Archives pour la catégorie La Grande Fête du Tour

L’humour du blog

Je considère que la capacité de faire rire les autres — exprès, pas en trébuchant sur une peau de banane — est le meilleur signe que l’on a maîtrisé une langue. Ça exige une connaissance des références, des jeux de mots, des habitudes différentes — il y a des blagues qui ne se traduisent pas du tout — et franchement, tout le monde n’en est pas capable même dans sa langue natale.

Je sais ce que je suis en anglais. On dit « Ne quittez pas le boulot » à des gens qui racontent des blagues de ma façon.

Cependant, j’ai découvert que le sens de l’humour français était presque exactement le mien. Ici, je sélectionne ce que je considère le meilleur humour du blog, et presque rien n’est drôle une fois traduit en anglais.

Couverture du magazine Le Rire du 24 septembre 1898
Couverture du magazine Le Rire, Dessin par Charles Lucien Léandre, Domaine public

J’ai découvert assez vite une certaine joie en jouant avec les expressions :

Mon seul changement, c’est qu’aujourd’hui, je n’avais vraiment pas envie d’oignons, alors j’ai utilisé un demi-oignon au lieu de ses deux. Vous pouvez vous occuper de vos propres oignons. Comme souvent, je le sers avec le meilleur accompagnement au monde entier, le riz de Camargue. Elle recommande plutôt du riz blanc. Vous pouvez vous occuper de votre propre riz en plus.

Mon dîner lot-et-garonnais

J’aime aussi jouer avec la langue :

Mais quand j’ai remarqué à la fin que ma poubelle vient d’être remplie, il m’est arrivé dans l’esprit de l’appeler « une poubelletaine de déchets ». Voilà, vous le comprenez déjà, j’en suis sûr. Et si je vous disais qu’une autre a donné « une demi-poubelletaine » ?

J’invente

Je suis sincèrement un passionné du nougat de Montélimar. Mais la fois où je vous ai dit que je suis parti en France juste pour en acheter est devenu l’un des blagues récurrentes du blog, au point où tout le monde était prêt à croire que j’allais à Paris juste pour un week-end. Honnêtement, le voyage fou est l’histoire signature du blog, et la première que je raconte à chaque fois à de nouvelles connaissances francophones.

Bien sûr, une fois sur place, j’ai dû faire une blague 100 % française : « Après moi, la pénurie de nougat. » Au fait, on cite Louis XV en français à cet égard, en anglais (lien en anglais).

Étant un m’as-tu-vu horrifiant, j’aime faire des références à la musique. Parfois, on les trouve dans mes recettes :

Étaler la pâte brisée et la mettre dans un moule à tarte. Piquer le fond avec une fourchette. La mienne, elle est belle, hein ? Je l’ai entendue chanter à cette étape, « Ce soir je serai la plus belle pour aller m’enfourner ».

Mon dîner tarn-et-garonnais

D’autres fois, c’est juste pour exprimer le même amour que j’ai pour les rappeurs partout au monde :

Comme aurait dû dire Térence, j’estime que rien de français ne m’est étranger. Sauf les escargots. Et Jul.

Le Projet 30 Ans de Taratata

Et en parlant de l’amour, je suis mon plus grand cible :

La Fille a eu le droit à en goûter un hier soir, avant de quitter la maison pour la semaine. Quant au reste, je dois le partager avec moi-même car personne ne veut ce rôle. ([On dirait plutôt qu’il est Sans-Valentin ! HAHAHA, je me tue ! — Mon ex])

Les macarons Saint-Valentin, grand format

Sérieusement, je me cible :

C’est bon d’être mon ami, comme Le Parrain mais avec moins de meurtres.

La soirée tarot

Mais je plaisante aussi sur ceux qui suivent des relation amoureuses aux États-Unis. J’espère que les petits amis valent la peine, car les voisins, le fromage et les croissants ne sont pas à la hauteur !

Mais qu’est-ce qui arrive si un jour, on vous cogne avec une jolie poêle sur la tête, et en vous réveillant, vous pensez « Je sais ! J’aimerais m’expatrier au Connardistan soviétique ! » Ça arrive plus souvent que prévu. (J’écoute parfois des podcasts sur ce sujet ; vous seriez surpris. Une alliance est également efficace qu’une poêle.)

Mon guide à regarder la télé

Je me débrouille au Connardistan soviétique en donnant de faux noms en français à des endroits locaux. Les deux les plus communs ont vu le jour ici :

Alors, mon ex habite dans le village d’Anguille-sous-Roche, à côté de mon Elbe-en-Irvine.

Finalement, la suite

Je dois aussi noter que La Fille est l’autrice de certaines des meilleures répliques :

M : Tu vas aimer le mot « on ». Ça veut dire « nous », mais aussi « quelqu’un ».
F : C’est vrai ? Bon, « on » m’énerve en ce moment. Sais-tu qui il est ?
M : Aucune idée.
F : Le soi-disant prof de français qui vient de m’expliquer ce qui veut dire « on » !

Des dialogues avec ma fille

Mais peut-être la chose dont je suis le plus fier, c’est les petits trucs en aparté qui montrent que rien ne m’empêchera :

la France a les bras ouverts, et le RER fermé, également à tous ceux qui acceptent ses valeurs.

Le chien qui n’a pas aboyé
Portrait de Molière par Nicolas Mignard

Mes expressions préférées

Afin de garder mon horaire, on saute la balado cette semaine.

On se lance maintenant dans la semaine des souvenirs, les choses qui ont largement amélioré ma vie. Il n’est pas le cas que tout ce qui suit vienne directement du Tour. Certaines choses viennent de Langue de Molière, certaines de mes voyages, certaines de mes connaissances avant le blog. Mais la fin du Tour est aussi un peu le bilan du blog jusqu’à maintenant. On commence donc par les pépites de ce qui passe pour mon style ; on dirait que ce sont les Molières du blog.

