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100 films français : À voir à la télé

On continue le classement de mes 100 films français jusqu’au numéro 61 aujourd’hui. Je recommande chacun et tous, surtout à partir de 77, au moins pour regarder à la télé. Ces films ont souvent des stars connues ou des intrigues intéressantes, mais manquent quelque chose d’essentiel pour une plus haute place. Souvent, il s’agit d’une suite de trop ou un film de Louis de Funès tourné très vite pour très peu d’argent. Où possible, il y a des liens vers mes articles originaux.

Voir aussi : Les déceptions, À revoir autant que possible, Le Temple de la renommée, Le Panthéon, 100 films français : Une réflexion.

  1. Faites sauter la banque : Je reverrais tout et n’importe quel film de la liste à partir de ce point. Il n’y a rien de mal chez ce film, l’histoire d’une famille qui essaye de cambrioler une banque en creusant un tunnel (on a clairement lu La Ligue des rouquins !). C’est de Funès et Jean Lefebvre, souvent une recette du succès. Je le trouve trop répétitif pour le classer plus haut, mais c’est vraiment pas mal.
©️Gaumont
  1. Alphaville : Un film bizarre, une œuvre de science-fiction déroutante. C’est un film dystopique, et souvent choquant — pour une chose, des personnes qui ne pensent pas de la façon approuvée sont fusillées dans une piscine. Mais c’est une influence importante pour beaucoup de films qui le suivront.
  2. Illusions perdues : Tiré de plusieurs romans de Balzac, ce film nous montre l’ascension et la chute d’un jeune poète qui ne comprend jamais vraiment ce qui se passe autour de lui. Il trouve du bonheur en quittant enfin Paris pour une vie dans la campagne, mais après avoir tout perdu.
  3. Boîte noire : Un polar autour d’un complot pour cacher les vraies raisons pour une catastrophe aérienne. Peut-être que ce film mérite un plus haut classement ; j’ai eu du mal à me concentrer à cause du fait que quelqu’un dans la pièce était vraiment en colère contre moi.
  4. Jumeaux mais pas trop : Une comédie avec un de mes humoristes préférés, Bertrand Usclat, où il s’avère que son personnage, un homme politique blanc, partage de l’ADN avec un homme noir qu’il juge de mauvaise réputation. Ce n’est pas un grand classique du cinéma français, mais c’est bon à louer.
  5. La 7e compagnie au clair de Lune : Le dernier film d’une série légendaire, mais pas à la hauteur de ses prédécesseurs. Pierre Mondy, Jean Lefebvre, et Henri Guybet sont drôles, mais ne font plus partie de l’armée, d’où est venu l’humour des deux films précédents. Il y a un rôle de camée pour Jean Carmet, toujours un plaisir.
©️Gaumont
  1. La belle américaine : Une autre comédie moyenne de Louis de Funès, mais son rôle n’est vraiment pas grand. Il s’agit plutôt d’un ouvrier joué par Robert Dhéry, qui veut acheter une voiture américaine qu’il ne peut guère se le permettre. Il perd et retrouve la voiture à plusieurs fois, mais tout finit bien. Un autre à louer ou regarder à la télé si possible.
  2. J’accuse : Un film de Roman Polanski autour de l’affaire Dreyfus. Il change certains faits, parfois parce que la vérité ne servirait pas le film (l’exil de Picquart en Tunisie serait un désastre pour le rythme), parfois pour des raisons intéressées. La photographie est exceptionnelle.
  3. Les souvenirs : Adapté d’un roman de David Foenkinos, il s’agit de l’histoire d’une vieille grande-mère, jouée par Annie Cordy, qui s’échappe de sa maison de retraite pour revivre certaines parties de sa vie. Michel Blanc et Chantal Lauby jouent dans des rôles plus sérieux que d’habitude, avec succès.
  4. Les grandes vacances : Ici, on commence à entrer dans les bons rôles de Louis de Funès. Il joue le maître d’une école, où son fils (dans la vraie vie ainsi que le film) est étudiant, et Claude Gensac joue sa femme. Martine Kelly, dans un de trop peu de rôles, est le coup de cœur de toute l’école. L’intrigue est un peu partout, mais quand les gags réussissent, ils sont merveilleux.
©️Studiocanal
  1. Pouic-Pouic : Un film dingue avec un poulet en vedette ! Enfin, c’est ce que beaucoup de monde retiennent de ce film, une histoire d’escrocs qui sert un peu comme brouillon pour Hibernatus, Oscar, et d’autres comédies de de Funès. Il joue un riche homme d’affaires qui doit se sortir d’une situation compliquée, et pense à vendre un mauvais achat à un naïf riche. Une distribution superbe, avec Jacqueline Maillan et Mireille Darc.
  2. Taxi, roulotte et corrida : En vacances avec sa famille, un chauffeur de taxi (de Funès) rencontre une voleuse qui cache un diamant dans ses valises pour éviter la douane. Il y a toute une aventure où la voleuse et son gang poursuivent la famille pour récupérer le diamant et le tout finit avec une grande lutte dans une boîte de nuit, la nommée « Corrida ». Un film drôle, mais sans de vraies stars au-delà de de Funès.
©️Gaumont
  1. Un grand seigneur : Les choses commencent à devenir intéressant dans ce classement ! Ce film est vraiment trois courts-métrages liés par une plus grande histoire de… « pensionnaires » qui doivent chercher une nouvelle maison avec la fermeture de leur maison close. La distribution comprend de Funès, Mireille Darc, Bernard Blier, Darry Cowl, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Andréa Parisy, et Dominique Davray — un ensemble d’exception !
  2. L’avare : Un succès modeste par rapport aux autres films de de Funès ; pourtant, le film de Molière qui a vendu le plus d’entrées. C’est un film plein de techniques expérimentales, comme des affiches pour le film qui apparaissent dans le film. Michel Galabru et Claude Gensac sont là, et je les adore comme toujours. Mais regarder ce film sent enfin le devoir.
  3. Papy fait de la résistance : J’ai galéré avec ce film. Il a un classement beaucoup plus haut que les deux Bronzés, mais je serais menteur si je vous disais que je l’ai bien compris. C’est un film pour une France toujours en train de comprendre sa propre histoire pendant la SGM. En plus des habitués du Splendid, la distribution profite de Jacqueline Maillan, Michel Galabru, et Jacques Villeret.
©️Studiocanal
  1. Le petit baigneur : Je ne suis pas grand fan de Robert Dhéry en tant que réalisateur, mais de Funès est dans son milieu en tant qu’homme d’affaires avare qui doit supplier de l’aide d’un ancien employé qu’il vient de virer. La scène où il assiste à une messe juste afin de poursuivre ce but est drôle.
  2. La jetée : Un court-métrage effrayant et déroutant ; pourtant un des films les plus importants de l’histoire de la science-fiction. Si ce classement était seulement par importance, ce serait parmi mes top 10, peut-être 5. Ce film a directement inspiré l’un des autres films les plus effrayants de ma vie, L’Armée des 12 singes.
©️Potemkine
  1. Le tatoué : Difficile de choisir que dire du Tatoué. C’est Gabin et de Funès, une combinaison presque inratable. Pourtant, ce couple bizarre — où de Funès est marchand d’art qui veut littéralement acheter la peau de Gabin, car il a un tatouage par Modigliani sur son dos — finit par avoir des aventures bizarres qui n’ont rien à voir avec l’intrigue originale. De bons moments, mais incohérent.
  2. Jour de fête : Le film le plus bizarre du classement par une mesure — c’est le seul avec un faux documentaire sur la poste américaine au milieu ! Je trouve l’histoire derrière le film — un cadeau de Jacques Tati au village où il a été tourné — plus intéressant que le film lui-même.
  3. Le grand restaurant : Mon troisième film français, un effort moitié-moitié de de Funès, mais avec une scène absolument culte. « Muskat-nüss, Herr Müller ! ». (Je peux réciter la recette par cœur.) Au-delà de Bernard Blier, la distribution n’est pas la meilleure, mais on aperçoit brièvement France Rumilly et Robert Dalban, toujours les bienvenus.
©️Gaumont
  1. Les Visiteurs II : Les Couloirs du temps : Si seulement ce film était la dernière aventure de Godefroy et Jacqouille ! Ça part de la fin du premier film, où Jacqouille n’est pas revenu à son époque, et Godefroy doit le chercher. Ce film est grosso modo un spectacle des bêtises de Jacqouille — il détruit une télé, il fait peur à un joueur de jeux vidéo. Mais ils finissent par se retrouver à l’époque de la Révolution, ce qui deviendra le plus grand navet de cette liste.
  2. Le Capitaine Fracasse : Film de cape et d’épée qui réunit Jean Marais, Geneviève Grad et Louis de Funès, celui-ci a un intrigue moins convainçant que Le Bossu ou Le Capitan, mais reste quand même un excellent choix. Les costumes sont jolis, et il y a une très bonne lutte vers la fin entre Marais et le méchant.
  3. Fantômas contre Scotland Yard : Un autre film où il aurait été mieux d’avoir arrêté la série, mais pas du tout un désastre. C’est juste qu’il n’est pas à la hauteur des deux premiers Fantômas signés Hunebelle. Scotland Yard n’est pas vraiment impliqué dans l’intrigue — c’est juste une opportunité pour Juve et Fandor, aux côtés de Hélène, à poursuivre Fantômas dans un nouvel endroit, un château écossais.
©️Gaumont
  1. Oscar : Ce film appartient vraiment à Claude Gensac. Elle est la patronne, alors que de Funès joue — arrêtez-moi si ça vous est familier — un homme d’affaires qui doit se sortir d’une situation difficile. Trop lent pour trop longtemps, mais les dernières 20 minutes valent la peine.
  2. Week-end à Zuydcoote : Un drame atypique de Belmondo et Henri Verneuil, à partir d’événements autour de la bataille de Dunkerque. Tragique, déprimant, mais aussi un MUST pour sa réalisme et le personnage compliqué de Belmondo — un héros comme souvent, mais avec un vrai côté obscur.
  3. Hibernatus : Le film où je suis tombé amoureux de Claude Gensac pour la première fois, et mon quatrième film français. En tant qu’héritière et femme de Louis de Funès, son personnage contrôlé vraiment l’entreprise familiale. Et quand le « Hibernatus » est découvert, il s’agit d’une rencontre avec son grand-père. La crise de de Funès à la fin est un classique.
©️Gaumont

