Archives mensuelles : janvier 2023

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Du coup

Je vous ai déjà dit que les deux mots les plus difficiles pour moi en français sont « à » et « de ». Mais il n’y a peut-être aucun mot qui m’est plus difficile à donner une signification que « coup ».

Le premier coup dont j’ai fait la connaissance, c’était « coup d’état » car nous les anglophones l’avons emprunté au français. Mais pendant des décennies, le mot « coup » n’avait pas la moindre signification pour moi, sauf qu’on dit souvent juste « coup » pour « coup d’état ».

Puis j’ai commencé avec Duolingo, et il y avait des coups de pied et des coups de poing partout. Pas difficile à comprendre, mais tout à…euh…coup, « coup d’état » me faisait mal à la tête. C’est un pied ou un poing qui livre leurs coups. Un « coup d’état » n’est pas quelque chose fait par l’état, mais au contraire, quelque chose qui arrive à l’état.

C’est mon amie F. qui m’a donné l’expression à laquelle je pense tous les jours, le Coup de Foudre. Heureusement, le sens de « coup » ici est exactement celui des poings et des pieds. La perplexité n’augmente pas. D’autre part, j’aurais pensé qu’un « coup de cœur » serait une crise cardiaque, pourtant c’est beaucoup plus proche au sens d’un coup de foudre. Je remarque avec tristesse que 16 moins après avoir écrit sur la Haute-Garonne, Mme Émilie Mazoyer ne s’est toujours pas rendue compte que je l’ai appelée mon coup de cœur. Chérie, si vous vous fâchez contre moi à cause de cet autre article, n’oubliez pas que j’ai barré l’autre instance ! (Je sais. Je sais.)

Mais que devrait-on penser de « sur un coup de tête »? J’en fait plein, bien sûr, mais c’est pas la tête qui fait les bêtises à suivre ! (C’est peut-être le problème.) La tête ne frappe rien, de toute façon. C’est également heureusement le cas qu’aucun œil ne vole nulle part quand on jette un coup d’œil.

Il y a longtemps, j’ai vu cette liste sur Quora, mais j’ai oublié d’enregistrer le lien :

Honnêtement, au-delà des amis auxquels je l’ai partagé ce jour-là, je ne me souviens de même pas une fois où j’ai entendu « du coup ». Du coup, il me semble que j’ai toujours très peu d’idée de ce qui veulent dire ces coups.

Je me regarde dans la photo en haute ici, et il me semble qu’un « coup de peigne » doit être quelque chose de cruel, ce qui est en fait le cas. Pourtant, personne ne m’a pas attaqué avec un peigne ; les cheveux ont fui de leur propre volonté, et je ne les pardonnerai jamais. Qu’est-ce qu’un coiffeur avait dû faire pour être immortalisé de cette façon ?

Puis il y avait une série télévisée, Les 400 Coups de Virginie. Si coup voulait toujours dire qu’on frappe quelque chose, ce serait insensée, à moins qu’elle ait commis des crimes ! Mais en fait, « faire les 400 coups » parle d’une bataille où Louis XIII a attaqué la ville de Montauban. Les 400 coups de canon étaient censés détruire la ville, mais de nos jours, ça veut dire quelqu’un qui vit une vie désordonnée, comme s’il a reçu les 400 coups. Si on ne connaissait pas l’histoire — bonjour, moi voilà ! — cette expression aurait l’air fou.

Il y a des centaines d’autres coups. Un « coup de vieux » arrive quand quelque chose n’est plus à la mode ; plutôt un coup de vieillesse, je penserais. Un « coup de Trafalgar » arrive avec « une manœuvre inattendue, et souvent décisive » ; personne ne s’attendait à ce qui ait fait l’amiral Nelson. Je suis franchement étonné que celui-ci fait partie du vocabulaire. Mais maintenant, ma coupe est pleine ; ce coup de coups me fait mal à la tête.

Langue de Molière vous reverra la semaine prochaine avec des noms pour vous faire rire.