Molière par Nicolas Mignard, 1658, Domaine public

Il me semble que les deux expressions que je garde le plus longtemps, je les dois au groupe Génération 80s. Là, il faut commencer avec « Tu as poussé le bouchon trop loin, Maurice », car je sais à quel point c’est bizarre de l’entendre d’un américain. J’ai profité de la donner à M. Descarottes pour sa première apparition sur le blog (l’expression, pas le patron), mais après, on la trouve en parlant de Jean-Louis Aubert et ailleurs. J’adore aussi « C’est pas Versailles ici », et il y a une centaine de versions parsemées au fil du blog — l’originale en parlant de moi ainsi que de la Pennsylvanie, M. Descarottes s’est plaint que c’est pas la FNAC ici, « c’est pas les Alpes ici » en remarquant que le point le plus haut de la Mayenne ne fait que 417 mètres, ou bien « c’est pas Strasbourg ici » en parlant de notre petit marché de Noël.

Et bien sûr, en écrivant sur les Yvelines, « C’est, en fait, Versailles ici. » 3 ans d’attentes pour ça.

Je dis souvent « Here we are » en anglais, non pas pour dire « nous sommes ici », sa traduction littérale, mais pour dire « Et c’est comment nous sommes arrivés à ce point » à la fin d’expliquer quelque chose. Dès que j’ai découvert que la traduction officielle de « La Fayette, we are here! » était « La Fayette, nous voilà ! », j’ai adopté « nous voilà » pour le même but en français. Je me demande s’il y en a d’entre vous qui ont déjà reconnu la signification personnelle.

Je dois une dette inestimable au blog Jours d’humeur pour plusieurs choses que je dis tout le temps. En le lisant pour la première fois, je me suis dit « Vous allez apprendre plus de style de ce monsieur que n’importe qui. » Mes fautes restent à moi, mais à chaque fois où on voit « Non, mais sérieusement » ou « Sauf que » en tant que phrase entière, c’est chez lui où j’ai appris à écrire de telles choses. Par contre, ce blog cherche toujours son premier bretonisme, alors je ne suis pas complètement un plagiaire. Dit autrement, c’est pas Harvard ici non plus. (La presse française a gravement raté cette nouvelle, au fait — peut-être que l’on en parlera plus, plus tard.)

Une de mes choses préférées, c’est qu’en français, je peux écrire « oh là là » en tant que réaction toute la journée, et personne ne me dérangera. L’expression est connue en anglais, mais tout le monde vous considèrera soit prétentieux soit mou si vous l’utilisez. Oh là là, mais j’apprécie la liberté de dire ça ici.

Je vous ai dit il y a 2 ans que je dis « la vache ! » tous les jours. Pour vous, c’est normal. Mais si vous auriez pu voir les réactions du groupe la première fois où je l’ai sorti pendant une soirée de tarot…

Quand j’ai commencé tout ça, je ne comprenais pas que le duo de Guy Grosso et Michel Modo faisait une blague avec leurs noms de scène. Une fois compris, je l’ai adopté, mais apparemment moins que ce que je croyais. Google me dit que celle-ci a apparu dans 3 % des articles, grosso modo.

Je ne peux pas terminer un article sur les expressions du blog sans mentionner « à ne pas confondre ». On dit exactement « not to be confused » en anglais, sa traduction exacte, et je le dis plus que n’importe qui. Les archives me disent que je l’ai découvert vers la fin de 2021. Mais ça n’apparaît que pour une blague très particulière. Deux exemples :

Montpellier, à ne pas confondre avec la ville américaine de Montpelier.

Je découvre l’Hérault

D’Argentan, on tourne un peu au sud-est pour Sées, à ne pas confondre avec See’s, le chocolatier californien célèbre.

Je découvre l’Orne

À chaque fois où je dis ça, il n’y a guère de chance que vous ayez la référence américaine. Il y a des limites avec ce genre d’humour. C’est pas le Montreux Comedy ici, n’est-ce pas ?

Les macarons « Coup de Foudre »

On finit la semaine de leçons apprises pendant le Tour avec une déclaration en forme de recette de tout ce que j’ai appris. Je pense à cette idée depuis des mois, une façon de réunir tout ce que j’aime en France. Voici les macarons « Coup de Foudre ».

Haute résolution en cliquant

On a beaucoup à discuter. Allons les préparer !

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Les sites de tourisme

Le Tour n’aurait jamais existé sans les nombreux sites de tourisme en ligne. J’ai commencé avec Wikipédia comme seule ressource pour faire des recherches, mais le temps que l’on soit arrivé dans les Alpes-de-Haute-Provence, je comptais déjà sur l’aide des sites de tourisme officiels. Ceci ne sera probablement pas la partie la plus passionnante de la Grande Fête du Tour, mais je veux que vous compreniez ce qui voit quelqu’un qui recherche le pays.

Comme vous pouvez imaginer, les destinations avec les plus grands budgets ont typiquement les sites les plus approfondis. « Paris je t’aime » ne manque de rien — on peut faire des recherches par quartier, par saison, même par intérêts. Si on ne peut pas trouver ce dont on a envie, c’est sa faute. Mais en fait, il n’y a même pas un seul lien vers ce site dans « Je découvre Paris », car je savais déjà presque tout ce dont j’avais besoin. C’est l’un de très peu départements où les photos sont à moi, après tout ! Si on visite…euh… Visiter Lyon, tout est aussi très bien organisé et facile à trouver.