100 films français : Les déceptions

On commence notre grand classement de mes 100 films français avec les déceptions. C’était mon intention de trancher la liste en 5 parties de 20 chacune, mais je ne voulais pas vous donner l’impression que les films de 86-80 sont aussi des navets ou des déceptions à mes yeux. Où possible, il y a des liens vers mes articles originaux ; j’ai vu environ 20 films avant de lancer ce blog.

Voir aussi : À voir à la télé, À revoir autant que possible, Le Temple de la renommée, Le Panthéon, 100 films français : Une réflexion.

En jugeant les films, j’essaie de peser mes avis contre l’importance historique du film, ainsi que l’avis de la communauté. Je sais que cet article fera la polémique car je suis loin de l’opinion générale des Français en ce qui concerne ce groupe. Mais ce sont mes avis honnêtes, et si vous m’avez suivi depuis longtemps, il n’y a rien de choquant ici.

  1. Les Visiteurs : la Révolution : Le pire film que j’ai vu en français — pas besoin du subjonctif ici — et parmi les pires au monde entier, le troisième volet des Visiteurs est ce qui se passe quand on n’a plus d’idées. La Révolution devrait être un cadre riche pour n’importe quel film, mais c’est juste 2 heures de Jacqouille faisant les mêmes blagues qu’avant. Aucune raison pour le revoir — et à éviter à tout prix si vous êtes assez chanceux pour ne pas le connaître. Au cas où je ne serais pas assez clair, il y a un moment tout à la fin où Jacquoille et Godefroy se retrouvent au milieu de la SGM, entourés par des Nazis — et ma réaction ? NON, ASSEZ. Comprenez-vous à quel point je dois en avoir marre pour ne pas m’intéresser à cette période ?
©️Gaumont
  1. Les Bronzés : Le film que je déteste le plus au monde (pourtant mieux que le 3e Visiteurs !). Je sais que ce classement fait la polémique, mais il n’y a pas deux personnages que je déteste plus dans n’importe quel film que Jean-Claude Dusse et Popeye. Ça comprend tous les films avec des Nazis qui suivent. Je crains que tout le monde pense que je suis M. Dusse, et rien ne m’offense plus que ça.
  2. Les Bronzés font du ski : Plus drôle et un peu moins obsédé avec le sexe que son prédécesseur. C’est tout ce que je peux dire de gentil à propos d’un film avec les mêmes personnages.
  3. Le Trou normand : C’est Bourvil. C’est Bardot. C’est une heure et demi de regarder l’homme le plus sympa de l’histoire du monde souffrir aux mains de petites brutes. Le temps que le film finisse, je n’en pouvais plus.
©️Gaumont
  1. L’Emmerdeur : Lino Ventura et Jacques Brel devraient être la formule du succès dans cette histoire d’un tueur à gages qui veut juste tirer sur sa cible en paix. Mais M. Brel est là pour tout gâcher en tant que l’un de nombreux cons dits « François Pignon » écrits par M. Francis Veber. M. Veber trouve évidemment ces personnages extrêmement drôles. La blague marche mieux dans sa tête.
  2. Tout ce qui brille : Géraldine Nakache et Leila Bekhti jouent dans les peaux de deux jeunes femmes qui veulent désespérément une vie à la mode, un désir qu’elles croient leur donne le droit de mal traiter tous leurs proches, faire des escrocs, voler, et se comporter en général comme deux connasses en or. Et je crois quand même que j’ai vu 5 pires films. Ne sous-estimez pas à quel point je déteste ces 5 autres.
©️Pathé
  1. Le Dîner de cons : L’autre François Pignon de ma liste, joué cette fois par Jacques Villeret. Pour être vraiment drôle, on a besoin de quelque chose de sympathique même chez un vrai con. Il y a exactement une scène où il paraît que ça existe chez ce Pignon. Mais ça ne dure pas.
  2. Le Gendarme et les gendarmettes : Aucun acteur n’apparaît dans ce classement plus que Louis de Funès, mon préféré dans n’importe quelle langue. Mais ce film est un navet tout pourri, une fois de trop pour cette série bien aimée. Je n’ai aucune envie de critiquer soit de Funès soit le réalisateur Jean Girault pour cet effort. Les deux sont morts pendant et juste après le tournage, et ces lumières n’avaient plus rien à donner. Laissez tomber.
©️SNC
  1. En attendant Bojangles : Les 20 premières minutes sont parmi les choses les plus hilarantes que j’ai vues. Après, ce film descend en enfer, une tragédie de maladie mentale hyper-sombre sans pitié. Les performances de Virginie Efira et Grégory Gadebois sont excellentes, mais je n’ai aucune envie de le revoir.
  2. Kaamelott : Premier volet : Ce classement est presque certainement injuste, mais j’ai un problème. Sans avoir vu la série, je n’ai absolument rien compris. Il y a quelques moments drôles qui ne comptent pas sur cette connaissance, mais je ne peux pas le mettre plus haut dans ma liste vu mon expérience du film.
  3. La Boum : Le début de Sophie Marceau, une actrice bien aimée par tous les Français. (Je l’ai rencontrée pour la première dans le rôle d’Elektra King, méchante du film de James Bond « Le Monde ne suffit pas ». Heureusement, je ne l’ai pas reconnue du tout.) Mais ce film dépend de certains souvenirs que la plupart du monde ont, et pas moi. Par contre, les Vic de ma vie n’étaient que des mirages cruels, alors je n’avais aucune sympathie pour ses tribulations. L’expérience de regarder ce film était 2 heures de douleur, même si moins que Les Bronzés. D’autre part, à cause de ce film, j’ai dîné chez La Coupole pour finir ma toute première journée en France, et ça, c’est un souvenir heureux pour toujours.