La pizza façon Detroit

Je ne l’ai pas cru quand mon ami à Dallas m’a donné un coup de fil ce week-end pour parler de pizza. Le coup de fil n’était pas surprenant — on se connaît déjà depuis 25 ans. C’était plutôt l’enthousiasme. Je n’entends jamais ce niveau d’enthousiasme chez lui quant à la nourriture. Mais il a dû absolument me parler de quelque chose qu’il était venu de goûter, la pizza façon Detroit.

(J’omets l’accent car ce Detroit est celui des États-Unis, pas celui du Calvados, et personne ne l’épèle avec un accent. Un de ces quatre, je râlerai sur ce sujet pour vous.)

Au début, j’étais bien plus que sceptique. Ils ne mettent pas la sauce sur la pizza qu’à la fin ? Ils la cuisine dans des lèchefrites de voiture ? Sûrement mon ami plaisantait ! Mais quand ce monsieur me dit d’essayer quelque chose, je le fais, car je lui fais absolument confiance. Alors, je suis allé à Huntington Beach — l’un de très peu d’endroits ici qui n’est pas complètement fade et plein de chaînes de restos — pour visiter « The Ria » (pensez au mot italien, « pizzeria »).

Je suis ici pour vous dire que cette pizza a changé ma vie. Je connais assez bien la vraie « pizza al taglio » à Rome, et la « pizza napoletana » à Naples. Je suis allé aux deux. Les vrais italiens ne seront pas contents de leur sauce tomate, un peu trop sucrée selon la façon américaine. Mais cette pizza, c’est la meilleure version de pizza à l’américaine.

Il y a trois genres de pizza trouvés couramment aux États-Unis. Si on dit « pizza » sans autre nom, ce sera en général rond, avec une croûte de épaisseur moyenne, de la sauce tomate, du fromage mozzarella, et de l’ananas. (Je plaisante sur ce dernier, mais c’est le genre où on le trouve tout court.) Si on parle de la pizza new-yorkaise, c’est une bêtise beaucoup trop mince, servie en parts géantes et les cons doivent la plier pour la manger. Si vous devez plier votre pizza, c’est un Stromboli ou un calzone. C’est pas une vraie pizza et je refuse absolument de l’appeler « a slice » comme ils disent. Je déteste tout autour de ce truc.

Puis il y a la pizza façon Chicago. Jusqu’à ce week-end, je la croyais notre meilleure. (Mais attention, en dehors de Chicago, on ne trouve que rarement des versions authentiques.) Une pâte plus comme le pain focaccia qu’une pizza traditionnelle, cuite dans un plat creux, avec des quantités de sauce un peu folles au-dessus du fromage. Je l’adore, mais on risque de se brûler en la mangeant car la sauce est bien chaude quand la pizza sort du four.

Alors, voilà, la solution à tout :

C’est aussi une pizza à base de focaccia, mais regardez ce qui arrive à l’extérieur avec le fromage :

OMD, ça doit être la meilleure chose que ce pays ait jamais fait ! C’est une tuerie. Effectivement, cette pizza est exactement tout ce que j’aime de la pizza façon Chicago, sans ses problèmes.

Mais ce n’est plus le cas qu’on la cuit dans des lèchefrites. Ce n’est que son origine en 1946, car il n’y avait pas de plats creux suffisants pour les températures dont une pizza a besoin. Vu que Detroit est la « Motor City », La Ville des Moteurs, je trouve cette origine charmante et bien locale d’exactement la façon que j’adore.

C’est seulement pendant la dernière décennie que cette pizza est sortie de Detroit, et ce resto à Huntington Beach a été fondé en 2021. C’est donc récent. C’est un trajet qui prend du temps, mais j’y retournerai.

Je veux que vous profitiez de cette pizza autant que moi. Alors, l’un de mes projets sera fabriquer une version avec des ingrédients que vous pouvez acheter — le fromage n’est disponible nulle part en France — et avec la sauce tomate de Dottie Devita, quelque chose d’authentique qui fera plaisir aux vrais italiens.

Je veux partager quelques photos du quartier avec vous. Beach veut dire plage, et il y a une longue jetée très proche du resto. Ce quartier est beaucoup plus charmant et vivant que le mien, mais j’ai pas le droit d’y vivre car c’est trop loin de mon ex.