Or, on peut être très agréablement surpris par les autres. Je sais depuis le tout premier quart du Tout que je voulais écrire cet article afin de vous montrer deux choses en particulier. Les palmarès du meilleur site de tourisme pour toute la France sont à Berry Province, le site qui regroupe le Cher et l’Indre. Et en le revisitant pour vous écrire aujourd’hui, je suis encore plus étonné !

Ils ont un site très bien organisé, comme avant — une liste des incontournables, des sites patrimoniaux regroupés par genre, une belle liste de recettes locales — mais aussi quelque chose jamais vu nulle part ailleurs pendant le Tour : des photos libre de droit. Quand j’ai écrit les deux « Je découvre » — Cher et Indre — je pouvais utiliser leurs photos en simplement écrivant « ©️ Berry Province, Droits réservés ». C’était là dans les mentions légales à l’époque. Maintenant, ils ont un espace dédié pour aider les gens comme moi qui veulent juste les mettre en vedette, avec encore plus de ressources pour les vrais pros. Je suis bouche bée.

Sérieusement, vous n’avez aucune idée des difficultés de faire des recherches pour les photos du blog. Quand je suis chanceux, certains passionnés de la France auront laissé des photos sur Wikimedia Commons. (Quand je suis vraiment chanceux, ce sont mes photos personnelles.) D’autres fois, je dois rater l’opportunité de vous montrer de telles choses que les maillots des champions du Tour de France dans Notre-Dame des Cyclistes, car il n’y a aucune photo libre.

Puis il y a des sites tels que Visit Corsica. Je ne dirai pas que c’est le pire, car il y a plein d’infos. Mais bonne chance à les trouver ! Voici pourquoi :

C’est une liste de 480 sites patrimoniaux, mais pas organisée du tout ! Et vu qu’il y a deux départements sur l’île, j’ai passé de bons moments en recherchant quels sites allaient avec quel département. Ravi que ce soit terminé pour le moment.

J’aimerais offrir une mention spéciale aux sites du Loir-et-Cher, de la Loire, du Lot-et-Garonne, de la Haute-Saône, de la Guadeloupe, et de la Mayotte pour un trait utile — ils divisent leurs départements en plus petites régions, puis parle de chacune en détail. Ça rendait ma tâche beaucoup plus facile.

On espère à chaque fois que les autochtones auront quelque chose à dire sur leur cuisine. À cet égard, la meilleure ressource de toute la France est sans doute le livre de recettes niçoises offert gratuitement en ligne par Nice-Côte-d’Azur Tourisme. Il y a une quarantaine de recettes détaillées là-dedans, avec de la photographie à haut niveau. Je payerais 30 $ pour un tel livre imprimé ; pourtant, c’est gratuit.

Parfois, on trouve des départements qui sont riches en produits locaux mais… c’est moins le cas quant aux traditions culinaires. Les meilleurs, tels que le Gard, la Sarthe, ou la Vendée, ont des producteurs qui proposent des idées de que faire avec leurs produits, même si ça veut dire un colombo gardois. Au pire, il y a les départements de la « Petite Couronne », où j’ai dû chercher les cartes des restos du département pour trouver des choses servies là, car les sites départementaux ne proposaient que de bonnes adresses.

J’espère que je vous ai donné un bon goût de l’expérience d’écrire le Tour. L’année dernière, je vous ai raconté un cauchemar que j’ai vraiment fait, et maintenant vous savez de quoi je parlais !

Les ingrédients miraculeux

Tout au début du blog, j’ai raconté l’histoire de pourquoi j’ai décidé de cuisiner autant. Tout est parti d’un exercice de Duolingo, où j’ai dû répéter encore et encore « Vous allez aimer mon gâteau au yaourt ». Après assez de fois, j’ai dû en savoir plus. Alors j’ai recherché des recettes (en anglais, mais par une Française), et voilà. La première recette de l’aventure (en mai 2020, bien avant le blog) :

Gâteau au yaourt

Ça m’a rendu curieux d’autre chose. Pour le faire, j’ai dû acheter un yaourt à la française. Le seul truc comme ça sur nos étagères s’appelle Yoplait Oui :

Pot de yaourt Yoplait

Ça coûte par rapport au Yoplait « ordinaire » : 1,80 $ le pot au lieu de 0,90 $. Et honnêtement, je ne savais pas avant qu’il y avait une différence (même si leur slogan aux États-Unis était « vive la différence »). Mais je vous dirai très franchement : si la meilleure chose que j’ai jamais fait de la vie à ce point était la tarte au citron du grand chef Thomas Keller, le gâteau au yaourt m’a rendu 90 % aussi heureux contre 5 % de l’effort. J’ai écrit (en partie) à mes amis anglophones :

Je comprends facilement pourquoi c’est apparemment le goûter le plus populaire pour les enfants français, et pourquoi mon groupe des années 80 en parle aussi. Il me faudra goûter le yaourt nature, vu qu’il est apparemment un ingrédient miraculeux,

J’espère que de vrais Français approuveront.

Mais il me manquait quelque chose. La recette a besoin de levure chimique. Celle que l’on utilise aux États-Unis est moins puissante que celle d’Alsa. Au moins, c’était ce que j’ai lu en ligne. Un mois plus tard, j’ai vu la vidéo qui changerait tout :

Capture d'écran du Napolitain de Cook&Record
Source

Oui, c’est le gâteau Napolitain de Laurène Lefèvre. Je l’ai essayé tout de suite avec notre levure chimique. Deux semaines plus tard, 16 sachets de levure chimique ainsi que du sucre vanillé Alsa sont arrivés chez moi grâce à Amazon :

Photo de levure et sucre vanillé d'Alsa

La différence quand on utilise la bonne levure, c’est incroyable. Je garde maintenant un important stock de ces petits sachets roses. (Pour un avis opposé, consultez ce post chez Jours d’humeur.) Au fait, j’ai quitté le sucre vanillé Alsa pour un produit artisanal hawaïen.