©️Gaumont
  1. La Vache et le Prisonnier : Il y a une partie de moi qui voulait mettre ce film encore plus bas dans le classement, juste après les deux Bronzés. Mais ce serait injuste. Je n’aime pas Fernandel — sa voix, sa gueule, rien. Cependant, ma plus grande plainte, c’est que ce film est le même gag encore et encore — la vache se perd et Fernandel fait des bêtises en essayant de la récupérer. Beaucoup de monde le considère un classique, et il manque de la méchanceté et des problèmes personnels des autres. Mais je n’ai aussi aucune envie de le revoir.
  2. OSS 117 : Rio ne répond plus : Mon OSS 117 n’est pas le même que le vôtre. Il est censé être une parodie de tout ce que les Français n’aiment pas chez eux. Mais moi, j’adore son patriotisme. Il y a une scène au milieu d’un jungle qui n’est qu’un long discours magistral qui le cible. Le problème, c’est que tout ce film est un long discours magistral. On doit rire avec le personnage principal parfois, pas seulement se moquer de lui, et ça n’arrive pas dans ce film.
  3. En corps : Une histoire de romance, d’une carrière presque déraillée par une blessure, et de danse. Marion Barbeau est une danseuse talentueuse mais pas du tout comme Noëlle Adam dans L’Homme orchestre, elle ne convainc pas en tant qu’actrice. L’intrigue est trop prévisible. Cependant, il y en a pire à louer.
©️Studiocanal

#100 — Le Capitaine Fracasse

Avec ce billet, j’atteins mon 100e film français. Pour fêter l’occasion, il fallait que je trouve quelque chose de spécial. J’ai fouillé par ici et par là pendant une semaine, à la recherche de quelque chose qui serait le symbole, la pierre de chaperon, de tout ce que je fais chez les films. Et voilà, avec Le Capitaine Fracasse nous avons un film de cape et d’épée qui réunit Jean Marais, Geneviève Grad et Louis de Funès — c’est comme avoir Les Gendarmes, Le Bossu, et Fantômas tous dans un film. En quelque sorte, j’ai complètement raté le grand Philippe Noiret jusqu’à maintenant, alors ce film est arrivé juste à temps.

Est-ce que ce film peut vraiment survivre une liste de comparaisons aussi fortes que ça ? Non, on va voir que ce n’est pas à la hauteur des autres œuvres que je viens de mentionner, mais il reste quand même un très bon choix. Je suis ravi de l’avoir trouvé. Avant de continuer, un mot sur la qualité du support.

C’est la première fois où j’ai vu un film sorti sur disque par la maison René Chateau. Il y a des fois où Gaumont ou Studiocanal sortent des films en format numérique sans beaucoup d’efforts — pas de sous-titres, pas de bandes-annonces, etc. René Chateau n’a rien fait pour ce disque — il n’y a même pas un extrait de la bande-sonore qui va avec le menu, qui n’a qu’une option, lancer le film. Pourtant, ils sont la seule source pour de nombreux films, dont une trentaine de seconds rôles pour Louis de Funès. Vu mon but de voir chaque film où il a jamais apparu, peu importe la durée, ça rend cette édition un trésor inestimable.

Alors, le film lui-même. Je vais vous dire tout d’abord que Louis de Funès n’apparaît guère dans ce film, tourné 3 ans après Ni Vu Ni Connu et 5 ans après La Traversée de Paris. C’est-à-dire qu’il était déjà une star, mais ce film appartient complètement à Jean Marais et une jeune Geneviève Grad (17 ans à l’époque).

Le film commence avec une scène déroutante. Un homme inconnu (Jean Marais) chevauche dans une forêt et confisque deux lapins à un chasseur. Il n’est pas clair pourquoi il a le droit.

Tout à coup, une femme hurle « au secours » quand son cheval panique après avoir rencontré un chariot plein d’hommes bizarres. Marais la sauve, et son mari le reconnaît comme le baron de Sigognac :

Sigognac revient vers les hommes bizarres, une troupe de comédiens. Malgré être baron, il n’a pas beaucoup d’argent mais leur offre de passer la nuit dans son petit château. Là, Isabelle (Grad) attire son attention.

Le lendemain, il décide d’accompagner les comédiens à Paris afin de suivre Isabelle. C’est ici où je mentionne que Jean Marais est né en 1913, et Geneviève Grad en 1944, et le film a été tourné en 1961. Beurk. Mais il avait 23 ans de plus que Sabine Sesselmann dans Le Bossu, ainsi qu’Elsa Martinelli dans Le Capitan, donc laissez tomber.

La troupe est attaqué par un brigand et sa femme. Sigognac les vainc sans problème :

Sur la route, un des comédiens, dit Matamore, meurt de froid. Matamore est un des noms liés au rôle d’un « capitan ». Sigognac offre de prendre sa place, et devient donc dans ce film ce qui n’était qu’un insulte dans Le Capitan.

Un capitan est censé être soldat, mais est vraiment un bouffon. Sigognac montre du talent pour ce rôle :

Après sa première performance, la troupe lui félicite et Isabelle l’embrasse. Je remarque à chaque fois que ça a dû être pénible pour Jean Marais. Embrassé par Geneviève Grad ! Tout autre homme serait jaloux ! Le pauvre.