Quelques restos près de la plage :

Près de la jetée :

La plage à côté de la jetée :

Vue de la jetée du bout, vers la ville :

Et la ville, vue de la jetée :

Épisode 43 — au revoir, les galettes !

La vérité, c’est que notre galette des rois, sortie du four le 3 janvier, n’a pas survécu jusqu’au 6. L’horaire hebdomadaire de ma fille exige que je fasse de tels trucs vite si elle va les partager. Heureusement, elle l’a bien aimée, toujours ma plus grande question. Qu’un jour, quelqu’un qui ne fait pas partie de ma famille me dise une telle chose après avoir goûté ce que j’ai fait !

Je veux partager une mauvaise nouvelle qui ralentira le rythme de cuisine ici. Vous ne devriez pas être surpris d’entendre qu’il y a des pénuries ici autant que chez vous. C’est juste des trucs différents. Tout à coup, il y a une pénurie horrifique d’œufs. Voici le prix pour une boîte de 18 ; ça coutait 4 $ il y 3 mois, et 5 $ juste avant Noël :

Ça rend mon dessert nordiste plutôt drôle, mais je ne vais pas changer d’avis. Le problème en ce moment, c’est une pandémie de la grippe aviaire. Mais franchement, c’est pas seulement ça. Le prix en Californie (lien en anglais) est beaucoup plus élevé que le reste du pays. Ça arrive souvent quand on vit ici. Au fait, vous avez absolument le droit de me taquiner avec des photos d’œufs après celle-ci de moutarde, partagée avec des amis :

Pour notre blague de la semaine, j’ai adapté une vieille blague sur l’art. J’espère qu’elle vous fera plaisir. Nos articles sont :

Il y a aussi La galette des rois de Valrhona, notre dessert pour l’Épiphanie.

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L’Emmerdeur

Ce soir, d’après une recommandation de Maman Lyonnaise (il y a longtemps), j’ai regardé L’Emmerdeur, la version originale de 1973 avec Lino Ventura et Jacques Brel. J’ai adoré les deux dans « L’Aventure c’est l’aventure », alors j’avais de grands espoirs pour celui-ci.

Je vous dirai tout d’abord que ce film est souvent très drôle. Mais après quelques minutes, je me suis dit « Je veux tellement gifler ce François Pignon, et…dites donc, c’est pas la première fois avec cette pensée, hein ? ». J’ai vite trouvé cet article de Wikipédia avec tous les François Pignon des films écrits par M. Francis Veber. Il a clairement une idée que ce nom va avec de vrais cons. D’une part, il a aussi écrit d’autres François, dont François Merlin dans Le Magnifique, qui ne sont pas tous aussi cons. D’autre part, il a aussi fait la même chose à des Françoise, et…la pensée en haut n’arrivera jamais de cette façon. Mais en plus, j’ai aucune envie d’être rappelé d’autres personnages que je n’aime pas non plus. Dit autrement, je ne veux jamais voir un autre film avec un « Jean-Claude Dusse » qu’il soit dans une suite des Bronzés ou pas.

Alors, passons au film lui-même. On commence avec un certain M. Randoni qui a grossièrement laissé sa voiture garée devant le garage d’un autre. Le propriétaire de son immeuble essaye de la déplacer, et ça arrive :

Après, on voit Lino Ventura pour la première fois (sans apprendre son nom). Il n’est le genre de type qui déplace sa voiture pour personne :

Ventura arrive à son hôtel, sous le nom de Milan, et on découvre qu’il est tueur à gages !

Dans la chambre d’à côté, François Pignon (Jacques Brel), rejeté par son ex femme, essaye de se pendre. Cette scène m’a beaucoup dérangé. Disons juste… je déteste la Saint-Valentin.

En échouant sa tâche, Pignon abîme le tuyau, et l’eau se répand partout. Ça attire l’attention d’un employé de l’hôtel et interrompt le travail de Milan :

Milan accepte de l’amener au manège où est son ex, juste afin que Pignon le laisse tranquille.

Mais en route, Pignon met une photo devant le visage de Milan, et un accident se produit.

Pignon arrive enfin au manège où Louise, son ex, lui répète qu’il n’y a rien à dire. Elle s’en fout de lui, et franchement, c’est pas difficile à comprendre. Du tout.