Une fois lancé dans le Tour, je continuais de trouver tout genre d’ingrédients miraculeux. À partir du tout premier dîner, pour l’Ain, je suis tombé amoureux du Comté, jamais goûté jusqu’à mes 44 ans. On le trouve aussi dans mon dîner jurassien et mon dîner saône-et-loirien. Après le manchego espagnol, c’est désormais mon fromage préféré.

Fromage Comté

Après avoir écrit sur la confiture la plus chère du monde, j’ai reçu un commentaire de mon lecteur Bernard, qui m’a conseillé la crème de marrons. J’en ai acheté juste à temps pour mon dîner ardéchois, et j’en ai tant profité qu’elle faisait aussi partie de ma première bûche de Noël.

Poche de crème de marrons

Puis j’ai acheté de la fleur de sel chez Surfas (en bas à gauche dans la photo). Elle restait dans le placard pendant des mois jusqu’au moment où je l’ai sorti pour mon dîner finistérien. Si vous lisez la fin de cet article, c’était encore une fois le coup de foudre ! On la trouve partout après ce dîner.

Panier de produits français dont la fleur de sel

Vous remarquerez dans le même panier du beurre de Charentes-Poitou, de la marque Sèvre et Belle. Je l’ai acheté pour faire de la pâte feuilletée levée pour des pains au chocolat, pas le Tour, mais c’était l’une des meilleurs choses de mon 2021. Après, cette marque a été retirée des marchés californiens (je payais 7 $ le paquet), et pour autant que j’aime l’Échiré, je refuse de payer 12 $ le 250 grammes de beurre. Même le beurre d’Isigny coûte 10 $ pour la même quantité. J’ai dit au revoir au beurre français jusqu’en 2029.

Dans le Gard, j’ai fait la découverte la plus importante du blog en tant que diabétique. Je suis allé chez myPanier pour chercher quelque chose de gardois, et j’y ai trouvé le riz de Camargue. Je l’aime presqu’autant que le riz blanc, mais je peux le manger sans m’inquiéter de mon taux de glycémie — un miracle. Le riz de Camargue a apparu une douzaine de fois sur ce blog, à partir du Gard, jusqu’au Territoire de Belfort, en passant par les Deux-Sèvres et la Loire-Atlantique, parmi d’autres.

Riz de Camargue

Notre prochain ingrédient miraculeux est arrivé dans les Pyrénées-Atlantiques, le piment d’Espelette. La magie derrière le thon à la basquaise, notre gagnant de meilleur poisson du troisième quart, ce piment a fait partie de 5 dîners, dont ceux des Haute-Pyrénées et du Vaucluse. Je connais toute une gamme de piments mexicains, mais rien n’égale le piment d’Espelette.

Piment d'Espelette et fromage Ossau-Iraty

Il y a d’autres ingrédients que j’ai dû acheter seulement pour une recette ou autre — les biscuits roses de Reims pour mon dîner marnais, les pralines roses pour mes dîners savoyard et rhodanien, le Roquefort pour le Val-de-Marne, les lentilles du Puy pour la Haute-Loire. Mais ceux-ci ne font pas partie de ma vie quotidienne ; je ne les utilise pas au-delà du blog.

N’oublions pas que tout à la fin, j’ai découvert votre secret le mieux caché, la poudre à colombo de mes dîners guadeloupéen et martiniquais. On peut la fabriquer à la maison, et j’ai dû faire ça, mais l’expérience était inoubliable.

Poudre à colombo maison

Les ingrédients miraculeux ont changé ma vie de façon où je ne peux plus vivre sans.

Vos défauts et les miens

Il y a 3 ans, pour le premier anniversaire du blog, j’ai écrit :

Vos défauts sont les mêmes que les miens. Je vous adore également pour eux comme pour les sujets du blog — le patrimoine, la cuisine, la culture.

Bon anniversaire au blog

C’était l’observation d’un an et demi d’expériences. Après 4 ans et demi, je suis plus convaincu que jamais de ça (avec une exception importante), et je crois sincèrement que c’est pourquoi on s’entend si bien. Bien sûr, on dit aussi que les opposés s’attirent, mais il me semble que c’est plus important de supporter les défauts qu’autre chose. En revanche, ça vaut mieux de prendre en compte les conseils des moines que les miens en ce qui concerne les relations. Mais supposons que je ne suis pas complètement fou pour l’instant.

« Verre brisé », dessert hawaïen, Photo par Jennifer Hasegawa, Domaine public

Commençons avec une citation de Sylvain Tesson, dernièrement vue ici après mon premier voyage en France :

La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer.

Sylvain Tesson

Vous ne devinerez jamais où j’ai trouvé celle-là, alors je vous le dirai. C’était dans un article de The Wall Street Journal (payant et en anglais, double peine) publié en 2020 en plein Covid, intitulé, « Coincés à la maison à cause du Covid, les Français découvrent la France ». L’auteur étant nommé Benoît Morenne, j’imagine qu’il savait de quoi il parlait. Son sujet, c’était qu’à cause du confinement, pas mal de Français voyageaient ailleurs dans l’Hexagone, un endroit où ils ne prenaient jamais leurs vacances. Mais selon lui, cette situation, comment est-elle arrivée ?

C’est pour ça qu’il a cité M. Tesson, pour évoquer deux tendances qu’il voyait dans l’esprit français, un certain pessimisme et une tendance râleur, qui donnaient une tentation d’aller ailleurs. Pour ma part, je suis râleur, je le sais depuis longtemps, et je l’assume. Mais j’ai dit avant, et je vais le répéter ici :

Vous êtes nuls en tant que râleurs. J’entends tout le temps que les Français sont de gros râleurs, mais quand je lis vos commentaires et vos blogs, je ne le vois presque pas du tout. Oui, c’est facile à trouver sur les réseaux sociaux, mais râler est la monnaie du royaume chez eux, peu importe la langue.