Sigognac est tombé amoureux d’Isabelle et lui demande en mariage. Il y a tant de raisons pour lesquelles ce serait une mauvaise idée, mais elle refuse car il est noble et elle n’est que paysan.

Malheureusement pour elle, quand on ressemble à Geneviève Grad, on attire l’attention de chaque homme avec un pouls, dont le duc de Vallombreuse, un sale type. Il lui dit qu’elle doit échanger quelques heures de sa vie pour celle de Sigognac, mais elle refuse.

Vallombreuse envoie un spadassin pour tuer Sigognac, mais Sigognac le bat et lui épargne la vie. Le sbire revient chez Vallombreuse pour lui rendre son argent car il a raté sa tâche.

La troupe joue prochainement devant le roi et la reine, qui sont bien impressionnés mais ne reconnaissent pas que Sigognac est un noble.

Vallombreuse envoie un autre sbire pour faire semblant d’embaucher la troupe. C’est une ruse afin d’enlever Isabelle.

Sigognac chasse les ravisseurs (montés à cheval) à pied, et les perd, malgré des efforts impressionnants.

Ici, je finis le récit afin de ne pas divulgâcher la fin. Mais comme à la fin de chacun de ses autres films de cape et d’épée, il finit par vivre désormais avec son intérêt romantique. Rien ne dit « passion sincère » comme de tourner les joues l’une contre l’autre :

BON, j’arrête. Vu la différence d’âges, je ne veux vraiment pas m’en plaindre.

Je n’ai aucun plan d’arrêter les films — tout au contraire. Mais je me sens comme celui-ci était le bon « examen final ». Sans sous-titres, j’ai dû compter sur moi pour tout comprendre, et j’estime que j’ai réussi à comprendre entre 80-90 % des dialogues.

Demain, on mangera notre dîner vauclusien. Après ça et la balado, on commencera « La Semaine de la Centaine », mon classement qui paraîtra en 5 fois. J’ai déjà fini le classement, mais après la publication, j’ajouterai une nouvelle page pour le mettre à jour sans en écrire un nouveau. Il y aura quelques choix qui feront la polémique, alors la première tranche sera juste les 14 jugés des navets. Il m’étonne qu’il y en a si peu, mais c’est pourquoi le ciné français est l’un des grands amours de ma vie.

Razzia sur la chnouf

La vache, mais on finit la Centaine des films de façon forte ! Ce soir, j’ai regardé #99, Razzia sur la chnouf, un tour-de-force (expression anglaise qui veut dire « tour de force », sans traits d’union) pour les légendes Jean Gabin et Lino Ventura, et de grandes performances par Magali Noël, Marcel Dalio, et Lila Kedrova. Ce film ne change pas mon top 5, mais il va bien bouleverser mon top 15 — on parle d’un must du cinéma français !

Ce film a beaucoup en commun avec d’autres films de truands qui mettent Gabin en tête d’affiche — des scènes ténébreuses, lui posé avec les mains dans les poches, Paul Frankeur dans un second rôle — mais surtout, cette présence comme personne d’autre. Peut-être brièvement Orson Welles. Je plains tous les pauvres du monde qui ne peuvent pas regarder Gabin en VO. Ou pire, ne le connaissent pas tout court.

On commence à Orly, où notre truand Henri le Nantais — entre ça et Lulu la Nantaise, qu’est-ce qu’il y a, Nantes ? — descend d’un avion alors que des flics le surveillent :

Les flics appellent le commissaire (Frankeur, assis), qui envoie un autre flic pour suivre Henri :

C’est intéressant de faire la comparaison entre cette vue de l’Arc de Triomphe en 1955 avec celle de 1936 dans notre dernier film, Le Roman d’un tricheur — la rue a complètement changé !

Henri va voir un patron de la pègre, Paul Liski (Dalio), qui reconnaît qu’Henri est de retour des États-Unis en lui parlant en anglais. J’adore que vous pensez tous que ces touches ajoutent de la réalisme, vu que je les trouve partout et à travers les décennies. De toute façon, Liski veut qu’Henri prenne en charge ses affaires en tant que fournisseur de drogues :

Puis on voit comment les drogues sont passées en contrebande par train. Un ouvrier à une gare, Émile, ouvre un panneau pour enlever des paquets cachés derrière le mur :

Mais Émile en a eu assez et dit à un truand qu’il veut quitter l’organisation. C’est une mauvaise idée, mais le truand dit qu’il transmettra cette nouvelle à Liski :

Henri arrive au Troquet, le bar qu’il va utiliser pour mener les affaires de drogues en secret. Là, il rencontre deux tueurs à gages qui travaillent avec Liski, Roger le Catalan (Ventura) et Aimé :

Émile reçoit un appel téléphonique dans un bar, ce qui lui prévient de ne pas rentrer à la maison. Naturellement, il fait exactement ça, et les tueurs à gages le prennent dans une ambuscade :

Au Troquet (anciennement le nom d’un resto cher près de chez moi), Henri tombe amoureuse de sa caissière, Lisette, et les deux passent un soir ensemble. Après, elle devient la petite-amie d’Henri :

Puis Henri rend visite au chimiste qui fabrique les drogues pour Liski. Il décide que le chimiste vole une partie des produits. Vous voyez que je ne plaisantais pas ; on voit Gabin avec les mains dans les poches.

Encore une fois au Troquet, Henri réunit avec les tueurs. Ils décident que les tueurs vont régler des comptes avec le chimiste, et Henri fera la même chose avec Marcel, un livreur.

D’abord, on voit les tueurs chez le chimiste. Pendant qu’Aimé lui bat, Roger assaut sa femme. Il ne m’est pas clair s’il la viole, mais c’est plutôt impliqué :

Les tueurs insistent pour venir chez Marcel avec Henri. Ils le choquent en tuant Marcel :

Puis Henri va chez un des revendeurs, un homme censé être « chinois ». Il lui dit qu’il faudra doubler ses ventes ou perdre ses drogues. On voit sa fumerie, ainsi que les menaces :

Il y a une razzia sur Le Troquet. Tout le monde est placé sous garde-à-vue, sauf pour deux touristes britanniques (un moment drôle). Est-ce vraiment comment la police a traité les suspects à l’époque ?

Henri est interrogé au commissariat. Il va très mal, et il rentre après avoir été battu :

Après quelques jours pour se soigner, Henri reprend sa tâche de faire peur aux truands au nom d’une opération plus efficace. Cette fois, son cible est Léa, qui gère un club et est bien accro à la « came » elle-même. Saoule, elle quitte Henri dans un club qui appartient aux « bougnoules ». Ouais, j’ai appris des mots en regardant ce film ; on en parlera plus à la fin :

Liski décide que Léa doit être tuée avant qu’elle ne puisse faire une grosse erreur. Roger et Aimé vont dans un resto pour le faire, mais sont surpris par des policiers. Ils tuent deux, sont blessés pendant la fusillade, et vont dans Le Troquet pour exiger de l’aide d’Henri pour les emmener chez Liski.