Milan est de retour dans sa chambre pour préparer son attentat contre Randoni. Mais Pignon menace de sauter par la fenêtre. À cause de sa maladresse, c’est Milan qui a failli tomber par terre. Ce type Pignon, il m’énerve.

Un certain docteur Fuchs, l’amant de Louise, arrive à l’hôtel pour soigner de Milan. Il se trompe des deux et pense que Milan est Pignon. Il lui donne un tranquillisant.

Mais quand Milan se réveille, il se rend compte qu’il ne sera pas capable de tirer sur Randoni, et il va chez le médecin pour demander une drogue pour annuler les effets. Ils se battent, et Louise décide qu’elle préfère François tout de même :

Pignon et Milan rentrent à l’hôtel. Pendant que Milan prépare enfin son attaque, un policier arrive et parle avec Pignon, croyant que les deux menaceront la sécurité de Randoni.

Pignon découvre par hasard le fusil dans la chambre de Milan. Il lance un coup de feu complètement par hasard, et la police attaquent l’hôtel.

Milan est gravement blessé. Pignon essaye de l’aider à s’échapper, alors naturellement, les deux sont attrapés par la police.

Le film finit d’exactement la même façon que la pièce de théâtre « Huis Clos » de Sartre, et ça, c’était trop pour moi. (Je l’ai lu en anglais sous le nom « No Exit ».) Milan n’est pas un chic type — tueur à gages, souvenez-vous ! — mais personne ne mérite passer le reste de sa vie dans une cellule avec François Pignon. Pas celui-ci, pas celui du Dîner de Cons.

Il doit y avoir un François Pignon quelque part en France. Ce type doit haïr Francis Veber. Je compatis. À mon avis, c’était important que je regarde ce film, mais une fois suffit.

Mon cri de Carrefour

Maman Lyonnaise m’a demandé une bonne question :

J’ai répondu avec la triste réalité, mais je veux développer plus mes pensées sur ce sujet. La grande majorité d’entre vous n’étaient pas ici la seule fois où j’ai acheté de la pâte industrielle pour ce blog. Alors rembobinons un peu et je vous raconterai une histoire.

J’ai grandi dans une famille où les boîtes de préparations industrielles étaient absolument interdites. Quand je vous ai parlé des « cons en cuisine », je parlais d’un États-Unis que je connaissais, mais où j’ai jamais vécu. Tout était fait maison. Mais ma mère, elle n’a rien appris de sa mère, une femme impressionnante mais jamais une cuisinière. (Son astuce pour faire cuire les desserts surgelés ? Les mettre en haut de la télé. Je plaisante pas du tout.) C’est de ma grande-mère que j’ai hérité l’ambroisie. Ma mère a tout appris d’une femme appelée Dorothy « Dottie » Devita, une voisine d’origine italienne.

Une autre fois, je vous raconterai l’histoire de son époux, Frank Devita, un héros de la SGM en France et membre de la Légion d’Honneur (lien en anglais vers sa nécrologie). Disons pour l’instant que si vous connaissiez Frank et Dottie, vous ne vous moqueriez jamais de « la malbouffe américaine ». En fait, si vous connaissiez la communauté immigrante italienne de la Côte Est, ce serait la même chose. Ils ne vivaient jamais de cette façon. C’est la cuisine des « Nonna », pas des « Mamie », mais ça vient du même esprit.

Tout ça, c’est-à-dire que mes ancêtres sont venus de l’Europe de l’Est, mais mes valeurs, elles viennent de l’Italie, surtout en cuisine. Ma mère n’a jamais fait aucun gâteau d’une boîte et si la sauce tomate avait pris moins qu’une journée ? Inacceptable. Alors quand j’ai fait la rabote picarde avec de la pâte feuilletée Pepperidge Farm, la seule que vous trouverez dans un supermarché typique, j’ai eu honte. Cette pâte coûte environ 5 $ la boîte, 2-3x ce que vous payez chez Carrefour, et c’est de très mauvaise qualité. Ça suffit pour la spanakopita, un plat grec, car on la mange en forme de petites bouchées, mais c’est inutile pour les mille-feuilles ou les galettes des rois, à cause de perforations partout.