Les 1000 Coups de Foudre

Ce que je dirais plutôt, c’est que (presque) personne n’est un râleur en soi, mais (encore presque) tout le monde est convaincu que le reste du pays sont des râleurs insupportables. Ça vient, je crois, du pessimisme, mais même cette tendance sert à quelque chose.

On dit en anglais, « N’attends rien, et tu ne seras jamais déçu. » En France, on parle du Système D, et non pas seulement en tant qu’album des Rita Mitsouko. On s’attend à ce que tout le monde sache comment se débrouiller face à des problèmes inattendus. Il n’y a pas d’expression équivalente en anglais, sauf peut-être chez le Corps des Marines, qui a inventé le mot « snafu », des initiales de « situation normal, all f’d up » — c’est-à-dire « situation normale, tout est foutu ». Mais l’attitude américaine en général est plus optimiste, que tout ira bien, au point d’irrationalité. Un Français s’attend plutôt à des grèves, un métro en panne, quoi que ce soit — et ne panique pas en conséquence.

En parlant des grèves, les Français les font beaucoup plus souvent que chez moi, mais même là, je vois quelque chose de plus positif. Il y a un site web, cestlagreve.fr, qui signale toutes les grèves à venir. Même quand vous faites la grève, vous pensez à prévenir vos concitoyens de chercher des alternatifs. Chez moi, c’est plutôt, « Haha, nous les débardeurs allons simplement détruire l’économie si vous ne nous donnez pas une augmentation de 50 % et une promesse de ne jamais utiliser de la technologie aux ports. » Quand on fait la grève chez moi, c’est toujours en se comportant comme Le Parrain, sans les cannolis.

Vous êtes des perfectionnistes de façon inconnue pour la plupart des américains. Moi, je suis comme ça, raison pour laquelle je n’accepte jamais « Mais au moins le goût est bon ». Quand on entre dans une pâtisserie française, même de qualité moyenne, tout a l’air professionnel. C’est inacceptable de faire moins dans un pays qui a des concours de meilleur ouvrier même pour les installeurs sanitaires. (Ça doit être mon renseignement préféré sur le pays.) C’est pourquoi beaucoup de choses arrivent plutôt lentement en France. Encore une fois, j’entends des choses très différentes des lecteurs — vous dites souvent des choses très gentilles sur des plats que je considère plutôt moyen en ce qui concerne l’aspect (toux, toux, toux).

Cependant, le défaut que l’on ne partage pas, c’est qu’il n’y a personne qui me gronde plus que moi-même, et que j’exprime ça parfois souvent quand je ne devrais pas le faire. Pourtant, des centaines de Français ne sont qu’accueillants envers moi, et si j’ai un vertu, c’est que je n’oublie jamais la moindre gentillesse. Vous allez voir ça en majuscule pendant les deux dernières semaines de la Grande Fête du Tour, et pour ça, je vous remercie.

Trop maison

En 2015, Andy George, un réalisateur américain, a conçu un documentaire sur ce qu’il fallait faire pour réaliser un sandwich de poulet de zéro. Je ne veux pas dire qu’il a simplement fabriqué son propre pain et mayonnaise. Je veux dire qu’il a planté un jardin, tué un poulet, trait le lait d’une vache et fait son propre fromage, même volé vers la Côte Est des États-Unis pour trouver de l’eau de l’océan et la faire bouillir afin d’extraire du sel. Un clip de 3 minutes est devenu viral et il est désormais réalisateur de toute une série de vidéos dites « How to Make Everything » (Comment faire tout). Pas besoin de parler anglais pour suivre son parcours :

Il lui a fallu 6 mois et 1500 $ pour tout réaliser et si vous regardez sa réaction vers la fin, le sandwich est moins qu’une réussite. Dans d’autres clips, il s’avère que le pain est vraiment trop dur, la qualité des légumes est très moyenne, et quant au sel…c’est pas Guérande ici.

Mais il y a à plusieurs façons de penser à ce projet. Si on dit, « Le sandwich n’est même pas digne d’un Bib Gourmand ; c’est donc un échec », on rate la diversité de compétences qu’il a dû apprendre, même s’il n’a pas tout maîtrisé. On peut aussi reconnaître la valeur des producteurs en voyant tout ce qu’il a dû faire. Et finalement, on peut reconnaître aussi que les supermarchés — même les pas super-marchés ! — valent quelque chose. Alors la prochaine leçon du Tour, c’est :

Vous êtes tous un peu menteurs.

S’il y a un message que j’ai entendu encore et encore au début, et que j’ai certainement reçu en grandissant, c’est « Vous les américains mangent de la malbouffe et des produits artificiels ; chez nous, par contre, tout est bio et fait maison ». J’exagère un peu, mais pas complètement — voici des captures d’écran :

Capture d'écran d'un post du site Quora avec du popcorn mélangé avec tout genre de bonbons.
Source
Capture d'écran d'un commentaire sur Facebook qui insulte la nourriture américaine et notre système de gouvernement en passant par moi
Source

Si vous cliquez le lien de la source de la première image, vous trouverez beaucoup d’Américains, dont moi, contrariés, car personne n’a jamais vu ce truc dans un ciné. Croyez-moi, le pop-corn est bien trop cher pour acheter en même temps que les bonbons ! Non, mais sérieusement, ce n’est une habitude nulle part chez moi.