Lisette appelle un inconnu dit Paul, car Henri lui avait dit d’appeler son numéro au cas où il y aurait une urgence :

Liski donne de l’argent aux tueurs et Henri et leur dit d’aller se cacher dans une maison aux alentours de Paris alors qu’il arrange leur évasion :

Mais la police entourent la maison :

Je ne vais pas vous dire la fin, mais on aperçoit brièvement la voix de Bugs Bunny, Kermit la Grenouille et toute la télé française pendant des décennies, Roger Carel, sur l’écran :

Qui me dit ces choses ?!?

Je vous dirai encore, ce film est un chef-d’œuvre du ciné français. Mais il faut le regarder avec un dictionnaire sous la main, à moins que vous connaissiez : berlingue, salingue, zigue, amerloque, rital, mollo, perdreaux (pour la police), se gourer, se faire du mouron, chouraver, fourguer, et paluche. Parmi d’autres. Et euh…attention à ne pas les répéter tous autour de n’importe qui. Sauf pour amerloque. Pourquoi est-ce que vous perdez du temps avec « états-unien » quand vous aviez déjà ça ?

Peu importe. Si vous n’avez pas vu Razzia sur la chnouf, laissez tout tomber et allez régler cette lacune tout de suite !

Le Roman d’un tricheur

On reprend notre chemin vers la Semaine de la Centaine avec mon 98e film français, Le Roman d’un tricheur, commandé de la FNAC. Il m’était important d’avoir un film de Sacha Guitry dans la liste, surtout si j’allais en avoir 8 avec Christian Clavier. Il faut équilibrer le niveau de qualité en quelque sorte (M. Clavier apparaîtra…plus souvent vers le bas que le haut.) J’ai cherché « Si Versailles m’était conté » pendant longtemps, mais c’est indisponible pour moi.

(Si vous pensez à le rechercher sur le site de la FNAC, n’oubliez pas que je ne peux acheter que les trucs vendus par la FNAC elle-même, car les autres vendeurs ne livreront pas aux États-Unis.)

Heureusement, on a plutôt l’un des meilleurs films français que j’ai vus. Il prendra une place plus basse dans mon classement que vous ne le penseriez vu cette approbation, mais je vous rassure, ça ne parle qu’à la taille de mon panthéon. Je vous recommande ce film sans aucune réservation.

Le Roman d’un tricheur n’est comme rien d’autre dans notre collection. Pour une chose, il n’y a presqu’aucun dialogue, mais ce n’est pas un film muet. La grande majorité des images sont accompagnées par la narration du personnage principal (dont on n’entend jamais son nom). Mais attention, il est bien clair que notre narrateur est tout sauf fiable. Tout genre de chose lui arrive, pourtant en quelque sorte, rien n’est sa faute à lui, le pauvre. Au fait, vous avez eu 88 ans pour voir ce film avant ma critique, alors je ne me soucierai pas des divulgâcheurs.

Après une scène très inhabituelle au début ou M. Guitry présente les responsables du film, l’équipe et les acteurs, on le voit (car il joue le personnage principal) en silhouette dans un café :

Notre histoire tourne à l’enfance du narrateur, à Pingolas, dans le Vaucluse. C’est notre prochain département, mais je vous jure, je n’ai rien su en achetant le film, et c’est par hasard.

Gamin, le narrateur vole quelques francs de sa famille pour acheter des billes. Il est puni par ne pas avoir le droit à dîner en famille ce soir-même, ce qui lui sauve la vie quand il s’avère qu’ils ont cueilli les mauvais champignons :

Après des funérailles surréalistes — 11 cercueils en même temps ! — un cousin arrive d’un autre village. Ce monsieur est avocat, et prend en charge l’héritage du narrateur. Ce dernier nous dit que le cousin est voleur et c’est pour ça qu’il n’a jamais touché son héritage — mais il a aussi enfui la maison et n’est jamais revenu.

Enfin, il revient juste assez longtemps pour que la famille l’envoie dans un resto où il prend un boulot en tant que chasseur (de tables, pour être clair). Cette vie est ennuyeuse et il déménage à Paris, vers 1900.

Là, il devient colocataire d’un certain Serge, immigrant russe, qui se mêle dans un complot contre le tsar pendant une visite à Paris. Mais le narrateur ne veut vraiment pas en faire partie et signale le complot à la police :

Pouvez-vous croire à quel point la rue autour de l’Arc de Triomphe est différente de celle de nos jours ?

Le narrateur quitte Paris pour Monaco, où il se fait embauché en tant que liftier dans un casino. Il nous mentionne que les monégasques sont nés des croupiers, et reçoivent leurs râteaux en tant que bébés.

Je pause pour noter une technique intéressante. Le narrateur nous parle des soldats qui gardent le palais royal monégasque. Il dit que ce serait plus marrant s’ils reculaient ainsi qu’avançaient. Pendant ça, le film est évidemment joué à l’envers pour créer cet effet :

À Monaco, il fait la connaissance d’une comtesse, qui a 20 ans de plus. Les deux se couchent ensemble (pas montré), et elle lui donne une montre, à laquelle on reviendra.

Tout à coup, on revient au présent. Une vielle femme s’assied à côté du narrateur. C’est la comtesse ! Il dépose la montre dans son sac afin de ne pas être reconnu par madame.

Après d’autres aventures, à Angoulême et Toulouse, il revient à Monaco. Il se fait naturaliser afin de devenir croupier et reçoit son propre râteau. J’ai RI !

Là, il rencontre une femme qui le séduit, une voleuse. Après l’avoir aidé dans un cambriolage, il la quitte. (Il me semble que la vérité est plutôt qu’elle l’a trompé.) Puis, la Première Guerre mondiale arrive, pendant laquelle il est sauvé par un M. Charbonnier. Ce dernier perd un bras pendant une bataille.

Après la guerre, le narrateur revient encore une fois à Monaco, où il rencontre Henriette, une autre voleuse. Les deux se marient dans un mariage blanc afin de faire des escrocs en jouant à la roulette. Le narrateur est enfin viré et les deux se divorcent.

Le narrateur adopte une vie de tricheur, où il se déguise en bougeant de casino à casino autour de France. À Deauville, il se retrouve enfin avec ses deux voleuses, devenues partenaires en crime. Il se couche enfin avec son ex-femme qui ne le reconnaît pas. (Encore une fois, pas montré, mais la narration est hilarante.)

Il se retrouve avec M. Charbonnier, lui-même devenu tricheur dans les casinos. Les deux font un partenariat, mais après un certain temps, le narrateur perd son argent et les deux se séparent.

Tout à la fin, la comtesse retourne à la table du narrateur. Elle a reconnu la montre. Avec ça, elle propose que les deux travaillent ensemble pour cambrioler un hôtel particulier. Je cacherai sa réponse. Allez voir ce film afin de la découvrir.

J’ai énormément profité du Roman d’un tricheur. L’histoire est drôle, il y a encore plus de rebondissements que ceux dont j’ai parlé, et M. Guitry a fait tout ce que l’on pouvait avec une caméra en 1936. C’était un film bien en avance de son temps, et toujours bon pour le nôtre !