Mes autres choix ne sont pas meilleurs. Chez myPanier, il y a un produit d’une marque américaine, « White Toque », dont tous leurs produits sont en fait des importations françaises. Comme disait M. le Président Trump dans tout autre contexte, vous ne nous envoyez pas votre meilleure pâte. Cette pâte comprend de l’huile de canola, du beurre concentré, et…de l’alcool ? Je n’arrive même pas à le comprendre. Et pour ça, je payerais 12 $ le 454 grammes.

Chez Surfas, il y a une meilleure pâte, Dufour — américain malgré le nom — composé des mêmes ingrédients que la mienne : beurre, farine, eau, sel, et un peu de jus de citron pour la conserver. Mais 16 $ et même pas 454 grammes comme l’autre ? (C’est seulement 400.) C’est du cambriolage !

Pendant les cinq dernières années avant le blog, je vivais ce que j’appelle « La Sécheresse ». Après les fermetures de Pascal et Pinot Provence, je ne connaissais plus aucun bon resto français près de chez moi. Cinq ans sans rien sauf une boulangerie appelée « Vie de France » — qui venait du Japon ! En même temps, la nourriture autour de moi devenait de plus en plus limitée — de la mexicaine et de plusieurs cultures asiatiques, surtout la chinoise, la coréenne, et la vietnamienne. Ces choses ont leur place, mais pour autant que la cuisine mexicaine est le patrimoine de notre sud-ouest, je ne la veux pas autant que je dois la manger.

C’est d’où l’attitude obsessive. J’ai passé une demi-heure chez Carrefour en 2021 ? C’était un aperçu du paradis. Même chose chez Picard. J’ai assez bien aimé marcher sur les Champs-Élysées, mais le vrai rêve pour moi, c’est tout simplement de vivre quelque part où vivre à la française n’est pas un truc de luxe, mais plutôt sa quotidienne. Et oui, pour autant que ça ferait mal au cœur à la pauvre Mme Devita, ce serait merveilleux de ne pas devoir tout faire maison. J’en suis fier, mais je serais ravi parfois d’acheter une pâte industrielle. Je sais exactement à quel point ça sent la folie, mais c’est rien que la vérité.

Adieu, hibou vert

J’aime trop les gros chiffres ronds, comme quand sa voiture arrive à 10 000 km, la bourse Dow Jones atteint 30 000, etc. Alors bien que j’aie fini le cours de français sur Duolingo il y a 9 mois, je viens de réussir mon dernier but. Voilà :

C’est un peu ridicule, mais je ne sais pas quitter le hibou vert. Duo et moi, nous sommes ensemble depuis presque trois ans, et il m’a apporté ce que j’aime le plus au monde entier — vous tous. Pour le meilleur ou pour le pire, je n’ai eu qu’une rupture dans la vie, et j’espère que vous me pardonnerez pour mes sentiments idiotes, mais ça sent bien la rupture. (Pour être bien clair, je ne suis pas attiré à Duo.) Il y a deux raisons.

D’abord, je pense souvent « Vous avez une langue au lieu d’une femme ». (Pour l’énième fois, oui, je me vouvoie. Ce gars-là n’a pas le droit de me tutoyer.) Peut-être fou, mais honnête. Il y avait une écarte de 7 mois entre le début de mes études et le début du blog, mais qu’est-ce que c’est que ce blog qu’une lettre d’amour publiée tous les jours ? Ne plus avoir Duolingo sera comme si j’avais dit, « Je n’irai plus à notre café préféré, celui où nous prenions un verre ensemble quotidiennement. »

Mais en plus, ses habitudes sont devenues insupportables depuis longtemps, exactement comme une rupture. Duo m’envoie des courriels et des notifications à toutes les heures pour me rappeler étudier. Il y a un an et demi, Duo a acquis une douzaine de personnalités (sous la forme de nouveaux personnages ; il n’est pas fou), chacune plus ennuyeuse que la précédente. Ses blagues n’étaient jamais drôles. Jusqu’à très récemment, il y avait un système de points et de classement très abusif. On pouvait réussir une belle centaine de leçons sans rien gagner dans le classement, car c’était facile à tricher. Tous ces comportements ne me manqueront pas du tout.