Je ne veux pas vraiment me bloquer sur le caractère insultant de ces posts. Ce qui est beaucoup plus souvent le cas, c’est que l’on dit, plus gentiment mais avec un air de désapprobation, que tout est juste plus sain en France. Et là, j’ai appris deux leçons sincères :

  1. Connaître seulement des expatriés par le moyen de leurs restos donne une fausse impression.
  2. Il y a beaucoup plus de produits industriels aux supermarchés français que les internautes n’aimeraient l’avouer .

Il y avait une raison pour laquelle je voulais visiter un Carrefour pendant mon premier voyage. J’ai énormément profité de l’expérience, mais j’ai vu pour moi-même que vous pouvez nous égaler pour les boites pleines de poudres et produits prêts-à-manger. (À ne pas confondre avec Prêt-À-Manger.) Dit autrement, il n’y a pas que les petits sachets roses qui sortent de l’usine d’Alsa — il y a aussi les préparations de cakes et les poudres à flan. On peut facilement voir que c’est acceptable dans la société française car il y a des milliers de recettes dont « 1 pâte feuilletée » est un ingrédient, et tout le monde sait que ça veut dire une boîte industrielle de 230 grammes.

Image de Carrefour en tant que les portes du ciel -- créée par l'IA Google Gemini
Carrefour en tant que le Ciel, Image créée par l’IA Google Gemini

Pourtant, il y a des fois où c’est une bonne chose. Combien de fois me suis-je plaint dans telle ou telle recette, « Vous pouvez juste acheter de la pâte feuilletée/brisée chez Carrefour ; je dois la fabriquer de zéro » ? (Voilà, voilà et voilà.) Il était une fois, Maman lyonnaise m’a dit qu’elle était admirative de toutes mes pâtes maison, et j’ai dû l’avouer — c’était seulement les prix époustouflants pour de bonnes pâtes ici derrière tout ce travail.

J’entends souvent des compliments aux événements de l’OCA parce que je fais ces pâtes, sans lesquelles plein de choses sont impossibles à réaliser — mais je préférerais les acheter. Je ne suis pas Andy George, mais en plus, ça prend du temps. Sans une certaine quantité de produits déjà fabriqués — la pâte feuilletée, les pâtes à tartiner, les pulpes de fruits — cuisiner à la française tous les jours devient un travail à temps plein !

Alors oui, je crois maintenant qu’il y a une telle chose que « trop maison ».

Le mauvais niveau

Cette semaine, notre thème est « ce que j’ai appris en écrivant le Tour ». On commence avec une critique que j’ai reçu très tôt, avec laquelle je suis à moitié d’accord.

Qu’est-ce que la cajasse quercynoise, le cacou, la flognarde et le clafoutis aux cerises ont en commun ? Ou la flaune, le flan pâtissier et le fion vendéen ? Ou la pescajoune et la pachade ? Ce sont toutes des recettes qui sont plus ou moins similaires . Ça nous amène à la critique.

Je n’ai pas de capture d’écran, mais à plusieurs fois, j’ai entendu — de la part des Français — « Pourquoi les départements ? C’est trop répétitif. Vaut mieux écrire au niveau des régions — vous allez perdre du temps ! »

Carte des départements
Carte des départements, Image par Nilstilar, CC BY-SA 4.0

Et il y en a d’autres du côté anglophone qui connaissent la France et qui sont d’accord. Souvent quand on recherche des villes en France, on reçoit des résultats comme ceux-ci :

3 captures d'écran de Wikipédia en anglais, où les villes sont identifiées comme les capitales des régions.

Ce sont les textes que Google retourne pour les villes de Toulouse, Reims et Lille. Dans chaque cas, quiconque les a écrits pense à ces villes en termes de leurs régions, pas leurs départements.

J’ai dit que je suis à moitié d’accord avec cette critique. Là où je regrette avoir choisi ce niveau de détail est la cuisine. Si vous avez lu au moins deux ou trois des « Je découvre » avant l’Outre-mer, vous savez que je comptais surtout sur le site Keldelice pour m’aider à trouver les spécialités locales, ainsi que les sites des offices de tourisme et les sites des associations locales (je pense notamment aux producteurs de châtaignes en Ardèche ou mogettes en Vendée). Parfois, Keldelice était une mine d’or :

Capture d'écran de l'entrée de Keldelice pour le Bas-Rhin
Capture d’écran

D’autres fois, c’était un trou noir. Vous remarquerez dans l’image suivante que le site ne connaît même pas une seule spécialité pour la Corrèze :

Capture d'écran de Keldelice pour la Corrèze
Capture d’écran

Quand de telles choses sont arrivées, j’ai décidé de chercher des spécialités au niveau de la région au lieu du département. Mais je faisais quand même des efforts dingues pour trouver des recettes du département avant d’abandonner. Par exemple, en Mayenne, j’ai fini par trouver un fichier publié par les cantines des écoles du département. Il me semble que le lien ne marche plus ; voici un lien vers Internet Archive et une capture d’écran de son côté :

Capture d'écran d'un dossier de recettes des écoles en Mayenne
Capture d’écran

Il y avait des fois où j’ai essayé d’imiter une recette exclusive d’un seul resto ou pâtisserie, car je n’avais pas de choix. C’est ce qui m’est arrivé avec le frescati de l’Hérault ou les macarons de Cormery de l’Indre-et-Loire. J’ai profité de jouer au détective et de noter que le même pâtissier a donné des recettes différentes pour ces mêmes macarons à France 3 qu’à Terroir de Touraine, puis d’essayer de deviner quelle était la bonne. Cependant, je croyais au début qu’il y aurait des centaines de recettes locales partout, et que j’emprunterais facilement ce dont j’avais besoin. J’ai eu tort.

