons.

Pouvez-vous garder un secret ? Les canards sur la dernière page du Canard enchaîné aujourd’hui ont remarqué la nouvelle sur l’Unesco et les baguettes. Je partagerai ce qu’ils ont dit, mais veuillez ne pas cafarder sur moi. Merci et voilà :

« Ça ne mange pas de pain » veut dire que c’est pas grand-chose, que les conséquences ne sont pas très sérieux. Au fait, si vous avez aimé ce dessin, abonnez-vous ! (Ça vous rappelle les bons vieux temps, hein ?)

On dit parfois que l’on a « du pain sur la planche », ce qui veut dire qu’il y a beaucoup de choses à faire. Selon Les Dédexpressions, c’était pas toujours le cas. Cette expression voulait anciennement dire « que l’on avait assez de réserves pour affronter l’avenir ». En anglais, on dit quelque chose de similaire, mais sans le pain — « j’en ai beaucoup sur l’assiette » (« I have a lot on my plate ») veut dire que j’ai pas mal de tâches divers en attente.

On dit « c’est du gâteau » quand quelque chose est facile. Il est même arrivé dans Final Fantasy V juste avant un désastre, après avoir battu un méchant. (Comme beaucoup de jeux vidéo, la tour du méchant s’effondre dès que son chef est décédé. C’est quoi le problème chez leurs architectes ?)

On dit la même chose en anglais, mais étant moins gourmands, nous disons plutôt « une part de gâteau » (« a piece of cake »).

Peut-être l’expression la plus effrayante de ma collection parle aussi du pain. « Faire passer le goût du pain » veut dire tuer quelqu’un ! Bon, si le pain est le pain infâme « Wonder Bread » des États-Unis, le produit industriel par excellence, je pourrais comprendre. Mais ce produit est tout inconnu en France, et en plus, je ne suis plus sûr d’avoir compris l’action. Avant de rechercher ce post, je croyais que ça voulait dire que la personne tué a expérimenté la sensation de goûter du pain. Mais selon Wiktionary, il y a une expression antonyme, « rendre le goût du pain », et ils citent Zola pour un exemple, qui veut dire « redonner envie de vivre ». Est-ce que ces choses arrivent à la personne, ou au pain ?

Après une telle question, il me semble que ce post risque de partir en brioche. Et maintenant, j’ai encore plus d’envie pour une véritable baguette, une chose qui doit attendre au moins 6 mois de plus. Les miennes ne sont pas la même chose. Bon, je n’en peux plus — Langue de Molière vous reverra en cuisine.

Le Codex de Simon de Thuillières

Le grand problème avec des manuscrits comme mon cher Très riches heures du duc de Berry, c’est que personne ne fait plus de tels œuvres. Ou ai-je tort ?

J’ai récemment découvert la page d’un génie sur Facebook, Le Codex de Simon de Thuillières. Pour les fans de l’art médiéval, il n’y a rien de mieux. Ce qui suit est avec la permission de l’artiste, mais il n’a rien lu à l’avance, et j’ai aucun intérêt commercial, comme toujours.

Peut-être que vous vous souvenez de l’album de Laurence Manning avec la musique de la série Zelda ? C’est en fait comment j’ai découvert cet œuvre, dans un groupe de fans de jeux vidéo. En bas est une blague sur le jeu « Breath of the Wild », vendu même en France sous son nom anglais. Mais « Souffle de la sauvagerie » est pas mal comme traduction !

©️Société C.R.E.E., Publié sur Facebook, Avec la permission de l’auteur

Pour un fan du jeu, il y a de nombreux détails malins. Dans le jeu, le héros Link peut utiliser des courants d’air créés par les feux pour voler et lancer des flèches. Le monstre au milieu est un Gardien du jeu, mais d’un style médiéval plutôt qu’une copie du jeu. En bas à gauche, on trouve un Bokoblin, un ennemi commun de la série. Et tout ça avec une description dans un François médiéval que je ne comprends point. (J’ai au moins regardé Les Visiteurs.)