J’ai partagé plusieurs fois le « meilleur » de Duolingo (voilà et voilà), mais voici quelques derniers souvenirs.

J’ai vu celui-ci et ai pensé à Flanel :

Une grosse source de colère était l’attitude vers le genre. Vous n’avez aucune idée à quel point ils détestent enseigner ce sujet. Quoi que l’on pense de la société, ma grammaire est correct ici (le manque de «!? » n’est pas le problème), et j’ai perdu beaucoup de temps à n’importe quoi :

La version anglaise de cette phrase n’a aucun genre pour le mot « partner », alors je n’ai pas du tout apprécié cette correction non plus :

Mais juste quand on aurait pensé que l’on aurait compris, ÇA ARRIVE :

Le jeune garçon en haut s’appelle Junior. Il est le fils d’Eddy, père célibataire qui a toujours de mauvais rencards. Mon cauchemar, c’est que je suis Eddy :

Je dois vous dire, l’idée suivante n’a jamais marché, même pas une fois. Évidemment, faut échanger du genre :

Mais j’avoue, ils me comprennent mieux que j’aimerais avouer :

Et si je suis complètement honnête, ils m’ont payé pour apprendre le français, jamais l’inverse. Je ne me suis jamais abonné à Duolingo Plus (récemment devenu Super Duolingo), alors pas une centime dépensée de ma part. Mais ils m’ont payé 100 $ (en 2020) pour participer à une étude de contrôle qualité. Je voudrais juste vous rassurer, chaque centime de cette chèque-là à fini par être dépensée chez la FNAC pour des films. Ils peuvent se consoler du fait qu’au moins, j’ai utilisé ce que j’avais appris. 10 centimes par jour, c’est pas grand-chose à la fin, mais je l’apprécie.

Ne pleurez pas quand même pour leurs revenus — j’ai dû regarder des milliers de publicités, une après chaque leçon. Et il y avait des dizaines de leçons par jour pendant ces deux ans-là. Ils ont été payés.

J’ai enregistré les étapes en preuve ; j’ai un peu hésité car j’ai cru que le portable m’avait demandé de supprimer mes données ainsi que l’appli, mais j’ai eu tort.

Alors, d’ici où ? J’ai fini avec Kwiziq, alors maintenant j’ai pas de leçons formelles. Une fois le DALF C1 est réussi, je ne me sentirai plus obligé d’étudier, mais ce jour-là n’est pas proche. En fait, j’ai peur qu’il n’arrive jamais. Pourquoi ? Voici l’une des épreuves :

Je ne sais pas si j’arriverai jamais à écrire des textes aussi courts !

Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Plus ou moins

J’ai changé d’esprit. J’allais écrire sur « coup » aujourd’hui, et j’avais un brouillon, mais j’ai vu un tweet qui m’a étonné, et après ça, c’était la plongée au trou de lapin, comme on dit en anglais (d’après Alice au pays des merveilles et le lapin blanc). Du coup, Langue de Molière parlera de « coup » la prochaine fois. Aujourd’hui, c’est les verbes inventés.

Commençons avec le tweet qui m’a lancé sur cette enquête :

Rien à voir avec les souhaits de M. Klein. C’est plutôt « Je plussoie », un verbe que je ne connaissais pas du tout. J’ai deviné que ce serait quelque chose comme « Moi aussi », et c’était pas loin. Mais je l’ai mis dans Google Traduction, et la réponse a été « more », exactement comme « plus ». J’ai donc vérifié mon dictionnaire Oxford — aucun résultat. Finalement, Wiktionary :

Source

J’avais raison. Mais c’est quoi « moinsoyer », et pourquoi le lien rouge (ce qui veut dire que la page n’existe pas) ? Bizarre, parce qu’il y a en fait une entrée pour « moinsoyer » sur Wiktionary :

Source

C’est intéressant, parce que l’on voit souvent des internautes qui écrivent « +1 » pour indiquer « d’accord », et on le voyait même sur Google en tant que bouton :

Domaine public

Mais j’ai jamais vu un « moins un » ou quelqu’un qui écrit « -1 » pour dire « pas d’accord ». Sinon, c’est logique. Moins logique, évidemment personne n’est d’accord sur la bonne orthographe pour les deux : « plussoyer, plusser ou plussoir » et « moinsoyer, moinser, ou moinsser ». J’sais pas moi. Et d’ici, une autre observation.