Parfois, il s’avérerait qu’une recette locale avait de petites variations partout dans une région. Je pense surtout à mon dessert deux-sévrien, les macarons de Montmorillon. En fait, comme certains ont eu hâte de me le dire, Montmorillon est en Vienne. Super, je peux lire une carte, merci. Mais les macarons de Montmorillon tels que je les ai faits peuvent être réalisés avec des ingrédients disponibles chez moi. Si on ajoute quelques morceaux d’angélique à la pâte, la même recette devient les macarons de Niort, qui est le chef-lieu des Deux-Sévres. Pourtant, l’angélique n’existe pas chez moi. Si j’avais ajouté de la frangipane aux macarons, ils auraient été les macarons de Thouars, aussi dans les Deux-Sévres. On peut justement me critiquer pour ne pas avoir fait ce dernier, mais les recettes sont autrement identiques. Il y en a ceux qui considèrent que ce sont tous plutôt les macarons du Poitou. Je crois que j’ai fait le bon choix en expliquant les différences, mais ceux qui ne lisaient que les gros-titres et les tweets se sont trompés en résultat.

Voila, le raisonnement contre un tour au niveau des départements, et pour les régions.

Mais l’autre côté, c’est à mon avis plus puissant. Je sais quelque chose sur chacun et tous d’entre vous, non pas seulement les grandes villes de chaque région. J’espérais que ça lancerait plus de conversations, que le blog attirerait dès lecteurs de partout qui m’enverraient des idées pour leurs départements. Ce n’est pas arrivé exactement comme dans mes rêves, avec un compte à rebours à la une du Figaro et un grand défilé le long des Champs-Élysées pour fêter la fin du Tour. Or, je n’ai pas besoin de tout ça pour savoir ce que j’ai quand même vécu. L’exposition sur Louis de Funès de mon premier jour en France, ça s’appelle Bernard. Mon dîner chez Le Procope, ça s’appelle Elsa. Ma visite à Lisieux, ça s’appelle Le Chat voyageur. Rien de tout ça ne serait arrivé avec un court « Tour des Régions » et chacun de ces souvenirs vaut le coup tout seul. Les départements étaient donc le bon niveau.

L’avenir

Je vous dis depuis longtemps « La fin du Tour n’est pas la fin du blog ; je sais ce que le suivra » — on peut trouver de tels commentaires à partir du bilan du premier quart, en septembre 2021. Les choses promises sont enfin dues — aujourd’hui, je vous présente l’avenir.

Je vous ai déjà donné un avant-goût avec le Projet 30 Ans de Taratata, mais je serais menteur si je disais qu’une émission en 2023 faisait partie de mes plans en 2021. Non, mais revenons vers un post de deux mois après le début. Que remarquez-vous dans cette capture d’écran ?

Statistiques du blog par pays

Non, au-delà du fait qu’il y avait plus de lecteurs en Chine qu’en Suisse. En si peu de temps, j’étais déjà au courant que la francophonie, c’est partout. Et c’est pour ça que j’annonce :

Le Tour de la Francophonie

Oui, il est temps de voyager au-delà des frontières de notre pays préféré pour explorer les autres pays où l’on parle français. Le blog était, est, et restera, principalement sur la France, mais là où on parlait de tel ou tel département, on parlera désormais d’autres pays. Mais ! Les règles seront bien différentes. Quand j’ai conçu le Tour, j’ai dit que chaque département serait traité de même façon. Ma voix a bien évolué, et le niveau de détail aussi, mais je n’ai rien sauté.

Cette fois, je jouerai aux favoris sans honte ni scrupule. Le coup de foudre pour la France, elle l’a gagné par toute une vie de souvenirs d’enfance et d’envies, puis les gens que j’ai rencontrés. Je suis sûr qu’il y a des gens de bonne volonté en Côte d’Ivoire, mais dire que mes expériences chez eux sont nulles, ce serait le plus grand euphémisme du blog. De loin. Je ne pense pas que j’écrirai sur ce pays-là. En plus, je n’écrirai pas sur tout un pays quand la partie francophone est bien délimitée. J’écrirai donc certainement, avec grand plaisir, « Je découvre la Wallonie », mais les flamands ne devraient pas s’attendre à leur tour. Toute une série sur le Québec ne sous-entendra pas un « Je découvre la Colombie-Britannique ». (Pour être clair, j’ai bien profité de mes séjours là-bas, mais ce n’est pas mon sujet.) Encore plus, le but du Tour était de répondre à la question « Où habiter ? » J’ai donc essayé de présenter chaque département à son meilleur, même après avoir appris que les Landes se surnomment « la Californie française ». Ce n’est pas un but du nouveau Tour.

Il y aura d’autres nouveaux billets récurrents. Je ne considère pas que ceci est un « blog de cuisine », mais il y aura trois nouvelles catégories là :

  • Cuisiner le CAP Pâtissier — on va explorer toutes les recettes dont on a besoin. J’ai pensé à appeler celle-ci « Échouer votre CAP », car je ne suis par doué en décoration, mais soyons plus optimistes que ça, hein ?
  • Au bistrot — comment est-il arrivé qu’en 4 ans, il n’y a pas de coq au vin ici ? On va aussi explorer les classiques des bistrots.
  • Un Coup d’Italie — que j’écrive un blog avec plus d’une centaine de desserts, ce n’est pas étonnant. Qu’il n’y ait pas de cannoli dans une si longue liste, impardonnable. La cuisine italienne est l’autre grand amour de ma vie, et ça fera désormais une partie importante du blog.