Tout ce qui brille

En novembre, quand j’étais chez myPanier pour Vendredi noir, j’ai entendu une version de Chanson sur ma drôle de vie que je ne reconnaissais pas. L’appli Shazam m’a dit que c’était par deux femmes inconnues chez moi, Géraldine Nakache et Leila Bekhti. Si vous savez ce que cette chanson signifie pour moi — c’était LA bande-sonore de mon premier voyage en France — vous savez déjà que j’ai en savoir plus.

C’est ma plus grande faiblesse. J’adore vous écouter tous, et si je suis honnête, en particulier toutes, si vous me suivez. J’aimerais bien gifler ce con-là, le moi de novembre. Il m’a fait regarder le film d’où vient cet enregistrement, et c’est 2 heures de ma vie que j’ai bel et bien perdu.

« Mais Justin », vous me dites, « ça fait des mois depuis votre dernier colis de Paradis-sur-Terre. Comment avez-vous réussi à le regarder ? » Bonne question. J’ai un essai gratuit d’Amazon Prime en ce moment, alors ce film était compris. (J’ai une jolie stratégie. Je ne commande presque rien chez Amazon, alors à chaque fois où je le fais, ils m’offrent un essai gratuit.)

Alors, Tout ce qui brille. C’est le début en tant que réalisatrice de Géraldine Nakache, et après quelques recherches, il me semble qu’elle et Mme Bekhti sont les Deux Mousquetaires, ou si vous connaissez bien votre Disney, Mouseketeers. Elles jouent ensemble dans tout. Et franchement, ce film n’est pas la pire chose pour un début. Le grand problème, c’est que c’est La Boum à 20 ans, et ces comportements et angoisses ne sont plus mignons à cet âge. (J’ai aussi détesté La Boum, documentaire sur une vie dont j’ai été exclu.)

Notre histoire commence avec Ely (Nakache) et Lila (Bekhti) assises sur un banc où elles font des grimaces et parlent des personnes très à la mode :

Plus tard, elles essaient d’aller dans une boîte de nuit. Elles ne sont pas « sur la liste », mais elles réussissent à entrer par une autre porte. Ely est plutôt nerveuse, mais Lila est très confortable dans cet environnement et parle avec des gens — dont Maxx, avec qui elle échange des numéros.

À l’extérieur, elles sont agressées par un clochard, mais Ely l’assomme. Ça impressionne deux femmes, Agathe et Joan, qui leur offre un covoiturage pour rentrer

Ely et Lila mentent qu’elles habitent à Neuilly plutôt qu’avouer la vérité, Puteaux, pas loin (j’ai vérifié) mais apparemment beaucoup moins réputé. Elles doivent donc rentrer en marchant par la Grande Arche, et c’est ici où elles chantent « Drôle de vie » ensemble.

Mais une fois rentrée, Lila est frappée par une lettre de son père. Il est rentré au Maroc, il s’est remarié, et puisque sa vie d’avant est inconnue à sa nouvelle famille, il veut quitter définitivement sa fille. Le con. Ça fait descendre Lila dans une vie fantasmatique, ce qui ne comprend pas ses amis parce qu’elle cache la vérité.

On voit les vies quotidiennes des deux femmes. Ely a une petite sœur avec laquelle elle ne s’entend pas ; Lila a un copain, Éric, qu’elle évite de plus en plus :

Assises devant la Grande Arche, les deux font un escroc pour gagner de l’argent. Ils volent des t-shirts d’une association caritative à deux garçons, puis font semblant de collecter de l’argent pour l’association. C’est censé être drôle, mais elles ont commis plusieurs crimes !

Avec l’argent, elles achètent des chaussures chères dans une boutique, avec un plan pour les partager une nuit après l’autre.

Leur prochaine fête a lieu — ironiquement — dans un supermarché. Elles se retrouvent avec Maxx, Joan, et Agathe, et Lila s’en va avec Maxx. Ely est déçue.

Plus tard, elles sont invitées dans un resto par Joan et Agathe. Les deux font semblant qu’une amie, Carole, qui est mal habillée, est leur entraîneuse, pas leur amie, ce qui fait chier Carole. (Ne vous inquiétez pas, Carole est insupportable pour d’autres raisons.)

Éric affronte Lila, qui l’évite de plus en plus, mais elle ne s’explique pas :

Agathe et Joan surprennent les deux femmes en embauchant Carole en tant qu’entraîneuse. Mais Carole n’est toujours pas contente d’eux :

Finalement, Ely et Lila se battent car Maxx a quitté Lila, et Lila refuse d’avouer qu’elle ment sur tout à tout le monde :

Pour sa part, Ely est embauchée par Joan et Agathe en tant que baby-sitter de leur fils, ce qui est bizarre.

Ely loue enfin son propre appartement et quitte celui de sa famille. Lila la retrouve en train de déménager et essaye de se réconcilier avec Ely, mais Ely refuse de lui parler.

Lila, désespérée, ment à la propriétaire de la boutique de chaussures qu’elles avaient un rendez-vous. Mais impressionné par ses compétences de menteuse, elle embauche Lila en tant que vendeuse.

Pendant ce temps-là, Ely découvre la lettre du père de Lila (laissée dans un sac parmi ses affaires), et comprend enfin la vérité.

Maxx et sa copine viennent dans la boutique. Lila vend une paire de chaussures hyper-chères à la copine pour se venger de Maxx.

Ely cherche Lila, lui dit qu’elle sait tout, et les deux se réconcilient. Juste à temps pour recommencer de nouvelles aventures en boîte de nuit, n’ayant rien appris.

Au-delà de l’intrigue plein de gens superficiels, ce film a une bande-sonore remplie de musique extrêmement prétentieuse par un britannique avec le nom de scène The Streets. Si vous ne comprenez pas l’anglais, peut-être que ce gars ne vous dérangera pas autant que moi.

Ce film ne touche pas le fond des pires films français. Le troisième Visiteurs est vraiment hors comparaison, mais celui-ci ne fera même pas partie de mes pires 5. En même temps, il n’y a rien pour moi à recommander ici. Ely et Lila ne sont vraiment pas sympathiques, et elles s’entourent également avec des gens que je n’aime pas non plus. Et franchement, je m’identifie trop avec Éric, qui finit par être mal traité par Ely, non pas seulement Lila. Désolé. Mais ça fait maintenant 97 films français pour moi, alors le grand classement approche.

En corps

On revient vers les films avec En corps, sorti en 2022 et signé Cédric Klapisch. Je l’ai regardé ce soir grâce à l’OCA, qui l’a diffusé sur Zoom pour ses abonnés. C’est l’histoire d’une danseuse professionnelle. qui se blesse et ne sait pas si elle va pouvoir reprendre son chemin.

Je veux éviter trop divulgâcher, parce qu’il n’est pas sorti depuis longtemps. Mais en même temps, si vous avez jamais vu un film où un jeune dit que ses aînés ne le comprennent pas, ou un film romantique qui commence avec une trahison et finit quand le personnage principal trouve quelqu’un de nouveau qu’il aime encore mieux, vous avez déjà vu ce film.