Juste ce matin, j’ai vu cette blague sur Complots faciles :

Source

C’est plein de faux exemples de la conjugaison, presque tous les résultats de ne pas connaître les exceptions aux règles de la langue. Mais sous le titre de « L’infinitif », on voit une règle avec laquelle je suis entièrement d’accord « se compose grosso modo en ajoutant soit -er soit -dre à la première personne ». À presque chaque fois où je vois un néologisme verbal, il se termine par « er » : shopper, overbooker, liker, ou bien les verbes des réseaux comme tweeter et instagrammer.

Suis-je le seul à penser que ces mots font mal aux oreilles surtout avec le passé simple ? Ça sent presque Les Visiteurs : « Je n’instagrammai point l’image de vostre boîte magique ».

On trouve exactement le même phénomène en espagnol — quand on a besoin d’un verbe emprunté à l’anglais, on le confectionne avec la terminaison « -ar », presque jamais « -er » ou « -ir ». Par exemple, on dit « chutar » comme argot pour « tirer » (en anglais, « to shoot ») et « hackear » pour pirater (d’après l’anglais « to hack »). Alors ne vous inquiétez pas, les voisins au sud ont exactement le même problème !

La galette des rois de Valrhona

Langue de Molière est reportée jusqu’à demain, parce que j’ai HÂTE de partager cette recette avec vous avant le 6 janvier. Profitez de cette photo, puis on parlera plus.

Mais, qu’est-ce que l’on trouve au-dedans ? Oubliez la frangipane, les amis, cette fois-ci, c’est un brownie, façon Valrhona !

Je dois cette recette à Valrhona, surtout au chef David Briand de l’École Valrhona à Tain-L’Hermitage. Mais vous n’allez pas croire dans quelle langue la version originale est écrite. Ouaip. Je l’ai reçu de leur bulletin par courriel en anglais. J’ai cherché leur deux sites en français (Valrhona.com et Valrhona Ensemble), mais c’était pas là.

Alors, quelques changements de l’originale (car j’ose me mêler dans les affaires d’un MOF) : La version originale emploi plusieurs fruits de coque ; ma fille ayant un appareil dentaire, je les ai remplacés par de la poudre d’amande et une hausse de la quantité de pépites de chocolat. L’originale ne mentionne pas dorer la galette ; je l’ai fait. Vu mon désir de baisser les coûts de recettes ici, j’ai utilisé une sorte de Valrhona, pas deux. Mais l’astuce secrète, ce qui l’a poussée autant, ça vient de mon ancienne prof de cuisine à l’Alliance française, et c’est du clickbait sans honte que vous devrez cliquer sur « lire la suite », pour la découvrir.

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À quoi sert Twitter ?

Si vous avez l’impression que ce post fera la polémique quant à M. Musk, rassurez-vous qu’il n’a rien à voir avec. C’est plutôt mon effort d’estimer la valeur du temps que j’y passe, Si vous profitez de Twitter en soi, ignorez ce que je vais écrire — la question du jour concerne seulement s’il vaut le coup en tant que publicité pour son blog.

J’ai maintenant deux ans entiers de données sur cette question :

Pour vous rappeler les totaux, il y avait 9 234 vues en 2021, et 18 092 en 2022.

On peut facilement voir qu’il vaut beaucoup la peine de faire tout et n’importe quoi pour Google. Je dois à Anne-Marie pour m’avoir expliqué comment régler des pages manquées avec Google Search Console. Mais on parle de Twitter. Il semblerait que le traffic est haussé deux fois et la partie qui vient de Twitter aussi, alors ça marche, hein ?

Mais c’est en fait pas le cas. Presque tout la différence vient d’un seul post :

Sans ce post, il y a presque aucune différence. Disons que seulement 700 vues viennent de Twitter — il ne reste qu’environ 700 vues pendant le reste de l’année, 10 % plus que l’année précédente. C’est donc en fait une perte par comparaison — 6,7 % versus 4,0 % (si on enlève les chiffres du post sur Équipe 1er Degré.).