Mais oh là là, si vous n’avez jamais joué à Breath of the Wild, vous n’avez aucune idée à quel point les Gardiens sont effrayants. Ne l’imaginez pas :

Il s’adresse à tous genres de sujets culturels, pas seulement les jeux vidéo. Voici une parodie de la Bande à Picsou :

©️Société C.R.E.E., Publié sur Facebook, Avec la permission de l’auteur

Toute l’équipe est là, même si les noms sont inattendus pour moi. Je connais les trois neveux de Donald sous les noms de Huey, Dewey, et Louie. En français, ils sont devenus Riri, Fifi, et Loulou, et dans la version la plus récente — lui-même un chef-d’œuvre — ils sont maintenant Richard, Firmin, et Louis. (En VO, ils ont aussi reçu des prénoms plus officiels.) Je sais que les Beagle Boys sont les Rapetou en français, et les « Gras Petou » est un calembour sur ce dernier, mais même le Trésor de la Langue Française n’a pas pu m’aider.

Notre dernier exemple traite de l’actualité. On a récemment parlé de Black Friday, Vendredi noir, ou Vendredi fou, selon vos goûts — voici Ténébreux vendredi :

©️Société C.R.E.E., Publié sur Facebook, Avec la permission de l’auteur

Au passé — et pas si longtemps — il y avait en fait des morts aux États-Unis à cause de cette connerie chaque année. Pourtant, les magasins refusaient d’arrêter les promotions folles. C’est le virus qui a enfin empêché tout ça. Alors je trouve l’image d’une émeute pour l’occasion très pertinent. (Au fait, on dit aussi « tenebrous » en anglais, mais c’est considéré archaïque. J’adore donc ce dessin encore plus.)

Naturellement, il ne servirait à rien de parler d’un codex s’il n’y en avait vraiment pas. Il existe en deux versions, régulier et « Édition Reliquaire ». Il y a aussi un plus court « Cahier de jeux et d’esprit » qui promet également des mots « croisades » (croisés, j’espère) et une « grille géante de mots mêlés riche de 200 insultes » en moyen François. Il y a même un carnet de chasse afin de vous aider à la chasse de Pokémon. J’entends parfois des polémiques sur la chasse, mais d’habitude sur les sangliers — évidemment le droit à chasser les Pokémon est si bien établi que personne n’ose plus le contredire. J’adore son humour, et j’ai hâte de découvrir plus de son œuvre !

Épisode 38, des macarons au jardin

Je dois vous dire, j’ai bien aimé le rythme des posts de cette semaine. Un dîner et un dessert moins stressants que d’habitude, un bon nougat, un post sur des livres que j’ai déjà lus — j’adore mes recherches, mais il y a des fois où c’est bon de travailler moins dur. Et puisque Noël approche, je vais vite sauter de la poêle dans le feu, comme on dit en anglais, à cause des projets ici. Mais je vous promets, j’aurai des surprises.

Notre blague de la semaine traite d’une livraison très, très en retard. Par hasard, je viens à envoyer un colis à l’amie qui m’a aidé à obtenir le carnet de Cook & Record. Selon USPS, la poste américaine, des colis envoyés avant le 6 devraient tous arriver avant Noël. L’année dernière, ils ont dit la même chose, mais un cadeau de Noël est devenu cadeau d’Épiphanie. On verra. De toute façon, os articles sont :

Il y a aussi deux posts de recettes, Mon dîner mosellan et Les macarons de Boulay.

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Les macarons de Boulay

On finit notre séjour en Moselle avec un dessert très rare, encore une fois une recette propriétaire trouvé chez exactement une boulangerie au monde entier (cf. les chichis frégis, le frescati, les macarons de Cormery). Une connaissance d’origine messine (de Metz) m’a demandé d’essayer de les faire. Après des recherches, voilà :

C’est pas du tout une recette compliquée, mais voici quelques observations : la bonne poudre d’amande devrait venir d’amandes fraîches ; c’est-à-dire toujours vertes. Étant impossible à trouver car c’est hors de saison, j’ai utilisé de la poudre d’amande ordinaire. Mais avec une saison de seulement 2-3 semaines par an, je me demande comment ça marche toute l’année. Aussi, il y a plusieurs recettes sur Internet. C’est difficile à dire quelle est « la » recette.