« Mais Justiiiiiin », vous me dîtes, « que va-t-on faire sans LE Tour, le vrai, l’original ? » Bonne question ! Et la réponse est qu’il y en aura un peu plus « pour lagniappe », comme on dit à la Nouvelle-Orléans. (Ça m’offense. C’est un emprunt aux Cajuns, pas un mot anglais !) Il m’a fallu du temps pour trouver mon format. Le premier billet qui mentionne les personnages du département est le 05, les Hautes-Alpes, et j’ai mentionné la nourriture à partir de l’Ain, mais c’est seulement à partir de l’Ariège que les billets ressemblent vraiment à ce que vous connaissez, et le Cher (à ne pas confondre avec la Cher) pour adopter pleinement le tout. Vous aurez donc :

Les 5 premiers, révisités

Ce sera seulement les « Je découvre » ; je ne ferai pas de nouvelles recettes. Puis, on visitera les collectivités et les territoires qui n’ont pas le statut de département. Je ne peux pas promettre le même niveau de détail ni de recettes — Saint-Barthélemy ne couvre que 25 km carrés ! Que cuisiner chez les pingouins ? — mais dans la pleine mesure de mes moyens je ferai ce que je peux. Ceux qui sont ici le plus longtemps se souviennent peut-être du fait que j’ai une dent contre les Terres australes et antarctiques, car Le Temps des Cerises leur enverra des colis, mais pas moi. Je suis plus sérieux qu’il ne paraît.

Alors, le futur du blog est bien assuré. Le seul problème, c’est que je l’écrirai toujours du mauvais endroit !

Faites de la place !

On a presque terminé la semaine de la « théorie du blog ». Ma dernière réflexion sur ce sujet traite de quelque chose dont je parle souvent. Parce qu’il n’y a pas de coïncidences sur ce blog, il y a deux jours, un ami du blog m’a envoyé exactement le bon article pour aborder le thème de l’intégration dans la société. Mais personne ne va me détourner de la référence du gros-titre pour commencer !

Connaissez-vous le film « Soleil vert » ? J’ai toujours regretté la traduction française du titre car elle rate quelque chose d’important. Le titre original, « Soylent Green », contient un mot inventé, « soylent », qui est une combinaison de deux légumes, « soy » (soja) et « lentil » (lentille). Vu que le film a 50 ans déjà, ce n’est pas un divulgâcheur de dire que la nourriture « soylent » dans le film est un escroc, qu’elle est fabriquée à base de cadavres humains, tout au nom de réduire le problème de surpopulation. De son tour, le film est tiré d’un roman dit originalement « Make Room! Make Room! » — c’est-à-dire, « faites de la place ».

Bien sûr, je ne m’attendais pas à manger quelqu’un afin de trouver une place parmi vous — pour autant que vous sachiez — mais la question de faire de la place, comment m’intégrer, est mon sujet le plus vieux. En 2022, en me plaignant de l’anglais pendant mes voyages, j’ai écrit :

Tout ça, c’est-à-dire que l’on n’est pas obligé de s’intégrer aux États-Unis. Si on veut rester hispanophone monolingue, on peut vivre dans certains quartiers à Santa Ana, près de chez moi, où beaucoup d’endroits au milieu de l’état. Si on ne veut parler qu’en chinois, déménager à San Gabriel réussira ce but. Ses opportunités seront limitées, et on ne deviendra citoyen de cette façon. mais c’est au moins possible.

Faut pas emmerder les Justin

Tout ce paragraphe était au service d’expliquer comment on peut être colon au lieu d’immigré aux États-Unis. On n’a pas besoin de chercher très loin ici pour reconnaître deux choses : 1) je ne suis pas fan de cette attitude, et 2) je ne suis pas hypocrite non plus.

Ça nous amène à l’article que l’ami du blog Anagrys m’a envoyé il y a deux jours. Il vient de CNN, et traite de deux expatriés américains qui reviennent aux État-Unis après environ un an à Nîmes (lien en anglais). Heureusement pour vous, même pas un jour plus tard, Agathe m’a donné un lien vers la même histoire en français, publiée dans La Dépêche. Et je dois vous dire, cet article a commencé de faire le tour des groupes anglophones consacrés à la France. Qu’est-ce qu’il y a ?

Menu en anglais chez Le Procope​
Menu en anglais chez Le Procope

Bref, ces deux septuagénaires — riches, vu leurs intitulés du post, malgré leurs protestations au contraire — se sont installés dans le Gard sans savoir parler un mot de français. Selon La Dépêche, qui donne une traduction gentille :

Sur le plan gastronomique, leur déception est aussi palpable : malgré leur passion initiale pour les plats emblématiques français, Joanna avoue ne pas avoir apprécié la nourriture au quotidien.

En anglais, elle avait plutôt dit que la qualité des fruits et des légumes aux supermarchés était pénible. Ils se sont aussi plaints des difficultés à trouver un médecin et à importer leur voiture.

Ce sont exactement les gens qui vous donnent une mauvaise impression des américains, ceux qui n’auraient dû jamais quitter Paris. Les Emily.

Le Tour représente mon effort de m’éloigner au maximum de ces gens. Je vous ai parlé dans le même article lié en haut d’avoir exigé une carte en français chez Le Procope. Ailleurs, je vous ai dit :

Je fais le maximum pour m’intégrer, mais comme toutes les relations amoureuses, je ne peux pas vous forcer à accepter le cadeau.

Et les Français parlent anglais

Je crois ça plus que jamais. Le couple qui a fait son rien pour s’intégrer, je ne sais pas à quoi ils s’attendaient. Mais au-delà de la voiture, nous sommes opposés. La langue ? Ouais. La nourriture ? Ouais. Ai-je déjà fait un rendez-vous médical en France ? DEUX FOIS. (Doctolib pour des tests covid, rien de grave.) Cependant, plus que tout ça, ce fameux couple ne savait vraiment rien de Nîmes avant d’y déménager. Par hasard, mon ingrédient préféré au monde entier — le riz de Camargue — vient de ce coin de France. Il me semble que j’aurais été plus prêt qu’eux à y vivre !

Il ne me reste qu’à tester tout ça, et l’attente est l’épreuve la plus dure au monde.