D’autre part, je dois compter que j’y ai fait plusieurs de mes connaissances préférées (voilà, voilà et surtout voilà). Et l’article sur moi n’aurait jamais paru dans Le Journal du Centre sans avoir été retweeté par l’office de tourisme en Nièvre. Presque tous les « petits miracles » du blog viennent de Twitter et nulle part ailleurs.

D’autre autre part, je trouve Twitter très stressant. Les abonnés des blogs comprennent bien qu’ils sont des invités chez les écrivains. Si on n’aime pas ce que quelqu’un écrit sur leur blog, pas besoin de le lire. Désabonnez si vous n’êtes pas content. Mais franchement, ça n’arrive jamais pour moi — je connais les attitudes de ceux qui je suis, et si je n’aime pas une colonne où on enfourche un peu trop leur dada, je saute par-dessus du bouton « aimer » et attends la prochaine. Je crois que c’est pareil pour beaucoup de monde.

Par contre, chez Twitter, il y a certains qui me suivent dont je me sens obligé de leur suivre en retour. Et ils ne font pas seulement des crises à propos de leurs dadas, mais ils jouent dans le rôle de police des mentions j’aime. « Vous n’avez pas le droit de suivre ce compte ou aimer ce tweet. » Je ne vous dis rien que vous ne le sachiez déjà. En plus, cette tendance n’a rien à voir avec M. Musk ; c’est là depuis des années.

Évidemment, ce sujet me pèse de plus en plus. J’ai aucune intention de quitter Twitter. Mais en tant qu’investissement de temps et de ressources pour grandir son blog, j’ai très peu de preuves qu’il rend autant qu’il prend.

Épisode 42, Bon Nouvel An !

Oh, que j’aie une histoire ! J’ai récemment décidé que je n’en pouvais plus avec le microphone de mon portable. Trop proche en enregistrant le balado, et je dois supprimer trop de bruits de souffles à la main. Trop loin, et il y a des échos partout. Alors, j’ai décidé d’en acheter un nouveau. Mon budget ? 100 $, mais j’étais prêt à aller jusqu’à 150 $ si un en valait la peine. Puis ça m’est arrivé :

QUOI ? C’est vendu « boîte ouverte », alors je m’attendais à une remise mais…j’allais payer plus pour les frais d’expédition que pour le micro ?!? Je m’attendais à recevoir un courriel le lendemain avec la nouvelle que c’était une erreur et voici un remboursement. Mais j’ai reçu un numéro de suivi, et vendredi, voilà !

Il faut l’utiliser avec cet adaptateur (39 $, mais 49 € ? Injuste !) pour le connecter au portable. Mais je suis absolument ravi du son maintenant, et avec le casque Focal, c’est un plaisir d’enregistrer. Je suis toujours en train d’apprendre comment utiliser toutes ses options, mais je crois que ça vaut bien le tout petit coup. ([Le pauvre micro doit vous entendre tous les jours ? C’est une VDM ! — M. Descarottes])

Voudriez-vous une autre belle surprise ? J’avais envie de plus de nougat de Montélimar, alors j’ai pris un bref vol à Paris, juste assez longtemps pour trouver ceux-ci :

Non, je plaisante — pour autant que vous sachiez. En fait, ces photos viennent de chez Surfas. Les barres sont chères — 7 $ chacune — mais j’en ai quand même acheté trois. Moins chères qu’un billet d’avion, c’est certain. C’est nouveau là ; est-ce que ça continuera ? Il me reste en fait 3 barres de nougat Soubeyran, et elles doivent être mangées avant mars. On appelle le fait qu’elles ont survécu jusqu’à maintenant « la volonté ».

Notre blague de la semaine traite du Nouvel An. Si vous l’aimez, c’est ma traduction de génie. Sinon, c’est ma source pleine de blagues pourries. Nos articles sont :

Il y a aussi Les brownies au beurre de cacahuètes et C’est le 1er, version Nouvel An 2023. C’était anciennement ma pratique de vous lire les « C’est le 1er », mais la liste devient de plus en plus longue.

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