J’ai tiré ma recette du site Tout Metz. Les autres que j’ai trouvées sont ici (moins de poudre d’amande), ici (presque identique), et ici (du sucre blond au lieu de sucre en poudre). Toutes dépendent d’un sirop d’eau et de sucre. Je suis bien satisfait que la mienne est un juste milieu. Comme souvent, j’ai coupé la recette par deux.

Les ingrédients des macarons de Boulay :

  • 100 grammes de poudre d’amande
  • 100 grammes de sucre en poudre
  • 1 blanc d’oeuf (30-35 grammes)
  • 1 cuillère à soupe d’eau

Les instructions des macarons de Boulay :

  1. Dans un saladier, mélanger la poudre d’amandes avec le blanc d’oeuf. Ne battez pas le blanc ; faites ça avec une cuillère.
  1. Mettre 25 grammes de sucre et une cuillère à soupe d’eau dans une casserole, sur un feu vif. Faire bouillir pendant environ 1 minute après les premières bulles, jusqu’à l’obtention d’un sirop.
  1. Verser le sirop sur le mélange d’amandes/et de blancs d’oeufs. Une fois que le sirop est entièrement absorbé par le mélange, ajouter le sucre restant (75 grammes). Après un certain point avec de grosses miettes, j’ai travaillé la pâte à la main.
  1. Prendre une plaque de cuisson et y mettre un tapis en silicone. A l’aide d’une petite cuillère, faire des tas de pâte (suffisamment espacés) sur le tapis, puis laissez reposer pendant environ 15 min. J’ai écrasé les tas avec le dos de la cuillère, puis fait des disques plus ronds à la main.
  1. Pendant ce temps-là, préchauffer votre four à 175°C.
  2. Enfourner pendant 15 minutes, puis vérifier. Les macarons devraient être dorés et croustillants. Sinon, continuer. Les miens étaient prêts après 20 minutes au four. La photo à gauche est après 15 minutes ; à droite, après 20.

Laisser refroidir avant de servir.

Le nougat breton

Si vous avez vu mon post avec mes derniers achats chez myPanier, vous savez que j’ai acheté un nougat bien français, mais pas de Montélimar. Est-ce une hérésie, ou une belle découverte ? On verra !

J’avoue, j’achèterais presque tout et n’importe quoi — au moins une fois — tant que la boîte dit « nougat » et est labellisée en français. (Attention vendeurs peu scrupuleux chez Cartier : je reconnais la différence entre le nougat et les bijoux. Et j’ai assez de Déclaration pour le reste de ma vie.) C’est-à-dire que j’allais goûter celui-ci peu importe sa région d’origine.

Je ne connaissais pas la nougaterie, « Le Bonheur des Ogres », et je suis sûr que je rate la signification de leur nom. Mais sur leur site, ils promettent que leur nougat « répond aux attentes d’un produit d’épicerie fine haute gamme ». Ils viennent du Morbihan, mais j’ai trouvé ce nougat trop tard pour le mentionner dans le bon post.

Voici leurs ingrédients :

C’est une liste impressionnante. On peut suivre toutes leurs sources. J’ai aucune idée si les œufs du Maine-et-Loire aient quelque chose de spécial, mais on paye cheeeeeer pour la vanille de Madagascar, c’est certain. Et c’est un produit bien cher — 8,65 $ la barre de 80 grammes aux États-Unis. Pour une fois, « l’impôt d’importer » n’est pas si grand — cette barre vous coûtera environ 7 €. En revanche, le nougat Soubeyran de Montélimar coûte 5,90 € la barre de 100 grammes chez Galeries Lafayette.

Je dois vous dire la vérité : j’adore ce nougat assez que je me sens un peu le traitre. C’est un produit d’une qualité extraordinaire, avec un prix égal à sa hauteur. J’ai exactement deux plaintes : le rapport qualité prix n’est pas proche du niveau des meilleurs nougats de Montélimar, et c’est collant — j’ai dû couper la plastique au fur et à mesure de manger, car c’était difficile de le retirer de l’emballage. D’autre part, on pourrait dire que c’est un bon régime pour votre portefeuille. On va pas trop acheter à ces prix !

Toute plaisanterie mis à côté, c’est un vrai plaisir, un pur bonheur de trouver un nougat à ce niveau. Plus que j’écris, plus que j’ai envie de nouveautés et de revenir. Une découverte comme celle-ci remonte la morale.