Pour être clair, En corps n’est pas un mauvais film. Mais il compte trop sur certains éléments d’intrigue bien utilisés. En plus, l’actrice principale, Marion Barbeau, est une danseuse du premier rang, étant première danseuse de l’Opéra de Paris, mais c’est son premier rôle dans un film et son CV manque toute preuve de formation à cet égard. Elle a un très joli sourire, mais c’est souvent tout le profondeur de son personnage.

Commençons au début, qui commence au milieu d’un spectacle de ballet :

Notre héroïne, Élise, voit son copain embrasser une autre femme dans les couloirs, et on ne parle pas d’une bise. Heureusement pour elle, son costume comprend une voile, alors personne ne peut pas voir les larmes aux yeux :

Mais elle est bien distraite, et tombe par terre. Sa cheville est blessée :

Elle visite un médecin, qui n’a pas de bonnes nouvelles. Il faudra au moins 3 mois juste pour voir si son rétablissement sera même possible, et peut-être 1-2 ans pour reprendre son travail de danseuse de ballet. Ce médecin était peut-être le personnage le moins sympathique dans un tel rôle depuis Dr House (j’espère que vous aurez la référence).

Après, elle a plusieurs rencontres avec des amis, qui essayent de lui remonter le moral. Ça va hyper-mal. Au dîner en famille, elle demande à son père s’il le trouve bon, et il dit à plusieurs fois que « c’est pas mauvais ». Il est hyper-affectueux, on voit. Plus tard, j’ai trouvé ce portrait plutôt injuste.

J’ai eu un peu de mal à suivre exactement comment il s’est passé, mais elle part en Bretagne avec deux amis qui ont — désolé pour l’anglicisme, mais Google me l’a donné et mon dictionnaire n’a rien — un food truck. Leur destination est une résidence pour artistes. Je n’ai pas aimé ses amis, qui sont bien irresponsables. De toute façon, la résidence est gérée par Yoda Morgan Freeman Josiane, jouée par Muriel Robin, qui ne raconte aucune blague. Alors, exactement comme ses autres efforts. Vu les mots barrés, vous comprenez déjà son rôle.

Élise accepte un boulot en tant qu’assistante dans la cuisine, où elle regarde d’autres danseurs et musiciens en train de faire des répétitions :

Élise rencontre un groupe de danseurs modernes mené par Hofesh Schechter, chorégraphe dans la vraie vie qui joue lui-même. Il parle à Élise en anglais, et je vacille entre deux pensées sur ce point : soit 1) Marion Barbeau ne le comprend pas et ne sait pas réagir de façon appropriée, soit 2) elle comprend, mais le réalisateur ne lui a pas donné de bonnes instructions. C’était difficile pour moi de regarder leurs conversations. Hofesh l’encourage à essayer la danse moderne, qui n’a pas besoin de certains gestes qui restent difficiles pour Élise.

Elle tombe amoureuse de Mehdi, un danseur dans le troupe. Je n’ai pas du tout aimé cette partie. La relation, ben, c’était inévitable qu’elle allait rencontrer quelqu’un de nouveau. Mais je n’ai pas eu besoin de les regarder nus au lit pour faire l’amour plusieurs fois.

Il y a eu un moment extrêmement gênant où elle parle avec son kiné, et il s’avère qu’il est très déçu d’avoir raté son opportunité une fois qu’elle est célibataire. D’une part, c’est hyper pas professionnel de son côté. D’autre part, elle lui dit tout genre de chose qu’il ne faut pas dire à quelqu’un dans un tel rôle. Il est soit son thérapeute soit son ami. Faut pas mélanger les deux.

Élise revient à Paris et déjeune avec son père. Elle se plainte qu’il est trop froid et ne lui a jamais dit « je t’aime ». Mais on a déjà entendu que sa mère est mort depuis sa jeunesse. Alors, qui la conduisait à toutes ses leçons et était responsable de l’élever, hein ? Si vous m’avez lu avant, vous savez que je suis hyper-sensible sur ce point.

Je coupe le synopsis ici afin de ne pas tout divulgâcher, mais honnêtement, vous pouvez deviner la fin sans difficulté. Si vous n’avez pas mes idées fixes, vous allez probablement profiter d’En corps. Mais pour ma part, une fois suffit.

J’accuse !

Je sais, avec un tel gros-titre, vous vous attendez à une nouvelle comme « L’ex de Justin essaye encore une fois de le mettre en prison ». (J’ai ma fille la moitié du temps ; s’il y avait la moindre chose contre moi, ce ne serait pas le cas. C’était quand même anciennement un de ses loisirs.) Mais non, ce blog reste sur la France, alors cette fois je parle du film de Roman Polanski, ce que j’ai vu ce soir avec l’OCA.

J’accuse par Émile Zola, Domaine public

Oui, ça fait six mois depuis la dernière fois. Et l’autre personne avait « RSVP’d » oui, mais n’a pas assisté à la séance. (RSVP est un mot anglais, une abréviation d’une phrase difficile à traduire en français, « Répondez s’il vous plaît ». Je sais, l’anglais est une peine.) Ce n’est pas mon vœu qu’elle se sente gênée, mais je m’attendais à un moment pénible, et rien de la sorte ne s’est passé. Alors, on passe au film.

On commence avec une scène bien connue. Après avoir été condamné, le capitaine Dreyfus a subi une dégradation militaire. La photographie est excellente, et la scène émouvante, parce que l’on sait déjà que c’est un escroc. Dreyfus crie, comme il est bien attesté, « On dégrade un innocent ! Vive la France ! Vive l’armée ! » On ne va pas voir beaucoup plus de Dreyfus lui-même ; ce film est plutôt l’histoire du lieutenant-colonel Picquart.

On passe donc vite à la présentation de Picquart dans le Bureau des Statistiques. Il découvre vite qu’un certain Esterhazy est espion pour les Allemands, et a probablement fait toutes les choses pour lesquelles Dreyfus a été condamné. Tout ça, c’est de l’histoire. Mais à partir d’ici, on passe à la fiction.

Il n’y a pas de question que le colonel Henry a produit de faux documents pour faire incriminer à Dreyfus. Mais je ne suis pas au courant d’épreuves que Picquart avait une liaison avec la femme du ministre de Guerre. Ce qui s’est passé en réalité, c’est que l’on lui a donné une poste en Tunisie pour lui faire se taire. C’est vrai que ça a marché ; il n’a rien fait lors de son séjour en Tunisie. Dans le film, il devient de plus en plus angoissé, mais continue de lutter. Ce n’est pas à dire que Picquart n’était pas un héros.

C’est vrai à la fin que Picquart a réçu ses promotions rétroactives mais Dreyfus pas. Mais encore une fois, je ne connais aucune preuve que Picquart lui-même a eu une réunion avec Dreyfus pour les lui nier personnellement. C’est vrai que les deux ont fini en rupture, mais je crois que cette scène est de la fiction. Si on me donne le titre d’une référence qui dit autrement, je le lirai avec plaisir.

Mais le vrai but du film, c’est les petits pogroms. Quand Zola — personnage mineur dans ce film — publie « J’accuse », on regarde des graffitis qui disent « Mort aux juifs » et un joli feu pour brûler le journal ainsi que ses livres. C’est une scène qui rappelle la Nuit de Cristal — et ça nous mène à ma plus grande question, si le film est vraiment le « Je m’excuse » de Polanski.

Il y a de nombreuses scènes dans un tribunal. Encore et encore, des officiers saupoudrent leurs témoignages avec « juif » et « juiverie internationale ». Pourtant, il saute complètement par-dessus de la réhabilitation de Dreyfus — ça ne reçoit qu’un gros-titre sur l’écran. Il me semblait que le message était juste « tous les procès sont injustes et antisémites en plus ». Et là, je ne le suis pas. Non, M. Polanski, il était finalement un procès juste, et ils ne sont pas tous des escrocs. Cette analyse n’est pas unique à moi — vous en trouverez beaucoup dans l’article de Wikipédia sur le film.

Puis-je le recommander ? Oui. La photographie est un chef-d’œuvre et les acteurs sont tous capables. En tant que film, il y a beaucoup à recommander. Mais on va parler la semaine prochaine d’un meurtrier que je connais personnellement (je ne plaisante pas), et je dois vous dire : je reconnais des paroles intéressées quand je les entends.

Mystère à Saint-Tropez

Je viens de regarder un des meilleurs films de ce blog (mais crois-moi, la concurrence est rude parmi mes meilleurs 70 films), et je n’ai qu’une question :

Pourquoi est-ce que personne ne m’a recommandé « Mystère à Saint-Tropez » ?

Je n’ai vraiment pas envie de films romantiques, alors j’ai mis mes copies d’Amélie Poulain et Un Homme et une femme à côté et recherché sur iTunes. C’est où j’ai trouvé un film avec Christian Clavier et Thierry Lhermitte — uh-oh (disons que M. Clavier joue dans les 3 films au fond de mon classement, et M. Lhermitte est dans pas mal de mes navets) — mais aussi une distribution largement inconnue chez moi : Benoît Poelvoorde, Rossy de Palma, Virginie Hocq, Jérôme Commandeur et d’autres. Gérard Depardieu y joue, et je sais qu’il est devenu…controversé (et il le mérite)…mais son rôle n’est pas trop grand. Mais si on le met à côté, je trouve celui-ci tout ce qui peut aller chez Christian Clavier, et un film extrêmement drôle.

On penserait que c’est le début d’une série, car le film est sous-titré « Une enquête de l’inspecteur Boulin (joué par M. Clavier). Mais on commence en 1970 chez le baron Tranchant (Poelvoorde), où on coupe les freins d’une voiture pendant la nuit. Le matin, un ami emprunte la voiture au baron et a un accident.

Le baron est l’ami d’un nouveau Secrétaire d’État à l’économie, un M. Chirac. Chirac fait appel au commissaire Lefranc (Depardieu) pour exiger son meilleur inspecteur. Lefranc n’est pas heureux de prendre l’appel :

Lefranc : C’est qui ce connard ?

Jacques Chirac : C’est Chirac à l’appareil.

Je vous laisse à deviner l’avis du réalisateur.

Lefranc doit se contenter de l’inspecteur Boulin, parce que personne d’autre n’est disponible. Boulin est si malin, il met sa pipe toujours allumée dans la poche :

Le baron récupère Boulin à la gare de Saint-Tropez. En plus de sa dextérité, les impropriétés de langage de Boulin sont à couper le souffle, et le baron doit lui expliquer que l’on ne prononce pas le « z » dans Saint-Tropez.

Boulin se déguise en tant que majordome pour faire son enquête, mais il n’arrive qu’à énerver tout le personnel du baron. En particulier le chef-cuisinier Cyril (Commandeur) s’en veut de Boulin pour gâcher ses repas :

Il s’avère que presque tous les invités du baron sont douteux — plusieurs ont des affaires l’un avec l’autre, d’autres ont besoin d’argent, etc. Tout le monde peut avoir une raison pour faire un attentat contre le baron ou sa femme. Boulin entend tout ça, mais rate ses opportunités, dont celle-ci, où il voit le méchant en train de bloquer la porte d’un hammam, mais ne le remarque pas :

Il y a une fête « pirate » sur la plage, un hommage aux films Gendarme de Saint-Tropez. Les vrais gendarmes arrivent au début pour aider à Boulin, mais il les ordonne d’arrêter :

Quand la fête commence, des musiciens jouent une chanson familière — mais elle manque de Geneviève Grad :

Le méchant met du hashish dans la pipe de Boulin pour le rendre inutile. Bon, encore plus inutile. De toute façon, il fait de nombreuses boulettes pendant la fête. Le lendemain, il essaye de l’expliquer au baron, qui insiste qu’il n’y a que du tabac dans la pipe — mais finit par être drogué lui-même :

Lefranc est ordonné par M. Chirac de prendre l’affaire en charge, et il arrive. Mais on tire lui dessus avec un arc et il ne peut plus mener l’enquête :

Mais avant de quitter la maison, Lefranc fait une comparaison entre Boulin et l’inspecteur Columbo. Boulin décide donc d’essayer de révéler le méchant dans une séance exactement comme la série.

Ça ne marche pas, mais tout comme les films « Y a-t-il un flic » avec Leslie Nielsen, Boulin arrive à résoudre le crime complètement par hasard. Il fête son succès avec une pique-nique grâce à son chef, Lefranc.

J’ai caché beaucoup de détails cette fois, car ce film n’a que 2 ans, et peut-être que vous ne l’avez pas vu. Mais quand Clavier ne joue pas un Jacquoille qui prend trop la parole, il peut être une bonne vedette, et ici, la distribution d’ensemble est forte. Personne ne m’a dit de regarder ce film, mais je vous le recommande avec enthousiasme.

Les Tribulations d’un Chinois en Chine

Ce soir, je n’étais vraiment pas dans le bon humeur pour regarder un film romantique ou triste. Je me suis dit, « Que je n’aie pas épuisé le stock de films de Belmondo ! Et non pas ceux signés Godard ! » Je me suis rendu sur iTunes, où j’ai trouvé exactement ce dont j’avais besoin. Et vu que personne ne m’a jamais parlé de ce film, vous aussi.

Notre film du jour (mon soir) est « Les Tribulations d’un Chinois en Chine », d’après un roman du même nom par Jules Verne. Mais pour être honnête, c’est plus « inspiré » qu’adapté du roman. C’est signé Philippe de Broca, le réalisateur de L’Homme de Rio, L’Incorrigible, et Le Magnifique — c’est-à-dire, presque tous mes films préférés de Belmondo. (Peur sur la ville est à Henri Verneuil, et Flic ou Voyou, Georges Lautner.) On sait de telles choses quand c’est son 93e film français en 3 ans. Ce film est un peu plus d’une parodie de films d’aventure — plus Le Magnifique que L’Homme de Rio — mais ce n’est pas une plainte. Il y a des fois où on a besoin de rire.

Notre distribution est exceptionnel. En plus de Belmondo, Ursula Andress joue la femme fatale, Paul Préboist est là en tant qu’un garde de corps idiote, ainsi que Mario David. Darry Cowl a un petit rôle en tant qu’avocat, et Jess Hahn, qui nous avons récemment rencontré dans Les Barbouzes, joue dans un second rôle en tant que le futur beau-père de Belmondo.

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